En mars 1963, le Préfet des Basses-Alpes informe le Ministère des Rapatriés (Service de Reclassement des Français d'Indochine et Français Musulmans) des possibilités d'implantation d'une 4e harka dans le département. C'est Yvan Durand, inspecteur départemental des anciens Harkis, en accord avec le conservateur des Eaux et Forêts et l'ingénieur en chef du Génie Rural, qui trouve le terrain. Les conditions préalables sont réunies : accès à l'eau potable, branchement électrique possible à proximité, école à 150m avec une seule classe qui serait complétée par une classe préfabriquée. L'ingénieur en chef des Eaux et Forêts est chargé dès juillet 1963 de passer les différents marchés avec les entreprises pour les travaux de viabilisation et de l'achat des logements préfabriqués composés de 15 baraquements soit 30 logements qui doivent être livrés pour le 15 septembre au plus tard. Le hameau est installé au quartier du Logis Neuf sur un terrain appartenant à M. Sauvaire-Jourdan (minotier à Sisteron) loué 600F par an au Ministère des Rapatriés. Le terrain d'une superficie de 1ha33 est situé à 1,8km du centre-ville de Sisteron, en bordure de la RN 96 vers Gap juste après le silo de la coopérative départementale, à peu près en face de l'usine SAPCHIM. Le bail est signé pour 9 ans à compter du 1er août jusqu'au 31 juillet 1972. Le 3 mai 1963 le préfet des Basses-Alpes avise le conservateur des Eaux-et-Forêts de prendre les dispositions nécessaires à l'accueil des forestiers futurs salariés des Eaux et Forêts qui participeront au montage et à la construction des baraquements dont des Harkis des forestages d'Ongles et Jausiers. Il fait part de l'arrivée des anciens supplétifs et leurs familles le 1er novembre 1963 à l'Inspecteur d'Académie de Digne afin qu'il anticipe l'arrivée des enfants scolarisables. Le chantier doit accueillir 28 familles harkies à partir du 1er décembre 1963. Un baraquement en préfabriqué faisant office de salle de classe est en cours de finalisation en novembre 1963. C'est l'entreprise Gunz qui est chargée de la construction des 28 logements dont ceux du personnel d'encadrement pour un coût évalué à 280000F auquel il faut adjoindre les sommes de 56000F pour le mobilier et la même somme pour les travaux de VRD. Le financement du hameau provient des crédits alloués initialement au hameau de Bayons dont le projet est abandonné.
Un poste de télévision est installé dans le foyer des Harkis (salle de réunion) en octobre 1964. En février 1965 il manque des crédits pour l'installation de l'éclairage inexistant au hameau dont les travaux sont pratiquement terminés. Des travaux d'aménagement complémentaires doivent porter sur la chaussée intérieure initialement en terre. En mai 1965, Yvan Durand, inspecteur des villages de forestage sollicite des crédits supplémentaires au préfet pour compléter des travaux d'aménagements nécessaires portant sur la voirie, l'éclairage public du hameau, le forage d'un second puits à raccorder à la station de pompage, le traitement des eaux usées. La construction de 28 appentis attenant à chaque mur pignon permettra d'agrandir la surface de rangement. Ces locaux construits en bois seront couverts de fibrociment. 2 baraquements de 4 logements chacun provenant d'un hameau fermé compléteront l'ensemble. Un téléphone est également installé. D'autres travaux sont effectués au cours de l'année 1967.
Dès 1966 il est question de la fermeture anticipée du hameau prévue au départ pour l'année 1969, du fait de la désaffection de la main-d'œuvre qui quitte les chantiers pour des emplois mieux rémunérés dans le secteur privé. Dans une lettre qu'il adresse au Ministre le 1er juin 1966, le Préfet Y. Pérony demande que les familles de Harkis puissent "continuer à bénéficier, tout en payant un loyer, des logements et des installations édifiés à leur intention après la fermeture du hameau et du chantier" (AD04 15 W72).
Les enfants (16 élèves de 5 à 13ans) sont provisoirement scolarisés dans une classe d'adaptation improvisée dans la salle de réunion du hameau (devant servir pour des cours de formation ménagers destinés aux femmes) ; en 1964 la décision de les transférer dans un baraquement situé dans l'enclos de l'école de la Bousquette est contestée par des familles d'élèves européens.
En 1973, 24 familles sont relogées en H.L.M. ; 7 familles vivent encore au "hameau dont les bâtiments sont en mauvais état", en attente d'un transfert (AD83 1290 W 14).
En 2010 le Musée Terre et Temps de Sisteron présente une exposition très documentée, sous la direction de l'historien Abderahmen Moumen, intitulée "Harkis de Sisteron, histoire d'un exil" qui retrace l'arrivée des Harkis dans les Basses-Alpes et particulièrement à Sisteron.
Une plaque mémorielle a été inaugurée dans les jardins de la mairie le 15 octobre 2016.
Chercheur pour le patrimoine industriel à l'Inventaire Nord-Pas-Calais de 1991 à 2018 (DRAC puis Région Nord-Pas-Calais dès 2007 et Hauts-de-France suite à la réforme des collectivités en 2016). Puis chercheur à l'Inventaire Provence-Alpes-Côte d'Azur à partir de 2018.