• enquête thématique régionale, coopératives agricoles de Provence-Alpes-Côte d'Azur
coopératives agricoles
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    coopérative agricole
  • Aires d'études
    Provence-Alpes-Côte d'Azur

PRÉAMBULE

Le Service Régional de l'Inventaire Général s'intéresse de plus en plus au patrimoine architectural agricole. Depuis 1985, Il a entrepris une enquête systématique sur un secteur original de ce dernier, représenté par les bâtiments coopératifs. Cet ensemble, jusqu'ici Ignoré, est la traduction monumentale d'un mouvement important de l'Histoire des Sociétés rurales. Des silos céréaliers, des caves vinicoles, des distilleries en sont issues et en demeurent les "Images-témoins".

Cette recherche a commencé dans les départements des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse en 1985-1986. En 1989, l'enquête, quasi archéologique, menée dans le Var a permis la rédaction d'un rapport Illustré de documents et de photographies. L'exposition "Demeures du Vin, Histoire du Var", inaugurée à Brignoles en Juin 1991, en a prolongé l'effet en démontrant l'Importance et l'intérêt des bâtiments coopératifs vinicoles dans ce département.

En 1990-1991, l'opération a été poursuivie dans les départements des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence avec le recensement, la visite et l'étude des trente et un édifices choisis. Ce programme entrepris sur l'ensemble de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur se termine par le présent rapport qui rend compte de l'état des bâtiments coopératifs dans Je département des Alpes-Maritimes. Il a été rédigé en fonction de l'enquête sur le terrain effectuée en 1991, pendant laquelle les témoignages de certains responsables et les documents disponibles sur place ont complété l'examen des locaux. Ces investigations ont été suivies d'un travail en bibliothèque et aux Archives Départementales de Nice, où les séries M et W, en particulier, ont permis de trouver d'autres informations et quelques plans originaux. Cet ensemble de démarches a permis l'élaboration de ce rapport constitué, comme les précédents, de deux éléments. Le premier comprend les fiches descriptives des coopératives où chaque bâtiment est étudié du point de vue historique,structurel et architectural, ainsi que les photos et les reproductions des documents s'y rapportant. Le second est un essai de synthèse illustrée, sur l'ensemble des bâtiments coopératifs dans les Alpes-Maritimes. Tous les clichés ont été réalisés par un photographe du service de l'Inventaire Général.

Ce travail a été facilité par la compréhension des responsables et du personnel des coopératives que nous remercions ici.

SOMMAIRE

INTRODUCTION

Contexte géographique-Cadre historique.

1. COOPÉRATIVES LAITIÈRES DES ALPES-MARITIMES

Présentation

Bâtiments

  • SITUATION
  • NOMS
  • STRUCTURES ET FONCTIONNEMENT
  • FORMES ET DIMENSIONS
  • MATÉRIAUX
  • DÉCOR
  • ÉVOLUTION DES BÂTIMENTS

2. COOPÉRATIVES OLÉICOLES DES ALPES-MARITIMES

Présentation

Bâtiments

  • SITUATION
  • NOMS
  • STRUCTURES ET FONCTIONNEMENT
  • FORMES ET DIMENSIONS
  • MATÉRIAUX
  • DÉCOR
  • ÉVOLUTION DES BÂTIMENTS

3. COOPÉRATIVES FLORALES ET DE DISTILLATION DES ALPES-MARITIMES

Présentation

Bâtiments

  • SITUATION
  • NOMS
  • STRUCTURES ET FONCTIONNEMENT
  • FORMES ET DIMENSIONS
  • MATÉRIAUX
  • DÉCOR
  • ÉVOLUTION DES BÂTIMENTS

4. COOPÉRATIVES D'APPROVISIONNEMENT DES ALPES-MARITIMES

Présentation

Bâtiments

  • SITUATION
  • NOMS
  • STRUCTURES ET FONCTIONNEMENT
  • FORMES ET DIMENSIONS
  • MATÉRIAUX
  • DÉCOR
  • ÉVOLUTION DES BÂTIMENTS

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE, ANNEXES.

INTRODUCTION

CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE-CADRE HISTORIQUE

Le département des Alpes-Maritimes est caractérisé par une grande diversité des milieux naturels. Outre le littoral méditerranéen et les parties montagneuses du nord, il présente des zones de coteaux, comme dans l'arrière-pays niçois, et de hauts plateaux situés au nord-ouest de Grasse.

Largement irrigué, en particulier par le Var et ses affluents, il est creusé de vallées encaissées qui se déploient en forme d'éventail à partir d'une bande littorale, approximativement située entre Cagnes et Nice. Les différences des climats et des terrains ont favorisé une agriculture très diversifiée. Les cultures florales, fruitières et maraîchères, occupent le sud-ouest du département, de Nice à Grasse et Vence, jusqu'à une altitude d'environ 350m. L'olivier a été pendant longtemps une des grandes ressources de la partie moyenne qui "s'étage des premières collines du littoral jusqu'à 600 ou 700 mètres d'altitude, suivant l'exposition des vallées" 1 . Sa densité la plus forte se rencontre au nord-est de Nice.

La zone montagneuse des hautes vallées du Var, de la Tinée, de la Vésubie, de la Roya, est en grande partie vouée à l'élevage, autrefois bovin, aujourd'hui plutôt ovin.

Les contrastes des milieux naturels ont permis au département des Alpes-Maritimes de développer des cultures spécifiques et rémunératrices comme les fleurs à parfum, surtout dans les zones proches du littoral, aussi bien que le traditionnel olivier. Cependant sa topographie tourmentée ne lui a pas permis d'avoir un grand vignoble, comme le Var limitrophe. Les seules exceptions sont les secteurs de Villars-sur-Var et Saint-Jeannet qui produisent du raisin de table et un peu de vin. On ne retrouve pas ici les plateaux céréaliers des Alpes de Haute-Provence ou des Hautes-Alpes, mais {les parcelles de faible surface, souvent en gradins et d'accès difficile. Dans le secteur de Saint-Auban, à l'extrémité nord-ouest, une configuration moins heurtée permet une petlte culture mécanisée de céréales.

Au début du xxe siècle, le monde agricole adopte la solution coopératIve. Les petits producteurs se regroupent dans des sociétés à capital variable, aidés par les syndicats et le Service des Améliorations Agricoles, futur Génie Rural. Les petits viticulteurs du Languedoc et du Var sont unis par un intérêt commun : défendre leur seule source de revenu menacée par les crises de surproduction et de mévente. Pour répondre au nombre rapidement croissant des créations de sociétés coopératIves, les structures s'organisent. La loi du 29/12/1906, assortie du décret d'août 1907, les considère comme des associations agricoles pouvant effectuer la production, la transformation, la conservation ou la vente des produits des associés. La gestion est assurée par un conseil d'administration élu et un bureau ayant le président à sa tête. Le principe : "un homme, une voix" fonde l'égalité de tous. Enfin les coopératives peuvent bénéficier des prêts à long terme du Crédit Agricole. Ces prêts peuvent représenter jusqu'au double du capital souscrit par les adhérents, pourvu que constructions et aménagements interviennent dans les deux ans suivant la constitution de la société, et que la coopérative offre une garantie en première hypothèque sur les terrains et les locaux.

La diversité des cultures ne créait pas une situation favorable à l'élan collectif dont est née la "Coopération agricole" au début du xx· siècle. Les grandes crises du vlgnoble, phylloxéra, surproduction, qui ponctuent les dernières années du XIXe siècle et les premières du XXe siècle, poussaient les viticulteurs du Languedoc ou du Var à s'unir et à lutter pour la sauvegarde d'une ressource commune. Rien de tel dans les Alpes-Maritimes où la vigne, pas plus qu'une autre culture, n'est majoritaire. A la diversité des cultures, à la complexité du milieu physique, s'ajoutaient les difficultés de communication dans toute une partie du département. Le sud et le littoral sont bien desservis, depuis le XIXe siècle, par les axes routier et ferroviaire qui le parcourent d'est en ouest. Le nord-ouest est en contact avec les Alpes de Haute-Provence par la route dite de Lyon à Nice. Mais les vallées nord-sud forment des entités isolées reliées au sud par de très longs chemins et sans liaisons entre elles. Malgré ces obstacles, on constate que le mouvement coopératif n'a pas été Ignoré dans les Alpes-Maritimes. S'il n'a pas connu la même ampleur que dans le Var, le Vaucluse, ou même les Alpes de Haute-Provence, il a été plus précoce dans certains secteurs.

Paradoxalement les premiers à s'unir sont les producteurs de lait des vallées enclavées du nord du département :

-Coopérative laitière de ROQUEBILLIERE dès 1882 ;

-Coopérative laitière de GUILLAUMES en 1902 ;

-Coopérative laitière de BREIL-sur-ROYA en 1904.

Alors qu'on pourrait les supposer à l'écart de la circulation des idées par leur position géographique, ils profitent très tôt des avantages offerts par le mouvement coopératif. Dans les cantons de montagne, les éleveurs de plusieurs communes s'organisent pour le ramassage et le traitement du lait. Dans certains cas, la mise en commun des moyens par le biais de la coopérative vise à améliorer le rendement et la commercialisation d'une ressource traditionnelle. Dans d'autres, comme à Breil, il s'agit de " suppléer aux ressources disparues .. " Le conseil municipal de Breil précise dans sa délibération du 21 août 1904 "que les vignobles du pays ... ont été ravagés par le phylloxéra en l'espace de moins de cinq années. Que les maladies diverses qui ont détruit un tiers des oliviers de Breil, menacent de détruire les deux tiers restant, unique ressource du pays." 2La plupart des coopératives laitières du département se sont créées entre 1882 et 1911, à deux exceptions près, précédant celles des Alpes de Haute-Provence (Allos : 1908). Certaines ont disparu très rapidement, malgré l'intérêt que leur portait le Service des Améliorations Agricoles du Ministère de l'Agriculture.

