Dossier d’œuvre architecture IA84000075 | Réalisé par ;
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
église paroissiale Notre-Dame-de-Toutes-Fleurs, Saint-Elzéar (Eglise Semi-Troglodytique)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Cabrières-d'Aigues
  • Cadastre 1971 AE 86  ; 1856 B 1320
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Précision dénomination
    église semi troglodytique
  • Vocables
    Notre-Dame-de-Toutes-Fleurs, Saint-Elzear

HISTORIQUE

Aujourd'hui simple chapelle privée, cet édifice fut jadis l'église paroissiale de Cabrières.

La date de sa construction n'est pas connue. Elle remonte sans aucun doute à l'époque même de la naissance de l'agglomération autour du château seigneurial, entre la fin du XIIIe et le premier tiers du XIVe siècle. La paroisse était alors l'église Saint-Jean de Roubians, située à plus d'un kilomètre au nord-ouest du nouveau village. On construisit donc pour celui-ci une église annexe, sous le titre de Notre-Dame 1, et on constitua, pour la desservir, une vicairie perpétuelle dont le titulaire était nommé par le prieur de Saint-Jean de Rouvians. C'est cette vicairie qui acquittait au début du XIVe siècle, sous le nom d'église de Roubians (ecclesia de Robians ; le vicaire desservait aussi l'église Saint-Jean), la taxe synodale - deux sous quatre deniers et le tiers des offrandes mortuaires - due à l'archevêque d'Aix 2. Elle formait un bénéfice ecclésiastique distinct du prieuré et payait, à ce titre, la décime : on la trouve taxée à 36 sous et 8 deniers sur le compte de décimes de 1351 3. La première mention explicite de l'édifice figure dans le registre des visites pastorales des années 1340 à 1345, à la date du 24 avril 1343 : l'archevêque la trouva magnifiquement ornée (libris et ornamentis pulcherrime adornata) ce qui n'a rien pour surprendre puisque l'église et son mobilier étaient alors quasiment neufs 4. Dès cette époque, une chapellenie y fut fondée par une femme noble, Raimonde de Rousset, dont le recteur était en 1407, Jacques Guilhem, chapelain de Cucuron 5.

Le procès-verbal de la visite pastorale de 1423 la signale en bon état 6. L'année suivante, un nouveau vicaire, Pierre Cauvin, prêtre originaire de Cucuron nommé par le prieur Charles de Burnas, y prit possession de ses fonctions en ouvrant et fermant les portes, prenant et reposant le crucifix placé sur le maitre-autel et en faisant sonner les cloches 7. L'inventaire, dressé 14 octobre 1424 par le même vicaire des biens de sa vicairie, ne prend en compte, dans l'église même, que certains éléments du mobilier du maitre-autel : deux nappes, un devant d'autel en cuir, un crucifix de laiton, deux burettes et deux chandeliers de fer. Il fait aussi état d'un certain nombre d'objets confiés par les paroissiens au vicaire et conservés dans l'église, parmi lesquels un calice d'argent doré avec sa patène, deux vêtements sacerdotaux complets, l'un bordé de rouge, l'autre de futaine blanche avec une croix rouge, cinq livres (missel, ordinaire, psautier, légendier et responsoir), dont deux reliés de cuir noir, une grande croix processionnelle de laiton doré 8. Ce texte montre bien qu'à cette date l'église de Cabrières a pris le pas sur celle de Saint-Jean et qu'elle est devenue le siège principal de la vicairie et le cadre ordinaire du culte paroissial. Quant aux habitants, s'ils continuent à se faire enterrer dans le cimetière de Saint-Jean, près de leurs ancêtres, ils favorisent de leurs legs les autels de l'église de Cabrières, le maître-autel dédié à Notre-Dame et les autels latéraux de Saint-Antoine et de Sainte-Catherine 9.

