Introduction
La commune de Champoléon occupe la vallée du Drac Blanc, c'est-à-dire un vaste territoire mesurant environ 12 km du nord au sud et autant d'est en ouest, limité par de hautes montagnes qui dépassent 3000 mètres. La plus grande partie de cette surface est occupée par des pâturages d'altitude, l'habitat permanent se cantonnant le long du Drac, sur les basses pentes et les replats de la vallée.
I . L'évolution économique et démographique et son incidence sur l'architecture
Du point de vue économique et démographique, Champoléon a connu une évolution analogue à celle de l'ensemble du Champsaur 1.
A. Un habitat antérieur au XIXe siècle
Champoléon existait déjà au Moyen-Age. D'après un recensement fait après la peste de 1352, on sait par exemple que sur les 160 maisons dénombrées à Champoléon avant l'épidémie, il n'en reste que 40 2. Mais il est impossible de retrouver par une enquête sur le terrain les traces d'un habitat antérieur au XVIIIe siècle (peut-être XVIIe). Les dates les plus anciennes sont 1717 (sur un cadran solaire, aux Borels), et 1727 (sur un linteaude porte aux Martins).
Le cadastre dit "napoléonien" a été rédigé pour Champoléon en 1809. Nous avons donc la chance de posséder un état de l'habitat antérieur aux grandes transformations du XIXe siècle. Or si l'on compare ce document au cadastre actuel, on s'aperçoit que la plus grande partie des constructions (souvent plus des 3/4) existent déjà en 1809 et donc sans doute au XVIIIe siècle.
C'est dire que les maisons de Champoléon ont été construites dans une période d'économie presque autarcique, dont les cahiers de doléances de 1789 nous donnent une idée 3.
Les 80 familles de Champoléon pratiquent en 1789 une maigre polyculture vivrière ("seigle, orge, pois, et quelques grains d'avoine" 4) associée à un peu d'élevage : "On porte les bêtes servant au labourage à 60 paires de vaches, 40 bêtes à bât ; on ne peut pas en tenir davantage(...). En ce qui concerne le menu bétail, en hiver on peut tenir à proportion 10 bêtes chaque habitant. On observe que ceux qui sont en faculté augmentent leur troupeau au printemps, mais il y en a très peu" 5.
A la fin du XVIIIe siècle, les maisons sont donc conçues pour abriter de petits troupeaux (une dizaine de brebis et deux vaches en moyenne), pour engranger de maigres récoltes de grain, et ranger très peu d'instruments agricoles ("puisque les habitants à peine connaissent-ils la charrue, que ce n'est que par la force de leurs bras qu'ils cultivent le peu de terrain qu'ils possèdent...") 6.
B. Au XIXe siècle, priorité donnée à l'élevage et essor démographique
Au XIXe siècle la situation n'a pas changé radicalement puisque 10% du territoire de la commune est encore cultivé, qu'on laboure des champs à 40% de pente 7 et que l'araire est toujours très utilisé 8. Mais l'élevage prend une place prépondérante. En 1848 le préfet Ladoucette 9 définit Champoléon par son "commerce actif sur les bêtes à laine" et indique que la commune produit un fromage renommé, "la tome de Champoléon", qui est commercialisé dans la région, Gap en particulier.
En même temps, la première moitié du XIXe siècle est une période d'essor démographique modéré - 420 en 1790 10, les habitants sont 691 en 1831 - Pendant une trentaine d'années, de 1830 à 1865 environ, la commune reste très peuplée, aux alentour de 700- 720 personnes 11 ; après, la population a diminué lentement jusqu'à la fin du siècle (510 habitants en 1901).
On imagine mal aujourd'hui la densité démographique du XIXe siècle et la jeunesse de cette population. On a peine à croire que chaque hameau possèdait son école, même les plus reculés (Méollion par exemple). Pourtant l'essor démographique se traduit davantage par l'agrandissement des bâtiments existant que par de nouvelles constructions. Il suffit de comparer le cadastre de 1809 et le cadastre actuel pour voir que la plupart des bâtiments ont subi des agrandissements et des transformations dans le courant du XIXe siècle : aile ajoutée à la maison pour agrandir l"'écurie" (aux Eyrauds par exemple), construction de bâtiments d'exploitation indépendants de la maison (aux Baumes, aux Fermonds), agrandissement de la partie habitation (au Clapier).
On cherche donc à gagner de la place mais également à avoir plus de confort : les ouvertures sont agrandies, on transforme parfois les habitations de façon à avoir une circulation intérieure (au Clapier, aux Gubias).
Il faut cependant noter que les transformations du logis sont beaucoup moins fréquentes que dans d'autres communes (Orcières en particulier), et que jusqu'à la fin du X!Xe siècle on construit des maisons identiques à celles antérieures à 1809 (ex. aux Fermonds).
