Dossier d’œuvre architecture IA04002137 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
ferme
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Colmars
  • Lieu-dit (près de) Chaumie Bas
  • Cadastre 1827 A3 712  ; 2012 A3 336
  • Dénominations
    ferme

La ferme, isolée à environ 500 mètres du hameau de Chaumie Bas, et en contrehaut du Verdon qui s'écoule à l'est, est constituée de plusieurs bâtiments accolés et disjoints, avec la présence attenante d'une cour ouverte fermée par un muret maçonné en partie sud-sud-est, en réalité l'ancienne aire à battre. On y accède par un portail d'entrée. Le ravin de la Gipière borde la propriété au sud. L'édifice présente une disposition en enfilade, borde le chemin menant de Chaumie Bas au chef-lieu de Colmars, en passant par le Pont Haut. On dénombre six bâtiments accolés et un septième disjoint : un entrepôt agricole de forme hangar sur piliers monoxyles, qui tenait lieu de bûcher et de remise occasionnelle. Ce hangar présente un toit à longs pans recouverts de tôle nervurée et ondulée. L’extrémité du pan ouest repose sur le muret délimitant la cour intérieure.

L’édifice est construit en maçonnerie de moellon de grès et de calcaire avec mortier de chaux en guise de liant. Les murs sont couverts d’enduit lacunaire en fonction des parties constitutives. Les bâtiments 1, 2, 3 et 4 communiquent entre eux à l'étage de soubassement. On trouve à ce niveau les parties agricoles : grande étable à vaches, étable à mulets et petite remise agricole dans le bâtiment 1, étable à chevaux dans le bâtiment 3. On trouve aussi deux pièces accolées dans le bâtiment 2, chacune faisant office d'étable à chevaux ou mulets avec sa mangeoire respective. L'accès aux étables (bâtiments 1 et 3) ainsi qu’aux pièces jumelles du bâtiment 2 s'effectue par une porte charretière sur le gouttereau est, ouvrant d’abord sur un volume de distribution qui s'apparente à un vestibule commandant les différents espaces du soubassement, mais qui a également pu tenir lieu d'aire à battre couverte, disposition particulière propre au monde alpin que l'on trouve dans le haut Verdon afin de continuer l'opération de foulage lors d'épisodes pluvieux : la zone est en effet sujette, surtout l'été, à des orages violents. Il existe une pièce indépendante à ce niveau dans le bâtiment 4, ouvrant sur le gouttereau est. Sa fonction reste indéterminée. Le couvrement diffère en fonction des bâtiments pour la partie basse. Pour le bâtiment 1, séparant l'étage de soubassement du rez-de-chaussée surélevé on trouve un plancher. L'étable est longitudinalement séparée en deux par un mur de refend ouvert en arcades : d'un côté un espace de stockage éventuel avec la rigole d'évacuation des eaux souillées, ainsi qu'une mangeoire pour les mulets, de l'autre l'étable proprement dite, elle-même divisée en deux entre un espace de circulation et l'emmarchement empierré accueillant les bovins. Cette seconde division interne est marquée non seulement par l’emmarchement mais par une poutre longitudinale reposant sur des piliers monoxyles qui soulagent les solives transversales. Le gouttereau ouest reçoit les mangeoires avec abat-foin. Le mur de refend pourrait correspondre à l’ancienne limite du bâtiment 1, doublé en profondeur vers l’est par la suite, et avant 1827. La mise en œuvre témoigne d’une facture plus moderne : le plancher est plus régulier et les poutres transversales, de section importante, témoignent d’un débardage standardisé. Mais cette intervention désigne une restauration et non une adjonction, car le bâtiment apparaît déjà tel que sur le cadastre ancien. En tout état de cause, il semble plus logique, pour des raisons pratiques, de considérer que le soubassement du bâtiment 1 présente dès l'origine une disposition à arcades avec pilier central servant à doubler la superficie du plancher en profondeur. Le bâtiment 3 est un espace homogène voûté d’arêtes qui a dans un second temps été transversalement séparé en deux par une cloison. La division a permis d'aménager un vestibule non prévu à l'origine d’une part, qui communique dans le bâtiment 2 avec deux pièces contiguës voûtées en berceau plein cintre, l’étable à chevaux d’autre part. Le rez-de-chaussée surélevé combine fonction agricole et fonction logis.

