Dossier d’œuvre architecture IA06003917 | Réalisé par
Prédal Christophe (Rédacteur)
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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Tanguy Nicolas (Rédacteur)
Tanguy Nicolas

Stagiaire au service de l'inventaire de la ville de Nice entre janvier et mars 2019.

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  • recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
Hôtel de voyageurs dit Albergo Clerissi puis pension Clérissi puis hôtel Suisse
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ville de Nice

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Vieille-ville
  • Adresse 9 quai Rauba capeu , 11 quai Rauba capeu , 15 quai Rauba capeu
  • Cadastre 2019 KN 0024  ; 2019 KN 0025  ; 2019 KN 0026
  • Dénominations
    hôtel de voyageurs
  • Appellations
    Alberg0 Clerissi, pension Clérissi, hôtel Suisse

La pension Clérissi

La Tour Clérissi ou tour des Ponchettes est construite vers 1825 pour rappeler le souvenir de la forteresse du Château. Elle est élevée à l'emplacement de la tour Saint-Elme. Désormais sans vocation défensive, elle correspond au goût des jardins romantiques qui mélangent vraies et fausses ruines comme des évocations du passé. Le commanditaire est François Clérissi. Cette tour aménagée de chambres est une annexe de la pension Clerissi logée dans un immeuble construit à la même période à l’extrémité sud du quai par son commanditaire. En 1844, François Clérissi sollicite des Domaines la cession des pentes du Château sous la Tour Clérissi pour prolonger sa construction. La demande est d’abord refusée par le Consiglio d’Ornato car l’endroit est réservé à la construction d’un escalier d’accès au Château. Après plusieurs requêtes, la cession est acceptée dans la mesure où Clerissi rend le terrain libre de tout édifice lorsque la construction de l’escalier sera décidée officiellement. Le compositeur Hector Berlioz est hôte de la pension Clérissi en 1831 où il compose l’ouverture du Roi Lear. En 1844, il revient à Nice et loge cette fois dans la tour : « Ah ma chère tour des Ponchettes où j’ai passé tant de douces heures ; du haut de laquelle j’ai envoyé tant de fois mon salut matinal à la mer endormie, avant le lever du soleil… ». Entre 1860 et 1870, la Tour Clérissi est rebaptisée Tour Bellanda.

L'hôtel Suisse

En 1866, Barbara et Edouard Hug, successeurs de Clérissi, anciens directeurs de la Pension de la Suisse à la Croix-de-Marbre (25 rue Massena), rachètent la propriété qui devient l’Hôtel Suisse, hôtel « de tout premier ordre ». Ils demandent l’autorisation de construire une annexe de l’hôtel sur l'emplacement du futur escalier. L’autorisation est accordée. En 1888, un accord est trouvé entre la municipalité et la famille Hug (actes des 26-27 janvier et 3 avril 1888) pour permettre la construction de l’escalier d’accès au Château sans que cela n’entraîne la démolition des constructions de Clérissi et des Hug. L’annexe est surélevée afin d’accueillir l’un des paliers de l’escalier. En revanche, les Hug cèdent à la ville leurs droits sur les parties du rocher nécessaires à la construction. La majorité des directeurs d’hôtel étaient étrangers et notamment suisses comme la famille Hug. L’origine suisse devient un gage de qualité qui répond à une demande croissante de confort des hivernants. Les Suisses ont donné de véritables dynasties d'hôteliers à Nice. Dans le cas de l’Hôtel Suisse, le fils d’Edouard Hug, Jean-Pierre Hug, et son épouse Louise reprennent la direction de l’hôtel. Son petit-fils, Jean-Rodolphe Hug leur succède (cf THUIN-CHAUDRON, Véronique, « L’influence de la Suisse sur la naissance et l’essor de l’hôtellerie niçoise », Recherches régionales, 203, janvier-juin 2013, p. 32). Jean-Pierre Hug fait peindre le soubassement de l’hôtel en 1900 (cf Archives municipales de Nice AMN 2 T 178). Il fait peindre la façade la même année par les frères Rastelli (domiciliés 13 rue Cassini à Nice) (AMN, 2 T 231). Celle-ci est repeinte en 1913 et en 1919 (AMN, 2 T 294 et 2 T 310).

