Dossier d’œuvre architecture IA05000148 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
blockhaus, fort, ouvrage mixte dit ouvrage du Janus
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hautes-Alpes - Briançon
  • Commune Montgenèvre
  • Lieu-dit le Janus
  • Dénominations
    blockhaus, fort, ouvrage mixte
  • Appellations
    ouvrage du Janus, de l'ensemble fortifié du Briançonnais
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    bloc, souterrain

Intérêt stratégique et chronologie des travaux

Période 1880-1918

Dans le cadre de la refonte générale du système de défense des frontières le Comité de défense prévoit, pour la place de Briançon, l'organisation permanente du plateau du Gondran, réalisée effectivement de 1876 à 1881.

Or, le plateau est bordé, au nord, par le saillant de la crête rocheuse de Château Jouan qui le domine d'une centaine de mètres, et dont le versant nord-ouest a son pied bordé, 700 m plus bas, par le cours supérieur de la Durance et le col du Montgenèvre : son occupation apparaît donc souhaitable tant pour commander directement le col et la R.N. 94 que pour y prévenir un assaillant qui, de là, pourrait rendre intenable la position du Gondran et, du même coup, la possession d'un cheminement favorable à l'attaque de la place.

Dès 1872, l'Italie a créé des unités alpines spécialisées capables d'opérer en haute montagne. Aussi, en raison de la tension politique franco-italienne survenue en 1880, on entreprend l'occupation de ce dernier palier supérieur, jusque là considéré comme inaccessible.

Une antenne routière, prolongeant le réseau du Gondran, est construite en 1884 et 1885 jusqu'au sommet du Janus (altitude 2540 m) avec des emplacements pour pièces d'artillerie. Puis, de 1886 à 89 on construit un blockhaus de montagne (à la fois casernement d'hiver, réduit défensif, observatoire et poste optique), exhaussé d'un étage en 1890-91.

Ces dispositions de première urgence réalisées, on s'oriente sans désemparer vers des organisations plus lourdes. Dès 1888, on envisage le creusement de batteries-cavernes sous roc, l'installation d'un projecteur électrique sous casemate-caverne (pour la surveillance nocturne du Montgenèvre) et, sur la crête, d'un canon de 120 L modèle 1878 sur affût Locard (pour le tir tous azimuths). Mais ces projets se heurtent à un avis défavorable de la section technique du génie (créée en 1886) ; les embrasures frontales des batteries cavernes seraient trop grandes, donc vulnérables, et l'affût Locard trop difficile à réparer. Seul le projecteur est retenu, mais à ciel ouvert, et seule sa machinerie électrogène mise sous abri.

En face, les Italiens commencent à fortifier le Chaberton et développeront les travaux jusqu'en 1914, avec la construction de la batterie sommitale à 8 tourelles de 149 mm de long dominant, à 3130 m, l'ensemble de la place.

Poursuivies par à-coups, les études sont relancées par le ministre (Freycinet) par D.M du 16 février et 6 avril 1893, et conduisent à la production de plus de cinq projets concurrents (gouverneur de Lyon, directeur du génie etc.) comportant un nombre variable de batteries d'artillerie à air libre et sous roc, des abris et magasins cavernes et même une coupole cuirassée tournante pour canon de 155 (un prototype produit par Montluçon a été soumis à des tirs d'expérience au camp de Châlons en 1888).

Compte tenu des programmes de fabrication déjà arrêtés, du prix de revient, des énormes difficultés de transport et de mise en place, l'idée de cette coupole est finalement abandonnée.

Après réunions et discussions, c'est un nouveau projet - plus simple - du 29 décembre 1894 qui est approuvé le 28 février suivant et exécuté de 1898 à 1906. Le fort du Janus comprenait, à proximité immédiate et en dessous du blockhaus de montagne, un ensemble de locaux sous roc incluant trois abris cavernes à personnel prenant jour dans la face nord-ouest, une boulangerie, une citerne de 100 m3 et des magasins à munitions. Dans la face sud-est, une batterie-casemate en béton armé pour 4 pièces de côte de 95 mm G modèle 1888 battait la cuvette des sources de la Durance et flanquait les Gondrans. L'entrée de la galerie desservant les différents organes débouchait dans le versant sud-est, un peu en dessous du blockhaus, une autre issue (sortie haute) émergeant, sous carapace bétonnée, dans le terre-plein du blockhaus.

L'obstacle était constitué, sur la face sud-est - à pente plus douce - par une escarpe formant mur de soutènement, avec chemin de ronde, et, sur la face nord-ouest, par l'escarpement rocheux.

Compte tenu du site très particulier l'ouvrage ainsi réalisé et dû, en particulier, au capitaine Delarge et au lieutenant-colonel Véronique (chef du génie à Briançon) ne ressemble en rien aux schémas théoriques en usage à l'époque. Les choses devaient ensuite rester en l'état jusqu'en 1930.

Période de 1926 à aujourd'hui

Après une longue période de réflexion, de reconnaissances et d'études, c'est le 12 février 1929 que la « Commission de défense des frontières », chargée de la conception des fortifications nouvelles remet au ministre son rapport sur la frontière du sud-est, en complément du rapport d'ensemble du 6 novembre 1926.

Ce document prévoit la modernisation du Janus en « ouvrage mixte», pilier d'ossature de la position de résistance: à ce titre, on prévoit des canons sous casemates (à créer) sur la face ouest, et le remplacement de ceux de la face est par des canons modernes à tir extra rapide.

Sous l'égide de la « Commission d'organisation des régions fortifiées» - maître d'œuvre du nouveau système - le colonel Loriferne, chef de la délégation locale et directeur du génie de Briançon transmet, le 9 novembre 1929, un avant projet d'ouvrage modernisé, reprenant l'essentiel des locaux souterrains de l'ouvrage existant, et greffant sur ceux-ci les organes (blocs) suivants :

Face nord-ouest :

- 1 casemate pour 2 mitrailleuses

- 1 casemate pour 4 mortiers de 81 mm, 2 mortiers de 75 mm, 2 canons-obusiers de 75 mm et un observatoire

Face sud-est:

- 1 casemate pour 2 mitrailleuses (flanquant les Gondrans)

- le bloc d'entrée

- la batterie casemate de l'ancien fort, renforcée et munie de 4 canons- obusiers de 75 mm

- 1 casemate pour 2 mortiers de 81 mm (tirant vers le Cheuaillet)

Sur la crête :

- en arrière du rocher de Château Jouan : une sortie arrière avec poste optique

- au centre : 1 cloche de fusil mitrailleur (défense de superstructure)

- en avant : 1 observatoire sous cloche cuirassée, complété de 2 observatoires latéraux, nord et sud, sous casemate.

Or la loi du 14 janvier 1930 n'accordait à la frontière des Alpes, en première urgence, que 204 millions (sur une estimation initiale de 700). Il fallut attendre un complément portant les crédits à 362 millions (24 décembre 1930) et revoir du même coup le fractionnement des projets en urgences successives.

La construction du Janus fut entreprise en juin 1931 (entreprise Chesnel, Spaggiari etc.) et se poursuivit, par périodes annuelles de 4 mois de travail effectif, en raison de l'altitude, jusqu'en 1936. En 1932 les galeries souterraines étaient percées, puis les blocs 2 et 3 coulés. le bloc d'entrée (1) fut coulé en 1935, et des travaux complémentaires continuèrent au moins jusqu'en 1937.

Les réductions de crédits amenèrent à ajourner : le bloc arrière et la galerie correspondante (250 m), les 2 canons obusiers et 2 mortiers de 81 de la face nord-ouest, les 4 canons obusiers de la batterie casemate sud-est (devenue bloc 8 et conservant, donc, ses vieux 95 de côte) et le bloc de 81 de1a face sud-est.

Ainsi tronqué, l'ouvrage comporte effectivement les organes suivants :

Face nord-ouest :

-le bloc 2, pour 2 mortiers de 81 mm, 2 jumelages de mitrailleuses et 1 F.M. sous casemate

-le bloc 3, 2 mortiers de 75 mm mle 1931 sous casemate (blocs prenant d'enfilade la vallée de la Clarée)

Face sud-est :

-le bloc 1, entrée mixte, avec cloche G.F.M ( celle prévue isolée à l’origine ) et 1 jumelage de mitrailleuses et 1 F.M sous casemate

-le bloc 8, ancienne batterie casemate, pour 4 canons de 95mm, non transformée ni renforcée

Éperon :

-bloc 4, observatoire cuirassé avec 1 cloche VDP et 1 cloche GFM conjuguée

-bloc 5, observatoire latéral nord-ouest

-bloc 7, 1 jumelage de mitrailleuses sous casemate

-bloc6, observatoire et jumelage de mitrailleuses sud-est

Sur la crête :

-blocs 9 et 10, blocs-cheminées de ventilation de la caserne et d’évacuation des gaz brûlés de la centrale électrique (pour mémoire).

