Dossier d’œuvre architecture IA83001604 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fort Sainte-Catherine, actuellement ensemble de trois tours-immeubles.
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Toulon
  • Lieu-dit Sainte-Catherine
  • Dénominations
    fort
  • Appellations
    fort Sainte-Catherine
  • Destinations
    immeuble
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    enceinte

Construction et armement

L’intérêt d’occuper par des ouvrages de défense permanents les hauteurs dominant immédiatement Toulon au nord et au nord-est, dont le Mont Faron n’avait pas été perçu par Vauban, qui s’était davantage intéressé aux ouvrages côtiers. Cette nécessité de pourvoir à la défense terrestre de la place par des ouvrages détachés fut mise en évidence pendant la guerre de succession d’Espagne, la prise de Toulon ayant été un des objectifs de la coalition formée par l’Empire, l’Angleterre, la Hollande et la Savoie, en 1707. Le maréchal de Tessé, commandant en chef de l’armée française des Alpes, chargé de contrer les entreprises militaires terrestres du duc de Savoie et du prince Eugène de Savoie lors du siège de Toulon de juillet 1707, écrivait au roi, dans une lettre datée du 12 juillet, que Toulon n’était pas une place, mais un jardin, où l’on n’avait jamais songé aux fortifications du côté de la terre, tandis que tout ce qui regardait la mer était en bon état. Le 29 juillet, les troupes savoyardes, fortes de 40.000 hommes, ayant occupé le secteur sud-est du Faron, attaquèrent en contrebas les positions d’Artigues et de Sainte-Catherine, qu’ils purent occuper avantageusement, dominant le camp de Sainte-Anne, retranchement avancé du front nord de Toulon. Renonçant à une attaque frontale du camp de Saint-Anne, le prince Eugène, parti à la tête de ses Allemands, fit passer ses troupes germano-savoyardes au nord du Faron, par le Revest et Dardennes, pour déboucher par la gorge Saint-Antoine et prendre à revers la position française. Au plus étroit de la gorge, à la hauteur du château Saint-Antoine, cette formation se trouva contrée par une ligne de défense tenue par 3 000 hommes sous le commandement de M. de Barville, dut se retirer au château de Dardennes, avant de revenir à la position initiale de Sainte-Catherine.

Après la levée du siège, l’alerte fut jugée décisive pour les hauteurs d’Artigues et Sainte Catherine, réputées occupées dès 1708 par des redoutes conçues par le directeur des fortifications de Provence Antoine Niquet. Celle d’Artigues était un ouvrage maçonné pérenne, en voie d’achèvement en 1709, bientôt appelé le fort d’Artigues 1 tandis que celle de Sainte-Catherine, située plus bas, en position intermédiaire entre Artigues et le retranchement Sainte-Anne, n’aurait été au mieux qu’un aménagement sommaire. A propos de Sainte-Catherine, Charles-François-Marie d’Aumale, directeur des fortifications de Toulon et de Basse Provence depuis 1773 écrivait dans les commentaires de l’atlas de la place forte qu’il établit en 1775 : Une redoute ancienne a indiqué cette position qui est des plus admirables, elle a été détruite 2. Pour autant, les cartes et plans de la place-forte établis dans l’intervalle, celui de l’atlas des places-fortes de 1738 3 , ou ceux des projets de 1739 et 1740, indiquent invariablement le fort d’Artigues, mais ne figurent sur la hauteur Sainte Catherine que quelques bâtiments non militaires, sans aucun ouvrage défensif, dont une chapelle au vocable de laquelle cette position doit son nom. En dernière analyse, il est possible qu’une erreur ancienne ait laissé croire à la mise en place d’un ouvrage éphémère –en réalité non réalisé- en 1708, sur la hauteur de Sainte-Catherine, par confusion avec celui de la hauteur d’Artigues. En effet, la carte rétrospective des opérations du siège de 1707, dressée par le sieur La Blottière immédiatement après la levée de ce siège, indique à l’emplacement même du futur fort d’Artigues un « premier camp retranché de Ste Catherine qui n’a esté que commencé » 4.

En revanche, à partir de 1759 environ, les cartes de la place de Toulon indiquent une redoute Sainte-Catherine sur la hauteur de ce nom, bien distincte du fort d’Artigues 5. Un plan de la place en 1762, dressé sous l’autorité du directeur des fortifications de Provence Nicolas Milet de Monville, donne des précisions : « Redoute de Ste Catherine qui a croulé en grande partie, n’ayant été construite qu’en terre et pierres sèches » 6. Cet ouvrage faisait partie de ceux réalisés dans le cadre du programme de fortification préventive, organisé par le maréchal Charles-Louis Fouquet de Belle-Isle en 1746-1747 dans l’hypothèse d’une nouvelle offensive de l’armée austro-savoyarde contre Toulon ; il avait une capacité d’accueil de 200 hommes. Le fort des Pomets fut la seule redoute pérenne construite à cette occasion, à l’ouest de la vallée de Dardennes et du Mont Faron, tandis qu’un mur de retranchement en pierre sèche était édifié sur la pente ouest du Faron, descendant vers la vallée, au pied de la barre de l’Hubac, et qu’une redoute aussi en pierre sèche dite de Saint-Antoine occupait le site de la future redoute Landré. Un premier projet de 1746 pour la défense terrestre de l’est de Toulon, dessiné par Nègre, proposait un vaste retranchement formant rempart d’artillerie avec redans et épaulements, reliant le corps de place de Toulon au Mont Faron en passant par le fort d’Artigues et en enveloppant la hauteur Sainte-Catherine sans y prévoir de redoute (une branche divergente du retranchement proposé devait joindre la hauteur Ste Catherine au fort Lamalgue).

L’occupation de la hauteur de Sainte-Catherine par deux redoutes avait été proposée en 1738 par le sieur Chaumont dans le mémoire d’un projet de fortification concernant les hauteurs nord-est dominant Toulon 7. Toutefois, ce projet était conditionné par l’achèvement préalable du fort Lamalgue, commencé sur un dessin de Niquet en 1707 et laissé à l’état d’ébauche. L’auteur du mémoire considérait implicitement que l’ennemi ne serait pas amené à faire ses attaques dans le secteur de Sainte-Catherine tant que le fort Lamalgue ne serait pas opérationnel. Deux projets ambitieux furent alors proposés, mais sans effet. De fait, si les infrastructures du fort Lamalgue ne furent que sommairement adaptées en 1746 pour recevoir des batteries, le renouveau d’un projet général pour Toulon à partir de 1763 plaça la question de la position de Sainte-Catherine en second ordre de priorité sur celle de l’achèvement trop longtemps différée de Lamalgue.

De la redoute au fort 1765-1814

Dès 1762, ébauchant son projet général pour la défense de Toulon, mis au point en 1763-1764, Milet de Monville cartographiait l’état des ouvrages et les grandes lignes des travaux à entreprendre 8. S’agissant du secteur nord-est, il est question d’achever l’escarpement et le fossé du fort d’Artigues, d’escarper le terrain entre le fort d’Artigues et la redoute Sainte-Catherine ruinée, et de créer une redoute intermédiaire dans cette zone à escarper. Ce programme est confirmé dans la première version du projet général, datée du 6 octobre 1763 : « C’est sur la hauteur de Ste Catherine qu’il faut établir une grande et solide redoute armée de plusieurs pièces de gros calibre. En placer une autre intermédiaire au fort d’Artigues, moins considérable pour rapprocher les feux de mousqueterie et pour présenter un plus grand nombre de pièces d’artillerie. 9».

Ce mémoire fait explicitement mention de la chapelle Sainte Catherine. Dans les articles 19 et 20 du mémoire pour servir au le projet général des fortifications de la ville de Toulon, un peu postérieur, Milet de Monville donne des précisions circonstanciées : « Une redoute très solide sur la hauteur de Ste Catherine avec une communication à la place en ouvrage de campagne (…) L’on pourra escarper peu à peu l’espace qui est entre la hauteur de Sainte-Catherine et le fort d’Artigues, la chose paraissant praticable presque partout, par les sondes que j’ay fait faire. Cet escarpement auquel on suppléera suivant les circonstances par des épaulements partout où il ne sera pas praticable fournira la quantité de pierres de taille et de moellons bruts nécessaires à la construction des ouvrages de la place et du fort de La Malgue, situé sur une hauteur ou l’on ne trouve qu’une espèce de roc ardoisin de très peu de consistance et qui ne peut être employé ni en parement ni dans le corps de la maçonnerie (…) Le roc ou rocaille se trouve partout depuis Ste Catherine jusques au fort d’Artigues, il paroit sur la superficie du terrein en plusieurs endroits et à environ 2 à 3 pieds dans les autres. L’escarpement que je propose et qui, sans l’entreprendre tout à la fois se fera sur des alignements déterminés à mesure qu’on aura besoin de pierres, me paraît préférable à un retranchement continu, et il sera flanqué par la redoute projetée sur la montagne de Faron (futur fort Faron) et par la batterie en avant du fort d’Artigues du côté de la ville et par la redoute de Ste Catherine, et d’un autre côté par le fort de La Malgue et sa communication…10 »

Les plans 11 associés à ce mémoire donnent les caractéristiques de la redoute projetée, ouvrage assez petit comparable au fort d’Artigues (qui n’est alors considéré que comme une redoute), de plan trapézoïdal ou pentagonal avec banquette et parapet d’artillerie sur trois côtés et front de gorge à cornes, bordé d’un simple parapet d’infanterie crénelé.

Un bâtiment central en deux vaisseaux nefs voûtés à l’épreuve et sans étages (mais avec citerne en sous-sol) est prévu au centre de l’aire intérieure qu’il diviserait en deux, dans l’axe de la porte, un magasin à poudre dans le demi-bastion de gauche (en entrant par la porte dans le front de gorge). Le fossé est proposé sur trois côtés (le front d’attaque dominant directement l’escarpement) avec une galerie de contrescarpe casematée sous le chemin couvert, qui comporte une place d’armes saillante formant tambour devant la porte. Le principe de la galerie de contrescarpe crénelée sera proposé un an plus tard par Milet de Monville pour le front d’attaque du fort Lamalgue.

Le 31 mars 1764, le roi fait expédier au sieur Pierre-Joseph (de) Bourcet, commandant de l’ordre de St Louis, lieutenant général des armées et directeur des fortifications de la province de Dauphiné, un ordre de mission pour une tournée d’inspection à faire incessamment en Provence. A Toulon, il s’agit principalement de conseiller Milet de Monville pour arrêter définitivement le projet du fort Lamalgue, mais l’expertise de Bourcet va au-delà et influe sur l’ensemble du projet général, notamment sur le parti qui sera adopté pour d’autres ouvrages de la place.