On manque de renseignements au sujet de l'église de Cabrières durant la période de désertion du village - l'entretien de l'édifice et le service religieux durent continuer à être assurés au moins épisodiquement - ainsi que lors de son repeuplement. En 1501, six ans après l'acte d'habitation, la vicairie était estimée valoir la faible somme de 10 florins 10. La situation, sur le plan économique, dut s'améliorer dans les années suivantes, car en 1511, le prieur de Cabrières tirait de sa prébende 73 charges de grain (froment, seigle, avoine et orge) de rente annuelle 11. Sur le plan spirituel, en revanche, ce fut une autre affaire : les nouveaux habitants de Cabrières étaient vaudois et adhérèrent, en 1532, à la réforme protestante. Privée de paroissiens, l'église fut désertée par son desservant ; le vicaire, peu soucieux d'affronter une population d'abord indifférente, puis hostile, cessa de résider dans sa paroisse et se contenta, dès lors, comme le prieur, d'en percevoir les revenus - et abandonnée. En 1582, l'archevêque d'Aix la trouva ... "ruynée, sans aulcung retable, n'ayant rien d'entier que ce qu'est dans le roc" et fut informé par les consuls du lieu que"··· despuis vingt ans (c'est-à-dire depuis le début des guerres de religion) ne y a esté faict aulcung service, despuis lequel temps la dicte église feust ruynée". Constatant que la population tout entière était protestante et qu'il ne pouvait être question dans ces conditions de rétablir à Cabrières un culte régulier et normal, l'archevêque décida d'envoyer en mission un prêcheur, pour tenter de convertir les habitants de la vallée d'Aigues, et affecta à ce missionnaire comme rétribution une somme de 100 écus imposée sur les prieurs des églises de Cabrières, La Motte, Peypin et Saint-Martin-de-la-Brasque, ainsi que sur le vicaire de Cabrières, Joseph Meissonier, prêtre bénéficié du chapitre d 'Aix 12. La mission, prévue pour durer un an, n'eut aucun succès et les vicaires successivement nommés - André-Nicolas Bourrïrry, Pierre Achard (1597), Jacques Jaucelme (1602) 13 - continuèrent à jouir, de loin, de leur sinéruce.

Dès le retour de la paix, d'ailleurs, et la proclamation des édits de tolérance, les habitants de Cabrières commencèrent à s'intéresser à leur église. Considérant l'édifice comme abandonné par les autorités catholiques et comme appartenant à leur communauté, ils le restaurèrent et s'en servirent pour leur culte. Et c'est un temple qu'à son grand scandale visita l'archevêque d'Aix le 7 novembre 1620 : " ... arrivés audict lieu de Cabrières, nous ayant esté dict le lieu estre composé d'environ six-vingts (120) maisons et n'y en avoir que trois ou quatre de catholiques, le reste de la R.P.R. , ayant mandé appeller le baille ou Jean Jordan et Jean Orsel, consuls du dict lieu, enquis sur ce que dessus, nous auroict dict le mesme, disant y avoir environ quarante personnes habitans au dict lieu (catholiques ; les témoins,"intimidés par la présence du prélat, exagèrent probablement leur nombre) et le reste de la religion ; et, en leur compagnie, serions allés en l'église"parroichialle dudict lieu soubs le titre Nostre-Dame de Toutes Fleurs, située dans le roc, qu'aurions trouvée ouverte et servir à présent de Temple pour ceux de la dicte religion, estant le presbitère (= le chœur) encore voûté fort vieilh et le reste nouvellement couvert d'un toict, sans voûte ny autrement de plastre, y ayant une chère de bois et une grande pierre d'autel au mitan, de laquelle on se sert de la dicte pour faire la Cène, et plusieurs bancqs desdicts de la religion ...". Laissé à l'abandon par le prieur - un chanoine de Saint-Sauveur, qui retirait de son bénéfice au moins 230 écus par an - et par le vicaire - un prêtre de Cucuron, nommé Antoine Char, qui percevait une rente annuelle de 9 charges de grain et assurait un service religieux dominical pendant la belle saison (de mai à octobre) à l'église Saint-Jean - l'église de Cabrières, à demi ruinée, avait donc été sommairement restaurée et transformée en temple par les habitants.