L'infrastructure souterraine est beaucoup plus développée qu'il n'était envisagé initialement : pour des raisons de protection, près de la moitié des galeries de l'ancien ouvrage ont été recomblées en rocaille, et le reste raccordé par plan incliné au réseau moderne situé plusieurs mètres en dessous (caserne, centrale électrogène, cuisines, magasins, etc.).

L'ensemble des travaux correspondant représentaient, au 15 décembre 1936 : 24.950 m3 de terrassements; 940 m3 de maçonnerie de moellons ; 340 m3 de maçonnerie de pierre sèche; 6530 m3 de béton; 5375 m3 de béton spécial; 460 m2 de briques; 7350 m2 d'enduit ordinaire; 2950 m2 d'enduit étanche; 660 m2 de chape; 740 m de galeries (toutes sections confondues) et 36 m de puits pour une dépense de 10.318.000 F (munitions non comprises).

L'ouvrage n'a jamais reçu d'installation de ventilation gazée (comme Roche-la-Croix et le Pas-du-Roc), que sa situation sur un piton élevé ne rendait pas indispensable.

En 1940, l'ouvrage, clé de voûte de la défense de Briançon, intervint, par ses feux d'artillerie, pour briser les infiltrations italiennes. C'est le bloc 5 qui assura le réglage du tir des 4 mortiers de 280 mm qui bombardèrent et mirent hors de combat, le 21 juin, le fort italien du Chaberton. De septembre 1944 au printemps 1945, repris, l'ouvrage reste entre nos mains, à proximité de la ligne de contact du front.

Partiellement remis en état après 1945 l'ouvrage est resté armé jusqu'en 1964 environ puis les culasses des mortiers de 81 et de 75/31 ont été enlevées. Un entretien sporadique est encore assuré, chaque année, par le service du génie (1985).

Analyse architecturale

Blockhaus de montagne

Vue aérienne.Vue aérienne. Ce bâtiment, ainsi que la batterie casemate de 95 et l'escarpe attenante, est à peu près tout ce qui subsiste des organisations défensives d'avant 1914, après le nivellement des dessus du site effectué à partir de 1932 pour la construction de l'ouvrage moderne. Il s'agit d'un bâtiment rectangulaire à deux niveaux (rez-de-chaussée et un étage) d'environ 16 x 18 m, cantonné aux angles nord et sud de deux bastionnets carrés, formant caponnières doubles pour flanquer les quatre faces.

Malgré une totale homogénéité apparente, vu de l'extérieur, le bâtiment a, en réalité, été construit en deux temps:

1) 1886-89 : construction d'un blockhaus défensif à simple rez-de-chaussée et toiture-terrasse, à l'épreuve de la mousqueterie et de l'artillerie légère de montagne, pour une section de troupes alpines en « échelon de surveillance ». Ce bâtiment procède du même plan-type que les blockhaus de la Lauzette et de la Grande Maye, dont la construction est simultanée.

2) 1890-91 : exhaussement de l'ouvrage et construction du deuxième niveau (en raison, probablement, d'un renforcement des effectifs affectés à la position) également défensif; mais à toiture traditionnelle à deux pans non à l'épreuve. Seul, d'ailleurs, le bastionnet sud-ouest a été exhaussé.

Ultérieurement (1897-1900) le bâtiment a été inclus dans le périmètre défensif du fort du Janus; puis, à une époque indéterminée, ses dispositions défensives ont été réduites pour le ramener presque à l'état de bâtiment d'habitation ordinaire (suppression du pont-levis intérieur, ouverture de fenêtres) avant d'être gravement endommagé par l'artillerie italienne en juin 1940.

Implanté sur un terrain en plan incliné, le rez-de-chaussée est en partie surélevé (du nord-est au sud-ouest) et soutenu par un soubassement taluté en maçonnerie; la face nord-ouest couronne l'à pic du versant de la montagne. Deux refends de 0,80 parallèles au petit côté divisent le volume intérieur en trois parties: au centre, une travée de 3 m de large est occupée, d'avant en arrière par l'entrée et l'ancien local du pont levis, le vestibule, la cage d'escalier et une chambre. A droite et à gauche, deux travées de 5, 50 m de large sont occupées par les chambres de troupe et, séparés par des cloisons légères, par 4 locaux (3 pièces et un corridor à gauche-est, un à droite) à usage de cuisine, magasins etc.

Le bastionnet sud est occupé par une pièce, le bastionnet nord par les latrines.

Les murs extérieurs ont 1,50 m de large, sauf au sud-ouest (face arrière, non exposée) où l'épaisseur n'est que d'1 m, de même que pour les murs des bastionnets.

Les locaux sont desservis par des baies, essentiellement constituées de créneaux de fusillade à double ébrasement, dont l'extérieur gradiné, ainsi répartis :

- Face nord-ouest : 6 créneaux.

Face sud-ouest : 4 créneaux.

Face sud-est : au centre, la porte d'entrée encadrée, de chaque côté, de 2 créneaux séparés par une fenêtre.

Face nord-est : 4 créneaux.

- Bastionnets : 2 créneaux sur chaque face, 1 fenêtre oblongue dans chaque flanc. Toutes les ouvertures sont à montants harpés et linteau surbaissé à clef saillante en béton imitant la pierre.

Blockhaus. Face sud-est et entrée.Blockhaus. Face sud-est et entrée. L'entrée, au centre de la face sud-est, est précédée d'un degré rectangulaire à 4 marches. Elle donne accès à un premier vestibule, ancien logement du pont-levis intérieur supprimé, dont les parois sont percées de créneaux de fusillade de défense intérieure.

L'escalier intérieur suspendu est à deux volées droites reliées par une moitié tournante, le tout bordé d'une rampe en fer.

Le premier étage reprend les dispositions du rez-de-chaussée, avec pignons au nord-est et au sud-ouest, et refends prolongeant ceux du rez-de-chaussée. Un plancher intermédiaire formait comble partiel sous le faîte.

Baies:

- Long pan sud-ouest: fenêtres oblongues, du type courant des chalets militaires de montagne.

- Pignon sud-est: 2 étages de fentes verticales, genre archère.

- Long pan nord-ouest: 4 fenêtres oblongues.

- Pignon nord-est: 8 créneaux horizontaux en 2 étages.

Blockhaus. Bastionnet sud.Blockhaus. Bastionnet sud.- Bastionnet sud (seul exhaussé) : flanc gauche: 1 créneau horizontal. Face gauche: 1 fenêtre oblongue. Face droite: 1 créneau horizontal. Fenêtres oblongues et créneaux horizontaux à linteau surbaissé.

Toit : en bâtière voligé sur pannes métalliques, pour le bâtiment proprement dit. A quatre pans pour le bastionné sud.

Le tout construit en maçonnerie de moellons à chaînes d'angle harpées, et ceinturé extérieurement de deux bandeaux plats superposés soulignant la division entre niveaux.

Les faces sud-ouest et nord-ouest sont protégées, à distance, par une grille défensive en fer.

L'ensemble, violemment bombardé en 1940 par les canons de 149 mm du fort du Chaberton est sérieusement dégradé. Les dégâts ont été aggravés par l'action des intempéries.

Le versant nord-ouest de la toiture a disparu. Le pignon nord-est est à demi effondré, le bastionnet nord très entamé, l'un et l'autre en raison de leur orientation face à la direction du tir ennemi.

L'ouvrage C.O.R.F.

Limité, on le sait, pour des raisons budgétaires, à la seule première tranche d'un projet plus vaste, cet ensemble s'inscrit dans une emprise rectangulaire d'environ 350 x 75m, axée sur l'arête sommitale de la montagne.

Construit de 1931 à 1937, il est à peu près conforme au schéma général de «l'ouvrage palmé» défini à l'époque, à quelques particularités près:

- implantation à l'arrière, près de l'entrée, des blocs 2 (81 et JM) et 3 (mortiers de 75) afin de bien battre en enfilade la vallée de la Clarée

- incorporation à l'ouvrage moderne d'éléments antérieurs non modernisés, mais néanmoins utilisables moyennant certaines précautions (cas très rare dans la fortification CORF).

Il comprend essentiellement :

a) Dix blocs bétonnés, dont 8 actifs (blocs de combat et observatoires) et deux blocs cheminées, émergeant en crête ou encastrés dans les versants rocheux, principalement le versant nord-ouest.

b) Une infrastructure souterraine, creusée dans le roc, composée de galeries de circulation et de galeries-logements, magasins et locaux techniques. Tous les blocs sont greffés sur cette infrastructure.

La garnison de guerre était de 9 officiers, 34 sous-officiers et 210 hommes de troupe.

Comme tous les ouvrages de cette génération, le Janus était doté d'un équipement électromécanique très complet, d'un matériel spécifique intégré: optique et armement de petit calibre (non stocké sur place en temps de paix, et vraisemblablement détruit) et de gros calibre (encore en partie en place, mais neutralisé) ainsi que de mobilier organique fixé au fond, le plus souvent métallique.

