Dossier d’œuvre architecture IA06004465 | Réalisé par
Thuin-Chaudron Véronique (Rédacteur)
Thuin-Chaudron Véronique

Auteur, Docteur, sa thèse ayant pour titre : Nice, de la colline du Château aux châteaux des collines, architecture, construction, urbanisation de 1860 à 1914. (publiée chez Serre éditeur en 2009).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Prédal Christophe (Rédacteur)
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
hôtel de voyageurs dit de la Mantega, un temps sanatorium dit de la Mantega, redevenu hôtel de voyageurs sous le nom de Hôtel du Righi ou Righi-Palace, actuellement copropriété dite Résidence Righi-Palace
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ville de Nice
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Mantega
  • Adresse 88 boulevard Mantega-Righi
  • Cadastre 2023 LW 0479, 0480, 0515
  • Dénominations
    hôtel de voyageurs
  • Appellations
    Mantega, Righi-Palace, Righi
  • Destinations
    sanatorium, immeuble
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin

L'édifice fait partie du projet de la Société du Parc de Nice, ayant pour but de lier la construction de l'hôtel à un grand parc et à un lotissement, sur 100 000 m2 de colline proche des boulevards Gambetta et Joseph Garnier près de la nouvelle ligne de chemin de fer du Sud. C'est Eugène Aimé Bisseuil, ancien député de Charente-inférieure, qui est à la tête de la Société du Parc de Nice (créée à Paris le 31 décembre 1896) et donc de l'Hôtel de la Mantega. L'architecte de l'hôtel est inconnu. L'entreprise de maçonnerie est celle des frères Rastelli. En raison de non-respect des délais, une procédure judiciaire a été entamée à leur encontre. Sur la première page du quotidien L’Eclaireur du 28 décembre 1902, on peut lire : "Le bel hôtel de la Mantega est terminé. Cherche locataire, 70 chambres". Il semble que l'hôtel ouvre en décembre 1903 comme le révèle la revue The Swiss and Nice Times du 22 novembre 1903 (p. 4) : "Le nouvellement construit Hôtel de la Mantega ouvrira en décembre. Directeur Durazzo, du grand Hôtel d’Houlgate et de l’hôtel Californie de Cannes". Il comporte des tennis. En avril 1904, l'hôtel est visité à l'occasion du concours d'architecture de la ville de Nice. Mais la même année, la société anonyme belge qui le gère fait faillite.

Une autre société anonyme belge (représentée par le docteur Jacobs) y ouvre alors dès 1905 un institut climatothérapique dit de la Mantega (guide Baedeker de Nice de 1910). Il apparaît aussi sous le nom de Sanatorium de la Mantega sur les plans de la ville de l'époque. Le docteur Hamesse le dirige. Les travaux de restructuration ont été menés par l’entrepreneur Deviller. Les médecins extérieurs peuvent venir y soigner leurs malades. Il dispose d’un laboratoire, d’un pavillon de cure d’air. Dans les actes du congrès international de médecine de Lisbonne des 19-26 avril 1906 qui en diffuse une publicité, on apprend que tous les parquets des étages sont recouverts de linoleum « permettant de faire tous les jours des lavages antiseptiques ». Le docteur Malgat et le docteur Barse sont médecins consultant. En 1907, des publicités annoncent sa réorganisation et la nouvelle direction du Docteur Henri Bourru. Mais en 1909 la société anonyme du sanatorium de la Mantega est en faillite.

L’établissement est vendu en avril 1909 à Henri Piré, pour 240 000 frs. Il met en gérance le bâtiment qui devient alors Hôtel du Righi ou Righi-Palace. La référence à la montagne suisse est souvent reprise par des établissements hôteliers pour mettre l'accent sur un site à l'air pur. La veuve de Henri Piré vend aux enchères l'hôtel et son grand parc le 9 avril 1919. Joseph Aveneau l'acquiert pour 350 800 frs. Il semble que le lieu devienne un lieu de repos pour les anciens combattants mais la fonction d'hôtel a l'air de demeurer quelques années encore. L'annonce de vente de l'hôtel dans Le Monde Illustré du 4 novembre 1922 indique une mise à prix de 1 200 000 frs. L'établissement est décrit ainsi : "grande salle-à-manger, trois grands salons, 70 chambres de maîtres, 13 salles de bain, 20 chambres de domestiques, salle de cure de soleil, un parc de 29 000 mètres-carrés, bois de pins". La dernière année où l'Hôtel du Righi est présent dans l'annuaire de Nice est 1924. En 1923, Joseph Aveneau dresse un cahier des charges pour vendre par lots. Les archives municipales de Nice conservent d'ailleurs une demande de permis de février 1923 "pour transformer les étages de l'hôtel du Righi en appartements" et surélever une travée à l'ouest du bâti (architecte Annibal Carlo).