Elles ont alimenté peu à peu les grandes villes de la région et ont adhéré en 1933 à la Centrale Laitière de Nice qui drainait aussi le lait de certains cantons des Alpes de Haute-Provence.

Le secteur de l'oléiculture, qui regroupait de très nombreux producteurs dans la région moyenne du département, s'intéressa lui aussi précocement au système coopératif. Cette ressource importante semble avoir été en danger dès les premières années du siècle : "En 1892, il existait 19.682 hectares d'oliviers, avant guerre, plus de 15.000, et en 1929, une surface de 11.942 hectares." Jean Casimir. Op cit3. Les maladies de l'olivier, les difficultés de transport vers les lieux de trituration, et, semble-t-Il, la concurrence, poussa les producteurs à s'unir pour la fabrication de l'huile et pour essayer de contrôler le marché.

La première coopérative oléicole est constituée à St Jean-la-Rivière en 1906. Le président du conseil d'administration de cette coopérative précise en juillet 1907 : " il y a pas mal de temps, c'est-à-dire avant l'époque où l'élément étranger ne s'était pas acharné à vendre des huiles d'olive comme provenant de nos contrées, il existait bon nombre de moulins [...] Mais par suite de cette concurrence, le prix des huiles tomba à un tel point que les propriétaires préfèrent vendre leurs olives." 4

Entre 1906 et 1945, on dénombre une douzaine de créations de moulins à huile coopératifs, dont plusieurs n'ont pas duré jusqu'à nos jours. Ceux qui fonctionnent encore ont une activité réduite et ne produisent que de faibles quantités correspondant à la consommation des sociétaires.

Dans Je domaine des cultures florales, les producteurs de fleurs coupées ne semblent pas avoir éprouvé le besoin de constituer des sociétés coopératives. Il faut attendre 1967 pour voir la création à Cannes-la-Bocca de "Europe Mimosa" qui reste un exemple unique.

Les producteurs de fleurs à parfum se sont regroupés très tôt. Dès 1904, la coopérative "Nerolium" à Golfe-Juan recueille et distille les fleurs de ses adhérents. Jusque-là, les parfumeurs de Grasse, en particulier, contrôlaient le marché : "Devant les cours très bas pratiqués à une certaine époque, un nombre Important de cultivateurs se sont groupés en coopératives pour transformer eux-mêmes leurs récoltes, denrées périssables, en essences, produits de conservation indéfinie, afin de pouvoir vendre au moment le plus opportun." 5Entre 1904 et les années 1930, une dizaine de coopératives de distillation de plantes à parfum s'organise dans la zone sud-ouest comprise entre Nice, Mandelieu, Grasse et Vence. La production des fleurs à parfum a commencé à baisser dans les années 1930. L'arrivée des produits synthétiques sur le marché fit baisser la demande. La spéculation sur les terrains de la Côte d'Azur incita les propriétaires à abandonner des cultures dont le profit diminuait. Seules subsistent aujourd'hui "Cooparfum" de Grasse, la "Coopérative de plantes à parfum" de la Colle-sur-Loup et surtout "Nérolium" à Golfe-Juan et Vallauris.

On trouve aussi dans les Alpes Maritimes des coopératives qui n'effectuent pas la transformation ou le traitement des produits. Elles s'occupent de les regrouper pour la commercialisation et d'approvisionner les agriculteurs. Trois de ces coopératives furent créées à Antibes, Cagnes, Mandelieu, à partir des syndicats agricoles préexistants. D'autres sont le fruit de la reconversion de coopératives laitières, oléicoles ou de distillerie, dont la production est devenue insuffisante, comme Puget-Théniers (laitière), Pégomas, Vence (fleurs à parfum).

Malgré la médiocre production de céréales, certaines communes créèrent des moulins à farine coopératifs de dimensions modestes mais de conception soignée. C'est ainsi que les architectes THILLET et BRUN étudièrent en 1912 un projet de minoterie coopérative à Saint-Jean-la-Rivière, au bord de la Vésubie. A Utelle, en 1922, les mêmes architectes prévoyaient le regroupement d'un moulin à farine, d'un moulin à huile et d'une scierie dans le bâtiment coopératif. 6Les deux créations les plus originales du département des Alpes-Maritimes, exemples uniques dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, sont la Société de production des ouvriers débardeurs du port de la ville de Nice : "Les débardeurs réunis", créée en 1909 7et la coopérative des producteurs de raisin de table de Saint-Jeannet créée en 1911. Les raisins de cette région étaient exportés dans toute la France et à l'étranger. Conservés par le procédé dit de Thomery, ils se vendaient jusqu'au mois de mars. Il ne reste pas de trace de cette coopérative probablement disparue depuis des années.

La coopération dans les Alpes-Maritimes participe du large mouvement d'union pour la défense du revenu et la modernisation des structures, qui touche Je monde agricole du sud de la France. La relative précocité de son éclosion a probablement bénéficié d'une longue pratique associative et syndicale. A Cagnes, le syndicat agricole et horticole existe depuis le 2/02/1890. Celui de Mandelieu semble être presque aussi ancien. Les agriculteurs s'associent à Cannes en 1876 pour "l'agriculture et l’acclimatation", à Moulinet en 1891 pour relever l'agriculture et lutter contre les préjugés." 8 Enfin il n'est pas ·sans intérêt de constater que la première caisse de Crédit Agricole de France, partenaire privilégié de la coopération, naît à Castellar en 1893.

Les coopératives ont joué un rôle important dans l'agriculture des Alpes-Maritimes. En 1929 les coopératives de fleurs à parfum regroupaient 2400 adhérents et traitaient une récolte de 1.176.000 kilos. La même année, les coopératives laitières livraient 2.430.000 litres de lait et les moulins à huile coopératifs trituraient 1.00.000 kilos d'olives environ. Après les années 1930 elles ont toujours une activité importante mais les créations sont peu nombreuses et certains secteurs amorcent une mutation.

De nos jours le mouvement coopératif des Alpes-Maritimes est peut-être plus touché que dans les autres départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il intéressait des productions, plantes à parfum, olives, lait, qui disparaissent peu à peu. La montagne se tourne vers le tourisme. La spéculation sur les terrains de la côte et de l'arrière-pays entraîne la vente des terres cultivables dont le profit baisse, à part peut-être celui de l'horticulture. Les coopératives laitières et oléicoles, dont l'avenir apparaît problématique, cèdent une partie de leurs locaux aux coopératives d'approvisionnement et aux SICA. Certaines ont été transformées en salles municipales comme à Utelle ou à Gilette. La coopérative "Nérolium" de Golfe-Juan a ajouté la fabrication de confiture d'oranges amères et la vente de produits régionaux à son activité de distillation.

La liste des bâtiments coopératifs étudiés dans le département des Alpes-Maritimes n'est pas exhaustive. Quelques-uns sont abandonnés, comme "Hortus" à Pégomas, ou "l'Agneau de Montagne" à Puget-Théniers. Certains moulins à huile ne fonctionnent que quelques semaines par an et étalent fermés au moment de l'enquête. Les coopératives d'approvisionnement et les SICA sont souvent Installées dans des locaux sommaires. Seuls sont détaillés dans les fiches descriptives les bâtiments dont la structure architecturale est significative. Quatre secteurs d'activité sont représentés :

-Secteur laitier : 4 coopératives.

-Secteur oléicole : 4 coopératives

-Secteur floral : 3 coopératives.

-Secteur approvisionnement : 3 coopératives.

Une liste complète des coopératives créées dans le département figure en annexes.

1) LES COOPÉRATIVES LAITIÈRES DANS LES ALPES-MARITIMES

Présentation

On trouve trace d'un quinzaine de coopératives laitières dans le département Mais on peut s'interroger sur leur Importance et leur durée. Certaines ont pu être de simples dépôts de lait très éphémères. Les listes récapitulatives de la Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt citent douze coopératives agricoles laitières dans le département, alors qu'une seule, celle de Gu1llaumes, semble avoir encore une véritable activité.

Elles sont surtout situées dans les hautes vallées du département : celle du Var à l'ouest, de la Tinée et de la Vésubie au nord, de la Roya et de la Bévéra à l'est. Ces régions d'élevage, où les voies de communication avec les grands centres étaient rares et difficiles, ne pouvaient sortir de leur autarcie qu'en mettant leurs moyens en commun. C'est ainsi que les coopératives laitières se constituèrent très tôt, peut-être dès 1882 à Roquebillière, certainement en 1902 à Guillaumes. Les créations s'étagent jusqu'en1936 avec celle de Venanson.