Comme en 1582, l'archevêque, faute de pouvoir rétablir le culte normal, fit contribuer les bénéficiers de la Vallée d'Aigues à l'entretien d'un prêtre missionnaire, d'ailleurs sans plus de succès que son prédécesseur 14. Il entreprit, simultanément, une action en justice pour récupérer l'église et la rendre à sa destination primitive. Sur ce plan, du moins, il eut quelque réussite. Lors de la visite suivante, le 23 avril 1633, le vicaire de Cabrières avait repris possession de l'église et y avait restauré le maître-autel, en l'honneur de la Vierge, orné d'un retable peint et de deux chandeliers de laiton 15. Dans les années suivantes, l'effort fut poursuivi assez mollement, le prieur- Honoré Bonfils, chanoine d'Aix - fit la dépense d'un calice. Mais en 1639, le vicaire, Antoine Achard, ne résidait toujours pas à Cabrières et l'office, pour lequel il fallait emprunter aux Servites de l'Annonciade de Cucuron les vêtements et objets liturgiques nécessaires, n'était assuré qu'épisodiquement pour les quatre ou cinq familles catholiques du lieu. Mal surveillée et entretenue, l'église de Cabrières recommençait d'ailleurs à se dégrader et la toiture donnait des signes de faiblesse 16.

Cette situation s'améliora par la suite lentement. En 1654, le vicaire habitait Cabrières et y assurait un service régulier, mais il devait y louer une maison, la maison chaustrale n'étant pas en état d'être habitée, et la couverture, le mobilier de l'église (en particulier les vêtements liturgiques) restaient insuffisants 17. L'année suivante, peu après avoir pris ses fonctions, le vicaire Eucher Arnaud dressait, en réponse à une demande d'information de l'archevêque d'Aix, un tableau de sa paroisse, un édifice médiocre, un seul autel, très peu d'ornements, un mobilier réduit au minimum (un missel, deux chandeliers, une lampe, un calice, une petite cloche), pas de chaire ni de fonts baptismaux ; une trentaine de paroissiens (9 maisons catholiques et 2 mixtes sur un total de 120) à peine, aucune fondation ni chapellenie, c'est-à-dire peu de travail, mais aussi de profits pour le vicaire, dont les revenus (200 livres par an) ne sont pas suffisants pour son entretien et celui d'un diacre 18. Ces informations sont confirmées par le procès-verbal de la visite pastorale de 1656 19. La visite de 1674 enregistre peu d'améliorations : le mobilier reste indigent - il n'y a ni confessionnal, ni chaire - et le nombre des fidèles stationnaire 20. A la même date, le prieur de Cabrières, René de Barrême, chanoine d'Aix, percevait 800 livres de rente annuelle pour ce seul bénéfice 21. Encore son successeur, Joseph de Thoron d'Arctignosc, qui touchait 750 livres par an et n'en déboursait que 236 pour les appointements du vicaire et du diacre, se plaignait-il en 1681 de supporter des charges excessives 22. Le vicaire, à la même date, se plaignait pour sa part de la pauvreté du mobilier de l'église resté inchangé depuis 1656 ; ses relations avec la communauté, déjà difficiles auparavant, étaient devenues particulièrement épineuses par le rôle qu'il devait jouer, de plus ou moins bon gré, dans la répression catholique qui s'appesantissait alors sur les habitants. On lui demandait, en effet, de transmettre et de faire exécuter diverses mesures de contrainte : interdiction au pasteur de prêcher en dehors de son lieu de résidence et d'enseigner, obligation pour les habitants de rétribuer un maître d'école - bien entendu catholique - pour instruire leurs enfants 23.