L'intérieur n'a pu être visité, mais l'édifice dispose de deux logis, chacun accessible par une entrée propre. La principale, du moins la plus travaillée, s'inscrit sur le pignon nord (bâtiment 1), depuis une terrasse sous appentis dont la couverture repose notamment à l'angle nord-ouest sur un pilier tronconique composé de deux tambours en pierre calcaire. Le pilier s'élève sur le parapet qui clôt la terrasse côté nord, constitué de blocs de pierre calcaire taillés à la gradine. La porte reçoit un encadrement en pierre de taille calcaire avec arc segmentaire qui porte gravée l'inscription "1896, A J-A", désignant le propriétaire à cette date, Jean-Ange Allègre. Elle ouvre sur une pièce étroite avec cheminée qui mène à d'autres espaces de logis disposés en longueur sur le gouttereau est. Trois fenêtres régulièrement percées rythment la façade. L'autre logement prend place dans le bâtiment 3. On ne sait pas s'il communique avec celui du bâtiment 1. Il est accessible depuis une porte sur le mur de refend ouest, sous l'aire couverte. Trois fenêtres régulièrement disposées rythment là aussi la façade est. On trouve aussi à ce niveau plusieurs parties agricoles accessibles depuis l'aire couverte avec son sol carrelé. Dans la profondeur s'inscrit une porte charretière contre la façade nord du bâtiment 2. Elle ouvre sur une remise agricole. Il existe d'autres espaces, ouvrant sur le gouttereau ouest et appartenant aux bâtiments 1 et 2, mais leur fonction respective n'a pu être établie. La terrasse couverte au nord-ouest se prolonge à l'est par le bâtiment 4, qui à cet étage dispose d'une pièce de logis sûrement indépendant éclairée par une fenêtre en façade est. Le long du parapet de la terrasse court un balcon filant en bois qui mène à un sixième bâtiment, adjonction tardive dont la fonction n'a pu être établie. La pièce pouvait servir d'atelier. Le bâtiment 6 dispose de son propre toit en appentis recouvert de tôle ondulée. Les deux étages de comble jouaient le rôle de fenil. Deux chiens assis en façade ouest, l'un appartenant au bâtiment 1, l'autre au bâtiment 2, tiennent lieu de baies fenières. Le pignon sud de l'édifice, en essentage de planches, ouvre sur les deux niveaux de fenil, avec, superposées en léger décalage, deux portes hautes. L'extrémité est du pignon, au premier étage de comble, dispose d'une autre porte menant à une pièce autonome dont la fonction reste incertaine (peut-être un pigeonnier car on observe des trous d'envol percés dans l'essentage).

La disposition en enfilade permet d'harmoniser la ligne des toits : le bâtiment 1 est à longs pans avec une croupe à son extrémité nord, prolongée par un pan brisé correspondant à la couverture du bâtiment 4. Les bâtiments 2 et 3 sont réunis sous un même toit à longs pans qui prolonge celui du bâtiment 1. Les matériaux de couverture sont variés : tuile écaille pour le bâtiment 1, plaques de tôle nervurée pour les bâtiment 2 et 3, tôle ondulée pour les bâtiments 4 et 6, nervurée pour le bâtiment 6. On remarque en façade est, à cheval sur le ressaut correspondant à l'accolement entre le bâtiment 1 et le bâtiment 3, l'adjonction d'un entrepôt agricole de forme hangar sur trois piliers tronconiques, en appentis. L'intervalle entre chaque pilier est comblé par un mur bahut à l'est. Le pignon nord reçoit un mur jusqu'au second niveau. Le pignon sud est complètement ouvert. Le premier niveau tient lieu de clapier à lapins et de remise pour le petit matériel agricole. Le second niveau est fermé sur le gouttereau par un essentage en planches. On y accède depuis le rez-de-chaussée surélevé du bâtiment 3. Le toit est recouvert en plaques de tôle nervurée.

