Dossier d’aire d’étude IA05001501 | Réalisé par
Bonan Aurélie (Contributeur)
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • inventaire topographique, Inventaire du parc naturel régional des Baronnies provençales
Présentation de l'ancienne commune d'Antonaves
Copyright
  • (c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
  • (c) Inventaire général, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Parc naturel régional des Baronnies Provençales
  • Adresse
    • Commune : Val Buëch-Méouge

Développement historique

Au nord du village d'Antonaves, la Barre des Maurels ou Barre des Daumas présente des surplombs naturels qui portent d'importantes traces de suie. Cette occupation n'est pas datée, mais il est envisageable qu'elle remonte au moins à la période proto-historique. A cette même époque, le site du Pic Saint-Cyr était probablement aussi occupé (cf annexe dédiée).

Le Pic de Saint-Cyr, vue prise du nord-est.Le Pic de Saint-Cyr, vue prise du nord-est. Pic de Saint-Cyr. Plate-forme sud, extrémité orientale. Renfoncement de la paroi aménagé et escalier taillé.Pic de Saint-Cyr. Plate-forme sud, extrémité orientale. Renfoncement de la paroi aménagé et escalier taillé. Extrémité nord de la falaise des Daumas, mur de soutènement courant le long de la plate-forme inférieure.Extrémité nord de la falaise des Daumas, mur de soutènement courant le long de la plate-forme inférieure. Extrémité nord de la falaise des Daumas, abri naturel avec dépôt de suie sur le surplomb.Extrémité nord de la falaise des Daumas, abri naturel avec dépôt de suie sur le surplomb.

Un important site de l'antiquité romaine est mentionné par la Carte Archéologique de la Gaule (I. Ganet, 1995) entre le Théronde et le Buëch, secteur où la tradition rapporte qu'au milieu du 20e siècle des ruches étaient couvertes par des tegulae entières, et où le mur de soutènement de l'ancien chemin d'Antonaves à Ribiers présente un parement qui pourrait être antique. Au quartier de la Tuillière, on observe les restes d'un grand crassier comportant des tessons de tegulae. Cet établissement artisanal est sans doute à mettre en relation avec un autre four à tuile repéré par les archéologues au quartier de Bramefan (ancienne commune de Ribiers). Autour de la ferme des Granges, au nord et surtout en contrebas à l'est, plusieurs pierriers contiennent d'assez nombreux tessons de teguale et d'imbrice. Par ailleurs, quelques tessons de tegulae ont également été observés dans les ruines de la ferme dite Maison Burlet, et d'autres vers la ferme des Narettes, en rive gauche du ravin des Couelles. Quelques autres ont été repérés dans un pierrier au quartier des Clots, dans un chaos rocheux épars situé en contrebas du chemin d'Antonaves à Pomet. Enfin, on trouve de nombreux autres fragments de tegulae au Pic Saint-Cyr (voir annexe dédiée à ce site). La mémoire orale précise que, tout à fait en haut du village, une tombe sous tegulae a été mise à jour lors de travaux de construction, et que d'autres grands fragments de tegulae accompagnés de monnaies gauloises et romaines ont été découverts à proximité du pont sur le ravin de Gironde, au sud du village.

Tesson de tegulae épaisse à arête inférieure chanfreinée, collecté dans un pierrier proche de la ferme des Granges.Tesson de tegulae épaisse à arête inférieure chanfreinée, collecté dans un pierrier proche de la ferme des Granges. Tessons de tegulae, de tuile creuse et de fragments de tuf, collectés dans un pierrier à l'est de la ferme des Granges.Tessons de tegulae, de tuile creuse et de fragments de tuf, collectés dans un pierrier à l'est de la ferme des Granges.

Le prieuré d'Antonaves a été « fondé dès le Xe siècle par l'abbaye de Montmajour » et à cette même époque est implanté le « castrum Antonavi » (M.-P. Estienne, 2008). En décembre 963, Conrad, roi de Bourgogne et de Provence, confirme que Montmajour possède la celle d'Antonaves, ce qui sera à nouveau précisé en décembre 965 : « cellam Antunnavam ». Une église Sainte-Marie d'Antonaves (« ecclesiam Sancte Marie de Antonavis ») est mentionnée en avril 1152 (abbé Fillet, 1886). On notera d'ailleurs qu'un sceau aux armes de Montmajour a été trouvé à proximité de l'église (J. Chevallier, communication personnelle, 2018). Le prieur d'Antonaves possédait aussi les revenus des prieurés d'Eoures, Lachaux et des droits à Chateauneuf-de-Chabre et Pomet. Il reste le seigneur temporel, décimateur de la paroisse d'Antonaves et collateur de la cure jusqu'en 1789 (P. Mélet, 1965).

