Dossier d’œuvre architecture IA83001608 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie de Sainte-Marguerite actuellement siège du CROSSMED
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Toulon
  • Lieu-dit Sainte-Marguerite
  • Dénominations
    batterie
  • Appellations
    batterie de Sainte-Marguerite ; siège du CROSSMED (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage en Méditerranée)
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

L’avancée rocheuse ou cap de Sainte-Marguerite, au nord de la grande rade ou rade des Vignettes, fut longtemps le point extrême oriental porté sur les cartes des défenses côtières de la place forte portuaire de Toulon. Du XVIIe siècle à 1846, aucun ouvrage fortifié dépendant de la place ne fut établi au-delà de cette limite, et un seul le fut avant les années 1880, la batterie de Carqueiranne. Il fallut attendre une évolution radicale de la portée des pièces d’artillerie pour que de nouvelles batteries retranchées comme celles ajoutées à différentes hauteurs sur le cap de Carqueiranne puissent utilement croiser leurs feux avec celles de la presqu’île de Saint-Mandrier pour défendre l’entrée de la Grande Rade. La fortification présente sur l’éperon rocheux de Sainte-Marguerite, en avancée dans la mer, existait bien antérieurement à l’époque des premiers mémoires de Vauban sur la défense de la rade de Toulon, mais il s’agissait des fortifications privées d’un château seigneurial médiéval. Bien que cette particularité, jointe à la configuration du site rocheux, peut-être même à l’architecture de ce château, puissent porter à comparaison avec le château de Brégançon, partie intégrante de la place forte des îles d’Hyères, il existe une différence fondamentale : Brégançon était un château royal, public, qui devint un fort au service de l’État dès le XVIe siècle, tandis que Sainte-Marguerite demeura un château privé jusqu’après la Révolution française. A cet égard, s’il est, par exemple, figuré explicitement et nommément sur les cartes des rades de Toulon établies en 1694 sous l’autorité du directeur des fortifications de Provence Antoine Niquet 1 pour indiquer la répartition des batteries existantes ou à créer en 1695, il n’y est qu’un point de repère, où il n’est pas encore question d’établir une batterie de côte. Ce château est simplement considéré implicitement comme un point stratégiquement utile à occuper en cas de conflit. On verra comment, dès 1707, les évènements se sont chargés de confirmer cette nécessité en rendant quasi permanente l’intégration implicite du château de Sainte-Marguerite dans le système défensif de la rade.

Du château à la batterie de côte, XIIIe s – 1846

Qu’était ce château et quelle était sa configuration architecturale ? On ne peut répondre à ces questions que de manière assez imprécise, car l’histoire féodale du site a été assez peu étudiée, et l’architecture n’est représentée assez en détail, seulement en plan, qu’à partir du début du XIXe siècle.

Ce château existait avant le XIIIe siècle : le « bourg ou château » de Châteauneuf (Castrum novum) dit de Sainte Marguerite fut acheté en 1212 au sieur Raymond Dacil par l’évêque de Toulon Etienne, moyennant 129 livres royales couronnées, d’autres détenteurs de droits féodaux sur le site, Amiel de Fos et ses fils, les abandonnant ensuite à l’évêque et à l’église de Toulon 2. Ce château sert occasionnellement de résidence épiscopale ; l’évêque Jean II de Gombaud y date des chartes en 1411 3. La terre de sainte Marguerite avait été rattachée au terroir toulonnais en 1331. Dans le cadre du développement de la guerre de course en Méditerranée, les consuls de Toulon pressèrent plusieurs fois l’évêque de placer une garnison à Sainte-Marguerite pour contribuer à la surveillance maritime des approches de Toulon. Ils obtinrent gain de cause en 1395, après la députation des consuls Vincent de Saint Pierre et Antoine de Fresquet auprès du sénéchal de Provence. Trois quarts de siècle plus tard, l’évêque de Toulon Jean Huet, général des finances du roi René, retranchait définitivement le château de Sainte-Marguerite du temporel du diocèse et le vendait, en 1478, à Honoré de Castellane, seigneur d’Entrecasteaux. En 1526, les Castellane le revendirent à Pierre de Thomas, premier consul de Toulon ; son successeur Nicolas de Thomas obtint en 1578 l’érection en baronnie de Sainte Marguerite des seigneuries de La Garde et Sainte-Marguerite. La famille de Thomas conserva ce bien jusqu’à la Révolution.

Le château porté sur les plans du début du XIXe siècle, sans doute renouvelé à la fin du Moyen-âge, n’avait probablement guère changé depuis la fin du XVIe siècle. Assez peu étendu, il n’occupait que l’extrémité de l’éperon rocheux qui devait être beaucoup plus largement investi par la batterie de côte de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle. Son enceinte de plan organique se divisait en deux sous-ensembles : au point haut, le réduit ou donjon, petit complexe à la fois résidentiel et défensif, retranché par un fossé particulier, comportait un bloc logis dominant la porte à pont-levis, flanqué d’une tour d’angle à gauche. Ce bloc à deux étages incorporait une rampe deux fois coudée qui montait à une petite cour intérieure où s’ouvrait un puits de citerne, en enveloppant à gauche le corps de logis principal et en desservant, avant de déboucher dans la cour, un second corps plus petit solidaire du « bloc » d’entrée. Au-delà de cette cour, l’extrémité de l’isthme rocheux était enveloppée d’une petite enceinte polygonale, extension latérale du « donjon », alors vide, qui avait pu, comme à Brégançon, envelopper initialement une tour maîtresse. Au début du XIXe siècle, cette muraille polygonale comportait des embrasures orientées vers l’ouest. Au-devant et en léger contrebas du donjon et de son fossé, régnait classiquement une basse-cour close de plan pentagonal dont le front d’entrée était adossé, de part et d’autre de l’entrée charretière non fortifiée, de bâtiments logeables sur deux niveaux, aux murs maigres percés de créneaux de fusillade vers l’extérieur. Le bâtiment de gauche, plus ample, comportait à l’angle une grêle tourelle de flanquement également crénelée. A droite de ce front d’entrée, pas de tourelle mais un pan coupé, inclus avec toute la première moitié du côté droit (ouest) du mur de la basse-cour, dans un vaste boulevard d’artillerie enveloppant aux murs-parapets plus massifs, de plan organique, avec flancs arrondis et faces incurvées en « queue de piano ». Percé d’embrasures, cet ouvrage de flanquement et de défense lointaine, utilisable comme batterie de côte (tirs ouest vers la petite rade) s’apparentait à des enceintes-batteries de tours-réduits de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle comme le « château » de Porquerolles. En juillet et août 1707, les opérations du siège de Toulon par les troupes du duc de Savoie et la flotte anglaise, opération militaire d’une ampleur sans précédent, nécessita la mise à contribution de tous les ouvrages défensifs existants et révéla la faiblesse de certains points de la défense, notamment au nord de la grande rade, faute d’une armature suffisante de forts, batteries et redoutes, côtières ou terrestres. C’est dans ce cadre, immédiatement après la fin du siège, que le directeur des fortifications Antoine Niquet lança la construction du fort Lamalgue et de la batterie de côte du cap Brun, ouvrages échelonnés entre le fort neuf des Vignettes et le château de Sainte-Marguerite.

En prévision des hostilités de l’armée savoyarde, ce château avait été occupé dès juin 1707, par une garnison de 54 hommes sous les ordres du capitaine de vaisseau de Turgis, et avait été armé de quatre canons de 24 livres et d’un mortier de 12 pouces 4. On peut supposer que ces pièces étaient placées soit sur la plate-forme à droite de la basse-cour, soit sur celle, plus haute, à l’arrière du donjon, toutes deux regardant la rade vers l’ouest, voire réparties sur les deux plates-formes. En juillet, lorsque le duc de Savoie se présenta devant Toulon, avec une armée de quarante mille hommes, le château de Sainte-Marguerite était placé sous le commandement du sieur de Grenonville, capitaine de frégate, à la tête d’une garnison de cent soixante et un hommes. Le 30 juillet, les tirs de batterie du château, combinés avec ceux du fort des Vignettes et de la batterie du cap Cépet, mirent en déroute cinq vaisseaux coalisés. L’amiral anglais Showell entreprit de pousser rapidement à la reddition ce château offensif quelque peu excentré dans le système défensif de Toulon. Une attaque terrestre par une compagnie de 2500 hommes fut lancée le 6 août sans résultat immédiat, en sorte que quatre jours plus tard, l’assiégeant eut recours à une canonnade méthodique depuis une batterie de campagne de neuf pièces. La reddition de Grenonville et de sa garnison, avec les honneurs de la guerre, tarda jusqu’au 16 août, imposée par l’épuisement des munitions et de l’eau de la citerne. La chute de ce poste, suivie de celle du fort des Vignettes, permit à l’ennemi de bombarder Toulon par voie de mer, peu de temps, puisque le duc de Savoie levait le siège le 22 août.