[Plan du fort Sainte-Catherine]. 4e feuille du projet général. 1765.[Plan du fort Sainte-Catherine]. 4e feuille du projet général. 1765.Dans une lettre du 28 février 1765, Milet de Monville précise que les nouveaux plans du fort Lamalgue et de la redoute de Sainte-Catherine ont été établis « suivant les augmentations qui y ont été faites de l’avis de M. de Bourcet dans sa dernière tournée.» 12

Le projet de la redoute de Ste Catherine, estimé à un coût de 219.072 £, a évolué : il est devenu plus complexe et plus ample. Le front de gorge est désormais encadré de deux bastions complets asymétriques, et percé d’embrasures à canon (deux niveaux de défense, artillerie sous niches-arcades au rez-de-chaussée, chemin de ronde d’infanterie crénelé au-dessus), le magasin à poudre y est projeté dans le bastion de droite. Le front d’attaque (est) n’est plus droit ou à deux pans obtus, mais comporte un saillant flanquant à gauche, sorte de demi-bastion. La banquette d’artillerie de ce front et des deux faces latérales reste un simple terre-plein, sans abris voûtés souterrains qui eussent pu fournir des logements pour la troupe. Les faces latérales de la redoute ne sont plus parallèles mais convergentes vers l’attaque, et sont couvertes de part et d’autre de deux dehors, sortes de plates-formes d’artillerie ou batteries couvre-face élargissant le chemin couvert ; celle de droite (sud-est) est une avancée en forme de lunette ou de bastion, flanquant le front d’attaque du côté droit. Le projet comporte deux batardeaux avec dame fermant le fossé côté attaque, en bord d’escarpement. La galerie de contrescarpe est qualifiée de « galerie crénellée qui règne le long (au-dessous) du chemin couvert et qui peut servir de logement aux troupes destinées à la défense de la redoute », ce qui la rapproche beaucoup dans sa conception de celle du front d’attaque du fort Lamalgue, conçue et construite simultanément. Les chantiers de Lamalgue et de Sainte-Catherine sont intimements liés. Dès janvier 1766, Milet de Monville déléguait au sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon le suivi de l’exécution des ouvrages projetés et la conception de certains d’entre eux, comme le futur fort Faron. Cet officier, ingénieur, donna alors un plan de l’état des premiers déblais, encore limités, réalisés sur la base du tracé de la redoute Sainte-Catherine.

Dans son Mémoire sur la ville de Toulon daté du 1er mars 1768, Aguillon précise la conception et le rôle de cette redoute en cours de construction : « L’ouvrage que l’on établit sur ce plateau est une espèce de redoute assez vaste pour contenir environ 400 hommes et même plus si le cas l’exigeoit. Cet ouvrage est en bonne maçonnerie entouré d’un fossé, chemin couvert et glacis dans les parties qui en sont susceptibles. Sa proximité au corps de place lui assure le secours à tout moment, on pourroit même si on le jugeoit à propos et sans beaucoup de dépense, former une communication retranchée de cette redoute au chemin couvert de la place, d’autant plus aisée à pratiquer que le terrain qui se trouve entre eux est un glacis naturel. Ce retranchement flanqueroit tout le front de St Bernard et des Minimes et empecheroit l’ennemy de s’établir entre la redoute Ste Catherine et la ville (…)Cette redoute est dans une position d’autant plus avantageuse que par son front elle découvre et deffend toute la plaine de La Valette, par son flanc droit elle croise non seulement ses feux avec les batteries du corps de place, celles du fort de Lamalgue, mais même avec les batteries des vaisseaux envazés au Mourillon, et qui pretant le coté à l’ennemy, porteront l’effet de leur canon jusques à la plaine de La Valette. Le front de cette pièce est flanqué par les forts de Faron et d’Artigues qui en deffendent les aproches. »13. En 1770, la construction était très avancée. Dans une lettre sur Toulon rédigée après une nouvelle tournée d’inspection, Bourcet se montre enthousiaste : « J’ai vu avec grande satisfaction les forts de la Malgue et de Ste Catherine en état d’une très bonne défense et construits avec toute la solidité convenable ; il ne manque (…) pour la perfection du second que quelques parties des casemates sous le chemin couvert du front de gorge et un petit exhaussement de maçonnerie à la courtine devant deux demi faces des demi bastions (il s’agit en fait de bastions complets) du même front avec l’élévation des parapets. »14. Le plan de l’état des lieux à la fin de la campagne 1770, dessiné par le capitaine Blaud de Villeneuve, montre une construction presque aboutie, excepté la contrescarpe de la partie droite du front de gorge 15.

Les remparts ou banquettes d’artillerie sont montés en partie avec leurs murs de revêtement sur trois côtés de la cour, les escaliers d’accès et une rampe d’artillerie adossée au rempart sud, qui n’était pas prévue au projet. Les plates-formes d’artillerie ou batteries couvre-face extérieures terminant le chemin couvert de part et d’autre du front d’attaque sont faites, au moins pour leur partie basse. Celle de gauche (nord), dite « batterie basse » encaissée du côté haut du pendage du terrain, est presque entièrement retranchée par le fossé qui la contourne jusqu’au nord. Fait nouveau : contrairement au projet, l’exécution a étendu le fossé au circuit complet du fort ; le fossé oriental retranche le front d’attaque du glacis, et se prolonge devant la face gauche de la batterie couvre-face droite (sud) ; de ce fait, la contrescarpe de ce fossé oriental n’a aucun lien avec celle du reste du fossé, ce qui explique qu’elle ne comporte ni chemin couvert, ni galerie. La batterie couvre-face de gauche est construite jusqu’au dessus du niveau de voûtement de la galerie de contrescarpe ; elle incorpore un petit magasin et une cage d’escalier en vis destinée à relier la future batterie des dessus à ce magasin. La plate-forme ou batterie du côté droit (sud), en forme de lunette ou de bastion, termine un chemin couvert plus large que prévu qui est dit « en fausse braye ». Ce chemin couvert augmenté ou fausse braie forme de fait un front extérieur surplombant le point bas du site versant vers la mer, sans glacis, mais avec revêtement d’escarpe. Y a été ajouté un demi-bastion à l’angle sud-est, alors commencé, qui fait pendant à la batterie sud-est, en sorte que l’ensemble de cette fausse-braie sud forme un front bastionné avancé. La courtine intermédiaire n’est pas droite, car, malgré l’élargissement du chemin couvert, elle adopte un tracé rentrant ou à redan, déterminé par celui du fossé qui contourne le flanc gauche du bastion sud-ouest du fort proprement dit.

La galerie de contrescarpe, quoique prévue, n’est pas encore réalisée sous cette partie sud du chemin couvert formant fausse braie ; celle-ci est d’ailleurs provisoirement coupée du chemin couvert du front de gorge (ouest) par l’accès de chantier qui traverse l’angle sud-ouest du fossé. De ce fait, la fausse braie sud fonctionne alors comme un ouvrage détaché à cornes de type contregarde. La batterie d’extrémité sud-est est assez compliquée ; elle comporte un flanc gauche qui fait pendant à celui du demi-bastion unique du front d’attaque (est) du fort ; cette batterie en forme de bastion se compose d’une partie haute, dite batterie haute, conforme au plan du projet, augmentée au pied de la face droite d’une partie basse triangulaire qui n’était pas prévue au projet, dite batterie inférieure. Le glacis, en cours de construction sur le seul front d’attaque, y est délimité du côté sud par un revêtement aligné à la face droite de la batterie haute. Les batardeaux qui devaient fermer le fossé dans le projet n’existent plus, et les bâtiments ne sont pas commencés.

Plan de la redoute Ste-Catherine pour désigner l'état où elle se trouve à la fin de la campagne 1773. 1773-1774.Plan de la redoute Ste-Catherine pour désigner l'état où elle se trouve à la fin de la campagne 1773. 1773-1774.A la fin de la campagne de 1773, l’état d’avancement des travaux n’a pas beaucoup évolué. L’ensemble des revêtements est élevé jusqu’au cordon, la galerie de contrescarpe est très avancée, mais son voûtement reste à achever. Elle règne sur tout le front de gorge où elle est percée de créneaux, de fenêtres et portes et de placards, ce qui la rendait logeable ; elle dessert une caponnière sous le pont. L’angle du fossé et du chemin couvert à droite du front de gorge reste ouvert et non réalisé, car il sert toujours d’accès de chantier. Les déblais intérieurs sont presque finis : « il reste à faire celui du bâtiment projeté, indispensable pour contenir la citerne, le corps de garde des soldats et des officiers et quelques chambres pour ces derniers ». Il semble que les niches-arcades du front de gorge, courtine et flanc et faces des deux bastions ont été adaptées dès cette phase au tir d’infanterie en substituant à de leur embrasure proposée deux créneaux de fusillade. Seule une niche-arcade de chaque flanc de bastion reste adaptée au canon.

Les travaux sont interrompus peu après. Le mémoire descriptif des ouvrages de la place forte de Toulon, inclus dans l’atlas de cette place, rédigé en 1775 par le directeur des fortifications de Basse Provence Charles-François-Marie d’Aumale, donne, au fil de ses différents articles, des indications très complètes sur cet ouvrage, dont la conception, et surtout l’implantation, sont sévèrement critiquées. Il est question de l’agrandir du côté de l’attaque et de le faire évoluer du statut de redoute à celui de fort : « Ce fort est établi sur un plateau qui fait l’extrémité du penchant de la montagne de Faron du côté de la ville, il en est distant de 300 toises et de 810 du fort de la Malgue. Plus on considère ce plateau, plus on voit l’avantage qu’il y avait à en tirer. Une redoute ancienne a indiqué cette position qui est des plus admirables, elle a été détruite et il a été fait le nouvel ouvrage qui n’est pas achevé. Voici ce qui en existe : Cet ouvrage est plutôt un petit fort à flancs qu’une grande redoute ainsi qu’il a été dénommé jusqu’à présent. Il y a pièce détachée pour batterie basse au nord qui n’est pas à moitié faite et une autre pièce détachée au sud pour défense du côté de l’est. Il a été pratiqué des souterreins dans ledit ouvrage dont les revêtements sont au niveau du cordon, et les fossés sont creuzés. Des bâtiments et citernes sont projettés dans l’intérieur. En tout, cet ouvrage tel qu’il est construit, ne peut avoir les effets désirables : il occupe l’emplacement qui en est le plus susceptible et ne voulant point le détruire, on en a projeté un grand en avant duquel celui fait pourroit servir de réduit.… Quoique Ste Catherine soit un rentrant qui n’aura un grand et bon effet que lorsqu’il y aura ouvrage avec capacité placé en avant, il est dans le cas actuellement d’être emporté avec infiniment plus de facilité qu’Artigues qui le déborde, non au point de s’en garantir à la droite de l’attaque par des branches de zig-zag et de parallèles très aisées à diriger. Plus on avance sur Ste Catherine, plus on est à couvert d’Artigues par le terrein même…… On a encore pratiqué une galerie le long de la contrescarpe, depuis le bastion au nord jusqu’à celui au sud du fort Ste Catherine, c’est la partie de fortification qui est du côté de la ville. Cette galerie a de même assé de largeur et de hauteur pour, comme à La Malgue, servir de magazin dans les cas de nécessité. La partie de fortification opposée à celle de la ville, c'est-à-dire celle du côté de l’est, est tout aussi susceptible de galeries, soit qu’on fasse un ouvrage en avant, soit qu’on s’en tienne à ce qui est commencé sans plus d’agrandissement…La redoute ou fort Ste Catherine n’est que commencé, on en a abandonné depuis quelques années le travail, et si on l’agrandit, on pourra y pratiquer des souterrains quand à présent il n’y a que la ressource d’une galerie belle et assez large de 75 toises de longueur ; elle règne sous le chemin couvert du côté de la ville depuis la batterie détachée au sud jusqu’à celle détachée au nord. »16

