Dossier d’œuvre architecture IA84000019 | Réalisé par ;
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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  • inventaire topographique
Château Fort, Château
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune La Bastide-des-Jourdans
  • Cadastre 1974 AB 218  ; 1838 F 225, 226, 227, 228
  • Dénominations
    château fort, château
  • Parties constituantes non étudiées
    colombier

HISTORIQUE

Les documents anciens concernant cet édifice aujourd'hui très mutilé sont rares et d'interprétation difficile. Quelques jalons de son histoire ont pu être rassemblés. Une prospection systématique des archives notariales de La Bastide-des-Jourdans (déposées aux Archives départementales de Vaucluse) permettrait sans doute d'aller plus loin et d'éclairer, en particulier, le problème demeuré obscur des transformations et des constructions exécutées aux XVIIe et XVIIIe siècles par les de Corriolis.

Contexte historique : Cf. dossier VILLAGE IA84000002.

Construction

Un premier édifice fortifié fut certainement construit dès la fondation du village ou peu de temps après. La carence complète de la documentation ne nous permet pas d'en supputer ni l'importance, ni la disposition.

Dégradations, restaurations, reconstructions, changements d'affectation

Les premières informations dont nous disposons sont contenues dans la grande transaction passée entre le seigneur Hugues de Riez et les habitants de La Bastide-des-Jourdans en 1388 1. La défense figure, à cette date, au nombre des soucis les plus impérieux des bastidans, qui ont récemment et à grands frais fait élever un mur d'enceinte autour de leur village. Le seigneur, pour sa part, manifeste quelque inquiétude pour son château, qui sert de refuge à la partie (un tiers environ) de la population ne trouvant pas de place dans le village fortifié en cas de danger, et dont plusieurs corps de bâtiment ont grand besoin de réparations : certains sont sans doute proches de la ruine, car les habitants en dérobent les matériaux 2. En outre, Hugues de Riez réclame de la communauté le service du guet sur son château en temps de guerre, offrant pour cela de nourrir à ses frais les guetteurs - il n'obtiendra sur ce point, au terme de la transaction, aucune satisfaction, pas plus d'ailleurs qu'en ce qui concerne les réparations 3. La seconde transaction, passée en 1428 entre Guillaume de Riez et les habitants, ne concerne en rien l'édifice. L'acte cependant est passé dans la grande salle du château, où sont réunis les hommes de La Bastide-des-Jourdans, salle également appelée, dans le protocole final, la "chambre neuve" 4. La pièce parait être de grandes dimensions, puisqu'elle contient les 32 personnages mentionnés dans l'acte. Quant à la qualification de neuve, elle para!t impliquer une construction relativement récente.

Le nombre et la disposition des pièces semblent avoir peu varié lorsque, au mois d'avril 1555, est dressé l'inventaire du mobilier (séquestré, nous ne savons pour quelle raison- peut-être à l'occasion d'un procès), qui se répartit ainsi : une pièce dite "chambre vieille" contenant des lits, une table recouverte d'un tapis vert, deux chaises et deux tabourets, un buffet et une paire de chenets (ce qui suppose l'existence d'une cheminée) ; une cuisine meublée d'un buffet,deux mastres et un coffre renfermant divers ustensiles de cuisine et un lot assez important de vaisselle d'étain ; une autre pièce dite "salestre", garnie d'une table et d'un banc-coffre ; une chambre contigue à la cuisine, où se trouvent un lit, un buffet et un coffre ; une grande salle contenant deux tables, un banc-coffre et un banc de bois blanc ; une étable avec grenier à foin, poulailler et deux cuve à vin 5. Un autre document de la même année nous apprend en outre l'existence d'un grenier et d'une pièce voûtée sous la cuisine qui servent à entreposer les récoltes 6. D'après cette énumération sommaire et imprécise, se dessine l'image d'un édifice assez pauvre et qui semble avoir conservé sa structure et ses dimensions médiévales.

L'avènement de Claude Corriolis deux ans auparavant, en 1553, avait cependant marqué le début d'une campagne de rénovation et d'agrandissement du château, dont nous ne connaissons malheureusement que quelques étapes. Par acte du 22 juillet 1556, Claude Corriolis passe, en effet, commande d'un millier de malons de terre cuite vernissée à un tuilier de Beaumont, Guillaume Bochongne : les malons sont carrés de un pan de côté (25 cm environ) ce qui fait une surface totale de couverture d'un peu moins de 62 mètres carrés 7. Trois mois plus tard, il fait exécuter par un menuisier de Manosque un meuble à tiroirs pour garnir son cabinet, aménagé dans la tour carrée. Cette dernière existe donc déjà à cette date. Il est probable que des travaux ont été commandés et sont encore en cours en 1556, car on note, dans l'acte du 22 juillet 1556, la présence comme témoin d'un gipier (maçon plâtrier) d'Aix, Jean Beguin.

En août 1557, un nouveau prix-fait est passé entre le seigneur et un gipier de Grambois, Isnard Barrière, pour la construction d'un grenier au-dessus de la salle voûtée, contiguë au "bardat", située elle-même au-dessus de la "crotte neuve" 8. Un ensemble d'éléments font ici leur apparition : le "bardat", où d'ailleurs est passé l'acte, pièce voûtée probablement destinée à la réception des récoltes du domaine et des redevances en nature (d'où la proximité des greniers), une autre pièce voûtée à côté de celui-ci, sous laquelle a été aménagée une cave (la "crotte neuve") et surmontée d'un grenier communiquant avec elle, selon les termes du prix-fait, par deux lucarnes de deux pans (49 cm) sur trois (75 cm). C'est pour l'exécution de ce travail que Claude Corriolis commande, le 5 septembre suivant, 250 setiers (environ 4.000 litres) de plâtre à Barthélémi et Esprit Reymondon, habitants de La Bastide-des-Jourdans 9.

L'année 1558 est marquée par quelques autres travaux : le 24 août, le même Isnard Barrière, gipier de Grambois, est chargé de creuser une cave sous le "bardat", entre la "crotte neuve" et la tour carrée. La nouvelle cave sera plus haute d'une demi-canne (environ 1 mètre) que la "crotte neuve", avec laquelle elle communiquera par une porte et ouvrira sur la cour du château (au niveau de la grande porte du "bardat") par deux lucarnes de 2 pans et demi (62 cm) sur 1 (25 cm).

