Dossier d’aire d’étude IA04002214 | Réalisé par
  • inventaire topographique
présentation de la commune de Méailles
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Méailles

Eléments historiques

Les origines

D'après l'Abbé Féraud, l'étymologie de Méailles viendrait « de Medulla, moëlle, qui semble indiquer un sol fertile ».

Plusieurs cavités naturelles ont été occupées, au moins depuis le Néolithique et sans doute avant. La Grotte de Méailles (ou Trou de Bœuf) est déjà décrite par Féraud en 1860. Elle « renferme des ossements dont plusieurs appartiennent à l'espèce humaine. Les uns sont tout à faits superficiels et paraissent récents ; les autres, sont fortement engagés dans le tuf calcaire du sol, d'où il est difficile de les détacher ». Les grottes de la Maouna (notamment celle appelée Pertuis de Méailles) semblent avoir également été occupées dès la préhistoire. Cette dernière a été fouillée dans les années 1950 par le Laboratoire de Monaco ; une sépulture et des traces d'habitat auraient été dégagés à cette occasion. D'autrese siècles abris naturels ont été repérés, notamment au pied de la barre rocheuse dominée par la chapelle Saint-Jacques, où d'importantes traces de suie ont été observées.

Il est également possible que le site actuel du village puisse correspondre à un oppidum. Effectivement, la situation dominante en bordure de falaise, accompagnée d'une source (Font Vieille), apparaît comme un site propice à l'établissement d'une occupation de type cap barré.

A l'époque romaine, il est probable qu'une installation agricole ait été installée aux quartiers des Villars et de la Lare. Les pâturages d'altitude de la Montagne de Beaussebérard étaient sans doute également exploités, soit depuis les Villars, soit depuis le site d'Argenton.

Lors des épisodes troublés de l'Antiquité tardive et du Premier Moyen-Age, la population se retire sur des sites perchés, plus faciles à défendre. Au moins deux d'entre eux ont laissé une trace dans la toponymie relevée au cadastre napoléonien. Ainsi, à l'extrémité orientale de la commune, on trouve le lieu-dit Le Chastel (parcelles 1830 B 49 à 54). Il correspond à une petite éminence à flanc de versant, située entre le Ravin du Sap et le Ravin du Chastel, à une altitude d'environ 1860 mètres, en contrebas du chemin de la Cabane de Méailles. Bien que l'altitude soit importante, sa position, ainsi que la proximité d'une source (Font du Sap), font qu'il n'est pas exclu que ce toponyme localise un site perché de l'Antiquité tardive, période d'optimum climatique.

Moyen Age

Au 11e siècle (1042), les noms de Penne de Roca Ruffa (Le Ruch), de Lara et de Cala (Chalées) sont mentionnés dans un acte de donation, en faveur de l'Abbaye Saint-Victor de Marseille. A cette époque, le territoire de Méailles, avec ceux de Peyresc, La Colle et Le Fugeret, appartiennent à la communauté de Segumagna (= Le Fugeret), qui elle-même semble dépendre de Glandèves. Dans cet acte, il est notamment fait donation de l'église Saint-Pons. Or un toponyme Saint-Pons se trouve à la section C2 du cadastre de 1830 (parcelles 1830 C 1024 à 1029, 1034 à 1044, 1047, 1065), à proximité du Champ du Prieur.

Ces deux derniers toponymes se trouvent au pied d'un autre lieu-dit Chastelard, ou Chastelaret (parcelles 1830 C 208, 209, 1178 à 1197, 1327 à 1346), qui pourrait indiquer un possible castrum du Premier Moyen-Age. Ce nom est d'ailleurs toujours présent sur les feuilles du cadastre actuel, ainsi que sur la carte IGN au 1/25 000e. Il correspond à un espace compris entre deux petites collines marneuses, situé en rive gauche du Ravin de la Vignasse. Aucun vestige n'a pu y être repéré, mais la tradition orale rapporte que, jusqu'à la fin du 18e siècle, un moulin à vent était installé au sommet de la colline ouest (La Cougouïre), sur une structure maçonnée circulaire en pierre de taille. Ces derniers vestiges ont été progressivement emportés par l'érosion, très active sur ces versants marneux. Il n'est pas impossible que le site du village actuel ait été occupé en même temps que le Chastelard.

L'installation de la chapelle Saint-Pierre, au bord de l'ancien chemin de Méailles au Fugeret, pourrait également remonter aux débuts du Moyen-Age.

Le déperchement de l'habitat s'est sans doute produit à la fin de l'époque médiévale, peut-être autour du 13e siècle. Le site escarpé et malaisé du Chastelard a été délaissé, en même temps que Saint-Pons, au profit de l'emplacement actuel du village, très favorable puisqu'en position dominante et protégée par le Ravin de Lara à l'est et par la falaise à l'ouest. Dès cette époque, le village se trouve organisé autour de l'église, avec les quartiers appelés Le Château et Haut de Ville. D'après Féraud, la construction remonterait au 14e siècle, ce qui semble pertinent. On peut également dater de cette époque les bases de l'îlot de bâtiments nommé Le Château. Une enceinte de maisons-rempart existait probablement autour du village. Sur le cadastre de 1830, on note d'ailleurs le micro-toponyme Le Barri (= rempart) en contrebas du village, côté Vaïre.

16e-19e siècles

Une importante phase de reprise de l'agglomération a eu lieu autour du 16e siècle et du 17e siècle, comme en témoignent les quelques chronogrammes de cette époque, ainsi qu'un grand nombre d'éléments d'encadrements chanfreinés. D'après la tradition orale, deux incendies auraient ravagé le village, un dans le premier quart du 17e siècle et l'autre pendant la seconde moitié du 18e siècle.