La comtesse Rosalie Amelot de Chaillou est l'une des premières à acquérir un appartement dans l'immeuble. Elle dépose en juillet 1924 une demande de permis de construire pour élever un garage avec logement de chauffeur au nord du bâtiment (architecte Annibal Carlo). D'autres garages et annexes s'édifient par la suite en prolongement de ce premier bâtiment. En 1926, M. Aveneau vend à une société dite Nice-Righi et en 1927 est créée la société immobilière du Righi Mantega, société anonyme au capital de 4 700 00 frs. José Eugène Ramirez, membre du conseil d’administration en est son représentant. Un nouveau cahier des charges est dressé en 1930, peut-être suite à l'incendie qui détruit la haute toiture d'ardoises (date inconnue). C'est d'ailleurs sans doute à la suite de cet incendie qu'apparaît le nouveau couronnement art déco, les lucarnes en toiture ainsi que le grand décor de sgraffites colorés accompagnant la mise en place de deux grandes arcades en symétrie sur la façade principale. Mais les archives n'en gardent pas trace dans l'état actuel des recherches. La société Righi Mantega, en plus de la transformation en appartements de l'hôtel, lotit la majeure partie du parc (1933-1934). Le lotissement se nomme Super-Righi, avec une partie est et une partie ouest.

C'est en 1942 et 1943 que sont ajoutés les oriels sur la façade nord (architecte Etienne Roland). La marquise d'origine est remplacée par un auvent en béton dans les années 1960. Enfin, en 1958 le terrain des tennis est vendu à la municipalité qui y installe le square Booth. C'est aussi après la Seconde Guerre mondiale que la façade a perdu sa bichromie (voire polychromie, à vérifier) au profit d'un blanc uniforme.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1902, daté par source
  • Auteur(s)

L'édifice est positionné au point le plus haut d'une colline formant mamelon, avec une vue à 360° et en visibilité de la majeure partie de la ville. L'établissement hôtelier peut ainsi mettre en avant sa vue, son altitude (120 mètres, soit environ 40 mètres de plus que la colline du Parc du château) et l'air qui circule en ce lieu élevé cerné en grande partie de vallons. Le bâti est formé d'un rectangle allongé de six niveaux et treize travées (sur sous-sol avec cour anglaise partielle). Son petit côté est étroit : deux travées. Il est élevé en moellons enduits. La façade principale, plein sud, est ordonnancée autour d'un avant-corps central en légère saillie. L'avant-corps était davantage singularisé lorsqu'il était coiffé par une très élevée toiture en pavillon, recouverte d'ardoises. Seule l'entrée principale rompt la symétrie parfaite de la façade principale car elle est décalée en aile gauche. Mais, prenant place dans les ouvertures plein-cintre du rez-de-chaussée, l'entrée demeure discrète. Un auvent plein-cintre en béton avec pavés de verre, qui a remplacé une marquise, marque l'entrée.

Dans son 1er état, la façade présente de rares balcons, développe un décor de bossages (maçonné ? peint ?) et une frise peinte sous toiture. Certains balcons sont ornés de balustres bleus. La façade postérieure est nue. La toiture, en plus de la partie centrale en haut pavillon, offre de longs pans en tuiles plates mécaniques sur les ailes latérales.

Les modernisations réalisées dans les années 1920-1930, lors de la transformation en copropriété, conservent les bossages uniquement sur les deux premiers niveaux. Les travaux de ces années ont surtout concerné le couronnement de la façade principale. Ont ainsi été ajoutées des lucarnes en maçonnerie, à l'aplomb du mur-gouttereau, de style art déco, avec arc surbaissé. Elles sont reliées par des balustres droits. Pour ce qui est l'élévation de façade principale, deux arcades avec larges consoles à ressauts sont ajoutées, englobant deux niveaux, sans doute pour casser la monotonie des travées et ajouter des espaces extérieurs aux appartements. Le décor peint est modifié. Sont appliqués de grands aplats colorés dont les incisions sont encore visibles et qui se rapporteraient donc à la technique du sgraffito. Une large frise sous-toiture englobe le dernier niveau et la partie interne à la grande arcade est aussi décorée avec les mêmes motifs d'enroulements végétaux. La toiture en pavillon fait place, après incendie, à un toit terrasse. Des oriels sont ajoutés aléatoirement à la façade postérieure pour agrandir les surfaces des logements.

