Dossier d’œuvre architecture IA06000022 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
ouvrage mixte dit ouvrage de Castillon, secteur fortifié des Alpes-Maritimes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-Maritimes - Sospel
  • Commune Castillon
  • Lieu-dit près de Castillon
  • Cadastre B 647
  • Dénominations
    ouvrage mixte
  • Appellations
    ouvrage de Castillon, du secteur fortifié des Alpes-Maritimes
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    ouvrage d'entrée, bloc, blockhaus, souterrain

Intérêt stratégique

Ensemble de l'ouvrage vu de l'ouest-sud-ouest depuis la D54. A l'arrière-plan, la crête Plan Germain-Razet.Ensemble de l'ouvrage vu de l'ouest-sud-ouest depuis la D54. A l'arrière-plan, la crête Plan Germain-Razet.

Les dessus de l'ouvrage occupent le site de l'ancien village de Castillon, village refuge typique de la région, endommagé par un tremblement de terre en 1887, et dont les vestiges partiellement nivelés pour dégager les vues de l'ouvrage, ont été complètement détruits par les bombardements de 1944-45. Le village a été reconstruit en contrebas, à 3 km, sur la route de Menton.

Du vieux village ne subsistent que les ruines de l'église et un hameau au col, au nord du premier tunnel. Le site du village avait été acquis et inclus dans le terrain militaire. Un plan de 1936-38 indique, dans cette emprise, 9 immeubles encore habitables.

Après 1870, lors de la reconstitution du système de défense des frontières - ou plutôt, dans cette région, sa constitution, car rien n'avait été réalisé entre 1860, date du rattachement et 1870 - dans le cadre du système dit Seré de Rivières, le danger de la position avait été pris très au sérieux, et avait justifié l'attribution du fort du Barbonnet (1883-86) de deux tourelles cuirassées pour 2 canons de 155 L, dont une est orientée vers Castillon.

Après 1918, lors de la nouvelle refonte du système défensif, la C.D.F. dans son rapport au Ministre (25/FA) du 12 février 1929, estime ne pas pouvoir implanter la ligne principale de résistance sur la crête Castellar-Razet-Plan Germain, trop proche de la frontière, mais plus en retrait, derrière les fossés naturels du Merlanson et du Careï, jalonnée par Sainte-Agnès-le Pic de Garuche-le village de Castillon-le Barbonnet et l'Agaisen. Constituée en 1927, la CORF a étudié le détail des futures positions, les avant-projets des ouvrages et chiffré le montant du programme, avant d'en diriger l'exécution. La loi «Maginot» du 14 janvier 1930 accorde 2.900 millions de crédits pour la réalisation de la première urgence du nouveau système, dont 204 millions affectés à la frontière du Sud-Est, sur une estimation totale de 700 : c'était notoirement insuffisant et une intervention du maréchal Pétain permit de porter les crédits du « programme restreint» à 362 millions (1930).

Sur cette base, le général Belhague, inspecteur général du génie et président de la CORF, soumettait au ministre (3e bureau de l'E.M.A.) le 24 décembre 1930 (n° 434/FA) un programme d'exécution fractionné en deux urgences avec participation éventuelle de la main-d'œuvre militaire des XIVe et XVe régions. Après approbation, le programme est arrêté le 31 janvier 1931. «Pilier d'ossature », l'ouvrage de Castillon est retenu pour être construit par entreprise civile (estimation 6 MF) avec rejet en deuxième urgence du bloc de flanquement sud (5 MF) : l'intervalle Sainte-Agnès-Castillon ne sera battu, en première urgence, que par les canons du bloc nord de Sainte-Agnès (note n° 77/FA du 18 février 1931).

Le projet technique de 1931 est approuvé le 24 septembre 1931 (n° 3297 2/4 S) sous réserve de modifications intégrées dans un second projet remanié, approuvé le 11 février 1932 sous n° 543 2/4 S. L'estimation est portée à 12, 65 MF pour la première urgence seule.

Ces projets prévoient 7 blocs, dont la numérotation chiffrée définitive ne sera fixée qu'en 1936 :

- bloc A (1) : entrée mixte

- bloc B (2) : bloc de flanquement sud: 2 mortiers de 75/31 (ajourné en deuxième urgence)

- bloc C (3) : bloc de flanquement nord: 2 canons obusiers de 75/29, 2 mortiers de 81mm

- bloc D (4) : bloc d'infanterie nord: 2 jumelages de mitrailleuses

- bloc E (5) : bloc d'infanterie de tête: 2 jumelages de mitrailleuses

- bloc F (6) : bloc de 81 sud: 2 mortiers de 81 mm

- bloc G (7) : bloc observatoire sud (ajourné en deuxième urgence).

Ces blocs sont greffés sur une infrastructure de galeries souterraines répartie sur deux niveaux en raison de l'étroitesse de l'arête rocheuse d'implantation.

Dès 1931, pour dégager les abords des blocs et leur champ de tir, on estime nécessaire de déplacer le cimetière du village: un crédit de 40.000 F est demandé.

