Selon Alain Collomp, la bastide de Notre-Dame, ainsi que sa chapelle et des terres situées au terroir de Moriez, sont données à l'abbaye de Lérins au 11e siècle. Le terme de bastide a ici une connotation différente de celle usitée en Basse-Provence : il s'agit en fait d'une ferme isolée, aussi parfois nommés "grange".
La première mention pouvant être rapportée précisément à la ferme jouxtant la chapelle dite de Notre-Dame-du-Serret, est celle d'un rapport sur l'état du prieuré demandé par l'abbé de Lérins et le seigneur de Moriez en 1660 : si la chapelle tombe en ruine, le presbytère est en bon état. On peut supposer que le dit presbytère correspond à la partie logis jouxtant la chapelle. La même année, le monastère de Lérins donne à bail perpétuel ce même prieuré et son domaine foncier à Paul de Chaillan, seigneur de Moriez, pour une pension annuelle de 45 livres. Presque trente ans après la signature de l'acte, le nouveau seigneur y entreprend des travaux, le bâtiment daterait donc du 4e quart du 17e siècle. Alain Collomp cite ainsi un prix fait probablement trouvé dans les archives notariales de Saint-André qu'il a méthodiquement dépouillées mais dont il ne mentionne cependant pas la cote précise : l'acte peut donc soit avoir été lu dans la Série 2E des Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence soit dans les archives privées du notaire Honnorat de Saint-André. En voici, la transcription donnée dans l'ouvrage de Collomp : "l'an 1689 et le 5e jour du mois de may, Joseph Juglar me maçon de Moriez et François Isnard, me maçon de la citté de Senez lesquels de leur gré, ont promis et promettent à Noble Pierre de Chaillan seigneur de Moriez et du Castellet de lui fère et parfaire ung bastiment au Cartier de Notre-Dame du Serret de ce lieu [...] et laquelle besogne ils promettent avoir faite dans une année".
A la Révolution, la Bastide est saisie et revendue comme bien national, un procès verbal d'estimation est dressé en 1791 (pour la cense annuelle versée par la famille de Chaillan), puis en 1794 (pour la bastide). En 1795, un autre procès-verbal estime la chapelle et précise la nécessité de sa vente concurremment avec celle de la Bastide.
Entre le cadastre napoléonien de 1838 et le cadastre moderne de 1983, le plan masse du logis n'a pas changé, en revanche celui du bâtiment agricole le jouxtant au nord a été clairement modifié. Il semble en être de même pour les élévations : la façade du logis, datant probablement de la 1ère moitié du 17e siècle, n'a que très peu été remaniée, peut-être les ouvertures du dernier niveau. Le bâtiment agricole a été modifié : agrandi vers le nord à l'époque contemporaine, surélévation et modifications d'ouvertures sur la partie plus ancienne ; on observe notamment sur la façade ouest un arc plein cintre muré en briques rouges au-dessus de la porte à linteau en bois de la bergerie, la chaîne d'angle en pierre de taille en milieu de bâtiment suggère également un agrandissement antérieur.
Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.