Dossier collectif IA00049787 | Réalisé par
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écarts dits Hameaux et Forests
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

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    Orcières
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    • Commune : Orcières

L'occupation humaine de la vallée d'Orcières est subordonnée au retrait des glaciers. Le vestige le plus ancien découvert sur la commune est une pointe de flèche façonnée dans des schistes ardoisiers datant d'environ 6000 avant Jésus-Christ. Cette découverte a été faite en 1954 au pied de Roche-Rousse, près de la croix des Gardets, à 2100 m d'altitude. Une sépulture de l'âge de bronze (entre 1000 et 500 avant notre ère) a été mise à jour près de Bousensayes 1.

Orcières ne conserve aucun vestige connu de l'époque romaine mais son territoire, lieu de passage vers la vallée de la Durance était connu.

Les Usclas seraient le premier berceau d'habitat permanent de l'Orciérois. En face du hameau, dans le lit du Drac, se dresse une ile dite le château où aurait existé un habitat fortifié (P. Castela, D'Orcières à Merlette, p. 64 et 65).

Une congrégation religieuse dépendant d'Embrun se serait installée aux Usclas au Moyen-Age.

Après les Usclas fut défriché le Curtil (aujourd'hui Orcières) puis les sites de l'adret et enfin ceux de l'Ubac. En 1395 la communauté d'Orcières aurait compté 415 habitants (P. Castela, D'Orcières à Merlette, p. 64 et sq.).

A. Un habitat groupe en hameaux

A l'exception des moulins et de quelques fermes isolées (Arthouze, La Maisonnasse), l'habitat d'Orcières est groupé en hameaux. Les habitants de la commune distinguent quatre zones d'habitat : -l'Adroit (adret) qui comprend les Estaris, les Veyers, les Plautus, les Marches, c'est-à-dire une ligne de hameaux situés à 1700 mètres d'altitude environ sur les replats bien exposés de la rive droite du Drac : cette rangée de hameaux est surmontée d'une autre ligne d'habitat, située entre 1900 et 2000 mètres d'altitude, celle des "forests", c'est-à-dire les chalets d'estive groupés en hameaux : forest des Estaris, des Marches, des Baniols, de Merlette. Chaque hameau de l'Adroit possède son groupe de "forests".

Le Forest des Estaris. Vue prise de Merlette.Le Forest des Estaris. Vue prise de Merlette.

- Le Rebierage 2 (les"riverains"), c'est-à-dire les hameaux qui occupent les cônes de déjection et les replats des basses pentes de la rive droite du Drac, entre 1300 mètres d'altitude à l'aval et 1500 mètres à l'amont. Ces hameaux sont soit traversés par l'ancienne route comme la Crau, les Usclas, Orcières, les Fourès et les Quartiers, soit situés légèrement en retrait : les Tourengs, Bousensayes, les Roussins, Montcheny. La situation de Pont-Peyron, au bord du Drac, est exceptionnelle. Prapic, village de fond de vallée, occupe une place un peu à part.

Montcheny. Vue prise des Chabauds. Au-dessus les Veyers et Merlette.Montcheny. Vue prise des Chabauds. Au-dessus les Veyers et Merlette.

- L'Ubac, c'est-à-dire une ligne de trois hameaux, les Chabauds, les Ratiers et les Audiberts, situés sur la rive gauche du Drac, vers 1460 mètres d'altitude, dans des clairières, et Archinard, village de fond de vallée (1600 mètres), qui se serait développé sur le site des chalets des Audiberts 3.

A l'Ubac on ne trouve pas de groupes de "forests", mais quelques chalets isolés à la limite supérieure de la forêt vers 1700 mètres d'altitude (chalets de Girardet, de Pastissou, etc.).