La plupart des maisons ont été largement remaniées au cours du 18e siècle et surtout du 19e siècle. En 1854, le cimetière quitte les abords immédiats de l'église, pour être installé à son emplacement actuel. En 1876, le presbytère est reconstruit. Le 20e siècle apporte aussi son lot de modifications : alignement de la rue principale dans les années 1920, couvrement partiel du Ravin de Lara en 1936 et en 1966, construction de la nouvelle école en 1956, démolition du four à pain et de la Chapelle des Pénitents...

La grotte de la Maouna, appelée Pertuis de Méailles, est fermée par une maçonnerie défensive, avec porte haute et arbalétrières. Cette construction pourrait remonter au 17e siècle. Elle a pu servir à abriter la population du village en cas de nécessité. Cette grotte a ensuite servi de bergerie, au moins au 19e siècle et au début du 20e siècle.

En 1788, Achard précise que « l'Evêque de Glandèves perçoit la dîme dans le terroir [de Méailles] & nomme à la Cure ».

Sur la rive droite de la Vaïre, au quartier Sainte-Anne, il y avait une ancienne chapelle. Elle est nommée Saint-Roch sur la Carte de Provence (1748-1778). En 1830, le cadastre y mentionne la présence d'une chapelle appartenant à la commune, mais le vocable a alors déjà changé et le lieu-dit est nommé Clot de Sainte-Anne.

20e siècle

Au début du 20e siècle, le percement de la voie ferrée Digne-Nice, avec les nombreux d'art (tranchées, ponts, viaducs, tunnels...) ont amené une nouvelle dynamique sur la commune, avec l'installation temporaire de plusieurs centaines d'ouvriers. En outre, pour pouvoir accueillir les équipes de muletiers et leurs bêtes de travail, certaines fermes situées en rive droite de la Vaïre ont été profondément remaniées (Clot des Blancs, Riou-Freid, Sainte-Anne).

La mise en service du Canal de la Vaïre a permis l'irrigation des prés de fauches aux Villars et à la Condamine. L'importance accrue du fourrage a nécessité la construction de nouveaux bâtiments de stockage, notamment au quartier des Granges. Comprenant une étable et un grand fenil, ces entrepôts agricoles présentent alors un type totalement nouveau sur la commune. De grande taille, ils sont bâtis sur trois murs, avec un gouttereau (plus rarement un pignon) simplement fermé par un essentage de planches.

Analyse de la cartographie

Carte de Provence des Ingénieurs Géographes militaires (1748-1778), au 1/14 000e environ1.

La Vaire est nommée, on remarque également le Valon de l'Adrey (actuel Ravin de l'Ubac sur la carte IGN...!), le Vallon de la Béourol (La Maouna) et le Vallon de l'Abeureou. En rive droite de la Vaïre sont nommés les Vallon de Rioufrey, Vallon d'Inarde, Vallon de Busallion, Vallon de Serre Malé, Vallon de la Penouliere.

Le village apparaît avec son plan bien dessiné et son église ; on remarque également le quartier des Granges. Plusieurs bâtiments sont localisés aux quartiers des Villards, des Prés et de la Clap. On note également quelques bâtiments à La Combe (non nommée) et à la Bastide du Touron. Enfin, dans les alpages, la Cabane de Méailles est dessinée (plan en L) et nommée.

Les chapelles Saint-Roch (devenue Sainte-Anne au 19e siècle), Saint-Jacques, et Notre-Dame sont dessinées et nommées ; il n'est pas fait mention de la chapelle Saint-Pierre sur le chemin du Fugeret. En outre, deux autres chapelles sont dessinées au village (Sainte-Madeleine et Saint-Joseph). Deux oratoires sont localisés au quartier des Granges.

On remarque le moulin situé en dessous du village, ainsi qu'un autre situé sous le Col des Blancs.

De nombreux chemins sont indiqués : chemin du Fugeret à La Colle, chemins de Méailles au Fugeret (par la chapelle Notre-Dame, et par le Chastel), chemins de Méailles aux alpages (par La Combe, et par La Plane), chemin de Méailles à La Colle (passage de la Vaïre par un gué ?). Sur le chemin du Fugeret à La Colle, un pont est dessiné au passage du Ravin de Rioufred.

Enfin, on note plusieurs toponymes de relief. Ainsi, sur la crête la Charmette, qui est nommée Montagne de Chastel de Vauclause : Collet de Picamole, Collet d'Envieye, Teste de la Penouilliere, Teste de Charoin, Collet des Pras d'Ost... Côté oriental de la commune, on relève : Teste de la Plane, Collet de Font Salvu (La Combe), Collet de la Gardivole, Collet d'Enfumes, Montagne de Ruthie (Le Ruch), Montagne dou Lairas, Collet de la Mort de l'Homme

Carte de Cassini (années 1770-1780 pour cette région)

Outre le village, on note les fermes de Briel, Deoron, La Clap, Chimeraule (Buchaillon ?), ainsi que la Cabanne de Méaille. Les chapelles de Saint-Jacques et Notre-Dame sont indiquées.

Plan cadastral et état des sections (1830-1832)

Le plan cadastral a été « terminé sur le terrain le 16 septembre 1830 » et a été levé par M. Bonnet, géomètre de 1ère classe. Les états de sections ont été rédigés dans les années suivantes. Vue du quartier des Villars, prise du nord. Au fond, le village de Méailles.Vue du quartier des Villars, prise du nord. Au fond, le village de Méailles.

Le Village

Sur la feuille de la section D du cadastre, le village apparaît constitué de 136 parcelles désignées comme « maison », et de 103 parcelles indiquées comme « bâtiment rural » ou « bâtiment ». On remarque également une trentaine de parcelles mentionnées comme « aire à battre », principalement situées entre le haut du village et la chapelle Saint-Jacques.

De manière classique dans l'urbanisation villageoise de haute Provence, on retrouve des entrepôts agricoles agglomérés aux entrées du villages (toponymes), à proximité des aires à battre. Cependant on note également qu'au centre du village, chaque îlot de maisons comprend au moins un ou deux bâtiments agricoles. Ces derniers occupent d'ailleurs souvent des angles d'îlots.