Deux ou trois autres ouvertures carrées, de 2 pans de côté (50 cm), seront percées dans la voûte pour communiquer avec le "bardat". Enfin, il est prévu la construction de deux piliers de pierre de taille pour étayer les piliers qui se trouvent dans le "bardat" 10. Ce texte localise précisément les travaux : l'ensemble des bâtiments dont il vient d'être question se situe le long de la courtine nord, entre la tour carrée et la bâtisse attenant à la tour ronde ; cette dernière serait, par conséquent, la partie la plus ancienne, celle dont il est fait mention dans les textes médiévaux. Un dernier prix-fait, daté du 20 décembre 1558, confie à maître Isnard Barrière la construction d'une cheminée dans la chambre du seigneur, contiguë à la grande salle, et la remise à neuf de la chambre située au-dessus de la cuisine (enduits, cheminée avec son tournevent, ce qui indique que cette pièce se trouve au-dessus du niveau d'habitation, sous le toit ainsi que des petits aménagements dans l'étable que le seigneur vient de faire construire 11.

Des travaux importants eurent lieu par la suite, en particulier au XVIIe siècle, dont nous n'avons pas trouvé trace. Les Corriolis, parlementaires aixois, avaient fait du château de La Bastide-des-Jourdans leur résidence d'été et l'entretinrent soigneusement, semble-t-il, jusqu'à la révolution 12.

En 1790, la municipalité, ayant repris le procès commencé en 1664 contre les seigneurs, obtint la confiscation et la vente de leurs biens - le château, peut-être déjà pillé et saccagé - fut complètement abandonné. En 1837, le cadastre n'indique déjà plus à son emplacement que des ruines. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que l'édifice fut racheté par un peintre, oncle de l'actuelle propriétaire, qui le releva en partie, tel qu'on peut le voir aujourd'hui.

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

A. Situation

Le château est édifié sur un relief allongé d'est en ouest, dégagé au sud par la dépression de la vallée de l'Eze, au nord par celle du ravin du Bois qui le contourne à l'ouest pour se jeter dans l'Eze. A l'est, il se raccorde en pente douce aux collines qui dominent le village. Ce relief naturel a été aménagé :

- la partie sommitale a été aplanie en jardin à l'est (terrasse) ; la partie occidentale, où sont construits les bâtiments, a été surhaussée par la construction de deux niveaux de caves ;

-le versant sud, abrupt au-dessus de l'Eze, a été régularisé en terrasses étagées ;

-quant aux versants ouest et nord, dominés par l'à-pic des bâtiments, leur pente est plus douce ; le quartier sud du village s'y est construit en éventail au pied du château.

Les bâtiments dominent donc la partie basse du village,étagée sur les deux versants du ravin du Bois, et font face à la partie haute groupée autour du clocher sur la petite colline du Seret. De loin, ils apparaissent parfaitement à l'est et au sud, c'est-à-dire des deux côtés où le relief en creux est perceptible. Par contre, du nord et de l'ouest (route de Grambois), seul le sommet des bâtiments affleure au-dessus des toitures du village.

B. Composition d'ensemble

Effet général des masses

Le contraste est frappant entre les deux faces principales du château :

- au nord, ses volumes massifs ont gardé le caractère austère d'une forteresse, atténué cependant par la forme élancée et harmonieuse de la tour nord-est qu'un effondrement de la courtine a isolée ;

- au sud, le corps de logis apparait comme une demeure bourgeoise perchée au sommet de l'étagement des terrasses.

- Accès : l'entrée principale se trouve à l'extrémité orientale de la terrasse 5, à côté de l'ancienne porte Notre-Dame ; un accès secondaire existe dans l'angle sud-ouest où un escalier, partant de la rue de Grognette, donne accès à la terrasse.

Plan d'ensemble

Au sommet de la terrasse supérieure (terrasse 1),le corps de logis (A) est un bâtiment moderne (fin du siècle dernier) ; seuls ses murs nord et ouest (en partie remaniés) et les deux étages de caves sur lesquels il est construit sont des vestiges du château primitif. Il est renforcé dans l'angle nord-ouest par une tour tronconique (B). Un hangar, construit sur la terrasse 2 contre la courtine, le flanque à l'est. A l'angle nord-est de cette terrasse, tour carrée (c).

Sous la partie sud de la terrasse 2, substructions d'un corps de bâtiment (D) dont les éléments de la façade sont encore visibles dans le mur de soutènement.

A l'extrémité orientale de la terrasse 5, gros pigeonnier (E).

Matériaux

Édifice entièrement construit en matériaux pierreux appartenant à deux types :

Nature

Mise en oeuvre

Localisation dans

l'édifice

Type A

Molasse

coquillière

jaune

- moyen appareil régulier

dimensions moyennes :

h : 20 à 40 cm

l : 35 à 90 cm

- parements réguliers

- joints de mortier très

minces

- pas de trace d'outils

visible

- Tour nord-est (C) : tout le parement externe

y compris, avec ancrage en harpe dans

les courtines

- Tour nord-ouest (B) :

- les deux cordons

la ceignant à mi-hauteur et le parement

entre ces deux cordons

- le couronnement (niveau supérieur)

- appareil de la croisée murée

du deuxième niveau

- Pan coupé de l'angle sud-ouest

Appareil des baies

- fenêtres de la tour nord-ouest (B)

- Mur ouest : fenêtres murées

- Mur de soutènement de la

terrasse 2 : porte de la cave et

fenêtres murées.

Type B

Calcaire blanc,

compact (employé

concurrement avec

des moellons de

molasse du type A)

- Moellons piqués au contour

très irrégulier

- Petit appareil :

h : 10 à 25 cm

l : variable

- Lits réguliers

- Joints de mortier

- Base du mur ouest

- Fragments de la courtine nord

- Massif cylindrique inclu dans

les premier et deuxième niveaux

de la tour nord-ouest (B)

-Départ des courtines contre la tour

nord-ouest

- Voûte de la cave AA.

Types A et B

Appareil irrégulier

de moellons bruts

Tout le reste de l'édifice, y compris

les murs de soutènement des

terrasses.

