Dossier d’œuvre architecture IA04003039 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
demeure dite maison Brieu aujourd'hui immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Thorame-Haute
  • Adresse rue Haute
  • Cadastre 1827 E 107-108, 336-339,  ; 2019 E 378, 396, 398-399
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    immeuble
  • Appellations
    maison Brieu
  • Parties constituantes étudiées

1. Histoire (succincte) de la famille Boyer de Thorame-Haute

Les Boyer de Thorame-Haute étaient les représentants d'une famille de marchands très aisés qui travaillaient notamment dans le commerce du drap. En tant que notables, ils entretenaient un réseau relationnel et professionnel développé, notamment par le jeu de mariages arrangés afin de faire fructifier les affaires familiales. Maitre Pierre Boyer, marchand de Thorame, demandait ainsi conseil à son frère Jean, prêtre à Digne depuis 1679, pour marier sa fille Marguerite en 1691. Jean fut curé dans le Diois puis chanoine de la cathédrale de Crest à la fin du XVIIe siècle. Les Boyer de Thorame étaient également apparentés à Etienne Boyer, vicaire de St-André. En 1739, le beau frère d'Alexandre Boyer, Sr Jean-Baptiste Fabre, marchand de Colmars, fut élu à la charge honorifique de Premier consul de sa commune. Les relations familiales s'étendaient sur une zone géographique étendue. On sait par exemple qu'en 1719 le même Alexandre Boyer faisait porter des fromages (dits tomes de Thorame) à son cousin Pascalis, bourgeois à Aix en 1717. Les liens étaient avérés aussi avec Marseille (cousins homonymes marchands) ou encore Toulon [1]. La famille, localement reconnue, remplit ainsi des charges honorifiques : Bonnaventure Boyer notamment fut élu maire de Thorame-Haute en 1792.

Jean Baptiste André Boyer, bourgeois de Thorame-Haute alors âgé de 69 ans, disposait de quatre domestiques au recensement de 1836, puis de cinq à celui de 1851, preuve de son statut élevé dans la société locale.

2. La propriété de Jean-Baptiste André Boyer de Thorame

2.1. Un foncier éclaté sur quatre communes1

La propriété de Jean Baptiste André Boyer est passionnante à restituer dans ses limites de 1825-1827. Elle illustre d’abord un modèle de propriété éclatée à grande échelle. L’ensemble des biens de Jean Baptiste André Boyer s’étendait en effet sur quatre communes du territoire d’étude : Thorame-Haute, Clumanc, Colmars et Allos. Ces deux dernières communes seules sont limitrophes entre elles mais les quatre zones de foncier étaient quant à elles distinctes. La dispersion géographique traduit une mise en valeur complexe, duelle et complémentaire autant que spécifique, combinant le faire-valoir indirect (fermage vraisemblablement) et la gestion directe (faire-valoir direct). En outre, l’analyse des composantes du domaine indique une spécialisation dans le sens de l’élevage extensif, lequel générait l’essentiel des revenus. L’exploitation de Jean Baptiste André Boyer s’inscrit aussi ponctuellement dans le registre de la mutualisation des ressources entre propriétaires, à travers le régime du consortage, régulièrement établi dans le cadre de l’économie d’estive. Elle montre enfin à quoi pouvait ressembler un grand domaine bourgeois au lendemain de la Révolution française, tant dans l’étendue de son foncier (2 134 ha), le niveau de la valeur foncière, le revenu cadastral de l’ensemble (environ 3 800 francs [2]), que dans le raffinement du décor de sa demeure villageoise, très modifié aujourd’hui.

Localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer à l'échelle du Pays A3V.Localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer à l'échelle du Pays A3V.