Les années suivantes, en 1776 et 1779, d’Aumale proposera en vain une dépense de 672000 £ pour l’agrandissement de la redoute Sainte-Catherine afin d’en « faire un fort au moyen d’une nouvelle enveloppe en avant de ce qui est commencé qui servira de réduit. Cette enveloppe nécessitait d’élever deux demy bastions avec communication et un bastion, former les chemins couverts, y pratiquer des souterreins, le reste des travaux consistant à construire les batimens nécessaires et achever le réduit commencé » 17. En 1781, le sieur de Rozières, maréchal des camps, successeur d’Aumale comme directeur des fortifications de Provence, également en charge du Dauphiné, est encore beaucoup plus critique quand à la conception de la redoute Sainte-Catherine, toujours inachevée : « Si nous avons des regrets à former sur les fausses vues qui ont présidé à la construction du fort La Malgue, combien plus déplorable celle du fort Ste Catherine n’est-elle pas aux yeux des gens de l’art. On a implanté l’ouvrage en avant d’un plateau plus avantageux, aujourd’hui à la gorge du fort. Le tracé est pire que la position qu’on a choisie ; il a toutes les imperfections des places dont le plan n’a pas été conçu d’un seul jet, mais successivement et par parcelles. Le front qui se présente à l’ennemi n’a de flancs que par deux angles morts que l’on a sauvés en tombant dans l’inconvénient des flancs bas, et par le secours des galleries crénelées. On est surpris de voir cette vaste gallerie qui peut servir de superbes cazemattes régner sous la contrescarpe des flancs du fort, avec un luxe dont on regrettera bien amèrement que la dépense n’ait pas été portée à l’extension de l’ouvrage et à lui donner un autre tracé. On observera avec bien plus d’étonnement que cette gallerie ne procure même pas la défense des contremines au front d’attaque auquel on chercheroit en vain un chemin couvert. L’entrée du fort est parfaitement libre, et dans une escalade, l’ennemi n’auroit pas besoin de prendre la contrescarpe. Mais ce qui choquera les yeux même les moins clairvoyants c’est cette misérable lunette de la droite qui a été placée après coup comme par un remords de n’avoir pas éclairé par le tracé primitif le vallon qui se trouve sur cette droite. Cette pièce si maladroite n’a juste que la capacité qu’il faut pour faire périr ceux qui la défendront par les éclats de la 1ere bombe qu’on y jettera. Elle n’est pas susceptible de parapets en terre et elle n’a que sa face gauche qui soit recouverte par un glacis. »18. Le même Rozières programmait pour l’année 1782 l’élargissement du chemin qui conduit de la ville à la redoute, lequel a fait l’objet d’une appropriation par un particulier, ce qui indique la faible fréquentation des lieux pour la défense. 19. L’inachèvement de l’ouvrage, empêchant son utilisation, notamment comme batterie, attira l’attention du maréchal de Camp Charton en 1792, qui fit figurer les travaux sur cette redoute au nombre des ouvrages dont l’exécution est indispensable pour mettre la place de Toulon et ses environs en état de défense. Le mémoire précise que lorsque la garnison sera en état de fournir des travailleurs, il sera urgent de perfectionner les parapets de la redoute Ste Catherine ; "il faut y établir les plateformes pour placer les canons en batterie 20 [20] Ces derniers travaux ont été réalisés, comme le prouve le cahier de développement pour l’établissement du plan-relief de Toulon, dessiné l’an 5 de la République : tous les ouvrages sont achevés jusqu’au cordon, les parapets d’artillerie en terre sont en place, mais les parapets d’infanterie du front de gorge restent à faire".

Le fort restera donc relativement imparfait jusque dans les années 1830, à l’exception des batteries, malgré un souci de perfectionnement, dont témoignent divers mémoires, comme celui du sieur Lavarenne, directeur des fortifications des départements du Var et des Bouches-du-Rhône, daté du 15 mars 1793 (an 2 de la République) : « Le tracé du fort Ste Catherine (…) pouvait être meilleur, il y a des défauts de détails mais on doit s’estimer heureux de l’avoir en ce moment (…) il eut été à désirer qu’on n’eût pas attendu ce moment (…) pour détruire ou interdire à l’enemi l’abord d’une petite hauteur à une demi-portée de pistolet de la porte d’entrée, de laquelle on peut fusiller et par derrière tout ce qui paraitrait sur le rempart, et notamment les servants des canons dirrigés sur le débouché de La Valette. (…) On fermera en même temps une entrée dans le fossé qui pourroit faciliter quelque coup de main» 21. Autre témoignage significatif, celui du chef du génie Armand-Samuel de Marescot au lendemain de la reprise de la place sur les anglais en 1793. Son Mémoire détaillé de l’état actuel des fortifications tant de la place que des forts extérieurs, daté du 2 février 1794, donne un état des lieux circonstancié, sans jugement de valeur : « Le front de l’ouest, le seul bastionné, le plus fort, est dirigé contre la ville, ce front est défendu par des batteries au niveau de la place d’armes, placées sous arcades et surmontées d’un frêle parapet formé d’un mince mur crénelé. Le tout en bon état, ainsi que la porte et le pont dormant qui se trouvent sur le milieu de ce front. Le pont levis manque de chaînes et de bascule. Le chemin couvert, son parapet sa banquette, les traverses, les palissades et les glacis sont dans le meilleur état. Il en est de même du fossé. La contrescarpe n’est pas finie ; elle est bordée d’une galerie crénelée qui n’est pas entièrement achevée.[le front du nord] est composé d’un demi bastion et d’une face et présente un angle mort à la rencontre de cette face et du flanc. Le rempart est couvert d’un parapet sans banquette, du reste ce front est en bon état. On a voulu le recouvrir d’une contre-garde (=batterie basse d’extrémité du chemin couvert) attenante au chemin couvert, munie d’une galerie crénelée à sa contrescarpe. Cet ouvrage n’est encore que fondé (monté sur une élévation inférieure ou égale au niveau couvrement de la galerie de contrescarpe). On n’en peut deviner l’intention. Le chemin couvert et les glacis sont en bon état, une partie est palissadée, une autre crénelée et une troisième n’est pas finie. Une partie de la contrescarpe est éboulée. Le front de l’est a le même tracé et le même profil que celui du nord. Il est en bon état, son flanc (= le flanc du demi-bastion) est casematé. Sa contrescarpe en bon état n’est pas tout à fait finie. Il n’y a point de chemin couvert. Le fossé et le puits qui y est dedans sont bien tenus.(…) Ce front (du midi) a le même tracé et le même profil que les deux précédents. Il est en bon état ainsi que son fossé. On l’a recouvert d’une contre-garde dont le parapet n’est pas achevé. Il y a dessous une galerie crénelée.L’intention de celui qui a fait cet ouvrage paroit avoir été de présenter du côté du midi un front bastionné et de suppléer au flanc droit qui manque au front de l’est. Cette contre-garde (= la fausse braie) n’a point de chemin couvert. Elle s’unit par sa droite à celui du front de l’ouest. Son demi-bastion gauche (la batterie sud) est recouvert d’une petite lunette revêtue avec souterrains et un fossé à sa face gauche. Son parapet n’est pas formé » 22.

Quatre mois après la rédaction de ce mémoire, un inventaire de l’armement des batteries de la place de Toulon mentionne la présence au « fort Catherine » de huit canons de 18, cinq canons de 12, cinq canons de 6, et propose de modifier et renforcer cette artillerie en apportant quatre canons de 24, six canons de 4 et en augmentant le nombre des calibres intermédiaires. Malgré l’absence d’un bâtiment de casernement et l’inachèvement des galeries de contrescarpe, l’ouvrage est considéré comme capable d’accueillir jusque 450 hommes 23.

Dans les années 1813-1814, les mémoires sur la place de Toulon, rédigés par les majors du génie Tournadre, Geffroy ou par l’inspecteur du génie Campredon, témoignent d’un retour de scepticisme sur la conception architecturale de l’ouvrage, l’amélioration de l’état des lieux étant jugée à la fois nécessaire et difficile à réaliser : « Ce fort n’est point achevé, l’ouvrage principal est très petit et son tracé aurait été mieux entendu, il ne contient d’autre établissement qu’un corps de garde ( construit en 1793 ? Petit corps de garde en fond de cour), le terre-plein est fort étroit et soutenu sur des arceaux sous lesquels l’artillerie a établi des ateliers pour la confection des artifices (niches-arcades ou casemates ouvertes desservant des créneaux, refermées d’un mur pour être utilisées à d’autres usages). L’escarpe est en bon état. On avait commencé une galerie crénelée adossée à la contrescarpe et qui eût été assez spacieuse pour suppléer au manque de logements dont ce fort est dépourvu, mais cet ouvrage ainsi que le chemin couvert et les deux batteries E et F n’ont point été terminés. »« …dans l’état actuel est bien peu susceptible d’une bonne défense. La construction de ce petit fort est si morcelée qu’on a de la peine d’abord à pénétrer les intentions de l’auteur. Je vois bien peu de moyens de rendre bon ce qui existe et le mieux serait peut-être de le détruire entièrement et de se reporter plus en arrière vers la place. »24

L’avis du directeur des fortifications Geffroy est alors qu’ « il conviendrait d’achever ce fort tel qu’il a été commencé », hypothèse contradictoire avec le jugement porté en décembre 1814 par le lieutenant général Campredon : « On a déjà dit qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, de pénétrer les intentions de l’auteur des ouvrages qui composent le fort Ste Catherine et surtout de ceux entrepris pour améliorer ceux des premières constructions. L’ensemble de ces ouvrages amoncelés et sans emplacement pour les établissements militaires présente une espèce de labyrinthe, de grosses maçonneries, extrêmement coûteuses, dont les diverses parties ne se flanquent pas, qui éclaire mal les approches, et dont les remparts étroits n’offrent pas même l’espace nécessaire pour le jeu de l’artillerie» 25. Deux ans plus tard, le nouveau directeur des fortifications, le colonel Pinot, envisage un moyen de perfectionner ce fort « jeté sur des bases mesquines », par « l’addition d’une pièce sur le saillant gauche soit pour former un bastion qui augmenterait la capacité de ce fort, soit dans une contregarde qui en serait détachée mais qui permettrait un armement relatif à l’importance de la position. » 26

Le fort achevé et actualisé en 1831-1844

Un véritable projet opérationnel d’amélioration du fort Sainte-Catherine ne voit le jour qu’en 1831, lancé et entériné par un avis du comité des fortifications du 27 juin. Il tend à corriger les principaux défauts de ce fort « manqué en tous points », tels qu’on les trouve rapidement énumérés dans un mémoire de 1833 : « …son tracé bizarre, rétréci, mal flanqué, ses glacis mal vus, des parapets insuffisants et des remparts si étroits qu’il était impossible d’y placer de l’artillerie dans la plus grande partie de leur développement, un mauvais défilement qui rendrait les remparts intenables, le manque absolu d’abris (le fort) n’offrant avant les travaux exécutés depuis deux ans que quelques petits arceaux voûtés à la gorge, quelques flancs casematés et quelques galeries de contrescarpe voûtées à l’épreuve.» 27

Le projet est mis en œuvre par étapes dès 1831 et dans les années suivantes par l’ingénieur en chef du génie Collar, sous l’autorité du directeur des fortifications de Toulon, le colonel Auguste Hurpau. 28 Il tend à agrandir le fort et ses batteries et à lui donner davantage d’unité, en supprimant ses pièces détachées, réunies au corps principal, afin de le doter de quatre bastions d’angle numérotés de 1 à 4. Ce programme est réalisé principalement en raccordant la fausse-braie sud et ses deux bastions au front sud du fort primitif, ce qui revient à faire de cet ouvrage extérieur le nouveau front sud du fort, pourvu d’un revêtement d’escarpe, mais sans fossé ni chemin couvert. Ce principe entraîne la fermeture de l’ancien fossé sud, incorporé dans l’enveloppe du nouveau fort et converti en cour intérieure basse, dite dès lors fossé-cour. Le bastion sud-ouest d’origine, à droite du front de gorge, conserve sa face et son flanc droits actifs, mais son autre moitié est incluse dans le fossé-cour, et il perd son statut de bastion au profit du demi-bastion sud-ouest de la fausse braie. Celui-ci, plus petit et longtemps resté inachevé, est modifié et surhaussé pour former achevé un bastion complet (n°4) dont le flanc droit fait saillie non pas directement sur la courtine du front de gorge, mais sur la face droite de l’ancien bastion sud-ouest, en sorte que le flanquement du côté droit du front de gorge comporte désormais deux flancs échelonnés. Ce nouveau bastion 4 est achevé en 1834 sur un budget de 36500 fr. L’ancienne batterie sud-est de la fausse braie, qui flanquait déjà le front d’attaque (est) à droite, est raccordée à l’angle sud-est du fort et à la courtine est par une double casemate bâtie dans l’ancien fossé, formant ainsi le bastion nord-est (n° 3) du nouveau fort, sans grand changement de forme et en réemployant en l’état les deux flancs de l’ancienne batterie. Cette adaptation est réalisée dès 1831.