C'est après la Seconde Guerre mondiale que la façade reçoit un traitement de badigeon blanc, faisant disparaître les décors colorés des années 1930. Une remise en couleur est à l'étude.

Le vestibule d'entrée distribuait, à l'époque de l'hôtel, le restaurant à gauche et les salons à droite. Des chambres devaient également exister au rez-de-chaussée. L'édifice étant peu profond, les étages étaient constitués des chambres côté sud et d'un couloir de distribution donnant au nord. Les plans de 1927 montrent la création de trois grands appartements par niveau. Les escaliers (principal et de service, qui dessert actuellement une partie des logements) sont tournant à retours avec jour. Ascenseur sans doute dès l'origine.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    tuile mécanique, ciment en couverture
  • Étages
    sous-sol, 4 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • demi-croupe
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie, suspendu
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Techniques
    • maçonnerie
    • décor stuqué
    • ferronnerie
    • peinture
    • menuiserie
  • Représentations
    • fleur, ornement géométrique
  • Précision représentations

    Aux décors stuqués de la fin du 19e siècle (fleurs et enroulements de feuillages, cartouches ou volutes en clés de baies, garde corps fleurdelisé de l'escalier...), s'ajoutent les décors géométrisés de l'art déco : cordons, billettes, boules, dents d'engrenage en couronnement de l'avant-corps...Les ferronneries originelles sont à motif de feuilles de marronnier. Le bâti conserve des plafonds peints ainsi qu'un décor en faux-marbre en soubassement de l'escalier. Les portes des anciennes chambres ont conservé leur imposte en bois sculpté avec motif art nouveau (coup de fouet).

Z Nice repérage

  • 01-DENO hôtel de voyageur
  • 02-CHRONO 1860-1919
  • 03-CARACTERE non applicable
  • 04-TENDANCES non applicable
  • 05-INTEGRITE partielle
  • 06-VISIBILITE limitée
  • 07-SITUATION isolé
  • 08-IMPLANTATION sur jardin ou parc
  • 09-MATERIAUX non applicable
  • 10-MACONNERIE enduit avec parements
  • 11-SUR FACADE corps en avancée
  • 12-ENTREE auvent
  • 13-TOIT non applicable
  • 14-COMBLES non applicable
  • 15-DOME non applicable
  • 16-BELVEDERE non applicable
  • 17-FRISE peinture décorative avérée
  • 18-CERAMIQUE balustre
  • 19-MATERIEUX GROS OEUVRE non applicable
  • 20-SITE dimension paysagère
  • 21-LOTISSEMENT non applicable
  • 22-PERGOLA non applicable
  • 23-JOINTS non applicable
  • 24-CLOTURES non applicable
  • 25-AGREMENTS non applicable
  • 26-COUR ANGLAISE oui
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    élévation

La façade gagnerait à retrouver ses grands aplats colorés art déco.

  • [Colline du Righi, Nice, vue du sud-ouest]. / Dessin anonyme imprimé, sd. Dans : Nice, Le Righi, le joyau insoupçonné de la Côte-d'Azur, brochure publicitaire éditée par la Société Immobilière du Righi Mantega, Nice : lithographie Perfecta, [1923 ?]. Bibliothèque de Cessole, Nice : CES br182(5)-19.

Documents d'archives

  • Acte de procédure entre Eugène Bisseuil et l'entreprise Rastelli, 1896. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 3U1 1186 n°66.

  • Acte notarié de l'acquisition de l'hôtel de la Mantega par la Société Anonyme Sanatorium de la Mantega, 1905. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 3U1 1208.

  • Acte notarié de la vente du Righi Palace par Henri Piré, 9 avril 1919. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 3U1 1244 n°56.

  • Nice, demande de permis de construire d'un garage et d'un logement pour chauffeur, par Annibal Carlo architecte, Righi Palace, juillet 1924. Archives communales, Nice : 2T373 592.