Les quatre parties de la propriété, thoramienne, clumançaise, colmarsienne et allossarde, différaient de manière sensible. La première, relativement modeste, rassemblait 13,5 hectares, au sein desquels la spécialisation des cultures traditionnelles céréalières s’imposait sans contredit, avec 35 parcelles de labours totalisant plus de 10 ha, soit 80 % du bloc thoramien. En outre, le classement des emblavures démontre la qualité avérée de ce type de foncier. 76 % des labours relevaient des « bonnes » et « très bonnes » terres, qui garantissaient la rentabilité de cette portion de l’exploitation. La partie clumançaise était plus étendue, avec 55 parcelles correspondant à un foncier supérieur à 80 ha, dont un peu plus de la moitié en terres labourables (45,8 ha). Elle s’organisait en deux exploitations commandées chacune par une grosse ferme dans le terroir. Si la quantité d’emblavures s’avérait bien plus importante qu’à Thorame-Haute, elle était aussi de qualité moindre en proportion (environ 60 % de terres médiocres et mauvaises). Mais en chiffres absolus, elle représentait un revenu cadastral élevé – environ 1 250 francs – de plus de deux fois supérieur à celui de la partie thoramaise (estimée à 706 francs) [3]. La partie colmarsienne présentait une tout autre configuration et extension, avec 210 ha dont 157 de pâtures, l'ensemble étant dédié à l'économie pastorale pour un revenu estimé de plus de 300 francs [REF=IA04003122]. La partie allossarde enfin reprenait les caractéristiques de la précédente en les accentuant de manière tout à fait spectaculaire, totalisant 1 831 ha de foncier exclusivement tourné vers l’activité d’élevage, avec quelque 1 093 ha de pâture – chiffre immense – et 735 de terres vagues, dont on sait qu’elles pouvaient jouer un rôle complémentaire dans l’activité de dépaissance du bétail. Reste que toutes ces estives allossardes n'appartenaient pas uniquement à Jean Baptiste André Boyer ; il en mutualisait une partie sous la forme de consortages, avec plusieurs propriétaires, qui n’étaient d’ailleurs pas les mêmes d’une pâture à l’autre. Cette forme contractuelle très répandue dans l’économie de l’alpage, définie par des statuts et des règlements écrits, précise les modalités de gestion et d’utilisation commune du travail et des biens collectifs (partage de la ressource, usage concomitant ou successif des édifices – cabanes, bergeries – et des aménagements afférents, etc.). Les consortages incluant Jean Baptiste André Boyer représentaient près de 902 ha (la moitié ou presque de ses biens à Allos), dont 394 ha de pâture, soit plus du tiers de l’ensemble des estives de ce dernier. En ce sens, il entrait dans une pratique normée qui lui permettait d’accroître ses espaces de pâture tout en limitant les risques, les charges étant fractionnées en autant de copropriétaires selon leur part respective consignée contractuellement.

Il convient d’ajouter au foncier un patrimoine bâti substantiel, tant en nombre de composantes agricoles totalisant une surface utile cumulée considérable, qu’en l’existence d’une demeure imposante, marqueur du statut élevé de son propriétaire. Le capital immobilier de Jean Baptiste André Boyer s’appréciait alors en bâtiments fonctionnels nombreux (2 fermes à Clumanc, 7 dépendances agricoles à Thorame-Haute, 6 cabanes et bergeries avec enclos à Allos, 2 cabanes à Colmars) mais aussi en logis (3 maisons et une demeure à Thorame-Haute) et en espaces d’agrément (dont un pavillon sis dans l’un des vergers). L’intérêt de l’exploitation réside dans la diversité des modes de faire-valoir, qui scinde la propriété de Jean-Baptiste André Boyer en autant de configurations adaptées aux besoins. À Clumanc, les deux blocs, très vraisemblablement affermés, formaient l’exemple type de la ferme de terroir, qui travaillait de manière autonome dans son finage [4]. À Thorame-Haute, l’exploitation ne comprenait pas de ferme à proprement parler, entendue comme bâtiment à vocation agricole disposant d’un logis. On dénombre un seul entrepôt isolé dans le terroir, de dimensions bien modestes (27 m2 au sol), ce qui s’avère logique, dans la mesure où l’essentiel des terres labourables du domaine était concentré autour du chef-lieu. Ces terrains occupaient notamment la partie la plus riche des cultures communales, directement au sud du village, dont le toponyme rappelle encore aujourd’hui la destination : les Condamines, c’est-à-dire les terres les plus riches, réservées au seigneur. L’essentiel de la surface productive s’étalant aux franges de l’agglomération, il ne faut donc pas s’étonner que l’ensemble du patrimoine bâti de Jean Baptiste André Boyer, outre ses maisons, y prît place, avec pas moins de quatre entrepôts totalisant une surface au sol de 310 m2, auxquels s’ajoutait une partie de bâtiment rural (premier étage et galetas).

