HISTORIQUE
Contexte historique
La fondation et la construction du prieuré Saint-Romain de Beaumont sont peut-être l’œuvre des moines de Psalmody 1 qui le comptent parmi leurs possessions aux XIIème et XIIIe siècles. L'édifice, qui n'existe plus aujourd'hui, ne peut être localisé avec précision. Il se trouvait certainemet dans le quartier encore appelé Saint-Roman dans les cadastres ancien (1838) et rénové (1943), sur le coteau situé à faible distance au nord du village, entre le confluent du Grand Vallat (ou torrent de Saint-Marcel) et du vallat de l'Arnaude et la petite éminence portant la bastide du Pigeonnier. Le coteau peu incliné, exposé au sud et entièrement cultivé en terrasses, est traversé par deux anciens chemins qui, autrefois, reliaient Beaumont à Reillanne (par Montfuron) et à Manosque (par Pierrevert) et par la route menant à Corbières : il est probable que le prieuré était construit en bordure de l'une de ces trois voies, peut-être à l'embranchement des deux premières.
Construction de l'édifice
La documentation concernant ce prieuré est très pauvre. Saint-Romain n'apparaît parmi les possessions de l'abbaye de Psalmody qu'en 1123, dans un privilège du pape Calixte II confirmant l'ensemble des biens de ce monastère 2. Il ne figure pas parmi les possessions confirmées précédemment, en 1099, par Urbain II, ce qui peut faire penser soit que le prieuré n'a été acquis par l'abbaye qu'après cette date (au cas où il aurait déjà existe), soit qu' il a été fondé et construit par elle entre 1099 et 1123. Aucun élément d'information ne nous permet actuellement de trancher la question.
Le prieuré appartient encore à Psalmody en 1266 3 et se trouve inscrit sur les comptes des décimes du diocèse d'Aix de 1274 - il est taxé à 15 sous4 deniers, ce qui indique un bénéfice de peu d'importance - 4 et de 1351 - il ne paye plus que 15 sous - 5 ainsi que sur les tables synodales du même diocèse dressées vers 1300 et 1350 6.
En 1419, Saint- Romain semble avoir été, comme beaucoup d'autres prieurés, abandonné par l'abbaye de Psalmody, car c'est à l'autorité ordinaire de l'archevêque d'Aix que son possesseur d'alors, Etienne Maroani, chanoine et official de Marseille, fait appel pour rentrer en possession de ce bénéfice qui lui avait été retiré tandis qu'il assistait au Concile de Constance 7.
En 1474, le prieuré se trouve réuni à ceux de Notre-Dame-de-Villevieille et de Saint-Léger entre les mains du vicaire de la paroisse, Jean Casse 8, qui en est encore prieur en 1510 9. Le cadastre de Beaumont de 1500 signale l'édifice dans son quartier " a Sanct Roman" 10.
Dégradation, disparition
L'archevêque d'Aix, lors de sa visite pastorale à Beaumont le 1er Septembre 1582, trouve la chapelle du prieuré de Saint-Romain, proche de Notre-Dame-de-Villevieille, en très mauvais état, au point qu'on n'y fait plus aucun service religieux 11. La chapelle n'a sans doute jamais été restaurée.
Les trois prieurés de Notre-Dame-de-Villevieille, Saint-Romain et Saint-Léger ont été fondus en un seul, dont les revenus sont insuffisants pour permettre l'entretien et le service de trois édifices : le prieur Louis Cellony déclare en tirer 252 livres de rente en 1675, 272 livres en 1680, provenant de la dîme que chacun des trois anciens prieurés perçoit sur une petite portion du terroir de Beaumont et du produit des domaines fonciers (20 charges de terre en tout) de Notre-Dame de Villevieille et Saint-Romain 12.
En 1713, la communauté de Beaumont entame un procès contre le même prieur qui laisse tomber en ruines les deux chapelles de Notre-Dame-de-Villevieille et de Saint-Romain et n'y assure aucun service religieux 13. Mais, tandis que celle de Notre-Dame-de-Villevieille est reconstruite grâce à un legs fait par le prieur, sans doute pris de remords, en 1715, Saint-Romain est abandonné à son sort. La dernière mention qui nous en soit parvenue se trouve dans la déclaration faite en 1728 au Bureau du Clergé par le nouveau prieur Albert de Mérindol : il n'y a aucun service religieux à Saint-Romain 14.
Sans doute la chapelle est-elle, dès ce moment, en ruines. En tout cas,elle n'est plus signalée par la suite, ni sur la carte de Cassini, ni dans les registres de séquestre et de vente des biens nationaux sous la révolution. La seule trace qu'elle ait, semble-t-il, laissée, est le nom du quartier où elle se dressait autrefois et qui s'appelle encore Saint-Roman.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.