Dossier d’aire d’étude IA00128019 | Réalisé par
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présentation de la commune de Roquestéron-Grasse
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Coursegoules
  • Adresse
    • Commune : Roquestéron-Grasse

Les origines

Un vaste domaine d'origine antique du nom de "L'Olive" semble avoir eu son centre sur le petit plateau qui porte aujourd'hui la ferme dite "Bastide de l'Olive" ou "l'Olive". Ce domaine survit durant le haut Moyen Age grâce à un habitat-refuge implanté sur le sommet encore dénommé "le Puy". Une église du premier réseau paroissial est érigée sur son territoire, au plus tard au XIe siècle. Cet édifice succède peut-être à un lieu de culte privé, domanial. Elle est dédiée à Notre-Dame et à Saint-Jean, doublet classique des titulatures des premières églises paroissiales. L'édifice a aujourd'hui disparu.

Premiers sites fortifiés

Dès le XIe siècle, un château - une "Roque" - est implanté sur ce territoire. On choisit pour cela la longue crête dite "Sommet de Gerbière ". Un texte du XIe siècle, mal daté, précise bien que l'église Saint-Jean est située entre le castrum de La Roque et celui de Cuébris. Il n'est pas possible de dire si on y a construit une église dès le Moyen Age, mais c'est probable.Dans la première moitié du XIIIe siècle, le comte de Provence soumet l'aristocratie de la grande région de Grasse. Dans les années 1230-1240, il tente, avec difficulté, de progresser au nord du Cheiron. C'est au cours de l'une de ces campagnes qu'est détruit puis abandonné le vieux château de Roquestéron (Gerbière) et qu'une nouvelle forteresse est construite, sur un site mieux approprié militairement et mieux placé stratégiquement : le rocher dominant l'actuel Roquestéron-Grasse. La base d'un donjon de cette forteresse est encore visible.

Création du village

Rapidement un village se développe au pied du nouveau château, sur la pente sud-est, et, dès le milieu ou dans la seconde moitié du XIIIe siècle, cet ensemble est complété par la construction d'une église paroissiale : l'église Saint-Erige - Sainte-Pétronille. Lors des guerres civiles qui marquent la seconde moitié du XIVe siècle, de nombreux combats concernent la vallée de l'Estéron : le château de Roquestéron [-Grasse] est restauré et la fortification complétée par la construction d'une enceinte protégeant le village. Plusieurs portions et une porte sont encore conservés. Dans le même temps sur l'ancien site, à Gerbière, une nouvelle forteresse, dont les ruines sont visibles, est dressée. En 1388, lors de la cession du comté de Nice à la Savoie, ces deux châteaux sont ruinés et définitivement abandonnés. Le territoire de Gerbière, qui semble dépeuplé à la fin du Moyen Age, n'est que très tardivement réoccupé, peut-être seulement au XVIIIe siècle, sous la forme d'un habitat dispersé. La chapelle Saint-Laurent conserve néanmoins le souvenir de l'habitat médiéval.

Une population demeure à Roquestéron [-Grasse], bien que le village soit à reconstruire. Une partie des habitants s'installent en contrebas du site médiéval, au pied du rocher qui porte l'église, tandis qu'une autre partie, rapidement la majorité, franchit l'Estéron pour occuper un site neuf et plus confortable, à l'origine de la commune actuelle de Roquestéron, chef lieu de canton. A partir de la fin du XVIIe et jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, en raison des nombreux conflits dans lesquels la France et la Savoie ont été impliquées, le site de Roquestéron [-Grasse] reprend une importance stratégique. L'église est fortifiée et une enceinte protégeant les maisons situées au-dessous d'elle est dressée. Il en reste des fragments. En 1760, la signature du Traité de Turin entraîne une rectification de la frontière. La limite suit le cours de l'Estéron, l'ancien site, sur la rive droite, retourne à la France : le village actuel est créé ou se développe ; il s'appellera par la suite Roquestéron-Grasse. La nouvelle agglomération, sur la rive gauche, reste au royaume de Sardaigne : elle s'appellera Roquestéron-Puget puis Roquestéron, tout court.

