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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Barrême

Conditions de l'enquête

Sur les 113 maisons repérées dans la commune de Barrême, deux ont été écartées de l'analyse collective en raison de leur atypicité. Il s'agit de deux édifices faisant l'objet d'un dossier individuel : la maison de villégiature La Gaité et de la maison qui fut transformée en distillerie de lavande par l'entreprise Selin.

Sur les 111 maisons restantes, seules deux ne sont pas situées dans le village mais dans les hameaux de Gévaudan et du Bouquet. L'enquête réalisée en 2006 s'est portée sur l'identification des fonctions agricoles, l'analyse de la distribution des espaces entre les différents niveaux et des façades. Quand l'accès aux intérieurs a été possible, l'emplacement et la forme des escaliers dans-oeuvre ont été notés.

Quelques maisons ont pu faire l'objet de visites exhaustives, sans que l'analyse de leur architecture puisse produire davantage qu'une courte notice (voir plus bas).

Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux maisons et décrivant :

- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment,

- le nombre de niveaux,

- les escaliers : emplacement dans la parcelle et forme,

- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,

- la description des élévations et des baies,

- la forme des toit et avant-toits.

Les fonctions des bâtiments : prédominance de la maison-bloc en hauteur

La présence de fonctions agricole, commerciale ou résidentielle et leurs emplacements respectifs dans l'édifice établit la typologie suivante.

A1 : Maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse : logis au-dessus ou à côté d'une partie agricole ou commerciale. Ce type est bien représenté dans le village, avec 29 occurrences.

A2 : Maison avec partie agricole en partie haute : le logis est surmonté d'un fenil ou d'un séchoir : 7 occurrences.

A3 : Maison avec parties agricoles en parties basses et hautes : logis entre parties agricoles. Type le plus nombreux avec 66 occurrences (plus de 59% du corpus).

B : Maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale : absence de fonction autre que le logis. Ce type ne comprend que 7 occurrences, dont les 2 maisons repérées à Gévaudan et au Bouquet.

Barrême, parcelle H271. Maison à logis entre fonctions agricoles et façade de type A1 avec séchoir à loggia.Barrême, parcelle H271. Maison à logis entre fonctions agricoles et façade de type A1 avec séchoir à loggia.

Identification et répartition des fonctions agricoles

Etables (54 cas) et remises (42 cas) constituent la majorité des fonctions du premier niveau, plus fréquemment en étage de soubassement qu'en rez-de-chaussée, seules ou combinées. Les celliers sont moins nombreux (26 cas), majoritairement en soubassement et rez-de-chaussée.

Peu de commerces anciens ont été repérés dans le village, en raison de la réfection régulière des rez-de-chaussée à usage commercial. Cette rareté ne permet donc pas de dégager de conclusion. Les boutiques décelées lors de l'enquête correspondent à des commerces ayant cessé leur activité et dont la morphologie a été "cristallisée".

Barrême, parcelle H202. Maison à logis entre fonctions agricoles et commerce en rez-de-chaussée. Façade de type A2.Barrême, parcelle H202. Maison à logis entre fonctions agricoles et commerce en rez-de-chaussée. Façade de type A2.

Les derniers niveaux, des surcroîts dans 60% des cas, sont affectés soit aux fenils soit aux séchoirs, rarement complétés par un pigeonnier. La fonction combinée fenil-séchoir au même niveau n'est pas fréquente (8 occurrences), contrairement à la juxtaposition du fenil avec une extension du logis (19 occurrences au dernier niveau et 3 cas à un étage intermédiaire).

Répartition des fonctions agricoles dans les maisons de type A

Niveaux

boutique

cellier

étable

remise

étable +

total

total

fenil

séchoir

fenil +

fenil +

seule

seule

remise

étables

remises

seul

seul

séchoir

logis

sous-sol

3

soubassement

2

12

19

7

20

39

27

rez-de-chaussée

6

11

10

11

4

14

15

dernier niveau

35

18

8

19

Barrême, parcelle H61. Maison à logis sur fonction agricole et façade de type B3, escalier de distribution extérieur.Barrême, parcelle H61. Maison à logis sur fonction agricole et façade de type B3, escalier de distribution extérieur.

Les types de façade

La quasi-totalité des façades se trouve en mur gouttereau. Les maisons de Barrême s'apparentent au type dominant de l'architecture des maisons rurales de Basse Provence, réparti en deux grands groupes définis par la régularité ou l'irrégularité des élévations et des percements.

