La fontaine lavoir du Thorond est la première fontaine de Roumoules, elle date du Moyen-Âge. Le toron (où thoron) est un bassin en provençal ancien ; il est constitué le plus souvent d’un tronc d’arbre évidé avant l’avènement des bassins en pierre. On ne sait à quelle date celui-ci a été aménagé, tout comme l’abreuvoir et le petit lavoir (L: 3m; l: 2m) qui y sont accolés ***.
Pour autant, il se pourrait que le bassin de la fontaine existe déjà en 1790 car des frais sont engagés sur celle-ci (Comptes de gestion de la commune, 1790). Nous savons également que le conduit de la fontaine a été arrangé en 1846 car les tuyaux étaient complètement bouchés par les racines des figuiers et des souches d'autres arbres (Lettre de M. le Maire à M. le Préfet, 8 avril 1846). La municipalité a ensuite fait exécuter un nouveau lavoir public couvert d'une halle, le 6 septembre 1849, date de l’adjudication des travaux. Elle est remportée par le maître maçon Pierre Luques, domicilié à Riez, et son montant est de 1038,13 francs. Les plans et devis sont dressés par M. Isnard, architecte à Riez (Extrait du registre des adjudications de la commune de Roumoules, 17 octobre 1849). Dans le devis des travaux, il est stipulé que la municipalité reconnaît "l'urgence d'entretenir le lavoir public et d'y construire une halle au dessus afin de mettre à l'abri des intempéries du temps, les personnes qui sont obligées de laver quelque temps qu'il fasse. Le bassin du lavoir sera démoli en entier et reconstruit en pierre de la largeur de 2 m sur une longueur de 4,50 m hors oeuvres, sur un massif de 50 cm d'épaisseur en maçonnerie de pierres et mortier. L'eau arrivera dans ce bassin par celui de la fontaine existante dont les angles seront adjacents. Une halle sera construite avec trois piliers en pierre de Montpezat d'une hauteur chacun de 2,50 m. Cette halle ne formera qu'une seule pente et sera adossée contre un mur qui sera construit à cet effet dans l'alignement de la maison sur laquelle est appliquée la fontaine. En dehors des piliers, il sera pratiqué tout autour une gandole pour recevoir et conduire les eaux qui s'échappent du dessus du bassin”. Les murs bordant les pilastres du lavoir sont construits en 1867 et l’abreuvoir est agrandi dans le même temps. L'architecte Gras de Riez en a dressé le devis et a été chargé de la surveillance des travaux. Les ouvrages ont été exécutés par M. Lazare Léon, entrepreneur tailleur de pierre à Riez, suivant l'adjudication qui lui fut passée le 23 septembre 1866 pour un montant de 266,86 francs (Procès-verbal d'adjudication de réception définitive, 9 mars 1867). L'agrandissement de la fontaine-lavoir est d’ailleurs bien visible sur un plan dressé par l'ingénieur ordinaire le 16 juillet 1881, en comparaison du plan de masse du cadastre napoléonien de 1825. Dix ans après les travaux d’agrandissement et d’aménagement de la fontaine-lavoir, celle-ci ne débite presque plus d’eau. Un rapport de M. Giraud, conducteur des Ponts et Chaussées, datant de février 1877, stipule que “les eaux de la fontaine ont été coupées en sorte qu'il faut considérer cette fontaine comme complètement à sec, elle débite à peine 1 litre à la minute”. Ainsi, cette même année, le conseil municipal sollicite l'autorisation d'emprunter une somme de 11 000 francs remboursables en 4 ans à partir de 1878 pour la réparation de la conduite de la fontaine-lavoir du Thorond, ainsi que la construction de trois nouvelles fontaines (rue Grande IA04002835, Saint-Blaise IA04002834 et Cayoni IA04002838) dans le village. Il envisage également d'acquérir des terrains où sont situées plusieurs sources (= mines d'eau IA04002841 et IA04002842) afin d’augmenter le débit de la fontaine-lavoir du Thorond et d'alimenter les trois fontaines à établir (Acte de vente notarié de terrains pour l'acquisition de deux sources pour l'alimentation de trois fontaines publiques en projet de construction, 22 mars 1877). 2/5 des eaux des nouvelles sources qui arriveront dans le village seront données à la fontaine du Thorond (Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal, 28 janvier 1877). François Converset, entrepreneur à Moustiers, est en charge des travaux pour l'établissement de conduites d'eau et des nouvelles fontaines publiques. La soumission est approuvée par M. le Préfet le 27 avril 1877 (Soumission de l'entrepreneur à exécuter les travaux, 1877). Les travaux se sont déroulés du 15 mai au 15 septembre 1877. La nouvelle conduite de distribution en poterie pour la fontaine du Throrond a coûté 260,80 francs (Procès-verbal de réception des ouvrages, 15 juillet 1878). En 1899, les tuyaux en poterie qui alimentent les différentes fontaines sont remplacés par des tuyaux en fonte sur une longueur de 740 m. Les travaux sont évalués par le devis à 4440 francs et l'adjudicataire qui remporte le marché est Antony Achard, entrepreneur à Moustiers, avec la somme de 3860,24 francs (Procès-verbal d'adjudication des travaux du projet de réfection de la conduite des eaux des fontaines publiques, 20 août 1899).
Chargée de la valorisation du patrimoine bâti et de la transmission des savoir-faire, Parc naturel régional du Verdon