Nouveau tableau

Plans et coupes

A. Sous-sol du corps de logis (A)

Ce corps de bâtiment moderne ne présente pas d'intérêt. Mais les deux niveaux de caves sur lesquels il est construit ont conservé des substructions des édifices antérieurs.

- Premier sous-sol : de plain-pied avec la terrasse 2, son volume s'étend sous le corps de logis (A) et la terrasse 1.

La partie orientale (AD) contenant un petit logement n'a pu être visitée.

La partie occidentale est formée par trois salles séparées par des murs longitudinaux. A ce niveau, le mur ouest est très épais (1, 50 m en moyenne), tandis que le mur nord, plus mince (0, 50 à O, 60 m) a été reconstruit. Le sol de ces trois salles est en terre battue.

Salle AA (sous la terrasse 1)

- voûte : partie sud d'un berceau plein-cintre interrompu au niveau du mur séparant AA de AB (établi sous la façade sud du corps de logis) ; petit appareil de moellons (type B) grossièrement équarris, mais de dimensions très régulières.

-baies : dans le mur sud (très épais : 2 m), porte murée ; la porte actuelle, ouvrant dans l'angle sud-ouest sur la terrasse 2, est récente ; autre porte murée dans l'angle nord-est (elle communiquait avec le volume AD).

Dans le mur ouest, grande porte -en partie murée- couverte extérieurement en arc en segment, intérieurement par une plate-bande ; ébrasement intérieur et feuillure extérieure.

Salles AB et AC (sous le corps de logis A)

Volume plafonné, divisé longitudinalement par une cloison. Dans le sol, contre le mur ouest, débouché de l'escalier du deuxième sous-sol. Le mur nord a été refait lors de la reconstruction du château à la fin du siècle dernier. Par contre, le mur ouest est un vestige de bâtiments médiévaux ; de gauche à droite :

a) arrachement de la retombée nord du berceau conservé dans la salle AA ;

b) naissance d'une petite voûte transversale qui couvrait sans doute une porte ménagée dans l'épaisseur du mur ;

c) arrachement d'un berceau brisé longitudinal, très étroit ;

d) archère soigneusement appareillée ; son ouverture extérieure est une fente au nu du parement (h. : 0, 70 m - l. : 0,05 m) dont on a élargi la base en forme de trou circulaire pour l'adapter aux armes à feu ;

e) départ d'un arc transversal ;

f) arrachement d'un berceau longitudinal en plein-cintre de palet d'autre de la cloison moderne ;

g) piédroit d'une porte couverte par un arc, avec imposte profilée en biseau ;

h) arrachement d'une petite voûte transversale, en pénétration dans le berceau longitudinal (f).

- Deuxième sous-sol

Constitué de quatre salles en enfilade le long de la courtine nord ; celle-ci retrouve à ce niveau une épaisseur comparable à celle du mur ouest (1, 50 à 2 m).

Seules les salles AE et AF sont sous le corps de logis ; les deux autres (AH et AJ) sont creusées sous la terrasse 2 entre le corps de logis et la tour nord-est.

Les quatre salles sont voûtées en berceau longitudinal plein-cintre (blocage) ; les voûtes sont percées dans leur axe d'orifices carrés appareillés (murés) : un pour AE, AF et AH, trois pour AJ.

Salle AE : contre le mur sud, banquette de blocage, porte d'accès à AF en plein cintre.

Salle AF : dans l'angle sud-est, départ d'une sorte de couloir étroit se dirigeant vers l'ouest (comblé à 1 m de son départ), porte d'accès à AH en plein-cintre.

Salle AH : mur sud : pile en moyen appareil régulier engagée dans le mur et traversant la voûte, porte d'accès à AJ rectangulaire (murée).

Salle AJ : mur sud irrégulier : décrochement avec changement de direction ; l'angle en est grossièrement appareillé ; mur est (ép. : 1 m) percé d'une porte moderne donnant de plain-pied sur la terrasse 5.

B. Tour nord-ouest (B)

Tour d'angle de plan circulaire.

L'épaisseur des murs diminue de la base au sommet (1, 20 à 0, 70 m). Le diamètre intérieur restant à peu près constant, cela se traduit par une inclinaison du parement externe donnant à l'édifice une forme tronconique ; la tour prend appui sur un massif trapézoïdal aux angles appareillés en harpe.

- Premier niveau (niveau du deuxième sous-sol du corps de logis AA l'angle des courtines nord et ouest, massif cylindrique(diamètre : 2, 50 m) plein très bien appareillé (type B) qui a été englobé par la construction actuelle ; le mur de celle-ci a été ancré à l'est dans la courtine dont le parement est entaillé, à l'ouest dans le massif lui même qui a été échancré à cet effet.

Volume voûté en berceau (blocage).

A l'ouest, meurtrière de même structure que celles du deuxième niveau, mais à un seul orifice de tir.

Ce niveau s'ouvre actuellement à l'est sur la terrasse 7 (plateforme irrégulière au pied de la courtine nord). Il semble que cette porte ait été aménagée dans l'embrasure d'une meurtrière analogue à la première : elle en a la largeur et l'ébrasement intérieur de son linteau est porté par les mêmes pièces de bois grossièrement équarries ; son ouverture extérieure est taillée dans le parement et paraît être un éventrement. Il est vraisemblable que ce niveau était primitivement accessible par une trappe ménagée dans la voûte, peut-être au nord-est où le blocage, très irrégulier, semble être une reprise moderne.

- Deuxième niveau (niveau du premier sous-sol du corps de logis A)

Il s'ouvre au sud sur la terrasse 6 (plateforme triangulaire au pied de la courtine ouest).

On retrouve à ce niveau le massif d'angle, mais il a été en majeure partie bûché pour percer la porte et pour agrandir le volume intérieur.

Volume couvert par un plancher.

Le mur est percé d'une embrasure de tir et de deux meurtrières.

Embrasure de tir (au nord) : située à 0, 80 m du sol, elle présente un orifice de tir ovale (0, 21 x 0, 26 m) percé dans une dalle scellée au nu du parement extérieur, et surmonté d'une échancrure semblable à une mire, mais d'un contour très irrégulier. Les pièces de bois qui portaient la maçonnerie au-dessus de son embrasure ont disparu. Cette embrasure était destinée à une petite pièce d'artillerie.