C. Au XXe siècle la commune se vide
Le lent déclin de la population à la fin du XIXe siècle (il vaudrait mieux d'ailleurs parler ici de desserrement démographique positif compte-tenu de la surpopulation relative des années 1830-1870) s'accélère après la première guerre mondiale et devient catastrophique dans les années 50. En 1968 les habitants de Champoléon n'étaient plus que 135. Ils sont 110 en 1975 12. La moyenne d'âge est élevée, et l'unique école, aux Borels, suit difficilement.
Cette forte baisse démographique s'accompagne de l'abandon d'un certain nombre de sites : Méollion et les Pourroys en 1914, les Auberts en 1926. Chaque départ est motivé par une catastrophe naturelle (inondation, avalanche), mais on n'est plus désormais assez nombreux ni motivés pour reconstruire. Les chalets d'alpage sont abandonnés : Chaumeille, Chaumeillon, l'Aupet sont aujourd'hui en ruines. A l'intérieur même de chaque hameau des constructions ont disparu ou sont en très mauvais état. Un grand nombre de maisons ne sont plus habitées et sont utilisées par les voisins comme remise. Certains hameaux ne sont plus habités que l'été par des vacanciers (les Clots).
II . L'habitat permanent de la vallée de Champoléon
A. Villages et hameaux
1 - Mode de groupement
L'habitat permanent de la vallée de Champoléon est constitué par une dizaine de hameaux espacés les uns des autres de un à deux kilomètres, et qui s'échelonnent le long du Drac Blanc, en aval de la confluence avec le torrent d'Isora (1470 mètres d'altitude).
Ces différents hameaux sont de taille à peu près identique (10 à 15 maisons en moyenne). Même le chef-lieu, les Borels, est à peine plus important que les autres (24 maisons en tout). Son rôle ne se traduit que par la présence de l'église, de la mairie et d'un café.
En amont des Borels, l'habitat se concentre sur la rive droite du Drac. Situés sur les cônes de déjection de ses petits affluents, ou les replats de la vallée, les hameaux surplombent prudemment le torrent. En aval des Borels, les hameaux de la rive droite gardent une position identique. Mais, sur la rive gauche, les Martins, les Eyrauds ou les Gubias sont beaucoup plus proches du torrent (10 à 20 mètres), malgré les risques de crue. On sait qu'en 1790 par exemple l'église des Borels a été détruite par une crue du Drac. Tous les meubles et ornements furent emportés, et le clocher lui-même s'écroula 13. Il est vrai que, depuis, des digues ont été construites, qui limitent les dégâts du torrent, (ceci explique peut-être le développement des Borels dans la seconde moitié du XIXe siècle).
2 - Physionomie des hameaux
Les hameaux présentent la forme de "villages-tas", assez peu structurés, où les maisons, non mitoyennes , sont disposées irrégulièrement à proximité les unes des autres, sans ordre. Les façades regardent toutes la même direction (le sud ou le sud-est), c'est-à-dire que les maisons ne se font pas face, de part et d'autre d'une rue, mais se t0urnent toutes le dos. Les maisons ne comportent pas de cours, comme dans le Bas-Champsaur, mais sont souvent séparées d'un jardin potager clos de barrières de bois par le chemin.
A l'intérieur des villages, il n'existe pas à proprement parler de rues, ni de places mais des chemins parfois goudronnés.
3- Équipement 14
Chaque hameau possède un certain nombre d'édifices publics qui sont en général la propriété de la communauté des habitants du hameau et non de la commune. Ces édifices ne sont pas regroupés à un même endroit, mais disséminés parmi les maisons. On trouve également un certain nombre d'équipements privés :
- Les fours à pain : chaque hameau possédait autrefois un ou plusieurs fours. Un certain nombre existe encore aujourd'hui 15. Les fours banaux sont de petits bâtiments isolés et les fours privés ont parfois imité cette forme. Mais on trouve également à Champoléon (ce qui n'existe pas dans d'autres communes du Champsaur), des fours à l'intérieur des maisons, sous la même hotte que l'âtre.
- Les moulins : tous les moulins de Champoléon ont disparu depuis longtemps. Un habitant des Fermonds âgé de 70 ans affirme n'en avoir jamais connu aucun en activité. Mais les bâtiments existaient encore il y a quelques dizaines d'années : aux Gondouins, aux Borels, aux Baumes où l'on peut encore voir la meule. Aux Fermonds le moulin aurait été emporté par un torrent au siècle dernier.
Enfin il faut noter que les jardins potagers à l'intérieur des hameaux sont arrosés par tout un système de canaux d'irrigation (cf. le cadastre de 1809).
- Les chapelles : l'église et le presbytère sont aux Borels, mais la plupart des hameaux possèdent ou possédaient une chapelle.