Au moyen-âge, le terroir d'Antonaves dépendait pour partie de celui de Mison, entité qui avait été cédée ou vendue au début du XIIe siècle aux Mévouillon par les vicomtes de Gap (J. Roman, 1892). Le plus ancien hommage des habitants au prieur d'Antonaves date du 20 avril 1268, et ceux de 1270 et 1298 « laissent à penser que la puissante famille des Mévouillon réussit à garder le haut domaine d'Antonaves jusqu'à cette époque » (P. Mélet, 1965).

Après la réunion du Dauphiné à la France en 1349, et à partir du 6 juin 1351, « le roi-dauphin exerça un protectorat sur le prieuré d'Antonaves moyennant le paiement annuel de 2 florins (2 x 3,5 = 7 grammes d'or) ». Entre 1358 et 1368, le prieuré est temporairement occupé à cause des guerres entre Gascons et Provençaux et, en 1390, Antonaves est pillé par « quatre vingt cavaliers de l'armée de Raymond de Turenne » (P. Mélet, 1965).

Au XVIe siècle, le territoire est bien équipé en bâtiments artisanaux, avec un moulin et un paroir à drap, ainsi qu'un four à pain communautaire. Celui-ci est réparé vers le milieu du XVIe siècle (P. Mélet, 1965). En 1571, le premier « Terrier du prieuré » est rédigé, et il est reconnu en 1572 par « l'université d'Antonaves » (P. Mélet, 1965). Dans les années 1580, Blaise Penchinat, capitaine protestant de Sisteron, s'empare d'Antonaves et garde cette seigneurie pendant de longues années. Il « se faisait qualifier de seigneur d'Antonaves et il fallut plusieurs procès pour l'en expulser » (J. Roman, 1892 et P. Mélet, 1965).

La première moitié du XVIIIe siècle semble être un âge de prospérité pour Antonaves, comme en attestent les nombreux éléments architecturaux de cette époque. C'est à ce moment qu'est atteint le maximum démographique, avec 335 habitants. Après une chute d'un tiers de la population à la veille de Révolution (230 habitants, dont 40 % d'enfants), ce chiffre ne sera pas dépassé, même en 1820, année d'un maximum du XIXe siècle (P. Mélet, 1965).

Dans les années 1730, le prieur d'Antonaves, M. de la Merlière qui réside à Grenoble, jouit des droits seigneuriaux de la communauté, lesquels sont estimés à 900 livres. A cette époque, Paul-François de Durand de Pontaujard, résidant à Serres, possède les moulins pour un revenu de 113 livres (P. Guillaume, 1886). On retrouve ce dernier dans le cadastre royal rénové de 1775 comme propriétaire de nombreux biens, notamment la grosse bâtisse située au pied du village d'Antonaves et appelée « le château », la ferme des Granges et de diverses terres sur l'ensemble du territoire. Ce cadastre, rédigé par le géomètre Pierre-Paul Rivet de Laragne, mentionne d'ailleurs quelques lieux dits particuliers : le Barlandier (planche 7), les Crozes (planche 7), les Drayes (planche 9), les Esclauxaux (planche 9), Saint-Beneyt (planche 7), Saint-Florens et Saint-Sir (planche 8).

Le 2 octobre 1778, Jacques Abel, négociant à Marseille, acheta de demoiselle Marie-Victoire de Durand de Blacon de Pontaujard, résidant à Serres, héritière de M. Paul-François de Durand de Pontaujard, seigneur de Blacon et autres places, tous les biens qu'elle possédait à Antonaves, Chateaugiraud et Pomet, au prix de 7 000 livres (AD05, B 109).

Le début du XIXe siècle apparaît comme une période de renouveau, avec la création des associations syndicales pour construire des digues de protection et gérer les canaux d'irrigation (voir paragraphe dédié). Mais la population décroît inexorablement et à partir du début du XXe siècle, les fermes éloignées sont abandonnées, comme celle du Burlet désertée en 1922 (P. Mélet, 1983). Parfois, les habitants se réinstallent dans des bâtiments plus proches du village. Ainsi, la mémoire orale se rappelle qu'une partie des matériaux de la ferme de Burlet, notamment les pierres de taille, ont été remployés en 1936 dans la construction d'une nouvelle dépendance agricole à la ferme du Couagnet.

