Dossier d’œuvre architecture IA05000710 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
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Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Briançon
  • Commune Briançon
  • Lieu-dit le Fontenil
  • Dénominations
    écart

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

A mi-chemin entre Briançon et la Vachette (commune de Val-des-Prés), le Fontenil est le premier village de la vallée de Névache. Construit sur la rive droite de la Durance, sur un replat bordé par de fortes pentes au nord, il longe le chemin départemental 411 et la voie communale n° 11 qui rejoint à l'est la route nationale 94. En aval le village est limité par un escarpement où l'on a édifié le barrage du Fontenil ; en amont il est bordé par une série de prairies en pente douce qui vont s'élargissant vers la Vachette et les Alberts.

Sur l'autre rive, le hameau de l'Envers du Fontenil est assis, sur une ligne d'éboulements, au bas de prairies également en pente douce.

Vue aérienne prise de l'est.Vue aérienne prise de l'est. Vue de situation prise de l'ouest.Vue de situation prise de l'ouest.

- Le village se compose de plusieurs groupes de maisons réparties sur la rive droite de la Durance, d'est en ouest.

- Deux groupes de deux ou trois maisons, isolés, orientés suivant la meilleure disposition offerte par le terrain : au sud-ouest pour les Henris, avec les entrées de granges en contre-haut par rapport aux façades antérieures ; au sud pour le groupe 307-308-309 avec une cour centrale et un dégagement facile ; ce groupe est adossé à la forte pente, au nord.

- Le groupe principal, le plus intéressant, composé d'une vingtaine de maisons alignées de façon assez régulière au pied de la même pente ; deux passages couverts et une ruelle permettent l'accès aux portes des granges pratiquées dans des emplacements exigus imposés par la nature du relief. L'irrégularité principale (tracé en chicane de l'ilot) est due au passage d'un canal sous la maison 326.

- Une autre groupe de cinq maisons alignées (374 à 378) présentant les mêmes dispositions.

- Quatre maisons isolées forment des unités bâties plus ou moins complexes (402 -401 ; 399 ; 396-397 ; 379-80-81)

Matériaux et leur mise en œuvre

Tous les bâtiments de ce village sont construits en maçonnerie suivant les mêmes procédés que dans le centre et le nord de la vallée :

- Gros-œuvre en blocage grossier de pierres de toutes natures noyées dans un mortier de sable, recouvert d'un enduit en majeure partie disparu ou refait.

- Portes d'entrées en anse de panier et fenêtres en segment (rez-de-chaussée) coffrées avec des bardeaux et souvent enduites (ébrasement extérieur).

- Portes et fenêtres avec chambranle de bois, grillagé pour les fenêtres, inclus dans la maçonnerie, au nu du mur

- Escaliers extérieurs en maçonnerie, avec girons en bois balcons (étages) en bois.

- Seules, quelques parties peu importantes sont en pans de bois avec remplissage coffré ; il semble que ce soient des compléments élevés a posteriori.

Parti général

Les maisons du Fontenil ont une disposition originale qui semble être due à la situation géographique du village :

- Groupement en ligne ou en ilot impliquant une distribution répartie sur un axe façade antérieure - façade postérieure.

Ensemble principal des maisons alignées. Vue d'ensemble panoramique prise du sud.Ensemble principal des maisons alignées. Vue d'ensemble panoramique prise du sud.

- Développement en hauteur : le rez-de-chaussée, voûté, parfois avec une colonne centrale, est réservé aux bêtes (étable) ; on y accède par une porte étroite généralement percée sous l'escalier du premier étage.

- Au premier étage, auquel on accède par un escalier extérieur, souvent refait mais conservant le parti d'origine, se trouve l' habitation, chambre et cuisine, qui peut être voûtée ; une cave est contiguë à la cuisine si la nature du relief s'y prête, quelquefois creusée sous la rampe de la grange.