Le Service des Améliorations agricoles du Ministère de l'Agriculture, s'il n'en fut pas l'instigateur, reconnut vite l'utilité des coopératives laitières : "En rendant très avantageuse la production du lait de vache, la coopérative favorise la constitution des pâturages et relègue la chévre, le grand ennemi de la montagne, dans les terrains vraiment mauvais et Improductifs" 9. Ce Service mit même au point un projet complet de coopérative laitière, avec instructions et plans. Ce document n'est malheureusement pas daté, mais intervient probablement dès la première décennie du XXe siècle, après cependant la création de la coopérative de Guillaumes. La coopérative type pouvait traiter jusqu'à 6.000litres de lait par jour et le coût de son Installation était d'environ 55.000 F. . Bien que restant de dimensions modestes, le projet était soigné et témoignait d'une certaine recherche. Les bâtiments furent souvent plus petits et plus simples que le modèle. Le prix des constructions et installations oscilla autour de 40.000 F., sauf à Puget-Théniers, 60.000F.. La capacité de traitement était de 2.000 à 4.000 litres de lait par jour. Les coopératives eurent cependant souvent des difficultés à assumer les frais et sollicitèrent, outre les prêts du Crédit Agricole, des subventions de la part du Conseil Général et des communes environnantes qu'elles desservaient. Ce fut le cas de la coopérative de Breil-sur-Roya qui reçut les contributions modestes de quelques municipalités : "considérant qu'il est de toute justice de favoriser l'installation d'une laiterie modèle qui est appelée à rendre de réels services pécuniaires et à suppléer aux ressources disparues [...], le Conseil Municipal, après en avoir délibéré, vote la somme de 1.000 F. comme part contributive de la commune de Breil." 10"Considérant qu'une pareille installation pourra rendre de grands services aux habitants de la commune de Saorge, [...], considérant que la vente du lait est une des principales ressources des habitants de la commune, le Conseil Municipal a délibéré de voter à cette société une contribution de 100 F." 11

Les coopératives laitières tinrent une grande place dans l'économie du département. Elles permirent à tous les hameaux isolés en montagne de trouver un débouché commercial sur Nice. Elles pasteurisaient le lait, le rendant ainsi transportable, et le transformaient en beurre quand les communications étaient difficiles ou quand la demande diminuait. "Plusieurs de ces coopératives ont constitué en 1933, à Nice, une Centrale Laitière où le lait reçoit le traitement hygiénique utile. Ces coopératives ont, en 1929, livré 2.430.000 litres de lait. Le prix payé aux producteurs a été en moyenne 1 ,27 F. le litre." 12

Depuis une trentaine d'années les mutations socio-économiques, intervenues dans la région montagneuse du département, ont transformé cette situation. La déprise agraire, d'une part, l'intérêt pour le tourisme et les sports d'hiver, d'autre part, ont profondément changé le paysage agricole. L'élevage bovin a presque totalement disparu, quelquefois au profit des ovins. Les coopératives laitières se sont peu à peu reconverties en coopératives agricoles comme à Puget-Théniers, ou en simples dépôts comme à Roquebillière. Celle de Belvédère voudrait devenir un musée du lait, faire connaître les techniques abandonnées et exposer le matériel ancien qu'elle a conservé.

Quatre coopératives laitières ont été visitées:

-Belvédère

-Guillaumes

-Puget-Théniers

-Roquebillière

Les Informations recueillies ont été classées sous les sept rubriques suivantes :

•• Situation•• Noms•• Structure et Fonctionnement•• Formes et Dimensions•• Matériaux•• Décor•• Évolution des bâtiments.

Les Bâtiments

•• Situation

Les quatre bâtiments sont implantés dans le centre des agglomérations. Ils ouvrent sur une large rue, comme à Roquebillière ou à Guillaumes, ou sur une place, comme à Puget- Théniers, et occupent à peu près la même situation que n'importe quelle maison du village. Les coopératives laitières n'ont pas besoin de grands espaces de circulation et Il suffit donc que l'entrée soit assez dégagée pour permettre l'approche des véhicules servant à l'arrivée et à l'embarquement des bidons. Seule la coopérative de Belvédère située sur une ruelle étroite et en pente, à l'écart de la grande rue, est d'un accès un peu plus difficile. Les coopératives laitières ne sont soumises à aucun impératif relatif à la température ou à la présence d'eau, les manipulations ne nécessitent pas beaucoup de place, ce qui leur permet de s'installer à peu près n'importe où.

•• Les Noms.

Les coopératives laitières des Alpes-Maritimes, pas plus que celles des Alpes de Haute-Provence, ne se sont parées des appellations pittoresques et emblématiques qui marquent l'histoire des caves coopératives, du Var en particulier. L'idéologie que traduisaient les noms de "Laborieuse", "Union", "Emancipatrice", fièrement inscrits aux frontons des coopératives vinicoles à la même époque, n'apparaît pas ici.

Les coopératives laitières adoptent les noms des vallées où elles sont situées, Indiquant par là qu'elles desservent, non pas une seule commune mais tout un territoire :

-Coopérative du Var-Moyen à Puget-Thénlers

-Coopérative laitière du Haut-Var à Guillaumes

-Coopérative du Var Inférieur à Falicon

-Coopérative laitière de la Bevéra à Sospel

-Coopérative de la Tinée à Saint-Etienne-de-Tinée.

Malgré cette tendance, certaines ont pris simplement le nom du village où elles sont implantées : Roquebillière par exemple. Un seul cas échappe à cet ensemble de noms géographiques et topographiques et traduit, sinon une idéologie, du moins une orientation, c'est ''l'Avant-Garde Vésubienne", de Belvédère.

•• Structures et Fonctionnement.

Les bâtiments des coopératives laitières sont des structures simples, comparables aux maisons qui les entourent. Elles s'élèvent le plus souvent sur deux niveaux. Leur entrée principale, par laquelle arrive le lait, est quelquefois précédée d'un quai assez bas ou d'un perron de quelques marches comme à Guillaumes, à Puget-Théniers ou à Belvédère. A Roquebillière, elle est au niveau de la rue. Une entrée plus petite, quelquefois latérale comme à Belvédère, sert au personnel ou aux visiteurs. Le rez-de-chaussée est réservé au traitement du lait et au matériel. Les manipulations sont simples et ne nécessitent pas d'espaces spécifiques. Il suffit d'un petit poste de contrôle proche de l'arrivée et d'un emplacement écarté pour la chaudière. Le reste est disposé au centre de la pièce.

Le projet type de laiterie coopérative élaboré par le Service des Améliorations Agricoles du Ministère de l'Agriculture donne les Indications suivantes : "Le lait est versé dans un bac, d'où une pompe l'envoie au pasteurisateur. où il est porté à 65° environ [...] A sa sortie du pasteurisateur, il passe sur un réfrigérant capullaire, où grâce à une machine à glace, sa température est ramenée aux environs de 4° [...] Le lait réfrigéré est alors mis en bidon. Il passe avant de sortir devant le bureau de la coopérative où s'opère le contrôle à la sortie". 13Ce projet précise en outre que "le pasteurisateur et le réfrigérant se trouvent bien dégagés au centre de J'usine, ainsi qu'une écrémeuse, une baratte et un malaxeur, qui ne sont destinés à fonctionner que pour de petites quantités, et particulièrement pendant l'été, moment où la vente directe du lait se ralentit". 14La cave contenant le charbon nécessaire à la chaudière, le compresseur et le système de refroidissement sont situés en sous-sol ou derrière la salle de traitement comme à Guillaumes ou à Puget-Thénlers.

L'étage est réservé à l'appartement du directeur ou du responsable. Il est souvent composé de trois pièces comme à Guillaumes. Il peut également abriter la salle de réunion. L'escalier de communication entre les deux niveaux est extérieur à Belvédère, peut-être parce que l'étage a été rajouté postérieurement. Les dispositions préconisées par le Service des Améliorations Agricoles se retrouvent à peu près dans toutes les coopératives laitières puisqu'elles correspondent aux nécessités des manipulations et qu'aucune contrainte particulière ne vient s'y opposer.

•• Formes et dimensions.

Les coopératives laitières des Alpes-Maritimes sont de dimensions modestes : de 7 à 10 mètres en façade. Elles étaient prévues pour traiter environ 6.0001itres de lait par jour, dans une seule grande salle : et n'avaient nul besoin de grands espaces de circulation. Elles affectent des formes très simples : cubes ou rectangles sur deux niveaux et ne se différencient en rien des autres maisons du village. Le plus souvent, l'entrée est légèrement surélevée sur un quai pour faciliter déchargement et chargement des bidons. Le nombre et la symétrie des ouvertures montrent cependant le soin que les architectes ont apporté à leur conception. On retrouve en effet sur les plans de Belvédère ou de Puget-Thénlers, par exemple, les signatures de COLLIGNON,THILLET, PAMPELONNE, connus pour leur travail dans d'autres catégories de coopératives agricoles. L'intervention de ces architectes est la preuve d'une communication de ces producteurs isolés en montagne avec un grand mouvement régional.

•• Matériaux.

Gros-œuvre.

Ces bâtiments très traditionnels dans leur conception, le sont aussi par les matériaux. Dans la majorité des coopératives laitières des Alpes-Maritimes, les murs sont en moellons crépis. A Roquebillière comme à Puget-Théniers, le soubassement de la façade principale laisse voir la pierre apparente.

A Roquebillière, il est formé de moellons hexagonaux rejointoyés, à Puget-Théniers, de blocs irréguliers et saillants. A Belvédère cependant, l'étage, probablement rajouté dans les années 1930, est fait de piliers de béton et d'un remplissage de briques.

Couverture.

Ces bâtiments sont tous couverts d'une charpente de bois, souvent visible sous le toit débordant. La charpente est couverte de tuiles plates sauf à Guillaumes où elles ont été remplacées par des plaques de fibrociment.

