Dossier d’aire d’étude IA00128017 | Réalisé par
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présentation de la commune des Ferres
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Coursegoules
  • Adresse
    • Commune : Les Ferres

Le territoire

Les limites des communes de Roquestéron-Grasse, Conségudes et Les Ferres, qui ne tiennent pas compte du relief, suggèrent une ancienne origine commune à ces trois territoires. Le territoire de Roquestéron-Grasse (L'Olive) apparaît avant le début du XIe siècle. Il est plus difficile de dire quand la seigneurie des Ferres a été détachée de celle de Conségudes, probablement au début du XIIIe siècle, au plus tard vers 1232.1

Plusieurs des toponymes que l'on relève sur le territoire des Ferres sont évocateurs . Les Esclapassons (les pierrailles), Les Graoux (les gravières), La Grande Auzière (le grand bois de chênes vert)... La situation de cette commune, sur le versant nord du Cheiron, ne laisse en effet, avec son relief très accidenté, que peu de place à des lieux habitables et cultivables. Parmi ces derniers, il faut signaler un site occupé durant l'antiquité ou le haut Moyen Age au lieu-dit La Vallière, immédiatement au sud du col des Ferres.

Nous savons que toute la zone du canton de Coursegoules a connu une période de guerres violentes au début du XIIIe siècle2. C'est probablement à cette occasion que les seigneurs de Conségudes fortifient leurs terres et dressent le château des Ferres. Ces seigneurs semblent être des vicomtes de Nice ; un de leurs descendants, Bertrand Laugier, est en effet seigneur des Ferres en 12913. Ce premier château des Ferres se dressait sur le sommet dominant le village actuel, le Mont Saint-Michel. Non seulement on y observe les traces de constructions arasées, mais on en a conservé le souvenir puisque le cadastre de 1841 porte le lieu-dit "Château Vieux".

Après la guerre, comme c'est habituellement le cas en Provence orientale, la population est partagée et un nouveau village est créé. Il n'est pas possible de dire si cette agglomération s'est d'abord fixée elle aussi sur le Mont Saint-Michel ou si elle a tout de suite été installée à l'emplacement actuel. En tous cas la descente du château, et éventuellement du village, s'est effectuée au plus tard à la fin du XIVe siècle. Le vieux château est en effet soigneusement arasé et la nouvelle agglomération est fortifiée dès sa création. De plus, la structure trapézoïdale que présente la partie ancienne du village, dominé par un nouveau château et flanqué de deux tours à sa base, correspond à l'organisation des agglomérations de cette époque4. Enfin, l'église Saint-Jacques qui semble fondée durant le XVIe siècle correspond manifestement à un aménagement du plan du village.

La construction de cette nouvelle église, dont l'emplacement rend difficile la défense du village, n'a pu avoir lieu que durant la période de paix qui a précédé les Guerres de Religion. Durant cette même période on a probablement affaibli la fortification en d'autres points. Par la suite, les troubles revenant, il a fallu de nouveau se retrancher. C'est alors que le passage ouvert au milieu du front est a été fortifié en perçant une meurtrière de fusillade, encore visible5.

Durant le XVIIIe siècle, la population s'est maintenue aux environs de 55 familles, soit 200 à 250 habitants6. Nous savons en particulier que, en 1761, 55 chefs de famille sont répartis dans 55 maisons habitées, alors qu'on dénombre 15 maisons inhabitées ou ruinées7. Ce chiffre d'environ 70 maisons correspond de façon assez précise au nombre de parcelles construites figurant sur le cadastre de 1841, dans le secteur situé entre le château et l'église en restant en amont de la place située devant celle-ci.