Les travaux, adjugés pour le gros-œuvre à l'entreprise Borie, vont se dérouler du 27 novembre 1931 au 31 octobre 1934 (en fait, le bloc 6 semble n'avoir été coulé qu'en 1936 et sa cloche posée en 1937 seulement (demande de livraison du 24 février 1937)), suivis de la mise en place des cuirassements et équipements divers. L'ouvrage est classé dans le domaine public, première série des places de guerre par décret du 27 septembre 1935.

A la date du 31 janvier 1937, il reste de nombreux aménagements à réaliser : ameublement, cuisine, atelier de réparation, locaux de décontamination, matériel de protection contre l'incendie, monte-charge des blocs d'infanterie, pose d'une cloche GFM, etc. dont plusieurs correspondent à des besoins nouveaux. Une partie seulement pourra être réalisée avant 1940. A cette date, la dépense atteint 15.558.000 F.

La composition de l'équipage est fixée à 6 officiers, 29 sous-officiers, 258 gradés et soldats dont 170 fantassins du 76e bataillon alpin de forteresse, 44 artilleurs de la 7e batterie du 3e groupe du 157e RAP, 44 sapeurs du génie, placés sous les ordres du capitaine Finidori.

(Le C.R. du général Montagne, commandant le XVe corps d'armée, fait état, en juin 1940, de 309 officiers, sous-officiers et soldats).

L'ouvrage est mobilisé fin août 1939 à la veille de la déclaration de la guerre, mais l'Italie restant neutre, la période d'attente est mise à profit pour procéder à des aménagements et parfaire l'instruction.

L'Italie déclare la guerre à la France le 10 juin. A ce moment, l'ouvrage fait partie du secteur fortifié des Alpes-Maritimes, sous-secteur «corniches », quartier de Castillon. Le 22 juin, l'offensive italienne se déclenche entre la Bévéra et Menton, menée par le XVe corps d'armée italien avec deux divisions en premier échelon (5e « di Cosseria » - 37e di « Modena ») et deux autres (44e « di Cremona » - 22e « di Cacciatori delle Alpi ») en deuxième échelon.

Les grands itinéraires pénétrants étant totalement verrouillés par les destructions et le feu des ouvrages, l'attaque italienne s'effectue par les cols de la crête frontière. Le temps est détestable (pluie, brouillard). Du côté français, les positions sont tenues par des effectifs extrêmement réduits en raison des prélèvements effectués au profit du front du Nord-Est, où la situation est désespérée. Mais les troupes de forteresse et l'artillerie de position sont en place. La supériorité numérique des assaillants atteint près de 6 contre 1.

Les infiltrations italiennes par les cols secondaires, vivement prises à partie par notre artillerie se heurtent d'abord à la résistance acharnée des sections d'éclaireurs skieurs (S.E.S.) puis celles-ci repliées, aux petits ouvrages de la position des avant-postes : elles subissent de très lourdes pertes.

L'ouvrage de Castillon intervient avec les mortiers de 81 du bloc 6, qui vont tirer 874 coups, dont 356 le 23 juin et 518 le 24, et les jumelages de mitrailleuses du bloc 5 qui couvriront, en tirs repérés, les avant-postes de Pierre Pointue.

Les 75 du bloc 3, tirant en flanquement vers le nord, n'auront pas à intervenir.

Le 25 juin, avec la conclusion de l'armistice, l'ouvrage est évacué. Il sera occupé par les Italiens en novembre 1942 lors de l'invasion de la zone libre, puis, en 1943, par les Allemands après « l'armistice Badoglio ».

En 1944, lors des combats de la libération, il sera bombardé le 11 septembre sans grands résultats par l'artillerie de bord du cuirassé « Lorraine », puis à revers par l'artillerie alliée déployée près du col de Segra. C'est finalement un ouvrage très endommagé - en particulier le bloc d'entrée, éventré - qui est repris en charge par le service du génie (arrondissement de fortification de Nice) et discrètement remis en état dans le cadre du « secteur de défense des Alpes ».

L'entretien se poursuivra officiellement jusqu'en 1964, date à partir de laquelle les fortifications sont abandonnées, mais ne cessera effectivement que plus tard, tant que subsistera le personnel du détachement du génie de Sospel.

Actuellement l'ouvrage, abandonné, est en voie d'aliénation par le ministère de la Défense. La levée de la surveillance a favorisé des pénétrations et des actes de vandalisme.

Analyse architecturale

Ensemble du site vu du nord-nord-est. A mi-hauteur, blocs 4 et 3.Ensemble du site vu du nord-nord-est. A mi-hauteur, blocs 4 et 3.

Ouvrage mixte type Maginot. Constitué par 5 blocs traités en protection n° 3 (plus un bloc-cheminée) dont une entrée de plain-pied, et 4 greffés par puits sur une infrastructure de galeries souterraines répartie, faute de surface, sur deux niveaux reliés sur 26 m de haut par un puits central.

L'ensemble s'inscrit au sol dans un quadrilatère de 100 m de front x 120 m de profondeur mesurés horizontalement. En élévation, l'ouvrage s'étage sur une dénivelée de 60 m entre le seuil du bloc d'entrée (717 m) et la dalle du bloc 6 (776 m) presque au sommet de l'arête rocheuse, cette dernière culminant à la cote 783 (cotes des relevés d'époque).