Les blocs principaux (1,2,3,6) sont traités en protection n° 3 (donc à l'épreuve de 2 coups superposés de 305 mm), Simples émergences de galeries et offrant une cible très réduite, les blocs 5 et 7 ont respectivement la protection 2 et 1. Très visible en crête, le bloc 4 (observatoire VDP) a reçu une protection intermédiaire entre 3 et 4, le mettant à l'épreuve de 2 coups de 380 mm (donc du coup isolé de 420 m). Quant aux galeries, elles bénéficient d'une couverture d'une quinzaine de mètres de roc naturel.

Les blocs

Bloc 1

(ex-bloc A de la désignation provisoire du projet)

Ouvrage moderne. Bloc 1 (entrée mixte). A gauche, entrée des matériels, pont-levis à demi relevé. Créneau de J.M. A droite caponnière et entrée du personnel. Au-dessus, cloche G.F.M.Ouvrage moderne. Bloc 1 (entrée mixte). A gauche, entrée des matériels, pont-levis à demi relevé. Créneau de J.M. A droite caponnière et entrée du personnel. Au-dessus, cloche G.F.M.

L'AP.S. de novembre 1929 prévoyait, entre autres, trois organes distincts:

- un bloc d'entrée, ex « entrée basse » du fort antérieur, remaniée et renforcée

- une cloche FM isolée de défense de superstructure (comme on en trouve assez souvent dans les ouvrages des Alpes) au pied nord du sommet de Château Jouan

- un bloc casemate de mitrailleuses flanquant vers les Gondran et implanté dans la pente sud-est.

Le bloc 1, de nouvelle création, regroupe ces trois organisations, et sa conception est assez représentative des remaniements apportés par la CORF aux premiers AP.S. en restant dans des limites dimensionnelles compatibles avec les probabilités d'atteinte par les coups adverses. A son contraire, la grande casemate nord-ouest de l'AP.S. a été fractionnée en 3 : bloc 2 (81 regroupés avec le bloc casemate de mitrailleuses nord-ouest), bloc 3 (mortiers de 75), bloc des 75 C.O., ce dernier ajourné et non réalisé.

Bloc d'entrée mixte (personnel et matériel), accès normal de l'ouvrage, implanté à l'extrémité sud-ouest (arrière) de l'ouvrage, au pied nord du piton de Château Jouan, encastré dans le versant sud-est de l'arête du Janus, au niveau du dernier virage de la route militaire d'accès. Il a été coulé en 1935.

De plain-pied avec la galerie principale de l'ouvrage dont il coiffe le débouché, il est conforme aux dispositions générales des entrées mixtes d'ouvrages des Alpes, adaptées au cas particulier du site. Il ne comporte qu'un niveau (rez-de-chaussée).

Il est constitué par un massif de béton armé à demi encastré dans la pente rocheuse et s'inscrivant, grosso modo, dans un parallélépipède rectangle prolongé, à l'arrière et à droite, par une caponnière simple en retour d'équerre. Cette caponnière, formant orillon pour défiler l'entrée principale aux coups dangereux du nord et de l'est, abrite la porte d'entrée des hommes, un créneau FM de défense rapprochée et, dans une protubérance du rentrant de façade, un créneau pour jumelage de mitrailleuses, à trémie type 2, battant obliquement la plateforme extérieure.

La façade arrière apparaît donc, en L (ou plutôt en W) en tenant compte de la protubérance du créneau JM). Elle est précédée d'un fossé diamant dont la contrescarpe, épaisse d'1,75 m de béton armé, fait partie intégrante du monolithe. Elle est en outre protégée par une visière, prolongement extérieure de la dalle saillant en porte à faux d' 1, 75 m au-dessus de l'aile gauche, de 75 cm au-dessus du créneau FM pour se raccorder tangentiellement à l'angle sud de l'orillon.

Dans la face verticale de cette visière sont scellés les 6 potelets supports de l'antenne radio (disparue) encore équipés des isolateurs en porcelaine vernissée.

La dalle de couverture (ép. 2, 50) est horizontale sur l'ensemble du bâtiment mais s'incline au-dessus de l'orillon (locaux moins hauts) pour former plongée de la cloche G.F.M. (cloche type A grand modèle en deux parties - 17 tonnes - à 3 créneaux), cloche assurant la surveillance et la défense rapprochée des abords.

La façade principale est essentiellement occupée par la baie de l'entrée à matériel. La baie (2,60 x 3,20 m) comporte le pont-levis standard (doc. 8) des ouvrages des Alpes, pont-levis métallique à bascule en dessous qui, relevé, obture le passage tout en laissant passer l'air par les perforations des tôles du platelage.

Cette baie donne accès à un hall intérieur de 4 x 7 m (H. S.P. : 3, 20 m) destiné à accueillir un camion de ravitaillement dont le chargement peut être aussi débarqué à l'abri des wagonnets d'une voie de 0, 60 scellée dans le radier au pied de la paroi droite, dans l'axe de la galerie (n° 1) pénétrant dans l'ouvrage. L'accès à cette galerie est fermé, au fond du hall, par une porte blindée à gonds (type n°5 ?) non étanche, munie d'un créneau FM battant le hall.

Derrière le piédroit bordant, à droite, le hall précité, court le couloir venant de l'entrée du personnel et percé dans le flanc de l'orillon. Ce passage précédé d'une passerelle amovible franchissant le fossé diamant, est fermé en façade par une grille puis, après un coude à 90°, une porte blindée. Le long de son parcours vers l'intérieur de l'ouvrage, il dessert :

A gauche :

- le créneau FM, type RB de défense de façade

- une goulotte lance-grenades de fossé

- le créneau JM (dont la transformation ultérieure en arme mixte a été préparée par aménagement dans le béton des réservations pour le scellement du birail, comme aux Aittes), créneau complété par celui incorporé au bloc 6

- une seconde goulotte lance-grenades

- le créneau FM de défense intérieure du hall garage à camion

- une goulotte à grenades et, après passage d'une porte blindée étanche et un coude à 90° rejoint la galerie 1 pour entrer dans l'ouvrage proprement dit

A droite :

- le pied de la cloche GFM

- un local avec couchettes métalliques pour 6 hommes

- le local T.S.F.

L'ensemble est enveloppé par des murs latéraux dont l'épaisseur varie de 1 m en façade, 2, 75 m à droite (murs exposés aux coups), 2, 20 m à gauche, 1 m à l'avant, dans la partie rocheuse autour du raccordement avec la galerie. Le tout est enduit extérieurement d'un enduit rustique, rugueux et, intérieurement, d'un enduit lisse.

Le bloc, ses cuirassements et son équipement sont en bon état. On remarque des décollements d'enduit extérieur, sans doute sous l'action des intempéries.

Armement et optique manquants, soit: 3 têtes de goulottes lance-grenades, 4 F.M 2429 dont 2 avec équipement RB, 1 SP et 1 de cloche, 3 épiscopes L 639, 1 mortier de 50 mm M 1935 de cloche, 1 périscope FI, 2 mitrailleuses Reibel 1931 F avec affût, non compris les chargeurs, accessoires et rechanges.

Bloc 2

(ex «B » de la désignation provisoire)

Ouvrage moderne. Bloc 2. Rez-de-chaussée. Mortier de 81 mm mle 32 de casemate (pièce de gauche) en place dans la chambre de tir (1/2). Vue arrière droite.Ouvrage moderne. Bloc 2. Rez-de-chaussée. Mortier de 81 mm mle 32 de casemate (pièce de gauche) en place dans la chambre de tir (1/2). Vue arrière droite. Implanté dans la face nord-ouest de la montagne, symétrique du bloc 1 par rapport à la galerie principale d l'ouvrage, c'est un monolithe de béton armé traité en protection 3 et comprenant deux niveaux :

- rez-de-chaussée: casemate pour 2 mortiers de 81 mm modèle 1932 R.F.

- premier étage: casemate pour 2 JM, 1 FM, 1 goulotte L.G.

L'organisation du bloc est conforme aux dispositions générales de la notice du 12 février 1930, planche 3 (casemate pour un groupe de mitrailleuses et deux mortiers de 81 - 2e type) adaptées au cas d'un bloc d'ouvrage de montagne, avec accès par galerie de plain-pied, et au cas particulier du site. Ainsi, en raison de la pente, la façade du bloc ne comporte pas de fossé diamant (dont la contrescarpe assure, normalement, le défilement des embrasures des mortiers) ni de cloche. Les magasins ne sont pas en sous-sol, mais de plain-pied avec le rez-de-chaussée.

Le bloc s'inscrit dans un parallélépipède rectangle disposé en long selon la courbe de niveau. Façade encadrée, à gauche, par un massif plein en aile et, à droite, par un orillon creux assurant le défilement aux directions dangereuses du nord-est. Les flancs de ces protubérances font, en plan, un angle de 22° 30 avec le plan de façade unique et sont, donc, parallèles aux limites droite et gauche des embrasures. Ils servent, en outre, d'appui à la visière qui prolonge la dalle en avant de la façade (saillie variant d' 1, 30 m à gauche et 2,30 m à droite).

