Séparant les « couloirs » de la Tinée et la Vésubie, le massif du Tournairet prend dans les études du dispositif défensif de la frontière du Sud-Est après 1870, et surtout vers 1885 lorsque se constitue une véritable armée des Alpes, une importance stratégique analogue à celle du massif de l'Authion pour le compartiment entre Vésubie et Roya.
Indépendamment de l'organisation fortifiée proprement dite réalisée à partir de 1931, le commandement estime qu'il convient de pourvoir à la première menace y devancer les Italiens, et éventuellement occuper la position. Il y aurait eu, semble-t-il, un camp sarde en 1792-93.1
Poste défensif ou blockhaus. Remarquer les bretèches d'angle en béton armé.Le camp du Tournairet est un casernement de montagne, groupe de bâtiments en dur bien construits comprenant, entre autres, un poste défensif, des chalets et même une chapelle. Il est vraisemblable qu'aux abords le terrain était aménagé en zone de bivouac pour occupation d'été.
L'ensemble est relié au village de La Tour par une longue route stratégique en lacets, particulièrement hardie quant au tracé, réalisée avant 1914, et prolongée ensuite à l'est jusqu'à Lantosque d'une part, Roquebilière d'autre part.
Le camp est situé sur le versant sud du massif en contrebas et au sud du col du Fort. Il est, comme la route sur la plus grande partie de son tracé, défilé aux vues du nord et de l'est. Situé en zone boisée, il dispose de prés pour la nourriture des bêtes de somme et la source de la Brasque a été captée et aménagée. Les bâtiments eux-mêmes, en bon état, sont réutilisés comme centre de vacances.
Les principales singularités du site sont constituées :
1) par le poste défensif ou «blockhaus» qu'on pourra comparer avec celui des Acles, près de Briançon
2) par les pierres sculptées portant les insignes des unités ayant séjourné au camp depuis 1890 et travaillé aux organisations.
Pierre sculptée représentant l'insigne du 157e régiment d'artillerie de position daté du 6.9.1938.
Pierre sculptée représentant l'insigne du 7e régiment du génie (Avignon) 8e compagnie. Mai 1939.
(N.B. Plans et documentation à rechercher ultérieurement à Vincennes dans les archives récemment revenues de la D.T.G. de Nice).
Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.
Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.
Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)
Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)
La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)