Les parties à ciel ouvert représentent au total 9.930 m3 de fouilles et 6.220 m3 de béton armé. Les souterrains totalisent :

- 51, 70 m de puits, avec 3.220 m3 de déblais et 1.030 m3 de maçonnerie

- 384 m de galeries de communication, avec 3.650 m3 de déblais et 1265 m3 de maçonnerie

- 5.510 m3 de déblais pour les locaux, avec 2200 m3 de maçonnerie mise en œuvre, soit un total de 22.310 m3 de déblais, 4.495 m3 de maçonnerie et 6.220 m3 de béton spécial, auxquels on peut ajouter 3.780 m3 de réseaux de barbelés (disparus). La dépense étant estimée à la date du 31 décembre 1936 à 15.558.000 F.

Les blocs

Bloc 1 (entrée). Vue générale.Bloc 1 (entrée). Vue générale.

Bloc 1

Entrée mixte type sud-est, à ravitaillement par camion, adapté au site particulier de l'ouvrage. En effet, la forte pente du terrain où est implanté le bloc permet d'obtenir très rapidement du terrain naturel la protection requise au-dessus des locaux. Aussi le bloc est-il encastré dans la contrepente, au fond d'une excavation, légèrement en retrait de la D 54 passant devant l'ouvrage, et les bétonnages réduits au minimum.

La façade se réduit à un simple mur de béton armé de 11, 50 m de haut x 1, 50 m d'épaisseur plaqué au rocher, encadré de deux murs en aile et précédé d'un fossé diamant de 2, 50 m de profondeur x 2 m de large.

Vue de l'extérieur cette façade comporte :

- A gauche, un blockhaus en saillie, avec dalle d' 1,50 m formant visière, et 3 faces percées, chacune, d'un créneau FM dont un frontal, vers la route, un en écharpe, et le troisième flanquant les entrées, le tout combiné avec des gaines pour périscopes de fossé et deux goulottes lance-grenades battant le fossé diamant.

Bloc 1 (entrée). Détail : entrée des matériels, pont-levis relevé.Bloc 1 (entrée). Détail : entrée des matériels, pont-levis relevé.- Au centre, l'entrée des matériels, baie rectangulaire de 2, 60 m de large x 3 m de haut, munie d'un pont-levis à bascule en dessous «Moissant, Laurent et Saurey » (marché du 26 septembre 1932 du SMF) de 3, 40 m de portée, permettant de franchir le fossé diamant. Le pont-levis d'origine, mis hors de service en 1944, a été remplacé ensuite par celui destiné à l'ouvrage de Restefond et resté inutilisé (bloc non construit). L'épave de l'ancien aurait été jeté dans le ravin du Merlanson et s'y trouverait encore aujourd'hui.

La baie donne accès, de plain-pied, à un hall intérieur de 3, 50 m de large pour déchargement d'un camion de 5,50 x 2,00 m, muni à gauche d'une voie de 0, 60 m, tête du réseau intérieur de l'ouvrage, scellée dans le radier. Ce hall se prolonge, au fond, par un coude de 40 grades à droite pour se raccorder au départ de la galerie centrale d'ouvrage (1. 2,50 m) fermée par une porte blindée roulante type BR (disparue et remplacée par une cloison avec porte en tôle). Dans le radier du hall s'ouvrent deux trappes grillagées de prises d'air de ventilation en sous-sol tandis que la défense intérieure est assurée, au fond, par 2 créneaux FM à rotule RB, l'un dans la paroi gauche, l'autre à droite.

- A droite, l'entrée des hommes, précédée d'une passerelle amovible jetée sur le fossé diamant. La baie rectangulaire (0,80 x 1,90 m) est fermée, à l'extérieur, par une porte-grille 9 quarter A, précédant après un coude à 90° à gauche du passage une porte blindée étanche type 4 quater. Le couloir d'entrée, entre porte et grille, est battu en enfilade par un créneau FM type RB tandis que, dans le radier, s'ouvre la trappe grillagée rectangulaire d'une autre prise d'air.

Cette entrée donne accès à un couloir d'1,10 m de large rejoignant la galerie centrale juste derrière la première porte blindée. Ce couloir dessert au passage les locaux du bloc dont l'essentiel est groupé dans un alvéole rectiligne, cloisonné en corps de garde, magasins etc. (4 pièces).

Dans le couloir, une niche abrite un puits avec échelons métalliques donnant accès, en sous-sol, à une galerie passant sous le hall pour desservir la chambre de tir du blockhaus de défense de façade.

Bloc 1 (entrée). Vue intérieure du blockhaus de défense de façade.Bloc 1 (entrée). Vue intérieure du blockhaus de défense de façade.

Le bloc a nécessité 1380 m3 de terrassements et 890 m3 de béton armé.

Bloc 2

Pour mémoire: bloc non construit.

Ce bloc implanté au sud de l'ouvrage, défilé derrière l'arête sommitale aurait consisté en une casemate d'artillerie, à deux chambres de tir décalées, destiné à flanquer l'intervalle Sainte Agnès-Castillon. Compte tenu de la distance modeste à battre (4000 m) mais aussi du caractère tourmenté du terrain, ce bloc devait être armé de 2 mortiers de 75 M 31, mieux adapté à cette mission que le 75/29.