•• Décor

Le décor n'a pas été la préoccupation essentielle des constructeurs de coopératives laitières. Ils ont édifié des bâtiments équilibrés et bien ouverts dont la sobriété contraste avec le décor grandiloquent de certaines caves coopératives de la même époque. La fonction est signalée en façade par un panneau peint ou un cartouche gravé. Quelquefois les ouvertures sont soulignées d'une moulure ou d'une poutre comme à Belvédère. Les balcons, très fréquents dans d'autres coopératives, n'apparaissent qu'à Roquebillière, encore sont-ils très discrets et peu significatifs. Le seul bâtiment qui fasse exception est celui de la coopérative du Var Moyen à Puget-Théniers. Cette façade, qui garde les dimensions communes à ce genre d'édifice, accumule des éléments décoratifs assez disparates. La pierre apparente forme le soubassement et souligne un des angles comme un grand pilastre. Toutes les ouvertures sont encadrées de faux bossages en ciment martelé. La grande entrée enfin, abritée sous un auvent de béton, sous la grande Inscription gravée, est comparable à celle de très nombreuses coopératives de la même période. Cette coopérative laitière construite dans les années 1920 adopte et mêle le motif régionaliste et rustique de la pierre apparente, et les décors plus modernistes des bossages de ciment et de l'auvent de béton.

•• Évolution des bâtiments

Les coopératives laitières des Alpes-Maritimes n'ont pas eu la possibilité de changer beaucoup au cours de leur existence, d'abord parce qu'elles avaient été prévues pour une capacité maximum qu'elles n'ont jamais dépassée par la suite. Conçues pour traiter en moyenne 6.000 litres de la lait par jour, elles ont tourné autour de 4.000 litres et n'ont pas eu à s'agrandir. En auraient-elles éprouvé le besoin que cela leur aurait été difficile, coincées pour la plupart au milieu des agglomérations, sauf à Sospel. Seules les coopératives de Belvédère et de Guillaumes semblent avoir rajouté ou modifié leur premier étage dans les années 1930.

La baisse de la production de lait a causé leur fermeture comme à Roquebillière ou leur reconversion en coopératives d'approvisionnement, reconversion totale à Puget-Théniers, partielle à Guillaumes. Ces changements d'orientation se sont traduits dans ces deux bâtiments par l'aménagement d'une vitrine sur la rue et par une redistribution des espaces du rez-de-chaussée. Les appartements situés à l'étage, trop petits ou mal conçus et mal équipés, ont été abandonnés et transformés en dépôts.

La laiterie de Belvédère a le projet de réhabiliter son bâtiment et de le transformer en musée.

Au niveau technique, les coopératives ont eu le souci de moderniser leur matériel au cours des années, mais plutôt en en réduisant la taille. La coopérative de Guillaumes, la dernière encore en exercice, a par exemple remplacé sa grande cuve réfrigérante de 5.000 litres par une cuve neuve de 1200 litres. Les coopératives laitières des Alpes-Maritimes ont conservé dans l'ensemble l'aspect qu'elles avaient à l'époque de leur création. Les bâtiments les plus anciens témoignent encore de la simplicité et de la modestie de ces structures qui ont pourtant, pendant des décennies, conditionné la vie économique de nombreuses communes.

2) LES COOPÉRATIVES OLÉICOLES DANS LES ALPES-MARITIMES

Présentation

L'olivier a tenu une place importante dans l'agriculture du département : "De tous temps l'olivier a été très cultivé dans la région littorale et moyenne des Alpes-Maritimes. Aux bonnes expositions, il s'élève dans les vallées jusqu'à 700 mètres et plus et il occupe souvent des sols en pente étagés en terrasses, en particulier dans l'ancien comté de Nlce". 15 Pour certains cultivateurs des hameaux de montagne, l'huile est le seul produit rémunérateur et qui permette d'accéder au marché. Or les plaintes des producteurs contre les maladies de l'olivier et surtout contre la concurrence apparaissent dès le début du XXe siècle. 16Dans certains villages où le choix était possible, comme à Sospel ou à Breil, l'effort se porta sur la commercialisation du lait. Pour les autres la création d'un moulin coopératif fut la solution.

En 1906 à St Jean-la-Rivière plusieurs propriétaires décidèrent de construire une coopérative oléicole ayant pour but "de fabriquer l'huile des propriétés de ses adhérents seuls, de mettre celle-ci en commun dans un moulin spécialement construit et mû par une turbine électrique actionnée par les eaux venant du vallon du Paranque qui ne coûtent absolument rien." 17. La coopérative était Je facteur de progrès qui permettrait "d'offrir à l'acheteur une marchandise irréprochable, de permettre de meilleures cultures par l'attrait d'un bénéfice plus grand, d'augmenter de 30% la vente du produit".

Entre 1906 et 1945, une quinzaine de coopératives oléicoles furent créées dans les Alpes-Maritimes. Elles occupent principalement les moyennes vallées du Var et de la Vésubie, les abords de la Roya, de la Bévéra et du Paillon et, à l'ouest, la région de Grasse. La présence de l'énergie hydraulique incita quelquefois les agriculteurs à regrouper les moulins coopératifs pour l'huile et la farine ainsi que la scierie, dans la même commune comme à St Jean-la-Rivière, ou encore dans un même bâtiment comme à Utelle en 1922. 18. Aujourd'hui les coopératives oléicoles sont toujours présentes dans les villages. Le répertoire de la Coopération Agricole de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1989 mentionnait huit coopératives ayant encore une activité de fabrication d'huile. Mais cette activité est intermittente. Les moulins ne fonctionnent pas régulièrement et restent fermés les années où la récolte est pratiquement nulle. Les quantités traitées ne sont jamais suffisantes pour permettre la commercialisation et correspondent à la consommation des adhérents. La plupart des moulins sont en partie reconvertis en coopératives d'approvisionnement ou parfois en salles municipales. L'enquête sur le terrain a révélé que, même dans le cas de réutilisation d'emplacements anciens, les moulins n'ont rien gardé de leur aspect d'origine. Contrairement à la situation rencontrée dans le Var, à Besse-sur-Issole ou à Pontevés, bâtiments et matériel ont été modernisés et ne conservent que peu de choses de leurs installations anciennes. Les quatre coopératives suivantes ont été visitées pendant l'enquête :

-Drap

-Contes

-Gilette

-La Roquette

Les informations réunies ont été classées dans les 7 rubriques suivantes : •• Situation•• Noms•• Structure et Fonctionnement.•.• Formes et Dimensions Matériaux•• Décor•• Evo1ution des bâtiments.

Les Bâtiments

•• Situation

Les moulins à huile sont situés pour la plupart à la périphérie des agglomérations. Celui de Contes est éloigné de plusieurs kilomètres du centre du village. Il est situé dans la vallée du Paillon, alors que la ville est construite sur un piton. Les trois autres sont construits dans des quartiers excentrés, maintenant peu à peu rejoints par les habitations. Ils occupent les emplacements de moulins anciens. La présence de l'eau explique l'Implantation de deux d'entres eux : Drap et Contes.

A Drap, il est situé au lieu-dit "Je Martinet", au bord du Paillon, où étaient également implantés une forge et un moulin à grains aujourd'hui démoli. A Drap la coopérative est installée dans un moulin ancien, proche du canal venant du Paillon, qui traversait le village et alimentait le lavoir. Trois d'entre eux sont à proximité de la grande vole qui mène au village. Seul celui de Contes est en contrebas de la route et desservi par un chemin secondaire. Les bâtiments n'obéissent à aucun Impératif d'orientation.

•• Les Noms

Les coopératives oléicoles des Alpes-Maritimes ont adopté des appellations géographiques. Elles portent simplement les noms des villages où elles sont construites, comme à La Roquette-sur-Var. Quelquefois elles citent dans leur titre le territoire qu'elles desservent. C'est le cas pour Gilette, dont la coopérative s'appelle : Coopérative oléicole de Gilette et des communes avoisinantes. On trouve ce même type de nom à Breil-sur-Roya : Coopérative de la vallée de la Roya.

•• Structures et Fonctionnement

Le moulin coopératif de Saint-Jean-la-Rivière est ainsi décrit en 1907 : "Je moulin se compose d'un rez-de-chaussée et d'un étage, d'un bassin de trituration à deux meules, de deux presses, d'un laveur en fer, d'une turbine, d'un fourneau, de quatre piles ou réservoirs en zinc, de six bassins de lavage et d'un bassin de charge." 19.

Les coopératives oléicoles des Alpes-Maritimes sont Installées dans des bâtiments de structure simple correspondant à peu près à cette description. Elles sont constituées de deux pièces aménagées à des niveaux différents. L'espace de l'étage doit avoir un accès indépendant pour qu'on y entrepose les olives, et une trappe d'où elles tombent dans la salle du moulin. Actuellement, la salle de l'étage est abandonnée à Drap, Gilette et La Roquette. La récolte arrive directement dans la salle de travail. Dans la salle du rez-de-chaussée, les olives sont lavées, triturées, pressées. Un fourneau et des bassins de décantation complètent l'équipement. Certains de ces moulins, comme Drap, Contes ou La Roquette, ont conservé leurs meules anciennes. A Contes, elles sont toujours actionnées par une grande roue extérieure placée sur un canal alimenté par le Paillon. La roue de bols a été remplacée par une roue métallique. Les presses sont toutes hydrauliques, venant des maisons COQ ou LAUBIN-DRUGE à Aix-en-Provence. Contrairement à certaines installations du Var, on ne trouve pas trace des chapelles qui abritaient autrefois les presses dans les moulins anciens.

Les bassins de décantation sont souvent construits à l'extérieur comme à Drap, Contes ou La Roquette. Ils sont actuellement en partie désaffectés, ou détruits comme à La Roquette. Le moulin coopératif de Contes présente une structure plus complexe. D'implantation probablement très ancienne, il a été remanié plusieurs fois et il est en cours de transformation encore actuellement. A l'est, l'entrée Initiale et l'ancien bassin ont été protégés par un auvent. Le bâtiment d'origine a été flanqué, au sud, de deux petites constructions de hauteurs différentes. Cependant, ces agrandissements ne modifient pas le circuit de fonctionnement. Ils sont destinés à l'installation d'une salle d'exposition sur l'oléiculture.