Etat et localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer à Clumanc, d'après le cadastre de 1837.Etat et localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer à Clumanc, d'après le cadastre de 1837.

Etat et localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer (et consorts) à Allos, d'après le cadastre de 1825.Etat et localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer (et consorts) à Allos, d'après le cadastre de 1825.

À Allos et Colmars, un schéma identique, plus radical encore, était à l’œuvre, puisque cette double partie de la propriété se déployait en milieu strictement isolé. En fait de bâti et d’aménagements afférents, on ne trouvait que des cabanes et des bergeries accompagnées d’enclos à moutons. La cabane ressortit bien à la fonction de logis. Sa vocation fondamentale et première, dans un espace exigu dépassant rarement 15 m2, est d’abriter le berger. Mais l’essentiel des aménagements pérennes, en termes de surface, concerne les enclos, soit près de 7 000 m2 cumulés. Cela donne d’ailleurs une vague idée de la taille des troupeaux susceptibles d’y séjourner [5]. Il faut donc considérer la partie allossarde (complétée par l'ensemble pastoral du Carton, à Colmars) comme entièrement tournée vers l’activité d’élevage, pilotée depuis Thorame-Haute, dont le chef-lieu représentait la « tour de contrôle » de l’exploitation mais aussi le « siège social » de son propriétaire. Jean Baptiste André Boyer y possédait quatre maisons (parcelles E 257, 259, 266 et 338) totalisant 711 m2 de surface au sol, dont deux respectivement de 263 (avec la cour) et 340 m2. Un jardin clos, attenant à cette dernière habitation et abritant un verger de fruitiers de près de 2 800 m2, a aujourd’hui disparu. Restait celui, plus vaste, de la parcelle E 108 (dépassant 4 000 m2), qui appartenait également au sieur Boyer. Au milieu des poiriers enceints par un mur de clôture s’élève toujours une dépendance (ancienne parcelle E 107), davantage lieu de délassement à l’abri des regards qu’entrepôt agricole. Le bâtiment est couvert d’un toit de tuile plate. Les murs intérieurs de la pièce principale, au début du xxe siècle sans doute, furent recouverts d’un papier peint à décor de chasse à courre dont il subsiste quelques lambeaux. L’iconographie seyait tout particulièrement à la dernière destination du bâtiment, devenu pavillon de chasse [REF=IA04002363].

Etat et localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer à Thorame-Haute, d'après le cadastre de 1827.Etat et localisation de la propriété de Jean-Baptiste André Boyer à Thorame-Haute, d'après le cadastre de 1827.