Comme armement secondaire, une cloche L.G. aurait participé à la défense des dessus et des abords de l'ouvrage, tandis qu'un créneau de F.M. sous casemate devait battre à revers le terrain vers le bloc 6.

Bloc 3

Bloc 3. Ensemble vu du nord.Bloc 3. Ensemble vu du nord.Casemate d'artillerie, de flanquement nord, chargée de battre l'intervalle Castillon-Barbonnet, entre le Ventabren à gauche et le Graïa d'Erch à droite. Pour battre tout le champ de tir assigné à cet organe, on a dû faire diverger de 6, 5 grades les directrices des pièces de telle sorte qu'aux deux extrémités du secteur battu, une seule pièce peut intervenir, ceci pour les canons-obusiers de 75/29 de l'étage supérieur. Les mortiers de 81 mm installés à l'étage inférieur ont le même décalage entre directrices, mais celles-ci sont décalées de 3 grades à gauche par rapport à celles des 75129 superposés (selon un plan d'archives DTG de Nice).

Bloc 3. Face nord. Détail de la partie gauche : embrasure de canon-obusier de 75 mle 29.Bloc 3. Face nord. Détail de la partie gauche : embrasure de canon-obusier de 75 mle 29.

Le bloc comporte en outre :

- à l'angle arrière droit, 2 créneaux FM en casemate, inclinés et à axes divergents de 45° pour battre les pentes arrière de l'ouvrage

- dans l'orillon: 1 créneau FM flanquant le terrain en avant du bloc et la façade de la première chambre de tir.

- En dalle :

- 1 cloche G.F.M. « A » G.M. à 5 créneaux (1 N. 2 S. 2 ex.) assurant la surveillance et la défense des dessus et des abords

- 1 cloche L.G. de défense en tir vertical des pentes alentour. L'armement n'étant pas au point en 1940, cette cloche, comme toutes ses homologues, n'était pas armée.

Enfin, les murs arrière non terrassés sont équipés de goulottes lance-grenades de défense rapprochée des angles morts et du fossé diamant.

Ce bloc représente 1900 m3 de fouille et 2115 m3 de béton armé.

Le plan est celui de la casemate de Bourges des années 1900 dont ce bloc n'est qu'une version améliorée: à l'avant gauche, un orillon très allongé renferme la cloche GFM et la caponnière tout en assurant le défilement à la direction dangereuse du Grazian de la première chambre de tir, celle-ci défilant elle-même la seconde, placée en échelon refusé, le tout couvert par un fossé diamant à contrescarpe renforcée à l'avant (2, 50).

Le monolithe est encastré dans le rocher sur toute la moitié est de la périphérie, dégagé ailleurs à ce point que la constrescarpe du fossé diamant est entièrement en élévation à l'arrière gauche, à sa jonction avec la paroi est du bloc.

A l'angle avant droit (sud-est) on remarque une protubérance rectangulaire de la paroi, renfermant le puits d'accès de 13, 50 m reliant le bloc à l'étage supérieur des galeries souterraines, où se trouvent son PC et les magasins M2. Ce puits renferme un escalier, à volées droites et paliers, tournant autour de la cage d'un monte-charge Roux Combaluzier type B de 2500 kg.

Intérieurement, l'édifice comporte deux niveaux de locaux s'ordonnant à l'identique de part et d'autre d'un refend longitudinal d'l m d'épaisseur se raccordant, à gauche, entre les deux chambres de tir au massif d'appui de la cloche L.G.

A l'étage inférieur, on trouve les chambres de tir des mortiers de 81 mm (avec embrasures ouvrant dans le fossé diamant, masquées par la contrescarpe), leurs locaux annexes, les chambres à douilles des canons-obusiers de 75 de l'étage supérieur, la ventilation gazée du bloc à 7 filtres. Dans le revers de l'orillon s'ouvre, dans le fossé diamant, l'issue de secours du bloc, avec porte blindée type 11 et une grille.

Bloc 3. Etage inférieur. Ventilation gazée du bloc. Vue en direction du palier du monte-charge.Bloc 3. Etage inférieur. Ventilation gazée du bloc. Vue en direction du palier du monte-charge.

A l'étage supérieur: les chambres de tir des canons-obusiers de 75/29 (pièce de gauche n° 23, Bourges 1931, idem de droite n° 48, Bourges 1933, rotule de rechange marquée «Loire 1932, batterie E ») et leurs annexes, les postes de tir des créneaux FM, le puits de la cloche L.G. Dans l'orillon, on trouve le puits de la cloche FM et la caponnière FM.

Les pièces de 75 et de 81 sont en place, mais dépouillées des volants et appareils de pointage, ainsi que l'essentiel du mobilier et des équipements, malgré de nombreux indices de vandalisme.

Enfin, on remarque, scellés dans le parement extérieur du mur arrière (ouest) les 5 potelets supports de l'antenne radio de l'ouvrage.