Quatre ans plus tard, en 1685, ayant obtenu par la force la conversion apparente (ou le départ) des protestants, le roi Louis XIV révoquait l'Edit de Nantes et les mesures de tolérance concédées par ses prédécesseurs. Dès lors, l'église redevenait un centre d'animation du village et le vicaire un personnage important de la vie locale. On trouve successivement à la tête de la paroisse Vincent Arnaud, François Asse, d'une famille de notables de Grambois nommé en 1686 24, Laurent Roux, remplacé en 1723 par François Philippe 25. Une chapellenie fut érigée, sous le titre de Saint-Michel, dans l'église de Cabrières, dont le recteur était, en 1693, Joseph Collavier, professeur de théologie 26. Le prieur, qui tirait, en 1724, de sa prébende un revenu annuel de 822 livres, dut augmenter la rétribution du vicaire (la congrue passe ainsi de 200 à 300 livres) et celle du diacre 27.

Les habitants s'étaient d'abord soumis à leur sort, étroitement surveillés et tenus en tutelle par les autorités civiles et ecclésiastiques. Après la mort de Louis XIV, la surveillance se relâcha peu à peu et les "nouveaux convertis" commencèrent à se rebeller. En 1725, ils élevèrent des plaintes contre leur vicaire, Hyacinthe Sarnet qui exigeait un casuel trop élevé et "brimait" la population 28, mais, en dépit de deux tentatives faites pour le remplacer 29 (celui-ci fut maintenu en place et fit, en 1728, la déclaration de ses revenus devant le Bureau diocésain du clergé : 354 livres en tout, comprenant la congrue, la contribution du prieur aux frais du culte (36 livres), le casuel (15 livres) et une fondation de messes (3 livres), desquelles devaient être défalquées 75 livres pour l'entretien du clerc et les fournitures diverses, cire, vin, pain,encens, huile, etc. 30. Vers 1730, d'après un "état du diocèse d'Aix", malgré tous les efforts déployés depuis deux générations, le nombre des catholiques pratiquants était resté stationnaire (une trentaine), tandis que les "nouveaux convertis" désertaient l'église systématiquement et ouvertement, empêchant même par la force le maître d'école d'endoctriner leurs enfants 31.

Quant à l'église paroissiale, son état ne s'améliorait pas. La communauté, théoriquement obligée d'en assurer l'entretien, faisait la sourde oreille. Pour une population de plus de 400 habitants, l'édifice aurait d'ailleurs du être beaucoup exigu - mais la plupart des habitants ne s'y rendaient qu'à l'occasion de leur mariage. L'archevêque d'Aix, lors de sa visite de 1700, prescrivit la construction d'une nouvelle église, avec un presbytère contigu, sur la place au centre du village. En 1712, son successeur, Monseigneur de Vintimille, ordonna la mise à exécution du projet dans un délai de deux ans sous peine de mise en interdit de l'église, mais ne fut pas mieux obéi. Ses exigences, réitérées en 1727 32 et en 1743 33, furent finalement prises en compte : l'actuelle église remplaça, en 1745, la vieille paroisse. Désormais inutile, cette dernière fut désaffectée et mise en vente.

Achetée, à la fin du XIXe siècle par le duc de Sabran, propriétaire du château d'Ansouis, elle a été rendue au culte (très occasionnellement : elle ne renferme, comme mobilier, qu'un autel nu) sous le nom de chapelle Saint Elzéar.

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

L'église est située sur le bord occidental de la falaise qui domine le village et sur laquelle se trouvait le château ; une série d'escaliers l'entourent au sud et à l'est ; des jardins la flanquent au nord. Une petite cour précède sa façade antérieure. Creusée en grande partie dans la falaise et recouverte d'une maison, l'église est à peine visible, seules ses façades sud et ouest sont nettement apparentes du village.

Matériaux et leur mise en œuvre

- La presque totalité de l'édifice est creusée dans le safre.

- La façade antérieure sud présente quelques assises en moyen appareil de même pierre, posées directement sur la roche taillée à cet effet en escalier au-dessus de la porte

- Le reste de cette façade et les autres murs sont construits en blocage de moellons.

- L'intérieur est enduit.

