HISTORIQUE
L'église de La Grave, qui portait alors le titre de Notre-Dame-des-Basses-Arènes est citée pour la première fois en 1105, dans une donation de Guigues, comte d'Albon, à la prévôté d'Oulx 1. L'église fut agrandie et remaniée au XVe siècle. Une visite pastorale de 1488 2 indique qu'elle était couverte d'une voûte, comportait une tribune et qu'il existait quatre chapelles latérales dédiées à sainte Croix, saint Jean-Baptiste, sainte Catherine, et saints Jean, Félix et Claude 3.
L'église de La Grave aurait été détruite en 1587 par les troupes de Lesdiguières 4 et rebâtie à partir de 1606 selon un plan inférieur à sa superficie initiale 5. Au milieu du XIXe siècle, l'édifice était dans un état de délabrement alarmant. La nef n'était protégée que par un lambris en mauvais état. De grands travaux furent entrepris en 1857 : la nef fut divisée en trois, les piliers reconstruits et l'ensemble couvert d'une voûte en moellons de tuf 6.
DESCRIPTION
Situation
L'église paroissiale de La Grave se trouve au sommet du village, au bord de l'à-pic qui surplombe le torrent des Clots. Elle est encore entourée par le cimetière paroissial (cf. IA00049862). Au nord de l'église se dresse la chapelle des Pénitents (p. 403). Le presbytère (p . 402) est contigu au cimetière. L'édifice est orienté.
Matériaux
a. Matériaux extérieurs
Les murs
- chevet appareil régulier de blocs de tuf taillés et soigneusement assisés.
Le chevet, vue d'ensemble. Le pignon est, le chevet et la sacristie. Noter la reprise de construction sur le pignon.
- sacristie : idem
- pignon ouest : la partie inférieure du mur est formée d'un appareil régulier de blocs de tuf (dimensions : L. 0, 40 à 0, 60, h. 0,25 à 0, 45) ; la partie supérieure d'un appareil irrégulier de moellons de pierre locale hourdés à la chaux.
- murs-gouttereaux : appareil irrégulier de moellons de pierre locale hourdés à la chaux et crépis à la chaux
- chaînages d'angle, contreforts, cordons, corniche : tuf.
Les encadrements des portes et fenêtres : tuf.
Le tuf utilisé pour la construction des baies à vitraux 1930 est, comme celui des contreforts, beaucoup plus érodé que le tuf employé pour la construction du chevet. Il ressemble beaucoup au matériau utilisé pour la construction de l'église du Villar-d'Arène. Il est possible que ce soit du tuf du Lautaret et que le tuf utilisé pour le chevet provienne du vallon de la Buffe.
Le clocher : les murs sont formés d'un appareil irrégulier où domine le tuf auquel se mêlent d'autres matériaux (granit, grès ... ). Les chaînages appareillés en tuf sont en ressaut par rapport aux murs. La flèche est en tuf.
b. Matériaux intérieurs
- Sol : parquet de mélèze cloué. Lattes parallèles dans la nef, en arêtes de poisson dans le chœur. Devant la porte d'entrée sud le sol est constitué par une grande dalle de schiste.
- Voûte de l'abside : appareil régulier de blocs de tuf soigneusement assisés
- Voûte du vaisseau central de la nef : blocs de tuf appareillés.
- Piliers séparant le vaisseau central de la nef des collatéraux : tuf - pierre de taille.
Pilier séparant la nef des collatéraux. La voûte de l'abside : l'appareil.
Structure
L'abside est voûtée en cul-de-four. La base du voûtement est soulignée par un cordon en tuf.
La nef est formée d'un vaisseau central et de deux collatéraux. Elle est divisée en quatre travées par des arcs doubleaux. Le vaisseau central est voûté en berceau, le collatéral nord d'arêtes. La troisième travée du collatéral sud est voûtée en berceau, la quatrième d'ogives.
Chaque arc séparant les travées du vaisseau central et la nef du collatéral retombe sur un pilastre devant lequel est placée une colonne engagée, sans fonction architectonique. L'ensemble constitue de larges piliers dont la base est formée par un bloc monolithe octogonal (h. 0, 65 ; côté 0, 45).
Elévations
a. Le chevet
Le mur du chevet est divisé en travées par trois colonnettes engagées dont les chapiteaux sont ornés de motifs floraux stylisés. La partie supérieure du mur est ornée d'une frise d'arceaux surmontée par une corniche en tuf. Les consoles sur lesquelles retombent les arceaux sont ornées pour la plupart de volutes, deux d'un visage, une troisième d'une tête d'animal. Les fenêtres du chœur sont couvertes par un arc monolithe, celles de la sacristie, du même type, par un arc clavé.
b. Les façades latérales
- La porte du mur-gouttereau nord : les piédroits sont formés d'une alternance de colonnettes engagées, alternativement de section ronde et carrée. Les impostes sont sans décor.
- La porte du mur-gouttereau sud s'inscrit dans un cadre en tuf. Les voussures de l'arc en plein cintre se poursuivent dans les colonnettes des piédroits sans être interrompues par un chapiteau.
c. Le mur-pignon ouest
Le mur-pignon ouest porte de nombreuses traces de reprises de construction. Le soubassement qui rattrape la pente du terrain est formé d'un appareil irrégulier de moellons de pierre locale. Un cordon de tuf sépare le soubassement du mur proprement dit. Jusqu'à 3, 65 m de hauteur, le mur est fait d'un appareil régulier de pierre de taille (tuf). Cette partie du mur est divisée en deux travées par trois pilastres en tuf (l. 0, 60) surmontés d'une corniche. Au-dessus de la baie nord, la trace de deux baies en plein-cintre murées sont visibles. La partie supérieure du mur, au-dessus des pilastres, est de nouveau faite d'un appareil irrégulier de moellons de pierre locale.
d. Le clocher
Le clocher. Les deux niveaux supérieurs.
Les chaînages d'angle en ressaut sur le mur forment des pilastres. Chaque face est divisée en deux travées par un pilastre central en tuf. La partie supérieure est divisée en deux niveaux par deux cordons en tuf. Les deux baies du clocher sont surmontées d'une frise de trois arcatures.
La flèche octogonale est cantonnée de clochetons en tuf. Elle est percée de quatre lucarnes. Le sommet de la flèche est amorti par une boule en cuivre surmontée d'une croix en fer.
Couverture
La toiture a été refaite en 1984. Elle est couverte d'ardoises d'Angers. Le chevet est couvert d'une croupe à cinq pans, la sacristie d'un appentis, la nef d'un toit à deux longs pans. La toiture s'arrête au ras des murs, comme celle des maisons du canton. La faible avancée de toit du clocher et de la sacristie est fermée par une corniche en tuf qui disparaît sur le reste de l'édifice.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.