Dans l’entre-deux-guerres, la tour et l’hôtel appartiennent à la Société Civile Immobilière de la Tour Bellanda. En 1930, la société loue la terrasse à une grande marque française de liqueur (Grand-Marnier) qui fait installer un immense panneau publicitaire lumineux (cf EGREGIO, « Au pied du Château de Nice, L’histoire d’un hôtel et d’un chemin », Le Petit Niçois, 19 octobre 1932, article illustré d’une photographie en noir et blanc). Il est retiré en 1937 lorsque le Château est classé par arrêté préfectoral. La municipalité souhaite acquérir la tour pour y construire un musée Berlioz. Des négociations infructueuses avec les propriétaires de l’hôtel Suisse conduisent à une ordonnance d’expropriation en 1939. La guerre empêche son application. L’arrêté d’expropriation est notifié le 27 mars 1957. En 1943, le gérant, Pierre Giaume demande à l’architecte Pierre Massiera (domicilié au 31 rue Arson à Nice) la pose d’un nouveau parquet et de nouveaux aménagements intérieurs ainsi que le remplacement des baies circulaires en fenêtres rectangulaires (AMN, 2 T 979 115). A la Libération, l’hôtel est en camp d’internement des collaborateurs en attente de leur jugement. En 1947, l’architecte Pierre Massiera est chargé par la Société Hotelière de la Côte d’Azur, propriétaire de l’Hôtel Suisse, géré par Pierre Giaume, de la transformation de la façade et de la remise en état du bar et du restaurant lourdement dégradés par la guerre et les réquisitions successives (AMN, 2 T 1019 302). Les transformations effectuées diffèrent des plans conservés. A la fin des années 1950, le bâtiment originel de neuf travées est transformé et perd sa fonction hôtelière pour devenir immeuble de logements (« Résidence Rocamare »). Une partie de l’hôtel Suisse devient Hôtel La Pérouse, la dénomination d’hôtel Suisse ne demeurant que pour l’immeuble placé à côté de l’escalier d’accès au château.

Un premier bâtiment de neuf travées est édifié vers 1825 par François Clérissi. C'est lui qui à la même période élève une grosse tour ronde sur le flanc sud-est de la colline du château (aujourd'hui tour Bellanda) pour servir également d'hôtel. François Clérissi a vu l'opportunité de l'emplacement face à la mer et contre la colline de l'ancien château ouvert en parc public d'agrément depuis 1822. Après la première période d'hôtels pour hivernants situés dans d'anciens palais nobiliaires du vieux-Nice ou du quartier Saint-François de Paule, la pension Clérissi ouvre la période d'hôtels choisissant la mer, dans le quartier alors à la mode des Ponchettes.

En 1866, Barbara et Edouard Hug rachètent la propriété et nomment l'ensemble "hôtel Suisse" qui devient alors un hôtel de standing supérieur ("maison de 1er ordre"). Ils font construire une annexe en prolongement du premier bâtiment, en direction de la tour. D'autres extensions et surélévations interviendront jusqu'à la fin du 19ème siècle. Un bâtiment orienté sud sera également élevé sur la colline à hauteur de la tour (actuel hôtel La Pérouse). Avant la Seconde Guerre mondiale, l'hôtel compte donc quatre bâtiments : le bâtiment originel, son extension, la tour Bellanda et le bâtiment à mi-colline. Une demande de modifications est déposée en 1943 (architecte Pierre Massiera), sans suite. Endommagé à la fin de la guerre, l'hôtel va connaître des modifications durant la seconde moitié du 20ème siècle. Ainsi, la tour Bellanda est vendue à la ville de Nice en 1957, le bâtiment originel de neuf travées est transformé et devient une copropriété (Résidence Rocamare), le bâtiment à mi-colline demeure hôtel mais sous le nom de Hôtel La Pérouse. L'hôtel Suisse est en 2019 limité à l'immeuble de l'extension.

Ensemble disparate composé de quatre bâtiments dont une tour circulaire surmontée d'une tourelle à clocheton. Les bâtiments de la pension Clérissi et de l'annexe Hug sont ordonnancés, proches quant à leurs ouvertures. En l'état actuel, des pilastres doriques s'élevant sur les niveaux 2 et 3 unissent dans une même composition les deux immeubles. Cet élément est tempéré par des tons de façade quelque peu distincts. Le 3ème étage conserve ses balcons en fonte. Toits à longs pans avec une croupe, recouverts de tuiles mécaniques. Adjonction de bâti contre le rocher avec toit terrasse. Escalier dans oeuvre. Ascenseur.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
    • béton béton armé (incertitude)
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    5 étages carrés
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Énergies

Z Nice repérage

  • 01-DENO hôtel de voyageur
  • 02-CHRONO avant 1860
  • 03-CARACTERE
  • 04-TENDANCES
  • 05-INTEGRITE partielle
  • 06-VISIBILITE bonne
  • 07-SITUATION mitoyen
  • 08-IMPLANTATION sur rue
  • 09-MATERIAUX non
  • 10-MACONNERIE enduit lisse
  • 11-SUR FACADE
  • 12-ENTREE
  • 13-TOIT
  • 14-COMBLES
  • 15-DOME
  • 16-BELVEDERE non
  • 17-FRISE
  • 18-CERAMIQUE
  • 19-MATERIEUX GROS OEUVRE polychromie
  • 20-SITE dimension paysagère
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Bibliographie

  • GUILLOTEAU, Eric. Le démantèlement du château de Nice et l'archéologie de la démolition. Dans : Archeam, novembre 2016, n°22, p. 69-85.

  • THUIN-CHAUDRON, Véronique. Nice, de la colline du Château aux châteaux des collines, architecture, construction, urbanisation de 1860 à 1914, Nice : Serre, 2009, 560 p.

    p. 148, 290, 351
  • Pisano Jean-Baptiste, Du temps perdu au temps retrouvé. L'hôtellerie niçoise entre 1850 et 1930. Contribution au colloque International Tradition et grandeur de l’hôtellerie de luxe sur la Côte d’Azur, Centre Universitaire Méditerranéen, Nice, 29-31 mars 2012, Recherche Régionales, 54e année, 2013, Janvier-Juin, n° 203, pp. 24-33.

Documents figurés

  • Prospetto della casa del Signor Francesco Clerissi [Nice], [demande de transformation de portes en fenêtres]. / 1835. Dessin en couleur sur papier. Archives communales, Nice. O 4 / 9 - 177

  • Prospetto del fabbricato che il sign. Francesco Clerissi desidera inalzare [Nice], [projet de construction d'une extension au bâtiment principal] / 1844. Dessin en couleur sur papier. Archives communales de Nice. o 4 / 10-16.

  • Ortografia esterna della casa del signor Francesco Clerissy [Nice], [projet d'extension et d'embellissement de la pension Clerissy]. / 1844. Dessin en couleur sur papier. Archives communales, Nice. o 4 / 10-43

  • L'hôtel suisse, quai des Etas-Unis [Nice] projet de modifications. / Pierre Massiera. 1943. Tirage de plan. Archives communales, Nice : 2T979 115

  • L'hôtel suisse, quai Rauba capeu [Nice] projet de transformations. / Pierre Massiera. 1943. Tirage de plan. Archives communales, Nice : 2T979 115

  • Nice, la tour Bellanda depuis la plage des Ponchettes / Huile sur toile par Raphaël Ponson, non datée [circa 1860], 80 x 127 cm. Collection particulière.

  • [Vue des Ponchettes avec, au fond, la pension Clérissy, Nice]. / Photogr. pos., non datée. Bibliothèque de Cessole, Nice : BMM PH 148 T65.

  • [vue des Ponchettes avec, au fond l'hôtel suisse, Nice]. / Théodore Walburg de Bray. Photogr. pos., non datée [circa 1870]. Bibliothèque de Cessole, Nice : BMM PH 290 T65.

  • [L'hôtel Suisse] / Jean Giletta. Photogr. pos., non datée. Bibliothèque de Cessole, Nice : Giletta V 136 photo 7032.

  • Nice. Escalier Lesage, tour Bellanda et hôtel Suisse. / Carte postale anonyme, non datée. Archives communales, Nice : 10 Fi 688.

Date d'enquête 2019 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Ville de Nice
Prédal Christophe
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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Tanguy Nicolas
Tanguy Nicolas

Stagiaire au service de l'inventaire de la ville de Nice entre janvier et mars 2019.

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