Dossier collectif IA04002091 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
fermes
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Beauvezer

I. Contexte de l'enquête

Le repérage

Ce dossier concerne les fermes de la commune de Beauvezer (canton d'Allos-Colmars). Le terme de "ferme" correspond aux bâtiments ou ensemble de bâtiments associant des fonctions domestiques et agricoles, ces dernières occupant un espace proportionnellement plus important. Ces fermes sont dans la plupart des cas isolées et réparties dans le finage, à l'adret. Quelques unes sont situées en périphérie de hameaux (Le Plan, Villars-Heyssier, La Combe). Une est implantée en bordure du village.

Les conditions de l'enquête

Le repérage des fermes sur la commune de Beauvezer a été effectué au cours des mois de mai, juin, juillet, septembre 2010. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1988. Le plan cadastral dit "napoléonien" levé en 1827, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états de section de ce cadastre a été consulté.

Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur. Deux fermes ont été visitées : la ferme Aco de Chalve et la ferme La Baragna.

Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux fermes et décrivant :

- l'implantation par rapport à la pente,

- la composition des bâtiments,

- les fonctions visibles des bâtiments,

- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,

- la mitoyenneté,

- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,

- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,

- le nombre d'étages visibles,

- la description des élévations et des baies,

- les décors extérieurs,

- les aménagements intérieurs (voûtes, escalier, cheminée, cloisons…)

- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…

Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique. Le repérage est toujours confronté à l'état du bâti. Ainsi ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloigné de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde.

II. Caractères morphologiques

12 fermes ont été repérées, 10 d'entre elles ont été sélectionnées. Cette synthèse est réalisée à partir des fermes sélectionnées qui ont été peu dénaturées.

La ferme dite Clot Tourié au lieu-dit Serre Negre porte deux dates : 1817, 1827.

Implantation et composition d'ensemble

On trouve une ferme dans le village (2018, D, 443 - 445), Une dans le hameau le Plan (2018, B2, 305, 834), une en bordure du hameau de Villars-Heyssier (2018, B2, 832), une dans le hameau de la Combe (2020, A, 698). Les autres fermes sont dispersées dans le terroir agricole aux lieux-dits Serre Negre, Manssaret, Aco de Moundoun, Aco de Chalve,ou prés du Ravin de Chaussegros. Celles situées en milieu aggloméré sont mitoyennes sur un côté ; les autres n'ont aucun mur mitoyen.

A cause du relief les fermes sont toutes implantées sur des terrains pentus. Cinq ont une implantation perpendiculaire à la pente (aux lieux dits : le village, le Plan, Villars-Heyssiers, Aco des Moundoun), les cinq autres, parallèle. La présence de la pente induit la création d'un étage de soubassement (huit cas) et parfois de deux étages de soubassement (deux cas).

Une moitié des fermes sont composées de bâtiments accolés, l'autre moitié d'au moins un bâtiment disjoint (lieux dits : Mansaret, Champalay, Le Plan, le Village, Aco de Moundoun). Trois d'entre elles possèdent une cour (Le plan, Le village, Villars-Heyssier) non clôturée ; les autres présentent une répartition des dépendances autour d'un espace herbeux ouvert, plus ou moins large, qui ne peut en aucun cas être qualifié de cour. La dépendance isolée la plus fréquente est la remise agricole (cinq cas). Cinq fermes sont équipées d'une aire à battre ou à fouler qui peut être couverte (Mansarret, Aco de Moundoun, La Combe) ou sans couverture (Le Plan, Le Village) ; une, d'un four à pain aujourd'hui détruit (Le Plan) ; une autre, d'un entrepôt agricole (Le Plan) et une autre enfin, d'une porcherie (Mansarret).

Matériaux et mise en œuvre

Les bâtiments sont construits en moellon de calcaire et de grès laissés bruts ou peu équarris. Les murs sont montés en assises relativement régulières. Les moellons sont liés entre eux avec un mortier de chaux et de sable. Dans certains cas, le pourcentage de chaux dans le mélange est très faible. Les angles sont renforcés par des chaînes plus ou moins régulières constituées de moellons plus gros et parfois mieux équarris. Dans certains cas les dépendances ont des parties construites par un essentage en planche de mélèze (Champalay, Mansarret)

L'enduit, lorsqu'il est présent, est presque toujours situé sur le bâtiment qui abrite le logis. Cinq fermes ont un enduit à pierres vues (Le Plan, Champalay, Le Village, Villars-Heyssier, Serre Negre), trois ont un enduit couvrant qui n'est pas d'origine (Aco de Moundoun, Mansaret, La Combe), deux ne sont pas enduites (Villars-Heyssier, La Baragna, prés du Ravin de Chaussegros). Les dépendances ont un enduit à pierres vues ou ne sont pas enduites.

Les encadrements des baies sont façonnés au mortier avec un linteau en bois ou sont réalisés en bois. Dans ce second cas, l'encadrement de la baie revêt une fonction structurelle en faisant office de seuil ou d'appui, de jambages et de linteau. Ce type d'encadrement épais et robuste est plus généralement employé pour les fenêtres et les baies fenières (Villars-Heyssier, La Baragna, Aco de Chalve, Le Plan, Serre Negre) mais on le trouve aussi employé pour les portes (La Baragna, Aco de Chalve à Villars-heyssier). Une seule porte ouvrant sur un petit vestibule desservant une étable a un arc en anse de panier (Aco de Chalve à Villars-Heyssier). Aucun encadrement en pierre de taille ou de forme cintré n'a été observé.

Parmi les cinq étables qui ont été visités, quatre sont couvertes par un plancher (Serre Negre, ferme Colombano à Aco de Moundoun, La Baragna, La Combe) et une seule par des voûtes d’arêtes et des voûtes en berceau (Aco de Chalve à Villars-Heyssier).