Meurtrières (au nord-ouest et à l'est) : elles sont aménagées dans deux niches perchées à 1, 50 m du sol et couvertes comme l'embrasure de tir. Chacune était destinée à un tireur qui disposait de deux orifices de tir (diamètre : 0, 12 m) percés dans une dalle scellée au nu du parement extérieur. La direction divergente de ces deux orifices donnait à chaque meurtrière un angle de tir de 70 °.

La meurtrière est flanque la section oblique de la courtine nord et prend en enfilade la rue Sous-le-Château.

La meurtrière nord-ouest bat la partie basse de la même rue.

- Troisième niveau (rez-de-chaussée du corps de logis A)

Accès de plain-pied par le rez-de-chaussée du corps de logis.

Fenêtre au nord aménagée dans l'embrasure d'une grande croisée en partie murée.

Aménagement intérieur moderne.

- Quatrième niveau (étage du corps de logis A)

Fenêtre à l'ouest (récente).

Aménagement intérieur moderne.

- Cinquième niveau (combles du corps de logis A)

Accès par l'escalier des combles.

Volume sous comble (charpente conique entièrement enduite)

.Trois portes-fenêtres s'ouvrent au nord, à l'est et à l'ouest.

C. La Tour nord-est (C)

Construction de plan carré, à l'angle des courtines nord et est. Ses deux niveaux inférieurs s'ouvraient dans un corps de bâtiment, totalement détruit, dont l'existence est attestée :

- dans la courtine est, par un piédroit de fenêtre appareillé (type A) à hauteur du deuxième niveau de la tour ;

- dans la courtine nord, par la présence, dans le parement intérieur, du foyer et du conduit d'une cheminée (à gauche de la porte du deuxième niveau de la tour), et par la trace de plusieurs baies de différentes époques.

Gros-œuvre en appareil de moellons bruts (type B) couvert extérieurement par un parement très régulier (type A). Ce parement est ancré en harpe dans l'appareil des courtines nord et est.

Le périmètre extérieur reste constant de la base au sommet. Mais l'épaisseur des murs passe de 1 m au premier niveau à 0, 80 m à hauteur du sol du deuxième niveau par la retraite du parement intérieur. On note également, en-dessous du niveau de ce changement d'épaisseur, une cavité de 1, 30 m laissée vide entre le sol - aujourd'hui disparu - du deuxième niveau et l'extrados de la voûte inférieure.

La fonction primordiale de cette tour était, de toute évidence, militaire : chaque niveau est doté de meurtrières flanquant les courtines ou battant les terrasses ; seul le deuxième niveau était habitable, les deux autres étant essentiellement des postes de tir.

- Base (niveau deuxième sous-sol) pleine. Au-dessous de la moulure régnant à hauteur du sol de la terrasse 5, amorce d'un talus de même appareil.

- Premier niveau (premier sous-sol du corps de logis) : voûte en plein-cintre revêtue d'un parement (type A). On y accède par un passage coudé traversant le mur ouest de la tour, puis la courtine nord (porte appareillée en harpe avec linteau monolithe et encadrement souligné par une moulure en talon droit).

Ce niveau est aménagé en casemate : - embrasure de tir dans le mur est : ouverture intérieure rectangulaire (h. : 0, 30 m - L : 0, 40 m) et ébrasement extérieur ; elle était destinée à une petite pièce d'artillerie battant la terrasse 5 et prenant en enfilade le mur d'enceinte ;

- trois meurtrières à double ébrasement avec orifice de tir circulaire (~ : 0, 10 m) : - au sud, en flanquement de la courtine Est

- à l'ouest, en flanquement de la courtine nord

- au nord.

Sol : pavage grossier.

- Deuxième niveau (rez-de-chaussée du corps de logis) : accès dans l'angle sud-ouest par une porte biaise qui s'ouvrait primitivement de plain-pied sur l'étage du corps de bâtiment détruit. Volume voûté d'arêtes avec nervures de plâtre retombant sur des culs-de-lampe de même matière à décor floral. Sol effondré.

Deux fenêtres à traverse, initialement identiques, mais remaniées :

- la fenêtre est a perdu sa traverse mais n'a pas été modifiée dans sa structure : ébrasement intérieur descendant jusqu'au sol, allège et embrasure appareillées ;

- la fenêtre nord est actuellement murée ; en outre son embrasure intérieure a été élargie tandis que sa partie supérieure était abaissée ; la baie, réduite au compartiment inférieur, est ainsi entourée d'un ébrasement concave.

Deux meurtrières (murées intérieurement) identiques à celles du premier niveau assuraient, au sud et à l'ouest, le flanquement des courtines.

- Troisième niveau (étage du corps de logis) : à ce niveau, la construction surpassait les courtines et le bâtiment édifié dans leur angle. L'angle sud-ouest est donc porté en encorbellement par la superposition de quatre dalles à l'arête adoucie en quart-de-rond.

Accès : porte, analogue à celle du premier niveau, percée dans le mur ouest et donnant sur le sommet de la courtine nord ; elle s'ouvrait sans doute de plain-pied sur le chemin de ronde.

Volume voûté par un berceau grossièrement appareillé.

Le niveau actuel du sol est nettement surhaussé par un remblai.

Dans le mur nord, grande baie en plein-cintre à embrasure droite et feuillure intérieure (sur les tableaux encoches vraisemblablement destinées à recevoir les pièces de bois bloquant un volet).

Dans les murs est, ouest et sud, meurtrières identiques à celle des niveaux inférieurs.

D. Corps de bâtiment nord (D)

Il n'en reste pratiquement que la base d'une façade, servant de mur de soutènement à la terrasse 2. La porte donne accès à une pièce voûtée d'arêtes, en majeure partie comblée par des gravats jetés par un trou de la voûte lors de la reconstruction du château.

Élévations extérieures

A. Courtine nord

Flanquée à droite et à gauche par les deux tours d'angle, elle a beaucoup moins bien résisté que celles-ci. Elle n'a été conservée sur toute sa hauteur que contre la tour nord-est. Ailleurs, il n'en subsiste que la partie inférieure (niveau du deuxième sous-sol).