Le programme de nouvelles fortifications lancé par Antoine Niquet en 1708 concerna surtout les défenses terrestres, dont il fallait prioritairement combler les carences. Dans ce cadre, les batteries de côte permanentes et celles, créée en 1695 pour n’être armées qu’en temps de guerre furent jugées suffisantes, et aucune initiative ne fut prise concernant le château de Sainte-Marguerite, propriété féodale des Thomas, titulaires de la baronnie. Le système défensif terrestre et côtier de Toulon fit l’objet d’un effort considérable de perfectionnement et d’accroissement, pas toujours abouti, sous l’administration du directeur des fortifications François Milet de Monville, dans les années 1760. Là encore, on s’attacha surtout aux ouvrages de défense terrestre, comme le fort Sainte-Catherine et le fort Lamalgue (associé toutefois à une batterie de côte). Dans ce cadre, le sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon qui assurait depuis 1766 le suivi de l’exécution des ouvrages de défense de Toulon sous l’autorité de Milet de Monville, consacra aux batteries de côte un chapitre de son Mémoire sur la ville de Toulon daté du 1er mars 1768. 5

A propos du « Poste de Sainte-Marguerite » qualifié aussi de château, jamais de fort, évoqué à la suite des batteries fixes permanentes de la rade, Aguillon rappelle l’épisode militaire de 1707 et esquisse un programme que le service des fortifications pourrait mettre en œuvre dans ce « poste », dont le statut privé n’est pas mentionné. « On pourrait sans beaucoup de dépense mettre ce poste dans un bon état de défense, il serait très aisé d’y pratiquer un fossé profond et escarpé au midy ( ? plutôt au nord, devant l’entrée de la basse-cour) qui l’isoleroit du côté de la terre, faire quelques réparations dans l’intérieur du château pour pouvoir être occupé par la garnison que l’on y destineroit. Sa position est d’autant plus avantageuse qu’il se trouve à portée de la gauche du camp de l’armée ennemie. Le commandant de ce poste seroit à portée de savoir journellement leur mouvement et en donneroit avis au général qui deffendroit Toulon ou pourroit communiquer à ce poste par des chaloupes ou bateaux qui longeroient la côte pendant la nuit. Quoique la batterie que l’on établiroit à ce poste fut plongeante à cause de son élévation au-dessus du niveau de la mer, on doit présumer que les vaisseaux ennemis n’oseroient en approcher parce qu’ils auroient à craindre le dérangement de leurs manœuvres, et surtout lorsqu’ils sont si près des côtes ».

Rien ne fut entrepris à la suite de cet avis, et le château de Sainte-Marguerite n’est pas mentionné ni cartographié dans l’Atlas de la place-forte de Toulon établi en 1775 par le directeur des fortifications Charles-François-Marie d’Aumale, bien qu’il s’agît d’un ouvrage existant fermé, non d’une batterie ouverte. De facto, il ne faisait pas officiellement partie des ouvrages de défenses de la place forte, du simple fait qu’il n’appartenait pas à la puissance publique.

Château de Ste-Marguerite. 1817.Château de Ste-Marguerite. 1817.Le 23 brumaire an 3 (14 novembre 1794), le compte-rendu de la commission chargée par le comité de salut public de visiter les défenses côtières entre Marseille et Savone 6 montre que le château, qui avait été occupé par les troupes républicaines du général Lapoype, venait d’être réoccupé et réarmé 7 : cinq canons et deux mortiers y sont confiés à une garnison de cent hommes, commandée par un capitaine. C’est peut-être à cette époque qu’un épaulement en terre avait été adossé à la muraille est de la basse-cour, permettant des tirs de batterie non seulement vers l’ouest, mais aussi du côté opposé. Après la Révolution, le château, apparemment assez peu occupé par ses propriétaires, avait changé de mains. On le trouve en possession d’une famille de notables toulonnais, les Fisquet. Le 15 mars 1817, le service du génie fit estimer la propriété à 5925 livres et l’acheta à Auguste Fisquet. Un document établi par le génie en 1864 laisse entendre que l’Etat n’aurait jamais réglé cet achat 8.

En 1841, la défense des côtes revient au premier plan des préoccupations. La Commission d’inspection des batteries de côte de cette année proposa d’organiser le château, désormais ouvrage fortifié public, à usage de batterie, pour qu’il s’intègre au système général, malgré sa position relativement haute, participant à la défense de l’entrée de la rade et à celle de la plage de la Garonne. L’armement proposé, assez limité, se composait de deux canons de 30 livres et deux obusiers de 22 cm. Les travaux furent réalisés en 1846, consistant à réaménager les plates-formes regardant vers l’ouest en y apportant des parapets en terre, tout en utilisant les bâtiments existants, plus nombreux que nécessaire, pour le logement des troupes, ce qui disposait de prévoir la construction d’un réduit de batterie.

Le « fort de Sainte-Marguerite », 1878-1890

En 1864, en prévision de nouveaux perfectionnements projetés, le génie se préoccupa d’acquérir des terrains privés (famille Garnier) situés au nord des limites de la propriété acquise en 1817. En effet, l’entrée et la limite du terrain militaire n’étaient alors distantes que de 34 à 57m du front d’entrée de la basse-cour de l’ancien château, et le chemin d’accès restait dans le domaine civil. Cet accroissement prit quelques années à se réaliser, et la batterie subit d’importantes refontes sans extension de surface vers la fin de la décennie 1870.

Le programme décidé en 1873 par la commission de révision de l’armement du littoral de l’arrondissement maritime de Toulon, et actualisé par le plan de défense de la rade de Toulon du 4 avril 1877, prévoyait la conservation et l’amélioration de six batteries relativement distantes de Toulon vers l’est, pour battre les vaisseaux ennemis approchant l’entrée de la grande rade. Dans ce cas était la batterie de Carqueiranne, relativement isolée, construite en 1846-1849 à la place d’une batterie de campagne de 1794, et celle de Sainte-Marguerite.

Les missions des batteries de côte alors programmées, soit d’anciennes rénovées, soit de nouvelles, se répartissent entre des batteries de bombardement, placées en altitude, pour le tir plongeant courbe sur les ponts des navires, des batteries de rupture, pour le tir tendu bas battant l’accès des passes et des rades contre les coques des navires, ces deux catégories adaptées aux canons de gros calibre, et des batteries de moyen calibre et de mortiers (gros calibre à tir vertical parabolique), pour l’action plus rapprochée. Ce programme fut mis en œuvre surtout à partir de l’année 1878, en phase avec la construction de forts détachés distants assurant, selon les principes de Séré de Rivières, la défense terrestre de la place forte de Toulon, dont le fort de la Colle Noire et le fortin de la Gavaresse en amont de la pointe de Carqueiranne. A cette époque, les bâtiments militaires préexistants que l’on souhaitait mettre plus solidement à l’épreuve des bombardements furent enterrés, tel le corps de garde crénelé type 1846 de la batterie de Carqueiranne ou le magasin à poudres de la batterie de la Basse Malgue.

A la batterie dite alors fort de Sainte-Marguerite, d’après les indications fournies sur les plans de l’atlas des bâtiments militaires de 1880 9, les anciens bâtiments du « donjon » furent dérasés pour les réduire à un niveau unique, qui fut casematé par un voûtement à l’épreuve, et recouvert d’une banquette de terre. L’ancien fossé fut comblé, la porte d’origine déplacée dans la tour d’angle, pour permettre d’ajouter deux magasins casematés : un, pour les poudres, dans le départ de l’ancienne rampe, un autre, pour les munitions, bâti hors œuvre en appui, sur l’emprise de l’ancien fossé. Les locaux du premier niveau des deux anciens corps de logis devinrent respectivement une casemate de casernement et un magasin d’artillerie.

L’ancienne plate-forme ou batterie du donjon fut régularisée sous la forme d’un ouvrage de plan pentagonal comblé d’une énorme banquette de terre en dégageant au centre avec un large emplacement de tir de plan en U, pour une pièce sur affut tournant, flanqué d’une niche à munitions. Dans la basse-cour, les bâtiments d’entrée furent conservés provisoirement sans modifications, à usage de corps de garde, mais ils sont dits « hors de service » en 1881, et celui de l’est doit être démoli. L’ancien boulevard ou plate-forme sud-est de la basse-cour, au front en « queue de piano », fut équipé sur son flanc sud d’une grosse traverse-abri dont l’abri à usage de magasin aux munitions ouvrait sur la basse cour. Les principaux épaulements de la batterie régnaient sur le front ouest, l’un à gauche de cette traverse-abri, pour deux canons, régnant jusque l’ancien « donjon », l’autre à droite dans l’ancien boulevard, aussi pour deux canons. Une plate-forme existait aussi à l’est, adossé au mur de l’ancienne basse-cour.

A la fin du XIX° siècle, la révolution des armements imposa une nouvelle refonte des ouvrages du front de mer. Le maintien et le renforcement d’une position fortifiée à sainte Marguerite étaient justifiés autant par ses vues sur la rade que par sa situation tentante pour un ennemi terrestre approchant Toulon par l’est. De ce point haut, on découvre en effet le fort du cap Brun et les abords de Toulon. La commission de défense des côtes de 1877 avait formulé un avis favorable à la création d’une batterie annexe. Cet avis fut renouvelé sous forme d’une programmation d’urgence dans le procès verbal de la séance du 19 février 1886 de la même commission de défense des côtes. Entre-temps, en 1881, l’atlas des batteries de côte 10 figurait le plan d’un projet pour la batterie annexe de Sainte-Marguerite, adapté à sept canons de calibre 19 (cm), dont six groupés par deux sur trois emplacements de tir. Ce projet était implanté à l’extérieur et en avant du fort, hors limite du terrain militaire, à environ 90m en avant de la porte du fort, sur des parcelles qui restaient à acquérir, et comportait la construction d’une grosse traverse-abri abritant un magasin, entre fort et batterie.

Le fort agrandi et les batteries de Sainte-Marguerite, 1890-1925

Il fallut attendre 1890-1891, pour que soit réalisée la construction d’une batterie extérieure ouverte battant la grande rade dont le projet avait évolué, pour six canons de 95mm Mle 1888, toujours sur la falaise sud/sud-ouest, mais plus loin en avant du fort que proposé en 1881, soit à environ 150m de distance. Un accord fut trouvé avec le sieur Dussaud, entrepreneur des travaux de la grande jetée de Toulon, qui avait ouvert une carrière dans ce secteur, pour éviter tout empiètement sur l’emprise des nouveaux ouvrages. Le chemin d’accès traditionnel fut remanié pour le service de cette batterie, et incorporé avec elle dans un enclos non fortifié enveloppant la zone militaire avec porte d’entrée 230m en avant de celle du fort. Cette clôture et cette porte bien formelle bien que d’aspect civil (inscription gravée sur les piliers : Sainte-Marguerite / 1890-1891) suffisent à faire de cette batterie un sous-ensemble du fort, et non un ouvrage plus ou moins autonome, comme la batterie haute du Cap Brun, édifiée devant l’entrée du fort du Cap Brun en 1892.

