HISTORIQUE
Le franchissement du Petit Rhône (Référence : IA13004135) à Fourques pourrait remonter à l'époque antique bien que l'hypothèse d'un pont romain ne peut être attestée. Le passage est assuré par la suite, à l'époque médiévale, par un bac (Référence : IA13004093) qui existe encore lorsque émerge le projet d'un pont suspendu (Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles).
Le lancement d'un pont suspendu de 4 m de large sur le Petit Rhône à Fourques est prévu pour porter la route départementale n° 11 de Nîmes à Arles. Il s'agirait alors du premier pont suspendu construit sur le fleuve. Le 10 Juillet 1828, les travaux de construction sont attribués aux sieurs Mignot frères et Compagnie, moyennant la concession d´un péage durant 48 ans. L´adjudication est approuvée par Charles X, roi de France et de Navarre (BILLO, p. 85 et Site internet Fourques). L'adjudicataire doit également prendre possession de la ferme du pont de bateaux (Référence : IA13004511) qui assure alors la traversée du fleuve dans le prolongement du pont de bateaux d'Arles-Trinquetaille (MURATI, p. 56), afin d'éviter tout conflit entre le concessionnaire et le fermier (BILLO, p. 85). Le 28 mai 1829, par ordonnance royale, les adjudicataires s´engagent à élargir à leurs frais le passage sur la pile médiane du pont (passage porté à 6 m) afin de permettre le croisement des voitures, et ce moyennant une prorogation de 5 ans sur la durée de leur concession ; ce qui porte cette dernière à 53 années (BILLO, p. 86 et Site internet Fourques).
L'ouverture du pont est annoncée pour le 1er avril 1830 (BILLO, p. 86). Le procès-verbal des épreuves du pont de Fourques indique que l'ouvrage a été construit par un certain Bouvier (qualifié d'architecte sur le site internet Art et histoire), et que ce dernier est concessionnaire du pont par acte passé le 21 juillet 1829 (AD Rhône : 3959W 1794, chemise Pont de Fourques). Comme prévu, la Compagnie Mignot met le pont de Fourques en service le 1er avril 1830 et fixe alors les droits de passage (Site internet Fourques).
Le 16 août 1850, l'ingénieur du service spécial du Rhône, A. Surell, remet un rapport sur le rehaussement du pont suspendu de Fourques, rehaussement souhaité par le département du Gard, afin de faciliter la navigation des bateaux à vapeur sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135). Le dessous du tablier est alors à 6,50 m au-dessus de l´étiage. L'ingénieur estime que les avantages qui résulteraient de la surélévation du pont ne valent pas toutes les dépenses à engager (AD Vaucluse : 3S 202, chemise Pont suspendu de Fourques et AD Rhône : 3959W 1794, chemise Pont de Fourques). Six ans plus tard, en 1856, le tablier est exhaussé de 2 m (MURATI, p. 102 et Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles). Cependant, au début des années 1860, on a encore des discussions relatives à la hauteur à donner au tablier du pont (AD Rhône : 3959W 1794, chemise Pont de Fourques). En 1868, le pont suspendu de Fourques est signalé en parfait état par l´ingénieur ordinaire, lors de sa visite annuelle (AD Gard : 2S 28). En 1881, l'ouvrage est également indiqué en bon état d´entretien (idem).
Le 1er avril 1883, à l'expiration de la concession, la Compagnie concessionnaire remet le pont de Fourques aux départements limitrophes. "Le procès-verbal de prise de possession eut lieu le 31 mars 1883 à 11h30 du soir sur le pont même. Messieurs Bechetoille et Bertand, principaux actionnaires de la Compagnie concessionnaire, accompagnés de Messieurs Mouillac-Pioch et Maille, ingénieurs chargés des ouvrages d'art entre les deux arrondissements riverains, se sont rendus au pont suspendu" (BILLO, p. 86). Jusqu'à cette date, le passage était payant et le péage assuré par un garde (Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles). Le département des Bouches-du-Rhône était alors chargé de la conservation de l'ouvrage, dont le passage était devenu gratuit ; son entretien était partagé entre les départements des Bouches-du-Rhône (pour 3/5) et du Gard (pour 2/5) (idem, p. 86-87).
En 1909, le pont, devenu fragile comme la plupart les ponts suspendus de première génération, bénéficie des avancées technologiques récentes dans les aménagements dont il fait l'objet : rigidification du tablier selon le procédé Arnodin (les poutrelles de bois du tablier sont remplacées par des poutres métalliques : ces poutres latérales offrent une plus grande stabilité et réduisent la déformation du tablier ; installation d'un garde-corps métallique articulé remplaçant l'ancien garde-corps en bois ; et peut-être aussi mise en place de câbles en brins d´acier, à torsion alternative, à la place des câbles en fer (MURATI, p. 85 et p. 106 et Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles). Les câbles de suspension sont remplacés en 1933 (idem, p. 106 et notice Structurae).
Fin août 1944, les Allemands battant en retraite tentent de détruire le pont en posant des charges explosives ; les câbles gravement endommagés seront sommairement rétablis en septembre 1944 (BILLO, p. 87 et Site internet Fourques). L'ouvrage est réparé en 1946 (Site internet Fourques). En février 1950, le Conseil municipal d´Arles se prononce pour la réfection du pont de Fourques, l'ouvrage n'étant plus adapté au trafic routier entre Nîmes et Arles (AC Arles : O 30, chemise Projet de reconstruction du pont de Fourques).
Durant la seconde moitié du 20e siècle, le pont subit de nombreux travaux. En 1956, le tablier est, selon Billo, exhaussé. En 1976-1977, les câbles de suspension, devenus cassants par temps de gel, ce qui entraîne parfois l'interdiction d'accès du pont aux poids-lourds (MURATI, p. 106), sont remplacés, les massifs d'ancrage modifiés, le tablier renforcé par la mise en place de sous-longrines, deux passerelles de visite sont installées sous les travées. En 1980, les éléments métalliques puis, en 1982, les câbles, sont remis en peinture (BILLO, p. 88).
A la mise en service du nouveau pont de la R.D. 113 (Référence : IA13004076) sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135), en 1958, sur la route d'Arles à Nîmes, il avait été décidé de conserver le pont suspendu, mais de restreindre son accès aux voitures de tourisme, aux deux roues et aux piétons (AC Arles : O 30, chemise Pont de Fourques, mise en service et règlementation de la circulation, 1959). En 1991, l'ancien pont, inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 6 juillet 1988, est rénové par Baudin-Châteauneuf. L'entreprise a procédé au remplacement du platelage en bois "par des profilés en aluminium recouverts d'un mince revêtement de type multicouche à base de résine", afin d'alléger et de faciliter l'entretien du platelage. Les entretoises ont été changées, les maçonneries ont été restaurées et les trottoirs en bois remis à neuf ; le réglage des suspensions et une remise en peinture ont également été effectués (BILLO, p. 88).
Le pont de Fourques permet actuellement le passage maximum de trois véhicules à la fois et sa charge est limitée à 3,5 tonnes. Géré par le département des Bouches-du-Rhône (BILLO, p. 87), l'ouvrage constitue "le dernier représentant de la première génération des ponts sur le Rhône lié aux Seguin" - la famille Mignot d´Annonay était très proche des Seguin -, les "inventeurs" du pont suspendu (Site internet Fourques).
DESCRIPTION
Le pont construit sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135) à Fourques, est un pont suspendu de type Seguin, en fils de fer. Il relie Arles à Fourques, sur la route menant à Nîmes.
L'ouvrage de 157 m de long est composé de deux travées de 77,50 m de portée, que sépare une pile dans le fleuve. Cette pile est surmontée d'un arc monumental formant pylône, de 12 m de large, de 4,70 m de profondeur et à plus de 20 m du sol, offrant une ouverture de 6 m. Deux portiques semblables (ouverture de 4 m de large sur 5 m de haut), plus massifs, sont mis en place sur les piles-culées maçonnées, marquant l'entrée du pont de chaque côté du fleuve.
La pile centrale de section rectangulaire est fondée sur pieux de bois ; elle comporte un avant-bec et un arrière-bec semi-circulaires. Pile et pylônes sont en pierre de taille.
Le tablier, de 4,5 m de largeur utile, offre une voie unique, bordée de deux trottoirs de 0,65 m ; un élargissement de 2 m supplémentaires, au droit de la pile centrale, permet aux véhicules de se croiser.
Le bois qui composait initialement tous les éléments constitutifs du tablier (structure porteuse, chaussée, trottoirs et garde-corps ont été remplacés par du métal ; seul le platelage des trottoirs est resté en bois.
Les câbles porteurs (en fer puis en acier), au nombre de quatre par nappe, sont reliés au tablier par cinquante-sept suspentes (actuellement barres en acier forgé, autrefois fils de fer) par ferme.
Ils viennent se loger dans des cavités pratiquées dans les parties hautes des portiques qui les supportent, et sont aujourd'hui amarrés sur chaque rive dans des massifs d'ancrage en béton.
(AD Rhône : 3959W 1794, chemise Pont de Fourques ; AD Vaucluse : 3S 202, chemise Pont suspendu de Fourques ; VICAT, p. 95-144 ; BILLO, p. 85-88, MURATI, p. 81-82 ; MONTENS, 2001, p. 126 ; Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles).
La SNC Baudin et compagnie est créée en 1919 à Châteauneuf-sur-Loire (45) par Basile Baudin, entrepreneur, et Georges Imbault, ingénieur spécialiste des ponts en métal. La société est dirigée par Basile Baudin jusqu'en 1932, puis par Georges Imbault jusqu'en 1951. Transformée en SA Ets Baudin en 1928, la société sera baptisée BAUDIN CHATEAUNEUF en 1952. A partir de la production de pylônes électriques et de hangars agricoles, l'entreprise s'oriente vers la construction de ponts métalliques.Après la deuxième Guerre Mondiale, BAUDIN CHATEAUNEUF participe à la reconstruction des ponts en France.