Parti général, plan, coupes et élévations intérieures

A. Parti général

L'édifice comprend une nef d'une travée et un chœur flanqué de deux chapelles.

B. Plan en T

La nef n'a qu'une travée voûtée d'arêtes ; elle est séparée du chœur par un doubleau brisé ; chœur de plan carré voûté d'ogives dont la clef est orné de l'agneau et flanqué à l'est d'une abside de plan rectangulaire, au nord et au sud de deux chapelles de plans irréguliers .

- Seules la nef et le chœur ont une voûte construite ; celles des chapelles sont taillées dans la roche, de forme assez irrégulière ; chacune possède une section qui s'apparente à la voûte d'arête, avec des parties planes se recoupant en arêtes vives.

- Il n'existe aucun collage à l'exception du mur ouest de la nef, entièrement bâti, et accolé contre le mur sud dont les arrachements sont visibles à l'extérieur ; ce mur porte le départ d'un berceau appareillé.

- Les seuls collages sont ceux du mur ouest de la nef qui est entièrement bâti et accolé, légèrement en retrait, sur le mur sud ; la tranche de celui-ci porte le départ d'un berceau appareillé.

C. Coupes

1) Coupe nord-sud : elle indique les parties taillées dans le rocher ; la croisée d'ogives dépasse le niveau des chapelles ; elle était éclairée au sud par une fenêtre qui donne aujourd'hui dans la maison construite au-dessus de l'église.

2) Coupe est-ouest o : la nef et le chœur sont actuellement de hauteurs à peu près identiques. La voûte d'arêtes de la nef retombe sur une retraite du mur sud, à hauteur d'appui de la fenêtre, tandis qu'elle se raccorde assez mal au mur nord qui présente une retraite à la même hauteur.

D. Élévations intérieures

D'une manière générale, les parties entièrement taillées dans le rocher sont assez irrégulières et présentent quelques particularités : l'entrée de la chapelle nord a été buchée, à l'est, vraisemblablement pour placer un meuble ; l'entrée de la chapelle sud a conservé son aspect d'origine ; elle est surmontée de la fenêtre en plein cintre, ébrasée, donnant dans la maison ; une petite chapelle, en contrebas d'une marche, présente, au sud, deux niches en mitre, à l'est, un renfoncement peu profond où devait être logé un retable ; diverses niches et ouvertures ont été murées. L'abside a un berceau irrégulier ; l'autel est moderne. Dans les angles du chœur, les ogives retombent sur des culs-de-lampe figurant des chapiteaux avec leur tailloir portés par des colonnes tronquées ; le cul-de-lampe de l'angle sud-ouest est amorti par une tête abîmée, à la chevelure ondulée

- Le mur sud de la nef est marqué d'un cordon mouluré (très empâté, d'aspect assez simple) faisant retour sur le tailloir d'un chapiteau à crosses couronnant le reste d'une colonne en partie englobée dans le mur ouest. Les autres élévations de la nef n'ont rien de particulier. Le cordon n'existe pas au niveau de la retraite du mur nord.

Élévations extérieures

- Façade antérieure sud : les trois niveaux sont nettement indiqués par leur nature : le premier, percé de la porte en arc en segment est taillé dans la roche ; le second, percé d'une fenêtre en plein cintre est en moyen appareil ; le troisième, percé d'une fenêtre rectangulaire, est en blocage ; il correspond au premier étage de la maison. L'angle sud-ouest de la façade est démoli aux deux niveaux inférieurs, et repris avec une chaine d'angle au troisième.

- Façade latérale ouest

- Nef : l'extrémité du mur sud, qui dépasse à la base de 80 cm, et l'angle-nord-ouest, sont taillés dans le rocher. La moitié inférieure de la façade est en blocage irrégulier, percée d'une fenêtre en plein cintre. L'angle nord-ouest et la partie supérieure constituent une reprise,construite en blocage plus régulier. Génoise à deux rangs.