En ce qui concerne le front nord, un nouveau bastion (n°2) est créé aussi au nord-est, à partir du demi-bastion existant et de l’ancienne plate-forme ou batterie couvre-face extérieure nord-est terminant le chemin couvert. La modification, plus compliquée que celle opérée au sud-est, encore que comparable, consiste à détacher du chemin couvert et de la contrescarpe une partie de cette ancienne batterie de plan rectangulaire, en déviant le tracé du fossé nord pour la contourner et rejoindre le fossé oriental, avec une continuité de contrescarpe de l’un à l’autre qui n’existait pas dans l’état antérieur. Pour ce faire, la moitié ouest de la batterie est démolie, la moitié restante étant refermée à l’ouest en formant une face et un flanc gauche et réunie au demi-bastion existant par la construction d’une double casemate dans l’ancien tracé du fossé. Le nouveau tracé du fossé contourne au nord le nouveau bastion ainsi formé, avec une contrescarpe bâtie à neuf, galerie basse comprise, jusqu’au-delà de l’angle nord-est du fossé. Ainsi le côté droit (est) de ce vaste nouveau bastion nord-est remploie le flanc droit de l’ancien, sa longue face droite est formée de celle de l’ancien bastion prolongée de celle de l’ancienne batterie, tandis que tout son côté gauche, face, flanc et flanc retiré, est entièrement créé. Une certaine symétrie avec la forme du bastion sud-est (n° 3) est recherchée dans la configuration générale de ce nouveau bastion nord-est (n°2); si les travaux du premier sont faits dès 1831, ceux du second ne sont lancés qu’en 1834, sur un budget de 32000 f. Seul, le bastion nord-est (n°1) reste inchangé dans son plan d’origine créé en 1766-1773, mais son organisation intérieure, avec aire centrale à ciel ouvert desservant des casemates de flanc et des niches-arcades d’embrasures, est modifiée pour en faire un ouvrage entièrement casematé, en couvrant l’aire intérieure par un système de voûtes. Cette transformation est réalisée en 1831, non « sans grandes difficultés et lenteurs pour l’établissement des cintres du bastion 1 à cause des nombreuses intersections de voûtes." 29

L’intérieur de l’ancien bastion sud-ouest, symétrique de celui du nord-est, privé d’une partie de sa fonction défensive active, n’est en revanche pas casematé, mais accueille dans son aire intérieure un nouveau magasin à poudres avec mur d’isolement, bâti en 1831.Le défaut de bâtiment de logement de troupes, et surtout d’abris casematés propres à cet usage à l’intérieur du fort, justifie la création de nouveaux locaux de cette nature en fond de cour, au revers de la banquette d’artillerie du front d’attaque. Il s’agit principalement de six casemates avec façade sur cour, dont cinq peu profondes et adossées au revêtement intérieur de la banquette, et une quatre fois plus profonde creusée sous le terre-plein du demi-bastion d’origine. Cet ensemble est construit en 1832, les aménagements internes « nécessaires pour rendre habitables les casemates situées le long de la courtine parce qu’elles serviront de logement habituel à la petite garnison du fort » étant réalisés l’année suivante. 30

C’est par le fond de grande casemate que se fait l’accès à la double casemate bâtie en 1834 dans l’ancien fossé nord pour former le nouveau bastion nord-est (n°2). L’ancien fossé sud devenu cour basse n’est refermé sur le fossé ouest qu’en 1833, d’un mur percé d’une poterne ; il dessert à l’est la double casemate bâtie en 1831 pour raccorder le bastion sud-est (n°3). En 1834, la cour principale du fort est mise en communication avec le fossé-cour, par une poterne en forme de galerie voûtée rampante passant sous l’ancien rempart sud, galerie alignée aux façades des nouvelles casemates sur cour de 1832. Simultanément à la percée de cette poterne, une citerne de 110 m3 est aménagée immédiatement à côté, toujours dans l’ancien rempart sud, avec vestibule d’accès depuis la cour logé sous la rampe d’accès aux banquettes d’artillerie.Les dessus du fort sont quelque peu remaniés : la banquette et le parapet d’artillerie sont refaits sur les nouveaux bastions, le nouveau front sud, et sur le côté droit du bastion nord-ouest. La banquette du front d’attaque est recoupée de trois hautes traverses-mur, l’une sur le nouveau bastion nord-est. La plus méridionale de ces traverses est prolongée par un mur bâti à l’arrière du front sud, à l’aplomb de l’ancienne courtine sud et du côté gauche de l’ancien bastion sud-ouest. Ce mur dominant le fossé-cour est un parados qui assure le défilement des pièces d’artillerie placées sur le nouveau rempart sud des tirs ennemis potentiels venus des hauteurs nord. Ces traverses et parados sont réalisés à partir de 1834-1835.

[Fort Sainte-Catherine]. Plan du dessus, vers 1870.[Fort Sainte-Catherine]. Plan du dessus, vers 1870.Cette grande campagne d’amélioration du fort, qui comprend des aménagements du fossé : cunette, fossé-diamant devant certains flancs de bastion, caponnière, n’est complètement achevé qu’en 1839, pour un coût global de 244700 fr. Une retouche de détail est apportée en 1843, portant sur la rectification de l’embrasure du flanc droit du bastion sud-ouest (n°1), dont l’angle de tir n’avait pas été adapté au flanquement du nouveau bastion nord-est et du nouveau fossé. 31

Dernières modifications et mutilation du fort, après 1870-1964

Le fort rénové ne subit pas de nouvelles modifications significatives avant la décennie 1870.

En 1876, un nouveau magasin à poudres de petites dimensions, pour le stock permanent de temps de paix, est construit sous les banquettes dans la masse du rempart nord et dans l’emprise du bastion nord-est, avec issue vers les casemates locatives de 1833. Dans la cour sont édifiés, au nord, un petit pavillon de type corps de garde pour l’adjudant, dit bâtiment A, et au centre un bâtiment beaucoup plus important de plan en H, dit bâtiment B, affecté au casernement des troupes d’une capacité de 74 à 104 hommes. Les chambres d’officiers occupent trois des casemates est de 1833. Les 6 niches-arcades crénelées de la courtine du front de gorge, de part et d’autre de la porte du fort, sont refermées côté cour d’un mur mince pour former des petites casemates affectées à l’économie du fort. De la fin du XIXe au premier tiers du XXe siècle, le fort Sainte-Catherine, affecté au cantonnement au 4e régiment d’infanterie coloniale, encadré au nord par la voie de chemin de fer du PLM, au sud par la route nationale 97, est cerné par le développement urbain de Toulon, notamment celui du quartier de Saint-Jean du Var et les hameaux de la Colette et de La Loubière. Cette situation entraîne de fait une réduction de la zone de servitude militaire, surtout vers la gorge, et l’ouvrage, non actualisé, n’est plus considéré comme une fortification active.Par procès verbal du 31 mars 1921, le département de la guerre attribue au département de l’Artillerie le bâtiment A et trois des six petites casemates crénelées de la courtine du front de gorge désignées comme « bâtiment L » (salle de police, cuisine et magasin aux vivres). 32

Les trois chambres d’officiers et l’aile droite du bâtiment B sont remis à la Marine par PV du 12 juin 1933, avec une partie des dessus du rempart est, pour l’installation et le service de mitrailleuses de DCA. 33

En septembre 1962 la totalité du fort est transféré à la Marine, en vue d’y réaliser un programme de logements domaniaux. Sous l’égide de la SOGIMA (organisme immobilier public, future SNI : société nationale immobilière), le projet est confié à l’architecte marseillais Jacques Berthelot (auteur entre autres de la cité universitaire Gaston Berger de Marseille), assisté au sein de son agence par son collègue L. Manavella. Sont proposés trois hauts immeubles identiques en forme de tour, totalisant 360 logements, à édifier échelonnés dans un axe nord-sud sur la zone restreinte de servitude militaire, soit deux hors les fossés du fort et un dans la cour intérieure du fort. Ce lotissement n’entraîne pas la démolition complète du fort, car certains abris casematés sont jugés utiles à conserver, mais celle des bâtiments A et B, celle du magasin à poudres de 1831, et le défoncement de la gorge du bastion nord-est (n° 2) et de sa grande casemate. En outre, la voirie du lotissement, les communications entre immeubles et la nécessité d’espaces verts intermédiaires justifient le comblement de la majeure partie du fossé, le dérasement de la place d’armes d’entrée, des chemins-couverts et des contrescarpes (en conservant en grande partie les galeries, utiles comme gaines techniques). Sont condamnées aussi à la démolition trois portions de l’enceinte du fort : la courtine du front d’entrée en totalité, la majeure partie du rempart de l’ancien front sud et la moitié gauche de l’ancien bastion sud-ouest, enfin un court tronçon médian du front sud définitif. Ces travaux de démolition sont entrepris vers la fin de l’année 1964, simultanément à la construction des immeubles-tour, achevée en 1966. Une nouvelle galerie souterraine en béton est ajoutée au front sud en partie orientale.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

Le fort Sainte Catherine occupe une petite éminence naturelle située à l’est / nord-est de la ville de Toulon, à une distance d’environ 600m du tracé de l’enceinte urbaine bastionnée ou corps de place. Cette petite hauteur forme le point bas d’un repli ou palier de terrain dominant au sud, partant au nord-est du pied du Mont Faron, au débouché du vallon de la Gypière, sous le fort Faron, et détachant à mi-distance une autre éminence plus marquée sur laquelle s’élevait le fort d’Artigues. Ces deux forts formaient l’aile est de la défense terrestre de Toulon, le fort Sainte-Catherine dominant quelque peu, à une distance de 1500m (un peu moindre que celle qui le sépare du fort Faron, mais à l’opposé), le fort Lamalgue, principal fort du secteur sud de Toulon, ouvrage de défense à la fois terrestre et côtière.Dans l’état actuel des lieux, densément urbanisés, ces réalités topographiques ne sont plus guère perceptibles. On observe toujours cependant que le front sud du fort domine plus nettement le terrain naturel que ceux du nord et de l’est, même si ces derniers sont escarpés et comportaient un glacis. L’actuelle route nationale 97 passant immédiatement au sud et en contrebas du fort, perpétue l’ancienne grande route qui sortait de Toulon par la porte d’Italie en direction de l’est, passant dans la plaine de La Valette. Le chemin d’accès au fort se branchait un peu plus au nord, en sortant de l’enceinte de Toulon, sur le chemin de circonvallation reliant la porte d’Italie à la porte Notre-Dame, située un peu plus au nord.Les chemins qui desservent aujourd’hui le site ont été créés ou transformé lors des grands travaux de lotissement et ouverture du fort en 1964 et n’ont plus rien en commun avec les voies militaires anciennes.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues

La plupart des caractéristiques du plan et de l’élévation du fort ont déjà été évoquées plus haut à l’occasion de la description des différentes campagnes de construction et de remaniement, en mentionnant le caractère hybride du fort définitif, dont le plan apparemment très classique à quatre bastions d’angle, a été obtenu en réunissant plusieurs « pièces détachées » à usage de batterie, pour former trois des quatre bastions de l’état final. Dans l’état actuel des lieux, les lourdes mutilations subies par l’édifice, qui l’ont en quelque sorte à nouveau éclaté en « pièces détachées » dominées par les hauts immeubles-tours de 1964-1966, tendraient à rendre ses dispositions complexes très difficilement décryptables sans l’apport des sources primaires fournies par les archives du génie.