- Le Mélézin, qui faisait autrefois partie de Champoléon et comprend Serre-Eyraud et trois villages aujourd'hui abandonnés : les Roussins (qui en 1809 étaient formés de 4 maisons, un four, un moulin), les Lauzes (qui à la fin du XVIIIe siècle comptait 6 maisons et un four), et les Paillers, abandonnés depuis la fin du XVIIIe siècle 4.

On peut donc noter une nette différence entre la rive droite du Drac où se succèdent trois "étages" d'habitat, et l'Ubac , où l'on ne trouve qu'une rangée de hameaux. D'autre part les hameaux de la rive droite sont en général plus importants que ceux de l'Ubac : une vingtaine de maisons en moyenne, alors qu'il y a quatre maisons anciennes aux Chabauds, cinq aux Ratiers, et deux "quartiers" d'une dizaine de maisons aux Audiberts.

Mais à l'Adroit comme à l'Ubac, les hameaux ont le même aspect. Il s'agit de "villages-tas", de taille sensiblement égale, où les maisons non mitoyennes sont disposées sans ordre. Il n'y a pas d'organisation intérieure, de chemins, de place, sauf parfois un petit espace devant la chapelle. La place de Prapic date du XIXe siècle. Les rues ne sont le plus souvent que des chemins de terre. Les maisons toutes orientées de la même façon se tournent le dos. Les rares bâtiments collectifs sont mêlés aux maisons, dont ils se distinguent peu. Les maisons ne possèdent pas de"cour", bien qu'il y ait une certaine privatisation des abords proches de la maison, mais chaque famille cultive un jardin potager, clos de barrières de bois, qui se trouve à l'intérieur même du village, entre les maisons.

Les Marches. Ruelle devant la parcelle 1586. Toutes les façades en mur-pignon regardent le sud, les maisons ne se font donc pas face.Les Marches. Ruelle devant la parcelle 1586. Toutes les façades en mur-pignon regardent le sud, les maisons ne se font donc pas face.

B. Le hameau, cellule de base de la vie villageoise

Jusqu'à l'ère des chasse-neige et des ponts modernes chaque hameau vivait isolé des autres une partie de l'hiver, parfois même plus longtemps lorsque le Drac en crue emportait les ponts (ce fut le cas par exemple en 1816, en 1846 et en 1928). Les archives religieuses et civiles sont pleine des récriminations des habitants des hameaux isolés qui réclamaient un équipement autonome pour éviter de se rendre au chef-lieu en hiver : un desservant pour la chapelle ; plus tard une école. On connaît en particulier les luttes qui ont opposé les habitants de Serre- Eyraud aux Jésuites qui célébraient les messes dues à la chapelle du Mélézin dans l'église d'Orcières 5. Les histoires de familles emportées par une avalanche alors qu'elles emmenaient un enfant à baptiser au chef-lieu abondent.

Cet isolement explique que le hameau soit le lieu de la vie communautaire. Chaque hameau possède le terroir qui l'environne (d'où un étagement des cultures complexes, entre 1300 et 1500 mètres ; à même altitude par exemple le blé de Montcheny touche le foin des Estaris). A l'adroit chaque hameau possède son groupe de forests, et c'est au niveau du hameau que se font les pratiques communautaires : tour de garde de la "fourestière" par exemple.

Chaque hameau vit donc pratiquement en autarcie, aussi chaque communauté possède-t-elle un certain nombre d'équipements qui sont la propriété des habitants des hameaux : une chapelle, un four, des fontaines.

La commune d'Orcières était autrefois divisée en deux et même trois paroisses (Orciêres, Prapic et Serre-Eyraud). Mais presque chaque hameau possédait sa chapelle dans laquelle on célébrait quelques fêtes religieuses, et les évènements qui touchaient le hameau (mariages, baptêmes, enterrements, etc.).

Un certain nombre d'entre elles ont aujourd'hui disparu : la chapelle Saint-Dominique aux Fourès (connue au XVIIe siècle 6), la chapelle Notre-Dame-des-Neiges aux Estaris (détruite récemment). La plupart de celles qui existent encore ont été reconstruites, sur l'emplacement d'édifices plus anciens, aux XVIIIe et surtout XIXe siècles 7.

