Implantation, composition, distribution
Les 88 maisons repérées dans le village sont presque toutes de type urbain, c’est-à-dire mitoyennes sur au moins un côté (13), plus souvent 2 (44) ou 3 côtés (27). N’échappent à la règle que 2 maisons de la zone périphérique la plus récente.
Toutes sans exception comportent un seul corps de bâtiment. Les annexes sont rares (2 porcheries, 1 entrepôt agricole), les espaces libres quasi inexistants (une seule cour). Le nombre d’étages varie de généralement de 3 (35) à 4 (43), les maisons de 2 (4) et 5 (6) étages font figure d’exceptions. Dans les 2/3 des cas, l’étage inférieur est en soubassement. L’unique exemple de sous-sol doit se comprendre comme un étage de soubassement privé de son accès par la construction d’une maison contigüe. Au dessus de l’étage de soubassement inférieur, on trouve dans 2 cas seulement un 2ème étage de soubassement, partout ailleurs le rez-de-chaussée. Dans les maisons de 2 et 3 étages, l’étage supérieur est presque toujours un étage carré ; dans celles de 4 et 5 étages, presque toujours un comble à surcroît.
La dénivelée extérieure a été mise à profit pour ménager des accès directs à plusieurs niveaux : 40 maisons s’ouvrent à la fois au soubassement et au rez-de-chaussée et, parmi les 41 maisons qui n’ont qu’un étage accessible, 15 ont probablement perdu une issue (porte condamnée par la construction d’un bâtiment mitoyen ou rendue inutile par la construction d’un escalier intérieur). En outre, 7 maisons bénéficient d’un accès à l’étage médian inférieur par un escalier extérieur. Les accès à un même étage peuvent d’ailleurs être multiples. L’étage inférieur a 2 portes dans 41 cas, 3 portes dans 6 cas, l’étage au-dessus a 2 portes dans 9 cas, 3 portes dans 1 cas.
La distribution intérieure n’a pu être observée que rarement. L’espace, presque toujours très exigu (plus de la moitié des maisons ont une superficie au sol inférieure à 50 m², les autres, c’est-à-dire celles qui ont été construites après 1831 ou qui fusionnent 2 ou 3 bâtiments, dépassent rarement 80 m²), n’autorise qu’une pièce par niveau et les escaliers intérieurs aperçus sont, à une exception près (un escalier tournant en bois), composés de volées droites superposées appuyées contre l’un des murs latéraux, dont la 1ère débute souvent par un degré dans la rue, devant la porte du logis.
La répartition des fonctions offre peu de variété. L’étage inférieur sert presque toujours d’étable (transformée aujourd’hui en remise), de cellier ou, plus rarement, de boutique. Il n’est affecté au logement que dans 11 cas, dont 3 en partie seulement, et cette affectation, quand elle ne concerne pas une construction récente, résulte probablement d’un remaniement. Le logis partage parfois le 1er étage médian, quand il se trouve au rez-de-chaussée, avec la fonction agricole, artisanale ou commerciale. Il occupe la totalité des étages supérieurs, sauf le comble, souvent utilisé comme séchoir. On ne trouve jamais de fenil dans les habitations villageoises. La typologie des maisons donne donc un quasi monopole à la maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse (plus de 90% du corpus) et une petite minorité à la maison sans partie agricole, commerciale ou artisanale (8 cas), à l’exclusion de tout autre type.
Mise en oeuvre
La construction des maisons utilise le grès local, en dalles empilées et liées au mortier de chaux. Ce matériau est ici moins visible que dans les autres bâtiments (fermes et entrepôts), car presque toujours masqué par un enduit. Les encadrements des baies, sous le mortier qui les habille, sont formés de moellons équarris pour les piédroits et de bois pour les linteaux. Sur les toits à un pan (43 cas), 2 pans aux angles des rues (6 cas) ou à longs pans (38 cas), exceptionnellement avec croupe (2 cas), les matériaux de couverture communément utilisés sont la tuile creuse (34) et la tuile plate mécanique (39), parfois le ciment amiante (13). Mais quelques vestiges encore en place montrent que les tuiles ont, dans certains cas sinon dans tous, remplacé la lause en grès extraite du sous-sol. Le remplacement, qui a utilisé des matériaux industriels (il n’y a, semble-t-il, jamais eu de tuilerie à Braux), a vraisemblablement commencé dans la 2ème moitié du XIXe siècle et s’est poursuivie jusqu’au milieu du XXe siècle. Les génoises à 1 (4 exemples), 2 (49 exemples) ou 3 (2 exemples) rangs qui servent d’avant-toit datent de la même période.
Le respect des structures et des usages traditionnels n’a pas empêché les habitants de Braux de suivre parfois les modes architecturales venues des bourgades proches, Annot et Entrevaux. Certes, les élévations conformes aux types communs en Basse-Provence, c’est-à-dire avec au moins une travée de baies régulière, sont peu nombreuses (15 à une travée, 2 à 2 travées). Contrairement au blocage de moellons bruts en calcaire, l’empilement de blocs de grès qui compose le gros-œuvre des maisons de Braux rend très malaisé le percement de nouvelles ouvertures. Les plus riches ont fait tailler le grès ou venir d’ailleurs la pierre de taille nécessaire pour un encadrement de porte (13 exemples relevés). Quelques-uns ont fait suspendre à leur façade un balcon ((35 exemples), rarement deux (4 exemples). Les autres se sont contentés d’un enduit, parfois assorti d’un modeste décor façonné et/ou peint : encadrements de baie, corniches et chaînes d’angle en bandeau ou harpés, fenêtres en trompe-l’œil. Tous ces éléments peuvent être datés, tant par leur style que par les dates gravées, de la même période que la réfection des toits, 4ème quart du XIXe et 1ère moitié du XXe siècle.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.