L'ensemble des coopératives oléicoles étudiées dans les Alpes-Maritimes présente une certaine homogénéité dans le domaine des structures. Là où ces bâtiments ont été remaniés, ils l'ont été dans le sens d'une simplification qui correspondait à la mécanisation du matériel et à la rationalisation du fonctionnement. On ne trouve dans ce type de coopératives aucune volonté de création d'un espace spécifique. Les utilisateurs s'appuient sur une tradition et sur des procédés empiriques. Il semble pourtant que des architectes soient intervenus sur ce type de programme. Des plans pour la coopérative de La Roquette sont signés MACARIO, PAMPELONNE en 1913.

•• Formes et dimensions

Les formes, comme les structures, sont très lisibles. Elles sont celles de maisons villageoises à deux niveaux. Une porte et une ou deux fenêtres, parfois sous auvent comme à Drap ou à la Roquette, ouvrent le rez-de-chaussée. L'étage est desservi par un escalier extérieur qui permet l'arrivée de la récolte. A Drap et à Contes, les bassins de décantation sont construits sur une petite esplanade qui précède le rez-de-chaussée. A Drap le bâtiment semble avoir été divisé en deux pour permettre l'installation d'une distillerie dans la moitié sud du local. A Contes la forme et les dimensions du moulin ont été modifiées par l'adjonction de deux corps de bâtiments sur la paroi sud. La coopérative se présente maintenant comme un ensemble composé de trois modules aux volumes étagés.Même quand elles ont été agrandies ces coopératives restent de dimensions très modestes. Deux salles de 60 ou70 m2 suffisent à traiter, non seulement les récoltes actuelles qui varient de 10 à 20 tonnes, mais encore les récoltes dix fois plus importantes d'autrefois.

•• Matériaux.

Gros-œuvre.

La pierre est le matériau généralement utilisé pour ces constructions.Elle est quelquefois apparente, surtout aux soubassements et autour des portes comme à Drap ou à Gilette, ou le plus souvent couverte d'un enduit. Les rajouts et transformations effectués, surtout à Contes, sont en parpaings. La brique est employée pour le décor de la coopérative de Gilette.

Couverture.

Les charpentes restent le plus souvent en bois. Les coopératives de Gllette et La Roquette sont couvertes de tuiles plates. A Drap et à Contes, on a utilisé la tuile creuse et ajouté des rangs de génoise. Le plafond du moulin de Drap est isolé par des plaques de fibre. Les auvents sont faits de supports de bois et de tuiles creuses à Contes. Ils sont métalliques à Drap et à La Roquette, avec couverture de plastique ondulé dans la première et de tôle dans la seconde.

•• Décor

Le décor, s'il n'est pas inexistant, est cependant très modeste dans les moulins à huile coopératifs des Alpes-Maritimes.Il consiste uniquement en quelques fantaisies d'appareillage en soubassement et autour des ouvertures. Le moulin de Drap, par exemple, a un soubassement de moellons rejointoyés et des refends autour des portes.

Seul le bâtiment de Gilette fait preuve d'une conception décorative d'ensemble. La façade est rythmée de pilastres plats, en pierres au rez-de-chaussée, en briques à l'étage. Les portes et fenêtres cintrées sont également soulignées du même motif. Ce bâtiment est auss1 le seul à porter une Inscription en façade. Bien que la réalisation reste rustique et naïve, la coopérative oléicole de Gilette témoigne d'une volonté de décor architectural, unique dans les moulins coopératifs du département. Actuellement, dans les moulins en cours de travaux et de transformation comme à Contes, on met l'accent sur l'aspect régionaliste, en adoptant en particulier le décor de génoise.

•• Évolution des bâtiments

Ces bâtiments coopératifs n'ont pas subi de transformations spectaculaires pendant leur période de fonctionnement qui pour certains s'étend sur près d'un siècle. Installés comme à Drap ou Contes sur l'emplacement de moulins anciens, ils ont plutôt modernisé les structures, agrandissant les ouvertures et simplifiant les espaces. Le matériel a suivi l'évolution des techniques. Les presses hydrauliques ont remplacé les presses à vis et les bacs ont été carrelés. Depuis la baisse très sensible de la production amorcée dès les années 1930, et accélérée depuis les années 1950, les coopératives oléicoles ont développé une branche approvisionnement et ont converti une partie de leurs locaux. A Drap et à Gilette, la municipalité a aménagé une salle polyvalente au premier étage. La coopérative de Contes est la seule à agrandir ses locaux. Elle espère y aménager un petit musée de l'oléiculture.

Dans l'ensemble ces modestes unités que représentent les coopératives oléicoles des Alpes-Maritimes ont plus de possibilités de reconversion que les énormes ensembles que constituent souvent les coopératives vinicoles en difficulté.

3) LES COOPÉRATIVES FLORALES ET DE DISTILLATION DANS LES ALPES-MARITIMES

Présentation

La distillation des fleurs en vue d'obtenir des eaux parfumées semble remonter, dans la Provence et le Comté de Nice, au milieu du XVIe siècle. 20Mais c'est dans la seconde partie du XIXe siècle que l'industrie des essences s'installa sur une grande échelle dans la région de Grasse, entraînant une intensification des cultures florales.

"Avant cette date on se contentait de traiter dans les usines les fleurs que l'on récoltait dans les jardins d'agrément. Déjà en 1856, on comptait que la région de Grasse distillait 2.000.000 de kilos de fleurs d'oranger, 500.000 kilos de roses, 80.000 de jasmin. Grasse avait alors 45 à 50 usines de parfumerie."21 Les parfumeurs de Grasse jouissaient d'une situation privilégiée, drainant toute la production de fleurs à parfum de la région, et en fixant les prix d'achat par l'entremise de leur syndicat.

Pendant les premières décennies du XXe siècle, avec les perfectionnements techniques et l'engouement du public, cette industrie connut un regain de prospérité. Les producteurs de fleurs, soumis aux prix très bas imposés par le syndicat saisirent l'opportunité de se regrouper en coopératives pour transformer eux-mêmes leurs récoltes.Dès 1904 la coopérative NEROLIUM est créée à Golfe-Juan (alors commune de Vallauris), pour le traitement de la fleur d'oranger et des produits du bigaradier. Elle regroupa très vite 70 à 85% de la production totale de fleurs d'oranger. De 1904 à 1920, sont constituées les coopératives de :

-Nerolium à Golfe-Juan en 1904

-Cooparfum à Grasse en 1908

-Les Producteurs de roses à La CoIle en 1908

-Les Producteurs de fleurs à Grasse en 1920

-La 2e Nerolium à Vallauris en 1920

-Hortus à Pégomas en 1921.

Ces coopératives regroupaient 2.400 adhérents et distillaient 1.176.000 kilos en 1929, année de mauvaise récolte. Plus tard, en 1967, Europe-Mimosa, qui n'effectue pas de transformation mais s'occupe de commercialisation, est créée à Cannes-la-Bocca. Toutes ces coopératives furent construites dans le sud et le sud-ouest du département, entre Nice et Grasse, d'est en ouest, et entre Vence et Cannes pour l'axe nord-sud. Ce sont de grandes structures, bien équipées, qui réclamaient de gros Investissements : 1.000.000 F. pour HORTUS à Pégomas en 1921. Elles ont conditionné l'économie agricole de cette région pendant de très nombreuses années, en permettant aux producteurs de participer à une industrie florissante.

Les difficultés qu'elles ont connues par la suite, et surtout après la guerre de 1939-1940, tiennent au développement des mêmes cultures dans les pays d'Afrique du Nord en particulier, où les surprises climatiques et les gelées intempestives étaient inconnues et où le prix de revient était bien moindre. A cette concurrence, s'est ajoutée celle des produits synthétiques de plus en plus utilisés par les parfumeurs. Ces circonstances, liées aux mécanismes actuels d'urbanisation et à la pression foncière ont eu raison d'un des secteurs agricoles les plus rémunérateurs des Alpes-Maritimes. Actuellement, ces coopératives n'ont plus une très grande activité. HORTUS est abandonnée, les deux bâtiments de NEROLIUM ne produisent plus que quelques litres d'huile essentielle et essaient de promouvoir une fabrication de confiture d'oranges.

Les coopératives florales ont également une place dans cette partie de l'étude, mais elles ont moins d'intérêt au niveau des structures, puisqu'elles sont de simples entrepôts de regroupement et de commercialisation des produits. Le seul exemple retenu est celui de la plus récente et la plus originale : Europe-Mimosa.

Ces deux types de coopératives sont analysés parallèlement dans ce chapitre.

Trois bâtiments ont été visités pendant l'enquête :

-Coopérative Nerolium à Vallauris

-Coopérative Nerollum à Golfe-Juan

-Coopérative Europe-Mimosa à Cannes-la-Bocca.

Les informations réunies pendant l'étude de ces distilleries coopératives ont été classées dans les 7 rubriques suivantes : •• Situation•• Noms•• Structure et Fonctionnement•• Formes et Dimensions•• Matériaux•• Décor•• Évolution des bâtiments.

Les Bâtiments

•• Situation

Les coopératives florales et de distillation ont été construites en dehors des agglomérations parce qu'elles avaient besoin de beaucoup d'espace. Les deux coopératives Nerolium avaient intérêt à être isolées pour effectuer leurs activités de distillation. La coopérative Nerolium de Golfe-Juan était probablement en pleine campagne à l'époque de son installation. Elle est encore à l'écart du centre actuellement, mais très proche du quartier animé qui borde la N7.