L'église est flanquée de la Chapelle des Pénitents à l'ouest et du cimetière au nord-est.

La Chapelle Saint-Joseph est indiquée comme ruinée. On remarque également le Presbytaire, ainsi qu'un four à pain communal (parcelle 1830 D 428).

On trouve plusieurs noms de quartiers : La Place, Vignonne, Le Barri, Le Four, Garrigou, Planet, Le Paty, Le Rocher, Le Roquet, Font Vieille, La Terrasse, Haut de Ville , Les Granges, Les Aires... On note également d'autres toponymes, liés à la fontaine-abreuvoir, au pont ou aux jardins.

Le bâti dispersé

On note de nombreux bâtiments isolés et dispersés sur le territoire, notamment dans les zones de cultures.

Outre les bâtiments agricoles, on retrouve plusieurs fermes, dont la majorité est située en rive droite de la Vaïre, sur le substrat calcaire : Beaumettes, Clot des Blancs, La Forest, Riou Freid, Clot Mureau, Buchaillon, La Clap, Champ Coq. A cette époque, la ferme de Sainte-Anne n'existe pas encore. D'autres sont situées en terrain gréseux : Alleboué, Thorom (= Cougnas), Briel. Enfin, le hameau de La Combe est composé de six fermes éparpillées.

Toponymie utilitaire

Une lecture systématique de l'état des sections du cadastre de 1830 a révélé plusieurs toponymes ou micro-toponymes intéressants pour comprendre l'utilisation du territoire communal. En dehors de ceux qui renvoient à une tradition historique déjà étudiée plus haut (Chastel, Chastelard, Chastelaret, Villars, La Tour, etc.), d'autres noms de lieux-dits reflètent la réalité agricole, artisanale ou domestique d'alors. Ils sont autant de témoins de cette utilisation de l'espace et de l'organisation des territoires. Les exemples ici donnés excluent les utilisations génériques d'un toponyme.

De nombreux toponymes mentionnent la présence d'une fontaine, ils sont parfois très précis et concernent une ou quelques parcelles : Font de Renard (1830 A 20), La Fontaine de la Cabane (1830 B 10), Sur la Fontaine (1830 C 512 à 514, 516, 518, 523), L'Aire de la Fontaine (1830 C 516), Le Pré de la Fontaine (1830 C 511), Font Serva (1830 C 624 à 628), Font de René (1830 C 634, 1533), Font de la Graye (1830 C 1178 à 1215, 1219 à 1226, 1242, 1243, 1315, 1316, 1321 à 1326), L'Abreuvage (1830 B 72).

Un certain nombre d'appellations font référence à la taille des parcelles, notamment dans le cas de petites parcelles : Sauches (1830 C 548, 549, 551 à 553, 566 à 568, 574, 577 à 596, 601 à 606), Sauche Longue (1830 C 1492, 1493), La Pièce (1830 C 1490, 1491, 1494 à 1498). D'autres indiquent la nature du terrain agricole : Champ Pourcel (1830 A 122,123), Champ des Armes (1830 A 182 à 187, 218 à 223), Champ Coq (1830 A 290, 295 à 310), Champ de Roure (1830 B 97), Champ de la Grange (1830 C 109, 110, 137 à 143), Champ Jaubert (1830 C 326 à 328, 332 à 341, 343 à 369), Champ Riou, Pré du Moulin (1830 C 39, 40), Les Prés (1830 C 509, 1118 à 1122, 1124 à 1144, 1163 à 1165), Pré de Gentil Homme (1830 C 519, 529), Pré de la Condamine (1830 C 712, 713), Bas-Pré (1830 C 857 à 859), Pré de Lare (1830 C 1112, 1116, 1117), Pré des Negres (1830 C 1123, 1145 à 1150, 1156 à 1161), Pré des Saules (1830 C 1233 à 1235, 1237, 1238), Pré de Briel (1830 C 1389 à 1393), etc.

La dénomination des jardins est également très fréquente : Bas Ouert (1830 C 733), L'Ouert sur le Claux (1830 C 751), Le Jardin (1830 C 758), L'Ouert de Capitou (1830 C 1064, 1087), L'Ouert des Prés (1830 C 1166).

Parfois c'est le type même de culture qui est indiqué, surtout dans les cas de cultures spécifiques sur de petites surfaces, comme le chanvre : Le Chenevier (1830 C 720, 1573 à 1596), ou la vigne : Vignasse (1830 C 1564 à 1572).

L'omniprésence des arbres fruitiers se traduit par quelques lieux-dits en rapport : Noyer d'Autran (1830 A 352 à 360), Noyer de Raboun (1830 C 996, 1248 à 1253), L'Olivier (1830 C 1 à 4), L'Amendaou (1830 C 636 à 641, 658 à 662, 818 à 820), La Teille (= tilleul, 1830 C 1033).

La présence d'arbres sauvages a parfois donné lieu à un toponyme : Clot des Pins (1830 A 242 à 244), La Pinée (1830 B 106, 107, 115), La Frache (1830 C 1458 à 1460)... Celle d'une mise en défense également : Le Défend Neuf (1830 B 131).

L'importance de la culture du chanvre, et de ses spécificités, a également donné lieu à des toponymes précis désignant les lieux de rouissage (Naï ou Naïsse). Il s'agit généralement d'un ruisseau ou d'une source éloignée : Adrech Deinas (1830 C 370, 371, 375 à 391), Ubac Deinas (1830 C 372 à 374).

De la même manière, la nécessité d'aménager un espace dallé pour battre les céréales a conduit à l'utilisation de toponymes employant le terme L'Aire.

En un cas, la présence de ruches ou de ruchers est localisée par l'emploi du mot provençal apié signifiant « rucher » : La Pié (1830 C 301 à 305).