Malgré quelques tentatives de modernisation (adduction en eau potable décidée en 1937 et faite en 1942), la déprise humaine vide la commune de ses habitants. Lorsque la première ligne téléphonique est installée en 1933, l'école d'Antonaves réunit 29 élèves. Mais ils ne sont plus que 7 en 1961-1962, et elle ferme ses portes en janvier 1962, au milieu de l'année scolaire. Dans les années 1950, les maisons du village tombent en ruine les unes après les autres, et « tout au long de la Calade, là où au siècle dernier, s'entassaient, à étouffer, une dizaine d'habitations misérables, des murs s'écroulent ou des pierres s'abattent sur la chaussée ». « En 1959, Antonaves est une commune exsangue, à la dérive, empêtrée dans ses ruines avec ses murs de soutènement crevant de partout, habitée par une population qui n'y croit plus » (P. Mélet, 1965, 1983).

L'effondrement du mur de soutènement de la Calade le 31 janvier 1959 marque le début d'une campagne de travaux de consolidation des murs, des rues et des chemins effectuée avec l'aide des volontaires de l'association suisse du Service Civil Volontaire International. C'est aussi à partir de cette époque que les premières maisons villageoises sont achetées et transformées en résidences secondaires. La commune se dote d'armoiries en 1961. Le 5 août de cette même année a lieu la pose de la première pierre des gîtes communaux conçus par l'architecte départemental Bériel. Et le 14 août 1961, la célébration du « millénaire d'Antonaves » est l'occasion de l'inauguration du renouveau du village par les édiles départementales, avec un ruban coupé sur le pont de la Méouge. Cette cérémonie a été retransmise à la télévision le 16 août (informations régionales), et des festivités et manifestations diverses ont lieu du 14 au 17 août. Dans la décennie suivante, d'autres bâtiments sont construits aux Cheneviers, gîtes communaux et lotissement communal de « la Brebis d'Argent », et l'hôtel de la « Chèvre d'Or » est construit en haut du village (P. Mélet, 1965, 1983).

Armes d'Antonaves, crées en 1961. Blason en ciment moulé installé sur une maison au village.Armes d'Antonaves, crées en 1961. Blason en ciment moulé installé sur une maison au village. Gîtes communaux de la Brebis d'Argent, au quartier des Cheneviers.Gîtes communaux de la Brebis d'Argent, au quartier des Cheneviers.

Développement thématique

Voies de communication

Sur la carte de Cassini (années 1760-1780), aucun axe de communication n'est figuré concernant le territoire d'Antonaves. En 1789, « le seul moyen d'exportation, c'est des bêtes à bât, qui ne sont même pas en sûreté par la dégradation des chemins, et malheureusement tous les vicinaux sont impraticables » (P. Guillaume, 1908).

En 1820, un pont sur la Méouge est construit aux frais des communes d'Antonaves et de Châteauneuf-de-Chabre. En 1831, il est fortement endommagé par une crue et doit être réparé. En 1839, une autre crue « emporte une grande partie du mur aval, culée gauche » et en 1840, des travaux sont effectués, comprenant notamment la pose de « paniers d'osier nécessaires aux travaux de protection ». En 1876, le tablier du pont doit être « doublé de planches en bois de peuplier de préférence à une couverture de gravier qui entretiendrait l'humidité et risquerait de faire pourrir les longerons et les madriers » ; finalement, des planches de mélèzes seront installées. En 1879, la culée gauche est à nouveau minée par les eaux et doit être refaite (P. Mélet, 1965).

Sur la route de Laragne à Sisteron, le pont sur la Méouge qui était en maçonnerie et à trois arches s'est en partie effondré lors de la crue de 1882. Il est remplacé en 1889 par un pont métallique qui était encore en usage en 1962. Le premier goudronnage du chemin menant au village est réalisé en 1957. A la fin des années 1950, le pont de Font de Poiron nécessite des réparations urgentes qui sont effectuées à l'été 1960 par les volontaires du Service Civil International (P. Mélet, 1965).

Les délibérations du conseil général indiquent qu'un projet de « ligne ferrée d'intérêt local » par la vallée de la Méouge a été évoqué en 1910 et en 1911, qui prévoyait un tramway sur le trajet Nyons-Séderon-Ribiers-Sisteron, par la vallée de la Méouge.

Ancien chemin d'Antonaves aux Granges.Ancien chemin d'Antonaves aux Granges. Ancien chemin des Granges au torrent du Rif, bordé par le mur de soutènement d'un grand pierrier bâti.Ancien chemin des Granges au torrent du Rif, bordé par le mur de soutènement d'un grand pierrier bâti.

Pratiques agricoles

Le fonctionnement agricole traditionnel était essentiellement basé sur des cultures vivrières, qui associaient diverses productions : céréales dont blé, légumineuses (lentille et fèves), vergers, vignes, foin, etc.