Le type A est défini par l'irrégularité : absence de travée de fenêtres au-dessus de la porte du logis, les percements des différents niveaux peuvent ne pas être alignés. Le type B est régulier : présence de travées de fenêtres au-dessus de la porte du logis, organisation des fenêtres en travées alignées.

A1 : 2 travées

A1a : porte décentrée, une travée de fenêtres côté opposé.

A1b : porte centrée ou semi-centrée, une travée de fenêtres à droite ou à gauche de la façade.

A2 : 3 travées

A2a : porte décentrée, 2 travées de fenêtres côté opposé.

A2b : porte centrée, 2 travées de fenêtres de part et d'autre de la porte.

A3 : 4 travées

A3a : porte décentrée, 3 travées de fenêtres côté opposé.

A3b : porte centrée, une travée de fenêtre d'un côté, deux travées de l'autre.

B1 : 1 travée, porte centrée.

B2 : 2 travées, porte décentrée.

B3 : 3 travées

B3a : porte décentrée.

B3b : porte centrée.

B4 : 4 travées

B4a : porte décentrée.

B4b : porte semi-centrée.

Barrême, parcelle H263, place des Tilleuls. Maison à logis entre fonctions agricoles et façade de type A1, datée 1786.Barrême, parcelle H263, place des Tilleuls. Maison à logis entre fonctions agricoles et façade de type A1, datée 1786.

A Barrême, la majorité des façades appartient au type A, irrégulier (79 occurrences) et plus précisément au type A1 (58 occurrences) qui représente le module élémentaire de l'habitat et correspond à un parcellaire étroit, avec une seule ouverture par niveau traduisant l'existence d'une seule pièce à chaque étage. Le type B ne regroupe que 28 maisons, avec une majorité de portes décentrées.

Au-delà de la distribution en types A ou B, le fait marquant est induit par l'étroitesse du parcellaire qui ne permet pas de percements nombreux à chaque niveau. Les maisons à une seule travée de fenêtres, A1 et B1 additionnés, totalisent 65 cas. Les maisons de type A2 et B2 n'en réunissent que 31. A peine 10 maisons (A3 et B3) ont 3 travées, une seule, de type B, atteint 4 travées.

Le croisement des types de façades avec les typologies des maisons-blocs ne fait pas émerger de combinatoire particulière. Les façades en A1a, majoritaires en général, sont également majoritaires pour chaque type de maison-bloc A1, A2 et A3.

Les niveaux

Plus de 60% des maisons de Barrême comptent 4 niveaux et 26% en comptent 3. Les maisons possédant plus de 4 et moins de 3 niveaux sont rares. Cependant le nombre de niveaux ne doit pas être confondu avec le nombre d'étages. La plupart des maisons, implantées sur un terrain en pente, possèdent un (44 cas) ou deux (22 cas) étages de soubassement, affectés le plus souvent à des fonctions agricoles.

Dans le groupe majoritaire des maisons à 4 niveaux, la combinaison la plus fréquente est celle faisant se succéder un rez-de-chaussée, 2 étages et soit un comble, soit un surcroît. Un deuxième sous-groupe presque aussi nombreux combine 2 étages de soubassement, un rez-de-chaussée et soit un comble, soit un surcroît. Dans ce groupe, on constate que le logis occupe souvent le 2e étage de soubassement et qu'il peut également voisiner avec le fenil en dernier niveau.

Le groupe des maisons à 3 niveaux compte 29 occurrences, il est partagé en deux sous-groupes quasi équivalents : 10 cas associent un soubassement, un rez-de-chaussée et un étage ; 8 cas associent un rez-de-chaussée, un étage et un comble ou un surcroît.

Emplacement et formes des escaliers

Près de la moitié des maisons (48%) possèdent un escalier de distribution extérieur, combinés dans 31% des cas avec un second escalier, intérieur.

Les escaliers extérieurs sont majoritairement en maçonnerie de moellons, 37% sont en pierre de taille. Ils sont presque systématiquement implantés perpendiculairement à la façade, seuls 5 sont parallèles à celle-ci.