Nérolium de Vallauris, construite en bordure d'un pré communal, est aujourd'hui complétement enserrée dans le centre. Son entrée est située dans une des rues commerçantes de la ville. Europe-Mimosa occupe un emplacement Important dans un quartier pavillonnaire de Cannes-la-Bocca, encore périphérique, mais de plus en plus construit.

Ces trois coopératives sont dotées de vastes terrains nécessaires à la circulation et à la manipulation des produits traités.

•• les Noms.

Les coopératives de ce type ont adopté des appellations issues de leur fonction. Certaines annoncent simplement leur spécialité :

-Les Producteurs de fleurs à Grasse

-Les Producteurs de roses à La Colle

-Europe-Mimosa à Cannes-la-Bocca.

Le nom de Cooparfum à Grasse est déjà plus recherché. L'utilisation de racines italiennes ou latines comme dans Nerolium à Golfe-Juan et Vallauris, ou Hortus à Pégomas fait preuve d'une certaine sophistication.

•• Structures et Fonctionnement

Les deux bâtiments de NEROLIUM, à Golfe-Juan et à Vallauris, ont des structures assez voisines, parce que adaptées aux mêmes fonctions. Bien qu'ils ne soient pas contemporains, ils sont tous deux constitués de travées d1str1buées différemment autour d'une cour, mais correspondant à peu près aux mêmes postes de travail.

A Golfe-Juan, un grand hangar central est encadré de deux travées perpendiculaires.22 L'espace intérieur sans cloisonnements sert à la fois de hall de réception et de séchage des fleurs, et de lieu de distillation, puisque les alambics y sont Installés. Une galerie prolonge un des côtés de la façade principale et abrite la batterie de cuves destinées au stockage de l'eau de fleur d'oranger.

A Vallauris, le corps principal est constitué de trois travées parallèles en façade, prolongées par une travée perpendiculaire à l'arrière. A l'intérieur, le grand volume sert de hall de réception mais aussi de poste de travail pour les ouvrières qui pèlent les fruits du bigaradier. La salle abrite également la machine qui extrait l'huile essentielle du zeste de la bigarade. Dans le bâtiment de Vallauris, les alambics étaient installés dans une structure indépendante, entre le hall principal et la cheminée.

On observe donc peu de d1fférences entre ces deux structures, à part celles qui découlent du fait qu'on traite uniquement la fleur d'oranger à Golfe-Juan, et la bigarade à Vallauris. Dans les deux lieux, un grand emplacement est prévu pour la réception et la préparation du produit et un autre, proche de la cheminée, pour la distillation. Seule la coopérative de Golfe-Juan avait aménagé un appartement de fonction. La coopérative florale Europe-Mimosa se présente différemment, d'abord parce qu'elle est beaucoup plus récente et aussi parce que sa fonction n'est pas de traiter un produit, mais de le conditionner et de le stocker. Ses deux constructions sont situées de part et d'autre d'un vaste terrain. La principale est à deux niveaux. Le rez-de-chaussée est constitué d'un petit bureau de réception, d'un entrepôt et de chambres froides. L'étage est tout entier occupé par les bureaux. Les deux niveaux communiquent par un escalier extérieur mais couvert. Le second bâtiment, un atelier récupéré, sert d'entrepôt frigorifique supplémentaire.

•• Formes et dimensions

Les bâtiments et terrains de ces coopératives constituent des ensembles importants. A titre d'exemple Il faut rappeler que le hall principal de Vallauris a une superficie de 640m2. Les formes très lisibles laissent voir de l'extérieur les éléments qui les composent. Les quatre travées de la coopérative NEROLIUM de Vallauris sont organisées pour former un bloc rectangulaire au-dessus duquel se dessinent les quatre toitures à deux pentes. Les autres parties sont des unités isolées et indépendantes. A Golfe-Juan, l'aile principale est constituée d'une travée centrale flanquée à chaque extrémité d'une travée perpendiculaire. Le décor plaqué au centre ne dissimule pas la forme initiale. L'autre aile, perpendiculaire à celle-ci, est constituée d'une galerie couverte. La coopérative Europe-Mimosa est de forme plus compacte. Le corps principal est une maison à deux étages qui ne laisse pas deviner la structure Interne. Seul l'escalier construit sur la paroi externe de la façade anime ce bâtiment massif.

•• Matériaux.

Gros-œuvre.

Les bâtiments principaux de Golfe-Juan et Vallauris ont utilisé une structure de béton qui permet de dégager les espaces intérieurs. Cependant, une partie de la façade de Vallauris laisse voir un soubassement de moellons. La cheminée de Golfe-Juan est en briques. La coopérative Europe-Mimosa est construite en parpaings.

Couverture.

La coopérative de Golfe-Juan est en grande partie couverte par une charpente métallique et des tulles plates. Les tuiles ont été remplacées par des plaques de fibrociment sur la travée est. NEROLIUM de Vallauris conserve une belle charpente de bois sur le bâtiment d'origine. L'ensemble est couvert de tuiles plates. Les bâtiments d'Europe-Mimosa ont une couverture de plaques de fibrociment sur charpente métallique.

•• Décor

Les coopératives de dlstillation sont les seules à témoigner d'une volonté décorative dans les Alpes-Maritimes. Dans des styles très différents, à Golfe-Juan comme à Vallauris, les façades sont élaborées. A Golfe-Juan, la plus ancienne, une sorte de portique est plaqué sur la façade principale. La composition très scénographique rythme la paroi par de grandes baies séparées par des colonnes engagées et des pilastres. L'ensemble est surmonté d'une balustrade et d'un large fronton aux volutes stylisées. Cette interprétation de motifs d'architecture classique n'est pas naïve et rustique, à l'exemple de ce qui se fait dans les coopératives vinicoles de la même époque, mals assez théâtrale. Le décor de Vallauris, dans un registre différent, est également très soigné. Là encore des pilastres encadrent la façade mais le portail est le lieu de prédilection où se concentrent des ornements un peu précieux. Ce choix de décor central avec inscription et gypserie rococo est un peu anachronique en 1920, date de son élaboration. Il est très proche de ce qu'on trouve aux portails et aux frontons des coopératives du Var dans les premières années du siècle.

Tout le décor de la coopérative Europe-Mimosa de Cannes-la-Bocca réside dans la structure de l'escalier extérieur et le claustra de béton qui l'abrite.

•• Évolution des bâtiments

Ces coopératives ont été agrandies modérément au cours de leurs années de fonctionnement. Quelques petits bâtiments ont été rajoutés aux structures d'origine de Vallauris et de Golfe-Juan. NEROLIUM de Vallauris a installé ses bureaux dans un immeuble voisin et a changé l'emplacement de son entrée principale pour faciliter l'accès et rendre plus fonctionnels les espaces de circulation. Europe-Mimosa a racheté un ancien atelier de chantier naval pour agrandir sa capacité de stockage. Mais actuellement l'activité de distillation a disparu à Golfe-Juan et est devenue minime à Vallauris. Les deux coopératives NEROLIUM tentent de reconvertir leurs locaux. L'atelier de fabrication de confiture d'orange installé à Golfe-Juan n'occupe qu'une petite partie de l'espace et la presque totalité du bâtiment est désaffectée. Les cuves de stockage d'eau de fleur d'oranger sont en cours de démolition.

A Vallauris l'installation d'une coopérative d'approvisionnement agricole et l'aménagement d'une salle d'exposition pendant l'été, animent encore la plus grande partie des locaux mais restent des solutions insuffisantes pour la gestion d'un ensemble de cette importance.

4) LES COOPÉRATIVES AGRICOLES D' APPROVISIONNEMENT DANS LES ALPES-MARITIMES

Présentation

Les coopératives agricoles d'approvisionnement et les CUMA (coopérative d'utilisation de matériel agricole) sont présentes dans presque chaque village des Alpes-Maritimes comme dans tous les départements agricoles. Elles sont le plus souvent de simples dépôts installés dans des locaux sommaires et de peu d'Intérêt. Cependant on trouve dans ce département des coopératives d'approvisionnement d'une certaine envergure, au niveau des locaux comme au niveau de l'historique du mouvement. Elles sont nées des syndicats agricoles bien implantés dans la région dès la dernière décennie du XIXe siècle. Avant que ne se créent les sociétés coopératives et que leur statut soit défini, les syndicats apportaient déjà une aide efficace à l'équipement agricole : "En 1890, le but du syndicat agricole (de Cagnes-sur-Mer) est notamment d'aider les agriculteurs dans leurs approvisionnements en engrais, dont l'utilisation, en cette fin du XIXe siècle, a modifié profondément les habitudes de cultures ancestrales" 23. Peu à peu les syndicats favorisèrent la création de coopératives qui prirent le relais de leur action. Ce fut le cas pour les trois sociétés étudiées, Antibes, Cagnes-sur-Mer, Mandelieu. Elles se sont d'ailleurs Installées dans les locaux des syndicats. La seule qui ait déménagé depuis, en 1968, est celle d'Antibes.

Ces coopératives ont eu un rôle Irremplaçable dans la vie des agriculteurs, mettant à leur disposition les produits nouveaux, facteurs d'amélioration et de progrès. Elles sont installées en plein cœur de la région horticole et maraîchère et ont eu une Importance notable dans ces secteurs qui n'ont pas créé de coopératives spécialisées. La coopérative de Saint-Laurent-du-Var effectue même du groupage de fleurs. L'action des coopératives agricoles reste d'actualité et leur permet de multiplier leurs implantations dans les locaux des sociétés laitières ou de distillation dont l'activité baisse ou disparaît.Cependant les mutations que connaît l'agriculture risquent de les remettre en question à longue échéance.La coopérative d'Antibes qui regroupait 1264 adhérents en1930 en a aujourd'hui 862 dont 400 actifs environ. Ces associations devront peut-être, pour maintenir leur influence, modifier leur formule et diversifier leurs marchandises et leurs débouchés. Les bâtiments des coopératives d'approvisionnement sont de trois sortes.