En 1886, G. Derrennes précise que « les environs du village sont superbes et bien boisés, les amandiers et les mûriers y poussent, arrosés par des fontaines abondantes ». Dans les jardins sont traditionnellement cultivés carottes, choux et pommes de terre. L'élevage de quelques moutons et chèvres, et de cochons, complétait cette économie. Ce système a fonctionné jusqu'au milieu du XXe siècle. Encore en 1959, les familles d'Antonaves « vivent surtout parce qu'elles récoltent la presque totalité de leur nourriture » (P. Mélet, 1965).

Elevage

Au début du XVIIe siècle, le cheptel ovin peut être estimé à 6 troupeaux de 30 bêtes, et au XVIIIe siècle il produit annuellement environ 140 kg de laine.

Dans les années 1850, on compte une dizaine de brebis par maison « de type Savournon, actuelle race des Préalpes du Sud », accompagnées d'une ou deux chèvres. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la ferme Abel qui « occupait près de la moitié de la commune et disposait aussi de parcours sur Saint-Pierre-Avez » possède un troupeau de 150 brebis, 300 moutons d'engraissage, un cheval, trois mules et deux bœufs.

En 1965, le modernisme agricole a permis de passer à 80 brebis par exploitation et « le cheptel ovin est plus important qu'il n'a jamais été », utilisant des croisements entre races des Préalpes du Sud et Southdown ou Ile-de-France (P. Mélet, 1965).

Cultures en général

D'après les estimation des surfaces cultivées en 1612, il y avait à cette époque 85,03 ha en céréales, 6,36 ha en vigne, 26,63 ha de prés de fauche, 3,19 ha de chènevières, 14 ha de bois. Soit un total de 135,21 ha, « ce qui représente à peine 16,3 % de surface utile par rapport à la surface totale ». Pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, la production de grains est « sensiblement supérieure », mais la « bien médiocre productivité du sol » oblige à une jachère biennale (P. Mélet, 1965).

En 1789, la réponse au questionnaire de la commission intermédiaire des Etats du Dauphiné indique que « la nature du sol est en générale très mauvaise (…) il est très souvent dégradé par les pluies ou fontes des neiges. (…) Les genres de récoltes sont : froment, seigle et épeautre, peu de vin, peu de fourrage, encore moins de légumes, si ce n'est quelques pommes de terre ; les amandiers et les noyers, quoique peu considérables, sont les seuls arbres fruitiers qui prospèrent. (…) La nourriture ordinaire est du pain de seigle ou d'épeautre et de soupe, matin et soir. (…) Il n'y a dans ce lieu qu'un petit bois taillis en chênes, ne servant que pour l'usage du four ; les bois de forêt sont très rares, au point qu'on est forcé de couper les arbres fruitiers pour le chauffage » (P. Guillaume, 1908).

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la ferme Abel qui était le principal domaine agricole de la commune produisait annuellement 100 hectolitres de vin, 20 litres d'huile de noix, une tonne de cerneaux de noix, 500 doubles décalitres d'amandes, deux tonnes de fourrage et 10 toises de bois. A cette époque, « on foulait sur les aires, chacun disposant généralement de son aire particulière, toutefois certaines d'entre elles étaient en copropriété. Sur l'aire bien nivelée et balayée, on foulait d'abord au pied du cheval, puis avec le lourd rouleau de pierre » (P. Mélet, 1965).

La mécanisation est très tardive, puisque « vers 1905-1906 on récoltait encore toutes les céréales à la faucille » et que les premières faucheuses à cheval n'arrivent que vers 1910. Le premier tracteur arrive dans la commune vers 1955. Cette lenteur de la modernisation est avant tout liée à l'imbrication foncière, notamment celle des bâtiments agricoles dispersés à l'intérieur du village où, « dans les ruelles étroites et encombrées, les tracteurs ont bien du mal à passer ». Cet état de fait « complique la besogne à l'impossible et ne peut que concourir à faire perdre le goût du travail, pourtant si honorable, de la terre » (P. Mélet, 1965).

Depuis l'installation de l'arrosage par aspersion dans les années 1950-1960, la culture arboricole des pommiers s'est largement développée, et c'est aujourd'hui la principale activité agricole. Les vergers sont majoritairement installés sur les terrains plats de la plaine, mais d'autres occupent aussi la partie basse des versants.

Verger de pommiers, au quartier de Vinourières.Verger de pommiers, au quartier de Vinourières.

Vigne

La culture de la vigne a été historiquement importante, elle est attestée au début du XVIIe siècle (voir paragraphe sur les cultures en général) , même si il faut très probablement lui imaginer une origine beaucoup plus ancienne.