Sur les 109 maisons du village, 34 escaliers intérieurs seulement ont pu être vus. Une moitié d'entre eux (18 cas) est implantée en façade, principalement sur un côté, 10 sont en milieu de parcelle et 5 en fond de parcelle. Les escaliers tournants (16 occurrences) sont presque aussi nombreux que les escaliers droits (17 occurrences). On note 1 cas d'escalier rampe sur rampe. Le croisement entre la forme et l'emplacement de l'escalier ne dégage pas de tendance dominante. Tout au plus peut-on constater que les escaliers droits sont plus souvent en façade (12 cas sur 17), ce qui correspond à une mise en oeuvre plus simple à réaliser, alors que les escaliers tournants sont plus facilement intégrables et se répartissent à peu près également entre façade (6 cas), milieu de parcelle (6 cas) et fond de parcelle (3 cas).

Les matériaux

Murs, encadrements

Le gros oeuvre est en blocage de moellon de calcaire, systématiquement enduit, masquant la présence éventuelle de chaînes en pierre de taille, cependant détectées sur 26 édifices. Les enduits sont lisses ou à pierres vues en majorité, la couleur ocre rouge fréquente du mortier et des enduits anciens est due à la variété de gypse locale utilisée dans leur composition. 20 maisons présentent un décor peint de faux encadrements, parfois de faux appareil. Barrême, parcelle H263, place des Tilleuls. Façade de type A1. Fausses chaînes d'angle peinte en trompe l'oeil sur l'enduit.Barrême, parcelle H263, place des Tilleuls. Façade de type A1. Fausses chaînes d'angle peinte en trompe l'oeil sur l'enduit.

Dans la majorité des cas c'est dans le mortier que sont façonnés les encadrement des baies, (portes des parties agricoles et fenêtres). Sur un même édifice peuvent coexister des encadrements façonnés et des encadrements en pierre de taille (38 occurrences).

Les portes de logis présentent également des encadrements majoritairement façonnés au mortier, avec parfois la présence de pierre de taille ou d'éléments en bois. La forme dominante de la couverture de ces baies est le linteau droit (95 occurrences), même si 10 arcs segmentaires et 2 arcs en plein cintre ont été repérés. Un petit groupe de 7 maisons, datées du 19e siècle, présente un même type de décor sculpté en forme de fleuron, à la clef de l'arc ou du linteau.

Barrême, parcelle H285. Porte du 18e siècle à encadrement en arc segmentaire et vantaux moulurés.Barrême, parcelle H285. Porte du 18e siècle à encadrement en arc segmentaire et vantaux moulurés. Barrême, parcelle H309. Porte 19e siècle à encadrement en pierre de taille à clef ornée d'un fleuron.Barrême, parcelle H309. Porte 19e siècle à encadrement en pierre de taille à clef ornée d'un fleuron.

Combinatoire des matériaux et formes des portes de logis

porte du logis

porte du logis

occurrences

matériaux d'encadrement

forme du couvrement

mortier façonné

linteau

57

mortier façonné + bois

linteau

11

pierre de taille

linteau

27

pierre de taille

arc segmentaire

10

pierre de taille

arc en plein cintre

2

Couvertures et formes des toits

La tuile creuse, encore présente en toiture de 72 maisons, devait à l'origine probablement couvrir la quasi totalité des édifices. En effet, outre les 37 toitures refaites en matériaux modernes, on ne trouve qu'un seul toit couvert en tuiles plates mécaniques. 61% des toits sont à longs pans, 34% à un seul pan.

Les avant-toit sont majoritairement traités en génoise, à 1 ou 2 rangs (62 occurrences). Le simple débords des chevrons du toit est présent dans 13 cas et il faut noter 36 édifices où le traitement de l'avant-toit n'est pas significatif, en raison de réfection récente ou d'un état de ruine.

Datations

Dans leur état actuel, la majorité des maisons date du 19e et du début du 20e siècle. Quelques maisons, dans le quartier de l'église sont datables du 18e siècle. Il est cependant probable que certaines soient plus anciennes dans ce secteur, comme le montre la date 1659 inscrite sur l'une d'elles, parcelle H270.

Dates portées

date

parcelle

1659

H270

1750

H166

1763

H174

1785

H604

1786

H263

1790 (?)

H277

1830

H281

1840

H44

1841

H75

1878

H208

1891

H263

Répartition géographique dans le village

La répartition des différents paramètres fait apparaître environ trois zones distinctes : la première est située à l’ouest de l’église et au nord de la RN 202 ; la seconde, au nord de l’église, autour de la place des Tilleuls ; et la troisième, le long la RN 202, plutôt à l’ouest.

I) La première zone occupe le bas de la pente de la colline Saint-Jean et se caractérise par une dénivellation importante. Presque tous les étages de soubassement sont concentrés dans cette zone. L’implantation du bâti est en grande majorité parallèle à la pente, avec deux murs mitoyens, et génère des îlots de maisons allongés entre deux rues perpendiculaires à la pente.

