Opératrice de saisie Inventaire.
- enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
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Heller MarcHeller Marc
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Alpes-Maritimes - Tende
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Commune
Tende
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Lieu-dit
col de Tende
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Dénominationsbatterie
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Dossier dont ce dossier est partie constituante
Pas d'indices de la présence d'un édifice antérieur sur le site
I. Généralités
Cet ouvrage de dimensions réduites, très concentré, fait partie des cinq batteries de protection satellites du fort de barrage de Colle Alto, l'ensemble composant le camp retranché du Col de Tende. Il n'avait pas le statut de "fort" à l'origine, mais cette appellation a été consacrée par l'usage. Il faut observer que sa conception générale en plan, sensiblement différente de celle des quatre autres batteries du dispositif, qui se ressemblent peu ou prou, est globalement assez éloignée du modèle-type de la batterie de protection en vigueur en Italie en 1880, auquel elle ne s'apparente guère que par son plan général polygonal, notamment par son front de gorge rentrant, trait d'ailleurs absent des autres ouvrages. Sans co-visibilité avec le fort de Colle Alto, densément bâtie et armée (tant en artillerie de longue portée qu'en défense rapprochée), la batterie de Pépino, malgré son isolement en haute altitude, a fait l'objet d'un soin particulier de la part de son concepteur, et pourrait être qualifiée de fortin.
Il s'élève à la cote 2275m, ce qui en fait l'ouvrage le plus haut du dispositif, immédiatement en contrebas de la cime de Pépino (2344m). Il en est aussi l'ouvrage le plus oriental; toutefois, la route qui dessert le "fort Pépin" se continue vers l'est en passant au dessus de son front de gorge. Cette route stratégique suit la ligne de crête, et desservait ensuite, à environ 3km, un petit poste de campagne, sorte de batterie d'appui très rudimentaire, sur la cime du Bec, puis des baraquements sommaires établis de loin en loin: au col de La Perle, au col de la Boaïra, au Gias de Malabergue. Chemin d'accès et flanc ouest du fort, façade d'entrée.
Il est laissé à l'abandon par l'administration militaire, et n'a pas d'affectataire.
Son état sanitaire général n'est pas mauvais, mais des avalanches de rocher ont entraîné la ruine de certaines parties.
II. Historique
La construction de cet ouvrage, confiée par contrat du 10 juillet 1883 à l'entrepreneur Giuseppe Maggia , adjudicataire du marché pour la continuation des ouvrages du barrage de Tende, est estimée alors à 329.676 lires, le plus bas devis au sein des cinq ouvrages de type batterie du camp retranché.
L'ouvrage était conçu pour une garnison de 120 hommes.
L'armement prévu au projet initial de la batterie comporte 3 sections d'artillerie composées de 6 à 7 canons de calibre 12 en fonte rayée cerclée, tous disposés pour le tir à barbette sur les terrasses, à raison de cinq sur le rempart du front sud pour le tir vers la vallée ( un sur la branche droite, un dans l'axe, trois sur la branche gauche dont deux sur un emplacement double), deux (emplacement de tir double) sur le rempart est (dans la même section que l'emplacement double du rempart sud) . Le champ d'action couvre le vallon de Vallefreggia (ou Vallo Fredo), le fond de la Roya, et les éventuelles arrivées depuis le col des Seigneurs ou depuis le Mont Bertrand.
Selon le projet initial de 1881, un retranchement annexe aurait dû être construit , sur la cime de Pepino, à la fois pour dominer la batterie à l'arrière, et pour assurer une protection complémentaire des pentes de Framosa et de Beccorosso.
Ce retranchement de Pepino, non réalisé mais figuré en plan dans l'Atlas du barrage de Tende, aurait dû se composer, comme les autres, d'une caserne défensive conçue pour 120 hommes, adossée à un terre-plein remparé et fossoyé, le tout sur un plan pentagonal symétrique. Un réservoir de 90 m3 était prévu dans le terre-plein, ainsi qu'un réduit de munitions.