Le plan de 1775 nomme un quartier « au Champ des Vignes » au bord de la Méouge (planche 4). Dans ce secteur, et jusque sous les falaises des Daumas, se trouvent alors de nombreuses parcelles de cette culture. D'autres se trouvent au nord du village, ainsi qu'aux quartier des Cougnets et des Buissillons. On retrouve une grosse vingtaine de parcelles sur le cadastre de 1824, section A du Village, implantées très majoritairement au nord du village, entre celui-ci et la Barre des Maurelsou des Daumas : la Combe, la Poirié, les Vignes du Combal, Le Domas, Champ des Pierres et Champ des Vignes, etc.

Jusqu'à la crise du phylloxéra des années 1870-1880, les vignes représentent une grande part des cultures de ces quartiers. Sur les cartes postales du début du XXe siècle, ces parcelles sont encore bien visibles. En 2018, cette culture est résiduelle : on note quelques plants installés à proximité de la mairie, et d'autres plus nombreux au quartier du Moulin, où ils sont palissés sur les arceaux d'anciennes serres de maraîchage. On retrouve des indices de vinification dans quelques maisons du village, qui conservent encore une cuve à bouillir maçonnée.

Vignes palissées sur d'anciennes serres, quartier du Moulin.Vignes palissées sur d'anciennes serres, quartier du Moulin.

Prés de fauche

Les secteurs anciennement occupés par les prés de fauche, indiqués comme « pré » au cadastre de 1824 étaient situés aux endroits propices à l'arrosage. Sur la feuille de la section A du cadastre de 1824, on en dénombre un grosse trentaine. Quelques uns se trouvent autour du village : Champ de la Mourier, les Cheneviers, Saint-Eutrope, Devant Ville, etc. Mais la grande majorité sont situés aux quartiers bordant la Méouge : le Gaud, la Prairie et les Tailliasses, où se trouvent aussi toutes les oseraies de cette section. Ce secteur plat est assez aisément irrigable par des canaux de dérivation du cours d'eau, mais il doit être défendu contre les crues par des digues (voir paragraphe dédié).

Chanvre

Cette culture est attestée au début du XVIIe siècle (voir paragraphe sur les cultures en général) et elle se retrouve dans la toponymie, notamment au quartier des Cheneviers situé au pied de la chapelle Saint-Eutrope.

On en tirait du fil et, jusqu'au début du XXe siècle, les tissages particuliers d'Antonaves étaient réputés, notamment les « dessus de lit localement appelés « vannes » (...) tissage dont la trame comporte alternativement deux fils ordinaires et un fil de chanvre plus grossier de gros diamètre, ce qui donne un tissu régulier d'une jolie texture, très résistant ». Le dernier tisserand, dit Pascal, meurt en 1914 (P. Mélet, 1965).

Lavandes

Le plan de 1775 indique plusieurs terres en lavande, appelées « bayassières », notamment au quartier de Revaud (planche 5).

Entre 1900 et 1920, plusieurs alambics étaient installés dans la commune, au village, à la ferme de la Tuilière, à celle des Granges et « trois ou quatre distillateurs de Grasse s'installaient au pont de Gironde pour extraire l'essence, un autre à « Ça » de Benoît (la Combe derrière le village). Il y a avait aussi Ogier qui venait de Ballons et quelques particuliers qui disposaient de leur alambic ». A cette époque, « la récolte se faisait uniquement sur les lavandes sauvages, très belles, très parfumées et aussi touffues que les plantes actuelles de lavandin. Toute la montagne en était envahie et la cueillette se faisait jusque sous les roches ». Les récoltes étaient ramenées par des « traîneaux qui descendaient à la nuit chargés de fleurs [qui] donnaient vie à la montagne et grande animation au village » (P. Mélet, 1965, 1983).

Quelques champs ont été plantés entre les années 1930 et 1960 et, au début des années 1950, « ils étaient encore quelques-un à récolter méthodiquement les lavandes en débutant toujours pas les basses altitudes, à la floraison plus précoce, pour terminer aux plus hautes altitudes où elle était plus tardive. Il fallait bien un bon mois pour en venir à bout. La cueillette s'effectuait à la faucille à lavande et en pleine chaleur, le moment le plus favorable de la journée où l'essence monte dans la plante et s'emmagasine dans les fleurs » (P. Mélet, 1983).

Aujourd'hui, on remarque à nouveau quelques plantations récentes, notamment au sud du village.

Champ de lavande, au quartier de Vinourières.Champ de lavande, au quartier de Vinourières.

Amandes et noix

Déjà au XVIIIe siècle, les amandes étaient vendues à Ribiers et Sisteron et les noix servaient à la production d'huile (P. Mélet, 1965). Dans la « notice sur le commerce des produits agricoles » (Ministère de l'agriculture, 1908), le canton de Laragne est un de ceux des Hautes-Alpes qui produisent le plus de noix.

