Dossier d’œuvre architecture IA84000065 | Réalisé par
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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;
  • inventaire topographique
chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pertuis
  • Commune Beaumont-de-Pertuis
  • Lieu-dit Notre-Dame
  • Cadastre 1943 G 252
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Notre-Dame-de-Beauvoir

HISTORIQUE

Construction de l'édifice

Elle est de date tout-à-fait incertaine et peut être attribuée aux moines de l'abbaye Saint-Victor de Marseille qui comptent cette chapelle au nombre de leurs possessions en 1079 1, en 1113 2 et encore en 1135 3. Mais à part ces trois mentions d'appartenance à la grande abbaye marseillaise, nous n'avons aucun renseignement sur l'édifice pour toute la durée du moyen-âge.

Dégradations, restaurations, reconstructions

Nous n'avons pas plus de détail sur l'histoire de la chapelle pendant les guerres de la fin du XIVe siècle : située hors les murs, Notre- Dame-de-Beauvoir a du souffrir des saccages commis par les bandes armées, dont le passage à Beaumont est signalé à deux reprises (Cf IA84000048).

Le cadastre de Beaumont de 1500 la mentionne 4. Un document de 1510 la rattache à la vicairie perpétuelle de la paroisse 5, sans qu' il soit possible de savoir à quelle date la chapelle, délaissée par l'abbaye de Saint-Victor, passe entre les mains des prieurs de Beaumont et devient une sorte d'annexe de l'église paroissiale. Cet état de chose est confirmé, en tout cas, par une série d'actes de collation et de mise en possession de la vicairie du XVIe et du début du XVIIe siècle 6, et paraît avoir duré jusqu'à la Révolution.

Sur l'édifice lui- même, les renseignements sont extrêmement rares : seule une inscription, gravée sur l'arc d'entrée de la chapelle latérale sud et datée du mois de Mai 1555, atteste à cette époque des travaux de construction ou de restauration. La visite pastorale du 31 Août 1582 signale le passage de l'archevêque d'Aix à "l'église vielhe Nostre-Dame de Beauveser", qui semble alors être en bon état, ainsi que le cimetière attenant 7. La documentation manque pour la fin du XVIe siècle - le bâtiment a-t-il souffert des guerres de religion et, plus particulièrement, du sac de Beaumont de 1585 ? - ainsi que pour toute la période du XVIIe siècle.

A la suite du tremblement de terre du 14 Août 1708, qui a entraîné l'effondrement de l'église de Beaumont, Notre-Dame-de-Beauvoir devient, pour quelques mois, le siège de la paroisse, avant d'être abandonnée au profit d'une maison du village 8. Toutefois, en attendant la reconstruction de l'église paroissiale, une partie du culte y est maintenue, tel le service de l'autel de Saint-Sébastien, dont la dévotion est, depuis longtemps, entretenue par la fréquence des épidémies 9.

En 1728, selon la déclaration faite par le prêtre Joseph Royere, qui s'intitulait "recteur de la chapelle de Nostre-Dame de Beauvoir, Sainte-Catharine et Saint-Jaques, dite la Barnabelle", le service religieux se réduit à trois messes de fondation, les 2 Février (Purification de la Vierge), 25 Juillet (Saint-Jacques) et 25 Novembre (Sainte-Catherine), dont les frais (18 sous) sont largement couverts par la pension annuelle de 22 livres 11 sous affectée à la chapelle 10

Une nouvelle lacune de documentation nous prive de renseignements pour la fin du XVIIIe siècle et la période révolutionnaire. Nous ignorons si la chapelle fut séquestrée et vendue comme bien national et, en ce cas, à quelle date et dans quelles conditions elle fut rachetée par la commune. Toujours est-il que, au milieu du XIXe siècle, elle fait partie des biens communaux. C'est même à ce titre que la municipalité tente, à deux reprises, d'obtenir de la préfecture une subvention pour réparer le bâtiment. Un devis, dressé en1853, comprenant diverses fournitures et dix journées de travail d'un maçon et d'un manœuvre pour la remise en état de la toiture et de la porte, s'élève à la somme de 253 francs. Le préfet refuse tout secours, sous prétexte que seul l'entretien des églises paroissiales peut être subventionné. Une seconde demande, formulée en 1867, n'obtient pas davantage de résultat : il semble néanmoins que les réparations, dont le montant atteint alors 736 francs, aient été effectuées à cette époque, grâce aux contributions volontaires de la population du village 11.

DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

A. Situation

a) Perspective éloignée

Édifiée sur les premières pentes de la colline de Sainte-Croix, elle fait face, au sud-est, à la butte du village. Du nord (routes de la Bastide-des-Jourdans et de Corbières, la masse allongée de la nef apparaît en arrière-plan du village ; venant du sud (route de Mirabeau), on découvre brusquement au détour d'un virage l'étagement des volumes de la nef, de l'abside et des bâtiments latéraux.

b) Perspective rapprochée

- Milieu naturel : le bâtiment est assis sur une plate-forme rocheuse (affleurement de grès de l'Helvétien), légèrement inclinée du sud au nord. Contre le mur sud, une terrasse horizontale a été aménagée ; un muret de pierres sèches, construit dans le prolongement de la façade occidentale, contient le remblai à l'ouest. L'ancien tracé de la route escaladait la pente devant la façade occidentale ; ce n'est plus qu'un sentier desservant la chapelle. Le nouveau tracé contourne l'édifice par le nord.

- Milieu construit : la chapelle a été de tout temps isolée du bourg ; cet état de fait est atténué depuis quelques années par le lotissement de la dépression qui la sépare de la butte du village, et par l'édification de quelques maisons d'habitation sur les pentes environnantes.

B. Composition d'ensemble

- La chapelle est orientée.

- La construction a un aspect massif avec prédominance des horizontales ; les façades nord et est sont aveugles (baies murées), les façades ouest et sud ne comportent que des baies de dimensions réduites.

- Les chapelles latérales, deux fois plus basses que la nef, sont accolées de part et d'autre de l'extrémité orientale de la nef ; la médiocrité de leur construction et la disproportion de leurs volumes leur confèrent un caractère évident d'adjonctions.

Matériaux et leur mise en œuvre

Le gros-œuvre est construit en pierre ; ce matériau est visible à l'extérieur par les arrachements du crépi (certaines parties sont envahies par le lierre) ; à l'intérieur, il est recouvert d'un enduit épais.

Les toitures sont en tuiles creuses.

Les matériaux pierreux appartiennent à deux types :

Nature

Mise en oeuvre

Localisation dans l'édifice

Type A

Calcaire crayeux

jaunâtre, à granulation

fine

-Moellons soigneusement

taillés

-Parement portant des

traces d'outils en longues

stries parallèles

-Diverses marques de tâcherons

-Moyen appareil :

l : 0,40 à 0,60 m

la : 0,20 à 0,30 m

- En place :

-Extérieur :

Chaînes des angles nord-est

et sud-est de la nef

-Intérieur :

Piédroits de l'arc triomphal

Arc en plein-cintre au-dessus

de la chapelle latérale

- En remploi :

-Fenêtre axiale de l'abside

-Quelques moellons des chaînes

d'angle sud-ouest et nord-ouest

de la nef

-Quelques moellons du mur nord

de la nef

Type B

Calcaire gris, de

granulation fine, plus

compact et plus dur.

Tend à se déliter en

surface

a)-Moellons bien taillés

-Surface très unie, presque

polie, piquetée de traces de pic

espacées ou disposées en

arêtes de poisson

-Dimensions variées

- En place :

-Piédroits de l'arc d'entrée

de la chapelle sud (datés 1555

par un graffiti)

-Porte murée dans le mur est

de ce corps de bâtiment

- En remploi :

Plusieurs pierres dans le

parement de la façade nord de la nef

b) -Clavaux soigneusement

appareillés, à joints serrés

-Parements bouchardé

Arc d'entrée de la chapelle

latérale nord

c) -Moellons piqués de forme et

de dimensions variées, en lits

irréguliers et à joints lâches

-Parements grossièrement

dressés au pic

-Chaînes d'angle et baies mieux soignées

- Façade occientale

- Façade nord de la nef

d) Moellons bruts et moellons

piqués formant appareil

très grossier ou en blocage

Les autres parties de l'édifice

Nouveau tableau

Parti général, plan, coupes et élévations intérieures

A. Parti général

Édifice à vaisseau unique plafonné et à abside de plan semi-circulaire voûtée.

B. Plan

La construction - symétriquement - des deux corps de bâtiment latéraux a donné à l'édifice la forme d'une croix latine. L'accès de l'extérieur se fait par la porte occidentale précédée d'un degré carré. La chapelle latérale sud possédait sa propre porte - aujourd'hui murée - dans le mur oriental.

Une marche, faisant retour au nord devant l'entrée de la chapelle latérale nord, délimite le chœur liturgique. Une fenêtre axiale à ébrasement intérieur - murée intérieurement éclairait l'abside.

Ce plan appelle les remarques suivantes :

a) Irrégularité dans l'épaisseur des murs - 0, 90 m pour l'abside et la partie orientale du mur sud de la nef (renforcée dans sa partie médiane par une "ancoule")

- 0, 65 m en moyenne pour les murs ouest et nord de la nef, ainsi que pour la partie occidentale du mur sud

- 0, 80 m pour la chapelle latérale sud

- 0, 90 m à 1, 10 m pour la chapelle latérale nord.

b) Collages : La médiocrité de l'appareil en rend la lecture difficile. Cependant plusieurs collages apparaissent nettement

- Nef : le mur sud présente, à 6, 50 m de l'angle ouest, la trace d'une reprise de construction visible au changement d'épaisseur du mur, qui se traduit par la retraite du parement extérieur. Si le mur nord est d'une largeur constante, un ensemble d'observations permet de lire, de ce côté également, un collage situé à 6, 40 m environ de l'angle ouest. L'extrémité occidentale de la nef constitue donc une adjonction.

- Corps de bâtiments latéraux : leurs murs orientaux sont visiblement collés sur les chaînes d'angle de la nef. Par contre, il n'a pas été possible de lire clairement la liaison entre leurs murs occidentaux et les murs de la nef.

c) Dissymétrie des ouvertures des corps de bâtiments latéraux sur la nef :

Leurs arcs d'entrée diffèrent : - par leur largeur : 3 m pour la chapelle latérale sud, 3, 80 m pour la chapelle latérale nord

- par leur structure : - chapelle latérale sud : arc plein cintre (son front interne est très irrégulier, comme s'il y avait eu arrachement, et l'intrados est moins large à la clé qu'à la naissance) ; en outre, une mince cloison, percée d'une petite porte rectangulaire, en obstrue l'ouverture.

- chapelle latérale nord : arc en plein cintre dans lequel on a inséré, en ressaut, un autre arc brisé surbaissé ; l'appareil du second est visiblement collé sous celui du premier.

C. Coupes et élévations intérieures

a) Coupe longitudinale

Le vaisseau est couvert d'un plafond de plâtre que renforce une poutre transversale. L'abside, voûtée en cul-de-four, est plus basse que le vaisseau (différence : 1, 30 m).

Le mur pignon oriental du vaisseau, au-dessus de l'arc triomphal, porte un clocher arcade à une baie.

b) Élévations intérieures

- Murs latéraux du vaisseau

Deux pilastres de plâtre, à chapiteaux inspirés de l'ordre ionique sont disposés face à face sous la poutre du plafond ; leur saillie (environ 10 cm) est le seul élément architectural formant relief sur le nu du mur. Le mur nord comporte pour seule baie l'entrée de la chapelle latérale. Le mur sud est percé, outre l'entrée de la chapelle latérale, par trois baies : deux petites fenêtres longues et étroites, en cintre surbaissé et à double ébrasement, situées de part et d'autre du pilastre immédiatement sous la voussure du plafond ; celle de l'est est obturée par une cloison ; sous cette dernière on a ouvert une grande fenêtre à linteau appareillé en arc en segment à l'extérieur, droit à l'intérieur, avec ébrasement intérieur.