En 1890 fut construit un peu au nord de l'ouvrage de Taborda un poste-relai permettant la communication optique entre le fort de Colle Alto et la batterie de Pepino.
L'installation des lignes téléphoniques et télégraphiques reliant cet ouvrage à l'ensemble du dispositif date d'octobre 1892, et le colonel Stabia, directeur territorial du génie de Cuneo, en confirma le bon fonctionnement un an plus tard.
Le rapport confidentiel du service des renseignements militaires français rédigé en 1895, et mis à jour en 1898, 1899, 1907, 1909, 1914, produit un plan schématique assez bien documenté de l'ouvrage, et le crédite par conjecture de 4 pièces de 15 au sud et de 2 pièces de 12 à l'ouest. Toujours d'après ces renseignements, deux canons de 15 provenant du fort de Colle Alto auraient été placés en 1898 dans la batterie Pepino.
Ce rapport date de 1896 l'établissement du petit poste ou batterie da campagne de la cime du Bec, qui couvre le fort Pépin à distance vers le nord-est.
Comme les autres, l'ouvrage de Pepino a été désarmée durant la première guerre mondiale, ce dont ne fait pas état la mise à jour pour 1933 du rapport des renseignements militaires français.
III. Description
Les matériaux de construction du fort sont de provenance locale, qu'il s'agisse des parements courants, en blocage de gros moellons et cailloux (granite, calcaire et schiste), ou des rares pierres de taille (bandeaux-larmiers, tablettes d'arases, dalles de pavement, d'escaliers, encadrement de la porte). Les sols de circulation dans les corridors sont constitués d'une calade de moellons. Il est probable que les briques employées dans la construction (en encoignures, en encadrement ou couvrement de baies, sol des emplacement de tir d'artillerie) ont été produites dans un four créé sur place. La mise en œuvre des matériaux et des enduits est traditionnelle, et n'emploie à l'origine que le mortier de chaux. L'ensemble des parements intérieurs (murs et voûtes), était revêtu d'un enduit couvrant blanc, mal conservé aujourd'hui. Les façades extérieures n'ont jamais été enduites, comme en atteste la bande d'enduit isolée au dessus de la porte, sur laquelle devait être peint le nom du fort.
Dans l'état actuel des lieux, la plupart des aménagements de second œuvre, ou mobiliers : menuiseries, huisseries, planchers, grilles et garde-corps en fer forgé, affûts des pièces, ont été systématiquement pillés et n'existent plus. Il reste toutefois des grilles à certaines baies donnant sur le corridor des casemates basses, et le passage d'entrée du fort a conservé ses deux paires de vantaux de bois, tant à la porte extérieure qu'à celle donnant sur la cour. Cette dernière vient d'être en partie dépecée et dégondée (en 1999).
A. Plan
L'ouvrage est établi sur un sur un étroit replat ménagé artificiellement sur une ligne de crête descendant du nord au sud, immédiatement dominé de la cime de Pépino, dans une situation comparable à celle de Taborda, en plus escarpé.
Il domine des pentes raides du sud-ouest au sud-est, à l'est et au nord-est. La crête rocheuse de la cime de Pepino qui le domine au nord-ouest a été entaillé comme un front de carrière afin d'aménager une assiette plane susceptible d'accueillir l'ouvrage en partie fondé à mi-pente. Le plan général dérive d'un parti à deux fronts parallèles brisés par un angle obtus: angle rentrant au front de gorge (nord), saillant au front d'attaque (sud); ces deux fronts étant reliés par des flancs beaucoup plus courts qu'eux. Le développement du front de gorge bâti, qui n'est pas sans rappeler en plan, avec sa caponnière centrale dans l'angle rentrant, une lunette d'Arçon, est composé symétriquement. En revanche, le front sud remparé est contraint par le relief naturel, qui interdisait de donner à son aile ouest un développement symétrique à celui de son aile est; le fossé à escarpe et contrescarpe revêtues qui enveloppe le fort s'interrompt au droit de l'angle saillant qui brise le front sud, la déclivité rocheuse naturelle tenant lieu ensuite d'escarpe pour l'aile ouest de ce front.