De 1897 jusqu’en 1899, le fort proprement dit fut agrandi plus formellement pour inclure une nouvelle batterie plus puissante doublant les tirs de la précédente, batterie cette fois interne et retranchée dans le périmètre d’une nouvelle enceinte trois fois plus étendue que l’ancienne vers le nord-ouest 11. Réalisée après expropriation de l’entrepreneur Dussaud, la nouvelle enceinte du fort est formée d’un mur peu épais avec bastionnet d’angle (nord) et fossé retranchant le front d’entrée (ce fossé est une vraie coupure dans la falaise à droite de la porte en entrant, à gauche il n’a pas de contrescarpe et se limitait à un chemin de ronde extérieur). La batterie annexe de 95mm fut laissée en dehors de cette nouvelle enceinte du fort, immédiatement avant la porte, mais elle resta renfermée dans sa clôture de 1891, qui définissait un premier périmètre clos sans être retranché.

A droite en entrant dans le fort redéfini par sa nouvelle enceinte, la nouvelle batterie fut établie en 1899 sur la falaise, face au sud, à peu près à l’emplacement et selon la configuration qui avait été prévue en 1881 pour la batterie annexe (un peu plus proche toutefois du vieux fort, compte-tenu de l’empiètement de la batterie réalisée en 1891). Elle fut équipée de quatre emplacements de tir en cuve pour canons de 240 mm (Mle 1884 sur affût G à châssis circulaire amélioré), séparés par des traverses-abri dont une recouvrant à 10m de profondeur un magasin à poudres en caverne de 70 tonnes desservi par des galeries souterraines à deux branches en T se joignant sous la traverse-abri centrale, aménagée en monte-charge. La branche principale de ce souterrain-caverne débouche discrètement en poterne au nord, près et à l’intérieur du mur d’enceinte, la branche perpendiculaire au sud dans la falaise en à-pic au-dessus de la mer.

A gauche de l’entrée de l’enceinte, en léger contrebas, furent bâtis trois bâtiments militaires non casematés car suffisamment défilés par la batterie, et peu visibles depuis le nord-est. Deux étaient les casernements pour le personnel affecté à la batterie, le plus petit et le plus haut placé pour les officiers, le troisième étant la cuisine.Désormais très en retrait, le front d’entrée de l’ancienne basse-cour du château ou vieux fort fut à moitié démoli, en conservant le bâtiment de droite comme logement du gardien de batterie.

En 1904-1905, la batterie de 240mm fut remaniée par transformation de deux de ses traverses-abri, dont celui du monte-charge, en abris de combat en béton armé Mle 1901. Indépendamment, entre 1902 et 1905 un poste photoélectrique fut établi à l’extrémité de l’éperon rocheux, à l’emplacement de l’ancienne batterie du « donjon » et de sa position de tir pour canon tournant, désaffectée. Ce poste comportait un projecteur pour les repérages de nuit, avec un abri de combat en contrebas abrupt du poste de commande, saillant en balcon sur la falaise (avec abri de repos, ou garage du projecteur en arrière, dans le rocher). A l’extérieur du logement du gardien de l’ancien fort (vestige des locaux de l’ancienne basse-cour du château), furent bâtis l’abri des machines (groupes électrogènes) une citerne et un petit magasin à pétroles, surplombés et défilés par l’ancien boulevard en « queue de piano ». L’accès à l’abri de combat, permettant l’amenée et le démontage éventuel du projecteur nécessitait une voie carrossable ; ce chemin fut aménagé à l’extérieur du fort, enveloppant le rocher par l’est. Une porte fut percée dans le mur d’enceinte nord-est du fort de 1899, presque en face de l’issue du souterrain en caverne de la batterie de 240mm, pour desservir ce chemin d’accès à l’abri de combat. Il était également possible d’atteindre ce chemin en contournant le fort et l’enceinte par l’extérieur, à partir du fossé du front d’entrée de 1899. Durant la première guerre mondiale, la batterie fut désarmée comme la plupart des batteries de Méditerranée ; leurs pièces de gros calibres devaient constituer l’armement à grande puissance dont sont dépourvues les armées de terre sur le front du nord-est de la France.

La nouvelle batterie de côte française de 1925-1930 et les batteries allemandes 1943-1944

A partir de 1922, la marine engagea un vaste programme de réorganisation du front de mer 12.

Le PV n°13 de la Commission chargée de l'Etude des Projets de Batteries de Côte pour les secteurs de Toulon, Nice et Villefranche, du 28 novembre 1923, constituait l'avant-projet de la nouvelle batterie de Sainte-Marguerite, à réaliser aux moindres frais. La construction fut prescrite le 20 mai 1925. Il s’agissait de la réorganisation des deux batteries des années 1890 pour recevoir des pièces d’artillerie dite légère, soit quatre pièces de 105 mm Mle 1897-17 et deux de 75 Mle 1897.

Les pièces de 105mm, d’une portée théorique de 13km, furent installées dans des cuves munies de niches pour 30 coups complets, dont le mur de genouillère possède un important décrochement, permettant le tir aux angles négatifs, afin de battre le rivage au plus près. Les pièces 1 et 2 furent disposées en avant et aux extrémités de l'ancienne batterie de 95mm, ravitaillées à partir des niches de celle-ci. Les pièces 3 et 4 furent disposées en avant et aux extrémités de l'ancienne batterie de 240mm, desservies à partir des abris ou magasins doubles de combat 1905, à l'aide de boucles de ravitaillement en voie de chemin de fer de 40. Le poste de tir (PDT) fut placé dans l'ancien « donjon », dans les locaux de l'ancien PC de groupe. Après plusieurs essais peu concluants, l’armement de la batterie ne put être jugé définitif qu’en avril 1930.

Le poste photoélectrique (PPE) de 1905 fut remplacé en 1938 par un projecteur à grande puissance.La batterie fut mobilisée en 1939, placée en réserve en décembre de la même année, puis en position désarmée à l’armistice en octobre 1940, et récupérée intacte par les Allemands en novembre 1942. Elle fut ensuite occupée par les Italiens, puis, après la capitulation de ceux-ci au début de septembre 1943, à nouveau par la marine allemande, sous l’appellation Stp Tol 016. L’artillerie française de six pièces réorganisée en 1925-1930 fut réutilisée sans changement. S’y ajouta un armement mis en place par l’occupant : trois canons de 2 cm Flak 28 Oerlikon assuraient la défense rapprochée de la Küstenbatterie contre les attaques aériennes à basse altitude. Un premier canon était installé sur le toit du magasin ou abri de combat 1905 situé à l'arrière de la 4eme pièce de 105mm, un autre était placé sur le promontoire de l’ancien « donjon », et le dernier à proximité des 2 pièces de 75 mm. La défense contre un ennemi venant de terre était assurée par deux canons de 2,5 cm Pak 112 (f), et deux mortiers de 5 cm (Gr.W, 4 s.MG et 4 Ie.MG). Les Allemands réutilisèrent la cuisine et les casernements de 1899. La cantine fut installée dans l'ancien hangar aux projectiles situé à proximité de la cuisine.

L'arrivée de la Marine-Fiak-Abteilung 819 à Toulon à la fin de 1943, décida de la construction à Sainte-Marguerite d’une batterie lourde de Flak (Wn Tol 002a). Cet aménagement entraîna la destruction de l'ancien poste de direction de tir, jusqu'alors situé dans les locaux de l'ancien poste de commandement de groupe, le démontage des deux pièces de 75 mm et la destruction de leurs cuves. Un Leitstand (poste de direction de tir) à deux niveaux de type Bh23 (Beheifsbau) fut construit entre les pièces de 105mm n°2 et 3, dans l’ancien fossé du front d’entrée de la batterie de 1899, coupant la falaise. Les Allemands y réinstallèrent les appareils de conduite de tir français (indicateur continu de hausse C Mle 1926, télémètre à dépression H. Devé, indicateur de circulaire Mlle C.30). En septembre 1943, l'éclairage de nuit était assuré par un projecteur de 150 cm et un projecteur de 60 cm.

Au début de janvier 1944, la « Batterie Greif » de l'Oberleutnant Johann Gärtner, s'installa à Sainte-Marguerite avec ses quatre pièces de 75 mm Flak sur le terrain déjà occupé par la personnel servant les quatre pièces de 105 mm de l'ancienne batterie de côte française. L'Oberleutnant Gärtner, avait sous son commandement vingt et un sous-officiers et quatre-vingt quatre marins. Par la suite, les pièces de 75 mm Flak furent remplacées par quatre pièces de 88 mm Flak 36. En parallèle, le Mar.Fest.Pi.Gruppe Toulon lança la construction, dans la partie vieux fort de Sainte-Marguerite, de quatre cuves dérivées du type Flak 183 et d’un Flakleitstand (poste de direction de tir Flak) de trois étages, afin de préparer la « batterie Greif » à recevoir quatre pièces de 105 cm S.K.0/32 sous coupole, montées sur affûts de 88 mm. Au 25 juillet 1944, la construction de ces ouvrages bétonnés n’était pas achevée et les quatre pièces de 88 mm Flak 36 étaient toujours en service au sein de la batterie. En août, trois pièces de 105mm étaient en place dans les cuves utilisables.

Ces travaux entraînèrent la démolition de la majeure partie des casemates de l’ancien « donjon », dont l’ancienne tour d’angle, visible sur les rares photographies du fort publiées en carte postale avant la première guerre, et indiquée sur le plan de la batterie dessiné par les allemands en octobre 1943. Enserrées entre, d'une part, la Küstenbatterie de Sainte-Marguerite et, d'autre part, le chantier de construction des ouvrages de la future batterie de 105 mm, les pièces de 88 mm de la Batterie Greif furent démontées quelques jours avant le déclenchement de l'opération Dragoon, puis transportées, un peu plus à l'est, sur le site désaffecté de l'ancienne batterie de côte française du Pin de Galle. Au moment de la bataille pour la libération de Toulon, le 23 août 1944, la batterie fut prise à partie par des navires alliés (Lorraine, Montcalm) ; la construction du Flakleitstand et de deux cuves seulement était terminée. Trois des pièces étaient en place et la quatrième en attente d'installation. Le 24 août, la garnison de la batterie de Sainte-Marguerite, comptant presque 600 hommes et incluant entre autre des réfugiés de la batterie de Flak du Pin de Galle se rendit au B.M. 21 de la 1èreD.M.I., non sans avoir préalablement sabordé les trois canons en place et l'équipement du Flakleitstand.