Tilleul

Encore en usage à Antonaves au début des années 1970, la culture du tilleul « apportait alors à ceux du village un appoint de ressources à ne pas négliger ». « Tous les arbres étaient exploités méthodiquement [et] cette récolte [était] étalée dans les greniers où elle séchait à l'ombre en attendant la vente qui, débutant courant septembre se poursuivait jusqu'à la fin octobre et souvent au-delà ». Les ventes se faisaient principalement à Buis-les-Baronnies, où étaient fixés les cours de l'année (P. Mélet, 1983).

Aujourd'hui encore, on observe la présence d'un ou plusieurs tilleuls à proximité des fermes, et d'autres dans les haies ou en plein champ.

Grand tilleul dans un pré de fauche.Grand tilleul dans un pré de fauche.

Soie et mûriers

La sériciculture était développée sur la commune. En 1886, G. Derrennes indique que « quelques habitants élèvent des vers à soie ». Cette culture constituait « un appoint de recettes à une population plutôt misérable [et] sera assez florissant jusqu'à la guerre de 1914 ». En 1918, il y avait encore 16 producteurs à Antonaves, et 14 en 1919. En 1926 et 1928 le ramassage de la feuille sur les mûriers communaux est vendu à un particulier. Cette activité disparaît à la fin des années 1930. Il existait deux sortes de chenilles : celles du pays, blancs ou baricole (rayées de marron), et d'autres exotiques, dorées et très colorées (P. Mélet, 1965, 1983).

Autres plantes

Les grosses souches de buis étaient utilisées pour la fabrication de boules de pétanque cloutées, notamment par un atelier spécialisé situé à Gap. Par ailleurs, le sumac était employé pour les activités de teintureries (P. Mélet, 1983).

Ruches

Au pied des falaises des Daumas, une longue plate-forme naturelle est renforcée par un petit mur de soutènement en pierre sèche, et elle est barrée par un muret en retour. Quelques tessons de tuile creuse observés sur place pourraient indiquer que des ruches (dont le couvercle en bois est fréquemment complété par ce matériau) y étaient installées. La situation en limite d'ager (le site dominait des vignes puis des lavandes) et de saltus, l'emplacement favorable (orienté sud-est), et la situation de micro-climat en pied de falaise sont des éléments propices à des implantations apicoles.

Extrémité nord de la falaise des Daumas, plate-forme inférieure fermée par un muret en pierre sèche.Extrémité nord de la falaise des Daumas, plate-forme inférieure fermée par un muret en pierre sèche. Extrémité nord de la falaise des Daumas, plate-forme inférieure confortée par un mur de soutènement en pierre sèche.Extrémité nord de la falaise des Daumas, plate-forme inférieure confortée par un mur de soutènement en pierre sèche.

Aménagements agricoles en pierre sèche

Les anciens usages agricoles des versants se reconnaissent aujourd'hui à la présence de quelques murs de soutènement en pierre sèche de terrasses, parfois assez étroites (quartiers des Clots, des Narettes, etc.). Ces murs se retrouvent également pour conforter les anciens chemins muletiers. Au quartier des Daumas et à celui des Narettes, des ruisseaux saisonniers qui filent droit dans la pente sont canalisés avec des parements en pierre sèche.

On remarque également de grands pierriers d'épierrement dans tous les quartiers anciennement cultivés et certains possèdent des dimensions importantes. Ils sont particulièrement remarquables dans un large secteur autour de la ferme des Granges. Dans au moins deux de ces clapas, l'emprise d'un petit abri ou réserve a pu être observée : il s'agit d'un espace engagé dans le pierrier, laissé vide de cailloux et possédant un parement intérieur bâti. Ce genre d'abri devait être couvert avec des matériaux végétaux.

Les pierriers sont composés de pierraille calcaire, avec parfois la présence de tessons de tuile creuse, de brique, de céramique culinaire ou de verre ; on y trouve parfois des témoins archéologiques rejetés après leur découverte en labour, surtout des tegulae. La plupart d'entre eux sont de simples monticules allongés, aux versants en pente, et les grands pierriers comme ceux des Daumas ou des Granges sont très préférentiellement installés parallèlement au sens de la pente. Mais quelques-uns sont aménagés et bâtis avec une ou plusieurs faces maçonnées en pierre sèche, par exemple en contrebas de la ferme des Granges ou au quartier des Clots.

L'emprise foncière de certains pierriers est telle que les plus grands sont dessinés sur les plans cadastraux de 1824, alors encadastrés comme « clapiers » et possédant un numéro de parcelle propre.

