Dossier d’œuvre architecture IA83003113 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
poste de direction de tir du massif du Mai ou de Sicié
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Six-Fours-les-Plages
  • Lieu-dit près du Montjoie, près de Cap Vieux, La Pierre de l'Autel
  • Cadastre 2021 BC non cadastré sur la parcelle 3
  • Précision dénomination
    poste de direction de tir
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GENERALE

Au lendemain de la première guerre mondiale, la Marine planifia une refonte de la défense des côtes, dont elle avait hérité en totalité à la fin de la guerre. Le programme, élaboré de 1920 à 1926, prévoyait des batteries fixes avec artillerie provenant de navires de guerre désarmés. Le projet d'une puissante batterie de quatre grosses pièces de 340mm provenant de cuirassés du programme 1912, fut élaboré à partir de 1923, pour la défense du secteur de Toulon-Hyères. Le site d'implantation, arrêté en 1927 est une hauteur au-dessus du cap Cépet, face à la haute mer, au sud-est de la presqu'île de Saint Mandrier. Les quatre canons de 340mm, longs de 16m, pesant 66 tonnes, d'une portée maximum d'environ 4 kilomètres faisaient de cette nouvelle batterie, construite entre la fin de 1928 et juin 1931, la plus puissante du secteur.

Compte-tenu de la portée de son artillerie, la batterie de Cépet 340 disposait, en plus de son poste de direction de tir (PDT) local, de cinq postes de direction de tir auxiliaires distants, répartis d'ouest en est sur une grande amplitude, allant du cap de la Cride, à 15, 5km à l'ouest à vol d'oiseau, au Mont des Salins, au sud-est de l'île de Porquerolles, le plus lointain, à 26km à l'Est à vol d'oiseau. Ces PDT les plus éloignés, auxquels il faut ajouter celui de la pointe Escampobariou, au sud-ouest de la presqu'île de Giens, à 14 km à vol d'oiseau à l'est/sud-est de Cépet, n'étaient pas exclusivement au service de la batterie de Cépet 340, mais en partie à celui de batteries plus proches, à l'est celles de Giens et des Mèdes, à l'ouest celle de la Cride. Les deux autres postes de direction de tir auxiliaires, plus proches, à savoir celui de la Gavaresse, près de Carqueiranne, à 9 km à l'est à vol d'oiseau, et celui dit de Sicié, sur le massif de Mai, au nord du cap Vieux, à 8km à l'ouest, étaient exclusivement dévolus à la batterie de Cépet 340.

Maintenue dans son armement par exception obtenue de l'amirauté lors de la convention d'armistice franco-italienne de 1940, la batterie de Cépet fut sabordée le 27 novembre 1942 par son chef de poste sur ordre du commandant de la DCA française, pour empêcher sa réutilisation par l'occupant allemand. Celui-ci remplaça toutefois deux des quatre canons inutilisables en janvier 1944, mais la batterie, bombardée par les alliés du 12 au 26 aout 1944, jusqu'à reddition le 28, ne fut pas rétablie après la guerre. Ses postes de direction de tir furent donc sans utilité dès l'automne 1944 voire dès novembre 1942 pour certains d'entre eux non réoccupés par les allemands.

La construction du poste de direction de tir auxiliaire de Sicié, vers 1930-1931, n'est pas documentée, aucun plan n'en est connu, en sorte qu'il faut procéder par comparaison pour en préciser les fonctions et équipements.

La configuration normale d'un PDT français à trois niveaux, comme celui de la batterie des Mèdes 1, (certains sont à deux niveaux 2) comporte, au niveau inférieur, enterré, le poste à calcul (dont conjugateur mécanique) et le poste radioélectrique, au niveau au-dessus, le poste d'observation principal (ou poste de commandement, ou poste azimutal), avec front en hémicycle et fenêtre panoramique ouverte de 105°, pourvu de la lunette périscopique de l'officier de tir, pour repérer la cible, celle de l'indicateur de circulaire qui déterminait l'azimut du but, reporté sur le cadran de gisement situé en dessous, dans le poste à calcul. A côté ou au troisième niveau, un autre local accueillait le télémètre permettant de déterminer la distance entre la cible et la batterie. Cependant, la répartition d'un étage à l'autre pouvait être différente, comme dans le cas du PDT de la pointe Escampobariou (réutilisé par les allemands en 1944) qui superposait, d'avant en arrière et de bas en haut, le poste azimutal de la batterie de Cepet 340, le PDT de la batterie de Giens, le poste du télémètre H34 et le poste à calcul3 .