A la base, amorce d'un talus appareillé masqué par le remblai couvrant la terrasse 7.

B. Courtine ouest

La partie nord, contre la tour nord-ouest, est la mieux conservée : elle a été intégrée au corps de logis lors de sa reconstruction (la partie supérieure a été surhaussée).

- au premier niveau, archère de la salle AB du premier sous-sol ;

- au deuxième niveau, fenêtre rectangulaire murée.

- Dans la partie sud, on note une reprise verticale, d'un tracé irrégulier, au niveau du mur sud de ln terrasse 1 : l'appareil régulier (type B) laisse place à des moellons bruts disposés en lits irréguliers, témoignant d'une reconstruction partielle de ce mur.

Quatre grandes baies, couvertes extérieurement en arc en se~ment et appareillées en harpe (molasse coquillière type A) :

- au premier niveau, porte de la pièce AA du premier sous-sol, sous la terrasse 1, et piédroit gauche d'une seconde porte ;

- au deuxième niveau, fenêtre, en partie murée, donnant sur la terrasse 1, et le piédroit gauche d'une autre fenêtre aux dimensions comparables.

- L'angle sud-ouest, arasé au niveau du sol de la terrasse 1 présente un pan coupé d'un appareil très régulier (type A) comparable à celui de la tour nord-est. De nombreux impacts de balles sur le parement indiquent qu'il était vraisemblablement garni d'un système défensif.

La base de ce massif s'élargit à l'ouest en un contrefort faisant corps avec lui. Ce contrefort est collé, à gauche, sur le mur de soutènement de la terrasse 6, ce qui indique que celle-ci existait au moins en partie, antérieurement à l'aménagement de ce massif.

C. Tour nord- ouest (B)

Élévation divisée horizontalement à mi-hauteur par une ceinture dont l'appareil (type A) tranche sur celui du mur (type B), formée de deux cordons superposés séparés par une bande nue. Ce corps de moulure masque une légère retraite du parement (0, 15 m).

- Au-dessous : les deux niveaux d'embrasures de tir des étages inférieurs.

- Au-dessus, trois niveaux de baies correspondant aux étages supérieurs :

- troisième niveau : au nord, trace d'une grande baie, sans doute une croisée, juste au-dessus du cordon supérieur qui est interrompu sous elle ; elle a été en partie murée et une fenêtre couverte en arc en segment aménagée dans son embrasure ;

- quatrième niveau : à l'ouest, fenêtre visiblement récente entre celle-ci et la courtine, traces d'une petite fenêtre murée

- cinquième niveau : il correspond à une surélévation de l'édifice en moyen appareil (type A). Trois portes-fenêtres couvertes en arc en segment s'ouvrent à l'est, au nord et à l'ouest sur d'étroits balcons de pierre garnis de balconnets de fer forgé.

L'édifice est couronné par une corniche de pierre moulurée portant l’égout de la toiture.

D. Tour nord-est (C)

Élévation divisée verticalement par un larmier régnant à hauteur de l'appui des fenêtres du deuxième niveau. Elle comporte trois niveaux de baies : un au-dessous du larmier, deux au-dessus. Les portes et les embrasures de tir de ces différents niveaux ont été analysées plus haut.

Les deux niveaux supérieurs comportent, en outre :

- le deuxième niveau : deux fenêtres à traverse sur les faces : nord et est ; leur pourtour est souligné par une moulure en talon droit ; elles sont surmontées d'un larmier de même modénature que la corniche couronnant l'édifice ;

- le troisième niveau : au nord, baie en plein-cintre dont le pourtour est souligné par une moulure.

L'édifice est couronné par une corniche à larmier portant l'égoût de la toiture.

Au ras du sol des terrasses 5 et 7 règne une moulure surmontant une base talutée de même appareil que le parement, à peu près totalement enterrée. Il est à noter que les principales divisions des élévations des deux tours sont approximativement de niveau : larmier et ceinture, croisée murée de la tour nord-ouest et fenêtres à traverse de la tour nord-est (la hauteur de ces baies est identique). Ceci témoigne de la recherche d'une certaine ordonnance qui se prolongeait peut-être sur la courtine nord par un niveau de baies ; les remaniements successifs de la tour nord-ouest (surélévation et transformation des baies) l'ont rompue.

E. Corps de bâtiment sud (D)

Le mur de soutènement de la terrasse 2 porte les traces d'une ordonnance de baies, assez difficile à lire. Ce mur est visiblement tronqué à l'ouest (arrachement) ; le massif de l'escalier a été construit sur la partie détruite.

Ce fragment de façade est appareillé en moyen appareil de calcaire blanc (type B) ; le chaînage et les baies sont appareillées en molasse coquillière jaune (type A).

Ces baies sont situées sur deux niveaux :

- au premier niveau : porte de la pièce encore accessible ; baie couverte en plein-cintre décorée de refends. A sa droite, fenestron éclairant une autre pièce comblée. Sur la droite de l'élévation, autre fenestron (f) muré ; son embrasure porte les traces d'arrachement d'une grille de fer ;

- au second niveau : piédroits de fenêtres à feuillure extérieure ; l'appareil des appuis a disparu. Leur disposition est assez irrégulière et ne permet pas de se faire une idée claire de l'ordonnance primitive.

5. Combles et couvertures

Les deux tours sont couvertes en tuiles creuses :

- tour nord-ouest : toiture à 6 pans dont la charpente est enduite en couvrement de l'étage supérieur ;

- tour nord-est : le comble est accessible par une ouverture percée dans la voûte de l'étage supérieur ; charpente formée par quatre arbalétriers assemblés au faite ; voligeage de planches.

6. Distribution intérieure

Les éléments de la distribution intérieure encore analysables ont été présentés par souci de clarté avec l'étude de la structure des différents corps de bâtiments.

NOTE DE SYNTHÈSE

Les vestiges du château encore visibles sont très fragmentaires. Seules les deux tours sont assez bien conservées. Le corps de logis, entièrement reconstruit à la fin du siècle dernier , n'a pratiquement gardé aucune des dispositions du bâtiment primitif. On peut toutefois, à l'aide des renseignements livrés par les documents d'archives, émettre quelques hypothèses sur les différentes phases de la construction.