- Mur oriental du vaisseau et abside

Le mur oriental est percé par l'arc triomphal, légèrement surbaissé (1, 85 m de flèche pour une portée de 3, 90 m). Sa naissance est soulignée par deux impostes profilées en biseau.

- Mur occidental

Il est percé de deux baies disposées en travée : - la porte : arc appareillé plein cintre à l'extérieur, arc en segment à l'intérieur. Sa menuiserie est constituée d'une imposte semi-circulaire dormante et de deux vantaux pleins mobiles.

- une fenêtre rectangulaire étroite à double ébrasement, fermée par un volet de bois.

Élévations extérieures

A. Façade occidentale

Façade en pignon à deux niveaux de baies (voir ci-dessus l'élévation intérieure). L'appareil de moellons est assez irrégulier. Seules les deux baies et les chaînes d'angle sont bien appareillées, avec un certain nombre de pierres de remploi. La porte est précédée d'un degré carré à cinq marches de calcaire médiocrement appareillées ; aux angles de la marche inférieure, deux blocs cubiques : ils servaient sans doute de bases aux piliers de bois d'un porche dont les quatre boulins visibles autour de la porte constituaient les points d'ancrage dans la façade.

B. Façade sud

L'élévation est constituée par la façade de la nef avec, à l'est, l'avant-corps de la chapelle latérale sud.

a) Façade de la nef

Réduite en hauteur par le remblai de la terrasse, elle est caractérisée par son étirement horizontal ; elle présente deux niveaux de baies, étudiés avec l'élévation intérieure. Son appareil, visible par les nombreux arrachements du crépi, est médiocre : moellons à peine équarris à l'est, blocage à l'ouest (exception faite de la chaîne de l'angle ouest, et des moellons attenants comparables à ceux de la façade occidentale ; un décollement s'est d'ailleurs formé entre cet angle appareillé et la partie en blocage). Le clivage entre ces deux types d'appareil est le collage (au droit de la fenêtre haute occidentale) correspondant à l'agrandissement du vaisseau. Dans la partie médiane, une"ancoule" étaye le mur ; elle a été entaillée par le percement de la fenêtre basse.

Sur la chaîne d'angle orientale (sixième lit au-dessus du toit de la chapelle latérale sud), cadran solaire incisé en forme de demi-cercle de 0, 30 m de diamètre, sans aucune inscription.

b) Chapelle latérale

Son appareil est très mauvais : moellons bruts et morceaux de briques en lits irréguliers, noyés dans du mortier ; de larges fissures se sont formées, en particulier dans le mur sud.

- Façade sud : elle est percée d'un oculus appareillé en clavaux très minces, à double ébrasement.

- Façade ouest : aveugle.

- Façade est : elle était percée d'une porte en plein-cintre, appareillée (h: 1, 80 m) ; les claveaux ont été grossièrement entaillés pour ménager une ouverture rectangulaire ; elle a été murée par la suite.

C. Façade nord

Elle est constituée par la façade de la nef avec, à l'est, l'avant-corps de la chapelle latérale. Elle est complètement aveugle.

a) Façade de la nef

On note un changement d'appareil de part et d'autre d'une fissure verticale courant du sol à la génoise à 6, 40 m en moyenne de l'angle ouest :

- à l'est : moellons grossièrement équarris noyés dans du mortier

- à l'ouest : moellons plus gros et mieux appareillés analogues à ceux de la façade occidentale.

Sur le parcours de la fissure, de gros moellons en remploi jouent le rôle de chaînage. Ces observations (auxquelles s'ajoute le changement de niveaux de la rangée de boulins) montrent qu'il s'agit là d'un collage correspondant à l'agrandissement du vaisseau.

b) Chapelle latérale

Ses trois façades présentent un appareil très irrégulier de moellons bruts, disposés en lits dans les parties basses, en blocage dans les parties hautes.