2.2. La "maison Brieu"

La « maison Brieu », selon son appellation actuelle (ancienne parcelle E 338), volumineux bâtiment de quatre étages comprenant un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, deux étages carrés et un grenier, a subi des modifications dans l’aménagement des pièces de l'étage de soubassement notamment, réalisées en partie au cours de la phase de réorganisation interne de l’édifice, au milieu des années 1970. Cette intervention empêche d’identifier avec certitude la fonction de ces espaces. On peut raisonnablement penser qu’ils devaient accueillir du bétail ainsi que des chevaux, même si aucune mangeoire maçonnée n’a subsisté. Des brebis ? Cela ne correspond pas à l’idée d’une demeure bourgeoise. Ce niveau servait aussi de grande remise pour les carrioles, et peut-être aussi de stockage pour le foin, car le bâtiment n’avait pas de fenil et était accompagné d’une dépendance : la séparation entre les deux bâtiments déterminait un espace libre au sol, caladé avec des galets noyés dans le mortier, formant une cour couverte. Cet aménagement est difficile à dater, mais ne semble pas antérieur au début du 20e siècle, à l'instar d'une partie de l'étable voûtée d'arêtes donnant sur la Grand Rue, dont le mode de couvrement paraît repris d'après un plafond charpenté (l'appareillage des voûtes en galets est visiblement collé sur les murs de structure). En tout cas, les deux modes (plafond charpenté et voûtes d'arêtes, sont présents en soubassement, avec un espace de circulation côté opposé à la Grand Rue qui traverse le bâtiment dans sa longueur et qui permet, par des passages en arcades plein-cintre de distribuer les différents espaces intérieurs en profondeur).

Vue cavalière d'ensemble de la demeure dans la rue Haute.Vue cavalière d'ensemble de la demeure dans la rue Haute. Cage d'escalier : palier.Cage d'escalier : palier.

On ne saurait donc considérer cet ensemble comme une ferme à proprement parler, mais à l’évidence plutôt comme une solide demeure – elle comportait, selon l’état de section correspondant en 1827, 26 portes et fenêtres – qui, outre ses modifications extérieures, a été l’objet d’un remaniement très important dans sa distribution intérieure consécutif à sa transformation en immeuble à logements à la fin des années 1970. La porte d’entrée est restée inchangée, inscrite dans un encadrement en pierre de taille calcaire dessinant un arc en anse de panier. L’escalier de l’habitation, tournant à retour avec jour central, a subsisté, avec son garde-corps en fer forgé courant jusqu’au troisième et dernier étage d’habitation. Il a également conservé, au départ de la rampe ainsi qu’à chaque palier, une urne en bronze fondu, ornement décoratif très fréquent qui souligne sobrement la qualité du propriétaire. La demeure contenait surtout à l’étage noble un salon décoré d’un papier peint illustrant des épisodes du Voyage de Télémaque. Rien d’ostentatoire ici : l’aménagement demeure cantonné à la sphère privée et réservé aux visites prenant place dans un cadre relationnel choisi. Il désigne toutefois un statut social supérieur, tant par le sujet que par les moyens dévolus à la représentation.

2.3. Le décor de papier peint

L’histoire de ce papier peint panoramique, très vraisemblablement détruit lors de la réfection de l’immeuble, et connu in situ par une seule photographie ancienne en noir et blanc, permet d’éclairer le choix décoratif opéré par la famille Boyer. Il s’agit du Paysage de Télémaque dans l’île de Calypso, créé entre 1815 et 1820 et dessiné par Merry Joseph Blondel, Louis Lafitte et Xavier Mader pour la manufacture Joseph Dufour, d’après le roman philosophico-didactique écrit par Fénelon en 1699 à l’intention des élèves royaux, Les aventures de Télémaque. La scène historiée rassemble en une image unique, constituée de 25 lés, différents épisodes, directement tirés de l’œuvre – tels que l’arrivée de Télémaque et Mentor sur l’île de Calypso et leur accueil par la nymphe, le récit des aventures de Télémaque et Mentor à Calypso et à ses nymphes – ou à teneur plus décorative – telle qu’une danse de nymphes et offrandes à Pomone –, dans un ordre arbitraire [6]. Le Paysage de Télémaque dans l’île de Calypso fut édité à maintes reprises et par plusieurs manufactures au long du siècle, qui récupérèrent le catalogue de la maison Dufour. Balzac, décrivant le salon de la pension Vauquer dans Le père Goriot en 1834, y fait allusion pour critiquer un décor dont l’esthétique était désormais passée de mode. Cela complique d’autant la datation de l’exemplaire Boyer. Pour autant, un indice permet d’avancer une hypothèse « tardive », vers le milieu du xixe siècle. En effet, les premières impressions assemblaient des rectangles de papier d’environ 45 x 55 centimètres de papier ; ce n’est que dans un second temps, indéterminé, que la solution des lés continus fut adoptée [7].