En 1954, la marine envisagea d’intégrer la position de Sainte-Marguerite dans un réseau de batteries anti-aériennes déployé autour de Toulon, et dotées de pièces de Flak ex-allemandes de 105 mm. Le projet ne fut pas retenu, et seule fut réalisée dans cette catégorie la batterie de Peyras.

Au début des années 1970, la marine mit le fort de Sainte-Marguerite à la disposition des Affaires maritimes, afin d’y installer le Centre régional opérationnel de recherches et de sauvetage en Méditerranée (CROSSMED). Le centre est installé dans un immeuble alors bâti à neuf, à l’emplacement de l’ancienne batterie de 240. La vocation du lieu reste la surveillance de la mer, mais pour assurer la sécurité des navigateurs.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

La rive nord de la grande rade de Toulon forme, dans son secteur est, après le Cap Brun, une longue falaise abrupte, parfois entrecoupée de criques étroites. De place en place, une pointe s’avance en mer, qu’elle domine d’un aplomb vertigineux. Le rocher de Sainte Marguerite est la plus importante, formant un véritable cap. Le front de falaise littoral s’y retourne face à la passe d’entrée de la petite rade, regardant en enfilade l’ensemble de la rive nord où s’avancent le cap Brun et la pointe du Mourillon, avec la Grosse Tour. Il forme un éperon relativement étroit, qui n’est que le front ouest du Cap de Sainte-Marguerite, trois fois plus large que l’éperon proprement dit, et comportant des basses terres derrière cet éperon, au nord-est.Ensemble du front de la falaise portant les batteries, vu du "donjon".Ensemble du front de la falaise portant les batteries, vu du "donjon".

L’extrémité de l’éperon, culminant à plus de soixante mètres, fait un retour marqué au sud-ouest, par lequel l’éperon dans son ensemble prend en plan la forme d’une botte (comme la péninsule italienne). Le « donjon » de l’ancien château occupait cette extrémité, sur une emprise longue d’une cinquantaine de mètres, précédé de sa basse cour à un niveau légèrement inférieur, un peu plus large mais pas plus longue (environ 45m). L’extension de la surface du fort vers l’ouest sur la falaise, réalisée en 1899, a fait passer la longueur développée de l’enceinte du fort à environ 250m, de la porte du front d’entrée à l’extrémité du rocher. Auparavant, en 1890-1891, l’installation de la batterie annexe de 95mm au-devant de l’emplacement de ce front d’entrée avait entraîné la création d’un enclos et d’une première porte qui existent encore et marquent l’entrée actuelle du site, fermant le périmètre des batteries, à 330m de distance de l’extrémité du rocher.La route par laquelle on arrive aujourd’hui à cet ensemble pérennise l’ancien « chemin de Toulon à Sainte-Marguerite » exprimé sur les cartes du XVIIe siècle devenu chemin de grande communication n° 43 au XIXe siècle, puis route départementale 42. Il existe aujourd’hui un autre itinéraire, côtier, depuis le port de Toulon, par la route départementale 642, qui converge dans la départementale 42 au nord du cap Brun.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre 13

L’état actuel du site de l’ancien fort ou batteries de Sainte Marguerite est extrêmement confus, du fait de l’intrication de différents aménagements correspondant à de nombreuses phases de construction et transformation, toutes plus ou moins destructrices autant que bâtisseuses.

Cet ensemble topographiquement étalé, sans caractère « monumental » affirmé, est donc composé de morceaux hétéroclites résultant de l’un ou l’autre des programmes successifs, voire du cumul de plusieurs d’entre eux, situation encore compliquée par la présence du bâtiment moderne du CROSSMED.

C’est pourquoi il a paru pertinent d’anticiper largement sur la description dans l’exposé chronologique qui précède, définissant et caractérisant les typologies respectives des différents états du fort. Sans cette mise en perspective à la fois chronologique et descriptive, l’état des lieux ne peut être que très difficilement compréhensible. Décrire l’état actuel n’est pas décrire seulement le dernier état des ouvrages fortifiés, comme le feraient les spécialistes des batteries allemandes ou françaises du second tiers du XXe siècle, même si ce dernier état reste très prégnant sur le site. Cette description analytique doit au contraire rendre compte de la stratification « archéologique » des différents états successifs.

L’effort d’organisation et de clarification de la description analytique faite à partir de l’état actuel, rend nécessaire la qualification de sous-ensembles pertinents, topographiquement et historiquement, en tenant compte du distingo entre les ouvrages de fortification ou de défense et les bâtiments militaires non défensifs. Il semble intéressant, au préalable de cette définition des sous-ensembles, de passer en revue les appellations successives du site fortifié de Sainte-Marguerite depuis son appropriation par le service du génie en 1817 : Jusqu’aux années 1840, c’est toujours le « château de Sainte-Marguerite », entre 1846 environ et 1878 environ, c’est la batterie (de côte) de Sainte-Marguerite. De 1878 à 1890, c’est le « fort de Sainte-Marguerite ». De 1891 à la première guerre mondiale, c’est les « fort et batteries de Sainte-Marguerite » ou « batterie de Sainte-Marguerite », cette dernière appellation prévalant à partir de 1922 jusqu’à l’occupation allemande. Pour les Allemands il y a deux batteries à Sainte-Marguerite. Rappelons enfin que le périmètre définitif de l’ensemble fortifié est fixé en 1891 et 1899.

On peut définir trois grands sous-ensembles topographiques, conformes à ceux individualisés sur le plan détaillé du « petit atlas de la fortification » de 1911 14 (batterie de 95mm, batterie de 240mm, fort et poste photo-électrique), en leur attribuant une dénomination plus actuelle et plus large que celle de 1911, et en définissant ce qu’ils renferment dans l’état présent.

En commençant par l’entrée :

1) L’ancienne batterie annexe de 1890-1891 avec son enclos et sa porte d’entrée (qui est aussi celle de l’ensemble). Ce sous-ensemble représente en surface au sol environ un quart de l’ensemble du site. Il contient les restes de la batterie de six pièces de 95mm, adaptée en 1925-1930, avec ses nouveaux emplacement de tir (cuves) pour deux des quatre pièces de 105mm (n° 1 et 2) alors installées, et le poste de direction allemand (Leitstand) de 1943, en limite du second sous-ensemble. Batterie de 1891 : porte d'entrée de la batterie et de l'ensemble du site fortifié.Batterie de 1891 : porte d'entrée de la batterie et de l'ensemble du site fortifié.

Batterie de 1891 : poste de direction de tir allemand pour les pièces de 105mm des deux batteries.Batterie de 1891 : poste de direction de tir allemand pour les pièces de 105mm des deux batteries.

2) L’extension du fort et la batterie de 1897-1899. La surface de ce sous-ensemble médian représente la moitié (ou un peu plus) de l’emprise au sol totale du site. Il contient : le mur d’enceinte, la batterie de quatre pièces de 240mm, avec ses deux abris-magasins de combat sur traverses ajoutés en 1905, ses souterrains en caverne, et ses nouveaux emplacement de tir (cuves) de 1925-1930 pour deux des quatre pièces de 105mm (n° 3 et 4). Il contient et les bâtiments du « quartier » militaire de casernement, à la gorge et en léger contrebas de la batterie qu’ils servaient, enveloppés par le mur d’enceinte, soit trois bâtiments principaux (a, b, c) conservés et restaurés, et deux secondaires (d, e).

3) Le vieux fort. La surface de ce sous-ensemble auquel se réduisait le fort de Sainte-Marguerite jusqu’en 1899, représente un quart de l’emprise au sol totale du site. L’ancienne partition interne entre basse-cour et donjon, modifiée mais maintenue jusqu’au XXe siècle, n’est plus perceptible que par un changement de niveau compensé par une rampe. Il contient : les infrastructures déformées de l’ancienne batterie du donjon au point haut et extrême du rocher, des ruines très diminuées des casemates du donjon, refaites en 1878, démolies en 1944, les murs d’enceinte latéraux et les ruines du boulevard « en queue de piano » de l’ancienne basse-cour du château, les vestiges attenants (dérasés vers 1944) du logement du gardien de batterie, ancien bâtiment de la basse-cour, la traverse-abri 1878, les locaux de service du poste optique de 1905, hors basse cour, et son poste de combat, sous le rocher du donjon (le poste de commande dans le donjon est détruit), enfin les trois cuves inachevées et le poste de direction (Falkleitstand) de la batterie allemande de 1944. Ces trois sous-ensembles sont distribués successivement par le chemin de desserte principal de l’ensemble qui traverse les deux premiers dans l’axe longitudinal, selon un tracé légèrement incurvé mais presque droit. Il existe un chemin secondaire partant de cet axe viaire principal et le rejoignant, dans le second sous-ensemble, du côté gauche (nord-est), ce chemin assurant la distribution du quartier du casernement.

Chaque sous-ensemble avait sa propre porte : le vieux fort (3) en avait deux, échelonnées : celle de l’ancienne basse-cour et celle du « donjon », non fortifiées dans leur dernier état. La première a disparu vers 1899, la seconde en 1944. La porte de l’extension du fort ou porte de la batterie de 1897-1899 (2), également peu ou pas fortifiée, a été supprimée soit vers 1930, soit en 1943. Aucune n’avait de pont-levis (à la différence de la première porte du donjon, supprimée vers 1878).

