I. LES CONDITIONS DE L’ENQUÊTE
Problématique du repérage
Ce dossier concerne l’ensemble des fermes de la commune de Moriez : il s’agit de bâtiments avec parties agricoles évidentes juxtaposées, superposées ou disjointes par rapport à la partie logis.
Le repérage de l’habitat sur la commune de Moriez a été effectué au cours de l’été 2006.
Le support de base de l’étude est représenté par le cadastre moderne, édition mise à jour en 1983, sur lequel l’ensemble des bâtiments est recensé. Le cadastre napoléonien, réalisé en 1838 sur la commune de Moriez, peut également être mis en parallèle avec profit pour les bâtiments antérieurs à cette date.
Pour chaque bâtiment recensé, les extérieurs sont vus et font l’objet d’une grille de repérage. Quand cela est possible et pertinent, les intérieurs peuvent également être visités. L’enquête orale peut également s’avérer utile pour obtenir des informations sur l’évolution structurelle ou intérieure des édifices.
La grille de repérage
Le repérage a été effectué à l’aide d’une grille de description morphologique propre aux maisons décrivant :
- l’implantation par rapport à la pente
- la composition
- les fonctions des parties agricoles
- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres
- la situation du bâti dans l’espace rural
- la structure du bâtiment (niveaux et escaliers)
- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre
- la forme du toit et la nature de la couverture et de l’avant-toit
- la description des élévations et des baies
- les décors extérieurs
- les aménagements intérieurs
- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions
Cette grille de repérage alimente une base de données qui permet une analyse statistique et des retranscriptions cartographiques.
Le bornage du repérage, la sélection
Le repérage s’inscrit dans une double limite : chronologique et morphologique.
Les bâtiments postérieurs aux années 1990 n’ont pas été étudiés.
Quant à la morphologie des édifices, les fermes trop dénaturées c’est-à-dire ayant subi des modifications structurelles telles que leur analyse fonctionnelle ou leur histoire architecturale n’est plus lisible, n’ont pas été prises en compte.
Enfin il aurait sans doute été précieux d’être en mesure de rentrer dans certains édifices mais les problèmes d’accessibilité sont prégnants dans un secteur où les résidences secondaires sont majoritaires et où le bâti agricole est parfois désaffecté.
La sélection des fermes retenues pour étude s’est faite sur un double critère. Tout d’abord l’unicité : les édifices exceptionnels par nature ou par leur état de conservation ont fait l’objet d’une analyse plus approfondie. Il en est de même pour des édifices représentatifs de certains types récurrents dont on a retenu un nombre limité, mais significatif, d’exemplaires.
II. CARACTÈRES HISTORIQUES
D’une manière générale, les critères des datations sont de deux types : d’une part ils se fondent sur l’analyse morphologique et stylistique, notamment des formes de baies ou du type d’appareil. D’autre part, le recours aux sources documentaires (cartes de Cassini et Bourcet de la Saigne notamment, ou encore séries d’archives départementales) peut confirmer une estimation de terrain.
De plus, un édifice peut parfois porter un chronogramme. C’est le cas d’une seule ferme (la Bastide Saint-Firmin) sur la commune de Moriez qui porte la date de 1661.
Bien que le nombre le plus important de maisons semblent avoir été construit au 18e siècle à Moriez, les fermes repérées semblent plus récentes et seraient plutôt à dater du 19e siècle pour 8 fermes sur 10. Elles ont, à tout le moins, été très remaniées voire reconstruites à cette époque. Les 2 autres fermes repérées ont été construites au 17e siècle (chronogramme pour l’une, estimation pour l’autre).
III. CARACTÈRES MORPHOLOGIQUES
10 fermes ont été repérées sur la commune de Moriez, 3 ont été sélectionnées.
Implantation
L’implantation des fermes est double : isolées ou en hameaux.
Parmi les fermes repérées, la majorité se trouve au sein des hameaux, il est alors parfois difficile de distinguer une maison d’une ferme à bâtiments disjoints. Dans ces hameaux, le logis est en effet souvent géographiquement dissocié des entrepôts agricoles disséminés dans le hameau, pas nécessairement à proximité immédiate et parfois même, mais plus rarement, construits sur les terres dépendantes de la ferme. Le logis est alors une maison avec éléments à usage agricole en partie haute et/ou basse.
Il a donc été choisi dans cette enquête, de repérer ces logis à fonctions agricoles en parties hautes et/ou basses comme des maisons ; le bâti comprenant le logis s’apparentant bien plus à une maison incluant des fonctions agricoles. Il nous était de plus souvent impossible d’associer tel ou tel entrepôt à telle ou telle ferme.
Les 3 fermes étudiées sont soit complètement isolées, accessibles uniquement par une piste, en hauteur, sans eau courante ni électricité, c’est le cas des fermes de Saint-Firmin et de Notre-Dame ; elles sont toujours habitées. Pour le cas de la ferme dite la Grange Loin, elle est à proximité immédiate du hameau de Hyèges.