Dans la maison Boyer, la seconde option semble avoir été choisie. Le panorama historié tient compte des dimensions du salon ainsi que des meubles intégrés qui interrompent la scène. L’image est ainsi coupée d’une trentaine de cm en partie haute ; les dessus-de-porte – correspondant au ciel ou aux frondaisons – ne sont pas recouverts. On remarque que le papier s’intègre au cadre architectural et tient compte du mobilier en place. Un meuble en bois avec corps bas débordant préexistait à la pose du décor, qui a dû être coupé, en laissant une frise décorative marquant la transition entre le mobilier et la scène historiée. Il faut souligner la volonté de mettre en place, en plus de la bordure, un décor de lambris dit « à la française », tous deux en papier peint également, avec un bas-lambris présentant une alternance de caissons rectangulaires horizontaux et verticaux, décoré chacun d’un motif géométrique et symétrique centré, sur fond sombre de couleur impossible à déterminer en l’état (voir la proposition de restitution de l’ensemble) [8]. La partie haute du « lambris » est réservée au papier peint panoramique, bordé à sa base et le long des éléments d’interruption – chambranle de porte, meuble encastré – par une frise décorative stylisée alternant une fleur quadrilobée et une autre en forme de losange. Le papier peint allant jusqu’à la corniche, il n’y avait pas de traitement d’attique, et le plafond, simple, présentait une succession de caissons larges délimités par les poutres enduites, avec modénature discrète au plâtre. L’ensemble possédait ainsi une réelle harmonie et une élégance certaine, à moindre coût – la technique se révélant moins dispendieuse qu’un décor original peint, mais manifestait aussi une volonté d’embellir son espace de vie et de réception. La référence signale aussi l’éducation du propriétaire, même si l’aspect didactique et édifiant de la source littéraire ne devait plus guère agir que comme un écho assourdi : le registre aimable, souligné par l’exotisme du paysage opulent, et à peine tempéré par le style néoclassique un peu sévère de certaines figures, prévalait évidemment.

Essai de restitution du décor de papier peint dans le salon du premier étage.Essai de restitution du décor de papier peint dans le salon du premier étage.

[1] Collomp Alain, 1983, respectivement p. 304. Ibid., p. 264 et 239. Voir la rubrique Références documentaires pour les précisions bibliographiques.

[2] Près de 3 250 francs, en retirant les revenus des consortages qui devaient être partagés entre les différents propriétaires.

[3] Selon de Réparaz André, 1978, t. III, p. 846, « on peut admettre que la grande propriété commence, dans notre région [La Provence basse et haute], à partir de 80-100 ha de surface et dès 200-250 F de revenu cadastral ».

[4] On relèvera la différence entre les deux exploitations : les terres labourables de la première, près du hameau de Douroulles (B1) rapportaient un revenu inférieur à 300 F ; celles dépendant de la seconde ferme, au lieu-dit la Cine (B5), dépassaient les 700 F, pour des superficies comparables. Le revenu respectif estimé de chacune des fermes (9,2 F contre 25 F), respectait ce rapport de 1 à 2,5 environ, comme s’il était couplé à celui des terres de rapport. De fait, la première ferme était classée en 4e catégorie quand la seconde l’était en 1e. Le nombre de portes et fenêtres – 3 contre 18 – va également dans le sens d’une distinction très nette entre la taille et la valeur des deux édifices.

[5] On compte environ une tête de bétail par m2 de parc à moutons. Mais la prudence impose de se garder d’une comptabilité purement cumulative, les cabanes et les enclos pouvant servir à tour de rôle ou de façon simultanée.

[6] Données techniques : papier continu à pâte mécanique, fond bleu brossé à la main, impression en 85 couleurs à l’aide de 2 027 planches de bois pour l’ensemble du décor.