Les châteaux

Château de Gerbière

Cadastre de 1982, section E, parcelle 197

Une liste, établie vers 1232, mentionne un "castrum de Garberiis", distinct du "castrum de La Rocca". Il disparaît ensuite des sources historiques. En 1339, Paul de Villeneuve, de la branche de Vence, prête hommage pour ce qu'il possède dans le territoire de Gerbière. Il n'est pas fait mention de château C'est probablement sur la longue crête dite "Sommet de Gerbière qu'a été implantée La Roque, au XIe siècle. Ce vieux château est détruit au cours de l'une des campagnes qu'a mené dans cette région le comte de Provence. Il est ensuite abandonné au profit d'une nouvelle forteresse construite sur un site mieux approprié : le rocher dominant l'actuel Roquestéron-Grasse. Lors des guerres civiles qui marquent la seconde moitié du XIVe siècle, la vallée de l'Estéron est le théâtre de nombreux combats et une nouvelle forteresse est dressée, sur l'ancien site de Gerbière ; quelques ruines sont encore visibles. En 1388, lors de la cession du comté de Nice à la Savoie, ce château est ruiné et définitivement abandonné.

Le Sommet de Gerbière, allongé d'est en ouest, est composé d'une crête, à l'est, et d'un mamelon, à l'ouest, séparés par un col. Le sommet de la crête domine le col d'une dizaine de mètres ; le mamelon le domine d'une trentaine de mètres.La crête est large tout au plus de 10 mètres et longue d'environ 180 mètres. Depuis le col vers l'est, elle peut se décrire ainsi : à 50 mètres du col, un premier fossé ; 15 mètres plus loin, un second fossé ; 15 mètres plus loin, une petite éminence portant les traces d'un donjon carré, arasé ; à son pied, à l'est, une plateforme qui s'étend sur 100 mètres porte des traces de constructions et se termine à l'est par des restes d'une courtine munie de meurtrières (à tir plongeant et couvrement à redans) ; au pied de cette courtine, à l'est, deux petits fossés sont très rapprochés. Le mamelon, à l'ouest du col, porte sur son sommet les traces au sol dun donjon de plan carré (de 5,30 m de côté, aux murs épais de I m), qui en occupe la plus grande partie. Sur sa pente sud-est se trouve la chapelle Saint-Laurent ; celle-ci, au bas du mur ouest, près de l'angle nord, utilise comme fondation un mur plus ancien dont on voit quelques traces.

Château Saint-Jean de la Roque

Cadastre de 1982, section B, parcelle 89

Une église dédiée à Notre-Dame et à Saint-Jean-Baptiste est confiée à l'abbaye Saint-Honorat de Lérins au XIe siècle. Au début du XIIIe siècle, au cours des guerres qui ont conduit au déplacement du château de La Roque, on construit sur les terres de ce prieuré de Lérins un castrum mentionné sous les différents noms de "Saint-Jean de la Roque", "Moustiers de Saint-Honorat" ou "Saint-Honorat de la Roque. Cette apparente ambiguïté sur son nom provient d’une confusion entre le titulaire de l'église du prieuré (saint Jean) et celui de l'église abbatiale dont elle dépend (saint Honorat). Cette forteresse, qui n'est plus mentionnée par la suite, semble donc avoir été abandonnée dans le courant de la seconde moitié du XIIIe siècle. Quelques traces très érodées permettent peut-être de localiser ce château éphémère sur la crête orientée nord-sud joignant le quartier de la Haute Olive au sommet du Puy.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

  • CLOUZOT, Etienne. PROU, Maurice. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse de Glandèves. Paris : Imprimerie nationale, 1923.

  • BARATIER, Edouard. Enquêtes sur les droits et revenus de Charles Ier d'Anjou en Provence (1252 et 1278). Paris, Bibliothèque Nationale, 1969, 562 p., ill.

  • BOUCHE, Honoré. La chorographie ou description de Provence et l'histoire chronologique du mesme pays. Aix : Charles David imprimeur du Roy, 1664, 2 tomes et 2 fasc. de suppl. reliés en 2 vol.

  • CAÏS DE PIERLAS, E. La ville de Nice pendant le premier siècle de la domination des princes de Savoie. Turin, 1898.

  • JUIGNE DE LASSIGNY, E. de. Histoire de la maison de Villeneuve en Provence. 3 vol., Lyon, 1900-1909.

  • MORIS, Henri, BLANC, Edmond. Cartulaire de l'abbaye de Lérins. Paris : H. Champion, 1883, 2 vol.

  • POTEUR, Jean-Claude. Archéologie et sociologie des châteaux de Provence Orientale au Moyen Age, diplôme de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1981, 3 vol. dactylographiés.

  • THIRION, Jacques. Alpes romanes. La Pierre-qui-vire (Yonne) : Impr. des Ateliers de la Pierre-qui-Vire et des Ateliers de l'Abbaye Sainte-Marie, 1980, 434 p.

Documents figurés

  • Ensemble de terrasses cultivées à l'Iscle. / Photographie noir et blanc, 1ere moitié du 20e siècle. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 10 Fi 1784.

Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1995
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