B. Les maisons-fermes.
Caractéristiques générales :
Paramètres de repérage :
Forme : 1. "Maison-bloc" abritant sous le même toit logis, étable et grange.
2. Maison en deux éléments mitoyens l'un abritant généralement le logis, le second la partie d'exploitation.
3. Exploitation agricole formée de plusieurs bâtiments non mitoyens.
Façade : 1. En mur-gouttereau.
2. En mur-pignon.
Place de la cuisine : 1. Au rez-de-chaussée.
2. A l'étage.
3. Un demi-niveau au-dessus de l'étable.
Couvrement de l'étable : 1. Voûté d'arêtes.
2. Plafond en planches sur poutres et solives apparentes.
3. Plafond en planches dont les poutres s'appuient sur un arc en maçonnerie.
1. Plan et distribution intérieure
La vallée de Champoléon apparaît comme un lieu de transition entre le modèle champsaurin de la maison-bloc à entrée distincte aux hommes et aux animaux avec cuisine au rez-de-chaussée et le modèle de la maison bloc avec cuisine à l'étage et escalier de distribution extérieur qui caractérise l'Embrunais et la Vallouise (qui jouxtent le Champoléon à l'est).
Les Eyrauds, p. 493. Façade ouest. Maison à cuisine au rez-de-chaussée.
Ces deux modèles coexistent dans la plupart des hameaux (ex. les Borels, les Fermonds etc.) mais la maison avec cuisine à l'étage apparaît avec plus de fréquence dans la moitié nord de la vallée, en amont des Borels, alors que la maison avec cuisine au rez-de-chaussée domine au sud. Les maisons ont pour les deux-tiers une façade en mur-gouttereau. L'orientation de la façade ne conditionne pas la distribution intérieure.
2. Les matériaux et leur mise en œuvre
De ce point de vue les maisons de Champoléon ne se distinguent pas de celles de l'ensemble de la vallée. A noter cependant que :
- les "écuries" sont plus souvent voûtées d'arêtes qu'à Orcières (environ une sur trois),
- les pignons sont bardés de planches et non, comme à Orcières, fermés par un clayonnage de branches de saule (nous n'avons rencontré qu'un seul pignon en clayonnage, à l'Aupet),
- comme dans tout le Champsaur, les encadrements des ouvertures du logis, comme de l"'écurie", sont soignés. Ils sont la plupart du temps en pierre taillée (grès du Champsaur). Il faut noter en particulier les linteaux à soffite surélevés des portes d'"écurie" qui sont caractéristiques de la vallée de Champoléon,
- enfin, les maisons sont souvent datées.
Les Beaumes, p. 192. Etable. Les Martins. Fenêtre.
3. Les toitures
En ce qui concerne les matériaux de toiture, on note une évolution rapide depuis la fin du XVIIIe siècle. En 1789 16, tous les toits sont couverts de "paille" (seigle), malgré la proximité des ardoisières de Corbières 17, "à environ deux lieux" et dont on ne connaît pas absolument le prix" 18.La commercialisation des ardoises de Corbières daterait donc du XIXe siècle (Ladoucette, parle au début du XIXe siècle de la "découverte" d'une ardoisière à Pont-du-Fossé 19). Mais on ignore à quel rythme et dans quelle mesure l'ardoise a détrôné le chaume. Sur une photographie du hameau des Auberts, datant de 1896 20 une seule toiture est en ardoise. Les autres sont en chaume ou en bardeaux. Quoiqu'il en soit un grand nombre de toitures sont aujourd'hui encore couvertes d'ardoise de Corbières, même dans les hameaux dont l'accès est très difficile (l'Aupet, Méollion, Les Rochas).
On trouve également quelques toits en bardeaux, qui comme à Orcières doivent dater du reboisement de la vallée par l'O.N.F.
Enfin il faut noter que malgré l'évolution des matériaux, les maisons de Champoléon ont conservé la charpente légère des chaumières, formées de trois à cinq fermes comprenant deux arbalétriers croisés sans poinçon sous la poutre faîtière, et un entrait.
tôle | ardoises | bardeaux | tuile plate | |
Les Clots | 3 | |||
Les Baumes | 3 | 3 | 2 | |
Les Gondouins et Le Châtelard | 15 | 5 | ||
Les Borels | 3 | 1 | 1 | |
Les Gubias | 2 | 4 | ||
Les Martins | 1 | 4 | 1 | |
L'Aupet | 1 | 3 | ||
Les Fermonds | 2 | 12 | ||
Les Rochas | 2 |
- les chiffres donnent le nombre de toitures de chaque type
- on n'a pas dénombré les matériaux modernes (ardoises-ciment, shingel etc.).
Les Baumes, p. 190. Entrée de grange dont le pignon est aménagé en pigeonnier.