Dans les alpages, on remarque plusieurs noms de bergeries (jas), sans que le cadastre n'indique nécessairement la présence d'un bâtiment : Jas des Agneaux ou Pascalet (1830 A 01, 02, 17, 18), Jas des Plaines (1830 A 06), Jas du Rey (1830 A 08).

Quelques noms de lieu se rapportent à des particularités d'usage : Carriere Clause (1830 C 49, 50, 285 à 287), Casset (= lieu où l'on chasse, 1830 B 128, 1830 C 1423 à 1431), ou à des particularités topographiques ou géologiques : Terre Blanche (1830 C 554 à 565, 569 à 573), Saignas (= marécage, 1830 C 868, 869, 871, 873, 917 à 932, 945 à 950).

D'autres font référence à des bâtiments isolés, existants ou disparus : Bastide de Sauze (1830 A 280, 281), Bastide de Bouvet (1830 A 283), La Cabane (1830 B 07, 09, 11, 12), Cabane Vieil (1830 B 48), Aco de Notari (aco = à la maison de, 1830 B 118 à 120), Au Moulin (1830 C 30, 41 à 44).

Signalons enfin l'existence de toponymes qui renvoient à des indications d'ordre religieux, comme La Croix (1830 C 883 à 890), situé à côté de la chapelle Notre-Dame. D'autres toponymes renvoient à de probables oratoires : Sainte-Magdelaine (1830 D 61), Saint-Roch (1830 C 760 à 763), Sainte-Anne (1830 A 133 à 135, 157 à 170, 175 à 178).

On retrouve aussi les noms des chapelles : Saint-Jacques (1830 D 01 à 10, 18 à 26), Notre-Dame (1830 C 866, 867, 891 à 896) et Saint-Pierre (1830 C 933 à 940), ainsi que de l'ancienne église médiévale (?) Saint-Pons (1830 C 1024 à 1029, 1034 à 1044, 1047, 1065), au pied du Chastelard.

Enfin, d'autres toponymes gardent une signification mystérieuse : La Mort de l'Homme (1830 section B), La Guerriere (1830 C 150)...

Population : historique et évolution

D'après E. Baratier, voici l'évolution de la population depuis le 13e siècle.

En 1263, 50 feux d'albergue sont recensés, soit une population d'environ 270 personnes. En 1315, on dénombre 40 feux de queste, soit une population estimée à 216 habitants. En 1344, on relève 42 feux, soit une population d'environ 225 habitants.

Le recensement de 1471 indique 30 foyers imposables. En 1698, 115 maisons sont habitées par 110 familles. La population chute de manière importante au début du 18e siècle, avec seulement 85 maisons habitées par 85 familles en 1728. La population remonte ensuite et, en 1765, 118 maisons sont habitées par 500 personnes.

Au cours de la première moitié du 19e siècle, les recensements de la population montrent un accroissement celle-ci : 496 habitants en 1804, 579 habitants en 1811, 613 habitants en 1841. Le maximum démographique du 19e siècle est atteint en 1851, avec 637 habitants.

Ensuite, la population baisse rapidement. En 1860, l'Abbé Féraud indique que « la commune de Méailles a une population totale de 548 âmes environ dans le chef-lieu et le reste dans le hameau de La Combre et quelques bastides disséminées ». La population n'est plus que de 451 habitants en 1881.

Les travaux de la voie ferrée amène une importante population d'ouvriers, manœuvres et ingénieurs et, en 1901, la population de la commune est de 720 habitants. Elle est encore de 530 habitants en 1911.

Au sortir de la 1ère Guerre Mondiale, en 1921, la population de Méailles est tombée à 335 habitants, dont 70 à La Combe ; 28 hommes sont morts au front sur 90 appelés. Au 20e siècle, le déclin démographique s'accentue et le minimum démographique est atteint en 1990, avec 69 habitants. Depuis cette date, la population tend à augmenter : 87 personnes en 1999, 100 en 2006 et 120 en 2009.

Localisation et géographie

La commune de Méailles est située à la source de la vallée de la Vaïre. Elle fait partie du canton d'Annot et de l'arrondissement de Castellane. Elle est limitrophe au nord et nord-ouest avec la commune de Thorame-Haute (anciennes communes de Peyresc et de La Colle-Saint-Michel) ; à l'est avec la commune de Castellet-les-Sausses (ancienne commune d'Aurent) ; au sud avec la commune du Fugeret ; à l'ouest avec la commune d'Allons.

L'altitude minimale est de 880 mètres environ (au bord de la Vaïre, à la limite avec la commune du Fugeret). L'altitude maximale est de 2191 mètres (falaises du Plan des Mouches).

L'écart de La Combe est à 1450 mètres environ ; le village de Méailles est à une altitude moyenne de 1050 mètres.

Dans les alpages, la Cabane de Méailles est située à 1896 mètres d'altitude. La Cabane de la Charmette est à 1550 mètres environ.

Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne, avec un caractère plus humide lié à l'influence de la vallée du Var et accentué par les reliefs de la Montagne de Sausses et des Coyers. Ainsi, si les étés sont chauds et souvent secs, les hivers peuvent être très froids et parfois très neigeux. Les inter-saisons généralement plus humides, et le caractère brutal et soudain des précipitations surtout au printemps, imposent un régime hydrique de type orageux et torrentiel.

La partie sud-orientale de la commune est constituée d'un substrat gréseux, y compris en rive droite de la Vaïre sous Champ Coq. Le reste est de nature calcaire. Les secteurs de La Lare et des Cougnetons sont constitués de marnes ravinées en roubines.