- Au deuxième étage se développe la grange accessible de manière plus ou moins directe par l'arrière. Du fait de la forte déclivité du terrain dans la partie centrale du village, l'espace réservé à ces accès est fort étroit; l'édification des rampes conduisant aux granges a par conséquent donné lieu à des dispositifs complexes : une rampe pour plusieurs portes ; rampe sous passage couvert (p. 331). Certaines maisons ont des accès de granges situés en façade antérieure : soit au deuxième étage par une porte dotée d'une potence pivotante, soit dans le comble où une vaste lucarne tient lieu de porte.

- Au deuxième étage des chambres sont aménagées dans la partie antérieure et possèdent presque toutes un balcon abrité par l'avant-toit. Ces chambres appartiennent à l'habitation proprement dite et sont actuellement utilisées comme appartements dans de nombreux cas. Mais il est possible qu'à l'origine elles aient servi de chambres ménagères, c'est-à-dire de réserves à grains et à nourriture, le balcon étant utilisé pour faire sécher les réserves pour l'hiver. Dans certains cas, la chambre ménagère est située au nord à côté de la grange (maison 309).

- Lorsqu'il y a un troisième étage, c'est un étage sous le comble appartenant à la grange. Dans le cas des maisons isolées (401-402 ; 399 ; 397) il semble que le parti est plus libre et se développe de la même manière que plus haut dans la vallée. La maison 397 est à cet égard révélatrice et ressemble aux grosses maisons de Val-des-Prés ou de Névache, avec une "court" centrale.

Élévations extérieures

Elles se caractérisent par un manque total d'ordonnance, la répartition des baies répondant à celle des volumes intérieurs. On peut cependant définir plusieurs traits communs :

- petitesse des baies, en particulier des fenêtres, surtout dans les étages sous comble

- généralisation des chambranles en bois au nu du mur

- utilisation générale des balcons de bois, remplacés parfois par des balcons récents en béton ou en fer. Ces balcons présentent une grande variété de rampes dont les balustres ont été découpés dans des planches suivant un patron unique, que l'on alterne (maison 307) en les disposant tête-bêche. Des frises découpées et ajourées cachent parfois les solivages. On note aussi l'utilisation d'un décor de cannelures ornant des solivages ou des jambes de forces dont l'extrémité peut être profilée. Des rampes fort simples comprennent seulement des barreaux carrés en bois, ou des barres rondes en fer. Dans l'ensemble, tous ces balcons datent du courant du XIXe siècle et sont particulièrement soignés.

Maison 307. Balcon. Détail.Maison 307. Balcon. Détail. Maison 303. Façade antérieure sud. Escalier extérieur desservant l'habitation.Maison 303. Façade antérieure sud. Escalier extérieur desservant l'habitation.

- Toutes les façades, tant antérieures que postérieures, sont des murs gouttereaux ; les pignons, construits en structures légères (fermes de la charpente, planches, pans de bois), étant réservés aux faces latérales en général visibles lorsque les toitures sont à des hauteurs différentes d'une maison à l'autre.

- Une autre particularité des façades antérieures du Fontenil est la vigueur et la variété de leurs couleurs, tant relativement anciennes que récentes, surtout dans la partie est de l'îlot principal : jaune, ocre, ocre-rose, beige, blanc, rouge brique, gris bleu, absinthe, ocre-rouge ; les rampes des balcons sont soit noires (fer) soit blanches ou laissées naturelles.

- Les façades s'accompagnent d'un nombre restreint d'inscriptions,soit intégrées à la maçonnerie (305, côté sud, plaque en marbre rose : CF 1881 ; 350, côté sud : 1894), soit intégrées aux impostes en fer forgé des portes d'entrée (316 : FC 1856 ; 326 : 1873).

- Noter la présence de quelques cadrans solaires peints sur enduit : deux du XVIIIe siècle (1719), un du XIXe siècle (1831 repeint en 1883)

- Côté granges, rareté des baies : portes à deux battants, portes simples, trous d'aération circulaires, triangulaires ou en forme de meurtrières. Ces façades sont parfois abritées par un profond avant-toit.

