Historique détaillé
Ancienne église paroissiale de la commune de Châteauneuf-les-Moustiers, l'église Saint-Pons est très mauvais état depuis le milieu des années 1960 ; cet état précède donc le rattachement de la commune avec celle de La Palud-sur-Verdon (1974).
Citée en 1204 dans la bulle de confirmation des églises dépendant de l'abbaye de Montmajour, l'église est mentionnée dans les pouillés de 1274 et de 1351 et dépendait alors de l’évêché de Riez.
Selon Jacques Cru, sur le site de l'église primitive aurait été construite une nouvelle église vers 1400 : l'abside semble dater de cette époque. Elle aurait également été reconstruite ou remaniée après les guerres de religion.
La visite pastorale de 1582 témoigne peu de l'état du bâtiment hormis le récit de portes "toutes rompues, sans aulcunes serrures"; celle de 1616 nous apprend que l'ensemble fut trouvé "au mesme estat et pire qu'il n'est porté par la précédente visite du 3 septembre 1613", mais seule une cloche est expressément mentionnée "rompue".
En 1709, le clocher nécessite 100 livres de réparations. En 1765, le conseil municipal vote la dépose du toit et le crépissage de l'intérieur de l'église.
A partir de 1735, les habitants du hameau des Chauvets, éloignés mais qui dépendent de la paroissiale de Châteauneuf, réclament une succursale : ce sera chose faite en 1783.
En l'an XI, des réparations d'une nécessité absolues sont signifiées par la municipalité, elles concernent le toit, le clocher, les escaliers, le crépissage intérieur et le pavement (ainsi l'affirmation de l'abbé Féraud datant la construction ou la reconstruction de l'édifice à la fin du 18e siècle est imprécise). Alors qu'il menaçait de s'écrouler, le clocher fut donc démoli et reconstruit en 1804... Pour être frappé par la foudre en 1819, provoquant un incendie dans l'église.
En 1866 et 1872, deux visites pastorales évoquent cependant un édifice en bon état hormis la toiture et des murs méritant un ravalement (humidité). Deux chapelles latérales sont indiquées dans les deux bas-côtés latéraux.
En 1873, il est fait mention de nouvelles réparations votées : plafonner et recrépir toute l'église, assainir le sanctuaire...
Si le site de Châteauneuf-les-Moustiers est inhabité depuis 1920, une dernière messe en plein air fut donnée en 1971 malgré l'état de l'édifice.
Des chantiers de bénévoles ont récemment consolidé les ruines, octroyant au chevet un cintre en bois (2010-2012).
Deux statues de procession ont quitté cet édifice : l'une (une Assomption, IM04003126) pour rejoindre l'église succursale Saint-Pierre les Chauvets (commune actuelle de La Palud-sur-Verdon) avant 1893, et l'autre (une Vierge à l'Enfant) pour rejoindre la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir, sur la commune voisine de Moustiers-Sainte-Marie.
Il en va de même pour vingt-cinq carreaux de terre émaillée, vraisemblablement du 17e siècle, sauvés de la destruction et conservés au musée de la Maison des Gorges, dans le château de La Palud-sur-Verdon (IM04003142).
Description détaillée
L’église Saint-Pons est un édifice orienté, en ruines, situé sur un sommet du Serre de Montdenier, au cœur du village abandonné de Châteauneuf-les-Moustiers (lui-même à six kilomètres du centre de La Palud-sur-Verdon).
Trois des élévations de l'édifice sont encore dressées.
Appareillées en blocage de tout-venant calcaire avec remplois de tuiles, l'élévation ouest et le clocher présentent des angles chaînés de blocs calcaire dressés à l'aiguille, parfois avec réserve au ciseau ; tandis que le tuf est utilisé pour le voûtement de l'abside et l'encadrement des baies du clocher. Le mur latéral sud est fait de deux parties d'épaisseur inégales en blocage.
L'édifice se composait d'une nef, de deux bas-côtés latéraux et d'une tribune appuyée au mur de la façade. L'abside voûtée en cul-de-four est renforcée par un cintre de bois.
Une seule des deux baies du clocher-mur subsiste.
Une pièce dans l'angle sud-est de l'édifice, vraisemblablement la sacristie, est encore esquissée.
Un oculus à double ébrasement perfore toujours le mur pignon de la façade, au dessus d'une porte aux piédroits maçonnés avec linteau de bois.
Seule l'élévation extérieure sud est enduite à la chaux ; s'y ouvrent une porte simple avec piédroits chainés de pierres plus ou moins dressées et linteau de bois et une baie qui devait éclairer la sacristie. La porte conduit à un escalier de distribution extérieur.
Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.