- Chapelle sud : taillée dans le rocher, elle était percée de deux portes aujourd'hui murées ; sa partie gauche en ressaut forme le soubassement du mur de la maison construite au-dessus ; la partie droite est le rebord de la terrasse qui précède cette maison.

- Façade nord de la nef, en appentis ; elle ne présente rien de particulier.

Distribution intérieure

Le sol est partout taillé dans le rocher. L'abside et le chœur sont crépis ; les voûtes du chœur et de la nef, ainsi que les murs de celleci sont peints en blanc.

NOTE DE SYNTHÈSE

Il semble que l'essentiel de l'édifice a été taillé dans la falaise au cours d'une campagne continue, car, malgré les irrégularités du plan, le parti est nettement défini ; les voûtes des chapelles sont de même forme ; le chœur ne présente pas de reprises.

Cependant la nef a été en partie reconstruite, et couverte de la voûte d'arêtes actuelle dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

Les traces visibles indiquent qu'une seconde travée existait à l'ouest de la travée existante et a pu être détruite lors d'un effondrement de la falaise : l'angle sud-ouest actuel présente un chapiteau engagé et un tronçon de colonne pris dans le mur ouest ; le mur sud présente à l'extérieur un arrachement en ressaut de 80 cm sur le mur ouest. D'autre part, l'épaisseur des murs nord et sud, le cordon du mur sud et l'arrachement à la partie supérieure de celui-ci indiquent que le couvrement était en berceau. La hauteur de l'arc d'entrée du chœur impliquerait que ce berceau fût brisé.

1Le vocable de l'église, qui était aussi celui de la vicairie, a varié au cours des temps : on trouve successivement Notre-Dame de Belles Fleurs (de Pulcris Floribus) en 1424, des Vergers (das Vergiers) en 1525, de Toutes Fleurs en 1620, 1655, 1674, 1687 et 1723, de Mille Fleurs ou de Toutes Fleurs de 1725 à 1747. Le curieux vocable, qui n'a pas d'équivalent en pays d'Aigues, n'est plus utilisé ni même connu aujourd'hui. Son origine et sa signification demeurent mystérieux.2CLOUZOT (E.) Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles, d'Avignon et d'Embrun... Paris, 1923, p. 29. 3Ibidem, p. 45. Elle ne figure pas, évidemment, sur le compte de décimes de 1274. 4A. P. (G . Demians d'Archimbaud), Procès-verbaux de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1340-1345, f° 69 v°.5A. C. Cucuron, FF 30, livre des lods et trezain de la baronie d'Ansouis, 1398-1452, f° 59 v° : Jacques Guilhem verse, le 5 février 1407, 5 florins pour les droits de mutation dus, tous les 13 ans, au baron d'Ansouis pour les biens de la chapellenie. 6A. D. 13 (Marseille), G 201 bis.7A. D. 13 (Aix), 308 E 225, Prise de possession de la vicairie de Cabrières, 20 avril 1424.8Ibidem, Inventaire des biens de la vicairie de Cabrières, 14 octobre 1424.9Ibidem, Testaments de Catherine Estellesse et de Pierre Figuière, 26 février 1424 (1425 N.S.).10A. D. 13 (Aix), 306 E 427, Compte de décimes du diocèse d'Aix, 13 janvier 1501 : le vicaire, Pierre Rey, est aussi prieur de Notre-Dame d'Entraigues.11A. D. 13 (Aix), 308 E 849, Arrentement du prieuré du Cabrières, 2 janvier 1511.12A. D. 13 (Aix), 1 G 1332, f° 261 v° - 262 et 498 v° -500.13A. D. 13 (Marseille), G 274, pièces 1 et 3.14A. D. 13 (Aix), 1 G 1333, f° 99-100.15A. D. 13 (Aix), G 1334, f° 182. 16A. D. 13 (Aix), G 1335, f° 87-88. 17A. D. 13 (Aix) , 1 G 1337, f° 42 v° - 43.18A.D. 13 ( Marseille), G 274, pièce 5.19A. D. 13 (Aix), 1 G 1338, f° 26 v° - 27. 20A. D. 13 (Aix), G 1341, f° 11.21A. D. 13 (Marseille), G 274, pièce 1.22Ibidem.23 A. D. 13 (Aix), 1 G 1342, P. 535 - 537.24A. D. 13 (Marseille), G 274, pièces 8, 9 et 11.25Ibidem, pièce 13.26 Ibidem, pièce 12.27A. D. 13 (Marseille), G 236, p. 226-228.28A. C. Cabrières, GG non coté. 29A. D. 13 (Marseille), G 274, pièces 24 et 25.30A. D. 13 (Marseille), G 589.31B. M. Aix, ms 1048, p. 453.32A. C. Cabrières, GG 5.33A. D. 13 (Marseille), G 274, pièce 27, 33.

Eglise construite probablement dans la 1ère moitié du 14e siècle, avant 1343 ; primitivement pourvue d'une nef d'au moins 2 travées, voûtées en berceau brisé, séparées par un doubleau retombant sur des colonnes engagées ; partiellement détruite dans la 2e moitié du 16e siècle, convertie en temple entre 1582 et 1620 ; restaurée peu avant 1633 ; désaffectée en 1746 et transformée en habitation ; rouverte au culte comme chapelle privée et dédiée à Saint-Elzéar au 19e siècle

Eglise presque entièrement creusée dans le rocher ; nef d'une seule travée voûtée d'arêtes ; choeur rectangulaire voûté d'ogives, accosté de 2 grandes chapelles latérales troglodytiques ; ogives du choeur retombant sur des culs de lampe sculptés

  • Murs
    • molasse
    • moyen appareil
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau, étage de soubassement, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • roche en couvrement
  • Couvertures
    • appentis
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • tête
  • Précision représentations

    sujet : tête, support : cul de lampe du choeur

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Comptes de décimes du diocèse d'Aix, 13 janvier 1501. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : B 3320

  • Prix de possession de la vicairie de Cabrières, 20 avril 1424 ; Inventaire des biens de la vicairie, 14 octobre 1424 ; testaments de Catherine Estellesse et de Pierre Figuière, 26 février 1424 (1425 N.S.). Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 308 E 225.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1582-1583. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1332.

    f° 261 v° - 262 et 498 v° - 500.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1620-1621. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1333.

    f° 99-100.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1627-1638. 1632. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1334.

    f° 182.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence,1638-1641. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1335.

    f° 87-88.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1651-1655. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1337.

    f° 42 v° - 43.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1656-1657. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1338.

    f° 26 v° - 27.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1674-1676. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1341.

    f° 11.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1681-1682. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1342.

    P. 535-537.
  • Procès verbaux de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1421-1423. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 201 bis.

  • État du diocèse d'Aix, 1724. État des revenus des bénéfices du doyenné de Pertuis. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 236.

    P. 226-228.
  • Archevêché d'Aix, paroisses, Cabrières d'Aigues. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 274.

    Pièces 1, 3, 5, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 24, 25, 27.
  • Déclarations fournies au bureau diocésain du clergé par les redevables des décimes, Cabrières d'Aigues, 1728. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 589.

  • Sentence de visite pastorale de la paroisse de Cabrières, 1727. Archives communales, Cabrières d'Aigues : GG 5.

  • Plaintes élevées contre le vicaire de Cabrières par ses paroissiens, 1725-1727. Archives communales, Cabrières d'Aigues : GG non coté.

  • Livre des lods et trezain de la baronie d'Ansouis, 1398-1452. Archives communales, Cucuron : FF 30.

    f° 59 v°.
  • [Etat du diocèse d'Aix par paroisses et par doyennés, vers 1730.] Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence : ms 1048.

    P. 453.

Bibliographie

  • CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse d'Aix-en-Provence, dir. Maurice Prou, Paris : Imprimerie nationale, 1923.

    P. 29, 45.
Date d'enquête 1970 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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