Les petits entrepôts des villages sont des Installations rudimentaires sans intérêt architectural. Ils peuvent occuper une cour de maison comme un petit hangar. Ils n'ont pas été étudiés ni recensés.

Certaines coopératives d'approvisionnement se sont établies dans les locaux associatifs laissés libres en totalité ou en partie, par la baisse ou la disparition d'une spécialité. C'est le cas à Gilette où le bâtiment abrite laiterie et approvisionnement} et à Puget-Théniers où la reconversion est totale. C'est le cas encore à Vallauris où la distillation, destination d'origine, n'a plus qu'une place restreinte à côté de l'activité d'approvisionnement. Ces coopératives ne sont pas citées dans cette partie de l'étude puisqu'elles ont été étudiées dans d'autres chapitres.

En dernier !leu, il existe un troisième type de bâtiments,conçus pour leur destination et d'une certaine Importance. Ce sont eux qui figurent ici et particulièrement les trois plus importants sur le plan architectural et historique : Antibes, Cagnes, Mandelieu. Les autres sont recensés en annexe. Ces trois structures ont des caractéristiques communes. Elles sont implantées dans des villes Importantes et occupent de vastes terrains dans des agglomérations soumises à un mécanisme d'urbanisation galopante. Elles partagent souvent leurs immeubles avec d'autres sociétés intimement liées à la vie agricole comme GROUPAMA à Antibes et le Crédit Agricole et GROUPAMA à Cagnes. Leur architecture, si elle garde la marque du passé à Mandelieu, est surtout orientée maintenant vers l'aménagement de lieux de stockage et d'accès au public. Les Informations réunies sur ces bâtiments, lors de l'enquête sur le terrain, sont présentées sous les sept rubriques : •• Situation ••Noms ••Structure et Fonctionnement ••Formes et Dimensions ••Matériaux ••Décor ••Évolution des bâtiments.

Les Bâtiments

•• Situation

Les trois coopératives sont situées dans l'agglomération. Celle d'Antibes est en ple1n centre, près de la gare et de la voie de chemin de fer. Les deux autres sont dans des quartiers plus périphériques, à caractère résidentiel. Celle d'Antibes située à l'origine boulevard Chancel, dans le centre ville, a déménagé en 1968. Elles ouvrent directement sur la rue pour deux d'entre elles. A Antibes les constructions en sont séparées par un grand terre-plein. Les coopératives de Mandelieu et Cagnes sont coincées entre d'autres immeubles alors que celle d'Antibes dispose d'un vaste espace. Les bâtiments de Cagnes et Antibes sont mitoyens avec ceux de GROUPAMA.

•• Les Noms

Aucune coopérative agricole n'a adopté de nom particulier. Leurs appellations ne servent qu'à signaler une aire d'action :

-Coopérative Agricole de la Val1ée de la Siagne à Pégomas

ou à préciser une spécialité comme :

-Coopérative Agricole et Horticole à Saint-Laurent-du-Var.

-Coopérative Agricole Horticole et Florale à Mandelieu.

•• Structures et Fonctionnement

Ces trois bâtiments sont constitués des mêmes éléments, bureaux, entrepôts, espaces de vente et d'accueil, qui répondent aux impératifs de leur fonction. Mais leurs dates de construction et les situations qu'elles occupent ont déterminé des structures très différentes. Elles ont toutes les trois un bâtiment de façade qui abrite les bureaux et l'accueil. A Cagnes et Antibes, il est à deux étages, comprenant aussi les logements à l'étage supérieur. A Mandelieu, il est à un seul niveau, avec une galerie intérieure qui court à mi- hauteur. Derrière cette partie principale s'allongent les entrepôts, agrandis plusieurs fois. Dans les deux cas de Mandelieu et Antibes, ils sont accessibles par l'Intérieur du bâtiment de façade et par l'arrière, en contournant l'ensemble. A Cagnes au contraire, où l'Immeuble est coincé par d'autres constructions, on pénètre dans les entrepôts par un passage pratiqué à côté des bureaux ou par une petite rue perpendiculaire située derrière le pâté de maisons. La coopérative de Mandelieu est un volume unique abritant tous les espaces nécessaires au fonctionnement. Celle d'Antibes, plus complexe, est composée de plusieurs éléments. On y trouve, outre le bâtiment principal, un libre-service composé de deux hangars accolés, enfin deux petites maisons situées à une extrémité du terrain, actuellement louées.

•• Formes et dimensions

Ces trois coopératives agricoles sont de dimensions importantes à côté des petits dépôts de villages ou des unités qui servaient à la laiterie ou à l'oléiculture. Elles nécessitent de grands espaces de stockage et de circulation, ainsi que des structures d'accueil pour Je public. Elles restent cependant de taille moyenne si on les compare aux énormes volumes occupés par certaines coopératives vinicoles ou céréalières. La coopérative de Cagnes apparaît comme la plus petite parce que bâtiment principal et entrepôts ne forment pas un volume unitaire immédiatement visible. C'est un bloc rectangulaire à deux étages, très ouvert par de grandes baies et un balcon. L'actuelle coopérative d'Antibes, la plus récente est certainement la plus importante par les dimensions de ses deux bâtiments et par la superficie du terrain. Le bâtiment principal qui abrite les locaux administratifs et les entrepôts est un rectangle à deux étages surmonté de deux cheminées. La façade du rez- de-chaussée est partagée en deux parties. Une partie donne accès à la coopérative, l'autre à GROUPAMA. La forme de la coopérative de Mandelieu est la plus classique, celle que l'on retrouve pour un certain nombre de bâtiments agricoles. Elle a l'aspect d'un hangar dont le mur pignon réhabillé sert de façade. Le bâtiment unique est à un seul niveau et très allongé par les entrepôts rajoutés à l'arrière.

Il n'y a pas émergence d'une forme type adoptée par ces structures coopératives. Leurs composantes similaires s'organisent très différemment selon les lieux et les besoins.

•• Matériaux.

Gros-œuvre.

Le bâtiment d'origine de la coopérative de Cagnes est en maçonnerie de moellons. Dans les deux autres cas, le bâtiment principal est en béton, avec une hulsserie d'aluminium à Antibes. Les bâtiments annexes construits postérieurement, libre service à Antibes et entrepôt à Mandelieu sont en parpaings.

Couverture.

Les constructions les plus anciennes de Cagnes et de Mandelieu sont couvertes d'une charpente de bois et de tuiles plates. Les hangars ajoutés ultérieurement sont couverts de plaques de fibrociment. A Antibes, le grand bâtiment principal a un toit plat de béton. Les autres parties sont couvertes de plaques de tôle.

•• Décor

Les bâtiments étudiés ici ne révèlent pas un souci de programme décoratif. Les problèmes d'espace et d'accès apparaissent comme primordiaux. Cependant les trois façades ne sont pas complétement neutres et présentent, chacune dans un style différent, quelques éléments de décor. Sur celle de la coopérat1ve d'Antibes, la plus moderne et la plus fonctionnelle, un grand contrefort souligne un des angles. Ajouté aux huisseries d'aluminium et à une inscription peinte, cet élément de structure anime et personnalise cette construction, sans ça très anonyme. A Mandelieu on retrouve des détails ornementaux très rustiques, communs à de nombreux bâtiments agricoles, comme les pannes visibles sous le toit débordant, les imitations de refends autour du portail et l'inscription qui occupe le pignon. La façade de Cagnes ne se signale que par les ferronneries qui ornent aussi bien les portes-fenêtres du rez-de-chaussée que le balcon de l'étage.

•• Évolution des bâtiments

Ces trois coopératives se sont agrandies au cours des années par l'ajout d'entrepôts et de bureaux. Ces changements sont surtout spectaculaires pour celle d'Antibes, qui a déménagé du centre-ville vers un quartier où e Ile peut occuper un vaste terrain et implanter de nouvelles constructions. Les deux autres sont soumises à plus de contraintes à cause de leur situation dans l'agglomération. A Cagnes, les entrepôts ont pourtant pu être prolongés en 1960 et 1970. Les locaux administratifs ont été réaménagés et agrandis à l'étage, au dos de l'Immeuble. La coopérative de Mandelieu a prolongé le bâtiment d'origine par un hangar de parpaings. Elle devra prévoir des transformations dans un avenir proche parce qu'elle est est implantée dans un périmètre d'aménagement.

CONCLUSION

L'étude des coopératives implantées dans les Alpes-Maritimes permet un certain nombre d'observations sur les zones concernées. On distingue trois grandes aires géographiques où la coopération a pu s'épanouir. Ce sont celles où une production majoritaire, seule source de revenus, méritait d'être développée et défendue contre la concurrence ou la mainmise d'un négociant. On peut citer l'aire de l'élevage, et donc du lait, au nord du département, l'aire de l'olivier dans la partie moyenne et surtout orientale, l'aire des cultures florales dans le sud-ouest. Dans les deux premiers cas, pour le lait et les olives, les coopératives sont construites dans de petites agglomérations, écartées des grands axes de communication. Elles sont conçues comme des bâtiments utilitaires sans souci d'être l'enseigne d'un mouvement ou d'une idée, contrairement à de nombreuses coopératives vinicoles du début du siècle en particulier. Elles sont souvent de petite taille parce que la transformation et le traitement de ces produits ne réclament pas de grands espaces. Elles n'occupent pas non plus de grands terrains et se suffisent d'un terre-plein en bordure de rue. Elles ont pourtant été construites avec un certain soin, et, pour certaines d'entre elles, avec la collaboration d'architectes de notoriété.

On trouve, pour des bâtiments aussi simples que la coopérative laitière de Belvédère ou l'oléicole de La Roquette, la signature de Pampelonne, connu pour de nombreux travaux dans d'autres départements de la région. Le Service des Améliorations Agricoles s'y est beaucoup intéressé, réalisant toutes les capacités de développement économique qu'elles offraient à des régions peu favorisées. Il a élaboré des modèles de bâtiments et d'installations qui correspondaient à une volonté de modernité et de progrès. Il s'est également occupé d'obtenir subventions et prêts pour la construction de ces édifices qui représentaient des investissements importants aux yeux des agriculteurs de ces petites communes. Dans les années 1910, un moulin à huile représentait une dépense de 10.000 à 20.000 F. et une laiterie pouvait coûter Jusqu'à 55.000 F.

Les coopératives laitières et oléicoles des Alpes-Maritimes forment un ensemble de bâtiments à la structure simple, peu décorés et d'implantation urbaine dans la majorité des cas. Les coopératives de distillation de fleurs à parfum sont des créations plus étonnantes, au moins pour ce qui concerne celles de Golfe-Juan et Vallauris. Si elles ont à peu près la même fonction que les coopératives de distillation de lavande des Alpes de Haute-Provence, elles n'ont avec elles aucune similitude architecturale. Ce sont de vastes bâtiments dont la conception reste simple sans être aussi élémentaire. Ce ne sont pas des portiques ouverts dont l'activité ne dure que deux mois, comme pour la lavande, mais de véritables établissements Industriels où le travail se poursuit pendant presque toute l'année. Un personnel nombreux et des manipulations diverses et spécifiques nécessitent de grands espaces intérieurs et extérieurs. Bien que situées dans des faubourgs peu peuplés à l'époque de leur création, elles font partie de l'agglomération et ne sont pas construites sur les lieux de récolte à plusieurs kilomètres de la ville. Elles affichent un décor soigné, un peu précieux, à l'image de la spécialité pour laquelle elles ont été construites. Par ces caractéristiques de structure et de décor, ces coopératives sont proches du type de la coopérative vinicole mis en place dès le début du XXe siècle.

Le mouvement de la Coopération Agricole connaît des difficultés dans tous les départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Mais les secteurs de production sont touchés diversement. Le problème des Alpes-Maritimes tient au fait que la coopération ne s'est développée que dans des branches particulièrement atteintes par les mutations survenues dans l'agriculture du département. La laiterie, l'oléiculture, les plantes à parfum ont connu des baisses de production spectaculaires et sont en vole de disparltion. Les départements viticoles ou céréaliers maintiennent un certain rendement même s'il y a des fléchissements sensibles localisés. Dans les Alpes-maritimes, les trois secteurs de prédilection de la coopération se sont effondrés presque totalement aujourd'hui. L'avenir des bâtiments coopératifs abandonnés ne pose pas dans ce département les problèmes épineux qu'Il pose ailleurs, dans le Var par exemple. La reconversion des unités de taille modeste et d'implantation urbaine que sont les coopératives laitières et oléicoles se fait assez facilement. Les communes peuvent y installer des salles polyvalentes ou y favoriser, pour les plus intéressantes, l'implantation de salles d'exposition et de musées.

Les coopératives d'approvisionnement qui jouissent toujours d'une situation florissante, occupent tout ou partie des locaux vacants. Actuellement, elles forment un ensemble Important de bâtiments distribués dans tout le département, avec quelques grandes unités urbaines, d'Importance historique. Le département des Alpes-Maritimes n'a pas été un département phare du mouvement coopératif. Cependant, il a connu une implantation précoce dans certains cantons et un développement inattendu dans Je domaine délicat et spécifique des fleurs à parfum. Il laisse comme témoins architecturaux intéressants certains bâtiments laitiers et oléicoles qui pourront devenir les vitrines des techniques anciennes et les deux édifices de NEROLIUM dont le style original mérite d'être sauvegardé.

1Jean Casimir. Monographie agricole des Alpes-Maritimes. Nice : Presses de la société générale d'imprimerie, 1937.2Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Breil. 21/08/1904. AD 06, série 30 W 7073.3Jean Casimir. Op. cit.4AD 06. 30 W 7073. 30/07/1907.5Jean Casimir. Op.Cit.6Projet de moulin à huile, farine et scierie à Utelle. AD 06. M 7621.7Statuts de la coopérative. 1909. AD 06. 30 W 7073. 8AD 06. Liasses 7226 et 7227. 9Projet-type de laiterie coopérative. Mémoire explicatif. Service des Améliorations Agricoles. AD 06. Série M.10Extrait des délibérations du conseil municipal de Breil. 2/08/1904.11Extrait des délibérations du conseil municipal de Saorge. 25/09/1904.12Jean Casimir. Op.Cit.13Projet-type de laiterie coopérative. Op. Cit.14Projet de plan de la laiterie coopérative de Belvédère. AD 06. M 7602.15Jean Casimir. Op. Cit.16Lettre du Président de la coopérative oléicole St-Jean-la-Rivière. 30/07/1907. AD 06. 30 W 7073.17Lettre du Président de la coopérative oléicole. Op. Cit.18Minoterie coopérative de St-Jean-la-Rivière. Plan, façade et coupe. Arch. Lefort et Pampelonne. 1/02/1912.19Lettre du Président de la coopérative oléicole St-Jean-la-Rivière. Op. Cit.20Jean Casimir. Op. Cit.21Jean Casimir. Op cit.22Jean Casimir. Op. Cit.23Historique de la création du syndicat de Cagnes-sur-Mer. Doc. publicitaire. Archives de la coopérative agricole, 1990.

Les différences des climats et des terrains ont favorisé, dans le département des Alpes-Maritimes, une agriculture très diversifiée. Les constrastes des milieux naturels ont permis au département de développer des cultures spécifiques et rémunératrices comme les fleurs à parfum, surtout dans les zones proches du littoral ; la zone montagneuse des hautes vallées du Var, de la Tinée, de la Vésubie, de la Roya est en grande partie vouée à l'élevage, autrefois bovin, aujourd'hui plutôt ovin ; sa topographie tourmentée ne lui pas permis d'avoir un grand vignoble. C'est ainsi qu'on distingue trois grandes aires géographiques où la coopération a pu s'épanouir : les coopératives laitières se trouvent au nord du département, les coopératives oléicoles sont surtout situées dans la zone orientale, et les cultures florales occupent le sud-ouest du département. La majorité des coopératives sont édifiées dans la 1ère moitié du 20e siècle : les coopératives laitières sont édifiées entre 1882 et 1936 ; les coopératives oléicoles entre 1906 et 1945, les coopératives de distillation de plantes à parfum entre 1904 et 1921 et les coopératives d'approvisionnement datent de la 1ère moitié du siècle. Le problème des Alpes-Maritimes tient au fait que la coopération ne s'est développée que dans les branches particulièrement atteintes par les mutations survenues dans l'agriculture du département ; les 3 secteurs de prédilection de la coopération tels que la laiterie, l'oléiculture et les plantes à parfum ont connu des baisses de production spectaculaires et sont actuellement en voie de disparition.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Toits
    tuile plate, tuile creuse
  • Murs
    • pierre
    • béton
  • Décompte des œuvres
    • repérées 40
    • étudiées 17

Documents d'archives

  • Travaux et équipement rural. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : M 7599 à 7623.

  • Situation de l'agriculture dans les Alpes-Maritimes. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 30 W 7073.

Bibliographie

  • BARRAL, P. Les agrariens français de Méline à Pisani. Paris : Armand Colin, 1968.

  • Faure, M. Les paysans dans la société française. Paris : Armand Colin, 1966. Coll. U2.

  • LIVET, Roger. Les nouveaux villages de l'agriculture française. Paris : Éditions ouvrières, 1980. Coll. Développement et Civilisations.

  • MENDRAS, Henri. Sociétés paysannes. Paris : Armand Colin, 1976. Coll. U2.

  • MENDRAS, Henri. La fin des paysans. Paris : Armand Colin, 1970. Coll. U2.

  • HOUÉE, P. Les étapes du développement rural. Paris : Éditions Ouvrières, 1972.

  • JAMMES, R. Les paysans en France. Paris : Hatier, 1977. Profil dossier.

  • BLANCHARD, Raoul. Les Alpes françaises. Paris : Armand Colin, 1934.

  • BLANCHARD, Raoul. Les Alpes et leur destin. Paris : Arthème Fayard, 1958.

  • CASIMIR, Jean. Monographie agricole des Alpes-Maritimes. Nice : Presses de la Société général d'imprimerie, 1937.

  • Nouvel atlas rural de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. 1982.

  • ROZIER, Jean. Les coopératives agricoles. Paris : Librairies Techniques, 1963.

  • LASSERRE, G. La coopération. Paris : P.U.F., 1967. Coll. Que sais-je?

  • MALLET, S. Les paysans contre le passé. Paris : Seuil, 1962.

  • Répertoire de la coopération agricole en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. D.R.A.F., F.R.C.A., juin 1989.

  • Les coopératives vinicoles varoises. Brignoles : ADAC, 1991.

  • Agriculture et coopération en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans Revue mensuelle d'information des coopératives agricoles, n° 138, novembre 1990.

Annexes

  • Procédé de fabrication de l'huile d'olive.
  • Tableau récapitulatif des coopératives repérées en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
  • Coopératives agricoles dans les Alpes-Maritimes
Date d'enquête 1991 ; Date(s) de rédaction 2003