On entre dans le périmètre de l’ensemble des batteries et du vieux fort par la première porte, face au nord-ouest, seule conservée, celle de l’ancienne batterie annexe de 1890-1891 ( sous-ensemble 1). C’est un accès de large gabarit encadré de deux piliers en pierre de taille à bossages en table finis à la rustique ; l’entablement comporte, en guise de corniche, un large bloc carré monolithe dont le bossage de front est traité en cartouche accueillant une inscription : à gauche : « Ste Marguerite », à droite : « 1890-1891 ». Ce portail muni d’une grille de fer à deux battants qui n’est pas celle d’origine, n’affirme aucunement le caractère militaire du site. Il pourrait tout aussi bien convenir à l’entrée du parc d’une villa. Le mur de clôture, en blocage de moellons, file à l’arrière du pilier de gauche, bordant directement le chemin d’accès en rampe incurvée légèrement ascendante et le séparant de la voie publique qui dessert des parcelles privées ; 80m en arrière, il joint à angle droit le front d’entrée du mur d’enceinte de l’extension du fort et de la batterie de 1897-1899 (2), front deux fois plus large que l’aire du sous-ensemble 1.

A droite du portail, le mur de clôture referme le site jusqu’à l’à-pic de la falaise, une trentaine de mètres au sud. L’épaulement rectiligne de la batterie annexe règne dans ce premier enclos, face au sud/sud-ouest, au point haut du rocher, sensiblement en retrait de l’à-pic, sur une longueur de 57m. Les trois plates-formes rectangulaires à deux emplacements de tir de la batterie de 95mm sont conservées dans leur configuration d’origine adaptée à des canons sur affut pivotant. Le mur de genouillère droit est délardé de deux renfoncements demi-circulaires correspondant à l’emplacement du pivot des canons , dont restent au sol, scellées dans le ciment, les tiges filetées de fixation du socle circulaire, correspondant à des canons G de 95mm modèle 1888 Lahitolle. Batterie de 1891 : mur de genouillère et emplacements de tir pour pièce de 95mm.Batterie de 1891 : mur de genouillère et emplacements de tir pour pièce de 95mm.

Ces plates-formes de tir peu profondes, desservies individuellement (sans chemin de ronde intermédiaire) par une double volée d’escalier sur niche adossée au mur de revêtement de la gorge de l’épaulement, sont séparées par des traverses-abri de faible relief (les crêtes de terre sont supprimées) dont le mur de façade, qui participe du mur de gorge, est percé de niches à munitions couvertes d’un arc segmentaire appareillé en brique et pierre (jambages et arc en briques, sommiers et clefs de l’arc en pierre). Le parement de ces façades est un opus incertum polygonal de gros moellons caractéristique de la fin du XIXe siècle, avec chaînes d’encoignures et tablette en pierre de taille. Le mur de gorge des plates-formes est aligné à ces façades, mais dissocié ; il est parementé en moellons équarris et assisés.

La plate-forme de tir le plus à gauche de la batterie est défoncée au droit de l’emplacement de la pièce de droite par le couloir-tranchée qui dessert la cuve bétonnée à ciel ouvert de l’un des quatre canons de 105mm de la batterie renouvelée en 1925 (pièce n°2), cuve circulaire de 5,40 mètres de diamètre, creusée dans la banquette de l’épaulement en avant de l’emplacement de tir primitif. Cette cuve est aujourd’hui à moitié recouverte par le bâtiment du CROSSMED. L’autre cuve à canon de 105mm (pièce n°1) est implantée à l’extrémité droite de l’épaulement de la batterie, à l’emplacement de l’ancien poste de commandement (détruit) de la batterie de 95mm. Sa paroi genouillère en béton a disparu à la suite d’explosions, ce secteur de l’ancienne batterie ayant servi pour les destructions de munitions par les démineurs après la Libération (1946), mais la plate-forme du canon proprement dite, avec son pivot et sa corolle en fer boulonnée, est encore en place et sert de support à une antenne. En 1943, il est précisé que les pièces de 105mm allemandes en place dans ces cuves étaient sous coupole. La façade de la traverse intermédiaire entre la plate-forme de tir de gauche et la plate-forme médiane est incluse dans un étroit passage couvert en béton armé, qui dessert les abris d’origine de cette traverse-abri, soit deux niches à munitions jointives et un petit magasin à projectiles. Batterie de 1891 : façade de traverse-abri avec niches à munition et entrée de magasin.Batterie de 1891 : façade de traverse-abri avec niches à munition et entrée de magasin. Batterie de 1891 : pivot de cuve d'une pièce de 105mm de 1925-1930.Batterie de 1891 : pivot de cuve d'une pièce de 105mm de 1925-1930.

Le poste de direction allemand (Leitstand) de 1943, est conservé entre les deux batteries qu’il commandait, niché dans l’ancien fossé-coupure taillé perpendiculairement dans la falaise en 1897-1899 pour retrancher la nouvelle enceinte du fort de l’enclot de la batterie annexe. Ouvrage normatif (type Bh23) en béton armé, ce poste comporte deux niveaux échelonnés couverts chacun d’une dalle plate, soit un poste de pointage bas (pour télémètre) en avancée à trois pans, surmonté en retrait d’une autre plate-forme couverte de plan carré, l’une comme l’autre avec large fenêtre de visée panoramique regardant au sud, Il est actuellement intégré aux locaux du bâtiment du CROSSMED.

Dans le sous-ensemble 2, soit l’extension du fort de 1899, la batterie de 240mm , face au sud, forme un gros épaulement, plus long (85m) et plus épais (22m) que celui de la batterie annexe de 95mm bâtie en 1891. Ses quatre grandes cuves de plan en fer à cheval sont encore reconnaissables, encore que remaniées, pour partie remblayées, pour partie couvertes par le bâtiment du CROSSMED. Ces cuves ou plates-formes de tir pour les grosses pièces de 240mm ont un mur de genouillère maçonné en moellons et étaient desservies à la gorge par un système de rampes adossées à chaque cuve, dégageant la façade des traverses-abri. Ces rampes existent encore en majeure partie et ont conservé leur garde-corps en fer forgé d’origine. Les deux traverses-abri latérales sont transformées depuis 1905 en abri ou magasin de combat de type blockhaus en béton armé.

Celui de droite, peint de couleur jaune et remanié par des percements postérieurs, sert de soubassement à une partie du bâtiment du CROSSMED ; le dessus de celui de gauche est utilisé en piste d’atterrissage des hélicoptères. Les magasins intérieurs, de plan normatif, y sont plus ou moins bien conservés. Les deux cuves bétonnées de 1925-1930 pour les pièces de 105mm, numérotées 3 et 4, identiques à celles décrites à propos de la batterie annexe de 1891, existent encore dans l’épaulement, en avant des plates-formes d’origine en fer-à-cheval, mais elles sont comblées, et celle de droite (n°3) recouverte par le bâtiment. La piste de chemin de fer elliptique percée en 1925 à travers le magasin de combat et les murs de genouillère des cuves d’origine, pour desservir (munitions) les cuves de 105mm, est encore lisible, encore que comblée hors cuves, pour le secteur de la pièce n°4, soit le magasin de combat de gauche et les deux anciennes cuves de 240mm qui l’encadrent. Les deux petits postes de commande de la batterie d’origine, logés aux deux extrémités de l’épaulement, obsolètes dès 1925-1930, ont complètement disparu. Batterie de 1899 : magasin de combat de 1905.Batterie de 1899 : magasin de combat de 1905.

La traverse-abri centrale est conservée dans son état d’origine (1899), avec parement de façade en opus incertum polygonal, qui caractérise aussi le reste des infrastructures de gorge de la batterie (murs d’appui, rampes). Sa façade, devant laquelle passe une communication en passerelle sur IPN entre deux rampes, est percé de la porte (encadrement sous arc plein-cintre extradossé) d’accès au monte-charge qui desservait les souterrains en caverne forés 10m en contrebas. Le puits carré du monte-charge, taillé à même le roc, est aujourd’hui refermé en haut et dégarni de tout dispositif mécanique. Les dispositions générales de ces souterrains ont déjà été décrites dans la partie chronologique de la présente monographie. Rappelons que le seuil inférieur du monte-charge est situé à la croisée des deux branches perpendiculaires en T de ces souterrains percés à même le roc, sans revêtement. De ce carrefour, la branche nord-sud, se continue d’une part vers le nord, où elle se termine en cul-de-sac ( ?) sans rien desservir, d’autre part vers le sud, ou elle débouche après 30m dans le front de la falaise à environ 40m au-dessus de la mer.

La branche est-ouest, longue de 65m à partir du carrefour, distribue d’abord, à droite, le magasin à poudres en caverne situé à peu près exactement sous l’abri de combat en béton de la traverse de gauche de la batterie. Ce magasin à poudres est couvert d’une voûte en berceau surbaissé, le tout enduit au ciment et blanchi à la chaux ; il comporte un sas d’entrée avec portes décalées en chicane dont une a conservé sa menuiserie. L’éclairage du sas était assuré par un créneau à lampe encore en place avec son système de ventilation, ménagé dans le mur le séparant de la galerie ; en vis-à-vis, la paroi opposée de la galerie est pourvue d’une niche à lampe. La salle des poudres (7m X 6,80m) comporte la traditionnelle fenêtre haute (aujourd’hui murée) au-dessus de la porte, qui pouvait apporter au mieux une partie de l’éclairage du sas. Plus loin, la galerie dessert deux petits magasins creusés latéralement dans le roc. Le premier, à gauche (4m X 3m), était un magasin de détonateurs. Ses parois sont revêtues d’un doublage construit en briques, portant en couvrement une voûte surbaissée en briques creuses et, au-dessous, un parapluie de tôles ondulées cintré qui écartait tout ruissellement d’eaux susceptibles de filtrer dans la voûte. Dans le mur de fond du magasin est ménagé un créneau à lampe du même modèle que celui du sas du magasin à poudres, avec châssis de la vitre en bronze, fenêtre de pose de la lampe en bas et fenêtre de ventilation en haut. Dans la paroi latérale gauche du magasin se branche un autre souterrain en caverne plongeant en escalier et tournant à droite « vers la grotte » ( ?) d’après la légende de plans établis après la seconde guerre mondiale 15.Souterrain-caverne, magasin aux détonateurs, descente vers la "grotte".Souterrain-caverne, magasin aux détonateurs, descente vers la "grotte".