Il convient donc de reformuler ici les principales caractéristiques de ce fort en qualifiant explicitement ce qui est conservé.34

Plan analytique. [Fort Sainte-Catherine. Toulon] 2011Plan analytique. [Fort Sainte-Catherine. Toulon] 2011Plan des parties conservées. [Fort Sainte-Catherine. Toulon] 2011Plan des parties conservées. [Fort Sainte-Catherine. Toulon] 2011

Le plan de base est un trapèze irrégulier plus large (axe nord-sud) que profond (axe est-ouest) à quatre bastions d’angle, les bastions étant en forte saillie et inégaux et la plupart des courtines courtes. Trois des quatre fronts seulement étaient enveloppés par le fossé dans l’état définitif, le front sud tel que créé en 1833-1834 n’offrant plus qu’une escarpe dominant directement le terrain naturel. Les quatre bastions définitifs sont conservés dans l’état actuel, de même que les courtines nord et est dans leur totalité, mais le fossé est comblé à peu près partout (sauf du côté droit du bastion 1) à une hauteur variable, son emplacement occupé par des voies ou des pelouses, et ses contrescarpes abritant des galeries crénelées ensevelies et plus ou moins dérasées. Les dimensions hors œuvre, prises aux angles de capitale des bastions, sont de 160m pour le front de gorge ouest, 146m pour le front est ou front de tête, 128m pour le front sud et 94m pour le front nord.Ce plan simple est affecté d’importantes irrégularités dues à l’histoire architecturale mouvementée du fort et au « rattrapage » de 1831-1839 : les fronts ouest (front de gorge 1-4) et sud (3-4) ne forment pas une simple courtine rectiligne entre les bastions, mais offrent un tracé brisé rentrant, avec un redan au point de rupture d’axe.

Dans le cas du front sud, cette disposition est héritée du plan du chemin couvert ou fausse braie du fort de 1766-1774, et s’explique, comme on l’a vu, par le fait que, l’ancien fossé sud étant assez étroit, sa contrescarpe et le chemin couvert suivaient le tracé du côté gauche (face, flanc) du bastion sud-est et de la courtine d’origine : l’escarpe ou revêtement extérieur du chemin couvert élargi en fausse braie reproduisaient ce même tracé brisé, qui n’a pas été rectifié lors des travaux de 1831-1839. Dans l’état actuel et depuis 1964, une percée viaire a défoncé ce front à l’emplacement de la brisure d’axe et du redan. Le front de gorge, dans lequel était ménagée la porte d’entrée du fort, est aujourd’hui le plus détruit et le plus difficilement compréhensible. Son tracé brisé résultait du fait que, dans l’état créé en 1831-1839, entre les bastions 1 et 4, ce front cumulait la courtine d’entrée primitive de 1766-1774 et le côté droit du bastion sud-ouest primitif « incorporé ». Le flanc de l’ancien bastion formait désormais un redan flanquant, sa face étant elle-même devenue un segment du front ou courtine définitive, qui se terminait par le flanc droit du bastion 4, ou nouveau bastion sud-ouest. Dans l’état actuel, il ne reste en élévation entre le bastion 1 et le bastion 4 que le mur de face et de flanc droit de l’ancien bastion sud-ouest, l’ancienne courtine du front de gorge primitif ayant été entièrement démolie en 1964, de même que le segment de mur bâti en 1833 pour raccorder la pointe de l’ancien bastion sud-ouest au flanc du nouveau bastion 4. Les arrachements de ce mur se devinent sur l’angle de capitale de l’ancien bastion. Ce segment de mur percé d’une poterne finissait le front de gorge définitif en fermant sur le fossé ouest l’ancien fossé sud devenu cour intérieure basse (ou fossé-cour). Ce fossé-cour intérieur existe encore en partie dans son extrémité est, formant aujourd’hui une « cour anglaise », toujours accessible depuis ce qui fut la cour principale du fort par la poterne formant galerie descendant sous voûte rampante, Galerie-poterne de communication de la cour du fort au fossé-cour sud.Galerie-poterne de communication de la cour du fort au fossé-cour sud.

bien conservée avec son palier inférieur voûté d’arêtes qui comportait des vantaux de porte. Le bastion 1 (nord-ouest), le plus régulier, est aussi celui dont le plan, le volume et les élévations témoignent encore aujourd’hui assez largement du fort du XVIIIe siècle. Encore faut-il nuancer le propos en reprécisant que l’intérieur de ce bastion, entièrement casematé, comme le sont par exemple ceux du fort Napoléon de La Seyne, ne l’était pas dans l’état des lieux de 1774 : c’était un bastion creux à ciel ouvert, excepté un massif plein en capitale, dont l’aire intérieure était bordée par les murs épais des faces et des flancs, évidés d’une série de niches-arcades ou casemates ouvertes. Ces niches-arcades desservaient les deux embrasures de flanquement et d’autres embrasures finalement adaptées en doubles créneaux de fusillade. L’intérieur casematé du bastion actuel, fermé à la gorge d’un mur percé d’une arcade d’entrée, comporte une grande casemate centrale longitudinale d’axe est-ouest Bastion 1 : grande casemate centrale, vue vers l'ouest.Bastion 1 : grande casemate centrale, vue vers l'ouest. qui dessert latéralement des casemates annexes remployant les niches-arcades des deux flancs et de la face droite en leur donnant plus de profondeur, certaines utilisées comme petits magasins fermés. Au bout de la grande casemate, les deux niches-arcades crénelées de la face gauche sont conservées dans leurs proportions d’origine ; une petite cheminée y est ménagée entre les deux créneaux, disposition ancienne qu’on peut rapprocher de la mention en 1813 « des arceaux sous lesquels l’artillerie a établi des ateliers pour la confection des artifices ». Ces niches-arcades crénelées du bastion, comme celles de la courtine du front de gorge, avaient été refermées côté cour sans doute à la fin du XVIIIe siècle d’un mur maigre pour procurer des abris logeables ou utilisables comme ateliers à un fort qui en était largement dépourvu.La banquette de la batterie d’artillerie du front nord du fort, réorganisée en 1831-1834, établie sur le côté droit du bastion, permettait des tirs en batterie vers le nord et l’est. Le flanc gauche et la majeure partie de la face gauche du bastion sont surmontés d’un parapet d’infanterie crénelé construit à la même époque au-dessus du cordon de 1774. Epargnés par les démolitions de 1964, la face et le flanc droits de l’ancien bastion sud-ouest, (qui faisait pendant au bastion 1 dans l’état XVIIIe siècle du fort) ont conservé leurs niches-arcades dans leur aspect primitif, sans mur de fermeture. En effet, comme on l’a vu, les réaménagements de 1831 n’avaient pas entraîné le casematage de cet ancien bastion, mais y avaient installé un magasin à poudre « aérien » -soit non souterrain- (entièrement détruit en 1964) dont le muret d’isolement dégageait un chemin de ronde à ciel ouvert pour desservir les créneaux des niches-arcades.Le bastion 3 (sud-est) demeure lui aussi, pour l’essentiel, un ouvrage de la campagne de 1766-1774, mais il n’a pris le statut de bastion d’angle qu’en 1831, étant auparavant un dehors du fort primitif, batterie flanquante parfois qualifiée de lunette, terminant le chemin couvert ou fausse braie sud. Le caractère complexe, voire labyrinthique de cet ouvrage et de ses communications, est le produit de la campagne initiale. Son état actuel conserve encore lisible la partition d’origine entre batterie haute et batterie inférieure. Front ouest : intérieur à niches-acade des face et flanc droit de l'ancien bastion sud-ouest.Front ouest : intérieur à niches-acade des face et flanc droit de l'ancien bastion sud-ouest.

La batterie haute offre en plan la forme d’un bastion dont l’angle de capitale est obtus ; sa banquette d’artillerie est disposée au-dessus des deux faces et du flanc gauche, permettant des tirs de batterie vers l’est, le nord et le sud-est ; elle est interrompue au-dessus du flanc droit, ce qui, de ce côté dépourvu de flanc bas casematé, permettait le tir de flanquement à barbette depuis la plate-forme. Aujourd’hui quelque peu mutilé par l’appui d’un des immeubles-tour de 1965, ce long flanc droit du bastion 3 comportait une partie en retrait au raccord avec l’angle rentrant de la courtine, elle-même en retrait et en rupture d’alignement dans ce secteur. C’est sur cette partie « retirée » qu’était placée la pièce d’artillerie dévolue au flanquement, et ce double retrait (flanc de bastion, courtine) permettait de la défiler des éventuels tirs ennemis venus du sud ou de l’ouest. Le défilement de la batterie et de cette position de flanquement était assuré vers le nord par la traverse-parados bâtie en arrière du front sud en 1834. Le flanc gauche du bastion 3, surmonté par la banquette de la batterie, intègre au niveau du fossé une haute casemate active de trois travées voûtée d’arêtes, desservant une embrasure et deux créneaux. Cette casemate haute était le point d’aboutissement sud-est de la galerie de contrescarpe du fort de 1774, dont la branche sud avait été maintenue en place, sinon en fonction défensive, en 1831-1834, lors de l’incorporation du fossé sud à l’intérieur du fort, en tant que cour basse. La casemate du flanc gauche du bastion 3 était initialement accessible seulement par la galerie de contrescarpe, donc en suivant un long cheminement dans cette galerie, après être sorti du fort par la porte et descendu dans le fossé en tête de pont. Elle formait un cul-de-sac, ne desservant qu’un souterrain étroit et sans débouché sous la batterie haute du bastion. Les transformations de 1831-1834 qui ont fait de l’ancien ouvrage extérieur un bastion, ont facilité l’accès de cette casemate, possible depuis la cour du fort, et ont limité son isolement. L’état actuel des lieux dans ce secteur conserve la poterne en galerie rampante percée en 1834 dans l’ancien rempart sud pour communiquer de la cour du fort à l’ancien fossé sud devenu cour encaissée ; cette poterne y débouche immédiatement au ras de la façade d’entrée (en retour d’équerre à gauche) des deux casemates bâties en 1831 pour refermer à l’est cet ancien fossé et raccorder la courtine du front est à la « lunette » devenue bastion 3. Presque en vis-à-vis de l’issue de la poterne dans l’ancien fossé ou fossé-cour, l’ancienne contrescarpe est percée d’une porte accédant directement à la galerie crénelée et, de là, à la haute casemate de flanc du bastion 3. Cette portion sud de la galerie de contrescarpe, très partiellement dégagée par l’actuelle « cour anglaise », et enterrée plus vers l’ouest, du fait du comblement du fossé-cour, est actuellement la mieux conservée, Galerie de contrescarpe sud, avec porte de communication vers le fossé-cour.Galerie de contrescarpe sud, avec porte de communication vers le fossé-cour.mais elle se continue encore en souterrain dans ses branches ouest et nord, plus ou moins discontinue. La branche de souterrain partant du sud de la haute casemate de flanc du bastion 3 communique (depuis 1834) avec deux petites casemates logées en soubassement de la batterie inférieure de ce bastion. Celle-ci forme une terrasse triangulaire basse adossée à la face droite de la batterie haute, et doublant la longueur de sa face gauche. Le plan du bastion en partie basse, cumulant les deux batteries, comporte donc une face gauche très allongée et une face droite qui s’y raccorde en formant un angle de capitale aigu. Cette batterie basse est une simple plate-forme à canon à parapet maçonné simple, sans banquette en terre ; son accès se fait depuis la batterie haute par un escalier à ciel ouvert longeant le flanc droit, puis descendant dans une sorte d’étroite cour de dégagement en forme de petit fossé, au pied de la face droite de la batterie haute. Cette cour est fermée à l’est non d’un parapet, mais, curieusement, d’un bâtardeau couronné d’une dame, organe habituellement réservé aux cloisonnements interne des fossés. 35