1. Le château primitif

Si l'on tente d'interpréter les observations faites lors de l'étude du premier sous-sol du corps de logis et des deux tours, on peut penser que le château primitif comportait :

- La courtine nord sur toute sa longueur, flanquée à l'Ouest par une petite tour cylindrique défendant l'angle nord-ouest ; ce dernier ouvrage était plein au niveau du second sous-sol ; il était peut-être garni d'une chambre de tir au niveau du premier sous-sol : cela expliquerait la porte dont on voit le piédroit dans le mur ouest. Il est également vraisemblable qu'une seconde tour défendait l'angle nord-est, à l'emplacement de l'actuelle tour carrée ; on peut penser que la base de cette dernière est constituée par celle de l'ouvrage primitif, rhabillée extérieurement par un parement et surhaussée à partir du deuxième niveau ; cette hypothèse expliquerait le changement d'épaisseur du mur constaté à ce niveau, ainsi que la cavité existant sous le sol de cet étage.

- Le mur ouest, sans doute jusqu'à l'angle sud-ouest, ce dernier ayant été remanié au XVIe siècle.

- Un corps de logis, placé dans l 'angle sud-ouest, sans que l'on puisse définir son extension exacte vers le sud. Par contre, l'examen des deux sous-sol paraît montrer que la longueur du corps de logis actuel correspond à celle du bâtiment primitif. Les caves AE et AF du second sous-sol peuvent dater de la construction primitive, à moins qu'elles n'aient été creusées par la suite comme on le fit au milieu du XVIe siècle, pour les deux autres caves du même niveau.

Le premier sous-sol a peut- être conservé son volume originel. Les vestiges relevés dans le mur ouest semblent indiquer qu'il était divisé longitudinalement en deux salles séparées par un étroit couloir, tous trois voûtés en berceau.

A ce niveau, des archères étaient percées dans les courtines : l'une d'elle est conservée à l'ouest ; le petit berceau transversal de l'angle sud-ouest (h) semble avoir couvert l'embrasure d'une archère analogue qui s'ouvrait dans la courtine nord juste à côté de la tourelle d'angle.

Il ne semble pas que ces volumes aient été habitables : ce que l'on sait des travaux effectués au XVIe siècle, notamment l'aménagement du troisième niveau de la tour ronde semble indiquer que le logis se trouvait à l'étage supérieur (correspondant au rez-de-chaussée du bâtiment actuel) ; il était du reste fort exigu, ainsi qu'il ressort de l'inventaire d'avril 1555. Deux autres courtines, peut-être flanquées de tours, fermant le quadrilatère à l'est et au sud, qui ont complètement disparu.

Des communs, mentionnés dans l'inventaire de 1555, s'élevaient dans la cour.

2. Les travaux du XVIe siècle

Lorsque les Corriolis acquièrent le château en 1530, leur premier soin est de relever et de moderniser les fortifications ; l'effort porte particulièrement sur les tours.

- La tour nord-est est construite (ou surélevée sur une base médiévale) pour flanquer les courtines du château ainsi que la courtine sud de l'enceinte du village. Si on ignore la date exacte de ces travaux, on sait en revanche que l'aménagement de la tour est terminé en 1556 puisque le seigneur y a alors un cabinet ; il s'agit sans doute de la pièce du deuxième niveau, bien que celle-ci ait été réaménagée vraisemblablement au siècle suivant (modification de la fenêtre nord et décor de plâtre de la voûte).

Ce bâtiment, par la qualité de son appareil et l'harmonie de ses proportions, constitue un exemplaire intéressant de l'architecture provençale du XVIe siècle.

- La tour nord-ouest : la tourelle médiévale était de dimensions très réduites et ne pouvait guère être adaptée aux armements modernes ; elle est donc remplacée par une tour ronde d'un diamètre plus important, dont les deux étages inférieurs sont munis d'embrasures de tir. Le troisième niveau (sans doute de plain-pied avec le logis) est aménagé en pièce habitable comme l'indique la grande fenêtre percée au nord. La tour comportait un niveau supérieur (baie murée à l'ouest) qui fut surhaussé par la suite.

Les deux tours n'ont visiblement pas été construites lors de la même campagne ; si l'on excepte une certaine ordonnance commune (les niveaux de baies et des corps horizontaux de moulures se répondent approximativement), tout est différent entre elles : le matériau et l'appareil, la modénature des moulures et même les embrasures de tir ; la datation précise de ces dernières devrait d'ailleurs permettre celle des deux bâtiments.

- L' angle sud-ouest est refait à pan coupé et sans doute doté d'un dispositif défensif. La terrasse 6 est aménagée pour permettre l'accès au deuxième niveau de la tour nord-ouest .

- Le corps de logis ne paraît pas avoir été sensiblement agrandi à cette époque. Il semble plutôt que les travaux engagés au milieu du siècle aient été limités à la rénovation des bâtiments médiévaux. Il ne reste aucun vestige de ces aménagements.

- L' aile des communs, édifiée contre la courtine nord entre le corps de logis et la tour carrée, est l'objet de travaux d'aménagement et d'agrandissement. C'est la seule partie de l'édifice sur laquelle les documents d'archives jettent quelque lumière. Il n'en reste plus que les deux caves :

- AH, qui semble être la "crotte neuve" construite peu avant 1557,

- AJ, qui fait l'objet du prix-fait du 24 août 1558 ; on retrouve dans sa voûte les trois ouvertures carrées prévues ; mais les visières sur la cour ne semblent pas avoir été exécutées, non plus que les piliers de pierre de taille ; peut-être le maçon a-t-il évité de reprendre en sous-œuvre les piliers du "bardat" en donnant au mur sud son tracé insolite. Les arrachements sur les courtines indiquent que le cabinet du premier étage de la tour s 'ouvrait sur une pièce habitable avec cheminée sur le mur nord et fenêtre dans le mur est ; ces aménagements ne sont pas datables.

3. Les campagnes postérieures

En l'absence de toute documentation, nous en sommes réduits à faire le point des observations livrées au cours de l'analyse des vestiges :

- Le corps de logis s' est étendu jusqu'à l'angle sud-ouest ; cette disposition peut être ancienne puisque nos informations sur le corps de logis primitif sont lacunaires. En tout cas il est certain qu'au XVIIIe siècle, le mur ouest fut façade sur toute sa longueur, comme en témoignent les deux niveaux de grandes baies couvertes en arc en segment de la moitié sud.

