Dossier d’œuvre architecture IA04002124 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
ferme
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Colmars
  • Lieu-dit le Tuve
  • Cadastre 2012 C1 126-132
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    entrepôt agricole, bergerie, fenil

I. Le bâtiment principal

La ferme et sa dépendance occupent trois parcelles pentues, anciennes terres labourables devenues prés de fauche, en bordure de la route départementale n° 2 dite du Col des Champs reliant Colmars à Saint-Martin d'Entraunes. La ferme est implantée parallèlement à la pente, sur trois niveaux : deux étages de soubassement, un étage de comble. La mise en œuvre reprend les techniques observées alentour, notamment sur la commune de Colmars : des moellons de calcaire et de grès, de taille variable, assemblés avec du mortier de chaux et de sable. Le remontage laisse néanmoins apparaître l'utilisation de ciment contemporain. Le bâtiment occupe un peu moins de 100 mètres carrés au sol (15 x 6 m, épaisseur des murs comprise, soit 90 mètres carrés).

Le premier étage de soubassement, une vaste bergerie au sol plan et horizontal, témoigne d'un gros travail d'excavation. Contre le mur du fond sud-est, celui dans la pente, on voit les restes de ce qui ressemble à une banquette maçonnée sur toute la longueur de la paroi. Contre la façade intérieure sud-ouest, une mangeoire en bois plus récente est encore en place. La pièce est éclairée par une fenêtre en pignon nord, dont les dimensions laissent suggérer un agrandissement de l'ouverture : d'ordinaire, les espaces dévolus au troupeau n’en présentent pas de si importantes. Le remontage est manifeste au niveau de la poutraison dont témoigne l'usinage des poutres régulières. Une césure dans la maçonnerie des murs illustre également cette intervention postérieure. Au deuxième étage de soubassement, la porte d’entrée constitue l'unique ouverture sur la façade principale orientée au sud-ouest.

La déclivité du terrain rachète la différence de hauteur entre les deux soubassements, ce qui rend inutile la présence d'un escalier extérieur. La pièce, vidée de son mobilier, ne comprend que les restes d’une cheminée (le support de la hotte) contre le mur sud-ouest, une niche à proximité, ainsi qu’un placard mural ménagé dans la profondeur du mur nord-est. Le plancher est composé de larges planches de bois directement cloutées sur les poutres. Elle est éclairée par une fenêtre sur le pignon nord-ouest. Ici encore, le remontage est patent : dimension des ouvertures, embrasure de la fenêtre, linteau de bois usiné, nature du liant utilisé pour la maçonnerie. Le noir de fumée au niveau de la cheminée montre toutefois que le remontage a respecté les dispositions antérieures, voire que la cheminée seconde version a bien été utilisée. La pièce est prolongée au sud-est par un cellier peu profond voûté en berceau segmentaire qui, lui, semble d’origine. Le mode de fermeture de la porte d’entrée témoigne d’une mise en œuvre qui, pour être identifiée sur la commune ou ailleurs, est remarquable car le remontage de l’édifice permet une lecture complète du système. Il s’agit d’un trou percé creusé dans l’épaisseur du mur, habillé par des planchettes de bois qui assurent la présence d’un orifice régulier de section carrée, dans laquelle vient se ficher la barre intérieure de la porte, et assurer la fermeture.

L’étage de comble servait de fenil, avec une vaste hauteur sous faîtage (environ trois mètres) : l’accès s’effectue par une baie dans le mur sud-est. Le pignon nord-ouest est fermé par un essentage de planches verticales jointives. La charpente est simple : un assemblage de chevrons prenant appui sur des pannes. Des planches de mélèze (environ 1 mètre) servent de couverture à l’ensemble.

II. La dépendance agricole

L’entrepôt qui sert de dépendance relie vraisemblablement les parcelles 127, 128, 131 d’une part, 122 et 123 de l’autre, qui semblent ressortir de la même propriété et servent toutes de prés de fauche actuellement. Un chemin passe d’ailleurs derrière l’entrepôt qui matérialise la liaison. Cet entrepôt sur deux niveaux, inscrit dans la pente, présente à l’étage de soubassement une étable ou écurie (ce qui subsiste d’une mangeoire fait considérer que le lieu devait abriter des équins, type mulet) à laquelle on accède par le pignon ouest et un fenil à l’étage de comble, complètement ouvert à l’est. Les matériaux et mise en œuvre sont identiques à ceux observés sur le bâtiment principal.

