La ferme constituait le domaine agricole du prieuré attaché à la chapelle Saint-Pierre, située à proximité immédiate du bâtiment principal de l’exploitation. En 1698, l’archidiacre de l’église cathédrale de Fréjus, en raison de sa qualité de prieur rural de Saint-Pierre, y possédait des bâtiments, terres et prés, non soumis à la taille, et qui produisaient annuellement 24 charges de blé froment de rente. Cette propriété ecclésiastique, exempte d’impôts, explique que le domaine ne soit pas décrit dans le cadastre dressé vers 1700. Celui-ci est toutefois cité comme « prieuré Saint-Pierre », en raison de sa mitoyenneté avec les terres d’un habitant de la Grau. En 1843, le domaine appartenait à l’avocat Joseph Oger Béranger.
Malgré l’ancienneté de la chapelle, citée dans les sources dans la première moitié du 11e siècle et datant dans sa configuration actuelle de l’époque romane, les bâtiments de la ferme semblent avoir été construits ou reconstruits dans une large mesure à l’époque moderne. Trois pierres à bossages, utilisées en remploi dans la chaîne d’angle nord-ouest du logis, pourraient provenir d’un précédent édifice ou de la chapelle. L’analyse du bâti, et notamment des anciennes chaînes d’angle visibles sur la façade nord, montre que le bâtiment actuel est le fruit d’agrandissements progressifs vers l’ouest, l’est et le sud à partir d’un premier édifice moins large et moins profond. Un ancien encadrement de porte extérieure en calcaire blanc en plein-cintre, pouvant dater du 17e ou du 18e siècle, est conservé à l’intérieur de la maison (face à la travée centrale, milieu de parcelle). Le plan-masse de celle-ci n’a pas changé entre la représentation du cadastre de 1842 et aujourd’hui. En revanche, des restaurations (agrandissement de certaines baies notamment) intervenues au cours de la seconde moitié du 19e siècle et du 20e siècle rendent la distribution ancienne peu lisible.
A la fin du 18e siècle ou au début du suivant, une bergerie fut édifiée au nord du domaine. En effet, celle-ci n’est pas représentée sur la carte des frontières de l’est dressée entre 1764 et 1778 mais apparaît sur le plan du cadastre ancien. Bien que l’édifice ait été transformé en logement, les banquettes y sont conservées.
La fontaine-lavoir située à côté du logis et de la chapelle existait déjà en 1842 (parcelle C 304 du cadastre de 2024). Elle remploie un ancien chapiteau de la chapelle. Le bassin de récupération d’eau situé entre la bergerie et la maison (parcelle C 306 du cadastre de 2024) fut vraisemblablement mis en place entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e siècle.