A l'intérieur, l'accès se fait, au rez-de-chaussée, par un court tronçon de galerie souterraine venant de la galerie principale et qui, après deux portes sas, dessert, au passage, à droite et à gauche, deux groupes de locaux dont le magasin aux obus de 81 (12), le ventilateur du bloc (15), le magasin aux charges et relais (13) et le P.C. du bloc (14) avant de déboucher dans la chambre de tir (1-2) principale, local rectangulaire de 6 x 3, 80 abritant 2 mortiers de 81 mm modèle 1932 de région fortifiée (pièces timbrées par l'arsenal de Tarbes sous n° 8 et 9, peintes en gris-bleu, complétés avec accessoires, mais sans les culasses mobiles enlevées vers 1967).

A droite, dans l'orillon, un tronçon de galerie coudée conduit à une issue de secours extérieure, fermée successivement par une porte blindée type 11 et une grille type 8 bis. Dans l'angle arrière gauche de la chambre de tir, un petit local fermé par une porte en tôle abrite l'échelle métallique montant au premier étage.

Ce niveau, identique au rez-de-chaussée, est constitué d'un local (5-2) formant casemate d'infanterie avec, en façade, de gauche à droite, un créneau FM, une goulotte lance-grenades et deux créneaux JM (à trémie type 3, compte tenu de la pente du terrain devant le bloc).

Ce local est, en outre, doté de six couchettes métalliques (deux étages de sommiers à lame sur châssis en profilés) et de casiers métalliques pour munitions d'infanterie. A droite, un tronçon de couloir coudé (au-dessus de l'issue de secours du rez-de-chaussée), ménagé dans le massif d'orillon, conduit à un créneau FM flanquant la façade et où, en plus, l'installation d'un poste de télégraphie à O.I.C. semble avoir été envisagée.

Installations électrique, de ventilation, téléphonique en place et en état de marche.

Intrados de la dalle et face intérieure des murs extérieurs revêtus du doublage règlementaire en tôle d'acier de 5 mm sur profilés.

État général : très bon. Manquent les berceaux des jumelages de mitrailleuses et les équipements RB des créneaux FM.

Bloc 3

(ex « C » de la désignation provisoire)

A l'origine, dans l'AP8 de novembre 1929, il était prévu de grouper dans une seule casemate les 2 mortiers de 81, les 2 mortiers de 75 et les 2 canons obusiers de 75 destinés à agir dans la vallée de la Clarée.

Dans la réalité, après ajournement des C.O. de 75, la casemate fut fractionnée pour des nécessités de dispersion et de moindre vulnérabilité en deux blocs distincts : le bloc 2 (mortiers de 81) et le bloc 3 (mortiers de 75), le dernier implanté à 55 m au nord-est du précédent, au même niveau et avec des capitales de tir parallèles.

Ouvrage moderne. Bloc 3. Pièce de droite (mortier de 75 mle 1931) vue de l'arrière.Ouvrage moderne. Bloc 3. Pièce de droite (mortier de 75 mle 1931) vue de l'arrière.Ce bloc, traité également en protection 3, est conforme aux dispositions techniques de la notice du 21 août 1931 relative à l'organisation des casemates pour pièces de 75 en pays de montagne, planche 1 (casemate de flanquement à chambres de tir décrochées) à ces particularités près :

- l'accès se fuit de plain-pied au rez-de-chaussée par galerie arrière desservant les magasins à munitions.

- les chambres à douille sont disposées en sous-sol, avec jonction par monte-charge avec le rez-de-chaussée

- un magasin aux gargousses est logé en façade dans un local décroché par rapport aux chambres de tir.

Le bloc ne comporte pas de cloche.

Rez-de-chaussée : relié à la galerie principale de l'ouvrage par un court tronçon de galerie d'une quinzaine de mètres, isolé au départ par un sas (deux portes étanches, en tôle) et desservant au passage deux groupes de locaux : 1) à gauche, le magasin à obus (local 25), à droite, le local (30) du ventilateur - 2) à gauche, PC de bloc (26), à droite, le magasin aux gargousses (28-29) avant de recevoir, à gauche, le puits venant du sous-sol (6-3) et de déboucher, par une baie fermée par une porte blindée à gonds, dans les locaux du bloc proprement dit.

Le bloc flanquant à gauche, l'orillon est placé à droite : il assure le défilement de l'embrasure de la chambre de tir de droite qui défile elle-même celle de gauche, cette dernière défilant le massif du magasin aux gargousses (principe des façades décrochées ou en « échelons refusés »), De cette disposition résulte que les locaux sont de moins en moins profonds de la droite vers la gauche : on a profité, ainsi, de la longueur de la chambre de tir de droite (la plus longue), où débouche la galerie d'accès, pour y loger un petit local de repos pour 8 hommes (en lits métalliques superposés sur deux niveaux) et le réservoir d'eau (capacité: 25001).

Chambres de tir séparées par piédroit d'1 m percé d'un passage d' 1, 20 m de large et dotées, chacune, d'un mortier de 75 mm modèle 1931 de casemate en bon état (pièces portant gravée sur le manchon de culasse l'inscription AB.S. 1954 - culasses mobiles enlevées). A gauche, et en arrière des pièces, tables de préparation des munitions.

Dans le flanc droit de la chambre de tir de droite, porte donnant accès au couloir coudé d'issue de secours ménagé dans le massif de l'orillon et fermé, à son extrémité, par une porte blindée étanche type II précédée, en façade, par une porte grille type 8 bis.

L'intrados de la dalle et la face intérieure des murs exposés aux coups portent le revêtement règlementaire en tôle d'acier sur profilés, contre la formation de ménisques.

Extérieurement, en façade, les embrasures sont protégées par des visières prolongeant la dalle et comportant une entaille adaptée au champ de tir des pièces sous angle de tir maximal (+ 35°).

Enfin, deux goulottes lance-grenades constituent l'armement secondaire de défense rapprochée, l'une dans le flanc de l'orillon, servie à partir du couloir d'issue de secours, l'autre dans le flanc gauche de la chambre de tir de droite.

Sous-sol : reproduisant les dispositions du rez-de-chaussée (sauf pour la galerie d'issue de secours) ce niveau est essentiellement constitué par les chambres à douilles (locaux 5-3 et 4-3 sous la pièce de gauche, 2-3 et 3-3 sous celle de droite) et un local (1-3) sorte de vestibule servant aux opérations de vidange des chambres proprement dites et à leur évacuation par le monte-charge du puits 6-3, vers le rez-de-chaussée.

Dans le sol du local 1-3 se trouve le regard de départ de l'égout (buse de 300) débouchant dans la pente extérieure, en avant du bloc.

Équipement : installations électriques, téléphoniques et de ventilation en place et en bon état. A noter la présence de tubes fluorescents, ajoutés à l'éclairage après la deuxième guerre mondiale. Il semble, en outre, que le monte-charge n'ait été réalisé et installé qu'après la guerre.

Bloc 4

(ex« D »)

Considérations générales:

La position et l'altitude de la crête du Janus en font un observatoire exceptionnel sur toute la zone est du Briançonnais, la frontière, le col du Montgenèvre et une partie des positions italiennes.

Aussi, malgré ses dimensions modestes, et bien que pratiquement dépourvu d'organes de feux spécifiques, le bloc 4, observatoire cuirassé complété par ses annexes les blocs 5 et 6 (observatoires latéraux sous casemate) constitue-t-il l'organe le plus important de l'ouvrage CORF. En effet, sa mission principale était la surveillance du champ de bataille en avant de l'ouvrage, la détermination des objectifs et l'observation et le réglage des tirs des batteries d'artillerie de position déployées sur le terrain du sous-secteur est, ceci grâce au réseau téléphonique (14 circuits) enterré faisant partie intégrante de l'équipement de la zone fortifiée. C'est dans le cadre de cette mission qu'en liaison avec un observatoire de complément installé au fort de l'Infernet, le bloc 4 du Janus assure, les 21 et 22 juin, le réglage du tir des 4 mortiers de 280 mm de la 6e batterie du 154e R.A.P (Lieutenant Miguet) sur le fort italien du Chaberton, tirs ayant abouti à la mise hors de service de cet ouvrage.

On notera en outre que, compte tenu de sa position au sommet d'une crête aigüe, cet observatoire ne pouvait être aveuglé par des tirs systématiques à obus fumigènes; par contre, relativement visible de loin, il constituait un objectif prioritaire pour l'artillerie lourde, ce qui explique sa forte protection.