Le troisième magasin desservi par la maîtresse branche de galerie, à droite, plus petit (2,80m X 2,20m) était un atelier. La galerie en caverne, longue de 65m en tout, est partiellement couverte d’une voûte en maçonnerie (demi berceau devant l’entrée/façade du magasin à poudres) ou en briques (berceau segmentaire, après l’atelier) et revêtue d’un enduit ; elle aboutit à une poterne dérobée débouchant en biais dans un renfoncement maçonné encaissé à l‘arrière du talus qui porte le chemin de desserte du fort, tout près du mur d’enceinte nord-est (et de l’issue vers l’abri de combat du poste optique). L’issue de cette poterne, en haut d’un segment d’escalier qui remonte de 18 marches en bout de galerie, prend au-dehors la forme d’une porte couverte en plein cintre à encadrement appareillé à bossages rustiques, curieuse réminiscence de formes architecturales plus anciennes. Cette porte est abritée, sans doute depuis 1930, par un petit sas ouvert ou porche en béton armé, avec volée d’escalier montante, améliorant sa protection.

L’enceinte de l’extension du fort de 1899 et de la batterie de 240mm, a perdu la partie de son front d’entrée, porte comprise, qui était incluse dans le périmètre du premier enclot, mais la moitié gauche (nord-est) du mur d’enceinte de ce front, hors de ce périmètre, est conservée, de même que tout le front nord-est de cette même enceinte avec le bastionnet d’angle intermédiaire nord. Les murs, tant des courtines que du bastionnet, construits en blocage de moellons de tout venant sommairement calibrés, sont maigres et peu élevés (environ 3m) et, dans l’état actuel, ne sont pas crénelés : peut-être ont-ils été dérasés, mais rien ne le prouve, même si le chaperon en ciment, incliné au-dehors donne au mur l’aspect banal d’une simple clôture, ce qui semble contradictoire avec la présence du bastionnet, témoignant d’un souci de flanquement défensif rapproché. Les autres murs de la batterie de 1899 ont encore des tablettes de couvrement en pierre, ce qui rend vraisemblable une reprise d’après la seconde guerre qui aurait dépourvu cette enceinte de son caractère militaire. Quoiqu’il en soit, il s’agissait avant tout d’une enceinte de sûreté et les créneaux de fusillade traditionnels n’étaient plus guère en usage vers 1900. Le long mur nord est formé de deux pans d’axe différent que joint un angle saillant obtus ; le second segment, le plus long, comporte aux deux tiers de son développement un redan manifestement conçu pour procurer un flanquement, en réponse au flanc droit du bastionnet. Peu avant ce flanc, un portail à deux piliers en maçonnerie grossière cimentée, est ménagé dans le mur : il s’agit de la sortie du fort qui communiquait au chemin d’accès extérieur de l’abri de combat du poste optique, issue créée au plus tôt en même temps que ce poste optique, soit en 1905. Ainsi le projecteur du poste optique pouvait-il être livré et conditionné dans le fort, puis être amené jusqu’à son abri de combat sur un chariot, en passant par cette issue et ce chemin.

Les bâtiments militaires ou quartier de casernement sont enveloppés de près par les murs d’enceinte et l’un des murs-pignons de chacun des deux principaux d’entre eux, voués au casernement du personnel de batterie, est construit directement sur le mur du front d’entrée. Compte tenu de la déclivité de l’assiette du fort sur l’éperon, versant de la falaise vers le nord-est, ces deux bâtiments parallèles ne sont pas fondés au même niveau mais échelonnés sur des terrasses en ressaut, desservies par un chemin en rampe descendante divergeant obliquement à gauche du chemin de desserte principale du fort.  Quartier de casernement : bâtiment A (pavillon d'officiers) ensemble. Quartier de casernement : bâtiment A (pavillon d'officiers) ensemble.

Le bâtiment A, le plus petit (18m X 8,45m), le plus proche de l’ancienne porte et du chemin axial qui traverse le fort, est de ce fait le plus haut fondé. C’était le pavillon d’officiers. Le bâtiment B, encaissé entre l’enceinte et ce pavillon, de même largeur que lui mais deux fois et demi plus allongé (44m), était la caserne proprement dite. Chacun d’eux comporte trois niveaux, un comble non aménagé, un rez-de-chaussée de plain-pied d’un côté -celui du mur gouttereau face au sud-ouest (soit face à la batterie)- et un étage de soubassement lui-même de plain-pied avec une terrasse du côté opposé. Si l’étage de soubassement du pavillon d’officiers (A) n’est qu’une cave technique bas couverte, celui de la caserne (B) est aussi haut sous plafond que le rez-de-chaussée proprement dit, et donne lieu à un imposant mur de soubassement avec fruit vis-à-vis du mur d’enceinte nord-est, dont il est séparé par une cour/chemin de ronde « en fossé » qui communique au bastionnet. Ce soubassement de la caserne abrite une citerne (de 95.000 litres), dans sa première travée sud-est ou travée de culée. Les six autres locaux de ce même niveau, d’inégale dimensions, séparés par des murs de refend, faisaient partie intégrante du casernement. Les latrines et le lavoir des soldats servants de batterie étaient d’ailleurs installés tout près de là, dans le bastionnet (ils ont été détruits). Le casernement du rez-de-chaussée comportait deux grandes salles médianes, longues de 13 à 14m (chambrées pour 40 à 47 hommes), et six chambres ou pièces plus petites, définis par des murs de refend transversaux et longitudinaux. Là se répartissaient chambrées, réfectoire, locaux de service.Le rez-de-chaussée du pavillon d’officiers était subdivisé en neuf pièces, dont trois chambres, un bureau, un poste, une salle à manger, une infirmerie.Les deux bâtiments sont couverts d’un toit à deux versants revêtu de tuiles-canal, avec génoise continue en tête des murs gouttereaux et des pignons.

L’ordonnance architecturale extérieure est commune aux deux bâtiments A et B : au rez-de-chaussée, travées régulières de fenêtres, dans les murs gouttereaux et dans les murs-pignon (trois par mur-pignon). Plusieurs des fenêtres dans les murs-gouttereau sud-ouest (4 sur 5 dans le cas du pavillon A) ou dans le mur-pignon sud-est sont aménagées d’origine en porte par suppression de l’allège. L’encadrement de ses fenêtres est en brique et pierre (cette dernière réservée aux sommiers et à la clef de l’arc surbaissé) et se détache sur l’enduit couvrant des murs du rez-de-chaussée. Sous l’appui des fenêtres, le mur forme une plinthe en moyen appareil de moellons équarris et assisés proche de la pierre de taille ; cette même mise en œuvre caractérise les chaînes d’angle harpées, légèrement en relief. Le parement du soubassement en fruit est en opus incertum polygonal de gros moellons plus ou moins calibrés. On retrouve donc dans les parties inférieures de ces bâtiments la même mixité de parement que dans les murs de gorge et de façade de traverses de la batterie annexe de 1891.

Le bâtiment C, nettement plus petit (12,90m X 5,45m), bâti dans le prolongement de la caserne, avec une petite terrasse intermédiaire, abritait la cuisine du fort et ses annexes (dont local à charbon), et comportait une citerne hors-œuvre de124.000 litres. Ce bâtiment est conservé et restauré, comme les deux précédents, mais il a été agrandi de façon asymétrique vers la fin du siècle dernier du côté nord, ce qui masque le soubassement. Il n’a qu’un rez-de-chaussée, deux portes -fenêtres dans le mur pignon (surmonté d’un oculus de pignon), deux portes et trois fenêtres hautes (appui surhaussé) dans le mur gouttereau sud-est. La mise en œuvre et les matériaux de construction des murs, des baies et du toit sont identiques à ce qu’on a décrit pour les bâtiments A et B.  Quartier de casernement : bâtiment C (cuisine), mur-pignon. Quartier de casernement : bâtiment C (cuisine), mur-pignon. Quartier de casernement : bâtiment C (cuisine), ensemble.Quartier de casernement : bâtiment C (cuisine), ensemble.

Le bâtiment D, ancien hangar aux projectiles, à droite de la branche de chemin descendante desservant le quartier de casernement, un peu plus au sud-ouest, est niché sous le talus du chemin principal de distribution du fort. Il a été reconstruit après la Libération pour servir de garage ouvert, mais son emprise reste identique et on reconnaît le solin du couvrement en appentis d’origine dans ses murs-pignons.

Plus loin encore et toujours à l’abri du talus du chemin haut, après l’issue bétonnée du souterrain en caverne et un peu avant celle qui permet de sortir de l’enceinte pour gagner le l’abri de combat du poste optique, subsiste le petit bâtiment E, bloc cubique allongé formé de dalles de ciment armé, qui servait pour la séparation des poudres.

Le vieux fort (sous-ensemble 3), ou du moins ce qui fut le château et le vieux fort avant les années 1890, est aujourd’hui la partie la plus confuse et chaotique de l’ensemble, collectionnant des vestiges souvent ténus et très lacunaires des différentes strates chronologiques d’occupation du site, depuis le Moyen-Âge jusque 1944. Immédiatement avant de franchir la limite de l’ancien front d’entrée, le chemin dessert à droite deux aménagements, séparés de l’à pic de la falaise par un mur garde-corps, aménagements construits en 1905 au service du poste optique, qui avait investi alors le « vieux fort ». Il s’agit d’abord du bâtiment des machines, c'est-à-dire des groupes électrogènes du poste optique, suivi d’une citerne d’eau potable (135.000 litres) bien distincte, aujourd’hui simplement couverte d’une dalle de béton. Transformé en loge de gardien, le local des machines est aujourd’hui très restauré (toit neuf à deux versants en tuiles-canal, enduits couvrants). Sa construction répond aux mêmes poncifs que celle des bâtiments du casernement (fenêtres et portes à encadrement brique et pierre, plinthe d’embase en pierre équarrie apparente).

