Cette maison est située au début de la rue Loredan-Larchey, rue large à l'allure de promenade, qui a été aménagée en lien avec la construction du musée de Préhistoire régionale (1907-1909) qui offre sa façade en perspective à la rue. La partie haute de la rue Loredan-Larchey, aux abords du musée, est bordée de maisons et d'immeubles bourgeois dont certains sont ornés de frises peintes ou effectuées selon la technique du sgraffite.
Elévation est. Décor peint selon la technique du sgraffite. Daté 1910.Elle occupe une position d'angle et son élévation antérieure est séparée de la rue par un petit espace privé clôturé. C'est un volume simple, de plan massé, qui s'élève sur trois niveaux, couvert d'un toit à deux pans et une croupe, débordant sur des aisseliers en bois. Elle est vraisemblablement construite en moellons masqués par un enduit. Le toit est couvert de tuiles plates mécaniques. Les parties basses sont constituées de deux assises de calcaire à bossages. L'élévation latérale (nord) est à trois travées de fenêtres. L'élévation antérieure est à deux travées de portes-fenêtres ouvrant sur des balconnets. Elle est régularisée par une travée aveugle au-dessus de l'entrée constituée de tables rentrantes. La table du premier étage est couronnée d'un cartouche à l'encadrement sculpté, portant le monogramme AA. Celle du deuxième étage, en plein cintre, est ornée d'un décor au sgraffite. Une guirlande de petites feuilles sert d'encadrement et une couronne portant la date 1910 est dans la partie haute. Ce décor de sgraffite, au dessin ocre jaune sur un fond ocre rouge, a également été employé pour les frises qui couronnent les deux élévations où l'on a des panneaux de dimensions et de formes variables ornés de vases et de coupes contenant des fruits et d'animaux fantastiques feuillagés.
La maison est constituée de deux logements. Le rez-de-chaussée était occupé par l'atelier d'un tailleur. L'entrée est sur le côté. Un couloir, carrelé en carreaux de ciment à motifs géométriques, longe le mur mitoyen et conduit à l'escalier d'une seule volée tournant autour d'un jour et éclairé par un puits de lumière. Les marches sont en marbre. Les plafonds du couloir, des paliers et des revers des volées sont ornés de motifs de fleurs bleues peints à fresque. Le plafond de la pièce du rez-de-chaussée présente une échappée sur un ciel bleu avec quelques nuages où volètent des hirondelles chassant des insectes. Le ciel se découpe dans un encadrement peint chantourné où se mêlent des rameaux de capucine et de bignone.
Rez-de-chaussée. Ancien atelier de tailleur. Plafond peint. Détail.Cette maison est protégée au titre des Monuments historiques pour la représentativité de son décor extérieur. Les décors peints de façades, principalement les frises à la peinture ou au sgraffite, sont par leur qualité et leur nombre, entre les années 1860 et 1930, une particularité de l'extrémité orientale des Alpes-Maritimes, limitrophe de la frontière italienne. A Menton, elles sont principalement l’œuvre des ateliers Cerutti-Maori, Carlo, entre 1863 et 1883, puis Guillaume, son fils, de 1883 à la fin de la première guerre mondiale. On a ici un exemple de décor bicolore avec un enduit de fond coloré au tuileau recouvert d'une deuxième couche d'enduit plus fin gratté pour dessiner le motif d'inspiration néo-classique.
Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.