HISTORIQUE
Le château du Rival ou Rivail aurait été édifié au milieu du XIVe siècle. Après l'abandon du château-fort, situé non loin de là sur la colline de Frustel, il serait devenu la résidence du seigneur majeur du mandement de Montorcier (Ranguis, p. 124). La date 1359, gravée au XIXe siècle sur la nouvelle porte de la façade sud-ouest, a peut-être été voulue par le propriétaire de l'époque pour commémorer la construction du château originel.
Le château du Rival a été racheté en 1590 par la famille du Serre qui avait d'autres possessions dans le Champsaur, en particulier le château de Saint-Léger. Cette famille a sans doute fait transformer ou même entièrement reconstruire le Rival. Ses armoiries ornent le bassin de la fontaine ainsi qu'un bas-relief, daté de 1633, autrefois fixé sur la façade sud-ouest, aujourd'hui en remploi sur le manteau d'une cheminée récente.
Selon l'abbé Ranguis (p. 124), la chapelle du château du Rival a été consacrée le 13 juillet 1597 par Pierre Paparin de Chaumont, évêque de Gap, sous le titre de Sainte Marie. Noble Charles du Serre assistait à la cérémonie.Selon Joseph Roman (Répert. arch., col. 83), le château était "à l'origine" constitué par un quadrilatère cantonné de quatre tours rondes. Il ne précise pas s'il parle de la période médiévale ou de la reconstruction du XVIIe. L'édifice actuel, formé de deux ailes perpendiculaires, accostées d'une tour ronde et d'une tour polygonale, a une allure XVIIe. L'escalier rampe sur rampe en pierre de taille, les demi-croisées, les baies chanfreinées et les décors peints du plafond du premier étage concordent avec la date 1633 autrefois sur la façade.
Toujours selon l'abbé Ranguis (p. 124), Henry Moncheny-Bonnabel, né protestant, bourgeois d'Orcières et avocat à la cour au parlement du Dauphiné, acheta le 6 janvier 1750 le domaine du Rival à messire Charles Balthazar du Serre.
Le château a été restauré à plusieurs reprises par la suite. La façade sud-ouest a été partiellement repercée au XIXe siècle. Une partie du rez-de-chaussée a été transformé milieu XXe siècle.
DESCRIPTION
Situation
Édifice isolé, à proximité de la colline de Frustel, où se dressait le château-fort médiéval, et du manoir de Prégentil.
L'édifice n'a été que partiellement visité.
Parti d'ensemble
L'édifice est formé de deux ailes perpendiculaires. La façade sud-ouest est cantonnée de deux tours, de plan circulaire à l'0uest, de plan octogonal au sud. La façade sud-ouest est précédée par une esplanade, reliée à une terrasse située plus bas par un escalier isolé en pierre de taille.
Le château. Vue de volume prise du sud.
Château. Façade sud-est, vue d'ensemble.
A proximité du château se dressent deux dépendances agricoles. L'une d'elles (parcelle 67) comporte encore, en façade sud, les vestiges de deux baies en accolade d'allure XVIe.
La fontaine actuelle, adossée contre un massif de rocaille, réutilise le bassin d'une ancienne fontaine. Celui-ci est circulaire, monolithe, sans doute en grès, et orné des armes de la famille du Serre. La fontaine d1 origine devait comporter un fût d'arrivée d'eau central à quatre canons.
Matériaux
Murs : moellons sans chaîne en pierre de taille ; enduits.
Escalier intérieur, chambranles des portes intérieures : pierre de taille de couleur noire ; grès ?
Baies extérieures : grès. Pierre de taille.
Couvrements des pièces 3, 5, 6 et 7 : plafond "à la française". Les solives disposées de façon oblique par rapport à l'axe des poutres, forment un motif de chevrons.
Couvrement de la chapelle : plafond "à la française" avec solives en chevrons, comme pour les autres pièces de l'étage. A conservé son décor peint. Les poutres sont bordées par une frise en bois sculptée et peinte.
Couvrement des chambres 8 et 9 : plafond plâtré qui peut masquer un plafond "à la française" comme celui décrit plus haut.
Couvrement de la chambre du deuxième étage située au-dessus de la chambre voûtée 4 : plafond à la française.
Sol du rez-de-chaussée : carrelage récent.
Sol du premier étage : plancher de mélèze.
Dans la chambre 6, les planches sont disposées en chevrons.
Couverture
La tour d'angle ouest. Vue d'ensemble.
Château. Départ de l'escalier intérieur, et porte de la cuisine actuelle.
La tour ouest est coiffée d'un toit conique couvert d'ardoise, et est couronnée d'une croix en ferronnerie. La flèche polygonale à égoût retroussé de la tour sud est couverte d'un matériau synthétique imitant l'ardoise comme le reste des toitures. Un épi de faîtage en métal couronne la tour sud, une girouette (dont la date n'est pas visible) la croupe qui réunit les deux ailes du château.
Distribution intérieure
Au sommet de la première volée d'escalier, à proximité de la porte des lieux d'aisance, se trouve un petit lavabo en marbre, surmonté d'un décor en gypserie.
Le couvrement de l'escalier est orné d'un décor stuqué.
Seul le plafond de la chapelle a conservé son décor peint XVIIe : rinceaux se prolongeant par des anges agenouillés se faisant face deux à deux. Les murs sont habillés, jusqu'à mi-hauteur, d'un lambris de revêtement en noyer, sans doute XIXe ou début XXe.
Sur les vitres de la demi-croisée qui éclaire la chapelle est collée une feuille colorée imitant un vitrail (vitrauphanie).
Le mobilier de la chapelle (tableaux, statues, table) est de la fin du XIXe ou du début du XXe.
Chapelle du premier étage. Détail du plafond.
NOTE DE SYNTHÈSE
Le château n'a été visité que partiellement, ce qui interdit toutes conclusions. Néanmoins, la présence de vestiges médiévaux ne paraît pas évidente. Il est possible que les pièces voûtées, au nord, soient antérieures aux parties plafonnées.
Ce bâtiment, très transformé aux XIXe et XXe siècles, paraît dans son ensemble du début du XVIIe siècle et s'apparente au château de Saint-Léger (05. Canton de Saint-Bonnet) construit à la même époque.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.