A l’arrière de la citerne, l’ancienne courtine d’entrée du château n’est plus matérialisée que par les soubassements encore apparent du bâtiment qui s’y adossait à droite de la porte, et dont la construction pouvait remonter au moins au XVIIe siècle. Utilisé en dernier lieu comme logement du gardien de batterie, ce bâtiment de plan rectangulaire a subsisté jusqu’en 1944. Il s’ancrait à droite dans les gros murs du boulevard d’artillerie du XVIe siècle qui enveloppait l’angle sud-ouest du château, et dont les ruines conservent encore presque toute leur élévation. On reconnaît aisément le front de cet ouvrage du côté de l’arrivée à son plan « en queue de piano », et l’on reconnaît dans l’angle d’épaule arrondi attenant à l’ancienne courtine d’entrée, la base d’une embrasure à canon du XVIe siècle. Les maçonneries et les parements du revêtement, profilé en fruit, de cet ouvrage, sont ancrés sur un point haut du rocher, qui affleure en pied de mur ; elles sont constituées d’un blocage grossier mais soigneusement assemblé de moellons bruts. Vieux fort, arrachements bâtiment et vestiges du boulevard-batterie de la basse-cour.Vieux fort, arrachements bâtiment et vestiges du boulevard-batterie de la basse-cour.

A l’intérieur de cet ancien boulevard, adossé au front sud-ouest face à la mer subsiste la banquette d’artillerie en remblai d’une des batteries de 1878, flanquée à gauche de sa traverse-abri. De celle-ci, dégarnie de sa crête de terre, reste l’abri, ancien magasin à munitions voûté en berceau, et la façade d’entrée dans laquelle la coupe de la voûte du magasin est matérialisée par un grand arc plein-cintre extradossé aux claveaux très allongés, formés de deux assises. Dans le mur de remplage qui ferme cet arc est ménagée la porte, jadis surmontée d’une petite fenêtre haute à archivolte en « sourcil » ; cette porte a été élargie et transformée vers la fin du XXe siècle, en bouchant la fenêtre, et dotée d’une menuiserie métallique neuve. L’aire intérieure de l’ancien boulevard, au point le plus haut, est occupée par une des trois grandes cuves allemandes inachevées de 1944, structure circulaire en béton armé de 7m de diamètre, inscrite dans une enveloppe de plan heptagonal ménageant des niches-abri intermédiaires. Le pivot à boulons de l’affut tournant de 88mm, pour la pièce de 105mm, reste en place, scellé dans le ciment au milieu de la cuve.

En contrebas de cette cuve et de l’ancien boulevard, à gauche du chemin d’accès, près du mur d’enceinte nord-est de l’ancienne basse-cour, est installé le poste de direction ou Flackleitstand construit en 1944 par les allemands au service de la nouvelle « batterie Greif » de quatre pièces de 105mm, dont ils n’achevèrent pas l’installation. Ce poste de direction est un bâtiment en béton armé banché d’aspect monumental, dont le noyau est constitué d’une tour hexagonale large d’environ 5m, de trois étages, que couronnait la coupole d’acier du télémètre (Kommandogerät 41 L. S.H.M.). Cette tour haute de 7,20m est flanquée latéralement sur toute sa hauteur de deux petits avant corps carrés (pièces de dégagement, l’une d’elle sert de sas d’entrée en rez-de-chaussée), et à sa gorge d’un bloc de deux étages contenant les escaliers à volée droite, délimités par des cloisons maigres à joints verticaux en fer. Un abri plus bas, à usage de garage, se greffe en retour d’équerre, complétant cet ensemble ; le tout a une emprise au sol de 10,50m X 12m. Vieux fort,  mur d'enceinte N-E et Poste de direction ou Flackleitstand de la batterie allemande "Greif"Vieux fort, mur d'enceinte N-E et Poste de direction ou Flackleitstand de la batterie allemande "Greif"

Entre ce Flackleitstand et la plate-forme supérieure de l’ancien donjon, au centre de laquelle est installée une des trois cuves réalisées de la « batterie Greif », subsistent des vestiges très limités des anciens bâtiments du donjon, qui avaient été réduits en hauteur et casematés en 1878. On remarque en particulier, sur la terrasse basse en bordure du mur d’enceinte nord-est de plan échancré, l’arrachement de la première casemate, à usage de magasin à munitions, large de 3m, créée en 1878 dans l’ancien fossé du « donjon », avec niche murale encore en place. Le pan de mur de revêtement qui s’y rattache (à droite vu de la terrasse basse) date de la même époque. La tour d’angle circulaire médiévale du « donjon », qui (depuis la refonte de 1878) servait de sas d’entrée à la rampe montant à la plate-forme haute, était directement attenante à cette casemate ruinée, et faisait saillie sur le mur d’enceinte nord-est. Elle a malheureusement été entièrement démolie en 1944, et le mur d’enceinte reconstruit selon un tracé droit qui a supprimée la saillie semi-circulaire de la souche de cette tour.

Le fond de la casemate parallèle la plus proche, correspondant au départ de l’ancienne rampe du « donjon » transformée en magasin à poudres en 1878, existe encore en partie, comblé de déblais, de même, sans doute qu’une partie de la casemate de l’ancien corps de logis principal du donjon. Ces infrastructures servent de souche terrassée au nouvel accès en rampe que les allemands ont aménagé en 1944 pour accéder à la cuve de 105mm de qu’ils avaient installée sur la plate-forme du « donjon ». La construction de cette cuve a détruit et pris la place de l’ancien poste de commande ou plate-forme de télépointage du poste photoélectrique de 1905.De ce poste photoélectrique subsistent en revanche l’abri ou poste de combat et l’abri de repos (garage du projecteur de 150 GP), bien conservés sur une petite plate-forme réservée à flanc de rocher, 22m en contrebas de l’emplacement de l’ancien poste de commande du « donjon ». Un escalier rupestre sinueux permettait une communication directe presque verticale de l’un à l’autre, mais, comme on l’a vu, l’accès technique roulable pour la maintenance du projecteur se faisait par le chemin en corniche toujours en place contournant le rocher par l’est. Abri de combat (projecteur) du poste de commande optique de 1905, sous le rocher du donjon.Abri de combat (projecteur) du poste de commande optique de 1905, sous le rocher du donjon.

Le poste de combat du projecteur a la forme classique d’un balcon de plan en fer à cheval, dont le muret garde-corps existe encore, mais sans sa tablette ni son auvent en tôle. Les rails du chemin de fer coudé à angle droit du plateau roulant du projecteur ont disparu. Ils reliaient le poste de combat au poste de repos, ou garage du projecteur. Celui-ci forme une profonde casemate percée dans le rocher, entièrement revêtue en briques creuses et cimentée, ouverte sur la plate-forme rocheuse en balcon par une arcade cintrée large de 3,20m, haute d’autant. La casemate, large de 3,80m, profonde de 11,60m comporte deux segments : le premier, le plus haut voûté, profond de 3,40m, était le garage du projecteur proprement dit, tout le reste de la profondeur étant réservé au relai de machinerie électrique, groupe électrogène au fond, et tourets. Peinte en blanc, y compris en façade, la casemate de repos porte l’inscription peinte « Mermoz ». Sa grille a été arrachée et emportée, et les parois sont taguées. Le flanc est du rocher est encore barré par une grille de défense plongeante en fer, qui interceptait le chemin d’accès.

1Vincennes SHD, Art. 8 carton 1 (1 VH 1831), n°23. 2Octave Teissier, « Notice historique sur les archives communales de la ville de Toulon » , Académie du Var, Toulon, Sociét́é d'agriculture, de commerce et d'industrie du département du Var, t. 30, 1863 p. 24-25 et Histoire de Toulon au Moyen-âge, précédé d’une notice topographique, Toulon, 1869, p. 7, (d’après les archives communales, série GG.) 3J.-A. Albanès, L. Fillet, U. Chevalier, Gallia Christiana novissima, Toulon (évêques…), Montbéliard, 1911, N° 592 et 1643. 4ernard Cros, « Le fort de Sainte-Marguerite, le rocher fortifié » Bulletin de l’Académie du Var, 2010, nouvelle série, t. XI, p.166-169. Les canons sont servis par un maître canonnier, 6 aides et 33 matelots. Le mortier est servi par 3 bombardiers, 2 canonniers et 3 matelots, sous les ordres de monsieur Sigalin, lieutenant d’artillerie. 5Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834), n° 22. 6Toulon, Service Historique de la Marine, 4A1 440, Commission du septième arrondissement des côtes. 7Il est fort peu vraisemblable que les pièces de la campagne de 1707, dont on ignore ce qu’en avait fait l’ennemi, aient été laissées en place dans l’intervalle. 8Atlas des bâtiments Militaires, 1880. Vincennes, SHD, 2K2 234, n° 111 9Atlas des bâtiments Militaires, 1880. Vincennes, SHD, 2K2 234, n° 111 10 Toulon, SHD, Atas des batteries de côte 1881, feuille n° 8. 11On retrouve la même chronologie au fort du Cap Brun dans la logique d’implantation de nouvelles batteries de la décennie 1890 : d’abord la batterie extérieure (1892), puis la batterie interne (1895). 12Les informations qui suivent ont été publiées, en édition ou en ligne (livre et site « Südwall ») de façon distincte par Alain Chazette et Jean-Jacques Moulins. 13La description de la mise en œuvre et des matériaux a été fusionné avec celle des dispositions architecturales et topographique, compte-tenu du caractère très hétérogène et multiple des ouvrages. 14Petit atlas de la fortification, 1911, Vincennes, SHD, Génie Art. 2, 1841, 63-1 15Ce souterrain n’a pu être visité.