Les deux casemates jumelles de 1831 fermant l’ancien fossé sud (devenu fossé-cour) sur le fossé est, prolongent la courtine est jusqu’au flanc gauche du bastion 3. Construites longitudinalement dans l’axe du fossé-cour, communicant entre elles par deux petites portes, elles s’ouvrent de plain-pied sur ce fossé-cour par deux grandes portes d’axe qui permettent leur utilisation comme magasin. Leur mur de fond est éclairé de créneaux donnant sur le fossé est. L’ancien mur de contrescarpe sud, avec le crénelage de la galerie, reste parfaitement reconnaissable sur tout le côté droit de la casemate de droite. Les reins des voûtes à l’épreuve de ces deux nefs allongées, portent sur la suite des banquettes du rempart est, qui assurent la continuité des dessus du fort entre le front est et le front sud redéfini en 1831. Dans l’état actuel, la courtine du front sud résulte de la campagne initiale dans sa partie inférieure, qui portait l’ancien chemin couvert, 2m environ plus bas que le cordon des escarpes du fort, mais elle a été surhaussée en 1831-1833 afin d’unifier ses terrasses aux remparts du fort, en continuité de niveau. Pour ce faire, l’escarpe a été rehaussée, couronnée du cordon actuellement visible, lui-même surmonté d’un parapet maçonné haut de plus de 2m, délimitant les terrasses. Le bastion 4 qui termine à l’ouest ce front sud, résulte de la même logique programmatique. C’est le plus petit et le plus simple des bastions du fort. Sa partie inférieure est une relique d’un petit demi-bastion qui flanquait la fausse-braie à l’ouest, construit à la fin de la campagne 1766-1774. Sa forme définitive est en élévation le produit du même rehaussement que celui décrit ci-dessus pour la courtine, réalisé en 1831-1833. En plan, le bastion actuel ne conserve du demi-bastion primitif que le flanc gauche et la moitié de la face gauche, doublée en longueur. L’angle de capitale très aigu, la longue face droite et le flanc droit, construit en partie sur l’angle sud-est de l’ancien chemin couvert, en partie sur la contrescarpe, jusqu’à l’alignement de la face droite de l’ancien bastion sud-ouest, appartiennent entièrement à la construction des années 1830. Le parapet, passif comme celui de la courtine du côté gauche du bastion, devient parapet d’infanterie crénelé du côté droit. Le bastion 2, dont on a détaillé plus haut la genèse compliquée en 1834, à partir de la réunion du demi-bastion nord-est existant et d’une portion de la batterie couvre-face voisine, présente dans son état actuel un plan presque symétrique de celui du bastion 3, mais plus étiré en longueur dans l’axe nord-sud. La capitale des deux bastions offre la même ouverture d’angle, la face et le flanc gauche du bastion 2, créés en 1834, reprennent la configuration de la face et du flanc droit du bastion 3, avec partie attenante à la courtine « retirée » soit en retrait du reste du flanc. Dans le cas du bastion 2, le retrait est toutefois plus important et la partie saillante plus étroite, ce qui n’est pas sans évoquer un bastion à orillon carré. Le flanc retiré est formé par la façade antérieure des casemates jumelles construites en 1834 dans l’emprise de l’ancien fossé pour raccorder le demi-bastion nord-est existant au tronçon de l’ancienne la batterie couvre-face remployé et transformé en une sorte de demi-lune, cette réunion formant le nouveau bastion 2. Ces casemates jumelles longitudinales sont analogues dans leur fonction d’organe raccord obturant un ancien débouché du fossé, et dans leur configuration générale, à celles bâties en 1831 pour rattachant le bastion 3 à l’angle sud-est du fort primitif. Dans les deux cas, le mur de fond des casemates, participant du revêtement du front oriental en continuité, est percé de créneaux qui prenaient jour dans le fossé oriental. Bastion 2: casemate de flanc droite : créneaux de la face est et passage vers la cour du fort.Bastion 2: casemate de flanc droite : créneaux de la face est et passage vers la cour du fort.Dans les deux cas, les anciens murs d’escarpe et de contrescarpe restent tout aussi visibles, avec leur fruit et leurs aménagements (baies de l’ancienne galerie de contrescarpe) dans les deux casemates, mais en position inversée : dans le cas du bastion 2 l’ancienne escarpe est du côté droit de la casemate de droite, l’ancienne contrescarpe du côté gauche de celle de gauche. La façade antérieure des casemates jumelles du bastion 2 est percée de créneaux comme la façade postérieure, et non de portes, car elle fait partie du flanc du bastion et donne sur le fossé nord, à la différence de celle des casemates du bastion 3, qui donnent sur une cour intérieure parfaitement abritée, le fossé-cour. L’accès de ces casemates crénelées du bastion 2, actives aux deux bouts pour la défense rapprochée du fossé, n’était donc possible que par une galerie étroite débouchant dans cette de droite, percée dans le revêtement nord de l’ancien demi-bastion et communiquant au fond de la grande casemate qui avait été créée dans l’aire intérieure de ce demi-bastion dès 1832, soit avant l’achèvement du nouveau bastion 2. La casemate de gauche du bastion communique par une porte percée dans l’ancien mur de contrescarpe à une série de trois petits locaux casematés en enfilade. Ces petits locaux sont le vestige de l’ancienne extrémité est de la galerie de contrescarpe nord de 1774, et des petits magasins qui faisaient suite, logés au pied du mur de gorge (formant contrescarpe) de l’ancienne batterie couvre-face nord. Une poterne piétonne (actuellement murée) permettant des sorties discrètes dans le fossé est ménagée à l’abri du flanc retiré du bastion (justifiant la profondeur du retrait), dans le premier des petits locaux, ancienne extrémité de la galerie de contrescarpe. Ce local conserve aussi un ancien créneau de la galerie, obturé par l’appui de la tranche du mur de façade des casemates jumelles formant mur de fond du flanc retiré. En revanche, les deux créneaux ménagés dans la partie saillante du flanc (pseudo-orillon) sont des aménagements de 1834, comme la quasi-totalité des élévations du flanc et de la face droite du bastion.Les deux embrasures du flanc droit (sud) du bastion, desservies chacune depuis une casemate relativement profonde, sont conservées mais aujourd’hui peu visibles et peu accessibles. Leur accès se faisait par la grande casemate de 1832 traversant d’est en ouest l’ancien demi-bastion (moitié sud du bastion définitif de 1834) mais cette grande casemate a été en grande partie défoncée en 1964 ; d’autre part, la bouche extérieure de ces embrasures de flanquement est aujourd’hui ensevelie sous les hauts remblais de comblement du fossé est portant une chaussée bitumée.Le volume interne du magasin à poudres de 1876, qui était contigu à la grande casemate, existe peut-être encore en partie dans le rempart nord entamé en 1964, mais dans ce cas il est inaccessible.

Mieux conservées en revanche sont les quatre casemates de casernement ordinaires bâties en 1832 du côté est de l’ancienne cour principale du fort en adossées au revêtement intérieur du rempart, avec leur façade normative en simple rez-de-chaussée, à deux fenêtres encadrant une porte centrale. Les dessus du fort, plus ou moins aménagés en jardins suspendus mais peu entretenus, ont été perturbés. Les banquettes et parapets d’artillerie en terre sont déformés et méconnaissables, parfois déblayés. En revanche, l’une des traverses-mur de 1834, percée d’une arcade de communication, est bien conservée sur la partie médiane du rempart oriental. Façade des casemates sur cour adossées a la batterie est du fort.Façade des casemates sur cour adossées a la batterie est du fort.