Les trois façades sont aveugles ; la façade nord présentait une petite fenêtre rectangulaire bien appareillée, qui a été murée ; l'arête des piédroits est chanfreinée ; le linteau monolithe est creusé sur sa face antérieure d'une sorte d'archivolte : cavité peu profonde, prolongeant le chanfrein des piédroits, dont le pourtour extérieur en demi-cercle est souligné par un graindorge.

Chevet

L'élévation orientale est constituée par l'étagement de l'abside et du mur pignon du vaisseau.

a) Façade du vaisseau

Elle apparaît sur l'élévation : - de part et d'autre de l'abside, qu'elle déborde de 0, 85 m : ce sont les parties les mieux appareillées de l'édifice (analyse des matériaux, type A) -au-dessus du toit de l 'abside, en pignon d'un appareil de moellons bruts irrégulier ; il est surmonté d'un clocher arcade à une baie en plein cintre appareillée.

b) Abside

Elle est percée d'une fenêtre axiale (murée intérieurement). Une rangée de dalles de calcaire en encorbellement, bien appareillées, la couronne et porte l'égout du toit. L'appareil est très disparate : - à la jonction de l'abside et du mur de la nef, l'appareil de ce dernier fait retour et assure un ancrage solide et soigné de l'une sur l'autre

- la moitié inférieure du mur présente un appareil très grossier de moellons bruts noyés dans du mortier ;

- la moitié inférieure comporte des lits plus réguliers de moellons équarris

- la fenêtre axiale est bien appareillée : c'est une ouverture longue et étroite (1, 25 m sur 0, 20 m) à linteau monolithe échancré en plein cintre, avec ébrasement intérieur ; son appareil soigné est du même type que celui du mur de la nef de part et d'autre de l'abside, et on y relève des marques de tâcherons identiques. Mais elle est mal intégrée dans l'appareil du mur, et l'assemblage des moellons qui constituent son appareil laisse penser qu'il s'agit d'un remploi.

Combles et couvertures

L'édifice est entièrement couvert en tuiles creuses. L'égout du toit, au-dessus des murs sud et nord du vaisseau est porté par une génoise à trois rangs de tuiles. Les combles sont inaccessibles.

Distribution intérieure

A. Nef et choeu

a) Répartition

Le chœur liturgique est composée de l'abside et de la partie orientale du vaisseau ; il est délimité par une marche de pierre et par la grille de communion (fer forgé).

b) Composition et décor

- Plafond de la nef : plâtre, sans décor.

- Murs : enduits et couverts d'un badigeon (bleu ciel pour l'abside, avec, en trompe-l’œil, un soubassement de boiseries). Sur le mur oriental, au-dessus de l'arc triomphal et dans les écoinçons, traces sous le badigeon d'un décor peint : pilastres portant un entablement. Inscription bordant l'arc triomphal : AVE MARIA IMMACULATA.

- Sols : mallons (0, 24 x 0, 24 m). Dans l'abside, dalles de pierre rectangulaires de dimensions variées.

- Immeubles par destination : - chaire de plâtre suspendue au mur nord, à droite du pilastre

- dans l'abside, autel de maçonnerie.

B. Chapelle latérale nord

a) Destination : sans doute chapelle funéraire

b) Composition : voûte en plein cintre (blocage), renforcée contre le mur nord par un arc doubleau appareillé porté par deux corbeaux incisés de trois stries horizontales ; l'arête de ce doubleau est chanfreinée.

- A la base des murs est et ouest, banquettes de pierre. La voûte et les murs sont recouverts d'un enduit et d'un badigeon.

- Sol : mallons analogues à ceux de la nef, excepté l'angle nord-est, dallé de pierres aux formes irrégulières. Près de la base du piédroit oriental de l'arc d'entrée, dalle carrée (0, 61 m de côté) ornée du signe :

Elle donne accès à une fosse rectangulaire dont l'axe ne coïncide pas avec celui de la chapelle (extrémité nord déviée vers la gauche) et qui contient des ossements.

