Dossier d’œuvre architecture IA04002986 | Réalisé par
Bonan Aurélie (Contributeur)
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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  • opération d'urgence
Édicule religieux dit campanile
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Commune Forcalquier
  • Lieu-dit La Citadelle
  • Cadastre 2017 G2 1626 Cette parcelle est celle du plateau de la Citadelle.
  • Dénominations
    édicule religieux
  • Appellations
    campanile

Localisation et genèse de l'édicule :

Logé sur le plateau de la Citadelle, à pic d'un rocher de safre (renforcé et consolidé par des tirants métalliques et des murs de pierre), l'édicule abritant le carillon de Forcalquier surplombe la ville, adossé à un garde-corps. Vue de situation : Forcalquier au pied de la colline de la Citadelle.Vue de situation : Forcalquier au pied de la colline de la Citadelle.Depuis ce belvédère situé à 620m, sont visibles à l'ouest les monts du Lubéron, à l'est, les Alpes et au nord, la montagne de la Lure. Encadré par deux des quatorze oratoires du rosaire, l'édicule est à proximité immédiate de la chapelle Notre-Dame-de-Provence et de la table d'orientation du Touring Club.Vue de situation : l'édicule à pic du rocher de safre.Vue de situation : l'édicule à pic du rocher de safre.

L'édicule est construit selon la volonté du chanoine Gabriel Blanc qui depuis 1919 dessert la chapelle Notre-Dame-de-Provence assisté d'un ou deux autres missionnaires. La première pierre de cette chapelle fut posée le 19 avril 1868 ; l'inauguration eu lieu en 1875. Les missionnaires sont bénéficiaires d'un bail : du 1er août 1919 au 1er août 1937, l'Hôpital-Hospice Saint-Michel, propriétaire du site depuis 1905, leur attribue la jouissance du plateau de la citadelle comprenant la chapelle Notre-Dame-de-Provence, "le petit bâtiment avec cloche autrefois affecté au culte", la citerne et le terrain environnant dont les vestiges de la tour, clocher de l'ancienne cathédrale, pour 30 francs par an. Il s'agit de créer un service cultuel et d'attirer les pèlerins. Auparavant, le 7 mai 1865, la ville avait cédé le site dont l'entretien était coûteux à la fabrique de la paroisse.

Forcalquier (B.-A.) : N.D. de Provence [et sa chapelle provisoire, pourvue de son unique cloche, en 1910].Forcalquier (B.-A.) : N.D. de Provence [et sa chapelle provisoire, pourvue de son unique cloche, en 1910].Les missionnaires acquirent le droit d'édifier "une tour pouvant servir à la fois de clocher avec bourdon [très grosse cloche au son très grave] et de carillon, d'observatoire avec poste de télégraphie sans fil, sous la condition que la tour ne pourra être établie qu'à l'est ou au sud-est de la chapelle pour ne rien nuire à la beauté de la citadelle du côté sud-ouest et du côté nord-ouest."

En lieu et place du "petit bâtiment", donc au nord-ouest de la chapelle Notre-Dame-de-Provence, un édicule abritant un carillon est érigé pour la première fois en 1925, mille ans après la date supposée de la translation des reliques de saint Mary à Forcalquier. Selon la tradition, le saint martyr, mort vers 650, reposait à Sisteron jusqu'à ce que l'évêque Arnulphe (parfois dénommé Arnoux) prenne la décision de son transfert secret craignant les invasions sarrasines - épisode daté aujourd'hui entre 949 et 955. Cet édicule est donc un des témoins de la ferveur forcalquiérenne dont bénéficia le saint. Lui furent dédiés notamment la concathédrale ruinée, un oratoire (à nouveau pourvu d'une statue en 1952) au lieu-dit Saint-Mary et l'une des représentations de saints du comté de Forcalquier ornant la chapelle Notre-Dame-de-Provence.