- Du corps de bâtiment sud (D), il ne reste que la base de la façade et une pièce voûtée d'arêtes aux deux tiers comblée ; mais le tracé des ruines sur le plan cadastral de 1838 indique, au niveau de la terrasse 2, trois grandes pièces carrées disposées en enfilade. Un corps de bâtiment spacieux a donc été édifié à cet emplacement à une date inconnue ; la seule baie analysable, si l'on excepte le fenestron est qui est peut-être en remploi, est la porte de la pièce encore accessible : les refends qui ornent son chambranle appartiennent généralement au vocabulaire décoratif du XVIIe siècle.

- La surélévation de la tour nord-ouest, si l'on en juge par le style de la ferronnerie des portes-fenêtres, a été effectuée au XVIIIe siècle.

- C'est sans doute également aux XVIIe et XVIIIe siècles que furent aménagées les terrasses sud et le parc qui s'étendait à l'est sur plus de 150 m jusqu'à la source du château dont l'eau était captée dans un bassin ; celui-ci était surmonté - aux dires de la propriétaire- par la statue de la "Jeanne" qui fut transférée à la fin du siècle dernier sur la fontaine de la Place. L'ordonnance de ce parc, morcelé aujourd'hui en jardins potagers ou envahi par la végétation, n'est plus perceptible.

4. Les travaux de la fin du XIXe siècle

Tout en sauvant les deux tours, ils ont rendu la lecture des vestiges fort difficile : la courtine nord, écroulée jusqu'au niveau du deuxième sous-sol, a été remontée ; le corps de logis a été complètement réédifié dans l'angle nord-ouest sur les substructions encore existantes ; le reste des ruines fut aplani (terrasse 2).

PIGEONNIER

DESCRIPTION

Situation

A l'extrémité de la terrasse 5, à côté du portail de la propriété. Il est adossé à la courtine sud de l'enceinte du village, à l'angle sud-est de celle-ci.

Matériaux et leur mise en œuvre

Moyen appareil de moellons bruts, en partie masqué par un enduit écaillé. Chaînes d'angle et baies appareillées en molasse coquillière jaune.

Plan et coupe

Édifice à rez-de-chaussée surélevé, avec un étage aménagé en pigeonnier. Une terrasse, construite au-dessus de deux salles voûtées en berceau longitudinal plein-cintre, est adossée du côté sud au niveau du rez-de-chaussée.

Périmètre extérieur carré ; la base est pleine (maçonnerie ou rocher qui affleure à l'ouest sous le mur d'enceinte).

Au rez-de-chaussée, le plan intérieur est octogonal (pans coupés de maçonnerie).

Le mur nord est constitué par le mur d'enceinte surhaussé (ép. : 1, 25 m) ; le mur est est plus épais encore (1, 80 m) tandis que les deux autres n'ont que O, 80 m. Les murs latéraux (est et ouest) ont la hauteur du mur nord et surpassent le mur sud d'environ 3, 50 m ; leur partie supérieure protège la toiture du vent et n'a que 0, 50 m d'épaisseur.

Élévations extérieures

La façade sud comporte deux baies disposées en travée : la porte du rez-de-chaussée sur la terrasse et la fenêtre à claustra du pigeonnier, encadrée de carreaux vernissés. Au-dessus de la porte, arrachement d'un cadran solaire.

La façade ouest ne comporte qu'une baie : la porte du pigeonnier, moderne. Près de l'angle sud-ouest, au niveau du rez-de-chaussée, baie murée (l. : O, 70 m) ; l'arête de ses piédroits est adoucie en quart-de-rond.

Les deux autres façades sont aveugles ; l'appareil de la façade est est invisible sous le lierre.

Toiture

Toit en appentis en tuiles creuses ; l'égout au-dessus de la façade sud repose sur une génoise à deux rangs de tuiles.

Distribution intérieure

- Rez-de-chaussée : accès par la terrasse elle-même desservie par un escalier de trois marches à l'ouest. Pièce habitable avec cheminée sur le mur ouest :

- sol : cimenté- murs : enduits-plafond : revers du plancher de l'étage.

- Étage : pigeonnier. Accès par un escalier moderne suspendu sur le mur d'enceinte et la façade ouest. Sur les murs, alvéoles de plâtre très dégradées.

NOTE DE SYNTHÈSE

Ce bâtiment a vraisemblablement été aménagé sur les substructions d'une construction plus ancienne, comme en témoignent l'épaisseur des murs et l'appareil de la porte du rez-de-chaussée et de la baie murée ouest.

Sa situation à l'angle sud-est de l'enceinte du village laisse penser qu'on a pu remployer des éléments d'une tour défendant cet angle à proximité de la porte Notre-Dame.