- Malheureusement, reprise généralisée des baies, agrandies et modifiées, avec disparition des chambranles traditionnels.

Combles et couverture

Si toutes les maisons ont une toiture à deux versants, trois d'entre elles possèdent en outre des croupes (302 -307-397 °) ; les deux premières sont à l'extrémité d'un îlot, la troisième est isolée. Dans tous les cas ordinaires la charpente est constituée de pannes reposant sur les pignons.

La couverture actuelle en tôle remplace vraisemblablement une couverture ancienne en bardeaux (il en reste au hameau de l'Envers du Fontenil) ; cependant la maison 307 conserve une couverture en tuiles plates en écailles sur le versant nord de sa toiture.

Distribution intérieure

Le village n'ayant fait l'objet que d'un repérage des éléments extérieurs, seule la maison 309 a été partiellement visitée. Il semble toutefois que la plupart des habitations ont été réaménagées et modernisées, ne présentant plus aucun intérêt de détail.

En conclusion il semble que les principaux traits qui caractérisent les maisons de ce village sont le fruit de plusieurs influences qui ont convergé d'une part de Briançon, d'autre part de la vallée de Névache, mais plus vraisemblablement qui constituent les marques distinctives de l'architecture régionale envisagée sur un plan plus vaste. Ces influences se sont trouvées confrontées avec les problèmes que posait l'implantation d'un habitat dans un endroit qui laissait peu de latitude aux constructeurs.

Si la distribution générale des maisons, leur structure interne (voûtements, colonnes centrales, éléments de la grange) et certains détails (chambranles de bois, baies ébrasées à l'extérieur, trous d'aération) se rencontrent très fréquemment dans cette région des Alpes et en particulier dans le reste de la vallée de Névache, il en est tout autrement de l'aspect des façades, de l'implantation des maisons et de leur surface : leur alignement, l'exiguïté du parcellaire, le développement en hauteur, le rôle distinct et parfois autonome des étages sont des traits urbains que l'on peut retrouver à un kilomètre de là, à Briançon. Ces caractères ont été en outre accentués par une situation géographique encaissée, étroite, où le village ne pouvait se développer qu'en longueur, tout au long d'une unique rue. Ces contraintes étant absentes pour les îlots et les maisons isolées, la nature et l'aspect de ces constructions sont tout différents.

Quant au nombre important des balcons, il semble que l'on doive en chercher la raison dans la bonne orientation de l'ilot principal du village, les façades antérieures ouvrant plein sud et sans vis à vis, disposition que l'on observe plus haut dans la vallée (aux Alberts, en particulier).

Maison 401. Pignon nord.Maison 401. Pignon nord.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle , (incertitude)
    • Principale : 18e siècle , (incertitude)
    • Principale : 19e siècle , (incertitude)

Le village se compose de plusieurs groupes de maisons réparties sur la rive droite de Durance, d'est en ouest. Le groupe principal, le plus intéressant, est composé d'une vingtaine de maisons alignées de façon assez régulière ; deux passages couverts et une ruelle permettent l'accès aux portes des granges pratiquées dans des emplacements exigus imposés par la nature du relief. Les maisons du Fontenil ont une disposition originale : en ligne avec distribution répartie sur un axe façade antérieure - façade postérieure ; rez-de-chaussée (en soubassement) voûté (avec parfois une colonne centrale) et réservé à l'étable ; premier étage accessible par un escalier extérieur avec l'habitation (parfois voûté également) ; la grange au deuxième étage, accessible de manière plus ou moins directe par l'arrière ; à cet étage également, une chambre sur la façade antérieure, ouverte par une porte et possédant un balcon protégé par l'avancée du toit. Les élévations extérieures se caractérisent par un manque total d'ordonnance. Les façades antérieures sont vivement colorées et de façon variée.

  • Typologies
    maison-ferme ; rez-de-chaussée voûté ; grange dans les combles avec entrée indépendante
  • Statut de la propriété
    propriété publique (incertitude)
Date d'enquête 1977 ; Date(s) de rédaction 2001
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
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Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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