Le territoire communal est marqué par un relief raide, voir très raide sur les versants qui dominent la Vaïre, avec des barres rocheuses importantes. En revanche, les abords orientaux et septentrionaux du village sont en pente douce. Les pentes sont drainées par de nombreux ruisseaux à hydrologie saisonnière, qui alimentent la Vaïre. Entre autres affluents de la Vaïre, on note le Ravin de l'Ubac (appelé « Ravin de l'Adret » au 18e siècle), le Ravin de la Maouna, le Ravin du Cougnas, le Ravin de l'Abeuradour... En rive droite de la Vaïre, les ravins sont également nombreux : Ravin du Clot Mureau, Ravin d'Inarde, Ravin de la Maisonnette...

Sur le substrat calcaire, la végétation naturelle est composée d'un maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets ; pins sylvestres et quelques hêtres sur les ubacs. Les pentes raides et les sommets les plus hauts offrent une végétation de pelouse sèche à lavande et thym. Sur les pentes raides bien exposées, des terrasses de culture sont installées grâce à des murs de soutènement en pierre sèche. Un maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts recouvre les parcelles agricoles aujourd'hui abandonnées. Les fonds de ravin et les bords des cours d'eau sont occupés par une végétation de type ripisylve avec saules, peupliers, noisetiers, aulnes, etc. Les forêts d'altitude sont composées de pins et de mélèzes. Sur le substrat gréseux, se sont les châtaigniers qui dominent. Les zones plus sèches ou les anciennes cultures abandonnées sont gagnées par des bruyères, fougères et cornouillers.

Châtaigneraie au quartier de l'Alleboué.Châtaigneraie au quartier de l'Alleboué. Terrasses de culture, arbres fruitiers et châtaigneraie. Quartier du Briel.Terrasses de culture, arbres fruitiers et châtaigneraie. Quartier du Briel.

Réseau viaire

Le village de Méailles domine la route menant d'Entrevaux à Colmars-les-Alpes, anciennes places fortes frontalières, qui passe sur la rive opposée de la Vaïre. Le tracé de cet ancien axe important fut reprit au milieu des années 1890, avec la construction de l'actuelle R.D. 908.

Méailles était relié au village voisin du Fugeret par deux anciens chemins, l'un passant par la chapelle Notre-Dame, l'autre par le quartier du Chastel du Fugeret. Ces chemins furent progressivement abandonnés, notamment suite à la construction de l'actuelle R.D. 210 dans les années 1895. La construction de cette dernière a pris plusieurs années.

Sur le plan cadastral de 1830, le chemin descendant de Méailles pour rejoindre la route de La Colle, passait la Vaïre par un gué. Un pont a été construit à cet emplacement au cours du 19e siècle. Il fut détruit par une crue en 1914, et reconstruit en 1924 par l'entrepreneur Eugène Cornu. L'ancien chemin fut remplacé par la route actuelle dès 1911, avec la mise en service de la ligne ferroviaire et de la gare. En outre, il existait de nombreux chemins anciens, qui desservaient les quartiers agricoles ainsi que les alpages. Ces chemins muletiers, d'environ 2 mètres de largeur, sont soutenus par endroit par des murs en pierre sèche. Ils sont parfois caladés ou empierrés. Certains ont été repris par des routes goudronnées (Les Villards, Les Prés), d'autres sont restés en l'état de chemin carrossable. Il y avait aussi des sentiers, qui menaient aux secteurs les moins accessibles. Enfin, les pistes forestières menant aux quartiers de La Combe, du Briel et du Ruch, datent des années 1960-1970.

La voie ferrée Digne-Nice traverse le territoire de la commune. La ligne ferroviaire débouche du tunnel de Peyresc pour s'engager dans la vallée de la Vaïre, qu'elle suit en rive gauche, à l'aide de nombreux ouvrages d'arts, pont, ponceaux et tunnels. A la sortie de ce tunnel, on peut encore voir plusieurs vestiges de constructions datant des travaux de percement : ruines du bâtiment de la poudrerie, restes du relief en maçonnerie qui accueillait la conduite forcée amenant l'eau du Canal de la Vaïre, etc. La gare a été aménagée en contrebas du village, nécessitant un surcreusement important du versant, soutenu depuis par un haut mur maçonné, et impliquant l'installation d'un quai en encorbellement sur structure métallique.

Organisation du bâti

Le village

Le village est installé en bordure de falaise, dominant la rive gauche de la Vaïre, et ce depuis l'époque médiévale.

Il est organisé en îlots de bâtiments mitoyens, distribués par des ruelles étroites, dont certaines possèdent des passages couverts. Dans le quartier bas, la rue principale a été rectifiée dans les années 1920, imposant l'alignement de certaines façades. Les îlots du centre du village sont principalement constitués de maisons d'habitation, même si l'on y trouve aussi quelques bâtiments agricoles. En revanche, on remarque de nombreux bâtiments agricoles aux différentes entrées du village, notamment vers les aires à battre situées au-dessus, ou encore au quartier des Granges.

L'écart de La Combe

Situé à environ deux kilomètres au nord-est du village de Méailles, l'écart de La Combe est composé d'une demi-douzaine de fermes dispersées entre 1400 et 1500 mètres d'altitude. Chaque ferme possède un four à pain, ainsi que plusieurs dépendances, dont une « cabane », hangar sur trois murs couvrant en partie une aire à battre dallée. Une chapelle avait commencé à être construite au début des années 1910. Ce projet a été stoppé par le début de la Première Guerre Mondiale. Il n'y a jamais eu d'école. En 1922, le Maire de la commune de Méailles répond à une enquête portant sur les toitures de l'arrondissement de Castellane : 4 maisons sont alors couvertes en chaume, toutes au hameau de La Combe.

Le bâti isolé

Les fermes isolées, peu nombreuses, sont presque toutes situées, en rive droite de la Vaïre, en terrain calcaire : Champ Coq, La Clap, Buchaillon, Clot-Mureau, Sainte-Anne, Rioufred, La Forest, Clot des Blancs. Quelques-unes de ces fermes possèdent des pignons ou des parties de gouttereaux fermées par des assemblages en vannerie, clayonnés sur des bâtis en bois. La tradition orale rapporte que ces structures ont remplacé d'anciens essentages en planches au début du 20e siècle.

Sur les terrains, gréseux, on trouve une ferme au Briel, une à Alleboué, ainsi qu'une ruine au Cougnas.

Ces fermes possèdent généralement un jardin et une aire à battre mitoyenne et un four à pain. Une source aménagée, parfois captée plus loin et conduite avec une canalisation, assure l'alimentation en eau. Une partie des terres agricoles est réunie autour de la ferme, le reste étant disséminé sur le territoire afin de multiplier les possibilités de cultures.

La plupart des bâtiments d'altitude, à La Combe ou au Briel étaient couverts en planches de mélèze, couverture dont la durée de vie est d'environ 100 ans. Au quartier de La Combe, quelques bâtiments étaient entièrement couverts en chaume, lesté par des barres de bois horizontales maintenues par des fils de fer (durée de vie d'environ 80 ans). Quelques bâtiments étaient également couverts en lauzes de grès.

On trouve également des bâtiments agricoles dispersés dans toutes les zones cultivées (champs et prés, mais aussi dans la châtaigneraie) ainsi que sur les zones de pâturages d'altitude. Ils servaient entre autre au stockage du fourrage et souvent disposaient d'une étable qui servait le temps du stock ; les bêtes étaient ensuite déplacées dans un autre bâtiment au fonctionnement similaire. Certains bâtiments disposaient d'un logis saisonnier, habité le temps des travaux agricoles ou des récoltes. Dans la châtaigneraie, ces bâtiments isolés sont parfois accompagnés d'un petit enclos en pierre sèche.

En outre, on note quelques abris sous roche, le plus souvent installés sous un surplomb naturel, notamment dans les secteurs de chaos rocheux gréseux.

Évolution de l'organisation du bâti en 2011

Au village, le four à pain a été détruit dans les années 1960, et reconstruit au milieu des années 2000. Dans le centre ancien, un grand nombre de maisons ou de bâtiments agricoles sont transformés en résidences secondaires. Plusieurs bâtiments sont fermés, voire abandonnés.

De nombreuses maisons pavillonnaires ont été construites aux abords proches du village, tant à l'entrée sud (quartier des Granges), qu'à l'entrée nord (quartier des Aires). Elles servent de résidences principales ou secondaires.

A La Combe, trois fermes sont ruinées. Une ferme (la plus haute) était encore en activité au début des années 2000 (élevage caprin), elle a été la proie d'un incendie au mois de juillet 2011.

Aux quartiers des Sauches et des Georgettes, plusieurs maisons pavillonnaires ont été construites. Les fermes situées en rive droite de la Vaïre servent de résidences secondaires (hormis à La Clap et au Clot des Blancs). La ferme des Beaumettes est ruinée.

Economie rurale

En 1788, Achard écrit qu' à Méailles « le fol est affez ingrat, & n'y produit guère autre chose que des pâturages. » Cependant, « on recueille du blé excellent en certains quartiers » de la rive droite de la Vaïre. Si l'église est dédiée à la Sainte-Vierge, « le patron de Méailles est S. Jacques, dont on fait la fête le 25 Juillet avec Roumavagi » ».

En 1860, l'Abbé Féraud indique que le sol de la commune produit « des pâturages et du blé ». On y trouve une fort belle forêt de sapins et d'arbres de haute futaie. Honoré Bouche assure qu'elle était très belle, de son temps, et qu'il y avait vu des arbres ayant jusqu'à 20 mètres de hauteur. Le géographe Achard nous apprend aussi qu'on avait souvent tiré de cette forêt des mats de navire. Le même auteur donne pour certaine l'existence de plusieurs minéraux dans les montagnes de cette commune ». Féraud fournit ensuite une longue description de la Grotte de Méailles. Il précise également qu'il y a une école primaire et un bureau de bienfaisance.

L'ancienne économie agricole était basée sur la polyculture vivrière, avec des zones de cultures sèches et des secteurs "à l'arrosage". De nombreux canaux d'irrigation existaient. Prés de fauche au quartier des Villars.Prés de fauche au quartier des Villars.

Le Canal de l'Adrech ou Canal de Briel est déjà dessiné sur le plan cadastral de 1830. Il prend sa source au pied sud du Chastelard et va se jeter dans le Ravin de l'Ubac. Le Canal de la Combe arrosait les parcelles de la Ferraye.

La construction du Canal de la Vaïre a permis l'arrosage des terres des Villards et des Prés, augmentant les rendements, notamment de pommes-de-terre et de foin. Les premières études pour sa construction remontent au début des années 1860. Mais, à la suite l'opposition de plusieurs propriétaires (mouliniers, usiniers, etc), riverains et usagers de la Vaïre de Peyresc à Annot, de nombreuses enquêtes publiques et contre-enquêtes se sont succédées. La procédure s'est achevée par la déclaration d'utilité publique signée par le Président Félix Faure le 30 juillet 1897. Les travaux ont commencé en 1898 et sont terminés en 1901. Au printemps 1900, une partie de l'eau est louée à l'entreprise Marlaud Frères qui réalise les travaux de percement du tunnel ferroviaire. Cette eau sert alors à alimenter, par une conduite forcée dont subsistent les reliefs maçonnés du départ et d'arrivée, une turbine électrique qui assure notamment l'éclairage du tunnel, le fonctionnement d'une scierie, et quelques éclairages au village. En 1904, le percement du canal est terminé. Un conflit d'usage va voir alors s'affronter les agriculteurs usagers du canal et l'entreprise des travaux, pour le partage de l'eau. Ce conflit va amener à poser des martelières cadenassées au niveau du départ de la conduite forcée.