Bloc 4 (non visité intérieurement)

Dessus du bloc 4. Au premier plan, cloche JM, en arrière, cloche GFM.Dessus du bloc 4. Au premier plan, cloche JM, en arrière, cloche GFM.Au même niveau que le bloc 3, mais à 20 m plus en avant à gauche, ce bloc en est le complément normal en tant que casemate d'infanterie et observatoire d'artillerie. On peut d'ailleurs parfaitement admettre que les blocs auraient pu être fusionnés en un seul massif, comme c'est le cas au bloc 2 de l'Agaisen et bien d'autres.

Egalement traité en protection n° 3, le bloc 4 a nécessité une fouille à ciel ouvert de 1900 m3 et la coulée de 1235 m3 de béton spécial. Le plan s'apparente à celui d'un trapèze rectangle dont la hauteur (ouest) et la petite base (nord) sont dégagées, le reste encastré dans le sol.

La face nord, précédée d'un tronçon de fossé diamant, et surmontée d'une visière, est percée d'un créneau pour J.M. de casemate sous trémie n° 3, tirant en flanquement dans la vallée du Merlanson vers le Barbonnet avec orientation rentrant à gauche par rapport à l'axe des 75 du bloc 3. Ce créneau est défilé par rapport au Grazian par un orillon prolongeant le mur est, enterré et rocaillé, orillon enveloppant une cloche JM-GM/ 2 orientée, en action frontale, dans la direction du Grazian.

A l'angle avant droit (sud-est) émerge une cloche GFM «A »-GM/2 à 5 créneaux (2 N-2 S-1 ex.) assurant la surveillance et la défense des dessus et abords.

A l'angle arrière gauche, on trouve une cloche observatoire VDP type GM/2 assurant la direction des feux d'artillerie du bloc 3.

Le bloc comporte deux niveaux à plan identique, dont un sous-sol, reliés par un puits de 11 m environ à l'étage supérieur des locaux souterrains. Ce puits carré renferme un escalier à volées droites et paliers tournant autour du vide réservé pour un monte-charge ajourné en deuxième urgence, faute de crédits.

A l'intérieur, on trouve :

- au sous-sol, le porte d'équipage du personnel d'alerte, le local du chef de bloc et la ventilation gazée, à deux filtres

- à l'étage supérieur, les locaux de combat : local des calculateurs d'artillerie, chambre de tir du J.M. de casemate (rejetant les douilles au fossé diamant), les puits des cloches JM et GFM et les munitions correspondantes. De ce niveau, on peut mettre en œuvre les périscopes horizontaux et goulottes lance-grenades assurant la surveillance et la défense rapprochée des angles morts.

Le bloc ne comporte pas d'issue de secours.

Bloc 5 (non visité intérieurement)

Bloc 5. Vue de face prise de l'est. De gauche à droite : cloche JM frontale, cloche GFM.Bloc 5. Vue de face prise de l'est. De gauche à droite : cloche JM frontale, cloche GFM.Situé en tête de l'ouvrage, au pied du versant est de la crête, face à l'église du vieux village. C'est un bloc d'infanterie destiné à agir à droite sur la haute vallée du Careï et, de front, vers le Razet et la Baisse de Pierre Pointue.

Monolithe de 724 m3 de béton armé à plan en trapèze irrégulier. Le flanc droit - seule paroi dégagée - précédé d'un fossé diamant et surmonté d'une visière, est percé d'un créneau de J.M. de casemate sous trémie n° 2, flanqué à gauche par un créneau FM logé dans un orillon, prolongeant la face est.

Cet orillon enferme également une cloche JM type GM/2, tirant en action frontale. La transformation de cette cloche en cloche d'arme mixte semble avoir été prévue en vue d'une mission d'action contre des infiltrations de chars ou blindés légers : aucune suite n'avait été donnée en 1940 à ce projet, et cette cloche a assuré en juin 1940 la protection de l'ouvrage d'avant-poste de Pierre Pointue encerclé par l'infanterie italienne.

A gauche de la cloche JM on trouve une cloche GFM « A » GM/2 à 5 créneaux (2 ex. - 2 S. - 1 N.) assurant non seulement la mission de surveillance et de défense de la superstructure et des abords mais, en plus, celle d'observatoire auxiliaire d'artillerie avec périscope J2 et bloc jumelle D.

Enfin, de la dalle émerge une cloche de prise d'air du système de ventilation du bloc.

Le bloc est relié à l'étage supérieur des galeries souterraines par un puits rectangulaire de 11 m renfermant un escalier à volées droites et paliers tournant autour du vide de la cage d'un monte-charge ajourné en deuxième cycle faute de crédits.

L'intérieur, assez réduit, comporte:

- au sous-sol: le poste de l'équipe d'alerte, une latrine et la ventilation gazée (2 filtres)

- à l'étage supérieur : la chambre de tir du JM de casemate, la caponnière FM, les puits des 2 cloches et les stockages des cartouches et grenades.

Bloc 6

Bloc 6 (2 x 81 mm) vu de face. Au fond, mont Barbonnet.Bloc 6 (2 x 81 mm) vu de face. Au fond, mont Barbonnet.Situé au sommet de la crête d'implantation de l'ouvrage, juste derrière un masque de rocher conservé pour le défiler aux vues de l'avant, il est constitué par une casemate pour 2 mortiers de 81 mm orientés au sud-est et destinés à battre, en tir vertical, la haute vallée du Careï.