Il existait également aux Ratiers une chapelle privée, mais qui était utilisée par tous les habitants du hameau. Elle a été rasée en 1977.

Dans la plupart des hameaux existe encore le four banal qui contrairement à ce qu'on rencontre dans le bas Champsaur n'est plus en activité. Il semblerait qu'au XIXe siècle de nombreux fours banaux aient disparu et aient été remplacés par des fours privés, ou appartenant à deux ou trois familles. Les fours privés sont soit un petit bâtiment isolé, comme les fours banaux, soit à l'intérieur même des maisons. Dans ce cas ils peuvent occuper une pièce de la maison (aux Plautus, aux Audiberts, aux Chabauds, à Pont- Peyron), soit, comme dans une maison en ruines de Pont-Peyron, être placé sous la même hotte que la cheminée, à côté de l'âtre.

Dans le hameau des Estaris, ruelle en escalier.Dans le hameau des Estaris, ruelle en escalier. Les Veyers. Ruelle à l'intérieur du hameau.Les Veyers. Ruelle à l'intérieur du hameau.

On ne rencontre pas d'école dans les hameaux d'agriculteurs. On sait pourtant que la plupart en possédait une. On peut donc supposer qu'on faisait l'école chez un particulier comme aux Lauzes, où l'école qui jusqu'en 1917 a accueilli les enfants de tous les hameaux du Mélézin, et même une partie de ceux des Tourengs, se tenait dans une maison louée à un particulier. Cela semble être également le cas de l'ancienne école des Tourengs. A Prapic l'école s'est faite dans l'ancien presbytère.

Chaque hameau possède plusieurs fontaines publiques et privées. Les fontaines traditionnelles d'Orcières sont formées d'un "bacchal" (bac) de bois et d'une borne en pierre. Aux Tourengs, l'arrivée d'eau des deux fontaines est ornée d'un masque en pierre.

Il semblerait donc qu'en ce qui concerne les fours et les fontaines, le XIXe siècle ait vu un recul des pratiques collectives, et la privatisation d'édifices autrefois communs. C'est au XIXe siècle que sont construits la plupart des fours privés (cf. le cadastre de 1809). Mais il faudrait voir comment dans la pratique étaient utilisés ces édifices privés. Par exemple, la chapelle et le four des Ratiers, tous deux privés, étaient utilisés par l'ensemble des habitants du hameau.

Ces édifices banaux constituent le seul équipement des hameaux d'agriculteurs. Tous les services sont concentrés à Orcières et Merlette : mairie, école, commerces, hôtels. Dans aucun des hameaux d’agriculteurs on ne trouve une épicerie ou un café. Jusqu'à une date récente, chacun produisait sa nourriture et cuisait son pain. Alors qu'à Orcières il existait une forge tenue par un artisan, à Prapic presque chaque agriculteur possède une petite forge (petit bâtiment isolé dans la cour de la maison).

L'habitat de la commune d'Orcières est donc constitué par une trentaine de hameaux, tous autonomes les uns des autres, entre lesquels il n'existe aucune hiérarchie, et qui, à l'exception d'un ou deux édifices banaux, ne sont formés que de maisons.

1Roman, J. Répertoire archéologique des Hautes-Alpes.2Transcription phonétique (non garantie !) du terme employé par les habitants)3Castela, P. Au Pays du Drac Noir.4Ibid.5Meizel, J. Les Jésuites à Orcières.6Guillaume, P. Inventaire des archives des Hautes-Alpes.7Chanoine Jacques. Chapelles rurales des Hautes-Alpes.

La plupart des sites sont occupés depuis la fin du Moyen Age.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle
    • Principale : 14e siècle
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • étudié 7
    • repéré 21
    • bâti INSEE 28
Date d'enquête 1979 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général