DESCRIPTION

Site et implantation générale

Le poste de direction de tir auxiliaire de Sicié occupe un site de crête isolé du massif de Mai, près de la hauteur de Montjoie, surplombant la côte, à environ 300m de distance à vol d'oiseau et à 272m d'altitude au dessus du lieu-dit la Pierre d'Autel. Il est distant d'un peu plus de 1 km, à l'ouest, du Cap Vieux et de la chapelle Notre-Dame de La Garde (ou du Mai), et desservi assez facilement par le sentier piéton du littoral qui suit la ligne de crête à partir de cette chapelle. Il a été bâti ex nihilo, son emplacement, en co-visibilité avec les pointes du cap Vieux et du Cap Sicié, n'ayant pas été occupé antérieurement par une infrastructure militaire.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Le poste de direction de tir auxiliaire est un édifice homogène d'emprise limitée étirée en longueur qui se caractérise par sa silhouette échelonnée sur trois niveaux en retrait l'un de l'autre chacune avec front en hémicycle face à la mer (sud), non sans évoquer une superstructure d'architecture navale (Fig. 1).

Ensemble du PDT et de ses trois niveaux échelonnés, vu du sud/sud-estEnsemble du PDT et de ses trois niveaux échelonnés, vu du sud/sud-est

La construction est en béton armé de faible épaisseur (c.0, 50m), avec enduit de finition lissé. Dans l'état de ruine actuel, certaines parties d'enduit arrachées laissent apparaitre l'armature de fer à béton en grille noyée superficiellement près du nu des parements.

L'élévation superpose trois niveaux ou étages d'une largeur constante de 3m dans œuvre (3, 50m dans la partie droite du troisième niveau, élargie aux dépens de l'épaisseur murale), soit 4m hors œuvre. Le second et le troisième niveau reposent sur le niveau précédent avec un retrait frontal de l'équivalent du cercle intérieur défini par l'hémicycle de tête. L'édifice est en partie engagé dans la pente naturelle du terrain, y ayant été construit dans une réservation ménagée par déroctage, en sorte que les deux premiers niveaux sont enterrés dans leur partie postérieure, seule les fronts en hémicycle étant entièrement dégagés. (Fig. 2)

Front de tête en hémicycles  des trois niveaux échelonnés avec fenêtre panoramique, celle du niveau 1 munie d'une menuiserie métalliqueFront de tête en hémicycles des trois niveaux échelonnés avec fenêtre panoramique, celle du niveau 1 munie d'une menuiserie métallique

Chaque niveau est ajouré dans l'hémicycle de tête d'une fenêtre panoramique à 180° créant un porte-à-faux de la dalle de couvrement. Celle-ci comporte un léger débord ou visière formant larmier limité à l'hémicycle. Les fenêtres du premier et du troisième niveau sont plus hautes que celle du second niveau. Celle du premier niveau seule a conservé (2018) sa menuiserie métallique, dans un état de dégradation avancé ; elle consiste en deux glissières d'acier de plan semi-circulaire, l'une, simple guide, sur le mur d'appui au nu du parement intérieur, l'autre au plafond imposant fer en T cintré de type IPN, sur lesquelles jouaient des volets roulants cintrés en plaques d'acier permettant d'occulter et de désocculter la fenêtre. Deux minces potelets verticaux coudés partitionnent l'ouverture et servaient de guide intermédiaire aux volets roulants. (Fig. 3) détail intérieur des restes de la menuiserie métallique à volets roulants de la fenêtre panoramique du niveau 1détail intérieur des restes de la menuiserie métallique à volets roulants de la fenêtre panoramique du niveau 1

On accède au premier niveau par un escalier extérieur de 15 marches perpendiculaire au grand axe du PDT, du côté Est, emmarchement descendant en ciment coulé dans une trémie creusée dans le sol et aboutissant à une porte latérale. La trémie de cet escalier a conservé ses deux garde-corps en fer à 5 montants et croisillons intermédiaires en croix de Saint-André, et le vantail de la porte, plaque de fer sur à armature (cadre boulonné et croisillon) reste en place. L'accès au troisième niveau se fait de plain-pied, du même côté, par une porte dont le vantail de fer a été dégondé mais reste en place. Le niveau intermédiaire n'est accessible que par une trémie au sol de l'hémicycle du troisième niveau. (Fig. 4, Fig. 5) Détail de l'escalier d'accès extérieur au niveau 1 semi enterré avec son garde-corps, et vue latérale des fenêtres des hémicyclesDétail de l'escalier d'accès extérieur au niveau 1 semi enterré avec son garde-corps, et vue latérale des fenêtres des hémicycles Vues générale extérieur du côté Est du PDT, avec escalier d'accès au niveau 1 semi-enterré et porte d'accès au niveau 3Vues générale extérieur du côté Est du PDT, avec escalier d'accès au niveau 1 semi-enterré et porte d'accès au niveau 3

Seul le troisième niveau est entièrement décloisonné : il se compose d'une salle de rectangulaire de grand axe nord-sud, ouverte dans cet axe au sud sur l'hémicycle et sa fenêtre, également ouverte d'une fenêtre postérieure dans le mur nord et d'une ouverture circulaire zénithale dans la dalle de couvrement. (Fig. 6) intérieur de la salle décloisonnée du niveau 3, avec sa fenêtre panoramique, trémie au sol vers le niveau 2, et jour zénithalintérieur de la salle décloisonnée du niveau 3, avec sa fenêtre panoramique, trémie au sol vers le niveau 2, et jour zénithal

Les deux niveaux inférieurs sont cloisonnés. Au premier niveau, le plus bas, la pièce dans laquelle débouche l'escalier d'accès est séparée de l'observatoire en hémicycle par un mur de refend avec porte centrale. Cette bipartition se retrouve au second niveau, qui se distingue par le plan intérieur entièrement circulaire du local d'accès par trémie verticale, local éclairé à l'est d'un créneau latéral, et par le plan semi-circulaire outrepassé de celui occupant l'hémicycle. Ce niveau conserve des restes de mobilier métallique, dont une marche d'escalier amovible.