Les fermes sont pour 70% d’entre elles construites perpendiculairement à la pente.
Matériaux et mise en œuvre
Les bâtiments sont construits en moellons de grès non ou peu équarris. Les moellons sont liés entre eux par un mortier de chaux et sable. Les angles sont renforcés par des moellons plus gros, mieux équarris.
Les enduits anciens conservés sont à pierres vues ou rustiques le plus souvent réalisés avec du gypse rouge, caractéristique de l’architecture de Moriez. Les enduits récents sont le plus souvent en ciment.
Les baies (autres que porte du logis) présentent majoritairement un encadrement au moins en partie façonné avec du gypse rouge : associé à un linteau de bois ou entièrement façonné. La porte du logis fait rarement l’objet d’un soin particulier, parfois façonnée, elle ne présente le plus souvent pas d’encadrement ; à l’exception de deux fermes étudiées où l’encadrement est en pierre de taille, mais il s’agit là d’exceptions.
Structure, élévation, distribution
Les maisons ont entre 2 et 5 niveaux d’élévation, la majorité en ayant 4.
Les escaliers permettent l’accès au logis ou la circulation entre les différentes parties : pour 3 fermes, l’accès au logis se fait par un escalier extérieur. Sinon ils sont intérieurs.
Couverture
Les avant-toits sont de deux types également représentés : en génoise à 1 ou 2 rangs (pour 50 %) ou à chevrons.
L’essentiel des toits des maisons repérées est à longs pans (70 %), un plus petit nombre est à 1 seul pan (30 %). Ils sont couverts très majoritairement (80 %) de couvertures modernes (tôle ou ciment amiante), peu conservent donc encore les tuiles creuses traditionnelles.
Typologie
Sur 10 fermes repérées au total :
F1 : Ferme en maison-bloc à terre
(0 repérées ; 0 sélectionnées)
Logis et parties agricoles juxtaposés
F2 : Ferme en maison-bloc en hauteur
(5 repérées ; 2 sélectionnées)
Logis et parties agricoles superposés
F3 : Ferme à bâtiments accolés et/ou disjoints
(5 repérées ; 1 sélectionnée)
- Ferme à maison-bloc à bâtiments accolés
- Ferme à maison-bloc à bâtiments disjoints
- Ferme à bâtiments disjoints
Aucune ferme en maison-bloc à terre (F1) n’a été repérée sur la commune de Moriez. En revanche les fermes en maison-bloc en hauteur (F2) et bâtiments accolés et/ou disjoints sont également représentées.
IV. DOCUMENTATION
Les outils topographiques
Comme cela a déjà été précisé, l’enquête débute avec comme support le cadastre moderne, dans le cas de la commune de Moriez, une édition mise à jour en 1983. Ultérieurement, les matrices cadastrales ont également été ponctuellement étudiées afin d’éclaircir certaines évolutions ou destinations du bâti. A ce cadastre moderne a été confronté le cadastre dit napoléonien, ici établi en 1838.
A également été consultée avec profit la carte de Cassini dessinée par ce dernier entre 1775 et 1781 pour la région concernée. Tout comme la carte d’état-major réalisée par Jean Bourcet-de-la-Saigne entre 1764 et 1769.
Les archives
La commune de Moriez ne conservait pas de documents anciens.
En revanche, les recherches aux archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence ont livré des documents intéressants dans les séries E dépôt, O, Q, S, W.
Bibliographie
Voir la rubrique références documentaires.
TABLEAU DES FERMES REPÉRÉES
(en gras, les fermes faisant l’objet d’une sélection)
LIEU-DIT | CADASTRE | PARTIES | NIVEAUX | TYPO |
Hyèges | 1965 A4 831, 832 | remise ; étable ; bucher ; fenil ; cellier ; cave | 3 | F2 |
Hyèges | 1965 A4 866 | remise ; étable ; bucher ; fenil ; cellier ; cave | 3 | F2 |
Coullet-de-Ville | 1983 C1 84 | bergerie ; fenil ; remise ; séchoir ; étable ; citerne | 3 | F3 |
Le Plan | 1983 B3 203 | bergerie ; remise ; étable | 4 | F2 |
Champ-Bléou | 1965 E1 495 | pigeonnier ; four ; lavoir ; séchoir en comble | 4 | F3 |
Les Chaillans | 1965 H1 15, 16, 196 | remise ; étable ; fenil | 2 | F2 |
Les Chaillans | 1965 H1 11, 14, 189 | remise ; étable ; fenil ; atelier ; pigeonnier | 4 | F3 |
Les Chaillans | 1965 H1 192 | remise ; étable ; fenil | 2 | F2 |
Les Granges-de-Boichon | 1965 H2 285, 286, 287 | remise ; étable ; fenil | 4 | F2 |
Les Granges-de-Boichon | 1965 H2 288, 289 | remise ; étable ; fenil | 4 | F2 |
Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.