L’intérêt de cet entrepôt réside dans son toit, qui repose littéralement sur la maçonnerie sans qu’il en soit solidaire. De sorte que si la partie minérale de l’édifice paraît d’origine, il n’en va pas de même de la charpente. Le travail d’assemblage des chevrons, qui propose une technique de fixation à mi-bois, l’un des deux chevrons étant lui-même fixé à la panne faîtière, a été observé fréquemment sur les entrepôts du Pays A3V, en zone alpine. La présence de clous à tête plate, en fer, usinés, montre que la charpente n’est pas d’origine, même si elle témoigne d’une technique ancienne attestée. Cette dissociation de la maçonnerie et de la charpente permet de remonter à moindre coût (de temps, d’effort et d’argent) la partie la plus fragile de l’édifice : la couverture. On observe qu’un ajustement artisanal a été réalisé pour assurer la stabilité de la charpente au niveau de l’arête sud : des moellons ont en effet été empilés notamment à l’angle sud-ouest pour atteindre à l’horizontalité des deux sablières sur laquelle le toit repose, puisque ce dernier n’est en contact avec la maçonnerie qu’au niveau des deux murs longitudinaux nord et sud. La forte poussée induite sur ces deux murs est contrebalancée par un fruit très prononcé. Le poids garantit en quelque sorte la solidité de l'ensemble, sur un territoire préservé des rafales de vent qui autrement pourraient menacer la construction. La couverture est assurée par des planches de mélèze d’environ 1,20 mètre de longueur, cloutées sur les pannes, et qui se chevauchent. En revanche la partie sommitale du toit est couverte en planchettes plus courtes – une quarantaine de centimètres – qui s’apparentent davantage au bardeau traditionnel.

On ne dispose pas d'information relative à la construction de cette ferme ni à l'entrepôt agricole qui l'accompagne. Tout au plus sait-on qu'ils n'étaient pas portés sur le cadastre napoléonien de 1827. L'ancienne parcelle 1827 C1 180 a été modifiée dans son découpage intérieur, même si la forme générale est demeurée inchangée. Elle comprenait un entrepôt agricole (ou "bâtiment rural", ancienne parcelle 182), qui a aujourd'hui disparu, soit parce qu'abandonné, il est progressivement tombé en ruine, soit, plus vraisemblablement, parce que la construction de la route du Col des Champs a nécessité sa destruction dans le courant du 20e siècle. Cependant, il apparaît très vraisemblable que la ferme et sa dépendance soient antérieures à l'aménagement de la route en question. Il semble bien en effet que celle-ci semble les éviter. En outre et malgré une mise en oeuvre moderne, l'édification d'un tel bâtiment n'aurait guère de sens en plein 20e siècle, alors que la production agricole allait diminuant. En revanche, le bâtiment principal a manifestement été remonté en respectant les dispositions d'origine dans la seconde moitié du 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle

La ferme est implantée parallèlement à la pente, sur trois niveaux : deux étages de soubassement, un étage de comble. La mise en œuvre reprend les techniques observées alentour, notamment sur la commune de Colmars : des moellons de calcaire et de grès, de taille variable, assemblés avec du mortier de chaux et de sable, sans enduit de couvrement. Le remontage laisse néanmoins apparaître l'utilisation de ciment contemporain. Le bâtiment occupe un peu moins de 100 mètres carrés au sol (15 x 6 m, épaisseur des murs comprise, soit 90 mètres carrés). La charpente est simple : un assemblage de chevrons prenant appui sur des pannes. Des planches de mélèze (environ 1 mètre) servent de couverture à l’ensemble.

L'entrepôt agricole qui sert de dépendance reprend les matériaux et la mise en œuvre observés sur le bâtiment principal. Il s'inscrit lui aussi dans la pente et sur deux niveaux : un étage de soubassement et un étage de comble. La couverture est assurée par des planches de mélèze.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • grès moellon
  • Toits
    bois en couverture, bardeau
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    F3a2 : ferme à maison-bloc en hauteur, à bâtiments accolés et/ou disjoints
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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