Les sols des étables et des remises sont en terre battue. On note la présence d'une estrade en maçonnerie avec canal d'évacuation du purin dans l'étable à vache de la ferme Colombano. Le sol du fenil de la Baragna, le seul observé, est en plancher rustique. Bien qu'aucune pièce d'habitation n'ait été visité, il est probable que le sol ait été couvert en carreaux de terre cuite, à l'image des maisons. Le logis de la Baragna, qui fait peut être office d’exception, a un sol en terre battue avec une partie dallée en pierre située à l'avant du seuil. La ferme dite Aco des Chalve présente des vestiges d'enduit à la chaux peint en blanc, ainsi qu'une cloison en plâtre avec lauzes disposées de champ et raidisseurs en bois, dans une de pièces d'habitation.

A la ferme Aco de Chalve (la seule visitée), les pièces servant de cuisines sont agrémentées de cheminées adossées et d'un évier situé dans l'angle. On y trouve également, ainsi que dans les chambres, des placards engagés.

Dans la plupart des fermes, les niveaux consacrés au logis sont desservis par un escalier intérieur mais aucun d'entre-eux n'a été observé.

Structure, élévation, distribution

Les fermes ont entre quatre (6 cas) et trois (3 cas) niveaux d'élévations. La Baragna fait office d'exception avec seulement deux niveaux.

Trois fermes ont deux étages de soubassements ; sept n'en ont qu'un.

Neuf fermes possèdent un étage de comble ; une en a deux (Le Clot Tourié à Serre Negre).

On dénombre seulement deux fermes avec une élévation à travées régulières (fermes de Champalay et de Mansarret).

Peu de fermes ayant été visitées, il est difficile de savoir avec certitude si l'ensemble ou seulement une partie des niveaux sont reliés entre eux par un escalier intérieur. Dans la ferme Aco de Chalve à Villars-Heyssier, un escalier intérieur, droit, permettait de relier les deux niveaux d'un logement.

Dans quatre fermes, l’accès aux étages s'effectue par un escalier de distribution extérieur. Trois sont droits ; un est symétrique avec une première volée double à montées convergentes aboutissant à un repos, puis une seconde volée centrale (ferme Mansarret). Deux des escaliers sont parallèles à la façade ; deux autres, perpendiculaires.

On observe la présence de trois rampes permettant de desservir un logis (Aco de Chalve), une étable (Mansarret) et un enclos à moutons (La Baragna).

Couverture

Les fermes étant composées d'un ou plusieurs bâtiments dissociés ou accolés, on observe différentes formes de toitures qui peuvent coexister sur un même édifice.

90% des fermes ont un toit à longs pans, 20%, un toit à un pan et 20%, un appentis. Une possède un toit à longs pans avec croupes et une autre un toit à longs pans avec demi-croupe. La couverture en terrasse reste exceptionnelle puisqu'elle n'est présente que sur une dépendance (Champalay).

Bien que les fermes aient été à l'origine couvertes en planche de mélèze ou en tuile plate, la plupart des toitures ont été restaurées en privilégiant la pose de plaques en métal (tôle ondulée, plaque en fer).

Trois d'entre elles ont conservé des parties de toit en planche. Seule la bergerie La Baragna a conservé sa charpente et sa couverture d'origine en planche.

Décor

Un seule ferme possède un décor sur sa façade antérieure : une série de bandes peintes de couleurs ocre rouge qui soulignent les niveaux (Mansaret). On peut également signaler deux cas de faux encadrements de baies peints en blanc (Mansarret, ferme à La Combe).

Typologie

L'analyse de l'ensemble des fermes a permis de faire apparaître un type prédominant : le type ferme en maison-bloc composite en hauteur (type F3a2) qui concerne huit fermes soit 80% du corpus (bloc composite à terre ou en hauteur : présence des deux phénomènes de juxtaposition et de superposition).

On observe également :

- un cas appartenant au type ferme en maison-bloc composite à terre (type F3a1 : ferme à maison-bloc à terre, à bâtiments accolés et/ou disjoints)

- un cas appartenant au type ferme en maison-bloc en hauteur (type F2 : superposition des fonctions sur deux ou plusieurs niveaux)

- zéro cas appartenant au type ferme en maison-bloc à terre (Type F1 : juxtaposition des fonctions agricoles et d'habitation)

Interprétation de la classification

Sur la commune de Beauvezer la forme composite est majoritaire. 80% des fermes sont constituées de bâtiments d'habitations et de bâtiments agricoles, accolés et/ou disjoints. Une ferme est composée d'un bâtiment avec logis et de dépendances agricoles disjointes. Une ferme qualifiée maison-bloc en hauteur est constituées d'un seul corps de bâtiment. Deux fermes sont constituées de bâtiments accolés successivement. Aucune ferme en maison-bloc à terre.

les fermes situées sur la commune de Beauvezer ont été construites entre le 18e siècle et le 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Typologies
    F3a2 : ferme à maison-bloc en hauteur, à bâtiments accolés et/ou disjoints ; ferme ; F3a1 : ferme à maison-bloc à terre, à bâtiments accolés et/ou disjoints ; F2a : ferme en maison-bloc composite en hauteur
  • Toits
    fer en couverture, bois en couverture, tôle ondulée, tuile plate, acier en couverture, tôle galvanisée
  • Murs
    • grès moellon enduit
    • calcaire moellon enduit
    • bois pan de bois
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • nombre d'oeuvres reperées 12
    • nombre d'oeuvres étudiées 10
    • nombre des immeubles au dernier recensement de l'INSEE 793
Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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