Les façades sont du type A1/B1, traduisant des structures de taille plutôt modeste à seule travée. L’avant-toit de celles-ci est le plus souvent composé d’une génoise, et quelques chevrons associés à des toitures en appentis.

Les encadrements des ouvertures et des portes de logis sont quasiment tous façonnés au mortier. On trouve également dans cette zone l’ensemble des linteaux en bois, autour de la montée au nord de la nouvelle Mairie. Les enduits modernes sont fréquents et ceux à pierres vues ou lisses courants.

Les escaliers extérieurs sont généralement en maçonnerie. Les maisons n’ont souvent pas de chaînage d’angle et deux d’entre elles n’ont pas d’escalier reliant l’étage de soubassement à celui du rez-de-chaussée. Pour les autres escaliers relevés dans cette zone, la plupart ne sont pas précédés d'un couloir permettant la liaison avec la porte en façade, traduisant un caractère rustique. On peut également noter la dominance d’escaliers droits, type le plus simple à mettre en œuvre.

Les maisons de cette zone sont peu datées, hormis une qui porte la date 1785.

II) La seconde zone se définit également par le caractère irrégulier de ces façades, mais il s’agit généralement de surfaces légèrement plus importantes pouvant parfois contenir plusieurs pièces par étages (type A2, A3, A4). Les logis, auxquels sont associés des commerces, sont de taille réduite (A1/B1). Les ateliers et les commerces sont regroupés sur la place des Tilleuls. Les maisons de cette zone ont souvent trois murs mitoyens, contrairement à ce que l'on observe dans le reste du village. Ces maisons ne possèdent généralement pas d’étage de soubassement.

Les encadrements sont beaucoup plus soignés dans cette zone. La quasi-totalité des encadrements de porte de logis est réalisée en pierre de taille. On trouve deux arcs en plein cintre sur des maisons de taille plutôt réduite (A1a et A2a). La dizaine d’arcs segmentaires, située autour de la place est généralement accompagnée par un chaînage d’angle en pierre. Deux autres arcs segmentaires en pierre de taille se trouvent isolés au nord de la nouvelle Mairie. On peut également noter, dans cette zone, une partie importante des linteaux droits en pierre de taille du village ; trois d’entre eux possèdent des piédroits façonnés. Ces portes de logis ouvrent sur des surfaces plus importantes (A2, A3). Les escaliers sont plus souvent placés en façade qu’en fond de parcelle. Les escaliers extérieurs sont plutôt réalisés en pierre de taille, les enduits sont majoritairement lisses, parfois modernes et deux rangs de génoises forment habituellement l’avant-toit.

On peut trouver quelques éléments de décors sur ces maisons, le plus souvent des faux-encadrements et faux-appareils. Les maisons de cette zone semblent les plus anciennes. C'est dans ce secteur que se trouve la seule date portée du 17e siècle (1659 : gravée sur un linteau en bois de la parcelle H270). Quatre autres dates portées remontent au 18e siècle : 1750, 1763, 1786, 1790.

III) La troisième zone, datable globalement du 19e siècle, est plutôt déterminée par le caractère régulier des façades et des surfaces plus importantes (type B2, B3, B4). Les enduits peuvent souvent être lisses ou modernes et l’avant-toit composé de deux rangs de génoises. Les encadrements sont autant façonnés qu'en pierre de taille et on note une forte présence de linteaux droits en pierre de taille sur la porte du logis. Un couloir relie cette porte plutôt centrale à des escaliers généralement tournants, souvent implantés en milieu de parcelle.

Dans leur état actuel, la majorité des maisons date du 19e et du début du 20e siècle. Quelques maisons, dans le quartier de l'église sont datables du 18e siècle, quelques-unes portent des dates de la seconde moitié du 18e siècle. Il est cependant probable que certaines soient plus anciennes dans ce secteur, comme le montre la date 1659 inscrite sur l'une d'elles, parcelle H270.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 1er quart 20e siècle
  • Typologies
    A1 : maison avec partie agricole, artisanale ou commerciale en partie basse ; A2 : maison avec partie agricole en partie haute ; A3 : maison avec parties agricoles en parties basses et hautes ; B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale
  • Toits
    tuile creuse
  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille enduit
  • Décompte des œuvres
    • repérées 111
    • nombre des immeubles au dernier recensement de l'INSEE 269
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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