C'est un monolithe parallélépipédique de 956 m3 de béton armé (fouille de 2400 m3 à ciel ouvert) en partie encastré dans le sol, dont émergent, en raison de la pente du terrain, le côté droit et l'arrière.

A l'avant (sud-est) la façade principale est bordée, sur toute sa hauteur, d'un fossé diamant profond de plus de 5 m, et surmontée d'une visière chanfreinée. La partie supérieure de la contrescarpe du fossé diamant est renforcée (3, 25 m) et son rebord profilé en gradins ne laissant qu'1,50 m d'espace libre par rapport au chanfrein de la visière, et assurant ainsi une protection maxima aux embrasures des pièces orientées vers les positions italiennes.

Bloc 6. Vue rapprochée des embrasures des 81 mm du fossé diamant.Bloc 6. Vue rapprochée des embrasures des 81 mm du fossé diamant.

Cette façade est bordée, à gauche, d'un avant-corps fermant le fossé diamant et abritant, au sous-sol l'issue de secours, et au premier étage le créneau FM de caponnière. A l'angle arrière droit, le mur de fond est percé d'un créneau FM incliné battant, à revers, le versant ouest de la crête entre les blocs 3 et 1.

De la dalle émerge une cloche GFM «A» GM à 5 créneaux (4 N - 1 S) de surveillance et de défense des superstructures.

Il est relié aux galeries souterraines par un puits carré de 2, 80 m entre parois renfermant un escalier à volées droites et paliers tournant autour de la cage d'un monte-charge Simplex de 1000 kg à machinerie en tête. La hauteur du puits est de 25 m environ.

L'espace intérieur est essentiellement constitué par un local rectangulaire de 4, 55 m de hauteur, partiellement divisé en deux, à l'arrière, par un plancher intermédiaire formant mezzanine.

Il renferme, en sous-sol, le poste d'équipage et la ventilation gazée (2 filtres) et au-dessus, les 2 pièces de 81 mm (encore en place mais en partie dépouillés des volants de pointage et des culasses) (fig. 25) et l'issue de secours, avec porte blindée type 11 et grille 8 débouchant dans le fossé diamant.

La mezzanine dessert le créneau FM de défense arrière, la cloche GFM et la caponnière de FM.

Bloc 7

Pour mémoire; bloc non construit. Il devait consister en un observatoire, sans façade apparente, et équipé d'une cloche VDP et d'une cloche GFM «A» conjuguée.

L'infrastructure souterraine

On sait qu'en raison de l'étroitesse du terrain d'emprise, les galeries souterraines se répartissent sur deux niveaux reliés par un puits central de 26 m de haut.

L'étage inférieur, de plain-pied avec le bloc d'entrée groupe les locaux techniques ou logistiques (usine, cuisine, réservoirs d'eau et de carburant, salle de neutralisation) et le casernement.

L'étage supérieur, orienté vers la conduite du combat, groupe les PC, central téléphonique, et au pied de chaque pied de bloc, les magasins M2 correspondants. Comme partout dans les Alpes, il n'existe pas de magasin Ml.

Centrale électrique. Vue d'ensemble avant gauche d'un groupe électrogène SMIM 6 SR 19.Centrale électrique. Vue d'ensemble avant gauche d'un groupe électrogène SMIM 6 SR 19.En venant de l'entrée, sitôt passé la première porte blindée roulante (ou son emplacement) on rencontre, à gauche, le grand alvéole de la centrale électrique (22 x 4 m) dite «usine» qui abrite, en file, 2 groupes électrogènes à moteur diesel SMIM 6 SR 19 de 135 CV n° 533 et 534, entraînant des alternateurs SW type SAT de 93 KVA 210 V n° 8097 et 8098. Un troisième groupe (moteur n° 535, alternateur n° 8099) a disparu, probablement à la deuxième guerre mondiale, mis hors de service ou récupéré pour un autre ouvrage (le sol de l'alvéole a été réfectionné).

Le local est voûté en anse de panier (3, 40 m sous plafond). A la clef, un monorail axial avec un palan mobile est suspendu à des arceaux métalliques plaqués à la voûte : ce dispositif est destiné aux démontages et réparations des groupes. Les réservoirs journaliers à gazole et les bouteilles d'air comprimé de lancement sont disposés le long de la paroi gauche du local, les jeux de barres, tableaux de couplage et de départ le long de la paroi droite.

A gauche également deux autres grands alvéoles abritent l'un les 3 réservoirs métalliques de 32.000 1 à eau de refroidissement, l'autre les 4 réservoirs de 16.000 1 de gazole et 2 réservoirs d'huile de 5000 l, ce dernier local protégé par une porte coupe-feu automatique doublée d'une porte étanche manuelle, avec cuve de rétention raccordée à I'égoût, Le local des réservoirs d'eau est isolé par une cloison, et sa partie antérieure attenante à la salle des groupes abrite :

- le groupe auxiliaire CLM LH 39 monocylindre 8 CV/lOOO t.m. avec génératrice c.c. et compresseur d'air Luchaire

Centrale électrique. Alvéole annexe : groupe auxiliaire CLM, ventilation et aérorefroidisseur.Centrale électrique. Alvéole annexe : groupe auxiliaire CLM, ventilation et aérorefroidisseur.- l'aérorefroidisseur F. Fouché 195.000 cal/ho (36.000 m3/h d'air - 19 m3/h d'eau) P : 14 KW (fig. 32)

- les électropompes de circulation d'eau

-les chambres de détente des échappements des groupes (en maçonnerie).