Grand pierrier marquant une limite de parcelle, au quartier des Daumas.Grand pierrier marquant une limite de parcelle, au quartier des Daumas. Grand pierrier bâti, quartier des Granges.Grand pierrier bâti, quartier des Granges. Petite cabane aménagée dans un pierrier, quartier des Granges.Petite cabane aménagée dans un pierrier, quartier des Granges.

Moulins et autres activités artisanales

D'après P. Mélet (1965), un moulin et un paroir à draps sont mentionnés en 1527 et 1541. En 1730, Paul-François de Durand de Pontaujard, résidant à Serres, possède les moulins d'Antonaves pour un revenu de 113 livres (P. Guillaume, 1886). Le paroir est nommé sur la carte de Cassini (années 1760-1780) et ces deux établissements sont présents sur le cadastre de 1775 (planches 3 et 6).

Pendant la seconde moitié XIXe siècle, un moulin à huile a été construit à la ferme Abel (P. Mélet, 1965). En 1886, G. Derrennes précise qu'existent alors à Antonaves « un pressoir à huile, un moulin et trois métiers à tisser ».

Le moulin d'Antonaves est racheté en 1907 par Henri Borel, dont le décès en 1963 marque l'arrêt de l'activité. Un projet de transformation du moulin d'Antonaves en centrale électrique desservant Antonaves et Châteauneuf est abandonné en 1924 (P. Mélet, 1965).

Ce dernier auteur précise aussi qu'un four à pain est mentionné en 1527 et 1541, et qu'il est reconstruit en 1634 par des maîtres-maçons de Laragne. Il indique également que les tuiles étaient importées de Ribiers ou de Saléon, « les tuiles tirées de la Tuilière d'Antonaves n'étant pas de bonne qualité ».

Digues et canaux d'irrigation

En 1789, la réponse au questionnaire de la commission intermédiaire des Etats du Dauphiné indique que l'eau de la Méouge « sert à arroser le peu de prairie qu'il y a, dont le terrain serait bon, mais les eaux étant fort creusses [crues = froides] en dévorent le fumier au point que, chaque année, on est obligé de fumer. Cette rivière emporte journellement le meilleur terrain du pays (…) le seul moyen de s'en garantir serait des fortifications, mais la communauté est trop pauvre pour les faire ; de même le torrent de Gironde inonde et engrave une partie de la prairie, n'ayant point de sortie et se jetant dans le canal d'arrosage » (P. Guillaume, 1908).

En 1829 et 1830, la construction « de la digue de protection de la Prairie » le long de la Méouge nécessite 2000 journées de transport de matériaux. La crue des 1er et 2 novembre 1843 emporte cette digue, ainsi que « toutes les fortifications en gros peupliers, saules, mûriers, plantés ou poussant depuis un temps immémorial ». Le 3 juin 1858 est créée « l'association pour la construction d'un canal d'arrosage avec prise d'eau dans le torrent de la Méouge », afin de permettre l'arrosage du quartier de la Prairie. En 1873, un arrêté préfectoral marque la fusion du « syndicat des digues de la Méouge avec le syndicat de la Prairie d'Antonaves ». En 1884 la digue est augmentée, et des réparations doivent être faites suite à des crues en 1887, 1894, 1922-1923...

En 1884, un aqueduc est aménagé sous le pont de la Méouge pour le passage d'un canal d'amenée d'eau au quartiers des Touysses, où se trouve le « puits Conilh » (3,5 à 4 m de profondeur) « seul puis connu et utilisé dans la commune ». Dans ce quartier, il n'y a pas de réglementation d'arrosage, « la répartition de l'eau intervenant à l'amiable entre les cinq propriétaires ». Un « syndicat intercommunal pour le colmatage du Buëch » est créé dès 1946, mais les premiers travaux d'endiguement ne commencent qu'en 1965. Jusqu'alors, « la superficie des Touysses est variable, et cela à la fantaisie des crues de la rivière qui parfois en emportent de larges bandes qu'il faut ensuite essayer de récupérer » (P. Mélet, 1965).

Population

Pierre Mélet (1965) indique qu'au XVe siècle, la population d'Antonaves était de 85 habitants. En 1698 elle était de 305 habitants et d'environ 335 personnes pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle, qui correspond ici à la période du maximum démographique. En effet, à la veille de la Révolution, on ne dénombre plus que 230 habitants, dont 40 % d'enfants : en 1789, la réponse au questionnaire de la commission intermédiaire des Etats du Dauphiné indique « une population de cent quarante âmes de communion » (P. Guillaume, 1908).

