fournil - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Le fournil était en activité en 1816 : il est mentionné comme tel ("four à cuire le pain") et appartenait à la commune. Cela laisse supposer qu'il existait dès la seconde moitié du 18e siècle. Il a fonctionné tout au long du 19e siècle mais dans la seconde moitié du siècle s'est progressivement dégradé, pour menacer ruine au début du 20e siècle. Le risque de son abandon entraînant ainsi un manque à gagner dans les finances locales, nécessita des travaux de restauration engagés par la commune. Spitalier, géomètre à Entrevaux, dressa le 31 mars 1905 un plan et une coupe du four à restaurer. A cet effet il est également prévu de remplacer le dallage. Le montant de l'intervention est estimée 390 francs. Le 14 mai 1905, le conseil approuva le détail estimatif, avec dessins, et le projet d'éxécution des travaux de restauration du four. Le 13 juillet 1905, les entrepreneurs Campedieu, père et fils, constructeurs de fours à Biot, s'engagèrent à exécuter les travaux du four communal d'Entrevaux pour la somme de 386 francs, à charge pour eux de refaire la bouche du four, "[...] en employant des matériaux de même qualité que ceux du dallage" et de remplacer la porte. Quatre boulangers se partageaient le four jusqu'au début du 20e siècle, mais très vite, dès après la Première Guerre mondiale, ces derniers disposèrent de leur propre fours, pour des raisons de commodité et de souplesse d'utilisation. Le four fonctionnait toutefois encore lors du second conflit mondial, avant de progressivement péricliter. L'Association pour la sauvegarde du patrimoine entrevalais (APPE) a acquis le bâtiment et s'occupe aujourd'hui de son entretien. Ainsi, au début des années 2000 il a bénéficié de l'intervention d'une fresquiste, Flore Angèle, qui a décoré le mur situé au-dessus de la bouche du four. Le sol du fournil a quant à lui été redallé. Ce four est utilisé tous les ans, lors de la fête du village, et mis à contribution pour l'événement bisannuel des "Médiévales", lors duquel il fonctionne plusieurs jours durant pour cuire des pizzas et autres pissaladières vendues aux touristes.

Le fournil est couvert d'un toit inégal à longs pans recouvert de tuile creuse, sommant des murs montés en moellons de grès et de calcaire liés au mortier, qui ont reçu un enduit récent. L'intérieur se compose d'une petite pièce et d'un four. La pièce, formant un carré approximatif d'une surface au sol d'environ 16 mètres carrés, est prolongée par une grande niche dans laquelle vient s'inscrire la bouche du four, qui prend appui sur une table en grès taillé, puis la chambre de cuisson. La seconde a des dimensions importantes : 3,70 mètres de diamètre et une hauteur sous voûte inhabituellement élevée : 1,50 mètre environ. La sole est en pierre calcaire et la voûte en brique réfractaire : la mise en oeuvre, particulièrement soignée et en même temps standardisée, laisse à penser que les travaux de restauration, bien que cela n'apparaisse pas dans le descriptif de l'intervention à effectuer, ont compris aussi l'édification d'une nouvelle voûte. La porte de fermeture en grès, cerclée de fer, est gravée au nom de l'entreprise "CAMPEDIEU / A BIOT / AM". Au-dessus de la bouche, on observe deux trous obturés chacun par une fenêtre métallique rétractable, qui font écho aux deux trous au fond de la chambre de cuisson : ils désignent les deux conduits de tirage qu'on ouvre régulièrement lors de la cuisson pour éviter l'accumulation de gaz au fond du four. Le fournil, en activité, comporte les outils indispensables du boulanger : un pétrin en bois (il en existe aussi un moderne, électrique, datant des années 1950 et toujours en état de fonctionnement), une pelle à enfourner en bois, un raclet ou "diable" pour récupérer et enlever la braise qu'on conservait dans un étouffoir en zinc, un écouvillon pour enlever les cendres froides à la fin des tours de cuisson. Le mur au-dessus de la bouche du four comporte un décor peint autour du cycle du pain réalisé par une artiste fresquiste, Flore Angèle.

Documents figurés

fournils du Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var