- Contre le mur nord, autel adossé formé d'une table de calcaire monolithe (1. : 1, 80 m, 1.: 0, 60 m, ép. : 0, 20 m) dont le bord est profilé en biseau, et qui repose sur un massif parallélépipédique de maçonnerie. Au-dessus de l'autel, le mur porte la trace d'un tableau ou d'un retable.

C. Chapelle latérale sud

a) Destination : pièce actuellement désaffectée ; la cloison qui la sépare du sanctuaire semble indiquer que sa dernière fonction ait été celle de sacristie.

b) Composition

- Voûte : en plein-cintre, affaissée à son sommet (blocage).

- Murs et voûtes sont enduits et couverts d'un badigeon.

- Le mur sud porte, 1, 50 m sous l'oculus, une console de pierre dont la face antérieure est sculptée en forme d'écusson (sans armoiries).

- Dans le mur oriental, porte murée : sa couverture est constituée par la succession de deux arcs appareillés : en plein cintre au nu du mur antérieur, en segment dans l'épaisseur du mur ; cette porte est très basse (h. : 1, 33 m) : y-a-t-il eu surélévation du niveau intérieur, ou disparition d'un escalier creusé dans le sol de la chapelle ?

- Sol : mallons analogues à ceux de la nef.

Remarque : sur l'imposte du piédroit ouest de l'arc d'entrée, inscription et date.

NOTE DE SYNTHÈSE

Conclusions archéologiques

Dans son état actuel, la chapelle Note-Dame-de-Beauvoir est le fruit de plusieurs campagnes de reconstruction et d'agrandissement. Il est difficile de se faire une idée claire de la structure de l'édifice originel, et encore plus de le dater. On n'en a conservé que des fragments d'appareil reconnaissables à la nature du matériau (type A), aux traces d'outils présentés par les parements, et à la présence de marques de tâcherons (des dernières constituant sans doute un élément de datation). Outre de nombreux remplois dans diverses parties de l'édifice - le plus important étant la reconstitution de la fenêtre axiale de l'abside - les seules parties où cet appareil semble être resté en place sont les suivantes :

- le mur oriental de la nef (exception faite de la partie supérieure en pignon) , ainsi que l'ancrage de l'abside sur ce mur

- la grande arcade en plein-cintre bandée au- dessus de l'entrée de la chapelle latérale nord.

Ces observations permettent tout au plus de conclure que la chapelle primitive comportait un vaisseau unique, dont les murs latéraux présentaient une ou plusieurs grandes arcades, et une abside analogue à celle qui existe actuellement.

La seule campagne ultérieure datée est celle de 1555 au cours de laquelle a été édifié l'arc d'entrée de la chapelle latérale sud ; cette dernière a été elle-même reconstruite par la suite.

Le plafonnement de la nef et l'aménagement intérieur sont sans doute le résultat des travaux effectués dans la seconde moitié du siècle dernier.

