Dossier d’œuvre architecture IA04002381 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
ensemble pastoral dit cabane de Grand Paul
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Colmars
  • Lieu-dit Montagne de Grand Paul
  • Cadastre 1827 C4 872-878  ; 2013 C4 604-605
  • Dénominations
    ensemble pastoral
  • Appellations
    cabane de Grand Paul
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, entrepôt agricole, enclos

I. Présentation générale

L'ensemble pastoral dit cabane de Grand Paul est situé sur la pente de la montagne de Grand Paul, au-dessus du lieu-dit le Pont de la Serre, à 1 960 m d'altitude. Il se compose de deux bâtiments proches l'un de l'autre (quelques mètres) : une cabane pastorale et un entrepôt agricole, auxquels sont adjoints plusieurs enclos étagés dans la pente. Cet aménagement était entouré de terres cultivables, les zones de pâturages étant à proximité mais non contiguës à cette zone (au nord).

Les deux bâtiments sont construits à l'identique : maçonnerie de moellons de grès liés au mortier de chaux et de sable constituant une charge grumeleuse peu homogène et de piètre qualité.

II. La cabane pastorale

La cabane pastorale proprement dite est inscrite dans la pente. D'une surface au sol d'environ 12 mètres carrés (4 x 3) murs compris, elle se déploie sur trois étages, un de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble. Ce bâtiment s'apparente fonctionnellement à une petite maison de type logis entre parties agricoles. L'étage de soubassement, voûté en berceau plein-cintre tenait lieu d'étable à mulet, celui de comble de fenil ainsi que de grenier. L'entrée du logis en rez-de-chaussée surélevé s'effectue sur le pignon principal, sur la façade nord-est. Il est équipé d'une cheminée avec âtre et hotte dans lesquels on a inséré un poêle. Le mobilier est très modeste : on observe également une table à deux plateaux étagés rendus solidaires par une planchette de bois cloutée à l'un des pieds de la plus haute table. Le fond de la pièce est entièrement occupé par un lit de berger qui donne une idée de l'exiguïté des lieux. On observe dans ce recoin une niche aménagée dans la paroi (au pied du lit) ainsi qu'un petit reposoir à chandelle à la tête. Le sol repose sur l'extrados de la voûte. Des dalles de pierre plate reposent sur le remplissage en terre des côtés alors que la partie sommitale, en petits moellons, est laissée visible. Le fenil, ouvrant sur le pignon principal nord-est, est couvert par un toit à longs pans en bardeau de mélèze. On distingue, sur et près de la porte d'entrée à l'extérieur, des dates portées traduisant des occupations variées au fil du temps depuis la fin du 19e siècle (1894/J.P, 29.9.1934, TF 77 ou encore A.R. 1999) ainsi que deux graffiti représentant chacun un visage d'homme représenté de profil (sans doute de bergers ayant séjourné dans cette cabane). D'autres initiales sont discernables, notamment celles désignant manifestement un berger locataire pendant plusieurs saisons.

III. L'entrepôt agricole

On trouve un entrepôt agricole au-dessus de la cabane, lui aussi inscrit dans la pente. De dimensions bien plus importantes que celles de la cabane, (7 X 4 m soit 28 mètres carrés murs compris) il se déploie sur trois niveaux également. Le premier, en étage de soubassement, tenait lieu de bergerie. Le rez-de-chaussée surélevé, de remise et certainement de grenier pour le produit des cultures autour des bâtiments. On remarque une rampe d'accès empierrée au niveau du sol ainsi qu'une estrade empierrée au seuil de la pièce : certainement une sorte de plate-forme de déchargement. L'étage de comble servait de fenil pour le fourrage, et peut-être aussi de grenier. Contrairement aux deux étages précédents, l'entrée s'effectue non par le gouttereau sud-est, mais sur le pignon nord-est. Une estrade en forme d'arc de cercle délimitée par des pierres ainsi qu'un degré sommaire de deux marches permettait d'atteindre le plancher. L'entrepôt était couvert d'un toit à longs pans en bardeau de mélèze. Il s'est effondré.