Dans l'état actuel (2018) l'ensemble des parois extérieures et intérieures a été converti en support de création de peintures murales à la bombe de type tags et pochoirs, textes poétiques et icônes, vraisemblablement œuvre d'un collectif d'élèves d'école d'art.

1Frédéric Saffroy, Les canons de Porquerolles. La batterie de 164 des Mèdes (Hyères, Var) , Sci Rep. Port-Cros nati. Park, Fr., 17, 1997-1998, p. 19-53 (p. 31)2Celui de la Gavaresse était à deux niveaux3Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 205

Au lendemain de la première guerre mondiale, de 1920 à 1926, la Marine planifia une refonte de la défense des côtes, comportant des batteries fixes avec artillerie provenant de navires de guerre désarmés. Le projet d'une puissante batterie de quatre grosses pièces de 340mm provenant de cuirassés de 1912, fut lancé en 1923 pour la défense du secteur de Toulon-Hyères. Cette batterie, la plus puissante du secteur, fut implantée entre 1928 et 1931 au-dessus du Cap Cépet, au sud-est de la presqu'île de Saint Mandrier.

Compte-tenu de la portée de son artillerie, la batterie de Cépet 340 disposait, en plus de son poste de direction de tir (PDT) local, de cinq postes de direction de tir auxiliaires distants, certains aussi service d'autres batteries, répartis d'ouest en est sur une grande amplitude, allant du cap de la Cride, à 15,5 km à l'ouest à vol d'oiseau, au Mont des Salins, au sud-est de l'île de Porquerolles, le plus lointain, à 26 km à l'Est à vol d'oiseau. Les deux PDT auxiliaires de la Gavaresse, près de Carqueiranne, à 9 km à l'est à vol d'oiseau, et celui dit de Sicié, sur le massif de Mai, au nord du cap Vieux, à 8 km à l'ouest, étaient exclusivement dévolus à Cépet 340. La construction du PDT de Sicié, vers 1930-1931, n'est pas documentée, aucun plan n'en est connu.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle, Epoque contemporaine
  • Dates

Le poste de direction de tir auxiliaire de Sicié occupe un site de crête isolé du massif de Mai, près de la hauteur de Montjoie, surplombant la côte, à environ 300 m de distance à vol d'oiseau et à 272 m d'altitude au dessus du lieu-dit la Pierre d'Autel. Il est distant d'un peu plus de 1 km, à l'ouest, du Cap Vieux et de la chapelle Notre-Dame de La Garde (ou du Mai), desservi par le sentier piéton du littoral qui suit la ligne de crête à partir de cette chapelle. Ce PDT auxiliaire est un édifice homogène en béton armé d'emprise limitée étirée en longueur qui se caractérise par son plan en U et sa silhouette échelonnée sur trois niveaux en retrait l'un de l'autre chacune avec front en hémicycle face à la mer (sud), non sans évoquer une superstructure d'architecture navale.

Chaque niveau est ajouré dans l'hémicycle de tête d'une fenêtre panoramique à 180° créant un porte-à-faux de la dalle de couvrement. Ces fenêtres étaient pourvues d'une menuiserie métallique à glissières d'acier de plan semi-circulaire, sur lesquelles jouaient des volets roulants cintrés en plaques d'acier permettant d'occulter l'ouverture.

La configuration normale d'un PDT français à trois niveaux, comme celui de la batterie des Mèdes, comporte, au niveau inférieur, enterré, le poste à calcul (dont conjugateur mécanique) et le poste radioélectrique, au niveau au-dessus, le poste d'observation principal (ou poste de commandement, ou poste azimutal), avec front en hémicycle et fenêtre panoramique ouverte de 105°, pourvu de la lunette périscopique de l'officier de tir. Le troisième niveau accueillait le télémètre permettant de déterminer la distance entre la cible et la batterie.

  • Murs
    • ciment béton armé enduit
    • acier
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    3 étages carrés
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : en maçonnerie
  • État de conservation
    menacé
  • Statut de la propriété
    propriété privée (incertitude)
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    site classé
  • Précisions sur la protection

    Le Cap Sicié et ses abords, site classé par décret du 20 juin 1989 DRAE PACA

Bibliographie

  • CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009.

    p. 205.
Date d'enquête 2017 ; Date(s) de rédaction 2018
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble