maison puis sous-préfecture actuellement immeuble - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Palais construit dans la seconde moitié du 16e siècle par l'évêque Jean Clausse de Mouchy (évêque de 1561 à 1587) qui évitait le plus possible de résider à Senez et souhaitait faire de Castellane le nouveau siège de son évêché. Le choix de l'emplacement de sa résidence à proximité immédiate du couvent des Augustins de Castellane s'explique par la volonté de faire de cette communauté le nouveau chapitre cathédral. Ce palais est issu du regroupement et de l'agrandissement d'au moins deux constructions qui pouvaient remonter au 15e siècle. A l'intérieur, la distribution a entièrement été revue, avec la construction d'un nouvel escalier en fond de parcelle et le percement d'un corridor pour le relier à la porte d'entrée. Cette résidence était accolée à la chapelle des pénitents blancs qui servait de chapelle privée au prélat. Cette maison fut par la suite la propriété de la famille Marie qui la conserva jusquau 19e siècle. En 1685, elle appartenait à Gaspard Marie, notaire, et son propriétaire en 1834 était Elisabeth Rossoline Dailun, veuve Marie (état de sections du cadastre dit napoléonien). La façade a fait l'objet de travaux dans la seconde moitié du 19e siècle : adjonction de deux pilastres corinthiens, agrandissement des fenêtres dotées de nouveaux appuis, aménagement d'un nouvel encadrement de porte. En 1882, les propriétaires sont les soeurs Chauvin. Elles décident de louer l'essentiel de leur maison au département qui entend y installer la sous-préfecture de Castellane, l'immeuble qui l'abritait jusqu'alors devant subir d'importants travaux. Ce n'est qu'à cette occasion, par exemple, que fut assurée la communication des deux anciennes parcelles au rez-de-chaussée surélevé. Les travaux du 16e siècle n'avaient en effet assuré cette communication qu'aux étages supérieurs, ce qui peut laisser imaginer que les bâtiments antérieurs au 16e siècle n'avaient pas d'étage carré. A l'expiration du bail, le 1er janvier 1903, la sous-préfecture a déménagé dans un immeuble de l'actuel boulevard de la République et la maison de la place de la Liberté est devenue un immeuble. Les grandes baies à arc segmentaire du rez-de-chaussée surélevé sont des agrandissements du 20e siècle.

L'entrée, sur la façade principale regardant le nord, donne accès au rez-de-chaussée surélevé. Un corridor traversant permet d'atteindre l'escalier, au milieu et au fond de la parcelle. Son sol est constitué de grandes dalles de pierre. Le percement de ce corridor a conduit à tronquer la voûte d'arête de la pièce qui le jouxte à l'ouest. L'escalier est à moitié tournante et à deux noyaux. Le mur entre les deux noyaux est percé d'une petite baie à chaque volée. L'escalier dessert l'étage de soubassement et les trois autres étages. Les espaces de distribution présentent de petits volumes mais ne sont pas dépourvus de décor. Le corridor du rez-de-chaussée et les trois paliers sont ainsi voûtés d'arêtes avec, à la jonction des nervures, des moulures formant fausses-clés pendantes. Le noyau du côté du palier est habillé en colonne ionique au premier étage. L'étage de soubassement est occupé par plusieurs caves voûtées en berceau. On note au niveau des caves des encadrements de porte en pierre de taille et en plein cintre. L'illusion d'uniformité que donne la façade est due à l'élévation sur la hauteur des trois étages carrés de deux pilastres d'ordre corinthien. Une corniche creuse, faite de planches et de plâtre, termine cette élévation. A noter que les fenêtres d'une des travées ont été murées : leur emplacement, commandé uniquement par la régularité de la façade, s'accorde fort mal avec le volume des pièces qu'elles éclairaient, puisqu'elles étaient pratiquement accolées à l'épais mur porteur qui sépare les deux anciennes parcelles. Les baies des deuxième et troisième étages ont reçu le même traitement et seul leur appui a fait l'objet d'un décor : une cimaise s'appuie sur des modillons à volutes. La porte, enfin, monumentale, se remarque surtout pour son entablement. La frise, nue, ou presque, décorée d'un unique et petit motif floral, est surmontée d'une imposante corniche surmontant un alignement de denticules. Cette corniche se prolonge en un bandeau qui coure sur toute la façade.

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