Dossier d’œuvre architecture IA04002428 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
ensemble pastoral dit cabanes de Mouriès
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Colmars
  • Lieu-dit près de Tête de Mouriès
  • Cadastre 1827 D4 799  ; 2014 D4 487
  • Dénominations
    ensemble pastoral
  • Appellations
    cabanes de Mouriès
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, fenil, enclos, cabane

I. L'ancienne cabane

L'ancienne cabane de Mouriès est située au pied du massif dit Tête de Mouriès, préservée des éboulis et autres avalanches par un replat naturel en contrehaut qui limite la force destructrice des chutes éventuelles. C'est en partie ce qui explique que l'actuelle cabane soit encore celle portée sur le cadastre ancien de 1827. L'édifice est implanté perpendiculairement à la pente, sur deux niveaux : un étage de soubassement et un étage de comble. Il se compose de deux bâtiments contigus non communicants dans le prolongement l'un de l'autre, formant un édifice en longueur. Le premier s'appuie littéralement sur un gros bloc de grès erratique en partie inclus dans la maçonnerie et la toiture du mur-gouttereau ouest. L'adjonction du second bâtiment contre le mur-pignon nord est visible par un léger décrochement de la ligne du toit à longs pans recouvert de tôle ondulée. La maçonnerie à moellons de grès liés au mortier de chaux sans enduit de revêtement est caractéristique, de même que le pignon nord en planches jointives. Le premier bâtiment, au sud, comprend à l'étage de soubassement une pièce divisée en deux parties inégales par une cloison en bois non intégrale sur la largeur. On y accède depuis l'extérieur par une porte située sur le mur-gouttereau est. L'espace principal reçoit au sol un plancher grossier. On y distingue contre le mur-gouttereau-ouest un emplacement délimité en hauteur par deux cloisons de planches horizontales montées sur champ que relie en partie basse une autre cloison de planches assemblées à l'identique, d'une hauteur d'environ 50 centimètres. Malgré la présence du plancher, il ne semble pas qu'il s'agisse de l'emplacement d'un ancien lit, mais plutôt un espace de stockage : il sert aujourd'hui à entasser les sacs de sel et les filets servant d'enclos mobiles pour les moutons. Divers rangements (essentiellement des étagères) sont aménagés contre le mur-gouttereau est, le mur-pignon nord ainsi que contre la cloison scindant en deux parties inégales cette grande pièce. Derrière cette cloison l'espace réduit au sol en terre battue sert actuellement de remise pour le matériel de berger, mais aussi semble-t-il de débarras. Il est possible que cette pièce, avant d'être séparée en deux espaces communicatifs, ait servi d'étable : on distingue en effet contre le mur nord les traces d'une ancienne banquette maçonnée.

L'accès à l'étage de comble s'effectue depuis l'extérieur par un escalier en pierre aménagé contre un muret de soutènement destiné à contrebuter le mur-gouttereau est de la cabane, suite à la poussée naturelle. Une porte sur le mur-pignon sud permet de mener à la pièce à vivre dotée du confort moderne minimal (sol parqueté, poêle, espace cuisine, literie, mobilier en bois de facture récente). Peut-être s'agit-il d'un ancien fenil qui aurait perdu sa fonction première. Le second bâtiment accolé au nord comprend lui aussi deux étages d'une pièce chacun dont l'accès respectif reprend symétriquement ceux du bâtiment principal. L'étage de soubassement tient encore aujourd'hui lieu d'étable à mulets, et une cloison en bois et fil de fer grillagé a pu enclore un espace servant de poulailler, dans l'angle nord-ouest. Le reste du mur-pignon nord contient des étagères pour ranger du petit matériel. L'étage de comble, parqueté, sert actuellement de dortoir auquel on se rend en empruntant une échelle amovible en bois. Ici encore, la fonction première de fenil, identifiable à la baie fenière, a été modifiée.