L'édicule de 1925 :

Le plan général de l'édicule dessiné par le chanoine Blanc est proche du rectangle. Les cloches et le mécanisme abrité, des abats-sons compensaient les dimensions modestes des ouvertures. Sa disposition intérieure nous est inconnue. Un campanile désignant un clocher au faîte d'un bâtiment, souvent construit en charpente, le terme d'édicule nous semble plus à propos et souligne l'originalité du carillon de Forcalquier, construit de plain-pied.Forcalquier. Carillon [sic] de Notre-Dame-de-Provence [en 1930]. E.L.Forcalquier. Carillon [sic] de Notre-Dame-de-Provence [en 1930]. E.L.

Sa façade est exposée au sud-est, faisant face à l'entrée de la chapelle Notre-Dame-de-Provence. Ornée de reliefs en gypse d'iconographie chrétienne, elle accueille sur le tympan de la porte d'entrée une Vierge à l'Enfant représentée en buste et entourée d'une nuée de cloches ainsi que saint Louis et Urbain II, hauts-reliefs, disposés dans des niches architecturées. Ces deux personnages évoquent deux événements de l'histoire de la ville en lien avec l'histoire nationale : le mariage de Marguerite de Provence, fille du comte de Forcalquier avec Louis IX, roi de France et les deux jours que le Pape Urbain II de retour de croisade passa dans la cité. Quatre chérubins et un écusson sculpté des lettres NDP se logent à la base de la toiture tandis que deux anges en prière encadrent un petit fronton triangulaire.

D'après un article de la Semaine religieuse du diocèse de Digne, du 10 septembre 1925, publié à l'occasion de l'inauguration du carillon, ces sculptures auraient été réalisées par le marquis Charles d'Autane, conservateur du musée de Forcalquier et le sculpteur marseillais Carli -vraisemblablement François Carli, d'après l'analyse stylistique.

Forcalquier. Notre-Dame-de-Provence. Carillon [sic] de ses cloches.Forcalquier. Notre-Dame-de-Provence. Carillon [sic] de ses cloches.

Le plateau de la citadelle qui domine Forcalquier fut inscrit à l'inventaire des sites dont la conservation présente un intérêt général par arrêté du 16 juillet 1931.

Le bail attribué aux missionnaires ne fut pas reconduit en 1937. Conformément à ce qu'il prévoyait, aucun remboursement au titre des travaux ne fut fait par l'Hôpital-Hospice mais les fonctions des édifices du plateau furent maintenues. Le mauvais état de l'édicule et les dissonances du carillon condamnèrent ce premier édicule, détruit puis reconstruit en 1939.

L'édicule de 1939 :

Vue de situation : l'édicule de 1939 et la chapelle Notre-Dame-de-Provence.Vue de situation : l'édicule de 1939 et la chapelle Notre-Dame-de-Provence.Toujours d'un plan approchant le rectangle et doté d'un petit fronton sommital, l'édicule de 1939 est de dimensions légèrement plus modestes (approximativement 5 m de haut et 4.70 m de large, pour 1.80 m de profondeur). Sa charpente est en bois ; deux toits à un pan s'articulent grâce à une arrête. De larges baies ouvrent l'élévation nord rendant possible la diffusion du son. Une porte aménagée dans l'élévation est permet au carillonneur le jeu à l'intérieur de l'édicule et le rend visible d'un auditoire.

Sa façade est divisée en deux parties superposées, de hauteur sensiblement égale, par une margelle courant sur toute la largeur de l'édifice. Dans sa partie basse, l'absence d'enduit révèle une maçonnerie de parpaings de mâchefer gris. A ce matériau s'associent dans la partie haute un enduit de ciment, du gypse pour le décor sculpté et des tuyaux de ciment amiante pour les colonnettes. Des piliers engagés forment un ressaut aux extrémités de la moitié supérieure de la façade. La couverture, assise sur quelques briques d'argile, est assurée par du ciment amiante. Une double rangée de génoise (tuiles creuses) ornent le couronnement de l'édicule sur les trois élévations sud, est et ouest.Vue générale depuis le sud est.Vue générale depuis le sud est.

Les matériaux : vue de la face latérale est.Les matériaux : vue de la face latérale est.