Les gaz brûlés et l'air chaud de l'aérorefroidisseur sont rejetés à l'extérieur par un « puits de ventilation» montant verticalement sur 20 m pour déboucher dans un bloc bétonné parallélépipédique de 300 m3 encastré dans la pente du versant ouest de la crête, à mi-chemin entre les blocs 1 et 3.

En suivant la galerie centrale on rencontre, à droite et à gauche, deux alvéoles voûtés en anse de panier (HSP 3, 45 m) placés en vis à vis.

L'alvéole de droite (n° 4) fermé par une grille, abrite la salle de neutralisation de l'ouvrage avec 2 batteries de 6 filtres standard disposées en parallèle, en file, le long des parois, avec moto ventilateurs en fond de local.

L'air est aspiré par les prises du sol du hall du bloc d'entrée et amené par carneaux sous le radier de la galerie jusqu'au local, repris par conduites en acier galvanisé, puis insufflé ensuite directement dans la galerie, avec interposition d'une batterie chauffante.

Vue d'ensemble de la cuisine.Vue d'ensemble de la cuisine.En face, à gauche, fermée par une cloison munie d'un guichet de distribution des plats, et d'un bac aux déchets, se trouve la cuisine de l'ouvrage.

A gauche, le long de la paroi, se trouvent les bacs à plonge et égouttoir en béton. A droite, de même, se trouve le fourneau de cuisine à trois feux équipés de brûleurs au fioul, marque «Moyse» 300 rations, surmontée d'une hotte d'aspiration des buées, en tôle peinte, raccordée au réseau d'évacuation d'air vicié. A côté, une chaudière, également équipée au fioul, servait à alimenter la batterie de chauffe de la ventilation. Un réservoir d'eau de 2800 1. Les parois sont revêtues de carrelage de faïence blanche. En fond de pièce, et isolé par une cloison, un petit local abrite le réservoir à fioul des deux appareils ci-dessus.

La galerie centrale se poursuit quelques mètres avant de rencontrer l'emplacement de la deuxième porte blindée roulante type C, défendue par un blockhaus de FM de défense intérieure battant l'alignement droit de 25 m comptés depuis la première porte.

A ce niveau, la galerie fait un coude de 45° à gauche, et se prolonge en ligne droite sur 45 m avant de se terminer au pied du puits central de l'ouvrage assurant la communication avec l'étage supérieur. Le radier est muni d'une voie ferrée de 0, 60 m pour la circulation des wagonnets de transport des matériels et munitions, type « Sud-Est ». (Longueur totale installée dans l'ouvrage: 245, 70 m).

A partir de la deuxième porte blindée, on pénètre dans la zone de casernement. Celui-ci (comme au Barbonnet, au Monte Grosso et à l'Agaisen, et contrairement à Saint-Roch) est constitué par 3 éléments de galerie de 4 m de large et de longueur différente compartimentés en locaux par des cloisons, parallèles à la galerie centrale et reliés par trois « écoutes» transversales. Ces galeries, séparées selon la règle du « tant plein que vide» abritent des chambres de troupe, l'infirmerie, les chambres d'officiers et sous-officiers, quelques magasins, les lavabos, latrines.

A l'extrémité de la première écoute, on trouve le local (16) des réservoirs d'eau, avec 3 réservoirs métalliques de 23.000 l, un de 28.000 1 de réserve, un de 5.600 1 de consommation journalière + un de 2.800 l.

L'alimentation en eau est assurée par une source extérieure captée, la source Veron, située à 2 km de l'ouvrage à la cote 987 m et alimentant l'ouvrage par gravité, par l'intermédiaire d'un réservoir relais et une conduite de 60 puis 50 mm. En cas de coupure, une alimentation de secours est prévue par camion citerne.

Puits central : un mur sépare à gauche la cage de l'escalier tournant, en béton, de la cage accolée des deux monte-charge de 2500 kg Roux-Combaluzier type A (n° 1.261, 214 et 205) logés dans un puits rectangulaire de 26 m de haut de palier à palier. Au pied, à droite, on trouve le local abritant la machinerie (moteurs électriques et commande de secours à bras, répartis sur deux niveaux, dont un en contrebas du sol de la galerie).

Etage inférieur. Extrémité de la galerie centrale devant le puits central.Etage inférieur. Extrémité de la galerie centrale devant le puits central.

Etage supérieur :

Etage supérieur. Galerie principale et hall de triage au niveau du palier supérieur du puits central.Etage supérieur. Galerie principale et hall de triage au niveau du palier supérieur du puits central.Le palier supérieur du puits central s'ouvre, du même côté (ouest) que le palier inférieur, sur un vaste hall (l : 4 m - h.s.p. : 3, 10 m), en fait élargissement central, à l'usage de gare de triage de la voie de 0, 60 m, d'une galerie rectiligne de 70 m de long, orientée sud-nord, desservant, à chaque extrémité les puits d'accès aux 4 blocs de combat.

