Le Conseil municipal, en accord avec le projet d'implantation d'un hameau forestier, émet quelques réserves et demande "que les constructions et annexes soient construites en dur (en raison du danger d'incendie) et traitées dans le style et matériaux de construction et dans les couleurs admis sur le territoire de la commune" ; "à aménager au profit des constructions à édifier et des occupants pour tout ce qui concerne l'accès au village, le stationnement des véhicules, l'assainissement et l'écoulement des eaux pluviales, les plantations arbustives ou florales d'agrément et les aires de jeux pour les enfants" ; "à procéder à la clôture du terrain occupé par le village de forestage" ; et que "la durée d'occupation du terrain soit précisée par le service demandeur et soumis à l'acceptation du Conseil.".

"Dans le cadre de la Journée Nationale instaurée par Jacques Chirac et instituée par décret du 31 mars 2003, je vais vous parler de la cité de la Bouillide...A la fin de la guerre d'Algérie en 1962 pur accueillir les Harkis rescapés, on a ouvert 75 hameaux forestiers particulièrement dans le sud-est. Chaque hameau forestier recevait 25 familles avec 5 et 6 enfants par famille, parfois plus, ainsi que quelques rares ascendants et collatéraux. C'était le plus souvent des préfabriqués en bois ou en ciment assez modestes. Normalement ces constructions étaient provisoires. La plupart de ces hameaux a duré jusque dans les années 1990 et même au-delà. Ma famille arrive en juin 1967 à la cité de la Bouillide qui venait juste d'ouvrir. La Bouillide tire son nom d'un ruisseau qui passe à côté. Beaucoup de Harkis ont participé à sa construction. D'autres y compris mon père et mon frère ont fait les travaux de finition et ont planté des eucalyptus. Elle reçoit 25 familles environ et quelques célibataires. La population globale compte jusqu'à 200 personnes. A cette époque-là, la population de Valbonne était d'environ 1400 personnes. Il y avait plusieurs rangées de maisons. Chaque maison se composait de 3 ou 4 chambres, d'une pièce à vivre et d'une petite cuisine. Je me souviens du nom de beaucoup de familles et des célibataires malgré un turn-over important. Ces familles venaient d'autres hameaux forestiers ou bien d'autres camps. Par exemple ma famille est passée par le camp du Larzac en 1962 (toiles de tentes), après la fermeture du camp, nous nous sommes retrouvés au hameau forestier de Nouzet à Saint-Rome-de-Cernon dans l'Aveyron (constructions bois) ensuite Roquestéron et enfin la Bouillide à Valbonne (construction ciment).

Maintenant je vais vous parler du fonctionnement. Souvent l'encadrement était assuré par des pieds-noirs recrutés en fonction de leur connaissance du mode vie des Harkis et habitaient dans le hameau. A l'ouverture de la Bouillide, l'encadrement était assuré par un chef de camp et une monitrice. Cette dernière intervenait auprès des femmes pour leur apprendre l'hygiène et la vie à la française... Les hommes vont travailler à l'Office national des Forêts sous la responsabilité d'un ingénieur et ils intervenaient également en cas d'incendie. Les femmes s'occupent de leurs enfants et ne sortent que rarement du camp. Au départ les familles ne voulaient pas rester au camp à cause de l'éloignement par rapport à la ville, l'école pour les enfants, faire les courses, pas de bus, tout le monde faisait de la marche à pieds pour se rendre à Valbonne, Antibes et même Cannes...Pour remédier à cela, certains vont passer le permis de conduire...facile de passer le permis de conduire quand on a 20 ans mais à 40 et plus c'est très difficile surtout quand on ne maitrise pas la langue. Petit à petit une vie sociale commençait à s'organiser : passage régulier du facteur, du boulanger et des marchands ambulants. Le marchand de volailles était très apprécié des femmes, il apportait des poulets vivants et il y avait des échanges, du vieux pain contre des oeufs par exemple.

Maintenant je vais vous parler des premiers départs de la cité. Deux ou trois ans après l'ouverture de la cité, plusieurs familles ont été sélectionnées par les autorités et quittent le hameau pour aller habiter le Super Antibes et travailler à la mairie d'Antibes. De même trois autres familles vont habiter à Valbonne dans des HLM et les pères de familles vont travailler comme éboueurs. [...]

