Dossier collectif IA00128027 | Réalisé par
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Maisons
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  • (c) Conseil général des Alpes-Maritimes

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Coursegoules

Introduction

Le repérage des maisons dans le canton de Coursegoules a posé certains problèmes. D'une part, dans ces villages un nombre important de maisons ne sont pas habitées en permanence. D'autre part la nette remontée des chiffres de population que l'on note vers 1954 et 1962, accompagnant une forte reprise économique, a entraîné une certaine dénaturation de beaucoup d'édifices ; le retard dans l'aménagement intérieur était en effet très important. Ce sont, bien sûr, les maisons les mieux conservées qui sont les moins accessibles parce qu'inutilisées. Enfin, à cause des très mauvaises conditions économiques qui ont sévi durant les XVIle et XVIlle siècles, on a particulièrement peu construit ; en revanche, on a régulièrement procédé à des remaniements. Il en résulte, sur un parcellaire qui peut paradoxalement être régulier, des constructions enchevêtrées, difficiles à lire.

Caractères historiques

A l'exception de quelques traces mal datées (Les Ferres, cadastre section A, parcelle n°265, élévation sud ; parcelle n°278, élévation nord ; parcelle n°238, élévation nord ; parcelles n°294 et 295, élévation nord ; parcelle no301, élévation ouest) ou très mal conservées et tardives (ruines aux hameaux de Hautes Gréolières, cadastre section G, parcelles n° 31 à 35, et de Pluis, cadastre section D, parcelles 11°412 à 422, tous deux sur la commune de Gréolières), il n'y a que de rares éléments de maisons médiévales. Durant le XVIe siècle, une puissante reprise économique entraîne de très nombreuses constructions ; il en reste beaucoup d'éléments mais pas d'édifice conservé. Une nouvelle reprise économique a lieu à la fin du XVIIIe et surtout durant le XIXe siècle. Beaucoup de ces maisons sont bien conservées. Après un nouveau déclin, il faut attendre les environs de 1930 puis de 1960, pour voir des réfections complètes ou des maisons neuves.

Coursegoules, maison médiévale.Coursegoules, maison médiévale.

Caractères architecturaux

Matériaux et mise en oeuvre

Les murs sont en blocage de moellons calcaires et non chaînés. Avant le début du XXe siècle, ils sont à joints largement beurrés ou sommairement enduits à la chaux. Par la suite, et principalement entre les deux guerres, ils sont enduits au ciment. Cet enduit est souvent traité de façon décorative. Le décor le plus élémentaire est une haute plinthe mouchetée, souvent grise. Mais les angles et les étages peuvent être soulignés de bandes blanches, parfois raccordées en quart de cercle. Outre le gris et le blanc, les couleurs utilisées s'étendent du rouge au jaune en passant par toute une gamme de rose, saumon, orange... Ce décor est parfois complété par des frises, discrètes, placées en haut de façade, sous la génoise, ou par des encadrement de portes et fenêtres en modestes trompe-l'oeil. Notons, pour l'anecdote, de faux tirants peints sur la façade d'une maison, aux Ferres.

Quelques rares exemples sont datés (après 1912 : Conségudes, cadastre section B, parcelle n°19 ; 1920 : Les Ferres, cadastre section A, parcelle n°332, élévation nord ; 1921 : Les Ferres, cadastre section A, parcelle n°290, élévation nord). Ces décors ont été très généralement utilisés, mais très peu entretenus. Actuellement, dans le meilleur des cas ils sont très délavés ; souvent ils ont été dégradés par des percements de baies ; plusieurs enfin ont été gravement amputés ou ont disparu à l'occasion d'un ravalement de façade (particulièrement pour les villages situés au sud du Cheiron). Il en résulte que le contraste avec la région niçoise, où ils ont souvent été bien entretenus, est tel qu'on peut s'imaginer, à tort, que ces ornements sont spécifiques à la région niçoise. Tout récemment certains, à Bouyon notamment, ont cependant été restaurés ; plus exactement, après en avoir fait un relevé et après avoir décroûté la façade, on en a exécuté une copie proche de l'original, mais qui n'en respecte pas toujours le détail.

Elévations

L'impression qui domine est la verticalité. Dans les secteurs où les maisons ne sont pas trop enchevêtrées, les façades, toutes de même hauteur, ne présentent souvent qu'une fenêtre par étage.

