Dossier d’œuvre architecture IA06001007 | Réalisé par ;
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie de Colomars, de la place forte de Nice
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-Maritimes
  • Commune Colomars

Intérêt stratégique

Il s’agit d’une batterie organisée comme un ouvrage secondaire autonome en 1890, et conçue selon les nouveaux critères défensifs postérieurs à la crise de l’obus torpille (1885-1886). Cet ouvrage, au même titre que celui du Mont Chauve de Tourette, était destiné à renforcer la ligne de défense du camp retranché de Nice, en appoint au fort du Mont Chauve d’Aspremont, le dernier construit (1885-1887) et le plus excentré des quatre forts du camp retranché. L’ouvrage de Colomars avait pour mission de battre la vallée du Var en complément des feux du fort du Mont Chauve, situé à plus de 5 km.

L’ouvrage correspond au type de la batterie isolée à fossés non flanqués, contenant des abris en caverne mais pas de véritables casernements, type dont la batterie des Feuillerins, satellite du fort de La Revère donne un exemple de la génération antérieure (1882-85) .

Typologie

Les abris voûtés à l’épreuve comportent des magasins, dont un pour les munitions pourvoyant le secteur et des casemates susceptibles de loger une unité de garnison. Il contenait dans le projet d’origine un magasin du génie, un magasin à poudre de petites dimensions. Les poudres y étaient conditionnées en gargousses (sacs de poudre constituant une charge propulsive dosée)

La batterie proprement dite était armée de canons de 120 mm De Bange modèle 1878, offrant des tirs de 9900m de portée, répartis sur deux éléments distincts, l’un sur l’ouvrage même avec trois emplacements de tir nord / nord-ouest, l’autre sur une batterie annexe extérieure à l’est avec quatre emplacements de tir nord / nord-est.

L’ouvrage a été pourvu en 1913 de deux guérites-observatoire en béton avec cloche, modèle-type de 1905, variante 1 avec porte d’accès arrière de plain pied depuis la banquette de la batterie.

Le déclassement militaire et l’aliénation à la commune fait suite à la proposition du chef du génie de Nice le 11 mars 1946.

L’ouvrage a été fortement altéré dans ses formes extérieures par des destructions partielles et des aménagements parasites (bâtiments, voirie, parking, aires de jeu) de la fin du XXe siècle aux abords immédiats et dans l’ancienne emprise des fossés.

Description

Site et implantation générale

L’ouvrage est implanté au nord du village de Colomars au lieu-dit Les Cabannes, à 341m d’altitude, soit plus de 400m en contrebas du fort du Mont Chauve d’Aspremont. Il a été construit sur un petit mamelon naturel de poudingue dominant de toutes parts ; une terrasse naturelle en léger contrebas à l’est portait la batterie extérieure, qui a disparu. Ouvrage et batterie extérieure étaient desservis au passage par un chemin venant du village et se continuant vers la Bégude.

Plan , distribution spatiale, circulations et issues

L’ouvrage s’inscrit dans un plan pentagonal écrasé aux angles arrondis, dont la base, au sud, constitue le front de gorge ; l’angle sud-est du pentagone est rogné par le chemin d’accès, qui forme un angle aigu tournant à gauche pour aborder l’entrée, placée en retrait du flanc droit (est). Le fossé, qui régnait seulement autour des deux tiers de l’ouvrage ( les deux faces, le flanc gauche jusqu’à l’amorce du front de gorge) était creusé à même la roche tendre ; sa contrescarpe a complètement disparu. L’escarpe semble n’avoir été que partiellement revêtue, par bétonnage lissé des fronts de taille dans la roche.

A la gorge de cette enceinte, un ouvrage d’entrée de plan rectangulaire incorporant un corps de garde donne accès à une cour ou rampe d’accès défilée par la batterie et y montant en formant un tournant à l’ouest. Immédiatement à droite au revers de l’ouvrage d’entrée, abritée par une sorte d’orillon que forme le mur de terrassement de la batterie, s’amorce l’entrée des abris en caverne, formant une volée d’escalier descendante.Face intérieure de l'ouvrage d'entrée et porte d'entrée des casemates en caverne.Face intérieure de l'ouvrage d'entrée et porte d'entrée des casemates en caverne.

Cet escalier dessert à angle droit à main gauche un couloir galerie principal qui distribue d’abord à droite successivement deux petits magasins : magasin aux projectiles, puis magasin aux gargousses, que fermait un vantail de porte. Couloir ou galerie de distribution des casemates en caverne.Couloir ou galerie de distribution des casemates en caverne.

Plus loin, à gauche, le couloir distribue trois grandes casemates-abri parallèles et longilignes qui se terminaient au sud, dans le mur du front de gorge qui s’alignait au flanc de l’ouvrage d’entrée, par deux fenêtres jumelles aujourd’hui aveuglées par des remblais massés à l’extérieur. Les deux premières au moins de ces casemates servaient à loger la garnison.