Cette disposition laisse la tête du puits central à l'abri d'une couverture de 30 m environ de roc naturel et d'une distance horizontale de 20 m du pied du puits de bloc le plus proche (B 5) éliminant ainsi le risque présenté par un projectile de gros calibre qui aurait traversé la dalle d'un bloc, serait tombé dans le puits et aurait pénétré jusqu'au cœur de l'ouvrage.

De même, se trouvent atténués presque à rien les risques de propagation d'explosion entre les magasins M2 des blocs 3 et 6 et de l'un de ceux-ci vers les locaux souterrains de l'étage inférieur par le puits central. On observera cependant qu'on eut pu en plus isoler celui-ci des locaux du casernement par une porte blindée, par excès de précaution.

La transversale de l'étage supérieur est doublée, à l'est, par un tronçon de galerie large (4 m) tronçonnée par des cloisons en différents locaux: P.C. d'ouvrage, P.C. d'artillerie d'ouvrage, P.C. de blocs, central téléphonique, répartiteur etc, desservis à la fois par un couloir longitudinal et par trois couloirs transversaux communiquant avec la transversale.

Les courtes antennes desservant chaque bloc sont toutes barrées par les sas du reste de l'ouvrage, afin d'isoler l'enceinte du bloc pour la rendre autonome en matière de ventilation et permettre, en particulier, se mise en surpression en période de combat.

Divers:

Transmission : l'ouvrage est raccordé par un câble à 6 paires et un de 14 paires au réseau téléphonique enterré de forteresse, avec chambre de coupure au col de Segra. Il possédait également une station radiotélégraphique au bloc 3, et des gaines de télégraphie optique avec le bloc 2 du Barbonnet.

Egouts intérieurs : raccordés à un collecteur pris dans le radier de la galerie centrale avec évacuation gravitaire, par le bloc d'entrée, dans le ravin du Merlanson. Par ailleurs, les fossés diamant des blocs évacuent les eaux par conduite enterrée dans les pentes les plus proches.

Conclusion

D'un accès très facile et implanté sur un site très pittoresque jalonné d'itinéraires touristiques. Bien remis en état, pour l'essentiel, il avait, a priori, autant de motifs à prétendre à une promotion touristique que ses homologues et voisins, après la perte de sa qualité d'ouvrage fortifié en activité: doté de blocs représentatifs de leurs catégories, encore munis de leur armement lourd, et bien visibles, la répartition sur deux niveaux de locaux souterrains offrant, de plus, d'importants volumes disponibles et bien équipés.

Mais l'appropriation à cette destination des ouvrages voisins de Sainte-Agnès, Saint-Roch, Barbonnet et l'Agaisen a entraîné un effet de saturation. Resté dans le domaine militaire et en déshérence, Castillon, non surveillé, a été l'objet de pénétrations assorties de prélèvements, de déprédations et d'actes de vandalisme (bris des hublots d'éclairage des étages supérieurs) rendant aléatoire une reconversion dans ce sens.

Actuellement (septembre 1994) il serait convoité par la commune et son utilisation envisagée comme champignonnière : plusieurs tentatives identiques s'étant toutes terminées par des échecs (Rimplas, Galgenberg, Auzeling) il serait souhaitable de mettre en place des mesures de protection extérieures et intérieures permettant d'attendre une solution mieux adaptée, ne serait-ce que par souci de maintien de la continuité de la ligne de défense.

L'ouvrage de Castillon fait partie du programme défini en 1930 par la Commission d'Organisation des Régions Frontalières. Les travaux se déroulent de 1931 à 1934. De 1937 à 1940, l'ouvrage est complété par divers aménagements. Il intervient lors de l'offensive italienne de 1940. Après la guerre, il est entretenu jusqu'en 1964.

L'ouvrage est constitué par cinq blocs, dont une entrée de plain-pied, et quatre greffés par puits sur une infrastructure de galeries souterraines répartie, faute de surface, sur deux niveaux reliés par un puits central. Le bloc d'entrée se présente comme un façade de béton armé, flanquée sur le côté par un blockhaus crénelé. Les autres blocs sont des monolithes. Certains sont surmontés de cloches cuirassées. L'étage inférieur de l'infrastructure souterraine est de plain-pied avec le bloc d'entrée, il est consacré aux moyens logistiques. Les locaux et les galeries sont voûtés en anse de panier. Le puits central renferme la cage de l'escalier tournant en béton, et celle des deux montes-charges. L'étage supérieur dessert les blocs de combat. Ses galeries sont également voûtées en anse de panier.

  • Murs
    • béton armé
  • Étages
    rez-de-chaussée, sous-sol
  • Couvrements
    • voûte en berceau en anse-de-panier
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours en maçonnerie
  • Autres organes de circulation
    monte-charge
  • Typologies
    cloche cuirassée
  • Statut de la propriété
    propriété publique
Date d'enquête 1994 ; Date(s) de rédaction 1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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