Structure et mise en œuvre

Les parements ordinaires des revêtements extérieurs, soit des escarpes des courtines et des bastions, présentent des caractéristiques assez dissemblables, selon qu’il s’agit des maçonneries de la première campagne de construction de 1766-1774 ou de celle de 1831-1839. Encore faut-il préciser qu’au sein de cette dernière campagne coexistent deux qualités de mise en œuvre des parements, très inégales.Les parements du XVIIIe siècle, observables en différents points des ouvrages conservés, au- dessous du niveau du cordon, sont réalisés en moellons de pierre blanche dure soigneusement équarris tête dressée, calibrés et assisés, au point de former un appareil moyen à petit de carreaux de hauteur d’assises régulière (front sud) ou décroissante de bas en haut (bastion 1), qui se différencie d’un parement en pierre de taille par l’imperfection des joints, épais, et de la finition en tête.Les parements ordinaires de la décennie 1830 sont pour la plupart mis en œuvre en moellons d’extraction locale irréguliers peu ou pas assisés de moyen à petit gabarit, destinés à être unifiés par des joints beurrés et lissés. Le flanc et la face gauche du bastion 2 sont entièrement réalisés selon cette mise en œuvre, que l’on retrouve dans l’ensemble des parapets crénelés encore en place dans les restes conservés de l’ancien front de gorge, y compris du côté gauche du bastion 1 et du côté droit du bastion 4. La courtine du front sud montre un spectaculaire contraste entre le parement du XVIIIe siècle, en partie inférieure, et celui des années 1830 tel que l’on vient de la caractériser, qui concerne non seulement le parapet, mais une surélévation –de ce fait très lisible- de l’escarpe sous le cordon actuel et au-dessus du niveau de l’ancien chemin couvert. Très curieusement, le bastion 4, largement reconstruit en même temps que cette courtine était surhaussée, lors de la campagne de 1831-1839, l’a été en employant un parement courant beaucoup plus soigné, qui ne se différencie guère de celui du XVIIIe siècle, que par l’emploi de carreaux plus allongés et par une plus grande régularité des assises, sans compter l’aspect plus neuf, qui persiste jusqu’aujourd’hui. La pierre de taille est assez bien représentée et mise en œuvre avec soin, tant dans les élévations du XVIIIe siècle que dans celles des années 1830 : elle est employée pour toutes les chaînes d’angles, saillants et rentrants, avec une hauteur d’assise correspondant à un moyen appareil, une fois et demi ou deux fois supérieure à la hauteur d’assise des carreaux du parement courant soigné. Les encadrements de portes, embrasures, créneaux apparents dans les parements extérieurs et, côté cour, l’encadrement des niches-arcades sont réalisés en pierre de taille; les encadrements des portes et des embrasures conservés du XVIIIe siècle sont pratiquement tous couverts d’un arc segmentaire non extradossé, tandis que les encadrement de portes des années 1830 aujourd’hui conservées sont à plein-cintre non extradossé ou extradossé en escalier, en particulier ceux des arcades d’entrée de la poterne-galerie entre cour et fossé-cour ou ceux des arcades d’entrée des casemates jumelles donnant sur le fossé-cour. Fossé-cour sud; débouché de la galerie poterne et portes des casemates jumelles.Fossé-cour sud; débouché de la galerie poterne et portes des casemates jumelles. Les chaînages des angles saillant des bastions, angles d’épaule ou angles de capitale, méritent une mention particulière, car ceux réalisés lors de la campagne de 1766-1774 présentent une caractéristique immédiatement repérable que l’on retrouve au fort Lamalgue et qui existait aussi au fort d’Artigues : ces chainages sont très étendus de part et d’autre des angles (c'est-à-dire pas limités à une simple besace mais comptant en moyenne trois pierres de taille de chaque côté par assise), et la face de ces pierres est traité en bossage rustique d’ assez fort relief. La transition est particulièrement saisissante sur l’angle d’épaule du flanc gauche du bastion 4, entre la partie inférieure à bossages et la surélévation des années 1830 en parement lisse. Les chaînes d’angle de la campagne 1831-1839 sont en général de simples besaces en pierre de taille lisse, contrastant nettement avec le parement courant de la qualité la plus sommaire, comme on le voit sur le côté gauche du bastion 2. Là encore, le bastion 4, dont on a vu qu’il a fait l’objet d’un traitement particulier dans le soin apporté à ses parements courants, se distingue aussi par le chaînage très soigné de son angle de capitale très aigu, à arête abattue, réalisé en moyen à grand appareil à joints fins, et plus étendu sur les faces qu’ailleurs dans le fort. A cet égard, on observe les indices d’une tentative d’unification de la plastique murale du front de gorge, le plus en vue, lors de la campagne de 1831-1839 : les bossages des angles d’origine apparents sur ce front : angle d’épaule et de capitale de l’ancien bastion sud-ouest incorporé à la courtine, angle d’épaule et de capitale du bastion 1, ont été ravalés au nu du parement dans la partie supérieure de l’élévation de l’escarpe sous le cordon, soit sur quatre à cinq assises, celles qui étaient visibles à distance à l’approche du fort parce qu’ émergeant de la contrescarpe. Le cordon qui court sur le circuit complet du fort, avec quelques ruptures de niveau assurée par des plongées. Il repose sur une assise en cavet droit. Il n’y a pas de différence de profil et d’échelle entre les parties de ce cordon mises en place d’origine et celles réalisés dans les années 1830, qui en reproduisent le modèle, en employant peut-être une veine de pierre plus résistante. Il est possible que lors de la surélévation de l’escarpe du front sud, le cordon en place ait été déposé et réemployé en partie quelques assises plus haut dans les maçonneries nouvelles. La pierre de taille est aussi employée exclusivement dans la réalisation du bâtardeau avec dame au flanc gauche du bastion 3. La qualité de mise en œuvre des maçonneries des parements ordinaires, d’origine et du XIXe siècle, s’altère dans l’intérieur du fort, notamment pour les murs de traverse, les façades des quatre casemates locatives conservées, aujourd’hui revêtues d’un enduit gratté grossier des années 1965-70 différent de l’enduit lisse du XIXe siècle. Si ces élévations visibles depuis la cour étaient revêtues d’un enduit couvrant qui masquait la mise en œuvre en blocage de petits moellons de tout-venant, on constate par le peu qui en reste que les murs de contrescarpe d’origine étaient aussi montés en blocage sommaire mais d’exécution soignée, sans enduit de finition. Une portion de ce parement de contrescarpe, avec ses créneaux de galerie, est bien visible aujourd’hui dans la casemate jumelle gauche du bastion 2 et dans celle de droite attenant à la gorge du bastion 3. Bastion 2: casemate de flanc gauche : à droite, ancienne contrescarpe crénelée.Bastion 2: casemate de flanc gauche : à droite, ancienne contrescarpe crénelée.

Les parements internes aux casemates des bastions, aux galeries, comme celle de la poterne entre cour et fossé-cour, sont également réalisés en blocage de moellons, souvent avec petites pierres de calage dans les joints. Les voûtes en berceau des casemates des années 1831-1839, certaines avec pénétrations en lunette (bastion 1), sont réalisées en blocage de petits moellons. La brique est employée de façon banale dans les chaînages d’encadrement des créneaux de fusillade des années 1830, soit dans les parapets d’infanterie du font de gorge (bastions 1 et 4) soit dans les murs de fonds de casemates (les deux casemates jumelles), et aussi dans les encadrements de certaines portes de communication entre casemates. On la retrouve, employée avec soin dans la plupart des voûtements de la construction d’origine, notamment celui, en simple berceau de la galerie de contrescarpe, parfois avec pénétrations ; toutefois la majeure partie des voûtes de cette galerie est réalisée en moellons, avec des chaînes en briques aux arêtes saillantes marquant les changements de direction de la galerie. Les voûtes en berceau surbaissé des niches-arcades d’origine du front de gorge, encore visibles du côté gauche du bastion 1, depuis les casemates de 1831, et dans ce qui reste de l’ancien bastion sud-ouest, sont également en briques, arc de tête excepté. Du point de vue de la mise en œuvre, la haute casemate de flanc gauche du bastion 3, point d’aboutissement de la branche sud de la galerie de contrescarpe d’origine, mérite une attention particulière par la qualité de sa réalisation produisant un effet monumental 36 : ses trois travées sont haut couvertes de voûtes d’arêtes élancées dont le berceau est brisé, retombant sur des piliers adossés entre lesquels sont ménagés, côté fossé, créneaux et embrasure. Les piliers, les arcs structurants qui les relient longitudinalement (pseudo formerets) et transversalement (pseudo doubleaux) et les arêtes, sont en pierre de taille appareillée, celles des arêtes à voussoirs en V, les quartiers de la voûte étant fourrés en briques. Ce « chef d’œuvre » inattendu pour une casemate de flanc s’apparente nettement à l’architecture du vaisseau voûté d’arêtes en briques et pierre de l’aile nord de la boulangerie de l’arsenal de Toulon, commencée vers 1750 mais achevée seulement trente ans plus tard. La galerie de contrescarpe comporte, autour de l’angle nord-est du fossé, un tronçon entièrement réalisé ex nihilo vers 1834-1835, après la démolition d’une partie de l’ancienne batterie couvre-face -à laquelle aboutissait la branche nord de la galerie d’origine- et la constitution du nouveau bastion 2. Le tronçon neuf, raccordé à l’arrachement de la branche nord, en diffère dans sa structure et sa mise en œuvre : des piliers en saillie interne (moellons dégrossis de fort échantillon) rythment la face de la galerie du côté du fossé. Ils supportent des voûtes d’arêtes en briques. Le remplage côté fossé est bâti en briques à partir de l’appui des créneaux de fusillade. La portion ouest de la galerie nord est voûtée en briques. Des amorces de galeries de contremines sont visibles dans le piédroit nord de la galerie. 37. Un autre ouvrage conservé de la campagne des années 1830 emploie la brique dans une partie de son voûtement, avec une mise en œuvre proche de celle du XVIIIe siècle : il s’agit de la poterne-galerie entre cour et fossé-cour, pour son vestibule bas, voûté d’arêtes ; le reste de la voûte de la galerie est un berceau rampant en blocage de moellons. Les réservations en canaux profondément entaillées dans les parois de cette galerie y ont été creusées a postériori, jusque dans les jambages des portes, pour un usage inconnu (guides de roulage de chargements techniques ?)Les restes actuels du fort ne conservent aucun élément de second œuvre ancien, menuiserie de bois ou ferronnerie. Galerie-poterne de communication de la cour du fort au fossé-cour sud; détail sas de la porte basse.Galerie-poterne de communication de la cour du fort au fossé-cour sud; détail sas de la porte basse.

1 Ouvrage entièrement détruit au XXe siècle sous l’effet de la pression urbaine. 2 Vincennes SHD, Bibliothèque du Génie, Atlas n° 64, Toulon, par d’Aumale, 1775 3 Vincennes SHD, Bibliothèque du Génie, Atlas n° 126, 1738. 4Plan et environs de Toulon, ou sont marqués les attaques de l’armée commandée par Msg de Savoye Vincennes SHD, Art. 8 carton 2 (1 VH 1832), n°8. 5Carte de la rade de Toulon et des environs de cette place, 1759. Vincennes SHD, Art. 8 carton 3 (1 VH 1833), n°27 6Carte des rades et de la ville de Toulon & du Bruscq avec les environs. Vincennes SHD, Art. 8 carton 3 (1 VH 1833), n° 34 7Vincennes SHD, Art. 8 carton 2 (1 VH 1832), n°30. 8Voir note 6 9Récapitulation ou mémoire détaillé sur les ouvrages insérés dans le projet général et qui indique ceux dont la construction paroit la plus urgente. Milet de Monville. Vincennes SHD, Art. 8 carton 3 (1 VH 1833), n°43. 10Mémoire pour servir au le projet général des fortifications de la ville de Toulon, des forts et batteries qui en dépendent (…) Milet de Monville, 8 janvier 1764. Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834), n° 4 11Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834), n° 5, 4e et 5e feuilles. 12Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834), n° 11. 13Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834), n° 22. 14Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 5 (1 VH 1835), n° 1. 15Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 5 (1 VH 1835), n° 4. 16Vincennes SHD, Bibliothèque du Génie, Atlas n° 64, Toulon, par d’Aumale, 1775, articles 1, 2, 5,6. 17Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 5 (1 VH 1835), n° 23. Le principe de l’enveloppe avancée augmentant la capacité du fort, non réalisé à Sainte-Catherine, préfigure celui de l’enveloppe ou batterie couvre-face qui sera réalisée au fort Faron dans les années 1850, sur projet de 1844. 18Questions militaires sur Toulon, Rozières, 5 octobre1781. Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 7 (1 VH 1837), n° 3. 19Vincennes SHD, Art. 8 carton 6 (1 VH 1836), n°24. 20Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 9 (1 VH 1839), n° 6. 21Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 9 (1 VH 1839), n° 16. 22Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 9 (1 VH 1839) n° 26. 23Forts, batteries et autres postes militaires sur les hauteurs environnant le port de la Montagne du côté de terre, Lecquin, Toufaire, Thévenard, Pierron, 18 prairial An 2 [6 juin 1794] Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 9 (1 VH 1839) n° 30. 24Rapport sur la situation actuelle des fortifications de la place de Toulon et des forts qui en dépendent, Tournadre 25 mai 1813. Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 11 (1 VH 1841) n° 38, et Mémoire raisonné sur la situation actuelle des fortifications de la place de Toulon et de leurs dépendances Tournadre 20 décembre1813. Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 11 (1 VH 1841) n° 45. 25Mémoire sur Toulon et ses dépendances, Campredon, 22 décembre 1814. Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 12 (1 VH 1842) n° 8. 26 Mémoire raisonné sur la situation actuelle de la place de Toulon et dépendances, Pinot , 30 décembre 1816. Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 12 (1 VH 1842) n° 22. 27Mémoire sur la place de Toulon, 1833, Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 24 (1 VH 1854), n°1 28Orthographe approximative d’après la signature. 29Mémoire sommaire sur l’état dans lequel se trouvent les fortifications (…) de la place et (..) sur les travaux exécutés en 1831. Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 23 (1 VH 1853), 1832 n° 1. 30Projets pour 1833. Apostilles du chef du génie. Chef de bataillon Collas, 25 janvier 1833. Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 23 (1 VH 1853), 1833, n° 1. 31Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 30 (1 VH 1860), 1843. 32Vincennes, SHD, Archives du génie, Toulon, 6 V4130, Ste Catherine, plan 1933. 33PV de remise, archives ESID Toulon/Domaine. Communiqué par Bernard Cros. 34Certaines parties du fort n’ont pu être visitées et photographiée lors de la campagne de terrain, pour des raisons techniques et juridiques. 35Nous n’avons pu accéder à ces batteries du bastion 3 lors de la visite de terrain. 36Cette partie XIXe siècle de la galerie de contrescarpe est rédigée d’après des notes communiquées par Bernard Cros, qui a pu y avoir accès. 37Cette partie XIXe siècle de la galerie de contrescarpe est rédigée d’après des notes communiquées par Bernard Cros, qui a pu y avoir accès.