Une plaque apposée en façade désigne l'architecte, Gabriel Blanc, le sculpteur, Charles d'Autane, les maîtres maçons, Chaillan Frères, le graveur Max Blanc et la date d'exécution, 1939.

Si la partie basse de la façade ne porte aucun décor, les piliers engagés formant ressaut encadrent les reliefs réemployés du marquis d'Autane et de François Carli, scandés par des colonnettes. Les complètent deux chérubins supplémentaires voisinant l'écusson. Des inscriptions en provençal dédient l'édicule à Notre-Dame-de-la-Paix et explicitent la présence de saint Louis et Urbain II ; elles sont complétées par quelques lignes en français. Ainsi, il peut se lire : "SANT URBAN II, LOU PAPO DE LA CROUSADO QUE VENGUE BENESI FOURCAUQUIE / SANT LOUIS, QUE D'UNO FIHO DE FOURCAUQUIE FAGUE UNO REINO DE FRANCO / REVEIO LOU PER NOUS SAUVA, PER PLUS AUSI LOU MAU QUE DIEN LI BLASFEMAIRE A VOUGOU S'ENDORMI LOU DIVIN ENFANTOUN ! LI CAMPANO VENO : LOU BEU CANT MUSICAIRE ! LA VIERGE ESVIHO LEU L'ENFANT EM'UN POUTOUN / A NOTRE-DAME-DE-LA-PAIX. Carillon ultra-musical (Fondeurs de cloches PACCARD, Annecy, les premiers du monde)".

Des plaques également apposées en façade nous révèlent l'identité des marraines des cloches refondues en 1939 ; une plaque isolée, sur la face est de l'édicule, située au-dessus de la porte, indique celle des donateurs des trois dernières cloches ajoutées en novembre 1999 (consulter la notice du carillon de Forcalquier). La composition centrale.La composition centrale.

Plaque commémorative portant les noms des donateurs de 1999.Plaque commémorative portant les noms des donateurs de 1999.

Perspectives :

Bien que son carillon fut agréable à l'oreille, le mauvais état de cet édicule (lézardes, défaut de couverture etc.) a engendré dans un premier temps, en 1985, des volontés de réfection. En 1987, la mairie mandate Marc Jean, maître d’œuvre en bâtiment, pour les "études, surveillance et contrôles nécessaires à la réalisation des travaux de réfection du carillon". Cependant, la dégradation de l'édicule se poursuit. Son style décrié et le souhait de bénéficier d'un carillon à la gamme chromatique plus étendue incitèrent la municipalité à opter pour la destruction de l'ensemble, effective au cours de l'été 2017 et pour la construction d'un nouvel édifice pourvu d'un nouveau carillon. Les mécanismes, le clavier et les poutres furent détruits, seules les anciennes cloches trouvent leur place dans le nouveau carillon. Le décor néo-gothique de gypse et les inscriptions de l'édicule de 1939, préservés, sont conservés dans les réserves du musée de Forcalquier. Le projet d'un nouveau carillon : vues générales du mécanisme, croquis.Le projet d'un nouveau carillon : vues générales du mécanisme, croquis.Le projet d'un nouvel ensemble, dont l'inauguration est prévue le 20 mai 2018, fait l'objet d'une présentation plus complète dans le dossier sur le carillon de Forcalquier (IM04003184).Le projet d'un nouveau carillon : élévations nord, est et ouest.Le projet d'un nouveau carillon : élévations nord, est et ouest.

A l'occasion du transfert des reliques de saint Mary à Forcalquier que la tradition date de 925, les cloches de la ville se seraient spontanément mises à sonner. En commémoration de cet événement, un premier édicule abritant le carillon de Forcalquier fut érigé en 1925 à l'instigation du chanoine Gabriel Blanc, missionnaire, qui depuis 1919 desservait la chapelle Notre-Dame-de-Provence. Le chanoine en réalise le dessin et le marquis d'Autane et le sculpteur Carli, vraisemblablement François, les sculptures.