Le rocher ou Cap de Sainte-Marguerite est occupé par un château des évêques de Toulon depuis au moins le 13e siècle. L’histoire de ce château est mal connue, mais les caractéristiques architecturales indiquées par les plans de l’état des lieux au début du 19e siècle font penser que ses fortifications avaient été adaptées à l’artillerie au 16e siècle. Il était passé alors à des propriétaires seigneurs laïcs issus d’une famille patricienne de Toulon dont un membre fut premier consul de la ville, les Thomas. L’été 1707, les opérations du siège de Toulon par les troupes du duc de Savoie et la flotte anglaise, d’une ampleur sans précédent, nécessite la mise à contribution de tous les ouvrage défensifs existants et révèle la faiblesse de la défense, au nord de la grande rade, faute d’une armature suffisante de forts, batteries et redoutes, côtières ou terrestres. Le château de Sainte-Marguerite est occupé par une garnison au service du roi de France, et armé de quatre canons et d’un mortier en batterie ; il est longuement assiégé et canonné par un parti anglais, jusqu’à reddition, avec les honneurs de la guerre. Ce précédent porte à considérer ce château privé comme point d’appui possible de la défense de la rade, mais ce n’est qu’en 1768 que l’éventualité de travaux de renforcement avec des fonds publics sont envisagés dans le mémoire sur la défense de Toulon de l’ingénieur du génie Louis d’Aguillon. L’idée n’est pas suivie, une fortification publique pérenne ne pouvant investir un édifice privé. Occupé et réarmé (cinq canons et deux mortiers) en 1794 par les troupes républicaines du général Lapoype, le château est finalement acheté par le service du génie en 1817. Des travaux destinés à en faire une batterie de côte aux normes en vigueur sont réalisés en 1846, consistant à réaménager les plates-formes regardant la rade pour deux canons de 30 livres et deux obusiers de 22cm ; les bâtiments existants dispensent de construire un réduit neuf. Le programme décidé en 1873 par la commission de révision de l’armement du littoral, et actualisé par le plan de défense de la rade de Toulon de 1877, aboutit l’année suivante à l’amélioration de six batteries du secteur vouées à battre les vaisseaux ennemis abordant la grande rade, dont la batterie de Carqueiranne et celle de Sainte-Marguerite, bientôt qualifiée de fort. Les anciens bâtiments qui formaient le donjon du château sont réduits à un niveau unique recouvert d’une banquette de terre, la batterie haute attenante est régularisée pour une pièce sur affut tournant. Dans la basse-cour, les bâtiments sont conservés et l’ancien boulevard d’artillerie attenant est équipé d’une grosse traverse-abri et complété d’épaulements. En 1891, une batterie extérieure ouverte pour six canons de 95mm battant la grande rade est construite très en avant du vieux fort. Une nouvelle batterie, fermée celle-là, pour quatre canons de 240 mm est installée à son tour en 1897-1899 entre la batterie de 95 et le vieux fort, avec ses bâtiments de casernement, des souterrains-cavernes et son mur d’enceinte délimitant une aire close trois ou quatre fois plus vaste que celle de l’ancienne basse cour du château.

En 1905, deux des traverses-abri de la batterie de 240mm sont transformées en abris de combat en béton, tandis qu’un poste photoélectrique est installé à l’extrémité du rocher et de la batterie haute du donjon. Les emplacements de tir des deux grandes batteries des années 1890 sont adaptés en 1925-1930 à un nouvel armement, quatre pièces de 105 mm Mle 1897-17 et deux de 75 Mle 1897.

A l’automne 1943, l’occupant allemand s’installe sur le site, réutilisant ses équipements de batterie, puis en établissant de nouveaux, pour une batterie lourde de Flak, dite « batterie Greif », notamment quatre grandes cuves pour pièces de 105 cm sous coupole et un poste de direction de tir de trois étages, le tout bâti en béton armé dans l’aire de l’ancien château ou vieux fort, très diminué.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 2e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : milieu 20e siècle , daté par travaux historiques

Le rocher de Sainte Marguerite est la plus importante des pointes que forme la falaise littorale au nord de la grande rade, au-delà du cap Brun. Le front de falaise s’y retourne en éperon assez étroit face à la passe d’entrée de la petite rade, regardant en enfilade l’ensemble de la rive nord. L’extrémité de l’éperon, culminant à plus de soixante mètres, portait l’ancien château et son « donjon » formé de logis compact et d’une cour ou plate-forme haute, utilisée comme batterie étroite jusqu’aux années 1880.

L’état actuel du site de l’ancien fort ou batteries de Sainte Marguerite est extrêmement confus, du fait de l’intrication de différents aménagements correspondant à de nombreuses phases de construction et transformation, toutes plus ou moins destructrices autant que bâtisseuses. Cet ensemble topographiquement étalé, sans caractère « monumental » affirmé, est donc composé de morceaux hétéroclites résultant de l’un ou l’autre des programmes successifs, voire du cumul de plusieurs d’entre eux, situation encore compliquée par la présence du bâtiment moderne du CROSSMED.

On peut définir trois grands sous-ensembles topographiques, en leur attribuant une dénomination individuelle pertinente et en définissant ce qu’ils renferment dans l’état présent. En commençant par l’entrée :

1) L’ancienne batterie annexe de 1890-1891 avec son enclos et sa porte d’entrée (qui est aussi celle de l’ensemble). Ce sous-ensemble représente en surface au sol environ un quart de l’ensemble du site. Il contient les restes -soit l’épaulement- de la batterie de six pièces de 95mm, adaptée en 1925-1930, avec de ses nouveaux emplacement de tir (cuves) pour deux des quatre pièces de 105mm (n° 1 et 2) alors installées, et le poste de direction allemand (Leitstand) de 1943.

2)L’extension du fort et la batterie de 1897-1899. La surface de ce sous-ensemble médian, long de 155m de son entrée au sous-ensemble 3, représente la moitié (ou un peu plus) de l’emprise au sol totale du site. Il contient : le mur d’enceinte, la batterie de quatre pièces de 240mm, avec ses souterrains en caverne taillés dans le roc, l’un débouchant à flanc de falaise, ses deux abris-magasins de combat sur traverses ajoutés en 1905, et ses nouveaux emplacement de tir (cuves) de 1925-1930 pour deux des quatre pièces de 105mm (n° 3 et 4). Il contient aussi les bâtiments du « quartier » militaire, à la gorge et en léger contrebas de la batterie qu’ils servaient, enveloppés par le mur d’enceinte, soit trois bâtiments principaux pour la troupe (a, b, c) conservés et restaurés, et deux secondaires (d, e).

3) Le vieux fort. La surface de ce sous-ensemble auquel se réduisait le fort de Sainte-Marguerite jusqu’en 1899, représente un quart (95m de longueur) de l’emprise au sol totale du site. L’ancienne partition interne entre basse-cour et donjon, modifiée mais maintenue jusqu’au 20e siècle, n’est plus perceptible que par un changement de niveau compensé par une rampe. Il contient : les infrastructures déformées de l’ancienne batterie du donjon, des ruines très diminués des casemates du « donjon », refaites en 1878, démolies en 1944, les murs d’enceinte latéraux et les ruines du boulevard au plan « en queue de piano » de l’ancienne basse-cour du château, les vestiges attenants (dérasés vers 1944) du logement du gardien de batterie, ancien bâtiment de la basse-cour, la traverse-abri 1878, les locaux de service du poste optique de 1905, hors basse cour, et son poste de combat, sous le rocher du donjon (le poste de commande dans le donjon est détruit), enfin les trois cuves inachevées et le spectaculaire poste de direction (Falkleitstand) en forme de tour polygonale en béton, de la batterie allemande de 1944.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • brique
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • terrasse toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat

L’intérêt du site tient surtout à une longue chronologie d’occupation militaire et d’usage de batterie, ainsi qu’à la stratification des différents apports des aménagements successifs. Pris individuellement, aucun de ces aménagements n’est exceptionnel.

Documents d'archives

  • Archives du Génie de Toulon. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1 V, Art. 8, section 1.

Bibliographie

  • CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009.

    P. 200-203, 238-239
  • CROS, Bernard. Le fort de Sainte-Marguerite, le rocher fortifié. Dans Bulletin de l'Académie du Var, 2010, nouvelle série, Tome XI.

    P. 166-169.
  • FRIJNS, M., MALCHAIR, L., MOULINS, J.-J., PUELINCKX, J. Index de la fortification française, Métropole et Outre-mer, 1874-1914. Welkenraedt : 2008.

    P. 481

Documents figurés

  • Topographie de la France. Série de cartes gravées des XVIIe et XVIIIe siècles issues en partie des collections Marolles et Gaignières. Bibliothèque nationale de France, Paris : Va. Département des Estampes et de la Photographie.

  • Château de Ste-Marguerite. 1817. Dessin plume et lavis, 1817. Service Historique de la Défense, Vincennes : 4 B 1bis.

  • Atlas des bâtiments militaires. Fort de Ste-Marguerite. 1880. Dessin plume et lavis, 1880. Service Historique de la Défense, Toulon : 2 K 2 234, n° 111.

  • Projet pour la batterie annexe de Sainte-Marguerite. / Dessin, 1881. Service Historique de la Défense, Toulon : Atlas des batteries de côte 1881, feuille n° 8.

  • Petit atlas de la fortification. Fort et batteries de S Marguerite. 1911. Dessin plume et lavis, 1911. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie Art. 2, 1841, 63-1.

  • Batterie de Ste-Marguerite. Plan des dessus. 1930. Dessin plume, 1930. Service Historique de la Défense, Vincennes.

  • [Batterie de Sainte-Marguerite]. Etat des souterrains. 1953. Dessin plume, 1953. Service Historique de la Défense, Vincennes.

  • Vue aérienne du site de Sainte-Marguerite vers 1960, avant installation du CROSSMED : ensemble des cuves de batteries. / Tirage photographique noir et blanc, sd [vers 1960]. Siège du CROSSMED, Toulon.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble