Dossier d’œuvre architecture IA04003141 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
ensemble agricole
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Thorame-Basse
  • Lieu-dit le Barri
  • Cadastre 2020 B 1130, 1271
  • Dénominations
    ensemble agricole
  • Parties constituantes non étudiées
    fenil, bergerie

L'ensemble est constitué de trois bâtiments, les deux premiers formant un tout composite rassemblant les fonctions de bergerie et de fenil, le troisième correspondant à une bergerie-tunnel contemporaine qui ne répond plus aux standards de mise en oeuvre locale. Il traduit l'évolution d'une exploitation vers l'élevage ovin exclusif, et la progressive extension de cette exploitation au fil du 20e siècle au fil de l'agrandissement du cheptel et de ses besoins en herbe. On notera que tous ces bâtiments sont dépourvus de la fonction de logis. La tête d'exploitation n'est donc pas prise en compte. Elle n'a au demeurant plus aucune fonction agricole puisque entièrement dévolue à la fonction d'habitation. En ce sens, elle marque un changement observé ailleurs : la présence d'un pavillon d'habitation contemporain dissocié voire éloigné des activités de production (ou, ici, d'élevage), nouvelle forme de l'organisation de l'exploitation.

Vue de situation depuis le sud-est.Vue de situation depuis le sud-est.

I. Les deux premiers bâtiments forment un bloc composite qui marque le progressif basculement vers une activité d'élevage exclusif

Les deux premiers bâtiments, construits initialement au début du 20e siècle, présentent une mise en oeuvre classique sur le territoire communal, mêlant moellons de calcaire et de grès pour les parties les plus anciennes, non enduites, puis parpaing artisanal, non enduit, et parpaing de béton partiellement enduit.

Bâtiment 1 : unité morpho-fonctionnelle en dépit d'une extension

Le premier bâtiment (1), le plus à l'ouest, est composé de deux niveaux et prend place sur son gouttereau en bordure du chemin qui mène au village à proximité immédiate. Le premier niveau (1a) est construit en maçonnerie traditionnelle, qui constitue un rez-de-chaussée et tient lieu de bergerie, avec deux portes en façade sud, dont une charretière. Les ouvertures allongées qui ponctuent cette façade, pour éclairer et aérer l'espace intérieur, témoignent d'une fonction de bergerie pour troupeau ovin. La maçonnerie est enduite à ce niveau. L'étage de comble, volumineux (1b), a été monté en parpaing artisanal non enduit et sert de fenil avec deux portes hautes au sud, et une en façade nord.

Le bâtiment 1 (a et b) depuis le sud.Le bâtiment 1 (a et b) depuis le sud. Vue intérieure de la bergerie au rez-de-chaussée du bâtiment 1, prolongée par celle du bâtiment 2 (a) à l'est.Vue intérieure de la bergerie au rez-de-chaussée du bâtiment 1, prolongée par celle du bâtiment 2 (a) à l'est.

Bâtiment 2 (extension) : un ensemble plusieurs fois agrandi

A ce premier bâtiment couvert d'un toit à longs pans recevant un toit en tôle ondulée fut adjoint un autre bâtiment contre le pignon est, sur deux niveaux, en maçonnerie traditionnelle et galets non enduite (2a). Il correspond à une extension de la bergerie (en partie basse), dont l'accès s'effectue exclusivement par l'intérieur de la première bergerie, surmontée d'un fenil en étage de comble. L'étage de comble n'a pu être observé, et n'est plus accessible depuis l'extérieur. Aucune porte haute n'est discernable cependant. En outre, il est bien plus bas que celui du bâtiment initial à l'ouest, ce qui signifie que l'étage de comble ne pouvait contenir une grande capacité de stockage en fourrage.

Cette adjonction a elle-même fait l'objet d'une extension par le pignon est, en harmonisant la ligne de toiture à long pans et pente douce, répondant aux mêmes caractéristiques de mise en oeuvre, et sur deux niveaux (2b). La pente du terrain, certes plus accusée, ne conduit toutefois pas à considérer le premier niveau comme un étage de soubassement, mais toujours comme un rez-de-chaussée légèrement décaissé. Il est surmonté d'un étage de comble qui, cette fois, sur son gouttereau nord, dispose d'une porte haute pour accéder au fenil. Le mur-pignon est de l'agrandissement ne disposant pas d'une porte d'accès et l'intérieur n'ayant pu être visité, on suppose qu'une communication existait avec la première adjonction orientale (par le pignon), voire par le gouttereau sud.

Les bâtiments 1 (à l'arrière-plan) et 2 depuis le nord-est.Les bâtiments 1 (à l'arrière-plan) et 2 depuis le nord-est.

Or, une seconde extension montée en parpaing artisanal (2c) est venue se greffer par le sud (en gouttereau) le long des bâtiments 2a et 2b, prolongeant la pente de la toiture sur son versant sud, venant former un L avec le bâtiment 1 et ainsi l'amorce d'une cour ouverte par ailleurs goudronnée. Ce bâtiment 2c, traversant, tient lieu de bergerie ouverte sur ses deux pignons est et ouest par une porte charretière, sur rail coulissant côté est. Le gouttereau sud est percé de deux fenêtres (pour l'éclairage et l'aération des bêtes), peut-être davantage à l'origine, mais une troisième extension (2d) fut ajoutée côté sud, là encore dans le prolongement de la pente du toit, qui vient masquer d'éventuelles ouvertures préexistantes. Construite en parpaing de béton non enduit cette dernière extension s'aligne avec la façade est formée par les pignons des adjonctions 2b et 2c mais présente un décrochement avec le pignon ouest de la bergerie 2c. Il s'agit en réalité d'une remise occultée par une cloison aveugle sur les pignons mais ouverte entièrement côté sud avec un poteau en bois intermédiaire pour soutenir le toit en appentis. Une dalle de béton a été coulée pour rattraper ici la déclivité du terrain.

Vue des bâtiments 1 (au premier plan) et 2 (avec ses extensions c et d) depuis le sud-ouest.Vue des bâtiments 1 (au premier plan) et 2 (avec ses extensions c et d) depuis le sud-ouest.

Vue du bâtiment 2 avec ses extensions b, c et d en mur-pignon est.Vue du bâtiment 2 avec ses extensions b, c et d en mur-pignon est.

Les deux premiers bâtiments constituent une unité fonctionnelle malgré une organisation par ajouts successifs

Il résulte de ces deux bâtiments un ensemble composite, modifié au fil du temps et faisant intervenir des modes de mise en oeuvre pluriels. Pourtant, les extensions ont contribué à former une unité fonctionnelle dédiée à l'élevage ovin, qui s'est accrue de manière logique et présente une organisation rationnelle.

II. La bergerie-tunnel : une extension dissociée qui confirme la nature du basculement ainsi que la rupture architecturale

Dès lors, il n'était plus possible d'associer de nouveaux bâtiments à l'ensemble préexistant. L'accroissement de l'exploitation dans le sens de la monoactivité d'élevage (et des besoins afférents comme la culture de l'herbe) s'est donc tournée vers l'ajout d'une forme architecturale "hors-sol" mais caractéristique de l'évolution contemporaine de l'élevage ovin, la bergerie-tunnel (3). Disjointe du reste même si située à quelques mètres à l'est, elle constitue le complément indispensable (et désormais fort répandu y compris sur la commune et le territoire d'étude) des bâtiments déjà construits.

La bergerie-tunnel (3) depuis l'ouest.La bergerie-tunnel (3) depuis l'ouest.

Son architecture standardisée ne correspond certes pas à la mise en oeuvre traditionnelle locale (déjà agrémentée du parpaing artisanal puis de béton), mais elle répond efficacement à l'objectif d'une rationalisation des pratiques d'élevage. Construite rapidement sur une base maçonnée en parpaing de béton pour les pignons en arche et les arases de murs sur les gouttereaux, elle reçoit une charpente métallique légère en aluminium. Le vaisseau unique est couvert d'une bâche ignifugée et l'intérieur est modulable grâce à des barrières. Les habituelles mangeoires basses en bois sont complétées par du matériel en zinc ou en aluminium, à la fois solide et aisément transportable.

Vue de volume, de la structure et de l'organisation intérieures de la bergerie-tunnel.Vue de volume, de la structure et de l'organisation intérieures de la bergerie-tunnel.

L'ensemble agricole qui résulte de cette exploitation ovine permet d'observer comment s'accroît un élevage, quels sont ses besoins et comment s'adapter sur le plan architectural à son évolution graduelle tout au long du 20e siècle. La première réponse consiste à procéder par extensions successives, en conservant l'objectif d'une rationalité globale au fil des agrandissements, qui sinon peuvent conduire à complexifier le fonctionnement de l'exploitation. L'architecture doit s'adapter à ces exigences. Puis vient un point de rupture où le développement nécessite une réponse complémentaire qui exclut le recours aux formules classiques : c'est l'ajout d'un élément architectural extérieur dédié spécifiquement adapté aux besoins stricts de l'élevage ovin : la bergerie-tunnel constitue le marqueur de l'entrée dans la modernité et entérine la monoactivité d'élevage. L'ensemble agricole ici étudié offre l'opportunité d'étudier les différentes séquences de la bascule progressive vers une forme nouvelle d'économie agricole, aux plans fonctionnel et architectural.

L'ensemble se compose de trois bâtiments, dont le premier n'est pas antérieur au début du 20e siècle, vraisemblablement avant la Première Guerre mondiale. Il a fait l'objet d'agrandissements successifs par adjonctions, d'abord rapidement après l'édification initiale, en passant du moellon au parpaing artisanal, puis, dans la seconde moitié du 20e siècle, au parpaing de béton. Le second bâtiment, lui-même construit au début du 20e siècle et donc presque simultanément, a été agrandi durant la seconde moitié de ce même siècle avec du parpaing de béton. Le troisième - qui correspond à la bergerie-tunnel - date du dernier quart du 20e siècle. L'ensemble est toujours en activité aujourd'hui et sert de bergerie ainsi que de lieu de stockage pour le fourrage nécessaire à l'alimentation du troupeau.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle

L'ensemble compte trois bâtiments organisés en deux groupes, le premier comptant deux bâtiments, avec adjonctions successives.

Premier groupe (deux bâtiments). Les deux premiers bâtiments, construits initialement au début du 20e siècle, présentent une mise en oeuvre classique sur le territoire communal, mêlant moellons de calcaire et de grès avec du galet pour les parties les plus anciennes, non enduites, puis parpaing artisanal, non enduit, et parpaing de béton partiellement enduit pour les adjonctions les plus récentes. Ils sont constitués de deux étages : un rez-de-chaussée surmonté d'un étage de comble. Les toits à longs pans sont couverts en tôle ondulée.

Deuxième groupe (un bâtiment). Le troisième bâtiment correspond à une bergerie-tunnel (en rez-de-chaussée) qui ne répond pas à la mise en oeuvre traditionnelle de l'architecture locale (parpaing de béton, charpente métallique tubulaire et couverture en matière synthétique légère).

  • Murs
    • calcaire moellon
    • grès moellon
    • galet
    • parpaing de béton enduit partiel
  • Toits
    tôle ondulée
  • Étages
    rez-de-chaussée, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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