Ces familles étaient remplacées aussitôt par d'autres familles provenant de camps après leur fermeture, ou rapatriées plus tardivement d'Algérie. [...]

[...] J'aborde maintenant la fermeture de la cité. Dans les années 1990 les familles ont été relogées b0n gré mal gré à Sophia Antipolis. Certains ne voulaient pas quitter le camp de la Bouillide. La cité ferme définitivement en 1992. Quelques temps après le nom même de la Bouillide disparait complètement. [...]

L'intégralité du discours se trouve sur le site : https://www.harkisdordogne.com/2019/09/journee-nationale-d-hommage-aux-harkis-a-valbonne-06.html

Pour un bâtiment comportant deux logements : 70876 francs

- élévation de murs en agglomérés creux de ciment 20X20X50, 15X20X50, 240m2

- confection de linteaux en béton armé coffré

- pose des menuiseries et confection de tableaux maçonnerie

- confection d'appuis des fenêtres

- pose charpente et couverture tuiles romanes avec scellement des rives

- élévations cloisons en planelles

"Je suis née en France, à Antibes, et papa et maman sont d'Algérie. Moi je suis née ici, en France, et j'ai grandi ici. Mes parents sont venus pendant la déportation, avec le bateau, en 1962. Ils sont venus ave mon frère aîné et ma soeur aînée. Je pense qu'il sont arrivés à Marseille, et ensuite ils les ont emmenés directement au camp de Valbonne. Il y avait un petit camp à la Bouillide, qui est détruit maintenant. Toutes les familles ont été mises là, ça s'appelait à l'époque la Cité des Roses. Si je me rappelle bien les familles ont été dispatchées, et maman et pap sont arrivés à la Bouillide. D'autres familles ça a été la Var,...où il y avait de la place. Quand je suis née, mes parents habitaient le camp déjà." Sabriya

"Le camp de harkis était installé Pré de Bâti à l'entrée de Sophia, l'entrée des Bouillides. Dès que la construction du Haut-Sartoux a été réalisée, quelques familles ont été relogées chez nous, mais d'une manière éparpillée, c'est à dire pas les uns à côté des autres, mais étalée dans tout le quartier du Haut-Sartoux. Je connais quelques familles qui se sont bien intégrées chez nous. Ils ont partagé la vie du quartier et ils ont surtout retrouvé des appartements construits d'une manière bien meilleure que ce qui avait été fait dans les années 60. Je pense souvent à eux, avec le recul ils avaient été "parqués" dans une zone sans habitation. Souvent je suis triste de penser qu'on ait construit ce camp si perdu." François

"Le camp de la Bouillide, appelée aussi Cité des Roses, on y était très bien. Si on nous avait fait des maisons correctes, habitables, avec une bonne isolation, cela aurait été correct. Nous avions l'habitude vivre ne maison individuelle, comme des cabanons. Alors quand vous arrivez en immeuble, en H.L.M, le bruit, vous n'y êtes pas habitué. A la Bouillide, tout le monde se respectait plus ou moins. On allait à l'école ensemble. C'est simple, il y avait un bus le matin et un bus le soir. Un qui allait à Valbonne, un qui allait sur Antibes. Mais après pour faire les courses il fallait se débrouiller. Heureusement qu'il y avait des personnes qui avaient des véhicules. Si vous n'aviez pas de véhicules, vous creviez. Il y avait la boulangère qui venait livrer le pain le matin, heureusement. d'autres commerçants ambulants venaient, heureusement. Et il y avait une entraide." Roger

"Maman vivait là, mémé faisait du pain, elle préparait son pain ; elle faisait les beignets, le mercredi, quand elle travaillait pas ; le samedi soir, c'était le couscous, tout le monde autour de la table. C'étaient nos habitudes, nos rituels, et le dimanche c'était beignets, au sucre ou à la confiture. Il y avait un glacier aussi, qui venait, à quatre heures. C'était un camion. Il y avait de belles glaces en néon dessus, jaunes et blanches. Quand on le voyait arriver c'était comme si le cirque arrivait, c'était le moment de fête et de joie. Ca changeait de tout ce qu'on voyait. Les filles restaient à la maison, mais pratiquement tous les garçons du coin ont mal vécu le camp. Déjà prce que c'est des hommes, des gars, et nous, nous étions plus réservées, même si c'était dur on gardait pour nous. certains gars ont explosé." Sabriya

"D'un côté il n'y avait pas d'isolation, l'humidité, les maladies, il n'y avait rien, c'était les brique directe, il n'y avait pas d'isolant. Il fallait peindre tous les trois mois, L'été ça allai, il faisait chaud. Mais l'hiver, il commençait à y avoir des champignons un peu partout, les cafards. Puis dans les années 70-71, ça a commencé à construire. De Sophia Antipolis il n'y avait que le CNRS et l'école des Mines, je crois. Après ils avaient fait une SPA à la place de Thomson, et après il est arrivé Air France. Et là ils se sont dit que trop de gens arrivaient, et que ce camp, il allait falloir l'enlever. Et là ils ont commencé à construire le Haut-Sartoux, puis Garbejaïre. Entre(temps, il y a eu le CIV. Ca présente mal, là il y a 58 nations, ces gens-là vont arriver et vont voir ce camp. C'est la vérité. on les a parqués là pour qu'on ne le voie pas." Roger

"Il y avait deux ou trois rangées dans les bois-là, en contre-bas, deux ou trois autres rangées de bâtiments collés, qui faisaient une centaine de mètres de long et où toutes les maisons étaient collées. Chaque famille avait son entrée. Au niveau sanitaire, salubrité, c'était pas terrible. Ils ont bien fait de tout enlever là. Quand ils ont construits l'Etoile du Sud, derrière Valbonne, ils ont construits des villas individuelles, qu'ils ont bien sûr proposées aux familles de Harkis qui restaient encore à la cité là-bas. Peut-être au début, ça devait être flambant neuf, certainement. Mais c'est vrai qu'avec le fil des années, quand moi, je suis arrivée, déjà en 84, c'était vraiment pas terrible ! Ca faisait vraiment penser à des cages à lapins, c'était ce genre de choses, quoi ! Ils ont bien fait de la raser ! Puisqu'en plus c'était excentré. C'était vraiment à part." PG

"Le problème des Harkis, c'est que nous avons été un pu trop rejetés, un peu trop repoussés. Quand mes parents sont arrivés en 1962, ils sont arrivés à rivesaltes, ils me racontent que c'était pire que ce qu'on voit à la télé, les camps de réfugiés. Les réfugiés, ils ont tout, la Croix-Rouge, l'Unicef, nous il n'y avait rien. On a vécu deux ans dans des tentes sous la neige. Il n'y avait pas d'aide. Après on les a parqués comme des moutons. des remerciements aujourd'hui ? Quels remerciements ? Moi, je suis très fier de ce qu'a fait mon père. C'est son choix. Si demain je fais quelques chose pour sauver ma familles, je n'aurai pas de regret. le seul regret que j'ai actuellement, c'est que peut-être mon père ne reverra jamais son pays. " Roger

"On avait eu la visite de Raymond Barre, qui était venu avec les gardes du corps, des grands bus, il y avait les caméras...Moi j'étais petite, je me rappelle que ça faisait un gros volume, là, sur la Cité des Roses. C'était plein de roses quand on est arrivés. Après, il n'y en avait plus ! Tout le tour il y avait des roses, après je ne sais pas, elles ont disparu !" Sabriya

"Il y avait de la solidarité, il y avait tout. Quelqu'un qui était embêté, pour n'importe quoi, tous les gens étaient là. Maintenant vous arrivez à Garbejaïre, Valbonne-village, c'est bonjour-bonsoir. Vous êtres en panne, rien ! Heureusement que tous les gens ne sont pas comme ça. Là-bas, à la rigueur, c'était la famille. Il y avait le poulailler. Les parents avaient en quelque sorte un peu recréé l'Algérie. Ils ont gardé leur façon de vivre. De toute façon, à part une ou deux femmes harkis, qui se débrouillent très très bien, elles sont restées enfermées." AD