1AD 13 Aix, 305 E 286.2ibidem : "Item petit et reguirit quod, quando accidit quod guerra vel transitus emulorum discurant in Provincia et per curiam regiam mandatum sit vicenalia a locis disclausis removendi sub certis formidabilibus penis , et cum burgum Bastide sit disclausum et sit circa tertia pars hominum qui infra fortalicium hominum non habeant mansionem, et ipsi homines contribuerint in eorum edificiis et meniis et non invenierint qui eorum bona et persona recollexerint sine loquerio eis dato, et cum dicti homines ad fortalicium dicti domini de Bastida tarn bona quam personas sine loquerio negue pacto et etiam de omnibus et singulis personis totius castri ad pericula omnia in domo dicti domini eorum averia grossa et menuta se recolligant et recollexerint , et cum in dicto fortalicio sit neccessaria aliqua reparatio, per quam posset venire in dampnum totius universitatis et patrie, ut dicti homines se possint et eorum bona salvare, petit succursum in eo quod est neccessarium, aliaspetit quod fiat aliud fortalicium in quo se habeant salvare et defendere cum quotidie habeant dampna a curie regie et amicis et inimicis, alias protestavit de non eos recolligendo sine competenti loquerio, et cum cotidie destruant dictum hospicium, postes, tegulas et similia et sua volatilia disraubando..." Un peu plus loin : "...Item etiam conqueritur dictus dominus de Bastida a prefatis suis hominibus ex eo quod, cum homines ipsi guerrarum temporibus se et eorum averia et alia mobilia bona reducant in fortalicio dicti domini sine aliquo loquerio, et in eodem fortalicio sunt alique domus reparatione indigentes, quare petit homines ipsos compelli ad juvandum et solvendum in reparationibus dictarum domorum vel ad faciendum aliud fortalicium inquo se et eorum bona reducant..." 3ibid.4ibidem : "... congregati et coadunati homines infrascripti in sala fortalicii nobilis domicelli Guillelmi de Regio, domini Bastide Jordanorum... " ; "··· Actum in dicta domo, in dicta camera nova..."5AD 84, Notaires de La Bastides-des-Jourdans, Etude Imbert, n° 108 (brèves du notaires Jacques Brunet, 1554-1555), f° 247 r°-248 v°.6AD 13 (Aix), 308 E 1099, f° 831 v° : Arrentement des domaine et droits seigneuriaux de La Bastide-des-Jourdans, concédés pour six ans par Claude Corriolis à Bertrand Guiran, bourgeois d'Aix, moyennant la rente annuelle de 1500 florins, 4 décembre 1555. Le seigneur se réserve le château, à l'exception du grenier et de la crotte sous la cuisine mis à la disposition du fermier pour y entreproser les grains et le vin. 7AD 84, Notaires de La Bastide-des-Jourdans, Etude Imbert, n° 109 (brèves du notaires Jacques Brunet, 1556), f° 292 v° - 293 r°.8AD 84, Notaires de La Bastide-des-Jourdans, Etude Imbert, n° 110 (brèves du notaire Jacques Brunet, 1557), f° 224 v° - 225 v° 9ibidem, f° 242 r° - v°.10AD 84, Notaires de La Bastide-des-Jourdans, Etude Imbert, n° 111 (brèves du notaire Jacques Brunet, 1558), f° 315 r° - 316 v°.11ibidem, f° 485 v° - 486 r°.12L'Etat du diocèse d'Aix, dressé vers 1730 (B. Méjanes, Aix, ms. 1048, p. 433) signale dans le château une chapelle non encore consacrée.

Édifice construit probablement dans la 1ère moitié du 13e siècle pour les frères Jourdan seigneurs de la Bastide : petit corps de logis ou donjon au rez-de-chaussée voûte en berceau, entouré d'une enceinte rectangulaire cantonnée au nord-ouest d'une tourelle ; avant 1428, agrandissement du corps de logis vieux et construction du corps de logis neuf, à un étage carré, à l'est du précédent ; de 1556 à 1558, remaniement des 2 corps de logis, rhabillage de la tour carrée et construction des caves pour Claude de Coriolis ; vers la fin du 16e siècle, construction de la tour d'angle nord-ouest ; dans le courant du 17e siècle, construction d'un nouveau corps de logis au sud, relié aux précédents par une petite aile en retour à l'ouest, et aménagement du jardin en terrasses ; au 18e siècle surélévation d'un étage de la tour nord-ouest, réfection des baies de l'élévation ouest, aménagement du colombier dans une ancienne tour des fortifications du village ; édifice ruiné et partiellement détruit pendant ou peu après la révolution ; corps de bâtiment actuels (logis et hangar) bâtis au 19e siècle sur une partie des vestiges, le reste nivelé et transformé en terrasses de culture.

Petit corps de bâtiment de 2 étages carrés sur un rez-de-chaussée formant terrasse au sud ; dans l'angle nord-ouest tour ronde de 3 étages carrés, dont le dernier porte 3 balconnets en pierre de taille à garde corps en fer forgé ; à l'est, hangar élevé sur 4 caves voûtées en berceau plein-cintre et cantonné au nord-est d'une tour carrée parementée en pierre de taille, contenant un sous-sol et un rez-de-chaussée voûtés en berceau, un 1er étage voûté d'arêtes à nervures en plâtre et un 2e étage plafonné ; au sud mur de soutènement de la 2e terrasse percé d'une porte en plein-cintre à décor de bossages donnant accès à une pièce voûtée d'arêtes presque entièrement comblée ; à l'ouest, restes d'une élévation à 2 niveaux percée de baies segmentaires ; colombier à un étage carré sur un étage de soubassement plus large voûté en berceau plein-cintre ; grille d'envol à l'étage entourée de carreaux en terre cuite vernissée

  • Murs
    • calcaire
    • molasse
    • enduit
    • moyen appareil
    • moellon
    • moyen appareil
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    sous-sol, 3 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit polygonal
    • toit en pavillon
    • appentis
    • pignon découvert
  • État de conservation
    vestiges
  • Techniques
    • ferronnerie
    • céramique
    • sculpture
    • décor stuqué
    • menuiserie
  • Représentations
    • volute
    • quadrilobe
    • rosace
  • Précision représentations

    sujet : volute, quadrilobe, rosace, support : garde-corps des balconnets ; sujet : carreaux en terre cuite vernissée, support : grille d'envol du colombier

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    tour

Documents d'archives

  • Transactions entre le seigneur et les habitants de La Bastide-des-Jourdans, 26 octobre 1388 et 5 février 1428. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 305 E 286.

  • Arrentement de la seigneurie de La Bastide-des-Jourdans, 4 décembre 1555. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 308 E 1099 v°.

    f° 831 v°.
  • Notaires de La Bastide-des-Jourdans, Etude Imbert (brèves du notaire Jacques Brunet, 1554-1558). Archives départementales de Vaucluse, Avignon.

    N° 108, 1554-1555, f° 247 r° - 248 r° ; n° 109, 1556, f° 292 v°- 293 r° ; n° 110, 1557, f° 224 v° - 225 v° et f° 242 r°-v° ; n° 111, 1558, f° 315 r° - 316 v° et f° 485 v° - 486 r°.
  • [Etat du diocèse d'Aix par paroisses et par doyennés, vers 1730.] Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence : ms 1048.

    P. 433.

Annexes

  • Inventaire des biens du château, 1554-1555.
  • Prix-fait pour travaux dans la cave, 1558.
Date d'enquête 1969 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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