Au début du 20e siècle, le propriétaire de la ferme du Clot des Blancs a également aménagé deux canaux d'arrosage depuis la Vaïre, le premier ayant été mal calculé et arrivant trop bas.

On cultivait beaucoup le blé, le seigle, l'orge, l'avoine, les lentilles sur les mauvais terrains, notamment au quartier de La Combe. Les pommes-de-terre et les betteraves étaient également produites, et même vendues pour les premières, qui étaient très réputées. Il y avait aussi du maraîchage dans les jardins.

Le foin était surtout coupé dans les prés arrosés par les canaux, notamment aux Villars. Trois coupes étaient généralement pratiquées (juin, août, octobre). Les arbres fruitiers étaient nombreux : cerisiers, pommiers, poiriers, pruniers, cognassiers, sorbiers... Ces fruitiers étaient parfois plantés en verger. Les noyers étaient très importants, au point d'être parfois indiqués sur les l'état des sections du cadastre de 1830. Le bois de noyer était utilisé en menuiserie. Cependant, la tradition orale rapporte qu'il ne se faisait pas d'huile de noix au village, où l'on préférait consommer de l'huile d'olive importée d'Entrevaux.

La châtaigneraie est importante et ancienne sur la commune, où certains arbres ont plus de 500 ans. Les châtaignes récoltées (environ 150 tonnes par an sur la commune) apportaient une ressource financière attendue puisqu'elles étaient presque toutes vendues à des marchands de Nice ou du Var qui venaient les emporter sur place. Un domaine comme celui du Briel produisait environ 10 à 12 tonnes de châtaignes par an. Elles étaient récoltées à la Toussaint et vendues fraîches. On note la présence de nombreuses structures en pierre sèche dans la châtaigneraie, notamment des enclos, ainsi que des zones aménagées en terrasses (Font de Graïe...). Le plus gros châtaignier du canton d'Annot, au quartier du Serre de Beauvezer.Le plus gros châtaignier du canton d'Annot, au quartier du Serre de Beauvezer.

Les châtaignes qui étaient conservées étaient stockées dans de grandes jarres entreposées dans des caves fraiches, ou dans des silos enterrés avec des feuilles. Elles étaient également conservées séchées pour les poules et pour la bouillie du cochon. Les châtaigniers servaient aussi pour tailler des poutres et des planches.

La culture du chanvre était bien implantée, comme en témoigne le toponyme Chenevier présent à la section C2 du cadastre de 1830.

Les familles possédaient en moyenne quelques brebis, chèvres et/ou vaches, lapins, poules. Il y avait généralement un mulet à la campagne, un cheval au village. En revanche, il y avait peu d'âne. Dans les années 1930, un chevrier d'Argenton, nourri et fourni en tabac par les habitants du village, gardait les chèvres de chacun.

Les ruches étaient peu nombreuses, et la production uniquement destinée à la consommation familiale. Le cadastre de 1830 mentionne un toponyme L'Apié aux Villars, qui est aussi le surnom du propriétaire. Un rucher aménager dans une petite barre calcaire a été repéré au hameau de La Combe.

Les bois en taillis servaient pour le chauffage, les bois en futaie étaient en principe réservés soit à la vente soit à la construction. On faisait également des ramées, afin de compléter le fourrage en hiver. Certains chênes étaient récoltés pour leurs glands (aglaniés). D'autres étaient émondés en ramées, pour donner aux chèvres. Les ramées sur le gui se faisaient également, mais uniquement pour les agneaux gras.

La lavande étaient presque exclusivement ramassée « au sauvage », notamment sur la Charmette. Elle était vendue à un négociant de Grasse qui avait installé une distillerie dans le grand virage de la R.D. 908, à La Clap. Cet installation distillait entre 80 et 100 tonnes de lavande par an.

En 1788, Achard nous apprend qu'il y a sur le territoire de Méailles « une fort belle forêt de sapins, de laquelle on a souvent tiré les mats de Navires ». Et il ajoute que « dès le tems d'Honoré Bouche, la forêt de Méailles étoit formée d'arbres de haute futaie. Cet Historien rapporte qu'il en a vu qui avoient jusqu'à 16 toises [~30 mètres] de hauteur & plus de trois pieds de diamètre vers le tronc ». Les troncs de mélèzes qui servaient à la fabrication de planches étaient placés sur un chevalet en surplomb, puis sciés de long. Lorsque ces planches (taoules) étaient destinées à servir en couverture de toit, on y pratiquait la gréoula, c'est-à-dire deux rainures parallèles, destinées à améliorer l'évacuation des eaux de ruissellement. La plupart des bâtiments d'altitude, à La Combe ou au Briel étaient couverts de cette manière.

Au quartier de La Combe, la paille de seigle était utilisée pour la couverture de quelques bâtiments.

Les mélèzes et les pins étaient également utilisés pour tailler les poutres des bâtiments.

Des saules de diverses espèces (sauvé, vézé, aumarinié, saule pleureur...) poussent en bords de rivières et dans le lit de certains ravins saisonniers, les « oseraies » mentionnées au cadastre de 1830. Les tiges de ces arbres étaient utilisées pour la vannerie, avec des armatures en châtaignier.

Le bois de peuplier servait pour la construction des charrettes.

Le moulin de La Colle était utilisé au milieu du 18e siècle. Celui de Peiresc a fonctionné jusqu'au tout début du 20e siècle. A partir de 1900, et jusqu'aux années 1950, les habitants allaient moudre au moulin de Chabrières ou à ceux d'Annot.

La tradition orale rapporte l'existence de fours à chaux au nord du village, à l'emplacement de l'actuelle station météorologique, ainsi qu'à la Rouyère, La Lare et à la Maouna, en face de la grotte dite Le Pertuis. Des vestiges de fours à chaux ont en outre été signalés et constatés au quartier de l'Alleboué, sur le chemin du Cougnas. Ils sont sur une plate-forme gréseuse, située immédiatement au-dessus du Canal de la Vaïre, en rive gauche du Ravin des Louvrettes, à peu de distance de la limite entre zones de grès et calcaires. On remarque notamment des résidus de grès vitrifiés, démontrant une forte chauffe, ainsi que des blocs calcaires ramenés. Les fours pourraient correspondre aux deux structures demi-circulaires en pierre sèche de grès qui sont encore visibles.

