La mourra est un jeu de doigts, une pratique ludique et populaire ancienne, dénommée en provençal-alpin « mourra » ou « mourro », « mourre » en français.
Ce jeu s’inscrit dans une pratique immatérielle dont les origines remonteraient à l’Egypte ancienne. Des peintures funéraires représentant le jeu ont été découvertes sur un tombeau datant de 2000 avant notre ère. La simplicité des règles et l’absence d’éléments matériels indispensables à sa pratique peuvent expliquer que ce jeu se soit facilement transmis à travers les époques et étendu dans de nombreux pays. S’il est connu au fil de temps sous diverses appellations en fonction des dialectes où il est pratiqué (« mukhàraja », signifiant « ce qui fait sortir » en Arabie, Syrie et Irak ; le « pair ou impair » en Grèce Antique ; le « micatio » ou « micare e digitis » signifiant « le jeu du levé des doigts » chez les Romains) et présente des variantes d’application selon les localités (positions des joueurs, présence d’un arbitre, etc.), son principe de base reste inchangé au fil du temps : énoncer la somme totale des deux mains.
Les religions chrétienne et musulmane ont prohibé ce jeu en raison de son caractère divinatoire, mais la pratique ne s’est pas perdue et reste attestée dans la littérature moderne. Elle s’est cependant maintenue dans un cadre informel, par exemple dans les auberges ou lors de veillées.
A partir des années 1950, de nombreux arrêtés municipaux interdisent la pratique de la mourra dans le département, jugée responsable de troubler l’ordre public en raison des cris des participants. Cependant, aucune interdiction préfectorale ne viendra confirmer une prohibition générale. Et si ce jeu s’est vu menacé par les proscriptions locales durant la seconde moitié du 20e siècle, la mourra revient depuis peu en grâce.
Habitant de La Gaude