Les lieux de culte

Si l'on examine l'état actuel de la dispersion des lieux de culte sur la commune des Ferres, les choses paraissent assez claires : une église paroissiale, dédiée à Saint-Jacques Apôtre dans le village, une chapelle à l'écart de l'agglomération sur chacun des principaux chemins qui y conduisent, Sainte-Julie à l'est et Saint-Valentin à l'ouest, ainsi qu'un hagiotoponyme sans bâtiment conservé, Saint-Michel, sur le site correspondant à l'emplacement antérieur de l'agglomération fortifiée. Aucune de ces titulatures ne correspond néanmoins à celles mentionnées dans les sources du Moyen Age : Sainte-Marie, Saint-Grégoire et Saint-Martin.

Il semble que Sainte-Marie et Saint-Grégoire soit la double titulature d'une église du premier réseau paroissial, confiée vers 1110-1115 à l'abbaye de Lérins8. La tradition orale et des traces archéologiques permettent de la situer au lieu-dit La Vallière, déjà mentionné cidessus pour les traces d'habitat ancien qu'il présente, sur un promontoire bordant un petit plateau. A cet endroit, la Carte des Frontières de l'Est porte un carré rouge et la mention "Mazure des Templiers". Ce lieu de culte, par la suite dédié à saint Grégoire seul, reste un prieuré de l'abbaye de Lérins. Au début du XIVe siècle - avant 13519, peut-être en 133010 - il est uni au prieuré Saint-Jean de Roquestéron11. Cette union est probablement rendue nécessaire par l'insuffisance des revenus. En 1640 le prieuré Saint-Grégoire est encore mentionné parmi les biens de l'abbaye de Lérins12.

L'église Saint-Grégoire a vraisemblablement perdu son rôle paroissial après la construction d'un nouveau lieu de culte dédié à Notre-Dame.

1Première mention du castrum des Ferres, H. BOUCHE, La chorographie..., vol. I, p. 281.2première mention du castrum des Ferres, H. BOUCHE, La chorographie..., vol. I, p. 281.3J.-A. DURBEC, "Les chartes du Val de l'Estéron...", p. 68, n°7.4cf. le village de Cipières, dans le même canton, ou mieux celui de Péone, dans l'arrondissement de Nice.5cadastre de 1981, section A, parcelle 910, élévation est.6E. BARATIER, La démographie... , p. 182 et CI.-Fr. ACHARD, Description... , t. l, p. 536.7E. BARATIER, La démographie... , p. 52.8H. MORIS et Ed. BLANC, Cartulaire de l'abbaye de Lérins, no CLXXXIII, p. 183.9E. CLOUZOT, Pouillés..., p. 262.10J. Thirion, Alpes romanes, p. 59.11Cf. la chapelle Notre-Dame - Saint-Jean, à Roquestéron-Grasse.12A.D. Alpes-Maritimes, H 4.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

  • BARATIER, Edouard. La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris : S.E.V.P.E.N. , 1961, 255 p.

  • BOUCHE, Honoré. La chorographie ou description de Provence et l'histoire chronologique du mesme pays. Aix : Charles David imprimeur du Roy, 1664, 2 tomes et 2 fasc. de suppl. reliés en 2 vol.

  • CLOUZOT, Etienne. PROU, Maurice. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse de Glandèves. Paris : Imprimerie nationale, 1923.

  • DURBEC, Joseph-Antoine. Les chartes du Val de l'Estéron à la Bibliothèque Nationale. Dans : Nice historique, octobre-décembre 1953, p. 65-76.

  • MORIS, Henri, BLANC, Edmond. Cartulaire de l'abbaye de Lérins. Paris : H. Champion, 1883, 2 vol.

  • POTEUR, Jean-Claude. Archéologie et sociologie des châteaux de Provence Orientale au Moyen Age, diplôme de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1981, 3 vol. dactylographiés.

  • THIRION, Jacques. Alpes romanes. La Pierre-qui-vire (Yonne) : Impr. des Ateliers de la Pierre-qui-Vire et des Ateliers de l'Abbaye Sainte-Marie, 1980, 434 p.

Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1995
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