Description:

Dessus et bloc 4. A gauche, montagne et fort du Chaberton.Dessus et bloc 4. A gauche, montagne et fort du Chaberton.Bloc à un seul niveau principal, implanté en tête de l'ouvrage, à 15, 40 m (sol des locaux) au-dessus du radier de la galerie principale à laquelle le relie un puits carré muni d'un escalier hélicoïdal. Plan approximativement elliptique de 15 x 9m hors œuvre, le bâtiment est complètement encastré dans le rocher et ne comporte pas de façade : seule apparaît extérieurement la dalle, talutée en glacis d'où émergent les deux cloches cuirassées (1 cloche GFM à 3 créneaux, 1 cloche observatoire à vision directe et périscopique à 3 créneaux) . Le tout est traité en protection n° 4 pour les raisons exposées plus haut.

Locaux intérieurs disposés conformément aux dispositions générales de l' »Instruction relative à l'établissement des observatoires et des postes de commandement» du 14 mars 1930, croquis n°l «poste d'observation joint à un ouvrage puissant ». Ils se réduisent, en fait, au débouché supérieur de la cage d'escalier, un dégagement avec deux couchettes métalliques superposées et un second dégagement, le tout en enfilade entre les pieds des puits des deux cloches cuirassées.

Immédiatement au-dessous, et desservi au passage par l'escalier d'accès, on trouve eu sous-sol un W.C. avec fosse chimique.

La cloche V.D.P. est à 3 créneaux, avec axe du créneau oriental orienté au nord-est, vers la frontière et les positions italiennes. Cloche type grand modèle en deux parties.

La cloche GFM, également à trois créneaux, est au contraire orientée au sud-ouest avec donc vraisemblablement, une mission de défense rapprochée des dessus de l'ouvrage. Cloche type A grand modèle en deux parties (17 tonnes).

Locaux souterrains du bloc 4 :

Au pied du puits d'accès au bloc, au départ de l'embranchement menant au bloc 5, un élargissement de la galerie principale est fractionné par des cloisons en deux locaux identiques, l'un (81) central téléphonique d'observation, l'autre (82) chambre pour 4 hommes (en deux étages de couchette doubles). Avec la niche, en paroi de galerie, abritant le ventilateur «air pur» du groupe de blocs 4,5,6 et 7, et la cage d'escalier montant à l'observatoire, ces locaux constituent l'infrastructure souterraine du bloc 4 et des blocs annexes, le tout isolé par un sas du reste de la partie souterraine de l'ouvrage.

État général: bon. Équipement électrique et téléphonique en place. Armement et optique enlevés (pour la cloche GFM : 3 épiscopes, 1 FM 24-29 avec montage d'armes et accessoires, 1 mortier de 50 mm mle 1935, plus 1 bloc jumelle D et 1 périscope 12 au cas où la cloche était équipée en observatoire auxiliaire ou en cloche conjuguée, Pour la cloche V.D.P. : 1 périscope M, 1 périscope N, 1 périscope P8 et 3 épiscopes).

Bloc 5

Observatoire sous casemate implanté dans le versant nord-ouest de la crête pour surveiller la route du Montgenèvre, la vallée de la Clarée, et travailler plus spécialement au profit des blocs 2 et 3 de l'ouvrage (surveillance de leur zone d'action et réglage des tirs).

Il consiste en un simple bloc parallélépipédique de béton armé de 6,5 x 4,5 hors œuvre, traité en protection n° 1, coiffant l'extrémité de la galerie d'accès. Encastré dans la pente rocheuse, cet organe n'a que la façade nord-ouest dégagée et protégée au-dessus par une visière oblique prolongeant la dalle et, à droite, par un massif d'orillon assurant le défilement du créneau aux coups dangereux. Il n'y a pas de fossé diamant.

La façade se prolonge dans le sol par une jupe parafouille, tandis que la dalle est renforcée par un perré maçonné en béton cyclopéen.

A l'intérieur, les locaux se limitent à une chambre de 3 x 2 (1-5 : chambre d'observation) desservant, en milieu de façade, le créneau observatoire et, à sa droite, une goulotte lance-grenades.

Le créneau observatoire constitue une singularité réalisée à deux exemplaires seulement dans la fortification CORF, précisément au Janus (B5 et B6). (Le bloc 6 de l'ouvrage de Roche-la-Croix, réalisé entre 1938 et 1940 comporte 4 créneaux observatoires à peu près identiques et dérivés également du créneau FM, mais à ouverture carrée).

Le créneau, dérivé du créneau de FM sous casemate est constitué par une embrasure à parois extérieures gradinées (sauf en plafond). Le dernier ressaut (intérieur) est doublé, à l'extérieur, d'une première plaque de blindage formant cadre et, à l'intérieur, d'une seconde plaque de 70 x 52,5 cm et 2,5 cm d'épaisseur, percée d'une fente horizontale d'observation de 25 x 2 cm, plaque elle-même doublée à l'arrière d'une glissière dans laquelle se déplace un volet obturateur rectangulaire de 20 x 30 cm et 3 cm d'épaisseur, à angle supérieur gauche coupé, muni d'une clenche de verrouillage à poignée tournante.

L'ensemble est solidarisé par 4 boulons (diam. 28) à écrous intérieurs traversant le massif en béton de l'embrasure et les différentes plaques d'acier.

Ce dispositif assez simple n'est pas étanche lorsque la fente d'observation est démasquée, il ne permet l'observation qu'avec des jumelles de campagne à l'exclusion de tout appareil d'optique de région fortifiée.

On est amené à se demander si ce sont des impératifs financiers ou des problèmes de délais qui ont fait adopter cette solution, convenable certes, mais cause de déperdition d'air pur.

il était en effet possible de doter l'embrasure d'un équipement de « créneau observatoire pour bloc jumelles », transposition en casemate de l'équipement de créneau de cloche GFM «A» mie 29, adopté en 1933, fabriqué et mis en place à 4 exemplaires dans des ouvrages du secteur fortifié des Alpes-Maritimes (Monte Grosso, Agaisen, Roquebrune). Mieux protégé, ce dispositif recevait non seulement le bloc jumelles «D » (x 8) mais également l'épiscope, le fusil mitrailleur 24 x 29 et, sous réserve de compatibilité de l'angle de tir minimum, le mortier de 50 mie 35 de cloche.

Bloc 6

Ouvrage moderne. Bloc 6. Vue intérieure du créneau JM (local 4/6).Ouvrage moderne. Bloc 6. Vue intérieure du créneau JM (local 4/6).Symétrique du bloc 5 dans le versant sud-est, cet organe, traité en protection 3, assure, face au bassin des sources de la Durauce, entre le Chenaillet et la crête des Gondrau, une mission d'observation analogue doublée, cette fois, d'une mission de flanquement par feux d'infanterie de l'intervalle Janus-Gondran C et E (en liaison avec le J.M. de casemate du bloc 1).

Également encastré dans le terrain, c'est un bâtiment en béton armé à deux niveaux à façade décrochée dépourvue de fossé diamant, mais protégée au-dessus par une visière oblique et latéralement - à gauche - par un renforcement formant orillon. La galerie d'accès aboutit de plain-pied à l'étage inférieur, aveugle, d'où une échelle métallique passant par une trappe du plancher conduit à l'étage supérieur. Celui-ci est simplement constitué de deux petits locaux communicant : à gauche, une chambre de tir pour jumelage de mitrailleuses, sous casemate (fig. 26-27), à droite, une chambre d'observation identique à celle du bloc 5.

Les axes des deux embrasures sont légèrement convergents. Dans la chambre de tir pour JM (rejet des douilles en façade) et à droite du créneau, une goulotte lance-grenades permet de battre l'angle mort existant au pied du bloc.

État général : très bon. Équipement électrique et téléphonique en place et en état de marche, armement enlevé (seul subsiste le cadre fixe du JM).

Bloc 7

Non prévu dans l'avant projet de novembre 1929, cet organe a été ajouté à l'ouvrage sur l'ordre du général Belhague, inspecteur général du génie et président de la CORF - donc maître-d’œuvre du nouveau système fortifié - pour flanquer le bloc de barrage rapide du Montgenèvre, dont l'implantation se situait en dehors et en avant des zones battues par l'armement des blocs 2 et 3 de l'ouvrage. Compte tenu de l'extrême modicité des crédits affectés à la fortification du sud-est et au Briançonnais en particulier, le bloc se limite à une casemate réduite pour un jumelage de mitrailleuses, simple émergence bétonnée (ép. dalle 1 m, ép. mur de façade 0, 70 m) fermant le débouché d'un court tronçon de galerie coudée avec sas, la reliant au centre de gravité des blocs observatoires.

Protégé par une visière saillant extérieurement de 0, 80 m, la façade plane, placée au fond d'un délardement ménagé dans le versant rocheux à pente très raide (100 %) se prolonge latéralement, à droite et à gauche, de 0, 50 m pour améliorer l'encastrement du bloc dans le roc naturel.

Les locaux se limitent à une simple chambre de tir de 2 m x 2, 50 m (local 1-7), légèrement surélevée par rapport à la galerie d'accès (escalier à volée droite de 7 marches).

