Historique

La villa a été bâtie vers 1925 pour Emmy Magliani, danseuse de renom et belle sœur de l'Aga Khan (sœur de sa première femme). Son portrait peint par Jean Gabriel Domergue ornait la cage d'escalier. Lorsque cette peinture fut enlevée, elle masquait plusieurs épreuves lithographiées de la même figure, datées 1923 et portant la marque H. Chachoin imp. Paris / Atelier J.G.D.

Description

1)  Situation

La parcelle de forme trapézoïdale résulte du morcellement d'un grand domaine. Sa pointe sud ouvre entre deux chemins conduisant aux parcelles voisines, sur le boulevard en bordure occidentale du cap.

2)  Composition d'ensemble

La maison s'élève dans le quart arrière de la parcelle, précédée d'une vaste pelouse que traversent deux bandes de roulement empierrées qui conduisent du portail d'entrée à la cour postérieure. Le terrain est planté d'une végétation luxuriante où abondent arbres de Judée, pittosporum et cyprès.

3)  Matériaux

Maçonnerie enduite.

4)  Structure

Corps de bâtiment principal rectangulaire abritant le salon au rez-de-chaussée, un couloir et trois chambres avec leurs salles de bains, à l'étage. La cage d'escalier est en ressaut à l’arrière. Elle abrite un escalier d'une seule volée en maçonnerie, tournant à gauche autour d'un jour, avec un limon à l'anglaise et une rampe à barreaux ouvragée de fer forgé. Sur le cap s'alignent la salle à manger et la cuisine, en rez-de-chaussée ; la salle à manger donne dans l'axe du salon par une baie libre en plein cintre.

5)  Elévations

Entièrement recouvertes de vigne vierge. Baies en plein cintre au premier niveau ; rectangulaires, au second. Les fenêtres de la cage d'escalier sont protégées par des grilles bombées. Rythme ternaire pour la façade antérieure.

6)  Couverture

Toit à deux versants et croupes sur le bâtiment principal ; appentis sur les autres. Toitures en tuiles creuses.

 7) Distribution intérieure

Elle conserve l'essentiel de ses dispositions d'origine :

                   L'entrée et la cage d'escalier : porte en plein cintre, murs blanchis, rampe noire, sol et marches en travertin récent

                   Le salon : sol en carreaux de granito (15X15) ocre jaune, plafond à trois poutres alternant avec 4 solives transversales et croisées avec 6 solives longitudinales qui délimitent un damier en panneaux rouges et verts, les cabochons d'origine placés au centre des panneaux ont été retirés. Un large couvre-joint en bois ciré, avec un profil oblique, encadre l'ensemble du plafond. Les poutres et solives paraissent être fausses et masquer une structure invisible. Murs crépis blanc. Cheminée au manteau de style Louis XV en bois.

                   La salle à manger : deux vantaux de style Louis XV en fer forgé (patine verte et dorée) à hauteur d'appui ferment l'entrée sur le salon. Plafond de planches que masquait un velum.

                   La Chambre sud-ouest du 1er étage : lambris de récupération de style Directoire.

Peintures décoratives incluant médaillons avec profils (fond noir, figures blanches) et dans la frise : scènes avec les amours et plumettes en relief rapportées. Ce lambris est remonté en alternant un panneau de bois et un espace vide, tandis que la frise est complète avec quelques réajustements malencontreux. Il inclut, à l'est, un grand miroir fixe entre deux miroirs mobiles que précède une jardinière prévue pour un angle. En couronnement, deux cols de cygnes. Face à lui, une fenêtre récente remplace un panneau que couronnait un fronton. Le mobilier d'accompagnement, doté de la même ornementation peinte et sculptée comprend : un lit pour une personne avec tête et pieds couronnés d'un fronton, un guéridon circulaire sur trois pieds, une coiffeuse avec miroir pivotant en col de cygne, un siège de coiffeuse. Une photo ancienne montre en outre un bureau à rouleaux à pieds en forme de sphinges, une table à ouvrage de même piètement. Le sol est en carreaux de couleur noire.

                   La salle de bain ouest à l'étage : a été rénovée mais conserve sa disposition avec sa baignoire de marbre rose dans une niche et, en face, le lavabo sous un arc en plein cintre encadré de deux alcôves, w-c. et bidet.

Conclusion

Cette villa de caractère régionaliste provençal est extrêmement simple dans ses formes comme dans sa distribution. Elle a été conçue comme une maison de campagne pour une dame assez sophistiquée. Si l'extérieur confine au banal, l'intérieur joue sur les contrastes et l'éclectisme, encore un peu à la manière du XIXe siècle : cage d'escalier plutôt rurale dans sa simplicité, avec sa rampe à barreaux alternés rappelant les fers des manades de Camargue ; grand salon imitant la salle d'un château dont le plafond pourrait rappeler certains grands plafonds rustiques italiens ; note de sophistication dans les éléments du XVIIIe siècle (cheminée en bois, grille en fer forgé). Enfin, la chambre que l'on dit provenir de la Malmaison est sensée conférer sa note d'authenticité à l'ensemble.