Le pic du XIXe siècle est atteint dans les années 1820 avec un peu plus de 300 habitants. Mais en 1841 il n'y en a déjà plus que 275, et seulement 202 en 1886. Durant la période 1790-1880, l'espérance moyenne de vie était comprise entre 30 et 35 ans, ce chiffre étant impacté par une importante présence d'enfants placés par les hospices de Marseille et de Sisteron. En 1871, une épidémie de choléra aurait fait une trentaine de victimes sur la commune.

Au cours de la première moitié du XXe siècle, la population continue de baisser, avec 147 personnes en 1906 et 137 en 1936. Elle s'effondre au milieu de ce siècle, atteignant son minimum en 1968 avec 62 habitants. Dès lors, la population augmente peu à peu, atteignant déjà 101 personnes en 1982, 158 en 1999 et 179 en 2013.

Le territoire d'Antonaves est habité au moins depuis l'époque proto-historique, et il comporte plusieurs sites de l'antiquité. Le prieuré d'Antonaves est fondé au Xe siècle par l'abbaye de Montmajour, qui le conservera jusqu'à la Révolution.

Depuis le 1er janvier 2016, Antonaves fait partie de la nouvelle commune de Val-de-Buëch-Méouge, avec Châteauneuf-de-Chabre et Ribiers.

D'après P. Mélet (1965), Antonaves signifierait « les prairies marécageuses d'en haut », cette appellation désignant sans doute les terrains autour de la source aujourd'hui captée, par opposition aux prairies marécageuses d'en bas, au bord de la Méouge.

Le territoire de l'ancienne commune d'Antonaves se situe en rive droite de la Méouge, qu'il borde jusqu'à sa confluence avec le Buëch. Il est limité à l'ouest par la Montagne de Saint-Cyr et au sud par le Mont Burlet et le Mont Ourouze où passe la limite de l'ancienne commune de Ribiers.

L'altitude minimale est d'environ 510 mètres au bord du Buëch, en limite de l'ancienne commune de Ribiers. Les altitudes maximales sont de 1414 mètres au Mont Burlet, et de 1365 mètres au Pic de Saint-Cyr. Le village d'Antonaves est à environ 620 mètres.

Le substrat est calcaire ou marneux, avec la présence fréquente de roubines, et « le sol est dans l'ensemble sec, peu profond et médiocre » (P. Mélet, 1965).

Documents d'archives

  • Matrices cadastrales de la commune d'Antonaves. 1824-1911. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 137 à 139.

Bibliographie

  • DERENNES, Gustave. Géographie du département des Hautes-Alpes : physique, politique, historique, administrative, économique et commerciale. Gap : Editions A. Fillon & Cie, 1886.

  • ESTIENNE, Marie-Pierre. Châteaux médiévaux dans les Baronnies Xe – XIVe siècles. Dans : Documents d'Archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne n° 31, Association de liaison pour le patrimoine et l'archéologie en Rhône-Alpes et Auvergne, 2008.

  • FILLET, abbé. Dépendances de Montmajour dans les Hautes-Alpes. Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, cinquième année. Gap : Imprimerie Jouglard Père et Fils, 1886.

  • GANET, Isabelle. Carte archéologique de la Gaule. Les Hautes-Alpes. Paris : Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Fondation Maison des sciences de l'homme, 1995.

  • GUILLAUME, Paul. Revenus de la noblesse des Hautes-Alpes au XVIIIe siècle d'après des documents officiels inédits. Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, cinquième année. Gap : Imprimerie Jouglard Père et Fils, 1886.

  • GUILLAUME, Paul (abbé). Recueil des réponses faites par les communautés de l'élection de Gap au questionnaire envoyé par la commission intermédiaire des États du Dauphiné (fin 18e siècle). Dans Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 1908.

  • MELET, Pierre. Antonaves mille ans d'histoire. Antonaves : Les Amis du Village, 1965.

  • MELET, Pierre. A l'ombre du campanile. Antonaves : L'Oustau, 1983.

  • ROMAN, Joseph. Histoire de Ribiers, chef-lieu de canton du département des Hautes-Alpes. Gap : Imprimerie J.-E. Richaud, 1892. 72 p.

  • ROUGE, Jean-Pierre. Le sanctuaire en plein air du Pic de Saint-Cyr à Antonaves. Les pages de liaison du Luminaïre n° 25. Lachau : le Luminaïre, Association pour l'incitation à la culture et à la recherche historique régionale, 2008. p. 25-30.

Documents figurés

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Plans géométriques du terroir d'Antonaves distribués par planches. Dessin plume et encre, par Pierre Paul Rivet, géomètre, 1775. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 E 165.

  • Plan cadastral de la commune d'Antonaves. / Dessin à l'encre sur papier par Guiramand, géomètre du cadastre, 1824. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 135.

Annexes

  • Le site archéologique du Pic Saint-Cyr
Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2018
(c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
Bonan Aurélie
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.