Créneau légèrement décalé à droite par rapport à l'axe de la chambre de tir, et muni d'une trémie type 3, avec éjection des étuis à l'intérieur dans un caisson métallique étanche.

Bloc 8

Considérations générales :

Bloc 8 (casemate de 95). Ensemble de la façade vu de l'est.Bloc 8 (casemate de 95). Ensemble de la façade vu de l'est.Casemate pour 4 canons de 95 mm de côte modèle 1888 construite entre 1897 et 1900 pour assurer, face au sud-est, le flanquement des glacis nord et est des Gondran, jusqu'à la ligne de crête reliant le sommet des Anges au Chenaillet, le bloc 8 du Janus est peut-être le seul exemple d'incorporation intégrale, tel quel, d'un organe d'avant 1914 dans le plan de masse d'un ouvrage CORF.

Dans son rapport de février 1929, véritable schéma directeur de la fortification nouvelle des Alpes, la C.D.F. préconisait, chaque fois que possible, la modernisation d'ouvrages existants plutôt que la construction d'ouvrages neufs: position logique justifiée par des raisons d'économie et aussi par le fait que le tracé de la frontière n'ayant pas changé, les sites avaient gardé toute leur valeur.

Dans la réalité, il en alla en fait autrement : soucieuse d'homogénéité, de sécurité et de modernisme, la CORF, sur les mêmes sites, conserva bien sûr les ouvrages anciens comme organes d'appoint, mais n'opéra pas de fusionnement entre nouvelles et anciennes organisations (Authion, Sapey, Barbonnet, Roche-la-Croix, Mont Agel etc.).

Le cas du bloc 8 du Janus est peut-être l'exception à cette règle générale. L'avant projet de novembre 1929 prévoyait, pour le Janus, le remploi (après modernisation) de l'entrée de l'ouvrage ancien, de la totalité de la galerie souterraine, du magasin à munitions caverne, des trois chambres de l'abri caverne (après comblement en rocaille, par sécurité, de la partie touchant la façade) et enfin de la «batterie flanquant » de 95 mm sous casemate. Cette dernière devait toutefois avoir sa carapace renforcée et son vénérable armement, vieux de 40 ans, remplacé par quatre canons obusiers de 75 «à tir extra rapide» (75 modèle 29 de région fortifiée) avec équipement correspondant.

Mais l'allocation de 362 millions de francs de crédits à la frontière du sud-est conduisit à n'affecter (24.12.1930) en première urgence, qu'une somme de 6,2 millions à «l'aménagement partiel» du Janus, et à rejeter en deuxième urgence les canons obusiers de la face nord-ouest et, pour la face sud-est la modernisation de la «batterie flanquante » et la construction du deuxième bloc de 81 mm (1,5 million). Ces estimations théoriques n'avaient, d'ailleurs, qu'une valeur approximative, puisqu'à la fin de 1936 on avait déjà dépensé 10 millions au Janus, sans pour autant amorcer la deuxième urgence.

Au niveau des plans d'exécution, on fut beaucoup plus circonspect dans le réemploi des organisations antérieures : seuls furent conservés : la «casemate flanquante » (rebaptisée bloc 8 de l'ouvrage), le magasin caverne, partie de deux chambres de l'abri-caverne, le tout raccordé par galerie ascendante courbe à la galerie principale de l'ouvrage percée à III niveau nettement inférieur. Tout le reste fut condamné et recomblé en rocaille.

Description du bloc :

Plan exactement rectangulaire de 42 x 9 m hors œuvre, orillons et observatoire exclus. Constitution hétérogène, conforme aux errements de l'époque de construction (vers 1900) : dalle de béton armé, à intrados en voûte surbaissée, d'1,75 m d'épaisseur à la clef (protection étudiée, à l'origine, contre le mortier de 270 de siège). Mur de façade à plan unique également en béton armé d'1,75 m d'épaisseur à la clef. Mur de façade à plan unique également en béton armé d'1, 20 m d'épaisseur, mur latéral nord-est (exposé aux coups) de 2 m d'épaisseur en béton armé, piédroits en maçonnerie de moellons de 3 m d'épaisseur. Pas de radier, mais une simple chape de ciment. Le plan de façade est rythmé par la saillie (3, 20 m) de trois orillons triangulaires en béton armé de 3 m d'épaisseur à la naissance, assurant le défilement latéral des embrasures. ll est protégé, à gauche, par la saillie du massif de l'observatoire et de la poterne et, au-dessous du seuil des embrasures, par un remblai de terre soutenu par un mur d'escarpe précédé d'un fossé. En avant, le terrain a été délardé sur un angle d'ouverture de 60° (correspondant au champ de tir des pièces) et réglé en glacis à pente de 20 %, encadré par les flancs du tracé pseudo-bastionné du mur défensif du fort.

Bloc 8. Vue rapprochée de l'embrasure de la troisième pièce.Bloc 8. Vue rapprochée de l'embrasure de la troisième pièce. A l'intérieur, la batterie est constituée, de droite à gauche, par les quatre chambres de tir des pièces, locaux rectangulaires de 5 x 8 m, séparés par des piédroits en maçonnerie de 3 m d'épaisseur interrompus par un passage de circulation générale de 2, 50 m de large. A gauche, une avancée du bâtiment abrite le poste de commandement de la batterie et l'observatoire, ainsi qu'une poterne de sortie (murée) sur le terre-plein adjacent.

Les pièces sont disposées, à raison d'une par chambre de tir,dans une niche trapézoïdale de 2 m de large x 0, 70 de profondeur ménagée dans le mur de façade (réduit de la sorte à 0,50 d'épaisseur), où s'ouvre l'embrasure (embrasures oblongues, échancrées à gauche pour l'appareil de visée, 1,10 m de hauteur d'allège).

Bloc 8. Vue d'un affût de canon G de 95 mm de côté mle 88 en place. Au-dessus, hotte d'aspiration des gaz de tir.Bloc 8. Vue d'un affût de canon G de 95 mm de côté mle 88 en place. Au-dessus, hotte d'aspiration des gaz de tir. L'affût, du type à pivot central, est fixé par des goujons à un massif d'ancrage en béton non armé d'1 m d'épaisseur noyé dans le sol. Les bouches à feu ont été enlevées à une époque inconnue et, des quatre affûts encore en place en 1969, un a été démonté et transporté en 1971 à l'ouvrage de Simserhof, à Bitche, puis deux autres au profit de divers musées spécialisés, dont celui de l'école d'artillerie de Draguignan, mais les boucliers (différents du bouclier convexe normal de la pièce) gisent encore dans la casemate.

A l'aplomb de chaque pièce, à ras de la face interne du mur de façade, on trouve une hotte métallique pyramidale collectant les gaz de tir et les évacuant dans une cheminée verticale, fermée au sommet, en période de repos, par un tampon obturateur amovible, en tôle d'acier.

Enfin, à gauche de chaque pièce, le long du piédroit, on trouve une paillasse pour la préparation des munitions (voûtain de béton sur murs d'appui en maçonnerie).

Le créneau de l'observatoire (local 6-8) consiste en une fente oblongue, non cuirassée, surélevée par rapport aux embrasures des pièces (seuil à 2,14 m au-dessus du sol de la casemate) pour avoir un meilleur commandement sur la zone d'action : il est desservi par une plateforme pour observateur debout accessible, à chaque extrémité, par une volée d'escalier de 7 marches.

Enfin, entre les deuxième et troisième pièces, on trouve, en sous-sol, un citerneau destiné au lavage et au refroidissement des bouches à feu: cet organe est alimenté par les eaux de pluie (ou fonte des neiges) qui y sont conduites par un tuyau traversant le mur de fond de l'ouvrage. De même, une canalisation évacue le trop plein dans le fossé de façade.

Locaux souterrains annexes du bloc 8 : à l'origine la casemate était desservie par deux galeries se rejoignant en arrière en bouclage. La première, dite «galerie sud », coïncidant avec le grand axe de la casemate, a été recomblée et condamnée vers 1930.

L'autre a été réduite, par comblement, à un tronçon conservé comme accès normal du bloc.

A son extrémité ouest, désormais en cul-de-sac, elle dessert la partie conservée comme magasin des chambres 2 et 3 de l'ancien abri caverne (locaux 64-65 et 67), reçoit, à droite la galerie de jonction avec l'ouvrage moderne (fermée par une porte blindée), effectue un coude à angle droit, dessert les soutes et niches de l'ancien magasin caverne (locaux 68-70-71-72-73-74-75) maintenus dans leur usage initial et, après un deuxième coude à angle droit et une seconde porte blindée, débouche dans le bloc 8.

Les galeries, en plein-cintre, sont spacieuses (3 m de large, 3 m sous clef). Parois et voûtes en maçonnerie doublée d'un bourrage en pierraille interposé entre la construction et la fouille du rocher.