Une tuilerie communale est mentionnée sur le cadastre de 1830 à Font de Graye, au lieu-dit Couguye, section C2, parcelle 1154. Ce petit bâtiment de 16 m2 est mentionné comme « bâtiment four à tuiles en ruine ». Il est accompagné d'un autre « bâtiment », plus grand, et d'une parcelle de « terre labourable » qui appartiennent également à la commune. Aucun vestige n'a pu être repéré sur place. Cependant, cet emplacement à proximité de roubines de marnes grises est caractéristique des petites tuileries rurales de haute Provence.

La mémoire orale indique qu'un moulin à vent était installé au-dessus de cette tuilerie, sur l'éminence marneuse. De plan circulaire, il était construit en pierre de taille ; il pourrait s'agir d'éléments lapidaires du Chastelard en remplois.

Une petite carrière a été repérée entre le village et la chapelle Saint-Jacques.

En 2011, quelques parcelles de la rive droite de la Vaïre sont encore cultivées. De mêmes les quartiers plus plats des Villars, Sauches, Serre de Beauvezer, etc. En revanche, les zones agricoles en terrasses et la châtaigneraie sont presque partout abandonnées et embroussaillées ou boisées. Cependant, depuis quelques années, des travaux d'élagage et de reprise des châtaigniers sont menés. La montagne de Méailles sert toujours d'estive.

1Bourcet de la Saigne et Michaud d’Arçon.Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille

Les traces les plus anciennes d'une occupation humaine se trouvent dans les grottes : Grotte du Trou du Boeuf, Grotte de la Maouna. Elles remontent au moins au Néolithique. Le plateau de Saint-Jacques a pu servir d'oppidum à l'époque protohistorique et il est possible qu'un habitat antique ait été installé au Villars. Au 11e siècle, Méailles fait partie des possessions de l'église Saint-Pons de Segumagna (Le Fugeret), qui est donnée à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. On retrouve d'ailleurs ce toponyme Saint-Pons en contrebas d'une colline appelée Le Chastelard, au sud-est du village actuel. Un autre toponyme Le Chastel est mentionné dans la Montagne, au-dessus des sources du Coulomp. L'installation du village sur son site actuel remonte sans doute au milieu du Moyen-Age. L'église, ainsi que des éléments de l'îlot du château semblent remonter au 12e ou au 13e siècle. Une enceinte de maisons-remparts fermait les côtés est et ouest, avec une possible fortification à l'arrivée du chemin de la Vaïre (toponyme Le Barri). Aux 13e et 14e siècle, la population est d'environ 250 habitants. De nombreuses maisons et bâtiments du village portent des éléments lapidaires des 16e et 17e siècles (encadrements notamment). A la fin du 17e siècle, la population est d'environ 450 personnes, puis de 350 habitants au début du 18e siècle. Au quartier de La Combe une date du 18e siècle a été relevée, mais l'emplacement est certainement occupé dès avant. Les fermes de la rive droite de la Vaïre existent déjà au 18e siècle, sauf celle de Sainte-Anne qui date du 19e siècle. Le maximum démographique du 19e siècle est atteint en 1851 avec 637 habitants, puis la population baisse régulièrement. Cependant, la construction de la voie ferrée Digne-Nice amène un renouveau démographique à l'aube du 20e siècle, avec 720 habitants en 1901. A cette époque, outre les travaux ferroviaires qui amènent une intense activité artisanale, la mise en service du Canal de la Vaïre permet l'irrigation d'une grande partie du territoire, notamment des prés de fauche. Cette nouveauté amène la construction de nouveau bâtiments agricoles autour du village. Au sortir de la première guerre mondiale, la population n'est plus que de 335 habitants (1921) dont 70 à La Combe. Le minimum démographique est atteint en 1990 avec 60 habitants. La population légale de 2009 est de 120 habitants.

La commune de Méailles appartient au canton d'Annot et à l'arrondissement de Castellane. Son altitude s'étage entre 880 mètres au bord de la Vaïre et 2191 mètres au Plan des Mouches. Le sous-sol est de nature calcaire avec des affleurements de marnes, hormis dans la partie sud-orientale de la commune où l'on trouve les grès d'Annot. Le relief est raide, sauf autour du village. Le territoire est occupé par le village et le hameau de La Combe. Des fermes sont dispersées, principalement en rive droite de la Vaïre, mais aussi entre le village et La Combe. L'ancienne économie agricole était basée sur la culture du blé et des légumineuses sèches, complétée par les châtaignes sur le grès et des alpages dans les montagnes ; la cueillette de la lavande sauvage a beaucoup été pratiquée. Il y avait également un moulin. Aujourd'hui, l'activité agricole est limitée aux alentours du village et de La Clap, ainsi que sur les alpages.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    II, 116
  • AUDRA Ph. et al. Paysages culturels karstiques. Architecture d'une relation homme-territoire unique. Méailles et la région d'Annot. Museo di Storia Naturale e Archeologia de Montebelluna (Italie), Università di Padova Dipartimento di Geografia (Italie), Agenzia Regionale per la Prevenzione e Protezione Ambientale del Veneto (ARPAV, Italie), Institut za raziskovanje krasa ZRC SAZU (Slovénie), Université de Nice Sophia Antipolis Département de Géographie (France). 2005, 106 p.

  • BARATIER, Edouard. La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris : S.E.V.P.E.N. , 1961, 255 p.

    p. 186-187
  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

    p. 504-505

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 194-10
  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général