III. L'habitat temporaire
A. Les alpages
La richesse de la commune de Champoléon réside dans ses vastes pâturages d'altitude. Ses habitants le reconnaissent déjà en 1789. "Tout l'avantage des habitants de Champoléon consiste aux montagnes, si elles leur appartenaient".
Il suffit de regarder une carte pour savoir la place qu'occupent les alpages dans la commune.
- Au nord-est s'étendent les pâturages les plus vastes qu'on appelle les "vallons". Ils tapissent les pentes des anciens cirques glaciaires qui forment le bassin de réception des eaux du Drac Blanc : (vallon de Rougnoux, vallon de la Pierre), versant sud du Sirac (vallon de la Vallette, vallon de Gouiran).
Mais tous les affluents du Drac Blanc mènent à des pâturages plus ou moins étendus et accessibles : pâturages du Val d'Estèche, de la Muande, de l'Ubac de Méollion, de l'Adroit du Tourond etc. Enfin, dans le bas de la vallée, il existe des pâturages au- dessus de chaque hameau (l 'Aupet pour les Martins ou les Gubias par exemple).
B. Les pratiques pastorales
Mais il est bien difficile de dresser sommairement un tableau des pratiques pastorales dans la vallée de Champoléon. Tout ce qu'on peut dire est qu'elles ont profondément évolué au cours des deux derniers siècles, avec les transformations économiques et démographiques qu'a connues la vallée.
La première étape date de la fin du XVIIIe siècle, avec l'abolition des droits seigneuriaux. Jusque là, différents seigneurs s'accaparaient les alpages et les faisaient "paquérer par les bergers de Provence" 21. A partir de cette date les habitants ont donc pu "tenir" des troupeaux plus importants (à l'époque uniquement des brebis). Mais il faudrait étudier en détail le cadastre de 1809 et ses modifications au cours du XIXe siècle pour savoir la place que tenaient respectivement l'élevage et l'agriculture. La croissance démographique laisse en effet supposer qu'il fallait cultiver davantage de champs. D'après le souvenir des habitants (11) c'est après 1914 que l'élevage prend définitivement le pas sur l'agriculture. Les habitants ne sont plus assez nombreux pour cultiver les sites les moins favorisés, les prés s'étendent rapidement aux dépends des champs, des villages habités en permanence deviennent des chalets temporaires (Méollion, les Pourroys) En même temps les vaches remplacent dans certains cas les moutons.
Les pratiques pastorales dont nous avons pu recueillir le témoignage datent des années 1920-1930. L'estivage se faisait en deux temps. Au printemps, les bêtes les moins fragiles (les génisses, les brebis qui n'avaient pas encore eu d'agneaux) étaient envoyées dans les alpages les plus proches où la neige fondait plus tôt, (par exemple l'Aupet pour les hameaux des Martins et des Gubias). Les mères et les jeunes agneaux restaient à l'étable jusqu'au mois de mai-juin. L'ensemble du troupeau était alors envoyé dans le fond de la vallée en amont de Chaumeille et Chaumeillon. A l'automne une partie du troupeau rentrait à l'étable, et les bêtes qui le pouvaient restaient dans les pâturages proches jusqu'à la Toussaint 22.
A Champoléon il n'existait pas de berger communal. Chaque propriétaire se rendait individuellement avec son troupeau dans un "quartier" 23 et 24. Cependant les différents bergers habitaient ensemble dans les hameaux temporaires de Chaumeille et Chaumeillon.
C. L'habitat temporaire
Si nous nous sommes un peu attardés sur la description des paysages et des pratiques pastorales, c'est pour tenter de mieux comprendre l'habitat temporaire de la commune, car la transformation d'habitat permanent en chalet rend la situation confuse. Il existait en effet à Champoléon différentes sortes d'habitations temporaires qui portaient les noms de "jas" 25 (jas de Bécè, jas Vieux, jas des Pierres), de "forest" 26, de "cabane" ou de "chalet" (chalets du Tourond).
Les Fermonds. Chemin d'accès aux chalets du Tourrond. Noter la murette de pierres.
Une partie de ces constructions sont groupées en hameaux (Chaumeille, Chaumeillon, les chalets du Tourond, etc.) mais il est difficile de dire si ces groupements n'ont pas été autrefois des lieux d'habitat permanent comme Méollion, les Pourroys ou les Rochas. Certaines constructions sont par contre isolées (le Forest, le Jas des Pierres). Il est possible que les groupements de chalets aient été utilisés pour l'estivage des vaches et les constructions isolées par les bergers de moutons.
La plupart des chalets sont aujourd'hui abandonnés et en ruines. Les seules constructions qui subsistent ont été entièrement reconstruites récemment.Il faut enfin noter qu'une tradition veut que le hameau de Serre-Eyraud (actuellement commune d'Orcières) ait été autrefois les chalets d'alpage des habitants des Eyrauds 27.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.