Les traces des voûtes des parties recomblées des chambres de l'ancien abri-caverne apparaissent dans le mur de façade de ce dernier, près du blockhaus défensif sommital.

Appréciation sur le bloc 8 : organe original, unique de ce type, et en outre un des premiers ouvrages en béton armé réalisé en France.

L'état médiocre du bloc résulte certainement de sa situation originale de vestige ancien, conservé tel quel dans un ensemble moderne, en attendant une mise à hauteur qui ne vint jamais. Pauvrement équipé à l'origine (pas de ventilation mécanique, éclairage par lampes à pétrole, pas de chauffage), il n'a guère reçu, lors de son incorporation à l'ouvrage CORF, qu'un éclairage électrique, deux portes blindées modernes et le téléphone. Les embrasures n'étant ni cuirassées ni étanches, les intempéries et les vandales pénètrent assez facilement dans les locaux n'ayant pratiquement pas fait l'objet de travaux d'entretien depuis 1940, d'où une impression d'abandon aggravée par l'oxydation des éléments métalliques.

A noter, en façade (à droite), quelques impacts de coups d'artillerie tirés, semble-t-il, du sud (combats de 1944 ?) et d'autres, beaucoup plus nombreux sur le glacis, en avant du bloc, semé d'éclats d'obus provenant, en majorité, des tirs de l'artillerie italienne en juin 1940.

Blocs 9 et 10

Bloc 9 (bloc cheminée). Vue extérieure.Bloc 9 (bloc cheminée). Vue extérieure.Évoqués ici pour mémoire. Même générale et usuelle dans les ouvrages du sud-est, l'appellation de «blocs » apparait pour le moins exagérée : il ne s'agit que de parallélépipèdes de béton armé, à ouverture tournée vers l'arrière et munie d'un personnage métallique, protégeant les têtes des puits verticaux d'évacuation des gaz brûlés de la centrale électrique (bloc 10) et de l'air vicié du système de ventilation de la caserne d'ouvrage (bloc 9). Ces organes sont traités en protection n°3.

Infrastructure souterraine de l'ouvrage du Janus

Les locaux souterrains, creusés dans le roc, et dont les blocs constituent les émergences superficielles, sont essentiellement constitués par des galeries de section différente et adaptées à leur destination, se diversifiant en circulation, locaux d'habitation, locaux techniques ou de service, réserves et magasins, le tout développant une longueur cumulée de 740 m.

Circulations

Essentiellement constituées par la galerie principale et les antennes menant aux blocs.

Ouvrage moderne. Galerie principale près du bloc 1. Gaines de ventilation et câbles électriques et téléphoniques.Ouvrage moderne. Galerie principale près du bloc 1. Gaines de ventilation et câbles électriques et téléphoniques.La galerie principale suit à peu près la trace de la crête sommitale et, sensiblement rectiligne, accuse cependant deux légers changements d'alignement. On sait qu'à l'origine, elle devait se prolonger de 225 m vers l'arrière pour desservir, derrière le sommet de Château Jouan, un bloc d'entrée de secours comportant un poste optique: ce tronçon a été rejeté en deuxième urgence, faut de crédits. Dans la réalité, elle comporte deux parties successives:

a) A l'arrière, une partie de type V (1, 50 de large, 2,50 sous clef), jalonné sur le plan par les repères a (carrefour de la galerie d'entrée du bloc 1), b (carrefour de la galerie du bloc 3) et c (carrefour de la galerie du bloc 8) dessert l'usine, les blocs 2,3 et 8, la caserne, le PC et les réservoirs d'eau. Cette partie représente une longueur de 177 m équipée d'une voie ferrée de 0, 60 scellée dans le radier (transports par wagonnets type S.E. poussés à bras).

b) Un peu après le point c, la section se réduit (l : lm, h : 2, 20 m) au gabarit d'une galerie piétonne, avec trois niches de croisement, pour aller desservir les blocs observatoires. Il n'y a plus de voie ferrée et, dans cette section, les transports se faisaient par chariots à bagages ou à bras.

On notera qu'au premier tiers, ce tronçon de galerie passe au-dessous de la galerie du bloc 8, tandis qu'au second tiers, s'embranche perpendiculairement à droite, la galerie d'issue de secours.

Murs revêtus d'un enduit au ciment. Éclairage électrique par hublots étanches grillagés. Sur les parois courent les câbles électriques et téléphoniques.

Comme singularité, on notera, près du bloc I, le tronçon en retour d'équerre s'embranchant après la deuxième porte blindée et allant desservir un blockhaus de défense intérieure avec deux créneaux F.M prenant d'enfi1ade la galerie d'entrée et une partie du hall intérieur du bloc 1.

Galerie d'issue de secours

(local 77)

Court tronçon (25 m) de galerie, se greffant à droite sur la galerie principale au deux tiers de la longueur de la section piétonne allant vers les observatoires, à peu près à l'emplacement où se serait située la galerie d'accès du bloc de 81 de la face sud de l'a.p.s., rejeté en deuxième urgence. Traitée en section réduite, maçonnée (1 : 1,00, h : l,50 m) sur une longueur de 5 Dl, la galerie est ensuite fermée par une porte blindée type 11 A précédée d'une grille 8 bis A obturant un passage dans un bouchon de maçonnerie construit à peu près en limite de protection verticale (12 m). Au-delà, le passage se poursuit, brut de roctage et son débouché extérieur est obturé sur 6 m de long, par un bouchon en pierre sèche qu'on enlevait pour s'échapper de l'ouvrage.

Ce dispositif, ultime recours de l'équipage parvenu au bout de la résistance, est évidemment beaucoup plus simple que les systèmes de puits à gravier employé dans les gros ouvrages du nord-est.

Ensemble usine-cuisine

Ensemble de locaux à grande section (l : 3,50 m) dont l'axe longitudinal dessine un carré autour d'un massif de roc naturel, carré coupé en son milieu par la galerie principale, le tout implanté à l'arrière de l'ouvrage, un peu en avant de l'accès au bloc 2.

Les deux-tiers de ces locaux groupés en U sont affectés à la centrale électrogène ou «usine », le reste à la cuisine et à ses annexes, séparées de l'usine par un mur de maçonnerie.

Cette disposition a permis de grouper les échappements des gaz produits par les deux fonctions et de les évacuer par un exutoire unique, en l'occurrence le puits situé sur le côté ouest des locaux et protégé par le bloc 10.

L'usine est constituée par les locaux 16 et 17 tous deux en équerre placés en vis à vis de part et d'autre de la galerie principale. Le local 16 est la salle des groupes: elle abrite 3 groupes électrogènes C.L.M 308 - 75 CV 750 tours/mn entraînant un alternateur « Ateliers d'Orléans» triphasé AT 40 121 - 210 volts, avec leurs réservoirs journaliers à gas-oil, leurs dispositifs de lancement, l'aérorefroidisseur, le groupe auxiliaire C.L.M 1 PJ 658 CV avec compresseur d'air et dynamo «Ateliers d'Orléans» 500 W, les coffrets du jeu de barres et appareillage divers sous coffrets fonte avec repérage par plaques en émail à lettres noires sur fond blanc. A la naissance de la voûte en anse de panier, des consoles en fer 1 scellées dans les piédroits portent les profilés servant de chemins de roulement à un pont roulant servant aux grosses réparations des machines.

Dans le radier, des carneaux couverts de plaques de tôle striée servent de passage aux conduites de circulation d'eau de refroidissement de gazole.

Le local 17 abrite deux réservoirs métalliques de 4000 1, un de 3300 l, un de 2500 I, les deux réservoirs de 200 1 d'huile de graissage et deux réservoirs de 10.500 1chacun d'eau de refroidissement.

Cuisine : local 20. Local carrelé dont l'appareillage manque. Les annexes consistent en : local 21 (vivres de service courant), local 18 (magasin aux vivres de réserve).

Un peu après ce groupe de locaux, un local isolé (n°22) est affecté à l'usage de magasin au charbon.

Caserne et PC

Ensemble de locaux situés de part et d'autre de la galerie principale entre le point b (embranchement du bloc 3) et le point c (embranchement du bloc 8).

Caserne souterraine. Chambre de troupe (local 36).Caserne souterraine. Chambre de troupe (local 36). La caserne, située à droite est essentiellement constituée par une grande galerie rectiligne de 3, 50 m de large et 65 m de long, parallèle à la galerie principale, séparée de celle-ci par une épaisseur de terrain de même épaisseur (règle du « tant plein que vide ») traversée de quatre couloirs d'accès. Cette galerie, fractionnée par des cloisons, constitue le casernement de l'ouvrage. Les deux premiers de ces couloirs (33 et 9) se prolongent jusqu'à une seconde galerie identique mais de 15 m de long seulement, affectée au logement des malades et blessés (locaux 35 et 36).

Cette seconde galerie aurait été en principe prolongée à une longueur identique à la première, en deuxième urgence, pour le logement du personnel correspondant aux blocs ajournés en première urgence (bloc de 75 C.O de la face nord-ouest et bloc de 81 de la face sud-est.