1Cartulaire de Saint-Victor, t. I, n° 843, Privilège de Grégoire VII, 4 Juillet 1079 : "...item apud Bellum Montem cellam Sancte Marie...". 2Ibidem, n° 848, Privilège de Pascal II , 23 Avril 1113 :" ... ecclesiam... Sancte Marie de Belmont...". 3Ibidem, n° 844, Privilège d'Innocent II, 18 Juin 1135 : " ... cellam... Sancte Marie de Belmont...".4A.C. Beaumont, CC 1, f° 46 : "au camin de Nostra Damo." 5Notes du chanoine Trouillet concernant l'histoire de Pertuis ; copie d'acte notarié, 1510 : " ... Johannes Casse vicarius ecclesie Sancti Johannis Bellomontiset ecclesie Nostre Domine de Bellovista...". 6A. D. 13, G 265, pièce 1, 19 Janvier 1555 : mise en possession en faveur de Laurent Borrel, chanoine de Villeneuve-lès-Avignon, de "la vicairie et église parrochialle de Nostre Dame hors les murs". Ibidem, pièce 2, 14 Janvier 1573 : collation en faveur de Honorat Lanteiron prêtre de Pierrevert de la "parrochialis ecclesia et vicaria perpetua nuncupata Nostrae Dominae de Bellovideri loci de Bellomonte". Ibidem, pièce 3, 31 Mars 1573 : collation de la même vicairie en faveur de Louis Clément, prêtre de Sisteron. Ibidem, pièce 4, 19 Octobre 1573 : collation de la même vicairie en faveur de Jean Audemar, prêtre de Beaumont. Ibidem, pièce 5, 14 Juillet 1588 : collation de la même vicairie en faveur de Pierre Brochier, prêtre de Beaumont. Ibidem, pièce 6, 14 Avril 1617 : collation de la même vicairie en faveur de Jean Gauchier Paulet, prêtre d'Aix.7A.D. 13, I G 1332, f° 231 r°.8A.C. Beaumont, BB 8, f° 213 , délibération du 24 Février 1709 : "... Remonstrent lesdits sieurs maire et consuls que l'église parossialle de ce lieu aiant menassé ruine comme il a esté enoncé sy-dessus, en manière qu'on n'y pouvoit dire la messe sans un grand danger du peuple, ce qui obligea le sieur vicaire et pretres d'aller dire la messe a la chapelle Nostre-Dame qu'elle est hors du vilage, et, comme cella estoit incomode pour l'administration du Saint-Sacrement aux malades et convalesens et pour les batemes, le sieur vicaire et pretres avoint presenté requete a Monseigneur l'archeveque pour faire ordonner que les consuls et communauté designeroint une chambre dans le lieu pour y dire la messe et y reposer le Saint-Sacrement et y faire toutes les autres fonsions curialles...".9Ibidem, f° 291, délibération du 10 Août 1710 : "Remontrent que le malheur des eaux, dans lesquels partie des habitens ce trouvent attaqués des fievres maglines qui continuent et augmentent journellement, a obligé partie des habitens de requerir le retablissement de la devosion du veu de Saint-Sebastien, que se trouve estably depuis un temps immemorial... le sieur vicaire sera requis d'en fere le service a la chapelle Nostre-Dame jusques a ce que la parroisse se trouve restablie".10A.D. 13, G 581, pièce 6. 11A.D. 84, 2 O 15 (5).

Petit établissement religieux fondé avant 1079 par les moines de Saint-Victor de Marseille ; abandonné au 15e siècle et annexe au 16e siècle à l'église paroissiale de Beaumont ; chapelle à nef plafonnée et abside en cul-de-four, augmentée en 1555 (inscription) d'une chapelle latérale au sud ; la reconstruction partielle de la nef, de la chapelle latérale sud et la construction de la chapelle latérale nord sont probablement consécutives à l'un des 2 tremblements de terre de 1708 et 1812.

Chapelle à nef unique plafonnée, abside en cul-de-four, et 2 chapelles latérales voûtées en berceau plein-cintre ; petit clocher mur sur l'arc triomphal

  • Murs
    • calcaire
    • molasse
    • moyen appareil
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • cul-de-four
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété publique (incertitude)
  • Protections
    classé MH, 2011/12/16

Documents d'archives

  • [Beaumont-de-Pertuis] Cadastre, 1500. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : CC 1.

    f° 46.
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de la communauté de Beaumont-de-Pertuis, 1704-1717. Archives communales, Beaumont-de-Pertuis : BB 8.

    f° 213 et f° 291.
  • Contrôle des prieurés et chapelles, Beaumont (1555-1747). Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : G 265.

  • Déclarations fournies en 1728 en vue de l'assemblée générale du clergé, Beaumont, 1728. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 581.

    Pièce 6.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1582-1583. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1332.

    f° 231 r°.
  • Administration communale, Beaumont-de-Pertuis, 1813-1940. [1812 ?]. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 2 O 15.

Bibliographie

  • GUERARD, Benjamin, DELISLE Léopold, De WAILLY Natalis. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. Collection des cartulaires de France, t. VIII, éditeur B. Guérard, Paris : Typographie de Ch. Lahure, 1857, 2 volumes, CLVI-651-945 p.

Date d'enquête 1969 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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