La cabane dispose d'un vaste enclos monté en pierre sèche, ce qui fait de l'édifice un ensemble pastoral. L'enclos lui-même affecte une forme irrégulière : il n'est pas fermé dans sa partie nord-est, du moins pas par un muret pérenne mais une sorte de seuil empierré dans le prolongement de la porte de l'étable semble en marquer physiquement l'entrée. Outre celle-ci deux accès opposés sont ménagés dans l'enclos, la première au sud-ouest, qui constitue l'entrée haute, la seconde au nord-est, en partie basse. L'enclos est aménagé en creux dans sa partie haute à l'ouest en mettant à profit la dénivelée du terrain. Plusieurs espaces le constituent, qui jouent du relief mais aussi des blocs de rochers lesquels permettent physiquement d'établir une sorte de zonage intérieur. On distingue par ailleurs des seuils empierré qui accusent cette impression de compartimentage qui n'est pas forcément cloisonné matériellement. Comme de nombreux autres enclos, celui-ci comprend un sol grossièrement empierré.

L'ensemble pastoral dispose aussi d'un point d'eau dans la partie sud-est. Enfin, trois niches contiguës et recouvertes d'un toit en tôle ondulée sont aménagées contre l'enclos, à l'extérieur, et le bloc erratique partiellement intégré dans la maçonnerie de la cabane.

II. La nouvelle cabane de Mouriès

La seconde cabane de cet ensemble pastoral est contemporaine. Elle a été bâtie près d'un enclos irrégulier monté en pierre sèche. Il faut voir dans cette autre construction un complément moderne à l'ancienne cabane, agrémenté de tout le confort moderne. Elle n'entre donc pas dans la typologie retenue des cabanes d'estive, même si elle témoigne par sa présence d'une pérennité de l'activité pastorale locale.

On trouve la mention "Cabe de Mouries" sur la carte de Provence des ingénieurs cartographes militaires, Région des frontières Est de la France, levée par Bourcet de la Saigne et Le Michaud-d'Arçon entre 1764 et 1778. Mais la zone contenant trois bâtiments, il est difficile de déterminer avec certitude si l'appellation vaut pour l'ensemble. L'une des constructions étant plus à l'écart, il semble logique de penser que l'appellation la concerne seule. Cela montre en tout cas que le site était occupé par une voire plusieurs cabanes d'estive dès le troisième quart du 18e siècle, et sans doute avant. Le cadastre ancien levé une cinquantaine d'années plus tard (1827) en revanche ne fait plus état que d'une cabane explicitement désignée sous l'appellation "cabane de mouries". Est-ce physiquement la même que celle portée à la fin du 18e siècle ? Il est impossible de l'affirmer même si on peut le penser. En 1827 le bâtiment (parcelle 799) ainsi que quinze autres parcelles non construites étaient la propriété du sieur André Ventre dit Roumeiroun, habitant le hameau de Villars-Colmars. Sur les quinze parcelles de terrain on dénombrait une terre vague (mélèzes épars, parcelle 790), trois autres terres vagues (parcelles 791, 795 et 804) et surtout onze de pâturage (parcelles 792, 793, 794, 796-798, 800-803 et 805). La cabane actuelle occupe le même emplacement : il s'agit du même bâtiment, encore en fonction. Une seconde cabane, dotée du confort moderne et sous la même appellation, a été construite récemment à quelques dizaines de mètres en contrebas. On parle aujourd'hui de l'ensemble des cabanes de Mouriès.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle , (incertitude)

  • Murs
    • grès moellon
  • Toits
    tôle ondulée
  • Étages
    étage de soubassement, étage de comble
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    IIIa1 : dépendance agricole accolée et/ou disjointe avec enclos attenant
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

La cabane d'André Ventre et sa pâture étaient idéalement placées, puisqu'elles bordaient une partie de l'ancienne draye ou chemin des troupeaux ainsi que l'ancien chemin muletier dit de Lignin sur le cadastre napoléonien. Ces voies sont encore partiellement utilisées aujourd'hui par les bergers, leurs troupeaux et aussi les randonneurs.

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Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    CH 194, carte n° 4.
  • Plan cadastral de la commune de Colmars, 1827. / Dessin à l'encre sur papier par Casimir Fortoul, Frison, Lambert, Allemand, Mathieu et Bouffier, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 061 / 001 à 018.

    Section D, feuille 4.
Date d'enquête 2013 ; Date(s) de rédaction 2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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