[7] Hamburg Doris A., 1981, p. 92. Ce papier peint rencontra un succès certain : on en trouve des éléments conservés à Paris, musée des Arts décoratifs, mais aussi à Laval, musée du Vieux Château, ou encore dans son emplacement d’origine, à l’Hermitage, à la President Andrew Jackson’s Home, près de Nashville, Tennessee. La scène est toujours proposée à la vente : la maison Papiers de Paris la présente dans son catalogue 2016, à la rubrique « Antique Scenic Wallpapers ».

[8] Nous remercions ici vivement Monsieur Philippe de Fabry, directeur du musée du Papier peint de Rixheim, et Madame Georgette Pastiaux-Thiriat, du Centre de documentation Joseph Dufour-Tramayes, pour leur aide précieuse dans la tentative de restitution de ce décor.

1Ce sous-chapitre est repris de l'ouvrage "La ferme et le territoire en haute Provence" enrichi par par des recherches complémentaires (voir la rubrique Références documentaires).

La demeure, ainsi que ses principales dépendances, dont le rendez-vous de chasse, existaient en 1827, lorsque le cadastre fut levé. La demeure, résidence de la famille Boyer, pourrait remonter à la fin du 17e siècle. Elle a fait l'objet de profondes modifications dans la distribution intérieure à la fin des années 1970, pour devenir un immeuble à logements. C'est à cette occasion que le décor de papier peint au premier étage carré, selon un témoignage oral, aurait été détruit.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 17e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 4e quart 19e siècle

La demeure se présente comme un bâtiment de quatre étages (un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et deux étages carrés) construit en maçonnerie de moellon de calcaire et de grès, avec du galet en complément dans du mortier de chaux. L'entrée s'effectue côté Grand Rue. Le toit à longs pans et forte pente est recouvert en bac acier. Le toit de la remise tient lieu de terrasse avec garde-corps côté Grand Rue. L'espace intérieur est desservi par un escalier dans-oeuvre tournant à retours avec jour central.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • grès moellon enduit
    • galet enduit
  • Toits
    acier en couverture
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés
  • Couvertures
    • terrasse toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Typologies
    A1 : maison avec partie agricole, artisanale ou commerciale en partie basse
  • Représentations
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • REPARAZ, André de. La vie rurale dans les Préalpes de Haute Provence. Thèse de l'université d'Aix-Marseille II, 3 tomes. Lille : Atelier national de reproduction des thèses, 1978, 1 230 p.

    tome III, p. 846.
  • COLLOMP, Alain. La maison du père : famille et village en Haute-Provence aux XVIIe et XVIIIe siècles. Paris : P.U.F., 1983.

    p. 239, 264 et 304.
  • BRUNET, Marceline, DEL ROSSO, Laurent, LAURENT, Alexeï et MOSSERON, Maxence. La ferme et le territoire en haute Provence, dir. Marceline Brunet. Collection Cahiers du Patrimoine, n° 119. Lyon : Lieux Dits, 2019, 408 p.

    p. 228-233.

Périodiques

  • HAMBURG, Doris A. The In-Situ Conservation Treatment of a Nineteenth-Century French Scenic Wallpaper : "Les Paysages de Télémaque dans l'Île de Calypso". Dans : Journal of the American Institute for Conservation, vol. 20, n° 2, 1981, p. 91-99.

    p. 92.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Thorame-Haute, 1827 / Dessin à l'encre sur papier par Bonnete, Builly, Fortoul, Frison, Lambert et Laugier, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 219 / 001 à 019.

    105 Fi 219 / 019. Feuille levée par Builly.
  • [Reproduction de l'état des lieux de la pièce avec la tenture murale représentant le "Paysage de Télémaque dans l'île de Calypso, années 1970.] / Photocopie d’un tirage photographique autrefois conservé au service départemental de l’architecture des Alpes-de-Haute-Provence, années 1970. Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : non coté.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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