La première galerie comporte du sud au nord (d'arrière en avant) :

- les locaux de l'infirmerie (31-32-34 reliés par le couloir 33 aux chambres 35 et 36 de la seconde galerie pour former le «groupe C » de locaux - infirmerie)

- les locaux techniques du chauffage et de ventilation du casernement (37-38)

- 3 chambres de troupe de 24 hommes chacune et nue chambre pour 9 sous-officiers

- 3 chambres d'officiers (2 à 2 places - 1 à 1 place).

Les latrines de ce casernement sont installées, à quelque distance, dans un tronçon isolé de galerie donnant sur la galerie principale près du carrefour du bloc 3. Un urinoir (48) et nue niche à ordures occupent des niches en face des couloirs 33 et 9.

Les lavabos troupe (52) sous-officiers (51) et officiers (50) occupent un local voûté à gauche de la galerie principale, en face du couloir 41, donc au milieu de la zone «habitation ».

P.C. et locaux de commandement

Ces locaux sont groupés dans deux galeries voisines, en face du couloir 44, à gauche de la galerie principale:

- l'une : ensemble central téléphonique (distinct du central d'observation situé plus loin, au pied du bloc 4), cabine et chambre des téléphonistes

- l'autre, à plan en équerre, abrite (57) la chambre du commandant d'ouvrage (toujours logés près du P.C. en chambre isolée), (58) le P.C. d'infanterie, 59 et 60, communicant, le SRA et le P.C d'artillerie.

Réservoirs d'eau

Les réservoirs d'eau de l'ouvrage sont alimentés de l'extérieur par conduite enterrée venant de la station de pompage des Gondran, du fait de l'absence de ressource en eau autonome dans l'ouvrage.

Deux locaux voûtés, disposés en vis à vis de part et d'autre de la galerie principale un peu en avant du casernement, sont affectés à leur usage.

Le local 61, perpendiculaire à la galerie principale, abrite un réservoir métallique de 80.000 litres, constituant la citerne de réserve.

Le local 62, oblique par rapport à la galerie principale, abrite un réservoir de 30.000 l, un réservoir de consommation

journalière de 4.000 l et les pompes à main.

Ce local n'est autre que l'ancienne citerne du fort des années 1900 (alors située sous le magasin aux vivres sous roc n° 12) conservée dans le nouvel ouvrage et raccordée à la galerie.

Équipement – Mobilier

Malgré certains déséquipements (cuisine), l'absence de l'armement de petit calibre et de l'optique et des bouches à feu bloc 8, l'essentiel de l'équipement et du mobilier organiques de l'ouvrage est en place et en bon état (à noter que dans bien des cas, le mobilier est rivé au fond).

Chambres de troupe : équipement standard, conforme à l'instruction du 9 juin 1931, et ses différents additifs, relative aux aménagements à prévoir dans les ouvrages de fortification permanente.

Lits à sommiers individuels à lames, à deux étages, sur ossature collective en profilés métalliques dont les montants en fer U portent les râteliers d'armes en chêne peint (4 fusils par râtelier). Des échelles métalliques permettent d'accéder aux lits de l'étage supérieur.

Les lits sont disposés la tête adossée à la paroi de la galerie; sur l'autre paroi, et séparées du pied des lits par un passage central, sont fixées des tables métalliques surmontées de planches métalliques à paquetage. Chaque chambre est éclairée par des lampadaires électriques étanches à verrine vissée et abat-jour en tôle émaillée ; on trouve également les bouches de soufflage d'air pur, les tuyauteries d'extraction d'air vicié etc.

P.C. : aux murs, les tableaux normalisés permettant l'affichage des renseignements, éléments de tir etc. Au P.C. d'artillerie (S.R.A.) : stalles (dites « cabines ») des transmetteurs de liaison avec les observatoires, boîte à connexion multiple, prises pour appareils téléphoniques etc.

Conclusion

Conclusion sur le blockhaus

Malgré les dégâts subis en 1940 et aggravés ensuite par les intempéries, ce bâtiment défensif, du fuit de son exhaussement, de sa couverture et du toit à quatre pentes du bastionnet sud, diffère sensiblement de ses homologues de la Lauzette et de la Grande Maye, pourtant identiques à l'origine : en fait il ressemble à une maison forte du XVIIe siècle égarée dans un site de haute montagne. Parfaitement réparable et susceptible d'être aménagé en refuge - fonction très proche de celle de sa destination originelle· il pourrait être rentabilisé avec la proximité immédiate des champs de neige et, à ce titre, conservé.

Conclusion d'ensemble

S'il était situé sur la frontière du nord-est, l'ouvrage du Janus ne présenterait pas d'intérêt architectural particulier, et aurait, d'ailleurs, été traité différemment.

Son originalité tient d'abord à son adaptation à un site presque unique, sous une crête étroite, aux versants à pente très raide, et à haute altitude. Même réduite à la première urgence d'un projet plus vaste, sa consistance est le fruit d'une lutte contre les difficultés du terrain montagneux d'une part, la parcimonie des moyens financiers d'autre part : comme quelques autres (Pas du Roc, Restefond) il représente un véritable exploit technique.

A ceci s'ajoutent un certain nombre de singularités :

- Le cas unique d'intégration à un ouvrage CORF d'un organe de feu antérieur à 1914

- la présence, en deux exemplaires, d'un type de cuirassement (trémie observatoire de casemate) spécifique à l'ouvrage

- la superposition, sur le même site, d'édifices relevant d'époques différentes, dont un blockhaus de montagne des années 1888-91.

La situation en vis à vis du Chaberton italien, avec les faits historiques qui s'y attachent, la concordance de ces différents aspects, cumulée avec les aspects naturels remarquables (vues lointaines, faune et flore) confèrent au Janus une place privilégiée dans le patrimoine d'architecture militaire française, que le contexte local de tourisme et de sports d'hiver devrait souligner et intégrer.

Par contre, là comme dans beaucoup de cas d'ouvrages de montagne, on relèvera le contraste entre la géométrie très visible de loin des blocs bétonnés constituant les émergences actives, et le contexte naturel sauvage du terrain dans lequel ils ont été encastrés, sans qu'on ait semble avoir tenté grand chose pour estomper ce contraste par des travaux de camouflage.

Dans les ouvrages italiens contemporains tout proches, où des trésors de camouflage ont été réalisés - peut-être pour compenser la pauvreté des moyens· et aboutissent à un véritable mimétisme : la comparaison est particulièrement aisée à faire dans ce secteur et permet de dégager quelques-unes des tendances des deux écoles, par dessus l'ancienne frontière.

En raison de la tension politique franco-italienne à la fin du 19e siècle, on entreprend l'occupation de ce site d'altitude. De 1886 à 1889, on construit un blockhaus, exhaussé d'un étage en 1890-1891. Des études sont reprises en 1893 mais sans donner lieu à des réalisations. Un projet est approuvé en 1894 et exécuté de 1898 à 1906. Le fort alors construit est un ouvrage sous roc avec abri-caverne pour la garnison, casemates pour projecteur électrique et pour canons. En 1929, la Commission de défense des frontières prévoit dans un rapport remis au ministre la modernisation en ouvrage mixte. La construction du Janus est entreprise en juin 1931 et les travaux se poursuivent jusqu'en 1937. On établit une infrastructure souterraine sur l'emplacement de l'ouvrage sous roc avec dix blocs bétonnés. En 1940, le Janus porte un tir fatal sur le fort italien du Chaberton ; son blockhaus subit, en contrepartie, des dommages lors d'un bombardement.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : limite 19e siècle 20e siècle
    • Principale : 2e quart 20e siècle

Le blockhaus est un bâtiment rectangulaire à deux niveaux couvert d'un toit à deux pans, flanqué sur deux angles opposés en diagonale par des bastionnets, dont l'un est couvert d'un toit en pavillon, le tout construit en maçonnerie de moellons à chaînes d'angle harpées. L'ouvrage mixte est une infrastructure souterraine creusée dans le roc composée de galeries de circulation, de galeries-logements, de locaux techniques et de magasins sur laquelle se greffent dix blocs bétonnés. Ces derniers sont, en général, bâtis sur deux niveaux (rez-de-chaussée et sous-sol) et couverts d'une dalle de béton. Deux d'entre-eux ne sont que des organes bétonnés destinés à l'évacuation des gaz.

  • Murs
    • pierre moellon
    • béton béton armé
  • Étages
    1 étage carré, sous-sol
  • Couvrements
    • voûte plate
    • en béton armé
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit en pavillon
  • Typologies
    blockhaus flanqué par des bastionnets sur deux angles
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents figurés

  • Position du Janus et magasin à poudre du secteur Infernet-Gondran. / Dessin, 1892, révisé 1896. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie, petit atlas des bâtiments militaires, feuille 43.

Date d'enquête 1987 ; Date(s) de rédaction 1996
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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