III. Les enclos

Le terrain charrie des blocs irréguliers mais de taille importante dont les aménageurs ont manifestement tiré parti pour l'édification des murs de délimitation des différents enclos montés en pierre sèche, mais aussi ponctuellement pour les murs des deux bâtiments. L'ensemble est en effet enceint dans un système de quatre enclos qui s'étagent sur le relief et communiquent entre eux. En effet, on peut discerner un premier espace en partie ouvert sous la cabane, un second à l'est de celle-ci, avec un chemin traversant d'est en ouest qui conduit à l'entrée du logis et longe un mur de soutènement délimitant une terrasse en surplomb sur laquelle vient s'établir l'entrepôt. Un troisième enclos prend place le long du gouttereau nord-est de l'entrepôt. Le quatrième s'étire en longueur, d'est en ouest. Il est partiellement empierré et se divise en deux parties : étroit dans sa section est jusqu'à l'entrepôt, il devient plus profond ensuite (partie ouest) : une sorte de seuil empierré délimite les deux sections. Les murets sont de hauteur variable, en fonction de l'état de conservation des enclos. Dans la partie supérieure au nord, dans la mesure où ils tiennent aussi lieu de murs de soutènement, ils atteignent une hauteur d'environ 1,20 mètre. C'est dans cette zone que l'on pouvait parquer les moutons, plus précisément dans l'enclos situé au nord-ouest, puisqu'il fermait. Cette section disposant d'une surface au sol d'environ 120 mètres carrés, donc vaste mais pas immense, il faut toutefois supposer que les autres enclos devaient aussi accueillir une partie du troupeau. L'état de délabrement de l'enclos le plus au sud ne doit pas conduire à penser qu'il n'occupait pas également cette fonction dans le passé. Quant à la partie ouest, elle est complètement ouverte sur l'extérieur. Le nombre et la disposition des différents enclos jouait certainement un rôle dans la répartition des fonctions ou du parcage des bêtes. Cet ensemble délimité constitue un quadrilatère irrégulier d'environ 25 m de côté d'est en ouest et du nord au sud.

Les parcelles de terre contiguës à cette partie aménagée occupent la zone ouest et sud-ouest. D'autres, liées aux zones historiques de pâtures et de prés de fauche, sont situés à l'est et au nord-ouest.

Les Cartes de Provence des ingénieurs cartographes militaires pour les frontières Est de la France levées par Jean Bourcet-de-la-Saigne entre 1764 et 1769 indiquent qu'existaient à cette époque un ensemble de trois bâtiments mentionnés comme "Bastide de Ratier", et qui occupent la même zone que l'ancienne cabane de Charpinoroun aujourd'hui appelée Cabane de Grand Paul. Pour autant, il est impossible de déterminer si partie des bâtiments portés sur la carte par Bourcet de la Saigne correspondent à l'un, l'autre voire aux deux bâtiments portés sur le plan figuré de 1827. En revanche, tout indique que ces derniers sont bien les mêmes que ceux en place aujourd'hui. En 1827, la cabane appartenait à Paul Barbaroux, domicilié à Villars-Colmars (où il possédait une maison, un bâtiment rural avec cour ainsi qu'un jardin potager). A Colmars, sur les pentes de la montagne de Grand Paul, il disposait donc de deux bâtiments ruraux (parcelles 875 et 876) et de terres contiguës de ces deux bâtiments ou à proximité immédiate (parcelles 863-867, 870, 872-874, 877-878 et 934). La plus ancienne date portée, qui correspond à une inscription de berger, remonte à 1894. La plus récente, à 1999, ce qui signifie que la cabane était encore utilisée à cette date. Depuis, il semble qu'elle ait été progressivement délaissée, comme en témoigne l'état de délabrement des deux bâtiments.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle , (incertitude)

L'ensemble se compose d'une cabane pastorale, d'un entrepôt agricole et de plusieurs enclos. La mise en oeuvre des bâtiments utilise le moellon de grès non équarri lié au mortier de chaux et de sable. L'élément principal de l'ensemble, la cabane, qui menace ruine mais présente encore une structure intègre contrairement à l'entrepôt agricole, est implanté dans un terrain en pente et construit sur trois niveaux : étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé et étage de comble, pour une organisation proposant un logis entre deux parties agricoles, sous un toit à longs pans et pente accusée qui a conservé sa couverture en bardeau de mélèze. Quatre enclos complètent les aménagements.

  • Murs
    • grès moellon
  • Toits
    bardeau
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    IIIa1 : dépendance agricole accolée et/ou disjointe avec enclos attenant
  • État de conservation
    menacé
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Il s'agit d'un ensemble pastoral composé de deux bâtiments : une cabane d'estive et un entrepôt agricole. L'ensemble remplit plusieurs fonctions. Outre la fonction logis, indispensable à la cabane pastorale, on observe des fonctions d'élevage bien sûr mais aussi agricoles en lien avec l'activité de culture. La monoactivité d'élevage ovin n'était donc pas encore de mise au 19e siècle pour l'ensemble de Grand Paul. Cet ensemble est menacé de ruine. L'entrepôt agricole a perdu son toit et une partie de son étage de comble. La cabane était en 2013 dans un état très précaire avec un risque de destruction liée à des faiblesses structurelles manifestes.

Or, l'intérieur du logis présentait encore à cette date un mobilier de berger rustique caractéristique et utile à la compréhension d'un mode de vie saisonnier spécifique tel qu'il existait encore dans la première moitié du 20e siècle, et qu'il conviendrait de conserver, les exemples tendant à disparaître inexorablement : lit de berger et table à double plateau, chacun étant fixé au pied monoxyle par une charnière de cuir, en composent les éléments les plus remarquables.

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Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Détail de la feuille 194-4.
  • Plan cadastral de la commune de Colmars, 1827. / Dessin à l'encre sur papier par Casimir Fortoul, Frison, Lambert, Allemand, Mathieu et Bouffier, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 061 / 001 à 018.

    Feuille C4.
Date d'enquête 2012 ; Date(s) de rédaction 2013
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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