En raison du mauvais état du bâtiment et d'un son de piètre qualité, l'édifice est détruit puis reconstruit en 1939 : son décor néo-gothique de gypse est préservé. Moins imposant, moins profond, d'un style décrié, ce nouveau bâtiment présente une plaque en pierre apposée en façade désignant comme "Maîtres-maçons : CHAILLAN FRERES / Sculpteur : CHARLES D'AUTANE / Architecte G.B. 1939 / Graveur BLANC MAX."

Cinquante ans plus tard, l'édicule souffre d'importantes dégradations structurelles imputables à la nature des matériaux utilisés et aux intempéries auquel il est exposé. La destruction programmée de l'édicule, effective au cours de l'été 2017, s'accompagna d'une mobilisation importante des Forcalquiérens : un nouvel édifice en verre, béton et fer forgé, dessiné par le cabinet Madeina architectes, accueille un carillon de 37 cloches depuis le premier semestre 2018 (consulter la notice sur le carillon de Forcalquier).

Logé sur le plateau de la Citadelle, l'édicule abritant le carillon de Forcalquier surplombe la ville.

Bâti principalement à l'aide de parpaings de mâchefer gris et de ciment, l'édicule, proche du plan rectangulaire, étroit, est surmonté d'un fronton triangulaire pourvu de deux rangées de génoise et d'une couverture en ciment amiante. Il présente au sud-est une façade ornée en sa partie supérieure de reliefs à l'iconographie chrétienne et au nord-ouest, de larges baies, permettant la diffusion du son du carillon. Des inscriptions en provençal et en français figurent sur des plaques rapportées en pierre.

Fortement exposées aux intempéries, les grandes baies de l'édifice ne protègaient que très imparfaitement le carillon dont les poutres gonflaient après les pluies, ne permettant plus le jeu, pendant des jours voire des semaines. En janvier 2017, l'enduit de l'édifice, délité en partie, laisse à nu les matériaux qui se dégradent rapidement.

  • Murs
    • résidu industriel en gros oeuvre maçonnerie
    • brique creuse maçonnerie
    • ciment enduit partiel
  • Toits
    ciment amiante en couverture, tuile creuse
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à un pan
  • État de conservation
    détruit après inventaire
  • Techniques
    • décor stuqué
  • Représentations
    • blason, sujet chrétien
  • Précision représentations

    Un décor de gypserie est rapporté et appliqué sur la partie supérieure de la façade. En haut-relief, il représente six chérubins détourés ainsi que les personnages d'Urbain II et de saint Louis, portés par des plaques rectangulaires, dans des niches architecturées, encadrant une Vierge à l'Enfant entourée de cloches, portée par une plaque circulaire. Un blason couronné orné des lettres NDP surmonte l'ensemble.

  • Précision dimensions

    Dimensions approximatives : h au plus haut = 5 m, l = 4.70 m, pr maximale = 1.80 m

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Dossier : la Citadelle, bail (1919-1937). Archives communales, Forcalquier : non coté.

  • LORION, Mylène. Pré-inventaire des monuments religieux du diocèse de Digne-les-Bains : Forcalquier. Juillet 1992. Archives communales, Forcalquier : non coté.

Bibliographie

  • Forcalquier, ancienne capitale de la Haute-Provence. Imprimerie Reynaud : 1936. 176 pages.

    Notre-Dame-de-Provence, p.130-135
  • PIOLLE, Joseph de. La vie de saint Mary, abbé de Val Bodon et protecteur de la ville de Forcalquier. Avignon : imprimerie P. Offray, 1665.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Forcalquier. / Dessin à l'encre sur papier par Laurent Aubert, géomètre de 1ère classe, 1813. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 88 1 à 105 Fi 88 19.

    105 Fi 88 15
  • Forcalquier (B.-A.) : N.D. de Provence [en 1910]. / Carte postale, 1910. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 Fi 1230.

  • Forcalquier. Carillon de Notre-Dame-de-Provence [en 1930]. / Carte postale, 1930. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 Fi 1233.

Documents multimédia

  • Renouveau Campanaire Provençal. Le carillon de Forcalquier. Accès internet : <URL : http://carillondeforcalquier.fr/acceuil2/index.html>.

Date d'enquête 2017 ; Date(s) de rédaction 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Bonan Aurélie
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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