  • [Société Immobilière du Righi Palace, Nice]. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : conservation des hypothèques, vol 580 - n°38 (22 mai 1930).

  • Dossiers relatifs au lotissement du Super-Righi, Nice, [1933-1934]. Archives communales, Nice : 3T252 et 3T259.

  • Nice, demande de permis pour ajout de bow-windows, Righi Palace, par Etienne Roland architecte, [1942-1943]. Archives communales, Nice : 2T964 170 et 2T983 170.

  • LEGLISE, Michèle. [Historique du Righi Palace, Nice], tapuscrit, 2020.

Bibliographie

  • Annuaire des Alpes-Maritimes : 1924. Nice : Imprimerie niçoise, 1924. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice.

    p. 1572
  • THUIN-CHAUDRON, Véronique. Nice, de la colline du Château aux châteaux des collines, architecture, construction, urbanisation de 1860 à 1914, Nice : Serre, 2009, 560 p.

    p. 149, 460.

Documents figurés

  • Nice - Hôtel de la Mantega (120 m. d'altitude). / Carte postale, Nice : Editions Giletta, [circa 1900]. Collection particulière.

  • Palace-Hôtel Righi (façade sud) - boulevard du Righi, Nice (Alpes-Maritimes). / Carte postale anonyme, [circa 1910]. Collection particulière.

  • Plan de la commune de Nice [circa 1920-1930]. / Dessin à l'encre sur papier. 1e quart 20e siècle. Archives communales, Nice : 1Fi 93 001 à 1Fi 93 044.

  • Le Righi-Palace vu par avion (côté sud). / Photographie anonyme imprimée, sd. Dans : Nice, Le Righi, le joyau insoupçonné de la Côte-d'Azur, brochure publicitaire éditée par la Société Immobilière du Righi Mantega, Nice : lithographie Perfecta, [1923 ?]. Bibliothèque de Cessole, Nice : CES br182(5)-19.

  • Plan schématique de Nice et lotissement de Righi-Mantega. / Plan, sd. Dans : Nice, Le Righi, le joyau insoupçonné de la Côte-d'Azur, brochure publicitaire éditée par la Société Immobilière du Righi Mantega, Nice : lithographie Perfecta, [1923 ?]. Bibliothèque de Cessole, Nice : CES br182(5)-19.

  • Lotissement du Righi. / Plan, sd. Dans : Nice, Le Righi, le joyau insoupçonné de la Côte-d'Azur, brochure publicitaire éditée par la Société Immobilière du Righi Mantega, Nice : lithographie Perfecta, [1923 ?]. Bibliothèque de Cessole, Nice : CES br182(5)-19.

  • Le Righi-Palace vu par avion (côté sud-ouest). / Photographie anonyme imprimée, sd. Dans : Nice, Le Righi, le joyau insoupçonné de la Côte-d'Azur, brochure publicitaire éditée par la Société Immobilière du Righi Mantega, Nice : lithographie Perfecta, [1923 ?]. Bibliothèque de Cessole, Nice : CES br182(5)-19.

  • Le Righi-Palace vu par avion (côté sud-est). / Photographie anonyme imprimée, sd. Dans : Nice, Le Righi, le joyau insoupçonné de la Côte-d'Azur, brochure publicitaire éditée par la Société Immobilière du Righi Mantega, Nice : lithographie Perfecta, [c1923 ?]. Bibliothèque de Cessole, Nice : CES br182(5)-19.

  • [Le Righi-Palace, plan], les étages, le rez-de-chaussée. / Plan, sd. Dans : Nice, Le Righi, le joyau insoupçonné de la Côte-d'Azur, brochure publicitaire éditée par la Société Immobilière du Righi Mantega, Nice : lithographie Perfecta, [1923 ?]. Bibliothèque de Cessole, Nice : CES br182(5)-19.

  • Righi [Nice], plan des lieux. / Tirage de plan par Annibal Carlo, février 1923. Archives communales, Nice : 2T340 152.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Ville de Nice
Thuin-Chaudron Véronique
Thuin-Chaudron Véronique

Auteur, Docteur, sa thèse ayant pour titre : Nice, de la colline du Château aux châteaux des collines, architecture, construction, urbanisation de 1860 à 1914. (publiée chez Serre éditeur en 2009).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Prédal Christophe
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.