La ferme est mentionnée sur le cadastre napoléonien levé en 1827, ce qui laisse supposer une construction au début du 19e siècle. Les cartes levées par les ingénieurs cartographes militaires pour la région des frontières Est de la France entre 1764 et 1778 signalent la présence d'un bâtiment à l'emplacement de la ferme mentionnée sur le cadastre ancien de 1827. il est impossible d'affirmer que les deux bâtiments sont les mêmes, mais la probabilité est grande. On peut donc avancer, pour cette ferme, une datation probable dès la seconde moitié du 18e siècle. En 1827 elle appartenait à Pierre Henry Allègre. Des ajouts successifs sont venus compléter l'ensemble bâti dans le courant du 19e siècle, notamment sous la propriété de Jean-Ange Allègre, un descendant de Pierre Henry, à l'extrême fin du siècle (1896). En réalité, mais le registre des augmentations et diminutions pour la période 1841-1914 n'apporte curieusement aucune information, l'édifice a été fortement remanié à la fin du 19e siècle. De ce fait, c'est cet état, plus que celui de la fin du 18e siècle, que l'on a sous les yeux aujourd'hui. Par exemple l'ajout du bâtiment 3, venu s'appuyer contre le gouttereau est du bâtiment 2, a sûrement été réalisé à cette époque, en même temps que la restauration du plancher de la partie est du bâtiment 1. Il a très vite ensuite été divisé en deux par une cloison pour aménager deux espaces. Jean-Ange conserva la ferme jusqu'à sa mort accidentelle le 4 février 1912 (une stèle dédiée à sa mémoire est érigée à quelques centaines de mètres de la ferme). En 1827 l'exploitation comprenait des terres autour de la ferme, les terres labourables constituant la grande majorité de la surface disponible. Elle disposait de tous les éléments pour être autonome (terres cultivées, bois taillis, aire à battre au sud et jardin potager à l'est de l'édifice). Ne manquait que le four. Aujourd'hui le bâtiment est désaffecté et se dégrade peu à peu.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle , (incertitude)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , porte la date
  • Dates
    • 1896, porte la date

La ferme constitue un ensemble complexe de type maison-bloc composite en hauteur, à bâtiments accolés. La mise en oeuvre recourt au moellon de grès et de calcaire, avec du galet en complément, liés au mortier de chaux, le tout recouvert d'enduit. Inscrit dans la pente, il se présente sous la forme d'un édifice en enfilade sur quatre niveaux - un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et deux étages de comble -, sous un toit à longs pans et croupe qui harmonise les adjonctions successives, recouvert de tôle avec des restes de tuile en écaille, l'un des rares exemples subsistant sur la commune.

Cette ferme dispose d'une sorte de cour et d'un espace partiellement couvert qui permettait de continuer à fouler lors des intempéries estivales.

  • Murs
    • grès moellon enduit
    • calcaire moellon enduit
    • grès galet enduit
  • Toits
    tuile en écaille, tôle nervurée, tôle ondulée
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages de comble
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • croupe
    • appentis massé
  • Typologies
    F3a2a : ferme à maison-bloc composite en hauteur, à bâtiments accolés et/ou disjoints
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

La ferme est de plan général allongé. Son type s'apparente à celui de la ferme des Bosquets également sur la commune (2013 C 335), avec un toit à croupe unique. Comme elle, l'état actuel n'est pas antérieur au dernier quart du 19e siècle. En 1827 l'état de section du cadastre montre que la grande majorité des terres était dévolue aux cultures céréalières. La ferme actuelle, telle qu'héritée de la fin du 19e siècle, témoigne d'un changement de modèle économique agricole. L'élevage bovin a pris la relève, comme l'indique la présence d'une importante étable à vaches à l'étage de soubassement. On relèvera également la forte présence des mangeoires pour équidés (chevaux ou mulets). En partie basse, dans les bâtiments 1, 2 et 3, on ne trouve pas moins de trois pièces et quatre mangeoires pour les équidés.

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Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    CH 194, planche n° 4 bis.
  • Plan cadastral de la commune de Colmars, 1827. / Dessin à l'encre sur papier par Casimir Fortoul, Frison, Lambert, Allemand, Mathieu et Bouffier, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 061 / 001 à 018.

Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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