En 1747, le site de Sainte-Catherine est occupé par une batterie en pierre sèche établie dans le cadre du programme de fortification préventive du maréchal Charles-Louis Fouquet de Belle-Isle. Cette position est à mi-distance entre deux forts de défense terrestre à l’est de Toulon créés après le siège mémorable par la coalition Empire-Angleterre-Savoie en 1707 : le fort d’Artigues, plus proche du Mont Faron, et le fort Lamalgue, plus proche de la mer, seulement ébauché en 1708, et occupé aussi par une redoute en pierre sèche.

Le projet d’un véritable fort à Sainte-Catherine est dû, comme celui du fort Lamalgue définitif, à François Milet de Monville, directeur des fortifications de Provence, en 1664. Lamalgue étant prioritaire, Monville propose d’abord une redoute pérenne mais petite, comparable au fort d’Artigues, mais le projet gagne en ampleur en 1765 sous l’influence de Bourcet, directeur des fortifications du Dauphiné. Le plan comporte un front de gorge à deux bastions, et un front d’attaque à batterie non flanqué, mais encadré de deux couvre-faces naissant du chemin couvert et desservies par une galerie casematée crénelée prévue dans la contrescarpe du fossé (sur trois côtés), comme au front d’attaque du fort Lamalgue. Les travaux commencent en 1766, sous la direction de l’ingénieur Louis d’Aguillon, et stagnent encore en 1773, ayant apporté quelques changements, dont une plus grande importance des dehors latéraux ou « pièces détachées » couvre-faces à usage de batteries, dont celle de droite qualifiée de fausse-braie. Laissé inachevé, le fort est critiqué en 1775 par le directeur des fortifications Charles-François-Marie d’Aumale, qui le trouve petit, mal situé et propose d’en faire le réduit d’un fort plus développé en avant vers l’est.

Les années suivantes apportent d’autres critiques, mais aucune réalisation, si ce n’est la mise en état de défense et l’armement de la batterie du fort en 1793. Enfin, en 1831 est lancée une grande campagne de travaux destinée à achever et à améliorer le fort Sainte-Catherine, d’après les dessins de l’ingénieur Collar, visés par le directeur des fortifications Hurpau. L’ouvrage existant est transformé en fort à quatre bastions plus spacieux en incorporant à l’enceinte du nouveau fort les dehors antérieurs (couvre-face, fausse braie, fossé).

Retouché en 1876, doté d’un bâtiment militaire, le fort est entretenu jusqu’à sa cession à la Marine en 1962. Il est alors démantelé pour y installer trois grands immeubles-tour d’habitation.

Le fort Sainte-Catherine occupe une petite éminence, dans une zone aujourd’hui très urbanisée à environ 600m à l’est/nord-est de la ville de Toulon.

Dans l’état actuel, les lourdes mutilations subies par l’édifice en 1964, qui l’ont en quelque sorte éclaté en « pièces détachées », rendent ses dispositions complexes peu compréhensibles sans l’apport des plans des archives du génie.

Le plan de base est un trapèze plus large (axe nord-sud) que profond (axe est-ouest) à quatre bastions d’angle, les bastions étant fort saillants et inégaux et la plupart des courtines courtes. Les longueurs de front maximum et minimum prises aux angles de capitale des bastions sont de 160m pour le front de gorge ouest (1-4) et 94m pour le front nord (1-2).

Trois des quatre fronts seulement étaient enveloppés par le fossé dans l’état définitif, le front sud (3-4) tel que créé en 1833-1834 n’offrant plus qu’une escarpe dominant directement le terrain naturel. Les quatre bastions définitifs sont conservés dans l’état actuel, de même que les courtines nord et est dans leur totalité, mais le fossé est comblé à peu près partout (sauf du côté droit du bastion 1) à une hauteur variable, son emplacement occupé par des voies ou des pelouses, et ses contrescarpes abritant des galeries crénelées ensevelies et plus ou moins dérasées.

D’importantes irrégularités du plan sont dues à l’histoire architecturale mouvementée du fort et au « rattrapage » de 1831-1839 : les fronts ouest (front de gorge 1-4) et sud (3-4) ne formaient pas une simple courtine rectiligne entre les bastions, mais offrent un tracé brisé rentrant, avec un redan au point de rupture d’axe. Le front sud réemploie et incorpore l’ancien dehors dit « fausse braie » de 1766-1774, terminée par une « lunette » couvre-face, et l’ancien fossé sud dont le tracé suivait celui du côté gauche (face, flanc) de l’ancien bastion sud-est d’origine, d’où ce plan brisé du front actuel (aujourd’hui recoupé par une percée).

Le front de gorge (1-4), dans lequel était ménagée la porte d’entrée du fort, est le plus détruit et le moins lisible. Son tracé brisé résultait de l’incorporation non seulement de la courtine d’entrée primitive de 1766-1774 mais aussi du côté droit du bastion sud-ouest primitif dont le flanc formait un redan flanquant en double emploi avec le flanc droit du bastion 4, ou nouveau bastion sud-ouest. Dans l’état actuel, il ne reste en élévation entre le bastion 1 et le bastion 4 que la face et le flanc droit de l’ancien bastion sud-ouest.

Le bastion 1 a conservé son volume d’origine du XVIIIe siècle avec ses bossages rustiques aux angles saillants, analogues à ceux du fort Lamalgue ; son casematage interne date de la campagne des années 1830. Le bastion 2 (nord-est) est le plus grand et complexe, car il résulte de la réunion d’un demi-bastion primitif saillant sur le front est et d’une portion d’un ancien dehors couvre-face dans lequel aboutissait la galerie de contrescarpe d’origine. Deux casemates formant le flanc gauche actuel, bâtis dans l’ancien fossé, ont raccordé les deux éléments. Le collage des deux campagnes reste visible. Le bastion 3 est intégralement un ancien dehors ou lunette XVIIIe siècle réutilisé et là aussi raccordé par deux casemates encore en place, qui donnent sur l’ancien fossé sud, incorporé en tant que cour encaissée.

La galerie de contrescarpe d’origine est bien conservée de ce côté sud, en limite de cet ancien fossé : elle se termine à l’est par une belle casemate haute voûtée d’arêtes dans le flanc du bastion 4, qui était le flanc de la lunette d’origine. Des batteries nord et est du fort restent le terrassement, sous lequel sont ménagées à l’est de petites casemates de casernement sur cour, des années 1830.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • brique
    • pierre
  • Plans
    système bastionné
  • Couvrements
    • voûte en berceau
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • terrasse
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat

Fort bastionné très hétérogène et hybride produit par le rattrapage dans les années 1830 de la redoute primitive des années 1760. L’état actuel présente un intérêt exclusivement « archéologique ».

Documents d'archives

  • Archives du Génie de Toulon. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1 V, Art. 8, section 1.

    Toulon, 1677-1875
  • Mémoire pour servir au projet général des fortifications de la ville de Toulon, des forts et des batteries retranchées qui en dépendent... 8 janvier 1764. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834).

    n° 4
  • AGUILLON LOUIS D'. Mémoire sur la ville de Toulon, son objet relativement à une déffensive simple en Provence, sa fortification ancienne de terre & de mer, et la nécessité indispensable qu'il y avoit d'avoir cette place dans un meilleur état de défense, pour metre à l'abry d'insulte l'arcenal et le département de marine, 1er mars 1768. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 (1 VH 1834), n°22.

  • AUMALE, CHARLES-FRANCOIS MARIE D'. Atlas des places fortes, Toulon et ses forts extérieurs. Par Charles-François Marie d'Aumale, directeur des fortifications de Toulon et de Basse Provence, 1775. Service Historique de la Défense, Vincennes : Bibliothèque du Génie, Atlas des places fortes n° 64.

    Mémoire descriptif, fort Sainte-Catherine : articles 1, 2, 5, 6
  • ROZIERES. Questions militaires sur Toulon, 5 octobre 1781. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1,carton 7 (1 VH 1837), n° 3.

  • MARESCOT, ARMAND-SAMUEL DE. Mémoire détaillé de l’état actuel des fortifications tant de la place [de Toulon] que des forts extérieurs, 2 février 1794. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 9 (1 VH 1839) n° 26.

  • TOURNADRE. Rapport sur la situation actuelle des fortifications de la place de Toulon et des forts qui en dépendent, 25 mai 1813. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 11 (1 VH 1841) n° 38.

  • TOURNADRE. Mémoire raisonné sur la situation actuelle des fortifications de la place de Toulon et de leurs dépendances, 20 décembre 1813. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 11 (1 VH 1841) n° 45.

  • Mémoire sommaire sur l’état dans lequel se trouvent les fortifications (…) de la place [de Toulon] et (..) sur les travaux exécutés en 1831. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 23 (1 VH 1853), 1832 n° 1.

  • [Fort Sainte-Catherine]. Projets pour 1833. Apostilles du chef du génie. Chef de bataillon Collas, 25 janvier 1833. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Toulon, Art. 8, carton 23 (1 VH 1853), 1833, n° 1.

Bibliographie

  • CROS, Bernard. Citadelles d'Azur, quatre siècles d'architecture militaire varoise. Aix-en-Provence : 1998, 159 p.

    p. 67-68

Documents figurés

  • Topographie de la France. Série de cartes gravées des XVIIe et XVIIIe siècles issues en partie des collections Marolles et Gaignières. Bibliothèque nationale de France, Paris : Va. Département des Estampes et de la Photographie.

  • [Plan du fort Sainte-Catherine]. 4e feuille du projet général. 1765. / Dessin plume et lavis, projet de Nicolas François Milet de Monville et Pierre-Joseph Bourcet, 1765. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834) n° 5, 4e et 5e feuilles.

  • [Plan de l’état des lieux du fort Sainte Catherine à la fin de la campagne de 1770.] / Dessin, par le capitaine Blaud de Villeneuve. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 carton 5 (1 VH 1835), n° 4.

  • Plan de la redoute Ste-Catherine pour désigner l'état où elle se trouve à la fin de la campagne 1773. 1773-1774. Troisième feuille du projet pour les fortifications extérieures de l'année 1774. Dessin plume et lavis. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1835.

  • Plan des souterrains du fort Ste-Catherine. 1834. / Dessin plume et lavis. 1834. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1854.

  • [Fort Sainte-Catherine]. Plan du dessus, vers 1870. Dessin plume et lavis, vers 1870. Service Historique de la Défense et de la Marine, Toulon.

  • Plan analytique. [Fort Sainte-Catherine. Toulon] / Dessin, surcharge couleur sur tirage de photographie, par Christian Corvisier, 2011.

  • Plan des parties conservées. [Fort Sainte-Catherine. Toulon] /Dessin, surcharge couleur sur tirage de photographie, par Christian Corvisier, 2011.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble