Cet entrepôt agricole isolé fait partie de la quarantaine de « cabanons » identifiés sur la commune de Rosans.
Commentaire historique
Sur le plan cadastral de 1839, l'actuel chemin surélevé auquel est adossé le bâtiment n'existe pas, cet emplacement étant occupé à cette époque par le cours du torrent de l'Estang – ou Merdaric. L'emplacement du bâtiment est alors situé en bordure d'une parcelle de pré de fauche (1839 E15 63, 6790 m²) appartenant à Jean Seguin, qui possède également deux parcelles mitoyennes : une terre labourable (1839 E15 64, 3600 m²) irriguée par le canal d'arrosage et un bande de « bois taillis » qui suit la rive du torrent de l'Estang (1839 E15 62, 780 m²).
Localisation du bâtiment actuel sur le plan cadastral de 1839, section E15. Echelle d'origine 1/2000e. Propriétés de Jean Seguin en 1839, d'après le plan cadastral de 1839, section E15. Echelle d'origine 1/2000e.
Dès 1849, les deux parcelles agricoles sont partagées en deux parties égales puis, dans les années 1850-1870 elles sont morcelées à diverses reprises, certaines portions de terrain passant plusieurs fois par les mains de l'ancien notaire Jean-Baptiste-Armand Charras, devenu « agent d'affaires ».
Au début des années 1870, une partie des terrains appartient en indivision à François-Frédéric Cornillac et Elisabeth Roman, épouse Clavel. En 1879, ils y déclarent la « construction nouvelle » d'un « pavillon ». Toutefois, ce bâtiment ne correspond pas à l'actuelle construction : il est localisé par les matrices cadastrales sur la parcelle de terre labourable et non sur celle de pré.
Entre 1891 et 1896, le maréchal-ferrant Elie Brès – dont la maison et la forge sont installées à l'entrée sud du bourg de Rosans (voir dossier IA05001573) – regroupe sous sa propriété plusieurs morceaux des parcelles initiales. Il possède ainsi les deux-tiers du « pré » de 1839 (parcelle 1839 E15 63P, 4403 m²), un peu plus d'un tiers du « labour arrosable » (1839 E15 64P, 1348 m²) et la totalité du « bois taillis ». C'est aussi lui qui détient le « pavillon » construit deux décennies plus tôt. D'après la matrice des propriétés bâties, ce petit bâtiment est déclaré « démoli » en 1898.
Le bâtiment actuel est vraisemblablement postérieur aux travaux d'endiguement et de modification du cours du torrent de l'Estang. Il a peut-être été construit pour remplacer l'ancien « pavillon » démoli à la fin des années 1890. Au vu de sa construction, il remonte sans doute aux années 1910-1920.
Vue de situation prise de l'est. Vue de situation prise du sud.
Description architecturale
Cet entrepôt agricole est isolé à approximativement 1,5 kilomètres au sud-ouest du bourg de Rosans, à une altitude d'environ 580 mètres, dans un environnement de terrains relativement plats utilisés comme prés de fauche séparés par des haies de cognassiers. Deux tilleuls sont plantés côté ouest du bâtiment.
Localisation d'après la carte IGN de 2021. Echelle d'origine 1/25 000e. Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 2021, section 000E. Echelle d'origine 1/500e.
De plan presque carré, il est adossé au talus d'un chemin rural surélevé circulant au sommet de la digue aménagée en rive gauche du torrent de l'Estang pour limiter ses débordements. Présentant une façade principale en pignon, il comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble.
Vue d'ensemble prise de l'est. Vue d'ensemble prise du sud-est. Vue d'ensemble prise du sud-ouest. Plans schématiques du bâtiment. De gauche à droite : étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble, toit.
Fonctions et aménagements intérieurs
L'étage de soubassement est occupé par une étable pouvant servir de remise à outils, desservie par une porte piétonne ouverte côté sud et éclairée par un petit jour côté est. Le sol est en terre, les murs sont laissés bruts de maçonnerie et le couvrement est un plancher sur solives. Dans l'angle nord-est, on observe la structure sur laquelle reposait la sole de la cheminée du logis en rez-de-chaussée surélevé : deux corbeaux en bois, courbés, servaient à soutenir un remplissage maçonné dont le rôle était d'empêcher la propagation de la chaleur au plancher et donc limiter les risques d'incendie. Une petite niche est aménagée dans le mur ouest ; un anneau d'attache en ferronnerie est scellé dans le mur est.
Etage de soubassement, étable-remise. Vue de volume prise de l'est. Etage de soubassement, étable-remise. Vue de volume prise de l'ouest. Etage de soubassement, étable-remise. Angle nord-est, corbeau du coffrage de la sole de la cheminée du logis.
Le rez-de-chaussée surélevé est réservé à un logis saisonnier, accessible par une porte ouverte dans le pignon ouest et éclairé par une fenêtre percée côté est. Une cheminée était installée dans l'angle nord-est ; une pierre foyère en grès posée sur chant étant intégrée dans la maçonnerie. Un petit placard-niche est aménagé dans le mur sud. Le sol est un plancher, les murs sont enduits et peints avec un décor de fausses plinthes.
Rez-de-chaussée surélevé, logis. Vue de volume prise de l'ouest. Rez-de-chaussée surélevé, logis. Mur sud, petit placard-niche. Rez-de-chaussée surélevé, logis. Sol en plancher.
La séparation entre le rez-de-chaussée et l'étage de comble a disparu ; il s'agissait d'un plancher sur solives. L'accès à ce comble, qui abritait un pigeonnier, se faisait très probablement par une trappe et une échelle. La baie d'envol du pigeonnier est ouverte côté est.
Etage de comble, pigeonnier. Mur est, baie d'envol. Pignon est, troisième niveau. Baie du pigeonnier avec appui formant larmier et grille d'envol en menuiserie.
Structure et matériaux
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons de grès et de calcaire, avec des chaînes d'angles en gros moellons équarris. Les élévations conservent un enduit lisse ou rustique selon les côtés. Les piédroits des ouvertures sont montés en moellons équarris ou en briques pleines (jour de la remise-étable et baie du pigeonnier), avec un linteau droit en bois. La fenêtre du logis est équipée de deux vantaux vitrés. La baie du pigeonnier pigeonnier, qui dispose d'un appui saillant constitué par une dalle de grès, est fermée par une grille d'envol en planches, percée de 8 trous circulaires.
Pignon est. Elévation nord. Elévation nord, détail de la maçonnerie. Chaîne d'angle sud-est. Pignon est, premier niveau. Jour de la remise-étable. Pignon est, deuxième niveau. Fenêtre du logis.
Le toit à longs pans est couvert en plaques ondulées de fibro-ciment remplaçant la couverture originelle en tuile creuse. L'avant-toit et la saillie de rive des pignons est réalisée par un rang de génoise peint en blanc ; leur passage aux angles du bâtiment est traité en éventail.