Par contrecoup, l'extrémité ouest du bâtiment qui occupe le front de gorge est en forte saillie sur le flanc ouest proprement dit de l'ouvrage, et cette dissymétrie des flancs est renforcée par un parti original: ce flanc ouest en retrait est bâti (alors que l'autre est remparé) et tient lieu de front d'entrée, tandis que la disposition classique commune aux cinq autres ouvrages du barrage, fort de Colle Alto compris, consiste à ménager la porte vers le milieu du front de gorge.
Angle nord-est du fort, façade latérale du bâtiment nord, fossé est.
L'ouvrage est pourvu à la fois d'un organe de flanquement saillant sur l'escarpe, de type caponnière, au milieu du front de gorge (dans l'angle rentrant) dont il bat le fossé, et d'un coffre ou galerie de contrescarpe à feux de revers dans l'angle sud-est, formule dont le succès s'affirme dans les années 1880 de préférence aux caponnières. Le fossé ouest est battu par la saillie du bâtiment nord, dont le premier niveau est aménagé pour le flanquement. Cette galerie de contrescarpe défensive est présente dans les quatre autres batteries du barrage de Tende, mais celle de Pépino s'en distingue par le fait qu'elle ne s'aligne pas à l'angle rentrant de la contrescarpe, mais y forme au contraire un élément saillant dont l'aspect n'est pas sans rappeler celui d'une caponnière.
Vis à vis de ce saillant crénelé de la contrescarpe, l'angle sud-est de l'escarpe du fort est très largement arrondie pour ne pas créer un étranglement dans le fossé. Les angles de la contrescarpe autres que celui occupé par la galerie à feu de revers, sont également arrondis, et une excroissance semi-circulaire du fossé contourne la caponnière nord.
B. Économie défensive générale : remparts et batteries
Peu conforme en cela au type de la batterie de protection, l'ouvrage de Pepino, outre le front sud, n'a qu'un flanc (celui de l'est), aménagé pour l'artillerie de moyen calibre et constitué d'un rempart à parapet de terre pour le tir à barbette, avec traverses de défilement et revêtement d'escarpe bas en glacis couronné d'un cordon-larmier.
Le front de gorge, au nord, est entièrement occupé par un bâtiment de casernement à deux étages de casemates superposées, voûtées à l'épreuve, dont la façade extérieure est percée d'une baie par travée de casemate. A la différence de la façade nord des ouvrages de Margheria, Taborda ou Pernante, les fenêtres du rez-de-chaussée sont ici remplacées par une embrasure géminée de type créneau d'infanterie, ce qui donne plus d'importance au caractère défensif de ce bâtiment.
Aile d'entrée ouest vue du fossé depuis le sud, pont et porte, saillie des bâtiments nord. Emplacement de tir double du rempart sud, revers de la porte du fort.
Cette façade n'en est pas moins couronnée par un parapet d'infanterie maigre percé de créneaux de fusillade qui assurent la défense rapprochée.
Le flanc est du "fort Pepino" est occupé pour moitié par la façade latérale ou mur-pignon du bâtiment de casernement nord, percé d'embrasures de type créneau sur ses deux niveaux (sans compter le retour du parapet qui ne règne que sur le tiers de la largeur du bâtiment) ; la moitié sud de ce flanc n'est qu' un mur d'escarpe de rempart percé de créneaux éclairant l'escalier d'accès à la galerie de contrescarpe.
Le bâtiment de casernement du front de gorge fait saillie sur le flanc ouest du fort de l'équivalent de deux travées de casemates, et cette saillie est rentabilisée pour le flanquement au niveau du fossé, ses côtés ouest et sud y étant abondamment percés de créneaux d'infanterie du même type que ceux de la caponnière ou de la galerie de contrescarpe (ceux de flanc plus étroits que les frontaux).
Le flanc ouest proprement dit est occupé par un petit bâtiment à deux niveaux et parapet crénelé, comme le bâtiment nord dont il complète l'économie. C'est dans cette courte aile ouest qu'est aménagée la porte du fort.
Les cinq emplacements de tir à barbette du rempart sud et du court rempart oriental, conservent parfaitement lisibles l'axe de rotation et le pavement en arc de cercle des affûts tournants, réalisés en belles dalles de pierre dure, l'aire intermédiaire étant revêtue de briques posées de chant. Les deux emplacements de tir doubles qui constituaient la section sud-est se caractérisent par le chevauchement partiel du pavement en demi-cercle. Les encoches de scellement taillés en réserves sur la pierre d'axe et sur chaque dalle composant l'arc de cercle sont les seuls témoins du pivot central en fonte et du rail périphérique sur lequel jouaient l'axe et les roulettes de l'affût pivotant.
Deux traverses creuses à réserves, une sur chaque aile de front sud, suffisent à défiler tous les emplacements de tir, couverts en outre au nord par le bâtiment de casernement du front de gorge, et à l'ouest par l'aile d'entrée du fort. Ces traverses (abritant des réserves de munitions à double fond) communiquent en sous-œuvre par un escalier droit avec le corridor de desserte des casemates basses du bâtiment nord.
Le sol de la cour intérieur (Rez-de-chaussée), réduit à une allée bordant la façade intérieure du bâtiment nord, est légèrement dénivelé de celui les emplacements de tir, vers lesquels le parapet du rempart est revêtu d'un mur d'appui intérieur sur lequel les traverses-réserves font saillie.
Cour intérieure du fort, traverses, puits et façade intérieure du bâtiment nord. Détail de deux créneaux d'infanterie de l'escalier d'accès à la galerie de contrescarpe.
C. Circulations, aménagements, bâtiments, locaux internes et coffres
A la différence des autres batteries du barrage de Tende, et à la ressemblance du fort de Colle Alto, Le bâtiment de casernement du front de gorge et la petite aile ouest qui s'y raccordent ne sont pas enterrés vers la cour intérieure, et les petits côtés du bâtiment nord donnent directement dans le fossé. Ces bâtiments comportent donc des façades sur cour (réduites bien entendu au rez-de-chaussée), et -pour le bâtiment nord- deux façades latérales, toutes ces façades percées de baies, fenêtres, créneaux ou portes.
La répartition de ces baies ordonnancées en travées est variable d'une façade à l'autre.
Les deux étages des façades extérieures sont séparés par un cordon-larmier continu, qui se termine au milieu du flanc est d'une part (raccord façade/mur d'escarpe remparé), au bout du flanc ouest d'autre part.
Sur la longue façade nord, on l'a vu, aux onze travées de fenêtres du niveau bas (cinq à gauche de la caponnière, six à droite, car le rythme des travées est imparfaitement régulier, du fait de la largeur variable des casemates ) correspondent au rez-de-chaussée des créneaux pour la plupart géminés (plus un créneau simple au dessus de la caponnière). La façade latérale est (flanc de la dernière casemate) est percée de quatre créneaux, tant sur le fossé qu'au rez-de-chaussée. L'autre façade latérale du bâtiment nord, en saillie sur le front ouest, celle -en retrait- du bâtiment d'entrée formant aile ouest, et la façade sud de deux travées qui relie l'une à l'autre, ont toutes des créneaux sur le fossé et des fenêtres au rez-de-chaussée.
Les fenêtres sont couvertes d'un arc surbaissé en briques, une feuillure d'encastrement pour les contrevents venant délarder en réserve du nu du parement, non seulement le bas des arcs de ces fenêtres, mais aussi -trait typologique commun aux ouvrages du camp retranché de Tende- l'emprise de rabattement de ces contrevents de part et d'autre de chaque fenêtre ( ce qui les protégeait des intempéries). Les créneaux de casemates, ceux de la caponnière ou de la galerie de contrescarpe, tous encadrés en brique, et ébrasés extérieurement, sont de deux types: baie extérieure plus large que haute (pour les frontaux) ou plus haute que large (pour les flanquants). Les nombreux créneaux-fente de fusillade du parapet d'infanterie qui constitue le troisième étage des façades, plus courts vers l'intérieur qu'au dehors, sont aussi encadrés en briques. Les dalles minces en pierre composant la tablette qui d'arase de ce parapet sont complètement conservées en place.
Les façades du rez de chaussée sur cour, très simples sont percées d'une baie encadrée en briques (porte ou fenêtre) par travée de casemate, la casemate médiane, évasée correspondant à l'angle saillant arrondi de milieu de façade, a une porte encadrée de deux fenêtres.
Porte d'entrée du fort avec ses vantaux en place. Vue intérieure dans le fossé de basculement des fléaux du pont-levis. Fossé sud vers l'angle sud-est et sa galerie de contrescarpe crénelée.
La porte du fort, percée dans la troisième et dernière travée de l'aile ouest en partant du bâtiment nord, est précédée d'un pont à unique arche dormante attenante à la contrescarpe (arc et pile en moellons sommairement équarris), que complétait un tablier de pont-levis à bascule (complètement détruit) dont le contrepoids était assuré par deux fléaux lestés qui s'abîmaient par des saignées au sol du passage, dans une fosse voûtée sous le passage d'entrée. L'encadrement de la porte est en pierre de taille grise (granite) avec arc segmentaire à voussoirs passants un sur deux et clef saillante, le tout inscrivant en retrait un sous-arc en pierre de taille extradossé, contre lequel venait s'appuyer, inscrit dans l'arcade d'encadrement, le tablier du pont-levis en position fermée. Les vantaux se composent d'un cadre inscrivant un panneau constitué de deux épaisseurs de planchers cloués l'un sur l'autre, celui formant parement extérieur étant disposé en écharpe, avec clous forgés régulièrement espacés. Les pentures sont fixées sur la face intérieure; une porte piétonne s'inscrit dans le vantail de droite.
La chaussée d'accès à la cour, sous le couloir d'entrée voûté en berceau surbaissé, comporte deux bandes de dalles en pierre dure, correspondant au passage des roues des convois, avec dans l'intervalle une calade de cailloux. Le passage communique à gauche avec la travée médiane de l'aile ouest, casemate à usage de corps de garde, puis à la première travée, également ouverte sur la cour, qui abrite la cage d'escalier. Cet escalier rampe sur rampe passe par un repos intermédiaire qui dessert une latrines murale, puis descend pour accéder aux corridors de distribution des casemates basses. Au rez de chaussée, après cette travée d'escalier, on pénètre dans les casemates du bâtiment nord, qui étaient affectées à des chambres et surtout à des magasins d'artillerie, pour le remisage hivernal des pièces. Leurs créneaux frontaux pouvaient les rendre actives. Les quatre premières, à l'ouest (l'une n'est qu'un étroit couloir), sont desservies par un corridor intégré.
Les huit autres participent de la façade sur cour : elles sont donc soit directement accessibles de plain-pied depuis cette cour, soit indirectement, par la casemate voisine.
Au-dessous de ce rez-de-chaussée règnent les casemates basses qui prennent jour dans le fossé. Celles du bâtiment nord reproduisent la disposition en plan de celles du rez-de-chaussée, à cela près que les portes ne s'ouvrent plus sur la cour, mais sur un corridor circulant sous l'emprise de cette cour (cheminées d'aération). L'extrémité ouest de ce corridor est dans l'axe de la dernière volée de l'escalier venant du rez-de chaussée, et croise en ce point un corridor transversal qui distribue à gauche (sud), un coffre sous le corps de garde, puis la fosse du pont-levis, voûtée en berceau perpendiculairement au grand axe de la travée.