Couvertures

Le mode de couverture le plus courant est l'appentis, avec des tuiles creuses posées sur des chevrons peu inclinés (généralement 20° à 25°). Du côté de l'égout, l'avant-toit est fermé par une génoise. Sur les élévations latérales, la toiture s'arrête au nu du mur par une ligne de tuiles renversées posées sur mortier. Sur l'élévation postérieure, la toiture se termine simplement par un rang de tuiles alternées posées sur mortier. Il n'y a donc habituellement pas de ligne de tuiles faîtières. Les maisons qui sont très remaniées ou construites vers 1930 présentent souvent des toitures en croupe ou à pavillon. Elles sont toutes couvertes de tuiles mécaniques fabriquées dans la région marseillaise.

Distribution intérieure

La distribution intérieure des maisons est verticale. Il n'est pas rare d'en voir qui ont conservé cette distribution à une pièce par niveau, de bas en haut : une remise, une cuisine salle à manger-salle de séjour, une chambre, un fenil. Derrière la porte, généralement placée au rez-de-chaussée, donc du côté amont de la maison, on accède presque directement à la pièce de ce niveau. Au sud du Cheiron, et en particulier à Cipières, l'escalier est placé dans un angle, contre la façade ; c'est souvent un escalier en vis, sans jour, en charpente, interrompu à chaque niveau. Au nord du Cheiron, et en particulier aux Ferres ou à Conségudes, un petit vestibule carré, placé derrière la porte d'entrée, est fermé par trois autres portes. Deux d'entre elles donnent accès à des escaliers. Il s'agit alors d'escaliers droits ou tournant une fois à 90°.

Eléments des maisons du XVIe siècle

Les maisons, telles que nous venons de les décrire, sont essentiellement celles de la fin du XVIIIe, du XIXe et du début du XXe siècle. Quelques éléments ont cependant été conservés, nous permettant d'avoir une idée de ce qu'étaient celles du XVle siècle et du début du XVIle. L'élément le plus souvent conservé en place est l'encadrement de porte. Il est particulièrement bien représenté à Cipières, à Coursegoules et à Gréolières. Les piédroits sont chanfreinés, parfois chantournés. La surface des pierres est généralement dressée à la gradine avec une réserve au ciseau. Le couvrement est souvent un linteau à soffite surélevé et décoré en accolade, mais on peut aussi rencontrer un arc surbaissé ou une anse de panier.

Principaux exemples du canton :

Cipières (cadastre section C)

  • parcelle n°41, élévation est : encadrement de porte à linteau à soffite surélevé avec cavet d'adoucissement, piédroits de pierres dressées à l'aiguille avec réserve au ciseau.
  • parcelle n°49, élévation nord : encadrement de porte à couvrement en anse de panier, chanfreiné et daté 1551 ; pierres dressées à la gradine et au ciseau, angles des piédroits adoucis en quart de rond, congés très simplement décorés.
  • parcelle n°105, élévation nord-ouest : encadrement de porte renaissance à linteau décoré, un de ses piédroits est commun à cette porte et à une porte plus large, située au sudouest.
  • parcelle n°257, élévation sud : encadrement de porte couvert d'un linteau décoré en accolade.
  • parcelle n°284, élévation nord-ouest : (maison jumelle) au centre de la façade, deux portes de mêmes dimensions sont accolées ; celle de gauche est couverte d'un arc surbaissé, celle de droite d'un linteau décoré en accolade et daté 1573. De part et d'autre, deux entrées de boutiques (remaniées), sont disposées de façon symétrique. Les encadrements de ces quatre baies sont en pierres dressées à la gradine (retouchées à la boucharde par la suite).

Coursegoules (cadastre section B)

  • parcelle n°429, élévation ouest : encadrement de porte chanfreiné couvert d'un linteau décoré en accolade (cet encadrement de porte est certainement ici en remploi, car cette parcelle est mentionnée comme "écurie" dans la matrice cadastrale du XIXe siècle).
  • parcelle n°469, élévation ouest : encadrement de porte à linteau sur coussinets, encadrement de porte couvert d'un linteau à extrados circulaire.
  • parcelle n°502, élévation ouest : encadrement de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle n°506, élévation ouest : encadrement de porte à linteau sur coussinets, encadrement de porte couvert en anse de panier.
  • parcelle n° 510, élévation est : encadrement de porte à linteau sur coussinets.
  • parcelle n°513, élévation nord : encadrement de porte à linteau sur coussinets.
  • parcelle no 515, élévation nord : encadrement de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle no520, élévation est (partie en retrait) : encadrement de porte couvert d'un linteau à extrados circulaire.
  • parcelle n°527, élévation ouest : encadrement de porte à linteau sur coussinets.
  • parcelle no529, élévation sud : encadrement de porte à linteau sur coussinets.
  • parcelle n°536, élévation est : encadrement de porte à linteau sur coussinets.
  • parcelle n° 546, élévation nord : encadrement de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle n° 577 : encadrement de porte couvert d'un linteau à extrados circulaire.
  • parcelle n° 580 (figure 12): élévation nord-est : encadrement de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle n°586 : encadrement de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle n° 587 : encadrement de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle n°587 : encadrement de porte à linteau sur coussinets.
  • parcelle n°604, élévation nord : encadrement de porte à linteau sur coussinets.
  • parcelle n° 614, élévation nord : deux encadrements de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle n°616, élévation nord : encadrement de porte à linteau décoré en accolade.
  • parcelle n°714, élévation nord : encadrement de porte à linteau sur coussinets.

Gréolières, cadastre section G

  • parcelle n°110, élévation sud : encadrement de porte à linteau décoré en accolade et daté 1527, piédroits adoucis en quart de rond avec congés simples.
  • parcelle n°258, élévation nord-est : encadrement de porte à couvrement en linteau à soffite surélevé.
  • parcelle n°259, élévation nord-est : encadrement de porte à linteau décoré en accolade et daté 1542, piédroits adoucis en quart de rond avec congés simples.

Les autres éléments d'architecture que l'on peut attribuer aux maisons du XVIe siècle sont très peu nombreux. On peut signaler une fenêtre à encadrement chanfreiné à Bézaudun-les-Alpes (cadastre section C, parcelle n°87, élévation est, partie nord), cinq fenêtres à encadrement chanfreiné à Coursegoules (cadastre section B, parcelle n°531, élévation sud ; parcelle n° 574, élévation sud-ouest ; parcelle n°580, élévation nord-est [deux fenêtres] ; parcelle n°694, élévation sud) et deux remplois de fragments chanfreinés (à Cipières, cadastre section C, parcelle n° 65, élévation sud, angle sud-est et à Bouyon, cadastre section F, parcelle no 117, élévation ouest). Il s'agit là d'éléments en pierre.

Il faut également citer deux autres cas qui présentent des éléments de fenêtres chanfreinées, en plâtre. Sur une ruine située dans le village de Cipières (cadastre section C, parcelle n°222, élévation nord), on peut voir un encadrement de fenêtre à croisée, chanfreiné ; il est muré mais bien conservé. A Gréolières, une maison du village (cadastre section G, parcelle n°252) présente sur son élévation sud-ouest les restes d'une fenêtre à croisée chanfreinée. Ces deux encadrements sont en plâtre rose. L'emploi de ce matériau fragile nous explique la différence importante qui apparaît entre le nombre de fenêtres et le nombre de portes signalés pour les environs du XVIe siècle. On connaît encore l'emplacement d'une plâtrière à Gréolières (cadastre section E, parcelle n°257), mentionnée dans le cadastre de 1841.

Pour toutes ces maisons, un seul escalier a pu être observé (Cipières, cadastre section C, parcelle n°54), c'est un escalier à vis. Dans l'ensemble, ces maisons occupent des parcelles de plan rectangulaire, allongées perpendiculairement à la rue ; l'entrée se situe sur l'élévation amont. Il est ainsi très difficile de les distinguer des petites maisons construites à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle.

Les maisons de notable

Nous avons pu repérer, pour la seconde moitié du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, quelques maisons de notable qui ont en commun un certain nombre de caractères. Un très bel exemple nous est fourni par une maison de notaire, à Coursegoules (cadastre section B, parcelle n°743), construite entre 1799 et 1810.

Coursegoules. Maison de notaire.Coursegoules. Maison de notaire. Bouyon. Maison de notable, détail du décor de la porte et date.Bouyon. Maison de notable, détail du décor de la porte et date.

A Bouyon, nous avons remarqué une maison de notable, située sur la place de la Fontaine (cadastre section F, parcelle n°383), est construite ou reconstruite en 1804. De même, à Gréolières, une maison de ce type a été construite ou reconstruite en 1813 près de l'église (cadastre section G, parcelle n° 1014). A Cipières, une autre de ces maisons (cadastre section C, parcelle n° 128) porte la date 1762. L'ancien presbytère de Cipières (cadastre section C, parcelle n°253) présente les mêmes caractéristiques, il est construit entre 1761 et 1767. Sur le versant nord du Cheiron les exemples sont plus rares. A Conségudes, une maison située en bordure de la place principale (cadastre section B, parcelle no 19) devrait pouvoir entrer dans cette liste, mais elle a été très remaniée vers 1930.La plupart de ces édifices montrent une façade relativement bien ordonnancée, de trois ou cinq travées. La porte est au centre. Elle ouvre sur un escalier tournant à retours, avec jour, occupant toute la profondeur de la maison le jour est d'autant plus important que la maison est ancienne. Ces maisons sont couvertes d'un toit en appentis.La porte et la façade principale sont tournées vers le village, vers la place ou vers la rue la plus importante. Même si la maison est isolée, les autres élévations sont aveugles ou très peu percées. Suivant la configuration du sol, la porte peut s'ouvrir sur un étage de soubassement ou sur un rez-de-chaussée. Le niveau inférieur, en étage de soubassement, est occupé par des remises et autres locaux utilitaires. Le niveau au-dessus de celui-ci est occupé par une cuisine et une salle à manger, de part et d'autre de l'escalier central. Plus haut ce sont un ou deux étages de chambres, également réparties deux par deux. Toutes ces pièces sont de dimensions analogues. Le dernier étage comprend au moins un fenil. Un petit grenier (au sens strict du terme) est souvent réservé dans l'un des premiers étages d'habitation. L'une de ces maisons, à Gréolières, était surmontée d'un pigeonnier.

Menuiserie

Le travail du bois est particulièrement remarquable dans l'agglomération de Bouyon ; on trouve également quelques ouvrages à Bezaudun-les-Alpes. Cet ensemble est daté : dans la seconde moitié du XIXe siècle, un atelier de menuiserie semble en effet en activité à Bouyon.

Les ouvrages en bois sont essentiellement des vantaux de portes de maisons ou d'églises et du mobilier d'église. Le bois utilisé est généralement le noyer. Ces ouvrages sont particulièrement décorés : pilastres cannelés, chapiteaux, corniches et frises travaillées, nombreuses croix, étoiles et symboles des couleurs du jeu de carte. Sur une porte de maison à Bouyon (section F, parcelle 112) et sur la porte de l'ancienne église Notre-Dame du Peuple, on peut observer un travail de marqueterie. La présence de nombreux vantaux ouvragés indique bien que les façades des maisons étaient décorées, même si une grande partie de ces décors ne sont plus visibles aujourd'hui.

A Bouyon (cadastre, section F), les vantaux de porte repérés, production probable de l'atelier de menuiserie, sont les suivants :

  • parcelle n°112, daté 1876
  • parcelle n° 132 (élévation nord-est)
  • parcelle n° 144 (élévation sud-est)
  • parcelle n°360 (élévation nord-est)
  • parcelle n° 375 (élévation nord-ouest)
  • parcelle n° 381 (élévation sud-est)
  • parcelle n° 382 (figures 4 et 5), probablement contemporain de son encadrement daté 1868
  • parcelle n°391 (élévation ouest)
  • parcelle n°399, probablement contemporain de son encadrement daté 1850
  • parcelle n°410 (élévation ouest)
  • parcelle n°414
  • parcelle n° 519 (élévation sud-est)

Dates portées : 1530, 1542, 1551, 1581, 1603, 1623, 1628, 1689, 1710, 1712, 1752, 1762, 1766, 1766, 1776, 1777, 1781, 1797, 1803, 1804, 1813, 1816, 1817, 1823, 1826, 1826, 1830, 1833, 1834, 1835, 1839, 1839, 1840, 1840, 1841, 1842, 1843, 1844, 1846, 1846, 1847, 1850, 1850, 1853, 1859, 1859, 1860, 1862, 1864, 1864, 1864, 1866, 1867, 1867, 1868, 1876, 1880, 1883, 1889, 1890, 1895, 1895, 1898, 1903, 1906, 1912, 1920, 1921, 1945, 1989, 1989

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Toits
    tuile creuse, tuile mécanique
  • Murs
    • calcaire
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 1 255
    • repéré 12
    • étudié 12
Date d'enquête 1992 ; Date(s) de rédaction 1995
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Conseil général des Alpes-Maritimes