La troisième fait office de continuation en retour d’équerre de la galerie de distribution et donne accès sur la droite (a l’ouest) à trois magasins parallèles communiquant entre eux par le fond, le dernier prenant jadis jour aussi au fond (vers l’est) par deux fenêtres jumelles. A l’extrémité nord de la troisième casemate-abri, dans l’angle qu’elle forme avec le couloir d’accès, s’amorce un escalier de quatre volées se retournant au carré, qui débouche directement sur la banquette de la batterie.

Les trois emplacements de tir à ciel ouvert de la batterie, équidistants, sont encaissés dans le remparement et distribués par la banquette défilée au revers. Le revêtement, entre chaque renfoncement, est percé de niches.(Dans l’état actuel, les emplacements de tirs sont comblés de remblais). Le flanc gauche (ouest) de la batterie était couvert et défilé par une sorte de cavalier avec parapet, dans lequel pouvaient être déplacés des canons. Un cavalier écran plus petit couvrait l’angle nord-est. Ils sont aujourd’hui très détruits. Aux deux extrémités de la banquette et du front de gorge sont disposés les deux guérites-observatoires de 1913.

La seule partie de l’escarpe nettement revêtue, au nord-ouest, forme une sorte d’ouvrage d’angle arrondi non saillant muni de trois créneaux de pied.

Banquette et emplacements de tir de la batterie.Banquette et emplacements de tir de la batterie. Angle nord-ouest de l'ouvrage avec trois créneaux de pied.Angle nord-ouest de l'ouvrage avec trois créneaux de pied.

Structure et aménagements

L’ouvrage d’entrée était précédé d’un petit fossé particulier et muni d’un pont-levis, mais ces accessoires ont aujourd’hui disparu et on ignore quel était le type de pont-levis, non reconstituable dans l’état actuel des élévations, largement reprises et recrépies. L’issue intérieure du passage d’entrée, simple voûte en berceau, est munie d’une porte grille en fer à deux battants avec porte piétonne incluse. L’accès aux souterrains a aussi sa porte-grille cintrée. L’ensemble des souterrains, galerie, magasins et casemates, est voûté en berceau. L’accès aux magasins donnant sur la dernière casemate-abri est fermé de portes coulissantes en fer sans doute mises en place dans les années 1930. Toutes les parois intérieures ou voûtes sont revêtues d’un enduit lissé à la chaux grise ou au ciment badigeonné. Les sols (refaits dans les années 1930) sont en ciment rainuré. Les revêtement extérieur de l’ouvrage d’entrée, des murs de terrassement (gorge de l’ouvrage) ou des parements de béton habillant les fronts de taille dans la roche naturelle (pourtour des emplacements de tir de la batterie) est traité en enduit gratté qui semble repris à une date récente. Ces parements extérieurs sont couronnés d’un cordon torique moulé. Seul fait exception l’angle nord-ouest avec ses trois créneaux de pied classiquement couverts en arc segmentaire, dont le revêtement (renouvelé en 1913 ?) est en ciment lissé.

Les deux guérites-observatoire cuirassées sont en béton armé, avec bref couloir d’accès muni d’une porte de fer formant trois pans en partie haute. Elles sont couronnées d’une cloche en fer laminé à trois fentes de guet, blindée à 5cm.

Guérite-observatoire ouest de la batterie, avec sa cloche et sa porte blindée..Guérite-observatoire ouest de la batterie, avec sa cloche et sa porte blindée..

Ouvrage conçu en 1890.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Bibliographie

  • CHIAVASSA, H. L’environnement fortifié de Monaco au XIXe siècle : la ligne « Séré de Rivières ». Dans : Les Alpes-Maritimes. Annales Monégasques, n° 14.

  • CHIAVASSA, H. Essai sur les défenses du comté de Nice de Séré de Rivières (1880) à Maginot (1930). Dans : Guerres et fortifications en Provence. Mouans-Sartoux, 1995.

  • GARIGLIO, Dario, MINOLA, Mauro. Le fortezze delle Alpi occidentali [Les forteresses des Alpes occidentales]. Cuneo : L'Arcière, 1995.

    vol. II, Dal Monginevro al Mare.
  • TRUTTMANN, Philippe. La barrière de fer, l’architecture des forts du général Séré de Rivières (1872-1914). – Thionville : édition Gérard Klopp, 2000. 542 p.

Documents figurés

  • [Plan de la batterie de Colomars.] / Tirage de calque, 1946. Service historique de la Défense, Vincennes : CDAOA (9), inv. 1946, IXe région militaire, 6V10548, dossier n° 14.

  • Ouvrage de Colomars, feuille 2. Plan des dessous. / Dessin encre (tirage de calque), échelle 1/500e, 1946. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, CDAOA (9), inv. 1946, IXe région militaire, 6V10548, dossier n° 14.

Date d'enquête 2005 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble