Historique détaillé
L'ancien cimetière de Rosans, qui accueillait au 17e siècle catholiques et protestants, était situé en contre-haut de l'actuelle église paroissiale Saint-Jacques-le-Majeur, à proximité de l'église Notre-Dame-la-Blanche détruite en 1575. Signalé en mauvais état dans le questionnaire sur l'état de la paroisse de 1844 et lors la visite pastorale de 1851, il est complanté de noyers peu productifs et les femmes y font sécher le linge des lessives.
En 1849, Théodore Corréard, avocat à Grenoble, maire de Vinay (Isère) et propriétaire à Rosans, propose en guise de nouveau cimetière un terrain labourable de 20 ares (et de 180 m de périmètre) dont une partie, un quart, serait réservée au culte protestant. Les carrés protestant et catholique sont peut-être initialement séparés par une haie vive. L'évêque souhaite que le terrain soit clos de murs par la commune, ce qui est réalisé en 1859 par le maçon Joseph Armand et le tailleur de pierre rosanais Jean-Baptiste Bez. Les deux portails en fer sont réalisés à cette occasion par le serrurier Victor Rochas : ils matérialisent des entrées différentes pour les cultes catholique et protestant. Le cimetière clos, l'évêque procède à sa bénédiction, le 30 septembre en 1860. D'après Edouard Bégou, la première inhumation aurait seulement eu lieu le 18 octobre 1874.
Le foin fauché dans le cimetière est régulièrement vendu. La municipalité en obtient 10 francs en 1876. En 1879, un aqueduc d'assainissement est construit par Pierre Reynier, tâcheron de Rosans. De 1890 à 1894, des travaux de maçonnerie et de crépissage font suite à des mouvements de terrain. Un plan établi en 1929 permet notamment de constater que l'espace central du cimetière était destiné à plusieurs fosses communes. Une croix de mission en fonte érigée à un carrefour devient croix de cimetière en octobre 1937 ; elle a aujourd'hui disparu.
![[Plan de la partie ancienne du cimetière de Rosans avec aqueduc, 1879.]](/img/0d1e52af-a911-4a9f-a4b5-df3c063264fb)
En 1984-1987, le cimetière est agrandi grâce à l'acquisition d'un terrain de labour. Edouard Provansal de Laragne est maître d'œuvre et l'entreprise S.A. Rodari Michel et Fils de Nyons effectue les travaux. Cette nouvelle parcelle fait 1975 mètres carrés. Elle est prévue pour 120 concessions - caveaux et fosses communes, calculées en fonction de la moyenne annuelle des décès (5,4 par an pour une population de 573 habitants en 1983). Le mur du cimetière a été refait en 1999.
![Plan [de la partie ancienne] du cimetière de Rosans (1929).](/img/4cb6c406-1fb4-46fc-a528-7ed88762c084)
Le recensement de la population effectué en 1851 permet de constater qu'actuellement, dans la partie ancienne du cimetière, les tombes protestantes sont relativement peu nombreuses et disséminées, certainement au gré des concessions trentenaires, centenaires ou perpétuelles. Deux tombes musulmanes y ont également été relevées. Le carré musulman, lié à la présence de Harkis dans le village (Référence du dossier : IA05001588), a été mis en place dans la partie récente du cimetière dans les années 1990, d'après Edouard Bégou. En 2004, un espace cinéraire a été agencé financé par la commune et le département.
Description détaillée
Le cimetière de Rosans est en contrebas de la route de Pommerol ; la pente naturelle y est faible (10% environ), orientée sud. Le sous-sol se compose de marnes bleues et jaunâtres et de quelques blocs calcaires.
Le cimetière est arboré, complanté de haies et ceint de mur en brique, recouverts d'enduit. Deux portails métalliques de mêmes dimensions percent le mur nord. L'un est surmonté de l'inscription "Requiescat in pace" quelque peu altérée (portail catholique), l'autre, de l'inscription "Christ est ma vie" (portail protestant). Un troisième portail, également au nord, intègre un portillon et permet l'accès à la partie récente du cimetière depuis l'extérieur. Chacune des deux parties du cimetière est pourvue d'une fontaine.
La partie ancienne du cimetière d'environ 2000 mètres carrés est saturée de sépultures. Elle est desservie par des allées en gravier : deux allées est-ouest et quatre allées nord-sud dont deux secondaires. Elle comporte de nombreux caveaux enclos de murets bas, rarement pourvus de piliers ou d'une chaîne. On décompte quelques cœurs en tôle émaillée, peu de monuments et de couronnes de perle. En son centre, se distingue l'emplacement herbeux des anciennes fosses communes.
A l'angle sud-ouest de cette partie ancienne, une ouverture dans le mur permet l'accès à la partie plus récente du cimetière.
Cette partie récente possède des allées en gravier : deux allées nord-sud et six allées est-ouest. Au nord, sont disposées les stèles chrétiennes et au sud, les stèles musulmanes et le colombarium (angle sud-ouest). Entre les deux zones se trouvent des espaces herbeux inoccupés et une fosse commune ("caveau communal"). Les espaces funéraires sont délimités par de très bas murets cimentés. On dénombre des stèles droites, à pans coupés, à pente ou à effet de vague ou bien encore des stèles en accolade ou rappelant le dôme d'une mosquée. Ces deux derniers types de stèles présentent souvent des inscriptions en arabe, parfois un croissant de lune et une étoile. L'espace cinéraire est en granit rose ; il se compose d'un colombarium de plan octogonal (8 concessions de 4 urnes chacune), de deux bancs et d'une stèle en forme de flamme.
Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.