Le corridor intégré des trois casemates occidentales du bâtiment nord tient lieu à ce niveau de galerie d'escarpe active, du fait de ses créneaux de fusillade flanquant le fossé ouest.
La casemate centrale du bâtiment nord, évasée par l'angle que forme ce front, est subdivisée en trois réduits desservis par un couloir d'axe qui se prolonge jusqu'à la caponnière. Ces réduits servaient de cuisine, de local de distribution de soupe, de magasin à vivres et à bois. La caponnière à deux flancs battant les deux branches du fossé nord, est couverte d'une voûte annulaire portant sur un énorme pilier central de plan presque triangulaire (non exprimé sur le plan de l'Atlas des ouvrages du barrage de Tende, contemporain de la construction). Les dix casemates principales de ce bâtiment nord étaient pour la plupart aménagées en dortoirs pour les 120 hommes de garnison, voire en chambre pour les officiers.
En partant de l'escalier principal à l'ouest, le corridor dessert à droite divers locaux ou organes de circulation enterrés sous la cour du fort: d'abord deux branches d'escalier parallèles, la première descendant pour desservir à droite le magasin à poudre de 30.000 kg. ceint de son couloir d'isolement. La seconde branche d'escalier monte jusqu'au magasin-réserve de munition de la première traverse creuse du rempart sud. Immédiatement après, dans l'angle, deux travées de magasins accessibles latéralement, avec fenêtre grillée sur le corridor: l'une servait d'atelier de confection de cartouches, l'autre d'arsenal. Immédiatement après, monte l'escalier d'accès à la seconde traverse creuse. Le long segment suivant du corridor n'est intercepté à droite que par la gaine d'un puits qui émerge aussi dans la cour, et par un réduit mural aveugle. Le puits est en relation avec la citerne de 350 m3 qui est enterrée au revers, sous la partie est de la cour. Enfin, à son extrémité orientale, toujours à droite, le corridor s'embranche sur l'escalier (éclairé de trois créneaux dégressifs) qui descend en suivant à l'intérieur la courbe de l'escarpe, puis traverse le fossé pour desservir la galerie de contrescarpe à feu de revers de l'angle sud-est du fossé. On l'a vu, cette galerie se compose de deux branches formant un angle non pas rentrant, mais saillant, adouci par un pan coupé ; les créneaux des flancs de cette galerie sont plus hauts que large, tandis celui du pan coupé frontal, ou ceux des retours de la galerie dans la contrescarpe (2 au sud, 3 dégressifs dans l'escalier montant à la branche est) sont plus larges que hauts. Cette disposition en saillie dans le fossé ne se retrouve qu'à l'une des galeries d'escarpe actives du fort Margheria.
Ouvrage de fortification dont la construction est confiée par contrat du 10 juillet 1883 à l'entrepreneur Giuseppe Maggia, adjudicataire, pour une somme de 329 676 lires. Il faisait partie des cinq batteries de protection satellites du fort de barrage de Colle Alto. Il faut observer que sa conception générale en plan, sensiblement différente de celles des quatre autres batteries du dispositif, est globalement assez éloignée du modèle-type de la batterie de protection en vigueur en Italie en 1880. Selon le projet initial de 1881, un retranchement annexe aurait dû être construit sur la cime de Pepino à la fois pour dominer la batterie à l'arrière et pour assurer une protection complémentaire des pentes de Framosa et de Beccorosso. En 1890 fut construit un peu au nord de l'ouvrage de Taborda un poste-relais permettant la communication optique entre le fort de Colle Alto et la batterie de Pepino. L'installation des lignes téléphoniques et télégraphiques reliant cet ouvrage à l'ensemble du dispositif date d'octobre 1892. Comme les autres, l'ouvrage de Pepino a été désarmé durant la première guerre mondiale. Il est laissé à l'abandon par l'administration militaire et n'a pas d'affectataire.
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Période(s)
- Principale : 4e quart 19e siècle
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Dates
- 1883, daté par source, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
- Auteur : entrepreneur de maçonnerie attribution par source
La batterie de Pepino est un ouvrage de dimensions réduites, densément bâti et armé. Malgré son isolement en haute altitude (2275 m) , elle a fait l'objet d'un soin particulier de la part de son concepteur et pourrait être qualifiée de fortin. Elle est établie sur un étroit replat aménagé artificiellement sur une ligne de crête descendant du nord au sud. Les matériaux de construction sont de provenance locale, gros moellons ou cailloux de granit, calcaire et schiste destinés à être enduits ; les sols des corridors sont des calades ; emploi de brique en encadrement des baies. L'ensemble des parements intérieurs (murs et voûtes) était revêtu d'un enduit couvrant blanc, mal conservé aujourd'hui ; les façades extérieures n'ont jamais été enduites. Le plan général dérive d'un parti à deux fronts parallèles brisés par un angle obtus, rentrant au front de gorge nord, saillant au sud, reliés par des flancs beaucoup plus courts qu'eux. Le flanc est est occupé pour moitié par la façade latérale ou mur-pignon du bâtiment de casernement nord, percé d'embrasures de type créneau sur ses deux niveaux ; la moitié sud de ce flanc n'est qu'un mur d'escarpe de rempart percé de créneaux. Le bâtiment de casernement du front de gorge fait saillie sur le flanc ouest, occupé par un petit bâtiment à deux niveaux et parapet d'infanterie ; c'est dans cette courte aile qu'est aménagée la porte du fort. Les cinq emplacements de tir à barbette du rempart sud et du court rempart oriental conservent parfaitement lisible l'axe de rotation et le pavement en arc de cercle des affûts. Deux traverses creuses à réserve, une sur chaque aile du front sud communiquent en sous-oeuvre par un escalier droit avec le corridor de desserte des casemates basses au nord. Le sol de la cour intérieure est réduit à une allée bordant le bâtiment nord. A la différence des autres batteries, le casernement du front de gorge et de l'aile ouest comportent une façade sur cour, percées de baies, fenêtres, créneaux ou portes, réparties en travées régulières. La porte du fort possède encore sa porte extérieure (en assez bon état) et intérieure (récemment dépecée et dégondée) , sur la dernière travée de l'aile ouest, précédée par un pont à unique arche dormante. Les casemates du front nord étaient affectées à des chambres et surtout à des magasins d'artillerie pour celles du rez-de-chaussée, accessibles directement depuis la cour et celles du sous-sol, ouvertes dans le fossé et affectées à la cuisine, au local de distribution de soupe, aux magasins à vivres et à bois et pour les dix principales, de dortoirs ou de chambres. La caponnière à deux flancs du fossé nord est couverte d'une voûte annulaire portant sur un énorme pilier central de plan presque triangulaire. Sous la cour, le magasin à poudre ceint de son couloir d'isolement. Toutes les structures maçonnées sont recouvertes d'une couche épaisse de terre de 2, 50 m en talus, recouverte d'herbe.
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Murs
- granite
- calcaire
- schiste
- enduit
- moellon
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Toitsterre en couverture
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Étagesétage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré
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Couvrements
- voûte en berceau segmentaire
- voûte en berceau
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Élévations extérieuresélévation à travées
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État de conservationmauvais état
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Statut de la propriétépropriété publique
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Archivi del genio Militare, Turin
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Documents figurés
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Fascicolo contenente il piano d'insieme, la planimetria, la pianta e le sezioni delle opere che costituiscono il campo trincerato del Colle di Tenda [Document contenant le plan d'ensemble, la planimétrie, le plan et les coupes des ouvrages qui constituent le camp retranché du Col de Tende] / Dessin, vers 1887. Archivi del Genio Militare, Turin : fonds de la Sezione Staccata di Cuneo (référencé S.S.C.). Original disparu.
historien de l'architecture et de la fortification
Opératrice de saisie Inventaire.
historien de l'architecture et de la fortification